La philosophie dans l’académie de CRETEIL
Slogan du site
EXERCICE : des expériences de l’oubli. La disparition de Vincennes
  • Premier exemple : un documentaire : de 1968 à 1980, Vincennes l’oubliée
    Pourquoi avez-vous souhaité faire ce film ?
    Virginie Linhart : Principalement parce que c’est une histoire oubliée, que les moins de 40 ans ne connaissent pas.
    Je trouve qu’il est fondamental de rappeler qu’en France il y a eu des expériences, des moments où l’on inventait des choses qui allaient vers plus de générosité, d’entraide, de solidarité et que cela fonctionnait. J’ai fait ce film pour que les gens réalisent que d’autres modèles d’éducation sont possibles.
    Que représente Vincennes pour vous ?
    Vincennes, c’est ce qui a bien réussi en 1968, engendrant du progrès, de l’égalité des chances, l’espoir d’une autre vie. Il faut se rappeler qu’à l’ouverture de l’université en janvier 1969, les couches dominantes se servaient du bac comme d’un outil de discrimination : moins de 50% d’une classe d’âge le décrochait. Or, Vincennes permettait à ceux qui n’avaient pas pu l’obtenir – souvent pour des raisons sociales –d’accéder aux études supérieures. C’était à la foisrévolutionnaire et novateur.
    D’autant plus que de grands professeurs enseignaient à Vincennes, comme Michel Foucault, Gilles Deleuze, Jean-François Lyotard, Hélène Cixous…
    C’est aussi ce qui me touche dans cette histoire : on proposait à ceux qui n’étaient pas forcément les mieux nés le meilleur de l’éducation supérieure. Aujourd’hui, les très bons professeurs exercent pour la plupart dans les grandes écoles, et non dans les facultés, ouvertes au plus grand nombre.
    Ce qui interpelle aussi dans votre documentaire, c’est la disparition physique de Vincennes.
    Comment l’expliquez-vous ?

    Il y a réellement eu la volonté d’éradiquer Vincennes, que le pouvoir giscardien haïssait. Ils ont tout rasé, allant même jusqu’à déraciner les arbres. Les anciens de l’université, que j’ai interviewés dans la clairière où se situait la faculté, étaient incapables de retrouver le lieu par eux-mêmes !
    Propos recueillis par Raphaël Badache
    film documentaire : https://www.youtube.com/watch?v=FcCW-12OCeg

On s’interrogera sur la force du témoignage, du sens de ces "subjectivités" situées entre le discours du savoir et celui, persuasif du militant.
Située dans le temps d’une mémoire fugace, la cinéaste recherche des traces. Mémoire des
événements de 1968, mémoire des utopies collectives et singulières, mémoire qui se fait peu à peu célébration. Jusqu’à aboutir à un "devoir de mémoire".

  • Mémoire d’ouvrier
    En septembre 1968, Robert Linhart était un jeune normalien philosophe. Il était engagé au sein de l’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes, qui était née d’une scission avec l’Union des étudiants communistes et qui cherchait sa propre voix pour défendre les intérêts de la classe ouvrière. La perspective révolutionnaire était explicite et l’admiration, peu critique il est vrai, pour la Chine de Mao avait uni une partie de ce groupe au Mouvement du 22 mars, actif pendant Mai 68. Ainsi était née la gauche prolétarienne dont Robert Linhart a été une des figures éminentes. Mais ce n’est pas d’idées politiques pointues dont Avec philosophie parle dans cette émission d’actualité du vendredi. Avant les discours intellectuels, il est surtout question de la pratique qui a conduit des militants comme Robert Linhart à s’établir en usine. Pour sa part, en cette fin d’année 1968, Robert Linhart s’est fait embaucher comme ouvrier spécialisé chez Citroën, une expérience dont il tirera un livre : L’Établi, paru en 1978 aux éditions de Minuit.
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avec-philosophie/la-penibilite-au-travail-aujourd-hui-qu-en-savons-nous-exactement-2674490
  • Témoignage à comparer avec celui de Simone Weil, lorsqu’elle raconte la vie à l’usine.