La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Séminaire Raison(s) Pratique(s)

jeudi
30
mars
2023
17h00 - 19h00
horaire salle de formation de la Bibliothèque Interuniversitaire de La Sorbonne (17 rue de La Sorbonne, galerie Sorbon)

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (UMR 8103, CNRS-Paris 1)

Centre de Philosophie Contemporaine de la Sorbonne

 jeudi 17 novembre 2022, de 17h à 19h, dans la salle de formation de la Bibliothèque Interuniversitaire de La Sorbonne (17 rue de La Sorbonne, galerie Sorbon).

Jean-Fabien Spitz (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) donnera une conférence intitulée « A propos de La république ? Quelles valeurs ? Quelques remarques sur le droit de propriété dans le contexte de la philosophie politique républicaine ».

 Jeudi 8 décembre
Francesco Mancuso (Université de Salerne) : « ‘Jouer’ avec Carl Schmitt : Johan Huizinga critique du ‘politique’ »

 Jeudi 12 janvier
Géraldine Muhlmann (Université Paris 2 Panthéon-Assas) : « L’Imposture du théologico-politique »

 Vendredi 27 janvier
Benno Zabel (Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität, Bonn) : « Droit et violence »

 Jeudi 30 mars ou jeudi 20 avril
Christoph Menke (Goethe-Universität) : « Negativity and Affirmation. The Dialectic of Liberation »

 Jeudi 11 mai
Gabrielle Radica (Université de Lille) : « Les personnes et les biens dans la famille »

 Jeudi 15 juin
Christophe Bouton (Université Bordeaux-Montaigne) : « Le Jugement de l’Histoire après Hegel. Significations et usages politiques d’un topos au XXe siècle »

Argumentaire
Le vocabulaire de la norme et de la normativité connaît aujourd’hui une faveur croissante. Plus avant, par delà le simple usage de termes d’ailleurs susceptibles de recevoir des acceptions fort distinctes, les enjeux et interrogations soulevés par la normativité, son statut, la manière dont il faut la comprendre et dont elle peut s’effectuer, sont massivement présents, notamment dans le champ académique et les différentes disciplines qui le composent, notamment dans les domaines du droit, de la philosophie, des sciences humaines et sociales.
Dans ce contexte, certains auteurs de la philosophie classique allemande ont fait l’objet d’un intérêt renouvelé et l’on connaît, à cet égard, la fortune de la philosophie habermassienne, dans la reprise et les transformations qu’elle opère avec la pensée kantienne. De même, l’idéalisme allemand a connu, à partir de la fin des années 1970, une certaine renaissance dans le cadre du projet de la Rehabilitierung der praktischen Philosophie. Depuis plusieurs décennies, la fécondité de la pensée hégélienne a été mise en lumière, notamment s’agissant des enjeux soulevés par les questions attenantes à la normativité pratique. Grâce aux travaux de L. Siep et d’A. Honneth – et d’A. Kojève avant eux –, le thème de la reconnaissance s’est ainsi imposé au cœur des débats contemporains en philosophies politique, sociale et du droit, inaugurant à l’échelle internationale une voie de réflexion riche et fructueuse (Ch. Taylor, J. Habermas, A. Honneth, N. Fraser, P. Markell, F. Neuhouser, E. Renault, F. Fischbach, J.-Ph. Deranty). Longtemps rejetée par la philosophie dite “analytique”, la philosophie hégélienne – et singulièrement sa “philosophie pratique” – est en outre désormais régulièrement convoquée par des auteurs issus de cette tradition comme une pensée d’intérêt pour penser le droit, les rapports sociaux, le monde social et la normativité qui y est à l’œuvre. Ainsi a-t-on pu parler d’un « Hegel Revival » (P. Redding) qui a notamment conduit à déceler une théorie de l’« agentivité » (agency) chez le philosophe sans doute le plus connu de l’idéalisme allemand, duquel on propose d’ailleurs volontiers des lectures « pragmatistes » (R. Pippin, T. Pinkard). S’il s’agit là d’usages, comme d’ailleurs de méthodes d’interprétation et de lecture, très différents, il semble toutefois que ces divers recours soulignent la fécondité que la contemporanéité reconnaît à la philosophie de Kant et des auteurs de l’idéalisme allemand pour penser des objets qui n’étaient pas toujours immédiatement les leurs, par delà, donc, le travail exégétique ou historique qui peut être fait sur ces pensées.
Toutefois, ces recours à certains aspects de la philosophie pratique kantienne et/ou des philosophes de l’idéalisme allemand ne vont la plupart du temps pas sans une certaine renonciation – voire un abandon et un rejet radicaux – de la conception de la raison qui semble pourtant au cœur de ces pensées et, peut-être, du tournant philosophique qu’elles constituent : celle d’une raison qui, comprise comme faculté de l’universel, a fondamentalement une vocation pratique. Si l’on peut en effet tenir que l’idée d’un primat de la raison pratique est l’un des traits qui caractérise les pensées qui, assumant le tournant critique kantien, peuvent être regroupées sous le nom d’« idéalisme allemand », c’est précisément les thèses les plus fortes sur la raison et la rationalité qui semblent être mises de côté par beaucoup des « réactualisations » contemporaines qui en sont faites, soit que la raison alors mobilisée soit jugée métaphysiquement trop « lourde », soit que l’histoire du dernier siècle ait conduit à la remise en cause d’un certain optimisme ou d’une certaine idée du progrès attachés à la conception de la raison liée à l’Aufklärung. C’est ainsi à un scepticisme de la raison que semble conduire dans son mouvement le tournant post-métaphysique, de telle sorte encore qu’on a pu dire de la raison moderne qu’elle connaissait une véritable « crise ». De cette « crise », il s’agit de mesurer les conséquences s’agissant de la pratique elle-même comme de sa saisie rationnelle. Se confronter à cette crise, est-ce nécessairement renoncer à la raison en un sens plein, c’est-à-dire une raison qui ne soit précisément pas réductible aux raisons (de l’agent) sur lesquelles semble essentiellement se concentrer, notamment, la philosophie contemporaine de l’action ? La crise de la raison moderne doit-elle conduire à reléguer la saisie de la pratique et la position de sa critique à de simples raisons, toujours ultimement particulières ? Autrement dit conduit-elle à renoncer, en matière pratique, à l’exigence de l’universel : de renoncer à quelque chose comme une raison pratique à la faveur de simples raisons ? Serions-nous alors acculés à l’alternative dont les deux branches seraient constituées, s’agissant des normes, au fait de les reléguer à l’irrationnel ou bien de les faire dépendre d’un simple espace logique des raisons ?
Mais s’il est vrai que la crise est ce qui doit conduire à « revenir aux questions elles-mêmes et requiert de nous des réponses » (H. Arendt), ne faut-il pas plutôt voir en celle que connaîtrait la raison une invitation à reprendre les investigations sur cette raison elle-même et sur la conception que, dans son lien intime avec la pratique, les penseurs de l’idéalisme allemand ont pu en proposer ? En effet, en rejetant, sans plus de procès, la conception de la raison telle que la détermine, à la suite de Kant, l’idéalisme allemand et à laquelle semblent au moins pour part liées ses thèses pratiques les plus fortes, ne renonce-t-on pas par là même à ce qui en constitue peut-être la grande fécondité pour notre contemporanéité, dans la mesure où de cette raison procèderait à la fois les moyens de la critique, de l’action et de transformation du réel ? Ne peut-on plus sans absurdité se revendiquer, pour paraphraser et en renversant Gramsci, de l’optimisme de la raison pratique ?
Tels sont certains des enjeux et questions que le séminaire « Raison(s) pratique(s) » souhaiterait aborder, en faisant dialoguer des traditions possiblement distinctes, mais qui semblent toutefois animées par des problèmes et des enjeux sans doute moins éloignés qu’ils ne peuvent d’abord paraître.

Le séminaire est ouvert à tous, après inscription préalable à l’adresse suivante :

https://evento.univ-paris1.fr/survey/seminaire-raison-s-p%E2%80%A6-oyjy279k

Il est possible d’assister au séminaire sur zoom en s’inscrivant ici :

https://evento.univ-paris1.fr/survey/seminaire-raison-s-p…-9yvk5vur

Le programme annuel et l’argumentaire du séminaire sont disponibles sur les pages web du séminaire :

https://nosophi.hypotheses.org/vie-scientifique/seminaire-raisons-pratiques

https://isjps.pantheonsorbonne.fr/evenements/raisons-pratiques-1

Organisation : Élodie Djordjevic, Jean-François Kervégan, Jamila Mascat et Sabina Tortorella

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