La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ?
2e sujet de dissertation
Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?
3e sujet d’explication de texte
Expliquer le texte suivant :
La science a beaucoup d’ennemis déclarés, et encore plus d’ennemis cachés, parmi ceux qui ne peuvent lui pardonner d’avoir ôté à la foi religieuse sa force et de menacer cette foi d’une ruine totale. On lui reproche de nous avoir appris bien peu et d’avoir laissé dans l’obscurité incomparablement davantage. Mais on oublie, en parlant ainsi, l’extrême jeunesse de la science, la difficulté de ses débuts, et l’infinie brièveté du laps de temps écoulé depuis que l’intellect humain est assez fort pour affronter les tâches qu’elle lui propose. Ne commettons-nous pas, tous tant que nous sommes, la faute de prendre pour base de nos jugements des laps de temps trop courts ? Nous devrions suivre l’exemple des géologues. On se plaint de l’incertitude de la science, on l’accuse de promulguer aujourd’hui une loi que la génération suivante reconnaît pour une erreur et remplace par une loi nouvelle qui n’aura pas plus longtemps cours. Mais ces accusations sont injustes et en partie fausses. La transformation des opinions scientifiques est évolution, progrès, et non démolition. Une loi, que l’on avait d’abord tenue pour universellement valable, se révèle comme n’étant qu’un cas particulier d’une légalité plus compréhensive, ou bien l’on voit que son domaine est borné par une autre loi, que l’on ne découvre que plus tard ; une approximation en gros de la vérité est remplacée par une autre, plus soigneusement adaptée à la réalité, approximation qui devra attendre d’être perfectionnée à son tour. Dans divers domaines, nous n’avons pas encore dépassé la phase de l’investigation, phase où l’on essaie diverses hypothèses qu’on est bientôt contraint, en tant qu’inadéquates, de rejeter. Mais dans d’autres nous avons déjà un noyau de connaissances assurées et presque immuables.
Sujet 1 : Seul ce qui peut s’échanger a-t-il de la valeur ?
Sujet 2 : Les lois peuvent-elles faire notre bonheur ?
Sujet 3 : Le fait qu’on ne voit aucune thèse qui ne soit débattue et controversée1 entre nous, ou qui ne puisse l’être, montre bien que notre jugement naturel ne saisit pas bien clairement ce qu’il saisit, car mon jugement ne peut pas le faire admettre par le jugement de mon semblable : ce qui est le signe que je l’ai saisi par quelque autre moyen que par un pouvoir naturel qui serait en moi et en tous les hommes. Laissons de côté cette confusion infinie d’opinions que l’on voit parmi les philosophes eux-mêmes, et ce débat perpétuel et général sur la connaissance des choses. On a tout à fait raison, en effet, d’admettre que sur aucune chose les hommes – je veux dire les savants les mieux nés, les plus capables – ne sont d’accord, pas même sur le fait que le ciel est sur notre tête, car ceux qui doutent de tout doutent aussi de cela ; et ceux qui nient que nous puissions comprendre quelque chose disent que nous n’avons pas compris que le ciel est sur notre tête ; et ces deux opinions sont, par le nombre, incomparablement les plus fortes. Outre cette diversité et cette division infinies, par le trouble que notre jugement nous donne à nous-mêmes et par l’incertitude que chacun sent en lui, il est aisé de voir que ce jugement a son assise2 bien mal assurée. Comme nous jugeons différemment des choses !Combien de fois changeons-nous d’opinions ! Ce que je soutiens aujourd’hui et ce que je crois, je le soutiens et le crois de toute ma croyance ; toutes mes facultés et toutes mes forces empoignent cette opinion et m’en répondent sur tout leur pouvoir. Je ne saurais embrasser (3) aucune vérité ni la conserver avec plus de force que je ne fais pour celle-ci. J’y suis totalement engagé, j’y suis vraiment engagé ; mais ne m’est-il pas arrivé, non pas une fois, mais cent, mais mille, et tous les jours, d’avoir embrassé quelque autre opinion avec ces mêmes instruments, dans ces mêmes conditions, opinion que, depuis, j’ai jugée fausse ? MONTAIGNE, Les Essais (1580)
1 « controverse » : discussion vive.
2 « assise » : base, fondement.
3 « embrasser » : adhérer à une opinion, la faire sienne.
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble. 1. Dégager l’idée principale du texte et les étapes du raisonnement. 2. Expliquer :a) « Le fait qu’on ne voit aucune thèse qui ne soit débattue et controversée, ou qui ne puisse l’être, montre bien que notre jugement naturel ne saisit pas bien clairement ce qu’il saisit, car mon jugement ne peut pas le faire admettre par le jugement de mon semblable » ; b) « (...) l’incertitude que chacun sent en lui » ;c) « Ce que je soutiens aujourd’hui et ce que je crois, je le soutiens et le crois de toute ma croyance ». 3. Changer d’opinion, cela nous empêche-t-il de connaître la vérité ?
Washington
Amérique du nord Washington
Sujets L
19PHLIAN1 Page : 2/2
Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants :
Sujet 1
Y a-t-il en nous quelque chose qui échappe à la culture ?
Sujet 2
La perception peut-elle être objective ?
Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
Si un peuple devait très probablement juger que telle législation en vigueur actuellement compromet son bonheur, que doit-il faire ? Ne doit-il pas s’y opposer ?
La réponse ne saurait être que la suivante : il n’y a rien d’autre à faire que d’obéir. Car,
ici, il n’est pas question du bonheur que le sujet peut attendre d’une institution ou d’une administration de la communauté, mais, avant tout et simplement, du droit qui doit être par là assuré à chacun : ce qui est le principe suprême dont doivent provenir toutes les maximes qui concernent une communauté et qu’aucun autre ne peut limiter. En ce qui concerne la première maxime (celle du bonheur), aucun principe valable universellement ne peut être présenté au titre de loi. Car, aussi bien les circonstances historiques que les mirages où chacun place son bonheur et qui sont source de désaccords entre les hommes et qui changent pour cela continuellement (mais personne ne peut prescrire à quiconque le lieu où il doit le placer) rendent tout principe ferme impossible et inapte à devenir, pour ce qui le concerne, le fondement de la législation. La proposition :
Le salut public est la loi suprême de la cité (1) conserve sa valeur et son crédit inentamés ; mais le salut public, qu’il convient de prendre d’abord en considération, est justement cette constitution légale dont les lois assurent à chacun la liberté ; en quoi il lui reste loisible de poursuivre son bonheur de la manière qui lui semble la meilleure à condition de ne pas porter préjudice à cette loi universelle et conforme à la loi, donc au droit des autres co-sujets.
KANT,
Théorie et pratique (1793)
(1) Du latin :
Salus publica suprema civitatis lex est
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question
Sujets ES Washington
Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants
Sujet 1
La connaissance de l’histoire est-elle utile à l’action présente ?
Sujet 2
Tous les échanges sont-ils profitables ?
Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
Parmi les biens, certains sont des biens absolus, mais d’autres sont bons pour quelqu’un sans être absolument bons. Et ce sont les mêmes choses qui sont absolument bonnes et qui plaisent absolument. En effet, ce sont des choses profitables à un corps en bonne santé dont nous disons qu’elles sont absolument bonnes pour le corps, et non pas de celles qui sont profitables à un corps malade, comme les remèdes et les amputations. De même plaît absolument au corps ce qui plaît à un corps sain et entier, par exemple voir en pleine lumière et non dans l’ombre (bien sûr, c’est le contraire pour qui souffre des yeux) ; le vin le plus plaisant n’est pas celui qui plaît à l’homme qui a abîmé sa langue dans l’ivrognerie (puisque parfois on leur verse du vinaigre !) ; c’est celui qui plaît au palais intact. Ainsi en va-t-il pour l’âme : ce qui plaît absolument n’est pas ce qui plaît aux enfants et aux bêtes, mais ce qui plaît aux adultes. En tout cas, quand on a mémoire des deux, ce sont les plaisirs de l’adulte que nous choisissons. L’enfant et la bête sont par rapport à l’homme dans le même rapport que le méchant et l’insensé par rapport à l’homme mesuré et à l’homme sage. Or les plaisirs de ces derniers correspondent à leurs manières d’être, ce sont les plaisirs bons et beaux. ARISTOTE, Éthique à Eudème (IVe siècle avant J.-C).
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que
l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont
il est question
Sujets Série S Washington
Sujet 1
Avons-nous besoin d’art ?
Sujet 2
La raison suffit-elle à connaître le réel ?
Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
Ce qu’on appelle bonheur au sens strict résulte de la satisfaction plutôt soudaine de besoin accumulés et n’est possible, par nature, que comme phénomène épisodique. Toute prolongation d’une situation convoitée par le principe de plaisir donne seulement un sentiment de tiède contentement ; nous sommes ainsi faits que nous ne pouvons jouir intensément que du contraste, et très peu d’un état. De ce fait, nos possibilités de bonheur sont déjà limitées par notre constitution. Il y a beaucoup moins de difficultés à faire l’expérience du malheur. La souffrance menace de trois côtés : de notre propre corps, destiné à la déchéance et à la décomposition, et qui même ne saurait se passer de la douleur et de l’angoisse comme signaux d’alarme ; du monde extérieur, capable de se déchaîner contre nous avec des forces énormes, implacables et destructrices ; et enfin des relations avec d’autres êtres humains. La souffrance provenant de cette dernière source, nous l’éprouvons peut-être plus douloureusement que toute autre ; nous avons tendance à y voir une sorte de surcroît sans nécessité, bien qu’elle ne soit sans doute pas moins fatalement inévitable que les souffrances d’autres origines. Il n’est pas surprenant que, sous la pression de ces possibilités de souffrance, les hommes aient coutume d’en rabattre sur leur revendication de bonheur.
Freud, Malaise dans la civilisation
(1930)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Liban
Série S Liban
Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants
Sujet 1
En politique, chacun défend-il ses propres intérêts ?
Sujet 2
Suis-je défini par ma culture ?
Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
Quant à l’idée que l’instruction inclinerait les hommes à une vie retirée et oisive, et les rendrait paresseux : ce serait là une bien étrange chose, si ce qui accoutume l’esprit à être perpétuellement en mouvement induisait à la paresse ! Tout au contraire, on peut assurément affirmer qu’aucune espèce d’homme n’aime le travail pour lui même, sauf ceux qui sont instruits. Les autres l’aiment pour le profit, comme un mercenaire pour la solde (1), ou encore pour l’honneur, car il les élève aux yeux des gens et redore une réputation qui autrement ternirait, ou parce qu’il leur donne une idée de leur puissance, en leur fournissant la possibilité d’occasionner du plaisir ou de la peine, ou parce qu’il met à l’œuvre telle de leurs facultés dont ils s’enorgueillissent, ce qui alimente leur bonne humeur et l’opinion agréable qu’ils ont d’eux-mêmes, ou enfin parce qu’il fait avancer n’importe quel autre de leurs projets. De la valeur personnelle fausse, on dit que celle de certains se trouve dans les yeux des autres. De la même façon, les efforts des gens que je viens d’évoquer sont dans les yeux des autres, ou du moins relatifs à quelques desseins particuliers. Seuls les hommes instruits aiment le travail comme une action conforme à la nature, et qui convient à la santé de l’esprit autant que l’exercice physique convient à la santé du corps. Ils prennent plaisir dans l’action elle-même, non dans ce qu’elle procure. Par conséquent,
ils sont les plus infatigables des hommes quand il s’agit d’un travail qui puisse retenir leur esprit.
Bacon, Du progrès et de la promotion des savoirs (1605)
(1) Solde : la paye octroyée par l’armée à ses employés.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Série ES Liban
Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants
Sujet 1
Faut-il préférer la vérité à son bonheur ?
Sujet 2
Peut-on parvenir à une complète conscience de soi ?
Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
Il faut reconnaître que l’égalité, qui introduit de grands biens dans le monde, suggère cependant aux hommes, ainsi qu’il sera montré ci-après, des instincts fort dangereux ; elle tend à les isoler les uns des autres, pour porter chacun d’eux à ne s’occuper que de lui seul.
Elle ouvre démesurément leur âme à l’amour des jouissances matérielles. Le plus grand avantage des religions est d’inspirer des instincts tout contraires. Il n’y a point de religion qui ne place l’objet des désirs de l’homme au-delà et au-dessus des biens de la terre, et qui n’élève naturellement son âme vers des régions fort supérieures à celle des sens. Il n’y en a point non plus qui n’impose à chacun des devoirs quelconques envers l’espèce humaine, ou en commun avec elle, et qui ne le tire ainsi, de temps à autre, de la contemplation de lui-même. Ceci se rencontre dans les religions les plus fausses et les plus dangereuses. Les peuples religieux sont donc naturellement forts précisément à l’endroit où les peuples démocratiques sont faibles ; ce qui fait bien voir de quelle importance il est que les hommes gardent leur religion en devenant égaux. ALEXISDETOCQUEVILLE, De la Démocratie en Amérique (1835).
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question
Série L Liban
Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants :
Sujet 1
Désirons-nous seulement ce que les autres désirent ?
Sujet 2
L’État est-il au service de la société ?
Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
Il existe de nombreux faits établis dans les sciences théoriques qui, s’ils étaient confrontés au point de vue immédiat et à l’opinion que la foule a de la question, seraient, relativement à cela, tout à fait semblables à des choses que peut apercevoir un dormeur durant son sommeil ! Et nombre de ces choses ne reposent pas même sur des prémisses (1) qui seraient, elles, de l’ordre des prémisses concevables par la foule, qui seraient persuasives pour la foule lorsque celle-ci réfléchirait à ces idées ; dont il est au contraire impossible qu’elles suscitent chez quiconque quelque persuasion que ce soit, mais dont on ne peut acquérir qu’une certitude, si l’on a procédé pour les connaître selon la méthode de la certitude (2). Ainsi, dirait-on à la foule, ou même à des gens d’un niveau de discours plus élevé que cela, que le soleil, qui paraît, lorsqu’on le voit, de la taille d’un pied, est en fait à peu près cent soixante-dix fois plus grand que la terre, que les gens trouveraient cela impossible. Ceux qui imagineraient cela se feraient l’impression de rêver, et il nous serait impossible de les en persuader en usant de prémisses auxquelles ils pourraient assentir (3) peu de temps après leur mention, en un temps raisonnable. Il n’est au contraire d’autre moyen d’accéder à une science comme celle-ci que la méthode de la démonstration, pour
ceux qui ont emprunté cette méthode.
Averroès, L’incohérence de l’incohérence (XIIe siècle)
1 « prémisses » : base du raisonnement.
2 « méthode de la certitude » : méthode démonstrative.
3 « assentir » : donner son assentiment, autrement dit considérer comme vrai.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Sujet 1 Le désir est-il la marque de notre imperfection ?
Sujet 2 Éprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ?
Sujet 3 Expliquez le texte suivant :
« Tous les phénomènes de la société sont des phénomènes de la nature humaine, produits par l’action des circonstances extérieures sur des masses d’êtres humains. Si donc les phénomènes de la pensée, du sentiment, de l’activité humaine, sont assujettis à des lois fixes, les phénomènes de la société doivent aussi être régis par des lois fixes, conséquences des précédentes. Nous ne pouvons espérer, il est vrai, que ces lois, lors même que nous les connaîtrions d’une manière aussi complète et avec autant de certitude que celles de l’astronomie, nous mettent jamais en état de prédire l’histoire de la société, comme celle des phénomènes célestes, pour des milliers d’années à venir. Mais la différence de certitude n’est pas dans les lois elles-mêmes, elle est dans les données auxquelles ces lois doivent être appliquées. En astronomie, les causes qui influent sur le résultat sont peu nombreuses ; elles changent peu, et toujours d’après des lois connues. Nous pouvons constater ce qu’elles sont maintenant, et par là déterminer ce qu’elles seront à une époque quelconque d’un lointain avenir. Les données, en astronomie, sont donc aussi certaines que les lois elles-mêmes. Au contraire, les circonstances qui influent sur la condition et la marche de la société sont innombrables, et changent perpétuellement ; et quoique tous ces changements aient des causes et, par conséquent des lois, la multitude des causes est telle qu’elle défie nos capacités limitées de calcul. Ajoutez que l’impossibilité d’appliquer des nombres précis à des faits de cette nature mettrait une limite infranchissable à la possibilité de les calculer à l’avance, lors même que les capacités de l’intelligence humaine seraient à la hauteur de la tâche. » MILL,Système de logique, 1843
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question
SERIE L
Sujet 1 : La culture nous rend-elle plus humain ?
Sujet 2 : Peut-on renoncer à la vérité ?
Sujet 3 : Expliquer le texte suivant :
« Souvent nous ne savons pas ce que nous souhaitons ou ce que nous craignons. Nous pouvons caresser un souhait pendant des années entières, sans nous l’avouer, sans même en prendre clairement conscience ; c’est que l’intellect n’en doit rien savoir, c’est qu’une révélation nous semble dangereuse pour notre amour-propre, pour la bonne opinion que nous tenons à avoir de nous-mêmes ; mais quand ce souhait vient à se réaliser, notre propre joie nous apprend, non sans nous causer une certaine confusion, que nous appelions cet événement de tous nos vœux ; tel est le cas de la mort d’un proche parent dont nous héritons. Et quant à ce que nous craignons, nous ne le savons souvent pas, parce que nous n’avons pas le courage d’en prendre clairement conscience. Souvent même nous nous trompons entièrement sur le motif véritable de notre action ou de notre abstention, jusqu’à ce qu’un hasard nous dévoile le mystère. Nous apprenons alors que nous nous étions mépris sur le motif véritable, que nous n’osions pas nous l’avouer, parce qu’il ne répondait nullement à la bonne opinion que nous avons de nous-mêmes. Ainsi, nous nous abstenons d’une certaine action, pour des raisons purement morales à notre avis ; mais après coup nous apprenons que la peur seule nous retenait, puisque, une fois tout danger disparu, nous commettons cette action. » SCHOPENHAUER,Le monde comme volonté et comme représentation,1818
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question
SERIEES
Sujet 1 Toute vérité estelle définitive ?
Sujet 2 Peut-on être insensible à l’art ?
Sujet 3 Expliquer le texte suivant :
« Quand nous obéissons à une personne en raison de l’autorité morale que nous lui reconnaissons, nous suivons ses avis, non parce qu’ils nous semblent sages, mais parce qu’à l’idée que nous nous faisons de cette personne, une énergie psychique 1 d’un certain genre est immanente , qui fait plier notre volonté et l’incline dans le sens indiqué. Le respect est l’émotion que nous éprouvons quand nous sentons cette pression intérieure et toute spirituelle se produire en nous. Ce qui nous détermine alors, ce ne sont pas les avantages ou les inconvénients de l’attitude qui nous est prescrite ou recommandée ; c’est la façon dont nous nous représentons celui qui nous la recommande ou qui nous la prescrit. Voilà pourquoi le commandement affecte généralement des formes brèves, tranchantes, qui ne laissent pas de place à l’hésitation ; c’est que, dans la mesure où il est lui-même et agit par ses seules forces, il exclut toute idée de délibération et de calcul ; il tient son efficacité de l’intensité de l’état mental dans lequel il est donné. C’est cette intensité qui constitue ce qu’on appelle l’ascendant moral. Or, les manières d’agir auxquelles la société est assez fortement attachée pour les imposer à ses membres se trouvent, par cela même, marquées du signe distinctif qui provoque le respect. » DURKHEIM,Les Formes élémentaires de la vie religieuse(1912)
1. « immanente » : intérieure
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question
Sujet 2 : Peut-on maîtriser le développement technique ?
Sujet 3 :
« Il est vrai que, dans les démocraties, le peuple paraît faire ce qu’il veut : mais la liberté politique ne consiste point à faire ce que l’on veut. Dans un Etat, c’est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir, et à n’être point contraint de faire ce que l’on ne doit pas vouloir. Il faut se mettre dans l’esprit ce que c’est que l’indépendance, et ce que c’est que la liberté. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent : et, si un citoyen pouvait faire ce qu’elles défendent, il n’aurait plus de liberté, parce que les autres auraient ce même pouvoir. »
MONTESQUIEU,De l’Esprit des lois(1748)
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble. 1.Dégager l’idée principale du texte et les étapes du raisonnement. 2.Expliquer :a)« dans les démocraties, le peuple paraît faire ce qu’il veut » ; b)« la liberté ne peut consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir » ; c)que signifie « l’indépendance » dans le texte ? 3.Les lois sont-elles nécessaires à la liberté ?
Bac technologique (série STHR seulement) :
Sujet 1 : Dissertation Qu’est-ce qui peut faire obstacle à mon bonheur ?
Sujet 2 : Composition Quel besoin avons-nous de chercher la vérité ?
Pour rédiger votre composition, vous répondrez de manière explicite, précise et développée aux questions suivantes, qui sont destinées à guider votre rédaction.
[A] 1. Comment définir un besoin ? Y en a-t-il de différentes sortes ? Donnez des exemples. Quelle différence de sens y a-t-il entre « besoin » et « désir » ? 2. Comment définir la « vérité » ? À quoi s’oppose-t-elle ? 3. À qui peut renvoyer le « nous » dans la question posée ? 4. Chercher quelque chose, qu’est-ce que cela suppose ? 5. Y a-t-il des situations dans lesquelles nous pourrions ne pas avoir besoin de chercher la vérité ? Donnez des exemples précis dans votre réponse.
[B] 1. En tenant compte de la distinction entre besoin et désir, expliquez en quoi le besoin de chercher la vérité peut s’opposer au désir de ne pas savoir. 2. Recherche-t-on la vérité pour elle-même ou comme un moyen en vue d’autre chose ? 3. Certaines vérités peuvent-elles être particulières alors que d’autres sont universelles ? Aurions-nous davantage besoin des unes que des autres ? 4. Dans quelle mesure la recherche de la vérité pourrait-elle être nuisible ? 5. Dans quelle mesure le besoin de chercher la vérité est-il un moteur de progrès ? [C] Donnez, à présent, les différentes réponses possibles à la question : « Quel besoin avons-nous de chercher la vérité ? ». Justifiez chacune d’elles dans un paragraphe développé et argumenté.
[D] En tenant compte des éléments précédents et à l’aide de vos connaissances et de votre expérience, vous proposerez et justifierez de manière précise et développée la réponse qui vous paraît la plus pertinente à la question posée par le sujet. Vous ferez apparaître les raisons de votre choix ainsi que ce qu’il implique
Sujet 3 : Explication de texte (1)
« Dès qu’un contrat enferme quelque inégalité , vous soupçonnez aussitôt que ce contrat viole le droit. Vous vendez ; j’achète ; personne ne croira que le prix, fixé après débat et d’un commun accord, soit juste dans tous les cas ; si le vendeur est ivre tandis que l’acheteur est maître de son jugement, si l’un des deux est très riche et l’autre très pauvre, si le vendeur est en concurrence avec d’autres vendeurs tandis que l’acheteur est seul à vouloir acheter, si le vendeur ignore la nature de ce qu’il vend, livre rare ou tableau de maître, tandis que l’acheteur la connaît, dans tous les (2) cas de ce genre, je dirai que le prix payé est un prix d’occasion . Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait pas égalité entre les parties. Qu’est-ce qu’un prix juste ? C’est un prix de marché public. Et pourquoi ? Parce que, dans le marché public, par la discussion publique des prix, l’acheteur et le vendeur se trouvent bientôt également instruits sur ce qu’ils veulent vendre ou acheter. Un marché, c’est un lieu de libre discussion. Un tout petit enfant, qui connaît mal l’utilité relative des choses, et qui ne règle le prix que sur son désir présent, un tout petit enfant sera l’égal de l’acheteur le plus avisé, si seulement plusieurs marchands offrent publiquement à plusieurs acheteurs la chose que le petit enfant désire. Je n’en demande pas plus. Le droit règne là où le (3) petit enfant, qui tient son sou dans sa main et regarde avidement les objets étalés, se trouve l’égal de la plus rusée ménagère. On voit bien ici comment l’état de droit s’opposera au libre jeu de la force. Si nous laissons agir les puissances, l’enfant sera certainement trompé ; même si on ne lui prend pas son sou par la force brutale, on lui fera croire sans peine qu’il faut échanger un vieux sou contre un centime neuf. »
ALAIN,Propos sur les pouvoirs(18 octobre 1907)
(1) « enferme quelque inégalité » : dissimule une forme d’inégalité.
(2) « d’occasion » : de circonstance.
(3) On appelait autrefois « sou » une pièce de monnaie d’une valeur de cinq centimes.
Pour expliquer ce texte, vous répondrez de manière explicite, précise et développée aux questions suivantes, qui sont destinées à guider votre rédaction.
[A] 1. Qu’est-ce qui définit un « contrat » ? Dans le texte, de quelle sorte de contrat est-il question ? 2. Comment Alain caractérise-t-il, dans ce texte, « l’inégalité » contenue dans un contrat ? Pour ce faire, il expose des situations diverses : lesquelles ? Que permettent-elles de montrer ? 3. Alain définit le « prix juste » comme « un prix de marché public » : qu’est-ce dans ce texte qu’un « marché public » et pourquoi définit-il le « juste prix » ? 4. Pourquoi Alain choisit-il l’exemple de l’enfant ? De quoi l’enfant est-il ici le symbole ? 5. Qu’est-ce que « l’état de droit » ? En quoi s’oppose-t-il au « libre jeu de la force » ?
[B] (3) 1. Expliquez la phrase : « Le droit règne là où le petit enfant, qui tient son sou dans sa main et regarde avidement les objets étalés, se trouve l’égal de la plus rusée ménagère. » 2. En vous aidant des éléments précédents, dégagez l’idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] 1. Pourquoi, selon Alain, « la discussion publique » garantit-elle la justice des échanges ? 2. À la lumière de vos connaissances, de votre expérience et de vos lectures, et en tenant compte du texte d’Alain, cherchez à déterminer les conditions d’émergence d’un marché équitable. Quelles sont, selon vous, les moyens dont nous disposons pour garantir son établissement et le préserver ?
Pondichéry 2018
Bac S
Sujet n°1 Toute démonstration est-elle scientifique ?
Sujet n°2 Une loi injuste vaut-elle mieux que l’absence de loi ?
Sujet n°3 Expliquer le texte suivant :
Considérons maintenant l’âme dans le corps, qu’elle existe d’ailleurs avant lui ou seulement en lui ; d’elle et du corps se forme le tout appelé animal. Si le corps est pour elle comme un instrument dont elle se sert, elle n’est pas contrainte d’accueillir en elle les affections du corps, pas plus que l’artisan ne ressent ce qu’éprouvent ses outils : mais peutêtre fautil qu’elle en ait la sensation, puisqu’il faut qu’elle connaisse, par la sensation, les affections extérieures du corps, pour se servir de lui comme d’un instrument : se servir des yeux, c’est voir. Or, elle peut être atteinte dans sa vision, et par conséquent, subir des peines, des souffrances, et tout ce qui arrive au corps ; elle éprouve aussi des désirs, quand elle cherche à soigner un organe malade. Mais comment ces passions viendront-elles du corps jusqu’à elle ? Un corps communique ses propriétés à un autre corps ; mais à l’âme ? Ce serait dire qu’un 1 être pâtit de la passion d’un autre.Tant que l’âme est un principe qui se sert du corps, et le corps un instrument de l’âme, ils restent séparés l’un de l’autre ; et si l’on admet que l’âme est un principe qui se sert du corps, on la sépare. Mais avant qu’on ait atteint cette séparation par la pratique de la philosophie, qu’en était-il ? sont-ils mêlés : mais comment ? Ou bien c’est d’une des espèces de mélanges ; ou bien il y a entrelacement réciproque ;ou bien l’âme est comme la forme du corps, et n’est point séparée de lui ; ou bien elle est une forme qui touche le corps, comme le pilote touche son gouvernail ; ou bien une partie de l’âme est séparée du corps et se sert de lui, et une autre partie y est mélangée et passe elle-même au rang d’organe. PLOTIN,Ennéade
1 Pâtit : souffre
Bac ES
Sujet n°1 Peut-on vivre sans morale ?
Sujet n°2 Doit-on attendre de la technique qu’elle mette fin au travail ?
Sujet n°3 Expliquer le texte suivant :
Les gouvernants voudraient faire admettre la maxime qu’eux seuls sont susceptibles de voir juste en politique, et que par conséquent il n’appartient qu’à eux d’avoir une opinion à ce sujet. Ils ont bien leurs raisons pour parler ainsi, et les gouvernés ont aussi les leurs, qui sont précisément les mêmes, pour refuser d’admettre ce principe, qui, effectivement considéré en luimême, et sans aucun préjugé, soit de gouvernant, soit de gouverné, est tout à fait absurde. Car les gouvernants sont, au contraire, par leur position, même en les supposant honnêtes, les plus incapables d’avoir une opinion juste et élevée sur la politique générale ; puisque plus on est enfoncé dans la pratique, moins on doit voir juste sur la théorie. Une condition capitale pour un 1 publicistequi veut se faire des idées politiques larges, est de s’abstenir rigoureusement de tout emploi ou fonction publique : comment pourraitil être à la fois acteur et spectateur ? Mais on est tombé, à cet égard, d’un excès dans un autre. En combattant la prétention ridicule du savoir politique exclusif des gouvernants, on a engendré, dans les gouvernés, le préjugé, non moins ridicule, quoique moins dangereux, que tout homme est apte à se former, par le seul instinct, une opinion juste sur le système politique, et chacuna prétendu devoir s’ériger en législateur.Il est singulier que les hommes jugent impertinent de prétendre savoir la physique ou l’astronomie, etc., sans avoir étudié ces sciences, et qu’ils croient enmême temps que tout le monde doit savoir la science politique, et avoir une opinion fixe et tranchante sur ses principes les plus abstraits, sans qu’il soit nécessaire d’avoir la peine d’y réfléchir, et d’en avoir fait un objet spécial d’étude. Cela tientà ce que la politique n’est point encore une science positive : car il est évident que, quand elle le sera devenue, tout le monde comprendra que, pour la connaître, il est indispensable d’avoir étudié les observations et les déductions sur lesquelles elle sera fondée.Auguste COMTE, Opuscules de philosophie sociale
Bac technologique 2018 à Pondichéry (toutes séries - STMG, STI2D, etc., sauf TMD et STHR)
Sujet 1 : Douter, est-ce renoncer à la vérité ?
Sujet 2 : La culture sert-elle à changer le monde ?
Sujet 3 :
« Il semble qu’on puisse affirmer que l’homme ne saurait rien de la liberté intérieure s’il 1 n’avait d’abord expérimenté une liberté qui soit une réalité tangible dans le monde. Nous prenons conscience d’abord de la liberté ou de son contraire dans notre 2 commerce avec d’autres, non dans le commerce avec nous-mêmes. Avant de devenir un attribut de la pensée ou une qualité de la volonté, la liberté a été comprise comme le statut de l’homme libre, qui lui permettait de se déplacer, de sortir de son foyer, d’aller dans le monde et de rencontrer d’autres gens en actes et en paroles. Il est clair que cette liberté était précédée par la libération : pour être libre, l’homme doit s’être libéré des nécessités de la vie. Mais le statut d’homme libre ne découlait pas automatiquement de l’acte de libération. Être libre exigeait, outre la simple libération, la compagnie d’autres hommes, dont la situation était la même, et demandait un espace public commun où les rencontrer — un monde politiquement organisé, en d’autres termes, où chacun des hommes libres pût s’insérer par la parole et par l’action. »
ARENDT,La crise de la culture(1961)
1 concrète
2 relation
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble. 1.Dégager l’idée principale du texte et les étapes du raisonnement. 2.Expliquer :a)« nous prenons conscience d’abord de la liberté ou de son contraire dans notre commerce aux autres, non dans le commerce à nous-mêmes. » ; b)« pour être libre, l’homme doit s’être libéré des nécessités de la vie »c)« Être libre […] demandait un espace public où les rencontrer ». 3.La liberté suppose-t-elle des échanges avec autrui
1er sujet :
Faut-il aimer les autres pour les respecter ?
2e sujet :
La parole a-t-elle le pouvoir de changer les choses ?
3e sujet : Expliquer le texte suivant :
Les pensées des classes dominantes sont à toutes les époques les pensées dominantes, c’est-à-dire que la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société, est également sa puissance intellectuelle dominante. La classe qui a à sa disposition les moyens de production matérielle, dispose également par là des moyens de la production intellectuelle, si bien que, l’un dans l’autre, les pensées dominantes ne sont rien de plus que l’expression idéologique des rapports matériels dominants, les rapports matériels conçus sous forme de pensées, par conséquent les rapports qui font de la classe une classe dominante, par conséquent les pensées de sa domination. Les individus qui composent la classe dominante sont conscients et pensent ; dans la mesure où ils dominent, en tant que classe, et déterminent dans toute son étendue une époque historique, il est clair qu’ils la déterminent dans toute son extension, qu’ils dominent donc entre autres comme être pensants, comme producteurs de pensées, qu’ils règlent la production et la distribution des pensées de leur temps ; que, par conséquent, leurs pensées sont les pensées dominantes de l’époque. Dans un temps, par exemple, et dans un pays où le pouvoir royal, l’aristocratie et la bourgeoisie se disputent la domination, où la domination est par conséquent partagée, la pensée dominante est la doctrine de la séparation des pouvoirs, présentée maintenant comme une « loi éternelle ». K. Marx et F. Engels, L’idéologie allemande (1845-1846)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Sujet 1
Ne travaille-t-on que pour subvenir à ses besoins ?
Sujet 2
Doit-on rechercher la vérité pour elle-même ?
Sujet 3 Expliquer le texte suivant :
Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils l’expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance qu’on trouve parfois entre l’œuvre et l’artiste. En vain on alléguera(1) que nous cédons alors à l’influence toute-puissante de notre caractère. Notre caractère, c’est encore nous ; et parce qu’on s’est plu à scinder la personne en deux parties pour considérer tour à tour, par un effort d’abstraction, le moi qui sent ou pense et le moi qui agit, il y aurait quelque puérilité à conclure que l’un des deux moi pèse sur l’autre. Le même reproche s’adressera à ceux qui demandent si nous sommes libres de modifier notre caractère. Certes, notre caractère se modifie insensiblement tous les jours, et notre liberté en souffrirait, si ces acquisitions nouvelles venaient se greffer sur notre moi et non pas se fondre en lui. Mais, dès que cette fusion aura lieu, on devra dire que le changement survenu dans notre caractère est bien nôtre, que nous nous le sommes approprié. En un mot, si l’on convient d’appeler libre tout acte qui émane du moi, et du moi seulement, l’acte qui porte la marque de notre personne est véritablement libre, car notre moi seul en revendiquera la paternité. BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience (1889)
(1) « alléguer » : prétendre
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question
SUJET 1
L’idée d’inconscient remet-elle en cause la responsabilité ?
SUJET 2
L’histoire peut-elle servir l’action politique ?
SUJET 3 Expliquer le texte suivant :
Si l’intérêt rapproche les hommes, ce n’est jamais que pour quelques instants ; il ne peut créer entre eux qu’un lien extérieur. Dans le fait de l’échange, les divers agents restent en dehors les uns des autres, et l’opération terminée, chacun se retrouve et reprend tout entier. Les consciences ne sont que superficiellement en contact ; ni elles ne se pénètrent, ni elles n’adhèrent fortement les unes aux autres. Si même on regarde au fond des choses, on verra que toute harmonie d’intérêts recèle un conflit latent (1) ou simplement ajourné (2). Car, là où l’intérêt règne seul, comme rien ne vient refréner les égoïsmes en présence, chaque moi se trouve vis-à- vis de l’autre sur le pied de guerre et toute trêve à cet éternel antagonisme ne saurait être de longue durée. L’intérêt est, en effet, ce qu’il y a de moins constant au monde. Aujourd’hui, il m’est utile de m’unir à vous ; demain la même raison fera de moi votre ennemi. Une telle cause ne peut donc donner naissance qu’à des rapprochements passagers et à des associations d’un jour. DURKHEIM, De la division du travail social (1893)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
1er sujet :
L’homme politique doit-il être efficace à tout prix ?
2e sujet :
Sommes-nous condamnés à subir le temps ?
3e sujet :
Expliquer le texte suivant :
Nous ne vivons pas d’abord dans la conscience de nous-même – ni même d’ailleurs dans la conscience des choses – mais dans l’expérience d’autrui. Jamais nous ne nous sentons exister qu’après avoir déjà pris contact avec les autres, et notre réflexion est toujours un retour à nous-même, qui doit d’ailleurs beaucoup à notre fréquentation d’autrui. Un nourrisson de quelques mois est déjà fort habile à distinguer la bienveillance, la colère, la peur sur le visage
d’autrui, à un moment où il ne saurait avoir appris par l’examen de son propre corps les signes physiques de ces émotions. C’est donc que le corps d’autrui, dans ses diverses gesticulations, lui apparaît investi d’emblée d’une signification émotionnelle, c’est donc qu’il apprend à connaître l’esprit tout autant comme comportement visible que dans l’intimité de son propre esprit. Et l’adulte lui-même découvre dans sa propre vie ce que sa culture, l’enseignement, les livres, la tradition lui ont appris à y voir. Le contact de nous-même avec nous-même se fait toujours à travers une culture, au moins à travers un langage que nous avons reçu du dehors et qui nous oriente dans la connaissance de nous-même. Si bien qu’enfin le pur soi, l’esprit, sans instruments et sans histoire, s’il est bien comme une instance critique que nous opposons à la pure et simple intrusion des idées qui nous sont suggérées par le milieu, ne s’accomplit en liberté effective que par l’instrument du langage et en participant à la vie du monde. Merleau-Ponty, Causeries (1948)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Série S
Sujet 1
Avons-nous besoin de l’art pour nous faire une idée du beau ?
Sujet 2
Est-ce le corps qui produit la pensée ?
Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
On dit volontiers : ma volonté a été déterminée par ces mobiles, circonstances, excitations et impulsions. La formule implique d’emblée que je me suis ici comporté de façon passive. Mais, en vérité, mon comportement n’a pas été seulement passif ; Il a été actif aussi, et de façon essentielle, car c’est ma volonté qui a assumé telles circonstances à titre de mobiles, qui les fait valoir comme mobiles. Il n’est ici aucune place pour la relation de causalité. Les circonstances ne jouent point le rôle de cause et ma volonté n’est pas l’effet de ces circonstances. La relation causale implique que ce qui est contenu dans la cause s’ensuive nécessairement. Mais, en tant qu’être de réflexion, je puis dépasser toute détermination posée par les circonstances. Dans la mesure où l’homme allègue(1) qu’il a été entraîné par des circonstances, des excitations, etc., il entend par là rejeter, pour ainsi dire, hors de lui-même sa propre conduite, mais ainsi il se réduit tout simplement à l’état d’être non-libre ou naturel, alors que sa conduite, en vérité, est toujours sienne, non celle d’un autre ni l’effet de quelque chose qui existe hors de lui. Les circonstances ou mobiles n’ont jamais sur les hommes que le pouvoir qu’il leur accorde lui-même. HEGEL, Propédeutique philosophique (1811)
(1) allègue : prétend
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
2eSUJET :Les faits existent-ils indépendamment de toute interprétation ?
3eSUJET : Expliquer le texte suivant :
Je ne pense pas que la justice soit si différente du cercle, de l’ellipse, et des vérités de ce genre. Car il est vrai qu’il y a une justice, et chacun la reconnaîtra en ces deux frères partageant l’héritage. L’un d’eux dit à l’autre : « Tu fais les parts, et moi je choisirai le premier ; ou bien je fais les parts, et tu choisis. » Il n’y a rien à dire contre ce procédé ingénieux, si ce n’est que les parts ne seront jamais égales, et qu’elles devraient l’être ; et on trouvera aussi à dire que les deux frères ne seront jamais égaux, mais qu’ils devraient l’être. L’utopie cherche l’égalité des hommes et l’égalité des parts ; choses qui ne sont pas plus dans la nature que n’y est le cercle. Mais l’utopiste sait très bien ce qu’il voudrait ; et j’ajoute que si on ne veut pas cela, sous le nom de justice, on ne veut plus rien du tout, parce qu’on ne pense plus rien du tout. Par exemple un contrat injuste n’est pas du tout un contrat. Un homme rusé s’est assuré qu’un champ galeux recouvre du kaolin (1) ; il acquiert ce champ contre un bon pré ; ce n’est pas un échange. Il y a inégalité flagrante entre les choses ; inégalité aussi entre les hommes, car l’un des deux ignore ce qui importe, et l’autre le sait. Je cite ce contrat, qui n’est pas un contrat, parce qu’il est de ceux qu’un juge réforme(2). Mais comment le réforme-t-il, sinon en le comparant à un modèle de contrat, qui est dans son esprit, et dans l’esprit de tous ? Est-ce que l’idée ne sert pas, alors, à mesurer de combien l’événement s’en écarte ? Comme un cercle imparfait n’est tel que par le cercle parfait, ainsi le contrat parfait. ALAIN, Propos, 1932.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Sujet 1 : Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts ?
Sujet 2 : Peut-on se libérer de sa culture ?
Sujet 3 : Explication du texte de Foucault Dits et écrits (1978)
À la limite, la vie, c’est ce qui est capable d’erreur. Et c’est peut-être à cette donnée ou plutôt à cette éventualité fondamentale qu’il faut demander compte du fait que la question de l’anomalie traverse de part en part toute la biologie. À elle aussi qu’il faut demander compte des mutations et des processus évolutifs qu’elle induit. À elle qu’il faut demander compte de cette mutation singulière, de cette « erreur héréditaire » qui fait que la vie a abouti avec l’homme à un vivant qui ne se trouve jamais tout à fait à sa place, à un vivant voué à « errer » et destiné finalement à l’« erreur ». Et si on admet que le concept, c’est la réponse que la vie elle-même donne à cet aléa, il faut convenir que l’erreur est à la racine de ce qui fait la pensée humaine et son histoire. L’opposition du vrai et du faux, les valeurs qu’on prête à l’un et à l’autre, les effets de pouvoir que les différentes sociétés et les différentes institutions lient à ce partage, tout cela même n’est peut-être que la réponse la plus (1) tardive à cette possibilité d’erreur intrinsèque à la vie. Si l’histoire des sciences est discontinue, c’est-à-dire si on ne peut l’analyser que comme une série de « corrections », comme une distribution nouvelle du vrai et du faux qui ne libère jamais enfin et pour toujours la vérité, c’est que, là encore, l’ « erreur » constitue non pas l’oubli ou le retard d’une vérité, mais la dimension propre à la vie des hommes et au temps de l’espèce.
1 Intrinsèque : qui provient de la vie elle-même
Les sujets de philo du bac ES 2017 :
Sujet 1 La raison peut-elle rendre raison de tout ?
Sujet 2 Une œuvre d’art est-elle nécessairement belle ?
Sujet 3 Expliquer le texte suivant :
« Étant donné […] qu’il n’existe pas au monde de République où l’on ait établi suffisamment de règles pour présider à toutes les actions et paroles des hommes (car cela serait impossible), il s’ensuit nécessairement que, dans tous les domaines d’activité que les lois ont passés sous silence, les gens ont la liberté de faire ce que leur propre raison leur indique comme étant le plus profitable. Car si nous prenons la liberté au sens propre de liberté corporelle, c’est-à-dire le fait de ne pas être enchaîné, ni emprisonné, il serait tout à fait absurde, de la part des hommes, de crier comme ils le font pour obtenir cette liberté dont ils jouissent si manifestement. D’autre part, si nous entendons par liberté le fait d’être soustrait aux lois, il n’est pas moins absurde de la part des hommes de réclamer comme ils le font cette liberté qui permettrait à tous les autres hommes de se rendre maîtres de leurs vies. Et cependant, aussi absurde que ce soit, c’est bien ce qu’ils réclament ; ne sachant pas que les lois sont sans pouvoir pour les protéger s’il n’est pas un glaive entre les mains d’un homme (ou de plusieurs), pour faire exécuter ces lois. La liberté des sujets ne réside par conséquent que dans les choses que le souverain, en réglementant les actions des hommes, a passées sous silence, par exemple la liberté d’acheter, de vendre, et de conclure d’autres contrats les uns avec les autres ; de choisir leur résidence, leur genre de nourriture, leur métier, d’éduquer leurs enfants comme ils le jugent convenable et ainsi de suite. » HOBBES,Léviathan(1651)
Les sujets de philo du bac L 2017 :
Sujet 1 : Suffit-il d’observer pour connaître ?
Sujet 2 Tout ce que j’ai le droit de faire est-il juste ?
Sujet 3 Expliquer le texte suivant :
Un Auteur célèbre*, calculant les biens et les maux de la vie humaine et comparant les deux sommes, a trouvé que la dernière surpassait l’autre de beaucoup et qu’à tout prendre la vie était pour l’homme un assez mauvais présent. Je ne suis point surpris de sa conclusion ; il a tiré tous ses raisonnements de la constitution de l’homme Civil : s’il fût remonté jusqu’à l’homme Naturel, on peut juger qu’il eût trouvé des résultats très différents, qu’il eût aperçu que l’homme n’a guère de maux que ceux qu’il s’est donnés lui-même,et que la Nature eût été justifiée. Ce n’est pas sans peine que nous sommes parvenus à nous rendre si malheureux. Quand d’un côté l’on considère les immenses travaux des hommes, tant de Sciences approfondies, tant d’arts inventés ; tant de forces employées ; des abîmes comblés, des montagnes rasées, des rochers brisés, des fleuves rendus navigables, des terres défrichées, des lacs creusés, des marais desséchés, des bâtiments énormes élevés sur la terre, la mer couverte de Vaisseaux et de Matelots ; et que de l’autre on recherche avec un peu de méditation les vrais avantages qui ont résulté de tout cela pour le bonheur de l’espèce humaine, on ne peut qu’être frappé de l’étonnante disproportion qui règne entre ces choses, et déplorer l’aveuglement de l’homme qui, pour nourrir son fol orgueil et je ne sais quelle vaine admiration de lui-même, le fait courir avec ardeur après toutes les misères dont il est susceptible et que la bienfaisante nature avait pris soin d’écarter de lui.ROUSSEAU,Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalitéparmi les hommes,1755.
* un auteur célèbre : il s’agit de Maupertuis, philosophe et mathématicien (1698-1759)
Les sujets de philo du bac technologique 2017 :
Sujet 1 : Y a-t-il un mauvais usage de la raison ?
Sujet 2 : Pour trouver le bonheur, faut-il le rechercher ?
Sujet 3 : Extrait de Education et sociologie de Durkheim (1922) :
On voit à quoi se réduirait l’homme, si l’on en retirait tout ce qu’il tient de la société : il tomberait au rang de l’animal. S’il a pu dépasser le stade auquel les animaux se sont arrêtés, c’est d’abord qu’il n’est pas réduit au seul fruit de ses efforts personnels, mais coopère régulièrement avec ses semblables ; ce qui renforce le rendement de l’activité de chacun. C’est ensuite et surtout que les produits du travail d’une génération ne sont pas perdus pour celle qui suit. De ce qu’un animal a pu apprendre au cours de son existence individuelle, presque rien ne peut lui survivre. Au contraire, les résultats de l’expérience humaine se conservent presque intégralement et jusque dans le détail, grâce aux livres, aux monuments figurés, aux outils, aux instruments de toute sorte qui se transmettent de génération en génération, à la tradition orale, etc. Le sol de la nature se recouvre ainsi d’une riche 1 alluvion qui va sans cesse en croissant. Au lieu de se dissiper toutes les fois qu’une génération s’éteint et est remplacée par une autre, la sagesse humaine s’accumule sans terme, et c’est cette accumulation indéfinie qui élève l’homme au-dessus de la bête et au-dessus de lui-même. Mais, tout comme la coopération dont il était d’abord question, cette accumulation n’est possible que dans et par la société. DURKHEIM,Education et sociologie(1922)
1 « alluvion » (nom féminin) : mélange de matières minérales et végétales accumulées et portées par les cours d’eau, riches en nutriments variés.
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1.Dégager l’idée principale du texte et les étapes de sa construction. 2.Expliquer : a)« il n’est pas réduit au seul fruit de ses efforts personnels » ; b)« la sagesse humaine s’accumule sans terme » ; c)« c’est cette accumulation indéfinie qui élève l’homme au-dessus de la bête et au-dessus de lui-même ». 3.La vie au sein de la société est-elle toujours facteur de progrès ?
Baccalauréat Pondichery 2017
Sujet de philo du bac S 2017 Pondichery
Sujet n° 1 : Vit-on en société pour satisfaire ses désirs ?
Sujet n° 2 : La connaissance des êtres vivants implique-t-elle de les hiérarchiser ?
Sujet n° 3 : Explication d’un texte de Descartes, extrait de La Description du corps humain et de toutes ses fonctions
Parce que nous avons tous éprouvé, dès notre enfance, que plusieurs de ses (1) mouvements obéissaient à la volonté, qui est une des puissances de l’âme, cela nous a disposés à croire que l’âme est le principe de tous. A quoi aussi a beaucoup contribué l’ignorance de l’Anatomie et des Mécaniques (2) : car, ne considérant rien que l’extérieur du corps humain, nous n’avons point imaginé qu’il eut en soi assez d’organes, ou de ressorts, pour se mouvoir de soi-même, en autant de diverses façons que nous voyons qu’il se meut. Et cette erreur a été confirmée, de ce que nous avons jugé que les corps morts avaient les mêmes organes que les vivants, sans qu’il leur manquât autre chose que l’âme, et que toutefois il n’y avait en eux aucun mouvement. Au lieu que lorsque nous tâchons à connaître plus distinctement notre nature, nous pouvons voir que notre âme, en tant qu’elle est une substance distincte du corps, ne nous est connue que par cela seul qu’elle pense, c’est-à-dire qu’elle (3) entend, qu’elle veut, qu’elle imagine, qu’elle se ressouvient, et qu’elle sent, parce que toutes ces fonctions sont des espèces de pensée. Et que, puisque les autres fonctions que quelques-uns lui attribuent, comme de mouvoir le cœur et les artères, de digérer les viandes dans l’estomac, et semblables, qui ne contiennent en elles aucune pensée, ne sont que des mouvements corporels, et qu’il est plus ordinaire qu’un corps soit mû par un autre corps, que non pas qu’il soit mû par une âme, nous avons moins deraison de les attribuer à elle qu’à lui.DESCARTES,La Description du corps humain et de toutes ses fonctions
1 Ses mouvements :les mouvements du corps
2 Mécaniques :sciences du mouvement
3 Entend :comprend
Sujet de philo du bac ES 2017 Pondichery
Sujet n° 1 : Une société peut-elle se passer d’art ?
Sujet n° 1 : La loi suffit-elle à définir le juste ?
Sujet n° 3 : Explication d’un texte de Descartes, extrait de Lettre à Elisabeth […]Souvent la passion nous fait croire certaines choses beaucoup meilleures et plus désirables qu’elles ne sont ; puis, quand nous avons pris bien de la peine à les acquérir, et perdu cependant (1)l’occasion de posséder d’autres biens plus véritables, la jouissance nous en fait connaître les défauts, et de là viennent les dédains, les regrets et les repentirs. C’est pourquoi le vrai office (2) de la raison est d’examiner la juste valeur de tous les biens dont l’acquisition semble dépendre en quelque façon de notre conduite, afin que nous ne manquions jamais d’employer tous nos soins à tâcher de nous procurer ceux qui sont, en effet, les plus désirables ; en quoi, si la (3) fortune s’oppose à nos desseins, et les empêche de réussir, nous aurons au moins la satisfaction de n’avoir rien perdu par notre faute, et ne laisserons pas de(4) jouir de toute la béatitude naturelle dont l’acquisition aura été en notre pouvoir. DESCARTES,Lettre à Élisabeth septembre 1645
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
1 Cependant : pendant ce temps.
2 Office : fonction.
3 Fortune : hasard.
4 Laisser de : manquer de.
Sujet de philo du bac L 2017 Pondichery
Sujet n° 1 : Suis-je le sujet de mon désir ?
Sujet n° 2 : Toute vérité est-elle bonne à dire ?
Sujet n° 3 : Explication d’un texte d’Alain, extrait de Propos sur les pouvoirs
Voter, ce n’est pas précisément un des droits de l’Homme ; on vivrait très bien sans voter, si l’on avait la sûreté, l’égalité, la liberté. Le vote n’est qu’un moyen de conserver tous ces biens. L’expérience a fait voir cent fois qu’une élite gouvernante, qu’elle gouverne d’après l’hérédité, ou par la science acquise, arrive très vite à priver les citoyens de toute liberté, si le peuple n’exerce pas un pouvoir de contrôle, de blâme et enfin de renvoi. Quand je vote, je n’exerce pas un droit, je défends tous mes droits. Il ne s’agit donc pas de savoir si mon vote est perdu ou non, mais bien de savoir si le résultat cherché est atteint, c’est-à-dire si les pouvoirs sont contrôlés, blâmés et enfin détrônés dès qu’ils méconnaissent les droits des citoyens. (1) On conçoit très bien un système politique, par exemple le plébiscite , où chaque citoyen votera une fois librement, sans que ses droits soient pour cela bien gardés. Aussi je ne tiens pas tant à choisir effectivement, et pour ma part, tel ou tel maître, qu’àêtre assuré que lemaître n’est pas le maître, mais seulement le serviteur du peuple. C’est dire que je ne changerai pas mes droits réels pour un droit fictif. ALAIN,Propos sur les pouvoirs, 1925.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
1 Plébiscite : vote par lequel un peuple abandonne le pouvoir à un homme.
Sujet de philosophie du bac technologique 2017 (toutes séries - STMG, STI2D, etc. - sauf TMD) Pondichery
Sujet n° 1 : Y a-t-il des techniques pour être heureux ?
Sujet n° 2 : L’expérience se réduit-elle au vécu ?
Sujet n° 3 : Explication d’un texte d’Hannah Arendt, Du mensonge à la violence
Le candidat traitera l’un des sujets suivants au choix. Sujet 1 : Y a-t-il des techniques pour être heureux ? Sujet 2 : L’expérience se réduit-elle au vécu ? Sujet 3 : Il existe une différence essentielle entre le criminel qui prend soin de dissimuler à tous les regards ses actes répréhensibles et celui qui fait acte de désobéissance civile en défiant les autorités et s’institue lui-même porteur d’un autre droit. Cette distinction nécessaire entre une violation ouverte et publique de la loi et une violation clandestine a un tel caractère d’évidence que le refus d’en tenir compte ne saurait provenir que d’un préjugé allié à de la mauvaise volonté. Reconnue désormais par tous les auteurs sérieux qui abordent ce sujet, cette distinction est naturellement invoquée comme un argument primordial par tous ceux qui s’efforcent de faire reconnaître que la désobéissance civile n’est pas incompatible avec les lois et les institutions publiques (…). Le délinquant de droit commun par contre, même s’il appartient à une organisation criminelle, agit uniquement dans son propre intérêt ; il refuse de s’incliner devant la volonté du groupe, et ne cédera qu’à la violence des services chargés d’imposer le respect de la loi. Celui qui fait acte de désobéissance civile, tout en étant généralement en désaccord avec une majorité, agit au nom et en faveur d’un groupe particulier. Il lance un défi aux lois et à l’autorité établie à partir d’un désaccord fondamental, et non parce qu’il entend personnellement bénéficier d’un passe-droit. Hannah ARENDT,Du Mensonge à la violence(1972)
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1.Dégager l’idée principale du texte et montrer comment elle est établie. 2.Expliquer : a)« celui qui fait acte de désobéissance civile en défiant les autorités et s’institue lui-même porteur d’un autre droit. » ; b)« [il y a une] distinction nécessaire entre une violation publique et ouverte de la loi et une violation clandestine » ; c)« Le délinquant de droit commun, (...) agit uniquement dans son propre intérêt ». 3.Désobéir aux lois peut-il être juste ?
BACCALAUREATPHILOWASHINGTON
Baccalauréat L
Sujet 1 : Le sens de ce que l’on dit se réduit-il à ce que l’on veut dire ?
Sujet 2 : Le droit de propriété doit-il être limité ?
sujet 3 : Expliquer le texte suivant :
La raison nous assure que puisqu’il n’est pas en notre pouvoir de borner nos désirs, et que nous sommes portés par une inclination naturelle à aimer tous les biens, nous ne pouvons devenir heureux qu’en possédant celui qui les renferme tous. Notre propre expérience nous fait sentir que nous ne sommes pas heureux dans la possession des biens dont nous jouissons, puisque nous en souhaitons encore d’autres. Enfin nous voyons tous les jours que les grands biens dont les princes et les rois même les plus puissants jouissent sur la terre, ne sont pas encore capables de contenter leurs désirs : qu’ils ont même plus d’inquiétudes et de déplaisirs que les autres ; et qu’étant, pour ainsi dire, au haut de la roue de la fortune, ils doivent être infiniment plus agités et plus secoués par son mouvement que ceux qui sont au-dessous et plus proche du centre. Car enfin ils ne tombent jamais que du haut ; ils ne reçoivent jamais que de grandes blessures ; et toute cette grandeur qui les accompagne et qu’ils attachent à leur être propre ne fait que les (1) grossir et les étendre, afin qu’ils soient capables d’un plus grand nombre de blessures et plus exposés aux coups de la fortune. MALEBRANCHE,De la recherche de la vérité(1675)
(1) de telle sorte qu’en fin de compte
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Baccalauréat ES
SUJET 1 Peut-on devenir soi-même sans les autres ?
SUJET 2 Le droit est-il seulement ce qui limite ma liberté ?
SUJET 3 Expliquez le texte suivant :
La guerre est un fait humain, purement humain, dont toutes les causes sont des opinions. Et observons que l’opinion la plus dangereuse ici est justement celle qui fait croire que la guerre est imminente et inévitable. Sans qu’on puisse dire pourtant qu’elle soit jamais vraie, car si beaucoup d’hommes l’abandonnaient, elle cesserait d’être vraie. Considérez bien ce rapport singulier, que l’intelligence paresseuse ne veut jamais saisir. Voilà une opinion assurément nuisible, et qui peut-être se trouvera vraie, seulement parce que beaucoup d’hommes l’auront eue. C’est dire que, dans les choses humaines qui sont un tissu d’opinions, la vérité n’est pas constatée, mais faite. Ainsi il n’y a point seulement à connaître, mais à juger, en prenant ce beau mot dans toute sa force.Pour ou contre la guerre. Il s’agit de juger ; j’entends de décider au lieu d’attendre les preuves. Situation singulière ; si tu décides pour la guerre, les preuves abondent, et ta propre décision en ajoute encore une ; jusqu’à l’effet, qui te rendra enfin glorieux comme un docteur en politique. « Je l’avais bien prévu. » Eh oui. Vous étiez milliers à l’avoir bien prévu ; et c’est parce que vous l’avez prévu que c’est arrivé. ALAIN,Mars ou la guerre jugée, 1921.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question
Baccalauréat S
Sujet 1 Le désir a-t-il toujours un objet ?
Sujet 2 Peut-on être trop cultivé ?
Sujet 3 Expliquez le texte suivant
: Les hommes doivent nécessairement établir des lois et vivre selon ces lois, sinon rien ne permet de les distinguer des bêtes les plus sauvages à tous égards. La raison en est la suivante : aucun être humain ne possède naturellement le don de connaître ce qui est le plus profitable aux hommes en tant que citoyens ; et même s’il le connaissait, il ne serait pas toujours en mesure de vouloir et de faire le meilleur. Tout d’abord, il est difficile de reconnaître que le véritable art politique doit se soucier non de l’intérêt particulier, mais de l’intérêt général, car l’intérêt général apporte aux cités une cohésion que l’intérêt particulier fait voler en éclats ; difficile aussi de reconnaître que la consolidation de l’intérêt commun au détriment de l’intérêt particulier profite à la fois à l’intérêt commun et à l’intérêt particulier, à l’un et à l’autre indissociablement. En second lieu, supposons un homme suffisamment avancé dans cet art pour savoir qu’il en est ainsi en vertu d’une nécessité naturelle ; supposons, en outre, que cet homme règne sur la cité sans avoir à lui rendre de comptes, en maître absolu ; même en ce cas, il ne pourrait jamais demeurer inébranlable dans ses convictions, c’est-à-dire continuer, toute sa vie durant, à donner la primauté à l’intérêt général et à subordonner l’intérêt particulier à l’intérêt général. Au contraire, la nature mortelle le poussera toujours à désirer insatiablement et à agir égoïstement. PLATON,Les Lois(348 av. J.-C.
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La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question
Baccalauréat 2016
Métropole 2016
Série L :
Nos convictions morales sont-elles fondées sur l’expérience ?
Le désir est-il par nature illimité ?
Explication d’un texte d’Hannah Arendt
Série S :
Travailler moins, est-ce vivre mieux ?
Faut-il démontrer pour savoir ?
Explication d’un texte de Machiavel
Série ES
Savons-nous toujours ce que nous désirons ?
Pourquoi avons-nous intérêt à étudier l’histoire ?
Expliquez le texte suivant : « […] Parce que nous savons que l’erreur dépend de notre volonté, et que personne n’a la volonté de se tromper, on s’étonnera peut-être qu’il y ait de l’erreur en nos jugements. Mais il faut remarquer qu’il y a bien de la différence entre vouloir être trompé et vouloir donner son consentement à des opinions qui sont cause que nous nous trompons quelquefois. Car encore qu’il n’y ait personne qui veuille expressément se méprendre, il ne s’en trouve presque pas un qui ne veuille donner son consentement à des choses qu’il ne connaît pas distinctement : et même il arrive souvent que c’est le désir de connaître la vérité qui fait que ceux qui ne savent pas l’ordre qu’il faut tenir pour la rechercher manquent de la trouver et se trompent, à cause qu’il les incite à précipiter leurs jugements, et à prendre des choses pour vraies, desquelles ils n’ont pas assez de connaissance. » René DESCARTES,Principes de la philosophie(1644)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question
Pour les séries technologiques :
Baccalauréat Philosophie 2016 séries technologiques
Le candidat traitera l’un des sujets suivants au choix.
Sujet 1 : Pour être juste, suffit-il d’obéir aux lois ?
Sujet 2 : Pouvons-nous toujours justifier nos croyances ?
Sujet 3 :
Même quand les peintres travaillent sur des objets réels, leur but n’est jamais d’évoquer l’objet même, mais de fabriquer sur la toile un spectacle qui se suffit. La 1 distinction souvent faite entre le sujet du tableau et la manière du peintre n’est pas légitime parce que, pour l’expérience esthétique, tout le sujet est dans la manière dont le raisin, la pipe ou le paquet de tabac est constitué par le peintre sur la toile. Voulons-nous dire qu’en art la forme seule importe, et non ce qu’on dit ? Nullement. Nous voulons dire que la forme et le fond, ce qu’on dit et la manière dont on le dit ne sauraient exister à part. Nous nous bornons en somme à constater cette évidence que, si je peux me représenter d’une manière suffisante, d’après sa fonction, un objet ou un outil que je n’ai jamais vu, au moins dans ses traits généraux, par contre les meilleures analyses ne peuvent me donner le soupçon de ce qu’est une peinture dont je n’ai jamais vu aucun exemplaire. Il ne s’agit donc pas, en présence d’un tableau, de multiplier les références au sujet, à la circonstance historique, s’il en est une, qui est à l’origine du tableau. MERLEAU-PONTY,Causeries(1948)
1 « manière » : la façon dont le peintre peint, son style propre
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1.Dégager la thèse du texte et les étapes de son argumentation.
2.Expliquer :a)« un spectacle qui se suffit » ; b)« la forme et le fond, ce qu’on dit et la manière dont on le dit ne sauraient exister à part » ; c)« les meilleures analyses ne peuvent me donner le soupçon de ce qu’est une peinture dont je n’ai jamais vu aucun exemplaire ».
3.Une œuvre d’art a-t-elle pour but de représenter la réalité ? 16PHTEMLR1
Antilles-Guyane 2016
Pour les Antilles et la Guyane, les sujets sont :
Pour la filière L, les deux sujets de dissertation sont « Le réel se réduit-il à ce que l’on en perçoit ? » et « La politique est-elle l’affaire de tous ? ». L’explication de texte porte sur l’ouvrage Doctrine de la vertu, de Kant.
Pour la filière S, les deux sujets de dissertation sont : « Le désir nous éloigne-t-il du vrai ? » et « La technique ne sert-elle qu’à nous rendre maîtres de la nature ? ». Le texte est extrait du Traité politique de Spinoza.
Pour la filière ES, les deux sujets de dissertations sont « L’histoire peut-elle éclairer l’avenir ? » et « Être libre, est-ce ne rencontrer aucun obstacle ? ». Le texte est extrait de De l’amitié, de Cicéron.
3) Expliquer un extrait de texte de « Des Biens et des maux », de Cicéron (1er siècle avant J.C.). Découvrez-en les premières lignes :
« Tout ce qui est bon est louable ; or, tout ce qui est louable est honnête ; donc tout ce qui est bon est honnête. La conséquence te paraît-elle bien tirée ? Certes ; car tu vois bien que la conséquence est dans ce qui résulte des deux propositions prises pour prémisses. De ces deux propositions, on a l’habitude de contester la première en disant qu’il n’est pas vrai que tout bien est louable [...] »
3) Expliquer un extrait de texte de « De la liberté », de Mill (1859). Découvrez-en les premières lignes :
« La seule raison légitime que puisse avoir une communauté pour user de la force contre un de ses membres est de l’empêcher de nuire aux autres. Contraindre quiconque pour son propre bien, physique ou moral, ne constitue pas une justification suffisante. Un homme ne peut pas être légitimement contraint d’agir ou de s’abstenir sous prétexte que ce serait meilleur pour lui, que cela le rendrait plus heureux ou que, dans l’opinion des autres, agir ainsi serait sage ou même juste. »
- Faut-il des connaissances pour apprécier une œuvre d’art ?
L’autorité de l’État s’oppose-t-elle à la liberté des individus ?
Expliquer un extrait de texte de « Doctrine de la vertu », de Kant (1797). Découvrez-en les premières lignes :
« Concernant la partie des créatures qui est vivante, bien que dépourvue de raison, un traitement violent et en même temps cruel des animaux est […] intimement opposé au devoir de l’homme envers lui-même, parce qu’ainsi la sympathie à l’égard de leurs souffrances se trouve émoussée en l’homme et que cela affaiblit et peu à peu anéantit une disposition naturelle très profitable à la moralité dans la relation avec les autres hommes [...] ».
• Est-on d’autant plus heureux que l’on est plus cultivé ?
• Expliquer un extrait de texte de « Réfutation d’Helvétius », de Cicéron (1786). Découvrez-en les premières lignes :
« Pourquoi l’homme est-il perfectible et pourquoi l’animal ne l’est-il pas ? L’animal ne 1 l’est pas, parce que sa raison, s’il en a une, est dominée par un sens despote qui la 2 subjugue . Toute l’âme du chien est au bout de son nez, et il va toujours flairant. Toute l’âme de l’aigle est dans son œil, et l’aigle va toujours regardant. Toute l’âme de la taupe est dans son oreille, et elle va toujours écoutant ».
Baccalauréat Liban 2016
Bac S Liban 2016 - Philosophie
- « Sait-on ce qu’on désire ? »
« L’esprit dépend-il de la matière ? »
ou une explication de texte de Mill, De la liberté (1959) ➜
Bac ES Liban 2016 - Philosophie
Suis-je l’esclave de mes désirs ?« -* »Une société juste peut-elle accepter des inégalités ?"
ou une explication du texte de Russel, Science et religion, 1935
Bac L Liban 2016 - Philosophie
« Est-on prisonnier de la langue dans laquelle on parle ? »
« L’esprit doit-il quelque chose au corps ? »
et une explication du texte de HEGEL, Propédeutique philosophique (1808)
- Une vérité scientifique peut-elle être approximative ?« -* »Peut-on être soi-même devant les autres ?"
ou une analyse de texte de MARX, Le Capital, 1867
Baccalauréat 2015
Métropole
Le candidat traitera, au choix,l’undes trois sujets suivants :
1er sujet :Respecter tout être vivant, est-ce un devoir moral ?
2e sujet :Suis-je ce que mon passé a fait de moi ?
3e sujet :Expliquer le texte suivant : Les croyances dogmatiques sont plus ou moins nombreuses, suivant les temps. Elles naissent de différentes manières et peuvent changer de forme et d’objet ; mais on ne saurait faire qu’il n’y ait pas de croyances dogmatiques, c’estàdire d’opinions que les hommes reçoivent de confiance et sans les discuter. Si chacun entreprenait luimême de former toutes ses opinions et de poursuivre isolément la vérité dans des chemins frayés par lui seul, il n’est pas probable qu’un grand nombre d’hommes dût jamais se réunir dans aucune croyance commune. Or, il est facile de voir qu’il n’y a pas de société qui puisse prospérer sans croyances semblables, ou plutôt il n’y en a point qui subsistent ainsi ; car, sans idées communes, il n’y a pas d’action commune, et, sans action commune, il existe encore des hommes, mais non un corps social. Pour qu’il y ait société, et, à plus forte raison, pour que cette société prospère, il faut donc que tous les esprits des citoyens soient toujours rassemblés et tenus ensemble par quelques idées principales ; et cela ne saurait être, à moins que chacun d’eux ne vienne quelquefois puiser ses opinions à une même source et ne consente à recevoir un certain nombre de croyances toutes faites. Si je considère maintenant l’homme à part, je trouve que les croyances dogmatiques ne lui sont pas moins indispensables pour vivre seul que pour agir en commun avec ses semblables. TOCQUEVILLE,De la démocratie en Amérique, 1840. La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Ilfaut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Série S
1 Une œuvre d’art a-t-elle toujours un sens ?
2 La politique échappe-t-elle à l’exigence de vérité ?
3 Expliquez le texte suivant :
Comment peut-on prévoir un événement dépourvu de toute cause ou de tout indice qui explique qu’il se produira ? Les éclipses du soleil et de la lune sont annoncées avec beaucoup d’années d’anticipation par ceux qui étudient à l’aide de calculs les mouvements des astres. De fait, ils annoncent ce que la loi naturelle réalisera. Du mouvement invariable de la lune, ils déduisent à quel moment la lune, à l’opposé du soleil, entre dans l’ombre de la terre, qui est un cône de ténèbres, de telle sorte qu’elle s’obscurcit nécessairement. Ils savent aussi quand la même lune en passant sous le soleil et en s’intercalant entre lui et la terre, cache la lumière du soleil à nos yeux, et dans quel signe chaque planète se trouvera à tout moment, quels seront le lever ou le coucher journaliers des différentes constellations. Tu vois quels sont les raisonnements effectués par ceux qui prédisent ces événements. Ceux qui prédisent la découverte d’un trésor ou l’arrivée d’un héritage, sur quel indice se fondent-ils ? Ou bien, dans quelle loi naturelle se trouve-t-il que cela arrivera ? Et si ces faits et ceux du même genre sont soumis à pareille nécessité, quel est l’événement dont il faudra admettre qu’il arrive par accident ou par pur hasard ? En effet, rien n’est à ce point contraire à la régularité rationnelle que le hasard, au point que même un dieu ne possède pas à mes yeux le privilège de savoir ce qui se produira par hasard ou par accident. Car s’il le sait, l’événement arrivera certainement ; mais s’il se produit certainement, il n’y a plus de hasard ; or le hasard existe : par conséquent, il n’y a pas de prévision d’événements fortuits. er Cicéron,De la divination, 1 siècle avant J.-C.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question
Série ES
1 La conscience de l’individu n’est-elle que le reflet de la société à laquelle il appartient ?
2.L’artiste donne-t-il quelque chose à comprendre ?
3.Expliquez le texte suivant : « Dans un État démocratique, des ordres absurdes ne sont guère à craindre, car il est presque impossible que la majorité d’une grande assemblée se mette d’accord sur une seule et même absurdité. Cela est peu à craindre, également, à raison du fondement et de la fin de la démocratie, qui n’est autre que de soustraire les hommes 1 à la domination absurde de l’appétit et à les maintenir, autant qu’il est possible, dans les limites de la raison, pour qu’ils vivent dans la concorde et dans la paix. Ôté ce fondement, tout l’édifice s’écroule aisément. Au seul souverain, donc, il appartient d’y pourvoir ; aux sujets, il appartient d’exécuter ses commandements et de ne reconnaître comme droit que ce que le souverain déclare être le droit. Peut-être pensera-t-on que, par ce principe, nous faisons des sujets des esclaves ; on pense en effet que l’esclave est celui qui agit par commandement et l’homme libre celui qui agit selon son caprice. Cela cependant n’ ; car enest pas absolument vrai réalité, celui qui est captif de son plaisir, incapable de voir et de faire ce qui lui est utile, est le plus grand des esclaves, et seul est libre celui qui vit, de toute son âme, sous la seule conduite de la raison. » SPINOZA,Traité théologico-politique(1670)
Série STMG
Sujet 1 :
La culture fait-elle l’homme ?
Sujet 2 :
Peut-on être heureux sans être libre ?
Sujet 3 :
La règle par où nous nous conduisons communément en nos raisonnements, est que les objets dont nous n’avons pas l’expérience ressemblent à ceux dont nous l’avons ; que ce que nous avons vu être le plus ordinaire est toujours le plus probable ; et que, lorsqu’il y a opposition des arguments, nous devons donner la préférence à ceux qui se fondent sur le plus grand nombre d’observations passées. Mais quoique, en procédant selon cette règle, nous rejetions promptement tout fait insolite et incroyable à un degré ordinaire, pourtant, en avançant davantage, l’esprit n’observe pas toujours la même règle : lorsque quelque chose est affirmé de suprêmement absurde et miraculeux, il admet d’autant plus promptement un tel fait, en raison de la circonstance même qui devrait en détruire l’autorité. La passion de surprise et d’émerveillement qui produit des miracles, étant une agréable émotion, produit une tendance sensible à croire aux événements d’où elle dérive HUME, Enquête sur l’entendement humain (1748)
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1. Donner la thèse du texte et les étapes de son argumentation.
2. a) Expliquer : « nous devons donner la préférence à ceux qui se fondent sur le plus grand nombre d’observations passées ».
b) Expliquer : « il admet d’autant plus promptement un tel fait, en raison de la circonstance même qui devrait en détruire l’autorité ».
3. La force d’une croyance se fonde-t-elle nécessairement sur l’expérience ?
Les élèves de Terminale de Pondichéry, en Inde, sont chaque année les premiers à passer leur bac. Voici le sujet de philosophie qui a été soumis aux élèves de la série S lundi 13 avril 2015.
SERIE S
Sujet n°1
Sommes-nous des citoyens du monde ?
Sujet n°2
La connaissance peut-elle nuire au bonheur ?
Sujet n°3
Expliquer le texte suivant : La vanité de l’esprit humain l’écarte et le retarde dans sa marche. Il craint de s’avilir 1 dans les détails. Méditer sur un brin d’herbe, raisonner sur une mouche : manier le scalpel, disséquer des atomes, courir les champs pour trouver un caillou, quelle gloire y a-t-il, dans ces occupations mécaniques ; mais surtout quel profit, au prix de la peine ? Cette erreur prend sa source dans une autre qui part du même orgueil, et c’est la persuasion, où l’on s’entretient, que la vérité est comme innée dans notre entendement, qu’elle ne peut y entrer par les sens, qui servent plutôt à le troubler qu’à l’éclairer. Cette prévention2, ou plutôt cette aliénation de l’esprit, est fomentée par les partisans mêmes des sens ; car en prétendant que nous recevons toutes les vérités par ce canal, ils n’ont pas laissé3de perdre leur temps à la spéculation, et d’abandonner l’histoire de la nature, pour suivre les écarts de l’imagination. L’entendement crée des êtres à sa façon, c’est-à-dire, des êtres imaginables. Ses conceptions lui représentent la possibilité, et non pas l’existence des choses. De là le règne des idées abstraites, ou le monde fantastique des intellectuels, tellement accrédité par une espèce de superstition pour les choses outrées, que leurs rêves sont devenus un délire général. Tel est l’abus de cette métaphysique qui, supposant des images sans modèles, et des idées sans objet, fait de cet univers une illusion perpétuelle, et comme un chaos de ténèbres palpables. Le dégoût pour ce qu’on appelle les petites choses dans l’observation, est la marque d’un esprit étroit, qui n’aperçoit pas l’ensemble des parties et l’unité des principes. Tout ce qui entre dans l’essence des causes, est l’objet de la science de l’homme ; car la science n’est elle-même que la connaissance des causes.
Francis BACON (1561-1626), Pensées et vues générale ou récapitulation.
1. Se rabaisser. 2. L’ensemble des préjugés qui faussent le jugement. 3. Ils ont perdu leur temps à la spéculation.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question
Washington 2015
Série L
Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants :
1erSUJET Une parole peut-elle être sans objet ?
2eSUJET Tout désir est-il tyrannique ?
3 ème SUJET Expliquer le texte suivant : Le plus pressant intérêt du chef, de même que son devoir le plus indispensable, est 1 de veiller à l’observation des lois dont il est le ministre ; et sur lesquelles est fondée toute son autorité. S’il doit les faire observer aux autres, à plus forte raison doit-il les observer lui-même qui jouit de toute leur faveur. Car son exemple est de telle force, que quand même le peuple voudrait bien souffrir qu’il s’affranchît du joug de la loi, il devrait se garder de profiter d’une si dangereuse prérogative, que d’autres s’efforceraient bientôt d’usurper à leur tour, et souvent à son préjudice. Au fond, comme tous les engagements de la société sont réciproques par leur nature, il n’est pas possible de se mettre au-dessus de la loi sans renoncer à ses avantages, et personne ne doit rien à quiconque prétend ne rien devoir à personne. Par la même raison, nulle exemption de la loi ne sera jamais accordée à quelque titre que ce puisse être dans un gouvernement bien policé . Les citoyens mêmes qui ont bien mérité de la patrie doivent être récompensés par des honneurs et jamais par des privilèges : car la république est à la veille de sa ruine, sitôt que quelqu’un peut penser qu’il est beau de ne pas obéir aux lois.
ROUSSEAU,Discours sur l’économie politique(1755)
Série S
« Le bonheur se trouve-t-il dans le repos ? » et « L’art instruit-il ? »
Série ES
« Sommes-nous maîtres de nos désirs ? » et « A quoi reconnaît-on qu’une théorie est scientifique ? »
Liban 2015
Liban 2015
Série L
Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants :
1erSUJET : Est-ce à l’État de faire régner la justice ?
2eSUJET Le corps fait-il obstacle à la pensée ?
3eSUJET Expliquer le texte suivant : Je ne saurais exprimer un jugement avec des mots, si, dès l’instant que je vais prononcer la première syllabe, je ne voyais pas déjà toutes les idées dont mon jugement est formé. Si elles ne s’offraient pas toutes à la fois, je ne saurais par où commencer, puisque je ne saurais pas ce que je voudrais dire. Il en est de même lorsque je raisonne ; je ne commencerais point, ou je ne finirais point un raisonnement, si la suite des jugements qui le composent, n’était pas en même temps présente à mon esprit. Ce n’est donc pas en parlant que je juge et que je raisonne. J’ai déjà jugé et raisonné, et ces opérations de l’esprit précèdent nécessairement le discours. En effet nous apprenons à parler, parce que nous apprenons à exprimer par des signes les idées que nous avons, et les rapports que nous apercevons entre elles. Un enfant n’apprendrait donc pas à parler, s’il n’avait pas déjà des idées, et s’il ne saisissait pas déjà des rapports. Il juge donc et il raisonne avant de savoir un mot d’aucune langue. Sa conduite en est la preuve, puisqu’il agit en conséquence des jugements qu’il porte. Mais parce que sa pensée est l’opération d’un instant, qu’elle est sans succession, et qu’il n’a point de moyen pour la décomposer, il pense, sans savoir ce qu’il fait en pensant ; et penser n’est pas encore un art pour lui. Si une pensée est sans succession dans l’esprit, elle a une succession dans le discours, où elle se décompose en autant de parties qu’elle renferme d’idées. Alors nous pouvons observer ce que nous faisons en pensant, nous pouvons nous en rendre compte ; nous pouvons par conséquent, apprendre à conduire notre réflexion. Penser devient donc un art, et cet art est l’art de parler. CONDILLAC,Cours d’études pour l’instruction du Prince de Parme(1798)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Série ES
Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants :
1erSUJET : Autrui m’apprendil quelque chose sur moimême ? 2eSUJET : L’individu doitil se méfier de l’Etat ?
3eSUJET : Expliquez le texte suivant : Tant que l’on n’a pas bien compris la liaison de toutes choses et l’enchaînement des causes et des effets, on est accablé par l’avenir. Un rêve ou la parole d’un sorcier tuent nos espérances ; le présage est dans toutes les avenues. Idée théologique. Chacun connaît la fable de ce poète à qui il avait été prédit qu’il mourrait de la chute d’une maison ; il se mit à la belle étoile ; mais les dieux n’en voulurent point démordre, et un aigle laissa tomber une tortue sur sa tête chauve, la prenant pour une pierre. On conte aussi l’histoire d’unfils de roi qui, selon l’oracle, devait périr par un lion ; on le garda au logis avec les femmes ; mais il se fâcha contre une tapisserie qui représentait un lion, s’écorcha le poing sur un mauvais clou, et mourut de gangrène.L’idée qui sort de ces contes, c’est la prédestination, que des théologiens mirent plus tard en doctrine ; et cela s’exprime ainsi : la destinée de chacun est fixée quoi qu’il fasse. Ce qui n’est point scientifique du tout ; car ce fatalisme revient à dire : « Quelles que soient les causes, le même effet en résultera. » Or, nous savons que si la cause est autre, l’effet sera autre. Et nous détruisons ce fantôme d’un avenir inévitable par le raisonnement suivant ; supposons que je connaisse que je serai écrasé par tel mur tel jour à telle heure ; cette connaissance fera justement manquer la prédiction. C’est ainsi que nous vivons ; à chaque instant nous échappons à un malheur parce que nous le prévoyons ; ainsi ce que nous prévoyons, et très raisonnablement, n’arrive pas. Cette automobile m’écrasera si je reste au milieu de la route ; mais je n’y reste pas.
ALAIN,Proposdu 28 août 1911.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Série S
1er sujet L’art est-il une affaire de goût personnel ?
2e sujet La justice ne relève-t-elle que de l’État ?
3e sujet Expliquez le texte suivant : « Au spectacle d’une cascade, nous pensons voir caprice et arbitraire dans les innombrables courbures, ondulations et brisements de ses vagues ; mais tout y est nécessaire, le moindre remous mathématiquement calculable. Il en est de même pour les actions humaines ; on devrait, si l’on était omniscient, pouvoir calculer d’avance un acte après l’autre, aussi bien que chaque progrès de la connaissance, chaque erreur, chaque méchanceté. Le sujet qui agit est quant à lui, sans doute, pris dans l’illusion de son libre arbitre ; mais si la roue du monde venait à s’arrêter un instant et qu’il y eût une intelligence omnisciente, calculatrice, pour mettre à profit de telles pauses, elle pourrait, à partir de là, prédire l’avenir de chacun des êtres jusqu’aux temps les plus éloignés et marquer toutes les traces dans lesquelles cette roue passera encore. L’illusion de l’acteur sur lui-même, le postulat de son libre arbitre, font partie intégrante de ce mécanisme à calculer. » NIETZSCHE,Humain trop humain(1878)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question
Dissertation 1 :
L’interdit est-il ennemi du désir ?
Dissertation 2 :
Les machines peuvent-elles penser ?
Explication de texte :
Popper, Le sens de l’écriture de l’histoire, 1962.
Guadeloupe :
Baccalauréat Général
Série Littéraire
1er sujet : Science et religion s’opposent-elles ?
2e sujet : Suffit-il d’avoir des droits pour être libre ?
3e sujet : Extrait de De la tranquilité de l’âme de Sénèque
Série Scientifique
1er sujet : La connaissance scientifique élimine-t-elle toute croyance ?
2e sujet : Faut-il renoncer à expliquer une oeuvre d’art ?
3e sujet : Extrait de Léviathan de Hobbes
Série ES
1er sujet : L’art est-il nécessaire à l’homme ?
2e sujet : Puis-je renoncer à ma liberté ?
3e sujet : Extrait d’Ethique à Nicomaque d’Aristote
Baccalauréat technologique
Toutes séries sauf TMD
1er sujet : Peut-on se faire justice soi-même ?
2e sujet : Un homme se définit-il par sa culture ?
3e sujet : Explication de texte Extrait de Propédeutique philosophique d’Hegel
Baccalauréat 2014
Sujets de philo bac 2014 à l’étranger
Pondichéry : l’épreuve de philo qui s’est déroulée pour toutes les séries le 3 avril 2014.
Bac L philo 2014 : sujets de Pondichéry
Sujet 1 : Le désir nous éloigne-t-il d’autrui ?
Sujet 2 : L’Etat est-il au-dessus des lois ?
Sujet 3 : Explication de texte, AUGUSTIN, Du mensonge, début du Ve siècle
Bac ES philo 2014 : sujets de Pondichéry
Sujet 1 : La justice n’est-elle que pure convention ?
Sujet 2 : La solitude est-elle sans valeur ?
Sujet 3 : Explication de texte, HEGEL, Esthétique, 1835
Bac S philo 2014 : sujets de Pondichéry
Sujet 1 : Une oeuvre d’art peut-elle être immorale ?
Sujet 2 : Seul ce qui est démontré est-il prouvé ?
Sujet 3 : Explication de texte, B. RUSSELL, Science et religion, 1935
Bac techno philo 2014 : sujets de Pondichéry
- Sujet 1 : Un objet technique peut-il être une oeuvre d’art ?
- Sujet 2 : Etre libre, est-ce faire ce qui nous plaît ?
- Sujet 3 : Explication de texte, DESCARTES, Règles pour la direction de l’esprit, 1629
Liban : l’épreuve de philo qui s’est déroulée pour toutes les séries le 26 mai 2014
Bac L philo 2014 : sujets du Liban
1erSUJET : Faut-il faire l’éloge du travail ? 2eSUJET : Peut-on se libérer du passé ? 3eSUJET : Expliquer le texte suivant :
Il ne faut point confondre le bonheur avec la vertu. Il est certain que faire le bien pour le bien, c’est le faire pour soi, pour notre propre intérêt, puisqu’il donne à l’âme une satisfaction intérieure, un contentement d’elle-même sans lequel il n’y a point de vrai bonheur. Il est sûr encore que les méchants sont tous misérables, quel que soit leur sort apparent, parce que le bonheur s’empoisonne dans une âme corrompue,comme le plaisir des sens dans un corps malsain. Mais il est faux que les bons soient tous heureux dès ce monde, et comme il ne suffit pas au corps d’être en santé pour avoir de quoi se nourrir, il ne suffit pas non plus à l’âme d’être saine pour obtenir tous les biens dont elle a besoin. Quoiqu’il n’y ait que les gens de bien qui puissent vivre contents, ce n’est pas à dire que tout homme de bien vive content. La vertu ne donne pas le bonheur, mais elle seule apprend à en jouir quand on l’a : la vertu ne garantit pas des maux de cette vie et n’en procure pas les biens ; c’est ce que ne fait pas non plus le vice avec toutes ses ruses ; mais la vertu fait porter plus patiemment les uns et goûter plus délicieusement les autres. Nous avons donc, en tout état de cause, un véritable intérêt à la cultiver, et nous faisons bien de travailler pour cet intérêt, quoiqu’il y ait des cas où il serait insuffisant par lui-même, sans l’attente d’une vie à venir.
ROUSSEAU, Lettre à M. d’Offreville (1761)
Bac Série ES -philo 2014 : sujets du Liban
1erSUJET : L’histoire est-elle une science impossible ? 2eSUJET : Peut-on vouloir la justice au mépris du droit ? 3eSUJET :
Expliquer le texte suivant :
« Nous ne vivons pas d’abord dans la conscience de nous-même – ni même d’ailleurs dans la conscience des choses – mais dans l’expérience d’autrui. Jamais nous ne nous sentons exister qu’après avoir déjà pris contact avec les autres, et notre réflexion est toujours un retour à nous-même, qui doit d’ailleurs beaucoup à notre fréquentation d’autrui. Un nourrisson de quelques mois est déjà fort habile à distinguer la bienveillance, la colère, la peur sur le visage d’autrui, à un moment où il ne saurait avoir appris par l’examen de son propre corps les signes physiques de ces émotions. C’est donc que le corps d’autrui, dans ses diverses gesticulations, lui apparaît investi d’emblée d’une signification émotionnelle, c’est donc qu’il apprend à connaître l’esprit tout autant comme comportement visible que dans l’intimité de son propre esprit. Et l’adulte lui-même découvre dans sa propre vie ce que sa culture, l’enseignement, les livres, la tradition lui ont appris à y voir. Le contact de nous-même avec nous-même se fait toujours à travers une culture, au moins à travers un langage que nous avons reçu du dehors et qui nous oriente dans la connaissance de nous-même. Si bien qu’enfin le pur soi, l’esprit, sans instruments et sans histoire, s’il est bien comme une instance critique que nous opposons à la pure et simple intrusion des idées qui nous sont suggérées par le milieu, ne s’accomplit en liberté effective que par l’instrument du langage et en participant à la vie du monde. »
Maurice MERLEAU-PONTY, Causeries (1948)
Bac Série S -philo 2014 : sujets du Liban
1erSUJET : Peut-on enfreindre la loi au nom de la justice ? 2eSUJET : Est-ce seulement par la raison qu’on peut accéder à la vérité ? 3eSUJET : Expliquer le texte :
Il n’est pas douteux (...) que la force n’ait été à l’origine de la division des anciennes sociétés en classes subordonnées les unes aux autres. Mais une subordination habituelle finit par sembler naturelle, et elle se cherche à elle-même une explication : si la classe inférieure a accepté sa situation pendant assez longtemps, elle pourra y consentir encore quand elle sera devenue virtuellement la plus forte, parce qu’elle attribuera aux dirigeants une supériorité de valeur. Cette supériorité sera d’ailleurs réelle s’ils ont profité des facilités qu’ils se trouvaient avoir pour se perfectionner intellectuellement et moralement ; mais elle pourra aussi bien n’être qu’ une apparence soigneusement entretenue. Quoi qu’il en soit, réelle ou apparente, elle n’aura qu’à durer pour paraître congénitale : il faut bien qu’il y ait supériorité innée, se dit-on, puisqu’il y a privilège héréditaire. La nature, qui a voulu des sociétés disciplinées, a prédisposé l’homme à cette illusion
.BERGSON, Les Deux Sources de la morale et de la religion(1932)
Washington : l’épreuve de philo qui s’est déroulée pour toutes les séries le 27 mai 2014
Série L Sujet 1 : Les oeuvres d’art éduquent-elles notre perception ?
Sujet 2 : Doit-on tout faire pour être heureux ?
Sujet 3 :
Expliquez le texte suivant
"J’ai traité le déterminisme physique de cauchemar. C’est un cauchemar parce qu’il affirme que le monde entier, avec tout ce qu’il contient, est un gigantesque automate, et que nous ne sommes rien d’autre que des petits rouages, ou des sous-automates dans le meilleur des cas. Il détruit ainsi, en particulier, l’idée de créativité. Il réduit à l’état de complète illusion l’idée que, dans la préparation de cette conférence, je me suis servi de mon cerveau pour créer quelque chose de nouveau. Ce qui s’est passé là, selon le déterminisme physique, c’est que certaines parties de mon corps ont tracé des marques noires sur un papier blanc, et rien de plus : tout physicien disposant d’une information suffisamment détaillée pourrait avoir écrit ma conférence grâce à cette méthode très simple : prédire les endroits précis où le système physique composé de mon corps (y compris mon cerveau, bien sûr, et mes doigts) et de mon stylo tracerait des marques noires.
Ou, pour utiliser un exemple plus frappant : si le déterminisme physique est correct, alors un physicien complètement sourd, qui n’aurait jamais entendu de musique de sa vie, pourrait écrire toutes les symphonies et tous les concertos de Mozart ou de Beethoven, au moyen d’une méthode simple, qui consisterait à étudier les états physiques précis de leur corps et à prédire où ils traceraient des marques noires sur leur portée. Et notre physicien sourd pourrait même faire bien mieux : en étudiant les corps de Mozart et de Beethoven avec assez de soin, il pourrait écrire des partitions qui n’ont jamais été réellement écrites par Mozart ou Beethoven, mais qu’ils auraient écrites si certaines circonstances de leur vie avaient été différentes - s’ils avaient mangé, disons, de l’agneau au lieu de poulet et bu du thé au lieu de café."
POPPER, La connaissance objective, 1972
Les connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte ; du problème dont il est question.
Série S
Sujet 1 : Vivons-nous pour être heureux ?
Sujet 2 : L’artiste est-il maître de son œuvre ?
Sujet 3 : Expliquez le texte suivant
"On voit clairement pourquoi l’arithmétique et la géométrie sont beaucoup plus certaines que les autres sciences : c’est que seules elles traitent d’un objet assez pur et simple pour n’admettre absolument rien que l’expérience ait rendu incertain, et qu’elles consistent toutes entières en une suite de conséquences déduites par raisonnement. Elles sont donc les plus faciles et les plus claires de toutes, et leur objet et tel que nous le désirons, puisque, sauf par intention, il semble impossible à l’homme d’y commettre des erreurs. Et cependant, il ne faut pas s’étonner si spontanément beaucoup d’esprits s’appliquent plutôt à d’autres études ou à la philosophie : cela vient, en effet, de ce que chacun se donne plus hardiment la liberté d’affirmer des choses par divination dans une question obscure que dans une question évidente, et qu’il est bien plus facile de faire des conjectures sur une question quelconque que de parvenir à la vérité même sur une question, si facile qu’elle soit. De tout cela on doit conclure, non pas, en vérité, qu’il ne faut appendre que l’arithmétique et la géométrie, mais seulement que ceux qui cherchent le droit chemin de la vérité ne doivent s’occuper d’aucun objet, dont ils ne puissent avoir une certitude égale à celles des démonstrations de l’arithmétique et de la géométrie."
René Descartes - Règles pour la direction de l’esprit, 1628
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte ; du problème dont il est question.
Série E.S.
Sujet 1 : Suffit-il d’avoir le choix pour être libre ?
Sujet 2 : Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?
Sujet 3 :
Expliquer le texte suivant :
"La différence décisive entre les outils et les machines trouve peut-être sa meilleure illustration dans la discussion apparemment sans fin sur le point de savoir si l’homme doit « s’adapter » à la machine ou la machine s’adapter à la « nature » de l’homme. Nous avons donné au premier chapitre la principale raison expliquant pourquoi pareille discussion ne peut être que stérile : si la condition humaine consiste en ce que l’homme est un être conditionné pour qui toute chose, donnée ou fabriquée, devient immédiatement condition de son existence ultérieure, l’homme s’est « adapté » à un milieu de machines dès le moment où il les a inventées. Elles sont certainement devenues une condition de notre existence aussi inaliénable que les outils aux époques précédentes. L’intérêt de la discussion à notre point de vue tient donc plutôt au fait que cette question d’adaptation puisse même se poser. On ne s’était jamais demandé si l’homme était adapté ou avait besoin de s’adapter aux outils dont il se servait : autant vouloir l’adapter à ses mains. Le cas des machines est tout différent. Tandis que les outils d’artisanat à toutes les phases du processus de l’oeuvre restent les serviteurs de la main, les machines exigent que le travailleur les serve et qu’il adapte le rythme naturel de son corps à leur mouvement mécanique. Cela ne veut pas dire que les hommes en tant que tels s’adaptent ou s’asservissent à leurs machines ; mais cela signifie bien que pendant toute la durée du travail à la machine, le processus mécanique remplace le rythme du corps humain. L’outil le plus raffiné reste au service de la main qu’il ne peut ni guider ni remplacer. La machine la plus primitive guide le travail corporel et éventuellement le remplace tout à fait."
Hannah ARENDT
Condition de l’homme moderne, Chap. IV (l’oeuvre)
éd. Calman-Lévy, coll. Presse Pocket, pp. 199-200
La connaissance de l’auteur n’est pas requise. Il faut et if suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont if est question.
Sujet 1 : Les échanges sont-ils toujours intéressés ?
Sujet 2 : Une vérité peut-elle être définitive ?
Sujet 3 :
"SOCRATE. Celui qui garde son injustice au lieu d’en être délivré, est le plus malheureux de tous.
Polos. Cela semble certain.
Socrate. N’est-ce pas précisément le cas de l’homme qui, tout en commettant les crimes les plus abominables, et en vivant dans la plus parfaite injustice, réussit à éviter les avertissements, les châtiments, le paiement de sa peine,
comme tu dis qu’y est parvenu cet Archélaos*, ainsi que tous les tyrans, les orateurs et les hommes d’État les plus puissants ?
Polos. C’est vraisemblable.
Socrate. Quand je considère le résultat auquel aboutissent les gens de cette sorte, je les comparerais volontiers à un malade qui, souffrant de mille maux très graves, parviendrait à ne point rendre de comptes aux médecins sur ses maladies et à éviter tout traitement, craignant comme un enfant l’application du fer et du feu**, parce que cela fait mal. N’est-ce point ton avis ?
Polos. Tout à fait.
Socrate. C’est sans doute qu’il ne saurait pas le prix de la santé et d’une bonne constitution. A en juger par les principes que nous avons reconnus vrais, ceux qui cherchent à ne pas rendre de comptes à la justice. Polos, pourraient bien être également des gens qui voient ce qu’elle comporte de douloureux, mais qui sont aveugles sur ce qu’elle a d’utile, et qui ne savent pas combien il est plus lamentable de vivre avec une âme malsaine, c’est-à-dire corrompue, injuste et impure, que celle d’un corps malsain. De là tous leurs efforts pour échapper à la punition, pour éviter qu’on les débarrasse du plus grand des maux."
PLATON, Gorgias (478e-479c)
* Archélaos : tyran dont Polos a affirmé qu’il est heureux puisque son pouvoir lui permet de faire tout ce qui ui plaît sans avoir de comptes à rendre à personne.
** l’application du fer et du feu : techniques médicales de soin
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment est est établie.
2. a) En vous appuyant sur l’exemple d’Archélaos, expliquez pourquoi celui « qui garde son injustice au lieu d’en être délivré, est le plus malheureux de tous. »
2.b) Expliquez en quoi l’homme injuste est semblable à un malade.
3. Celui qui vit dans l’injustice et qui cherche à échapper à la punition est-il le plus malheureux des hommes ?
Sujet 1 : La diversité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ?
Sujet 2 : Peut-on être indifférent à la vérité ?
Sujet 3 :
"Le sentiment d’un tribunal intérieur inscrit en l’homme (« devant lequel ses pensées s’accusent ou se disculpent l’une l’autre ») correspond à la conscience morale. Tout homme a une telle conscience et se trouve observé, menacé et, en général, tenu en respect (un respect lié à la crainte) par un juge intérieur, et cette puissance qui, en lui, veille sur les lois n’est pas quelque chose qu’il se forge lui-même (arbitrairement), mais elle est incorporée dans son être. Elle le suit comme son ombre s’il songe à lui échapper. Il peut certes par des plaisirs et des distractions se rendre insensible ou s’endormir, mais il ne peut éviter par la suite de revenir à soimême ou de se réveiller dès qu’il perçoit la voix terrible de cette conscience. Au demeurant peut-il en arriver à l’extrême infamie où il ne se préoccupe plus du tout de cette voix, mais il ne peut du moins éviter de l’entendre."
KANT, Doctrine de la vertu, 1795.
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.
2. En vous appuyant sur des exemples :
a. Analysez l’image du « tribunal intérieur » ;
b. expliquez : « elle est incorporée dans son être » ;
c. expliquez : « il ne peut éviter par la suite de revenir à soi-même ou de se réveiller » ;
d. expliquez en quoi même quand « il ne se préoccupe plus du tout de cette voix », « il ne peut [...] éviter de l’entendre ».
3. La voix de la conscience morale se fait-elle toujours entendre ?
Base de sujets de l’Académie de Lyon Sujets de dissertation On peut y rechercher des sujets de dissertation en tapant une notion du programme ou hors programme (« technique », « respect »…), plusieurs notions (« désir morale », « liberté bonheur »…), ou une formule (pour trouver par exemple des sujets de la forme “doit-on …” ou “peut-on”). Il est également possible de proposer un sujet de dissertation pour compléter cette liste La base de données contient pour le moment 609 sujets de dissertation.