La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Soumission et servitude

2016-2018

Programme de français-philosophie :

Servitude et soumission

Sur le thème (les éditions sont libres)

  • Mirbeau O., Le Journal d’une femme de chambre.
  • Céline LF., Voyage au bout de la nuit (sur une servitude militaire, coloniale, sociale…)
  • Huxley, Le Meilleur des mondes (sur une société totalitaire) et Orwell G., 1984 (roman d’anticipation sur un monde dirigé par « Big brother »)
  • Soljenitsyne A., Une journée d’Ivan Denissovitch (sur la vie au Goulag) éventuellement aussi —* Panh R., La disparition (sur le mécanisme génocidaire des khmers rouges)
  • Levi P., Si c’est un homme (une survie dans l’univers concentrationnaire d’Auschwitz)
  • Schoendoerffer P., L’Adieu au roi (sur les processus d’asservissement/révolte), voir aussi Golding W., Sa majesté des mouches (sur les mécanismes de groupe au sein d’une « tribu » d’enfants)
  • Milgram, La soumission à l’autorité (une expérimentation scientifique sur l’obéissance à des ordres injustes) ; vous pouvez aussi consulter Terestchenko M., Un si fragile vernis d’humanité
    Romilly de J., La Grèce antique à la découverte de la liberté
    Epictète, Manuel ou/et Entretiens

La philosophie n’a pas, jusqu’à aujourd’hui, conceptualisé la soumission comme telle. D’un côté, la philosophie politique classique a formé et étudié les concepts de domination, de pouvoir, de subordination, de servitude ; d’un autre côté la philosophie morale, notamment dans ses liens avec la psychologie sociale, a pu thématiser les concepts de volonté, d’obéissance, d’influence ou encore d’amour, mais la soumission n’a pas le rang d’un concept, elle n’est pas l’objet de l’étude et de la conceptualisation des philosophes. Cette absence s’explique par le fait que la philosophie – et la philosophie politique fondée sur le droit naturel en particulier – conçoit la liberté comme la valeur centrale de la vie humaine et, de ce fait, dépeint la soumission, comprise comme l’attitude de celui qui ne résiste pas activement à la domination, comme une anomalie, une impossibilité ou une faute morale. Pour autant, l’expérience de la soumission est quotidienne et largement partagée, et il semble que cette expérience ait quelque chose à dire de la nature du pouvoir. Dans cet exposé, je défendrai la thèse selon laquelle la soumission non seulement peut, mais encore doit, faire l’objet d’une analyse philosophique, que l’on peut à bon droit construire un concept philosophique de soumission et que ce concept est fécond pour l’analyse des rapports de pouvoir : c’est ce que j’entends établir à partir de l’exemple du patriarcat.