07
novembre
2024
au vendredi 8 novembre 2024
Colloque international
La zoomorphie satirique, constante dans l’histoire de la littérature, constitue un vivier de sens très diversifiés, voire antagonistes. L’animal sert-il de masque pour ne pas désigner directement ses cibles ? Assure-t-il une fonction de désindividualisation et donc de naturalisation des désordres sociaux et politiques ? Sert-il de médiateur du point de vue de l’auteur ? Ce colloque tentera de répondre à ces questions en assumant une conception large de la satire comme forme hybride privilégiant le rire orienté, et, parfois, un comique plus discret, aux intentions complexes.
Visuel zoomorphisme
Grandville, “Encore une révolution”, Scènes de la vie privée et publique des animaux, 1840
La zoomorphie satirique, constante dans l’histoire de la littérature depuis Aristophane jusqu’à Orwell, non moins que dans les arts visuels, constitue un vivier de sens susceptible d’actualisations très diverses. L’animal sert-il de masque, de déguisement pour ne pas désigner directement ses cibles, ou bien assure-t-il une fonction de défamiliarisation, au sens de Chklovski, voire d’universalisation ou de naturalisation des désordres sociaux et politiques ? De plus, les figures zoomorphes ne représentent pas toujours les cibles de la satire, comme on l’imagine spontanément : l’animal peut servir de révélateur, ou même de médiateur d’un point de vue qui pourrait être celui de l’auteur, dans certains montages complexes. Par ailleurs, on aurait tort de croire que les figures animales se situent toujours du côté de la négativité, comme dans l’insulte, ou fréquemment dans les formes pamphlétaires de la satire. La présence animale, dans certains cas, n’indique-t-elle pas une issue, voire une possible réparation de mœurs humaines corrompues, l’innocence des bêtes pouvant valoir comme un contrepoint ? Ses effets émotionnels méritent d’être pensés, entre l’amusement susceptible de nourrir la dimension comique de la satire, et la hantise de basculer dans l’inhumain : la tentation de la violence, voire de la sauvagerie, peut être dénoncée par le satiriste, mais elle guette aussi son mode d’expression railleur, parfois agressif (jusque dans la syntaxe ou le lexique). Ce n’est pas un hasard si la satire, alors qu’elle renvoie étymologiquement au pot-pourri, a longtemps été associée au satyre, à un être chimérique, liminaire : l’hybridité la caractérise, de même que l’agressivité potentielle, mais aussi une certaine fécondité. Enfin, faut-il supposer que les auteurs satiriques ne s’intéressent qu’à la valeur symbolique ou allégorique du bestiaire, dans l’indifférence envers la réalité animale ? N’y a-t-il pas au contraire, dans de nombreux cas, une tension entre une polarité « zoosatirique », qui tient à l’intentionnalité ciblée de textes critiques et polémiques, et une polarité proprement « zoopoétique », qui permet une incursion imaginaire dans le monde alternatif d’autres vivants ? Ce colloque entend répondre à de telles questions en assumant une conception large du domaine de la satire comme forme d’expression privilégiant le rire moqueur et orienté, qui n’exclut évidemment pas les formes poétiques privilégiant une conception plus stricte du genre. Les objets littéraires seront privilégiés, mais le rapport entre le texte et l’image (physiognomonie, beaux-arts, dessin de presse, cinéma) pourra être l’objet de réflexions.
Programme
JEUDI 7 NOVEMBRE 2024
Amphithéâtre Gallois, École normale supérieure, 45 rue d’Ulm, Paris 5e
FIGURES ANIMALES DE LA PREMIÈRE MODERNITÉ, ENTRE POLÉMIQUES ET HÉTÉRODOXIES
14h – Accueil des intervenants
14h30 – Hélène Aji (directrice de l’unité République des Savoirs)
Ouverture du colloque
Nicolas Correard, Jean-Charles Darmon, Anne Simon
Présentation
14h45-15h15 – Louise Millon-Hazo (Nantes Université)
« “En quelle hiérarchie de tels animaux vénéneux mettez-vous la femme future de Panurge ?” Zoomorphie et misogynie chez Rabelais »
15h15-15h45 : Mathieu de La Gorce (Université Paris Nanterre)
« “Comme une tortuë hors de sa coquasse ou une pie borgne hors de sa cage”. L’animal dans la polémique religieuse du XVIe siècle, entre langage et image »
15h45-16h00 – Discussion
16h00-16h30 – Pause
16h30-17h00 – Michèle Rosellini (ENS Lyon)
« L’animal révélateur ou les usages complexes de la zoomorphie par Cyrano de Bergerac, de la satire socio-politique à l’expérimentation poétique du vivant »
17h00-17h30 – Emmanuel Bury (Sorbonne Université)
« Entre satire et scepticisme : les paradoxes de l’âne chez La Mothe Le Vayer »
17h30-18h – Discussion
19h30 – Dîner (intervenants)
VENDREDI 8 NOVEMBRE 2024
SALLE DES GARDES, Institut d’études avancées de Paris, 17 quai d’Anjou, Paris 4e
(Pré-inscription impérative sur un lien prochainement actif)
MATINÉE – DES BESTIAIRES ENTRE MÉTAPHORE ET LITTÉRALITÉ
9h30 – Accueil des intervenants (collation)
9h50 – Entrée du public (sur inscription préalable)
10h-10h30 – Nicolas Correard (Nantes Université)
« Zoo-anthropologie : le bestiaire social entre allégorie, physiognomonie et sens littéral au XVIIe siècle »
10h30-11h – Jonathan Pollock (Université de Perpignan Via Domitia)
« Vision et dérision animales chez William Shakespeare et Ursula le Guin »
11h00-11h15 – Discussion
11h15-11h30 – Pause
11h30-12h00 – Elisabeth Plas (Université Sorbonne nouvelle)
« Les animalités plastiques de Grandville. Satire, visions et fantaisies »
12h00-12h30 – Orietta Ombrosi (Università di Roma La Sapienza)
« Écritures et déchirures félines. « Le Chat Mur » d’E.T.A. Hoffmann et la relecture de Sarah Kofman »
12h30-12h50 – Discussion
13h-14h – Déjeuner (intervenants)
APRÈS-MIDI – SATIRES MÉTAMORPHIQUES ET MÉTAMORPHOSES DE LA SATIRE
14h00-14h30 : Anne Simon (CNRS – ENS PSL)
« Singe-orateur, vermine-fils et autres dragons verts : métamorphoses animales de la satire chez Kafka »
14h30-15h00 – Pilar Andrade Boué (Universidad Complutense de Madrid)
« Les émotions de la satire dans Nos animaux préférés d’Antoine Volodine »
15h00-15h15 – Discussion
15h15-15h30 – Pause
15h30-16h00 : Romain Bionda (Université de Lausanne)
« Lion ou œuf au plat ? Fonctions dramatiques et théâtrales de la zoosatire dans Das Reich der Tiere de Roland Schimmelpfennig et dans quelques pièces Copi »
16h00-16h30 – Franck Collin (Université des Antilles)
« La vache folle et le bovin enfant. Une satire zoomorphique face au réarmement nataliste des XXe-XXIe siècles (Orwell, Boyer, Hadjadj) »
16h30-16h45 – Discussion
16h45-17h15 – Synthèse du colloque par Jean-Charles Darmon (ENS PSL)
17h30-18h30 - Cocktail (intervenants)
Un événement soutenu par :
♦ Projet d’Action incitative « Figurer et penser l’animal, de l’Europe de la première modernité au moment présent : points de vue croisés entre littérature, philosophie et sciences », porté par Jean-Charles Darmon en collaboration avec Anne Simon, ENS-PSL, 2024-2025
♦ Programme PSL Humanités écologiques, porté par Anne Simon, ENS-PSL, 2024-2025
♦ République des Savoirs (CNRS-ENS-Collège de France/Université Paris Sciences et Lettres)
♦ Institut d’études avancées de Paris
Mis à jour le 10/9/2024
Infos pratiques
Entrée libre et gratuite à l’ENS
Pré-inscription impérative sur un lien prochainement actif pour l’Institut d’Études avancées de Paris
Retrouvez ici le lien vers le site du colloque
Organisation
Nicolas CORREARD (Nantes Université, France)
Jean-Charles DARMON (ENS-PSL, France)
Anne SIMON (ENS-PSL/CNRS, France)
Comité Scientifique
Nicolas CORREARD (Nantes Université, France)
Jean-Charles DARMON (ENS-PSL, France)
Orietta OMBROSI (Université La Sapienza, Rome, Italie)
Anne SIMON (ENS-PSL/CNRS, France)
Perrine SIMON-NAHUM (ENS-PSL/CNRS, France)
Équipes PhilOfr et Littératures, philosophie et morale de la République des Savoirs
Infos pratiques
7 November 2024 - 8 November 2024
13:45 - 17:15
07
novembre
2024
Présentation
Le changement climatique au prisme du droit comporte une diversité d’aspects. Ce cycle de séminaires 2024 entend en explorer un certain nombre au travers notamment de l’évolution des contentieux climatiques, de la protection des forêts, de la biodiversité, ou encore des populations et groupes vulnérables, qui nous paraissent également être des questions devant être approfondies par la méthode des regards croisés.
Ce cycle, innovant par sa thématique, se place dans la continuité de nos précédents séminaires tout en approfondissant le sujet des dynamiques du droit climatique.
Solutions fondées sur la nature
Jeudi 7 novembre, 14h30-16h30
Avec :
Agnès Michelot, professeur à l’Université de La Rochelle
Alexandra Langlais-Hesse, professeur à l’Université de Rennes
Précédentes séances
Le climat au prétoire : contentieux sous tension face au changement climatique, avec :
Marta Torre-Schaub, directrice de recherche CNRS à l’ISJPS, directrice du GDR Climalex
Anne Stevignon, docteure en droit privé, avocate au Barreau de Paris
Noémie Le Peuvedic, doctorante contractuelle à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
William Bourdon, avocat au barreau de Paris
Ana-Maria Ilcheva, maîtresse de conférences à l’Université Côte d’Azur
Brice Laniyan, docteur en droit et juriste chez Notre Affaire à Tous
Forêts et changement climatique : regards croisés entre le national et l’international, avec :
Mme la Professeure Katia Blairon, Université de Lorraine, spécialiste notamment de droit forestier, droit de l’environnement et des ressources naturelles
Maître François de Cambiaire, Avocat spécialisé en droit de l’environnement, Seattle Avocats
Maître Samuel Nguiffo, Avocat au Cameroun, Directeur du Centre pour l’Environnement et le Développement à Yaoundé.
Informations pratiques
L’événement se déroulera en ligne et sur place.
En ligne, sur inscription
Inscription obligatoire : à l’issue de l’inscription, un message de confirmation vous sera envoyé avec le lien permettant de rejoindre l’événement.
Lien d’inscription à venir
Sur place, sur inscription
Inscription obligatoire : à l’issue de l’inscription, un message de confirmation vous sera envoyé avec un billet PDF en pièce jointe. Ce billet, accompagné d’un document d’identité, est indispensable aux personnes extérieures à l’université Paris Panthéon-Sorbonne pour accéder à l’événement.
Séminaire organisé par Mathilde Françaix et Noémie Le Peuvedic, sous la direction scientifique de Marta Torre-Schaub, dans le cadre du cycle de séminaires "Environnement, mobilisations du droit et société civile. Par-delà le changement climatique" du GDR ClimaLex.
07
novembre
2024
Les Jeudis de l’histoire et de la philosophie des sciences (JHPS) - 2024-2025
Premier semestre
Les Jeudis de l’histoire et de la philosophie des sciences (JHPS) s’adressent aux littéraires comme aux scientifiques. Il s’agit d’une série de conférences qui offre un large panorama des recherches en histoire et philosophie des sciences, entendues au sens large, puisqu’elles vont jusqu’à la sociologie des sciences, à l’anthropologie des sciences, ou à certains aspects des sciences cognitives.
Les conférenciers recommandent la lecture d’un de leurs articles ou d’un chapitre d’un de leurs livres récents, qui est posté sur le site du séminaire pour que tous les participants puissent le lire à l’avance. La séance se déroule de la manière suivante : le conférencier présente son travail ; un des organisateurs en fait un bref commentaire ; une discussion informée a finalement lieu. Le programme changeant chaque année, il est possible suivre plusieurs années de suite ce séminaire pour acquérir une véritable culture en histoire et philosophie des sciences.
Le département de philosophie, l’IHMC et la République des savoirs
Contacts : Maria Pia Donato (maria-pia.donato[a]ens.psl.eu), Stéphanie Ruphy (stephanie.ruphy[a]ens.psl.eu) et Sophie Roux (sophie.roux[a]ens.psl.eu)
Département de philosophie de l’ENS
PROGRAMME DES SÉANCES (SEMESTRE 1)
- 26 septembre 2024 : Angela Creager, Princeton University / IEA Paris, Environment, Mutation, Cancer : A History of the Ames Test, 1960-1990
- 3 octobre 2024 : Catherine Bourgain, INSERM / CERMES3, Routinisation de la génomique dans le soin et travail des données
- 10 octobre 2024 : Lydia Barnett, Northwestern University, Hydrology in the Seventeenth-Century Little Ice Age (en visio)
- 17 octobre 2024 : Sébastien Maronne, Institut de Mathématiques de Toulouse, Les procédés de création en mathématiques entre histoire et épistémologie
- 24 octobre 2024 : Thomas Blanchard, Université Bordeaux-Montaigne, Comprendre le raisonnement causal dans les sciences « spéciales » : l’apport de l’interventionnisme et des modèles causaux
- 7 novembre 2024 : Marco Beretta, Università di Bologna, Guilds, Labour and Science. Chemical Arts in Eighteenth-Century Paris
- 14 novembre 2024 : Fabien Grégis, ENS-PSL, Quantifier les limites de notre connaissance : enjeux épistémologiques de l’incertitude de mesure en métrologie et en physique
- 21 novembre 2024 : Ange Pottin, Universität Wien, L’inventaire, le “cycle fermé” et le démantèlement : études philosophiques et sociotechniques des résidus nucléaires
- 28 novembre 2024 : Charles-François Mathis, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/IHMC, De Whitehall aux foyers domestiques : faire de l’Angleterre une puissance fossile
- 5 décembre 2024 : Delphine Gardey, Solène Gouilhers et Raphaël Albospeyre Thibeau, Institut des Études Genre, Université de Genève, Les enjeux médicaux, normatifs et politiques de l’accès des personnes trans* à la cryopréservation de leurs gamètes. Résultats d’une enquête sociologique en France et en Suisse
- 12 décembre 2024 : José Pardo Tomás, IMF-CSIC Barcelone, L’histoire des sciences et les débats actuels sur le patrimoine scientifique
- 19 décembre 2024 : Francesca Poggiolesi, IHPST / CNRS et Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, An Introduction to the Notions of Explanation and Grounding, and an Analysis of Their Links