16
octobre
2024
Séminaire conjoint Département Littératures et Langage – PhilOfr/République des savoirs – ECOLab ENS
Le séminaire « Récits et imaginaires de l’arche » se focalise sur le motif de l’arche, dans son lien au mythe, à l’écologie et à l’environnement, mais aussi à la transmission, dans une perspective pluridisciplinaire.
« Conservation des espèces », « réserves naturelles », « gestion des ressources », « biobanques »… Une approche zoopoétique de la littérature permet de s’éclipser de ce lexique ressourciste d’une certaine écologie contemporaine pour embarquer sur une « arche » d’histoires et de poèmes liant animaux et humains, au croisement du rêve et du cauchemar. À l’heure où le saccage des espèces et des écosystèmes mais aussi les désastres humains entravent la dynamique créative même de la vie, on examinera ce que peut bien abriter le terme « arche » à partir d’œuvres des XXe-XXIe siècles. Examinant ses valeurs chez Günther Anders, Jacques Derrida ou Malcom Ferdinand, on verra que l’arche-refuge peut être d’une part une arche-abandon, d’autre part une forme vitale pour notre temps. L’arche persiste en effet aujourd’hui à s’ouvrir au cœur des œuvres, pour des humains se sachant traversés par l’animalité, pour célébrer la vie ou déplorer l’atteinte qui lui est faite.
« La Terre est la racine de notre histoire. De même que l’arche de Noé portait tout ce qui pouvait rester de vivant et de possible, de même la Terre peut être considérée comme porteuse de tout le possible. » (Maurice Merleau-Ponty)
C’est ce lien au possible et à un langage qui conjoint poétique et politique qu’on interrogera, à partir de l’étude de productions artistiques narrativisées, de poèmes, de récits et de genres diversifiés, allant des “histoires d’animaux” de Franz Kafka à la science-fiction ou aux fictions climatiques (“cli-fi”), en passant par des textes de Patrick Chamoiseau, Gérard Haller, Mélanie Pavy, Tristan Garcia ou Svetlana Alexievitch – sans exhaustivité.
Ce séminaire est ouvert aux étudiants et étudiantes de toutes disciplines, notamment dans le cadre du CERES.
Programme
- 18 septembre, salle de Conférences, RDC gauche, 46 rue d’Ulm : Anne Simon : Rappels – Des arches antiques aux arches contemporaines (Anders)
- 25 septembre, salle Beckett, RDC, couloir AB, 45 rue d’Ulm : Anne Simon : “jamais Noé ne put si bien voir le monde que de l’arche” (Proust)
- 2 octobre, salle de Conférences : Anne Simon : “et on se glisse à nouveau dans l’arche sombre” (Kafka)
- 9 octobre, salle de Conférences : Anne Simon : déluges contemporains (Filhol, Alexievitch)
- 16 octobre, salle de Conférences : Mélanie Pavy (artiste et autrice) : arche/Japon. En dialogue avec Anne Simon.
- (23 octobre) : ce cours sera remplacé par un « hors les murs », à une date fixée ultérieurement (si possible l’exposition “Surréalisme“, Centre Pompidou, avec une focale animale présentée par Emilie Frémond, qui a participé à son catalogue)
- 6 novembre, salle de Conférences : Colin Pahlish (Doctorant UNIL, Suisse) : science-fiction et vaisseau spatial. En dialogue avec Orietta Ombrosi et Anne Simon.
- 13 novembre, salle de Conférences : Orietta Ombrosi, philosophe (La Sapienza, Rome) : L’arche-bestiaire bio-biblio-philosophique de J. Derrida. En dialogue avec Anne Simon.
- 20 novembre , salle de Conférences : Anne Simon
- 4 décembre, salle de Conférences : Tristan Garcia (écrivain et philosophe). En dialogue avec Anne Simon.
- 11 décembre, salle Camille Marbo, 29 rue d’Ulm, 2e étage : Émilie Frémond (MCF, Université Sorbonne nouvelle, en délégation à la République des savoirs – PhilOfr) : bestiaires et classements. En dialogue avec Anne Simon.
- 18 décembre, salle Camille Marbo : Anne Simon : validations, bilan et ouvertures
16
octobre
2024
Informations pratiques
Les séances du mardi se dérouleront de 16h à 17h30. Les séances du mercredi se dérouleront de 14h30 à 16h00.
Pour les personnes extérieures aux universités Paris 1 et Paris 2, l’inscription est nécessaire au plus tard le 29 septembre auprès des organisateurs :
Emmanuel Picavet (Emmanuel.Picavet@univ-paris1.fr)
Mathilde Maurel (Mathilde.Maurel@univ-paris1.fr)
Thomas Vendryes (Thomas.Vendryes@ens-paris-saclay.fr)
Au-delà de cette date, l’entrée sera possible sur rendez-vous à prévoir à l’entrée du bâtiment.
Programme
- Mardi 01/10 Dimitri Konstantinidis
Dépasser la normativité pour mieux répondre aux catastrophes climatiques à travers des projets artistiques. VITAL, un paradigme créatif hors norme
Vital est un projet européen conçu et réalisé par Apollonia et ses partenaires. Il expérimente une typologie d’œuvres d’art sensibles aux problématiques environnementales, utilisant des matériaux réemployés et des énergies renouvelables, installées dans l’espace public et produites avec la participation citoyenne.
La majorité de ces œuvres ont déjà été installées de manière relativement pérenne dans un quartier strasbourgeois.
Elles ont suscité un certain nombre de questions et de problématiques intéressantes : comment les artistes et la création contemporaine contribuent-ils aujourd’hui à la prise de conscience de l’urgence climatique ?
La cité est-elle prête à accueillir ce type d’œuvres réalisées en dehors du système de la commande publique ?
- Mercredi 16/10
Clément Gorin - Mardi 5/11
TBA - Mercredi 20/11
Noémi Berlin - Mardi 4/12
Aline Penitot - Mercredi 18/12
Elise Domenach - Mardi 7/01
Julien Picard - Mercredi 22/01
TBA - Mardi 4/02
Marion Laval-Jeantet - Mardi 4/03
Maryse Ouellet - Mercredi 19/03
TBA - Mardi 01/04
TBA - Mardi 06/05
Anna Bernard - Mercredi 21/05
TBA
Information et normes : des critères aux questions de méthode
La norme d’efficacité en économie normative et en éthique sociale est habituellement formulée en s’appuyant sur la promotion des valeurs ou aspirations des agents (critère de Pareto, critère de compensation de Kaldor-Hicks) ou sur la réalisation d’objectifs collectifs assumés (comme dans la Théorie de la justice de John Rawls ou lorsqu’on évoque l"efficience" dans de nombreux contextes pratiques).
Dans ce contexte, la neutralité du traitement de l’information est habituellement présupposée et elle est importante. En effet, la bonne promotion des objectifs est souvent tributaire de l’exploitation rationnelle du contenu informatif des données, et l’efficacité des tests statistiques utilisés importe, par exemple.
L’aspiration à la neutralité, très sensible dans l’irruption des thèmes "climatiques" dans les débats normatifs, se décline de différentes manières :
la dépolitisation ; une grande neutralité axiologique ; une indépendance aussi grande que possible par rapport au point de vue de l’auteur des analyses, du discours ou du conseil
la proximité avec un noyau incontestable de connaissances
la mise à disposition de bases de données neutres, indépendantes, exogènes, non déterminées.
Cette aspiration se heurte à des tensions. Dans ce contexte, l’analyse critique de l’information - tributaire d’objectifs qui étant difficilement "neutres" ne sont pas incontestables - et des biais engendrés par sa construction, est fondamentale.
À travers des exemples concrets et en croisant différentes approches méthodologiques et expertises, en mobilisant une épistémologie des sciences pour aborder les allers-retours entre objectifs/normes et validation empirique sur données, ce séminaire a pour objectif d’étudier cette complexité du rapport à l’information, aux sources, à leur véracité, à leur traitement dans le maniement de normes qui en dépendent.
On s’intéressera aussi aux approches artistiques ou fictionnelles et à leur capacité à mettre en perspective des informations d’une manière qui révèle des injustices, inefficacités, ou écarts par rapport à un idéal. Par exemple, les romans de Balzac, de Zola ou de Dickens nous intéressent en tant qu’œuvres de fiction mais ils retiennent aussi l’attention pour ce qui est de l’information économique et sociale sur les pratiques, les modes de vie et de subsistance, les réseaux dans la société, etc. On peut se demander alors dans quelle mesure le caractère "significatif" reconnu aux œuvres de création est le signal d’une valeur informative éminente ou d’un rapport à l’information qui se qualifie comme spécialement intéressant à cause de la mobilisation de normes.
On peut s’interroger aussi sur la nature des "avertissements" que l’on trouve dans les créations littéraires. Comment les écrivains se saisissent-ils des enjeux et des dangers de l’exploitation de la nature et des postures de supériorité face à un "environnement", de l’enthousiasme immodéré pour "le progrès", des attitudes face aux migrations liées à l’environnement, etc. ?
La création littéraire peut être interrogée en tant que répertoire de formes de mobilisation de l’information ou des signaux, et de formes de leur traitement dans la vie sociale ou dans l’organisation collective. Dans les débats contemporains sur le "catastrophisme" climatique, le clivage entre différentes mobilisations de la temporalité (dans l’alternative culturelle entre "courants apocalyptiques" et "courants post-apocalyptiques" notamment) ne se reflète-t-il pas dans les créations littéraires associées à l’angoisse climatique : attente de catastrophes ou explorations de catastrophes considérées comme déjà amorcées ou "en route" ?
Au-delà de la création littéraire, et notamment dans le champ des créations paysagères et dans les arts plastiques, la pertinence reconnue aux créations dans un contexte culturel et historique donné n’est-elle pas associée à quelque degré à la valeur informative ? Et plus précisément, à ce type de valeur informative qui tient à l’aptitude à transmettre une information utile pour la mobilisation des normes ou critères que l’on estime importants ?
Cycle de séminaires organisé par Mathilde Maurel, Emmanuel Picavet, Thomas Vendryes et Pauline Nadrigny