La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Année 2014 – 2015 Lycée François 1er / Fontainebleau
Philo Polyphonique

Année 2014 – 2015
Lycée François 1er / Fontainebleau
Académie de Créteil


Les élèves de TL1 manifestent leurs idées

      • Remarque préliminaire

Le recueil que vous avez sous les yeux est le résultat du travail de la TL1 du lycée François 1er de Fontainebleau. Après avoir observé, tôt dans l’année scolaire 2014-2015, la qualité des débats dans la classe, j’ai proposé aux élèves d’assurer la dernière heure de cours de la semaine, le samedi de 10h à 11h. Le défi lancé a été, à mon avis, brillamment relevé.
Les consignes sur lesquelles nous nous sommes entendus étaient très simples :
individuellement, ou par deux, les élèves devaient présenter un exposé d’environ une heure. Ils pouvaient dès lors s’appuyer sur n’importe quelle référence (oeuvre philosophique, littéraire, cinématographique, série télévisée, etc.), à une condition cependant : traiter leur sujet dans la perspective de problématiques philosophiques liées au programme. À chaque exposé, la classe devait prendre des notes, et une discussion était organisée dans les minutes restantes.
Si j’ai accompagné les élèves dans le choix des oeuvres, des notions, des sujets, et dans l’évolution de leurs travaux, je tiens à souligner l’autonomie dont ils ont constamment fait preuve. Lorsqu’un exposé était annoncé, aucun désistement ni annulation ne fut à déplorer. J’ai prêté à certains des livres et des films, et d’autres m’ont apporté des références qui m’étaient tout à fait inconnues. Quelle que soit la voie empruntée par chacun, les résultats ont toujours été satisfaisants.
La forme écrite que vous pouvez voir ne rend évidemment pas compte de la prestation orale de chaque élève et des débats qu’ont pu entraîner leurs travaux. Encouragés par une bienveillance jamais démentie dans la classe, les conférenciers en ont souvent dit beaucoup plus, au cours de leur exposé, que la trace recueillie dans les chapitres qui suivent. Certains dessins qu’ils ont fait circuler n’ont malheureusement pas pu être reproduits. Quant aux applaudissements qui ont
suivi chaque exposé, ils ne sont malheureusement pas reproductibles. Malgré tout, ce recueil permettra, je l’espère, de se faire une idée de l’enthousiasme qui a régné dans la classe, et de l’ambiance constructive qui a entouré ces heures.
Je souhaite donc remercier les élèves de TL1 pour leurs exposés captivants, et pour les heures passionnantes que nous avons vécues ensemble cette année.

M. Le Bohec, professeur principal de philosophie en TL1.

SOMMAIRE
Le corps et l’histoire dans les films philosophiques de Rossellini __________
Par Eva Barcelo-Hermant _________________________________________________________ 7
Le relativisme culturel et les « Cannibales » de Montaigne _______________
Par Salomé Blaise-Deraime ______________________________________________________ 13
Le portrait de l’antisémite selon Sartre : sujet, liberté et vérité ____________
Par Sarah Meunier et Caroline Seyer ______________________________________________ 19
Le besoin d’Art chez Witold Gombrowicz et Jean Dubuffet _______________
Par Marianne Berlie et Yonah Taieb _______________________________________________ 27
La liberté d’offenser chez John Stuart Mill et Ruwen Ogien ______________
Par Louise Papelard ____________________________________________________________ 33
Le bonheur dans la série télévisée « Desperate housewives » ____________
Par Laurianne Grima et Mathilde Fixari ____________________________________________ 39
Le problème de la Justice dans la série télévisée « Dexter » ______________
Par Caroline Garo ______________________________________________________________ 45
Comprendre une autre culture avec Lévi-Strauss _______________________
Par Charlotte Lancelot __________________________________________________________ 51
La morale, l’histoire et l’autre chez Simone de Beauvoir _________________
Par Claire Desbordes ___________________________________________________________ 57
Vérité et devoir dans la série télévisée « How to get away with murder »____
Par Clémence Deleuze et Marie Linot ______________________________________________ 63
La morale et la politique dans « Le Prince » de Machiavel ________________
Par Klara Iochem ______________________________________________________________ 71
Le Zombie, la monstruosité et l’état de nature _________________________
Par Raphaël Moindreau _________________________________________________________ 77
Les super-héros : pouvoir et liberté, justice et démocratie _______________
Par Marie Linot ________________________________________________________________ 81
Marx, Spinoza, Lordon : désir et liberté _______________________________
Par Victor Chatras ______________________________________________________________ 87
Table des matières ________________________________________________ 93

Le corps et l’histoire dans les films philosophiques de Rossellini
Par Eva Barcelo-Hermant

Le cinéaste italien du XXème siècle Roberto Rossellini, figure incontournable du
néoréalisme italien au cinéma, tourna trois films pédagogiques pour la télévision de
son pays. Réalisés vers la fin de sa vie -respectivement en 1970,1971 et 1973- ces
films sur Socrate, Pascal et Descartes devaient permettre la diffusion d’idées
philosophiques grâce au cinéma.
Jacques Rancière, professeur à Paris IV, s’est intéressé au corps du philosophe dans
l’oeuvre du cinéaste dans son livre « les écarts du cinéma ». J’ai utilisé un extrait de
cette oeuvre pour répondre à deux sujets, que voici :

I. Suis-je mon corps ou ai-je un corps ?

Le corps est la dimension physique, matérielle de l’être humain par opposition à son
esprit que certains considèrent comme une substance immatérielle.
D’un côté mon corps c’est bien moi, quand je me vois dans un miroir je me reconnais.
Pourtant je ne suis pas que mon corps. De l’autre ai-je un corps implique une notion
de possession. Or mon corps n’est pas comme un objet à mon entière disposition, par
exemple je ne peux pas en changer.
Corps et esprit entretiennent des liens surprenants ; si je suis triste je pleure et lorsque
je me sens fatigué ou affamé je ne peux plus me concentrer. Rapporté au film de
Rossellini le problème devient comment représenter la philosophie à travers le
philosophe ? Ce dernier a forcément un corps, mais est-ce n’importe quel corps ?
Le projet de Rossellini est de rendre la philosophie sensible, la faire s’incarner dans
des corps qui la vivent et la mettent en acte. Rancière distingue et attribue au corps
plusieurs fonctions.

A. Le corps qui a pour rôle de permettre la diffusion de la pensée.

Ils ont une fonction « illustrative » les textes philosophiques sont confiés à un corps
qui les prononcent. Ils viennent habiller. Rancière les compare avec des tableaux à
trous.
Ils ont également une fonction documentaire. Ce sont des corps du XVIIème siècle,
des corps historiés qui viennent témoigner de l’époque : ils montrent les conditions
matérielles dans des domaines comme la médecine, l’impression ou les risques de la
censure.

B. Le corps matériel ennemi de la pensée
Le corps cache la philosophie dans le film de Socrate on ne connaît la philosophie que
grâce aux paroles qu’il prononce la philosophie qu’il accepte de laisser échapper de
son corps c’est un écran à la diffusion de la pensée.
Le corps est rebelle à l’expression de la philosophie : Pascal et Descartes sont
majoritairement alités, le premier car il est malade, fragile et en souffrance, le second
trop fatigué.
On retrouve cette idée dans l’Apologie de Socrate de Platon : Socrate explique que les
philosophes n’ont pas peur de la mort car c’est la séparation du corps et de l’esprit. Le
corps est une « entrave à la chasse au réel » car il nécessite des soins ou des
richesses alors que le philosophe voudrait se concentrer uniquement sur l’esprit, le
séparer pour pouvoir philosopher sans obstacles et en permanence.

C. L’harmonie : la quête de l’équilibre entre corps et esprit

La fonction inspirante : On a l’impression que ce sont les jambes de Pascal qui lui
inspirent ses théories sur le vide. C’est pendant son repos forcé qu’il écrit ses pensées
ou réfléchit à de nouvelles expériences. C’est donc le corps de Pascal en particulier
et pas n’importe lequel qui lui inspire ses découvertes.
La fonction subjectivante : Rossellini montre des corps qui témoignent de la
philosophie comme d’une expérience concrète, vécue. La subjectivation va montrer
les corps propres à énoncer ses idées. Pascal travaille sur le vide et est pris de vertige.
Descartes devient un corps qui met en acte la philosophie. A la fin du film on lui
présente des condoléances pour la mort de son fils et il prononce l’exode de la
troisième méditation. Cela le transforme en personnage conceptuel (être fictif qui
illustre des idées ou des concepts) Devant la caméra Descartes ferme les yeux et se
bouche les oreilles. Rossellini lui fait incarner sa thèse, passer de personnage à être,
de conceptuel à souffrant.
Cependant la subjectivation comporte des risques : si elle permet de d’appuyer la
philosophie en montrant un homme vivant cette crédibilité est apportée au détriment
de l’expérience philosophique. On risque de comprendre l’expérience de Descartes
comme l’expression de la douleur d’un père au lieu d’une expérience de philosophie
pure qui lui permettra de se convaincre de l’existence de Dieu.
Toute la difficulté est de montrer un corps de philosophe qui lui soit propre et qui
incarne sa pensée, sans qu’on croie que cette dernière n’est pas humaine ou n’a pas
d’influence dans le monde concret tout en évitant l’autre extrême : montrer uniquement
des hommes malades souffrants. Le philosophe possède, vit et travaille donc avec son
corps.

II. L’Histoire est-elle ce qui arrive à l’homme ou par l’homme ?

Ce sujet interroge la nature de lien entre homme et histoire, comment l’homme
intervient dans l’histoire ; rapporté au film comment un moment de l’histoire participe à
l’émergence d’une nouvelle pensée ?
Le sujet implique que d’un côté l’homme subit les évènements, n’est pas maître de
l’histoire, voir implique une sorte de fatalité.
De l’autre l’homme n’est-il pas le créateur de son histoire ? Il décide seul, peut se
construire et même influer sur l’histoire des autres.
Pour cela Rossellini nous montre le philosophe dans son temps comme porteur d’un
temps à venir de trois manières. Le but étant de montrer comment les philosophes
agissent en interaction avec leur époque.

A. Le novateur avec son temps

Rossellini nous montre Pascal au milieu des objets typiques du XVIIème siècle comme
l’imprimerie mais également ceux qu’il crée lui-même comme la pascaline ou le
système d’omnibus. Il les place au milieu des emblèmes de la raison en marche et les
intègre dedans.

B. Le novateur contre son temps

Pascal s’oppose à la raison de l’époque quand il ne la comprend pas, comme avec la
sagesse populaire, la superstition ou le fanatisme. Dans le film il assiste à un procès,
une condamnation au bûcher pour cause de sorcellerie. Il fait part à son père de son
incompréhension et apprend que lui-même enfant a reçu un sort qui fut annulé après
que sa famille ait payé. Il est à la fois intégré dans son époque mais s’oppose à la
raison qui lui est inhérente.

C. Le novateur dans son temps

C’est selon Rancière la manière la plus intéressante. C’est l’émergence de la raison
dans « un temps matériel et un système de conventions ». Rancière utilise une
métaphore : l’époque est un terreau ; la raison, les pensées d’un philosophe forment la
plante qui naît de ce terreau en particulier. Même si la plante à une croissance propre,
son terreau la façonne, à une influence majeure sur elle. Ce terreau est constitué d’un
mode de vie matériel ; d’un système de rituels et d’un monde d’émotions qui détermine
ce que l’on peut penser.
Paradoxalement la raison nouvelle doit faire attention à son époque. A la fin du film sur
Descartes on voit les risques de la censure : pour faire publier son manuscrit il écrit
une dédicace déférente aux gardiens du dogme. Cela pose la question de savoir
quelles concessions l’on doit faire aux porteurs de l’erreur dominante pour que la vérité
puisse être diffusée. On pourrait l’illustrer avec les procès de Galilée et de Giordano
Bruno.

Pour en revenir au terreau : la vie matérielle c’est à chaque fois que l’on voit Pascal
dans sa cuisine ou son étable ; les systèmes de rituels c’est lorsqu’un serviteur ouvre
les rideaux de Pascal -à la fois un geste du quotidien et symboliquement l’éveil de la
pensée-. Pour montrer à quel point les philosophes sont conditionnés par leur temps
Rancière utilise une citation de Marc Bloch « les hommes ressemblent plus à leur
temps qu’à leur père ». On pourrait penser que la famille, les origines ou les ancêtres
seraient la plus grande influence alors qu’il s’agit de l’époque dans laquelle ils vivent.
Maintenant cette importance du système de rituels chez le philosophe comporte une
difficulté. Il faut montrer les philosophes dans leur temps sans pour autant que le
spectateur comprenne que c’est de la philosophie uniquement par cet aspect historié,
documentaire des accessoires et des décors. C’est encore le même problème du
réalisateur réussir à montrer des idées philosophiques, qui pourtant sont intangibles.
Pascal lui-même contourne cette difficulté avec une de ses citations les plus célèbres.
Cette dernière signifie que la véritable philosophie est dans la vie des hommes et dans
leurs actions. Donc il justifie les moments où il assiste à des dîners mondains ou
discute avec les gardiens du dogme parce qu’il s’agit de la diffusion des idées
nouvelles, mais surtout il justifie celle où il est alité, chez lui, avec ses serviteurs car
c’est véritablement là que l’on voit la philosophie, sa création, la vie selon Pascal.
D’ailleurs on ne voit ni la reliure ni la publication posthume des Pensées, leur
processus de rédaction suffit.
Les hommes sont donc le produit de leur époque. Certains interagissent avec elle et
surtout s’y opposent. Ils apportent ainsi un nouveau savoir qui deviendra acquis et sera la base d’une nouvelle raison. Pour reprendre la métaphore de Rancière le terreau a permis la croissance d’une plante qui une fois en décomposition retournera dans le terreau et modifiera sa nature ou composition, ce qui permettra la croissance de nouvelles plantes différentes.
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Le relativisme culturel et les « Cannibales » de Montaigne (Les Essais, livre I, chapitre XXXI) Par Salomé Blaise-Deraime

Montaigne est un philosophe français né en 1533 et mort en 1592. Il est l’auteur des
Essais, divisés en trois tomes, dont l’édition la plus complète (annotée et corrigée) est
publiée posthume en 1595 (la première édition datant de 1580).
Ce chapitre est situé dans le livre I, chapitre XXXI. Il est écrit d’après le témoignage
de deux historiens qui accompagnèrent l’expédition Villegagnon au Brésil, André
Thevet et Jean de Léry. Montaigne eu également un entretien direct avec des
indigènes. Il rencontre ces derniers à Bordeaux en 1565 lors du tour de France du
jeune Charles IX. Il écrit en effet : « Je parlais à l’un d’eux fort longtemps ». Enfin, il
prend en considérations les histoires de son serviteur qui servit en tant que marin au
Brésil. C’est vraisemblablement de lui qu’il parle au début du chapitre et qu’il décrit
comme « un homme simple et grossier qui est d’une condition propre à rendre un
véritable témoignage ».
Nous allons étudier ce chapitre à travers deux questions : « La culture dénature-t-elle
l’Homme ? » et « Les valeurs morales sont-elles relatives ? »

I. La culture dénature-t-elle l’homme ?
On peut définir quelque chose de naturel comme un objet dénué d’artifices. Montaigne
considère qu’on devrait appeler « sauvages » les fruits que nous avons altérés car
ceux qui ne l’ont pas été ont conservé leurs propriétés et vertus les plus vraies et plus
utiles tandis que ceux que nous avons créés, que nous avons « abâtardis » sont
simplement arrangés à notre goût. Par conséquent, les produits de la Nature sont plus
« méritants et vrais » que les produits artificiels créés par l’Homme. Montaigne écrit en
parlant de la Nature : « Nous avons tant rechargé la beauté et la richesse de ses
ouvrages par nos inventions que nous l’avons du tout étouffée ». Il qualifie les
entreprises Humaines de « vaines et frivoles ». Il invoque Platon comme argument
d’autorité et rappelle une de ses convictions selon laquelle « toute choses sont
produites par la Nature, ou par la fortune, ou par l’Art. Les plus grandes et les plus
belles par l’une ou l’autre des deux premières, les moindres et imparfaites par la
dernière. ». Lorsque Platon parle d’Art, il prend également en considération l’artisanat
et traite donc de toute production humaine.
Au contraire les cannibales sont « purs » et non dénaturés par les créations humaines.
Ils n’ont pas accès la connaissance, « Les lois naturelles les commandent encore. ».
C’est une nation affranchie des règles de la société humaine. Montaigne qualifie cette
société de parfaite : les Hommes n’y sont pas « tremblants, chassieux, édentés ou
courbés de vieillesse », leurs seules règles sont la vaillance contre les ennemis et
l’amitié à leurs femmes, ils méprisent la fausse divination et la punissent. Il érige ici un
critère naturel qui est celui d’une nature à la fois antérieure et moins troublée d’artifice
que la nature corrompue que nous connaissons.
On ne peut pas dire que la culture dénature l’Homme mais que l’Homme s’éloigne de
la Nature par les artifices qu’il créé. L’opposition ne se fait pas entre Nature et culture
car les cannibales ont leur propre culture, ils ont un art, une poésie. Montaigne parle
ainsi de leurs chansons : « J ‘ai assez de commerce dans la poésie pour juger que
ceci, que non seulement il n’y a rien de barbare en cette imagination mais qu’elle est
tout à fait anacréontique. » (anacréontique signifie qui a le ton et la manière des pièces d’Anacréon, pièces caractérisées par la volupté et l’érotisme). Les cannibales ont aussi leur propre éthique comme vu précédemment concernant la guerre et les femmes.
L’opposition se fait entre nature et artifice. La nature c’est la sincérité et les cannibales
le sont alors que nous sommes hypocrites.

II. Les valeurs morales sont-elles relatives ?
En lisant les Cannibales, on a l’impression que Montaigne est relativiste, qu’il fait
l’apologie des indigènes. Son texte se lit comme un texte ethnologique qui veut
démontrer la supériorité de ceux qu’on considère « sauvages » sur nous.
Cependant, lorsqu’on connaît le philosophe, on sait qu’il n’est pas tant relativiste que
sceptique. Il se revendique « pyrrhonien », courant de pensée nommé d’après
Pyrrhon, philosophe sceptique, qui recommande de douter de tout sans rien affirmer.
En effet, Montaigne écrit en premier lieu les Essais pour lui-même. Il n’a pas tant pour
intention de transmettre un savoir que réfléchir sur différents problèmes sans donner
de réponse définitive mais plutôt une conclusion personnelle.
Il essaie donc de d’en apprendre le plus possible sur les cannibales afin de ne pas les
juger d’après les préjugés de sa société.
Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, il condamne la barbarie de
l’anthropophagie : « Je ne suis pas marri que l’on remarque la barbarie d’une telle
action. ». Montaigne est sensible à la curiosité. Pour lui, la valeur d’un Homme est
définie par la cruauté dont il fait preuve. Pour les Anciens comme pour lui, la cruauté
est de faire couler plus de sang que nécessaire dans une bataille, faire souffrir sans
raison, par plaisir.
Notre erreur sur les cannibales n’est pas de croire qu’ils sont plus barbares que nous
mais de croire que nous le sommes plus qu’eux lorsque nous sommes plus cruels.
En effet, les cannibales tuent leurs victimes avant de les manger. Ceux qui subissent
ce sort le trouve par ailleurs préférable à avouer leur défaite : « Il ne s’en voit aucun
qui n’aime mieux être tué et mangé que de requérir seulement de ne l’être pas ». Les
prisonniers sont d’ailleurs bien traités avant d’être mangés. Les cannibales exigent de
leurs ennemis de reconnaître la défaite et c’est parce qu’ils refusent qu’ils sont
mangés. C’est une vengeance des cannibales sur leurs ennemis et c’est la vengeance
la plus extrême donc, pour Montaigne, la plus extrême cruauté. Par conséquent, nous
jugeons bien quand nous jugeons les indigènes barbares mais nous nous trompons
sur nous-même quand nous ne voyons pas que nous le sommes plus qu’eux :
« jugeons bien de leurs fautes, nous si aveugles aux nôtres. Je pense qu’il y a plus de
barbarie à manger un homme vivant qu’à le manger mort, à déchirer par tourment et
par gêne un corps encore plein de sentiments, le faire rôtir par le menu, le faire mordre
et meurtrir aux chiens et aux pourceaux (comme nous l’avons non seulement lu mais
vu de fraîche mémoire mais entre voisins et concitoyens et, qui pis est, sous prétexte
de piété et de religion) qu’à le rôtir et le manger alors qu’il est trépassé. ».
Montaigne fait ici aux massacres de Protestants perpétrés par les Catholiques. Il
oppose la barbarie traditionnelle des « sauvages » aux tortures que commet la société
de son époque tout en s’enorgueillissant d’être « civilisé ».
Montaigne hiérarchise ici la cruauté et le barbarisme et les cannibales ne sont qu’un
critère de départ, une valeur pour juger notre propre cruauté. Quand les Cannibales
traitent bien leurs ennemis, nous séquestrons et tuons les nôtres. Nous nous
saisissons de leurs biens et de leurs territoires. Montaigne condamne les procès de
sorcellerie, la torture ou la conversion forcée des juifs en Espagne et même la peine
de mort.
Les valeurs morales ne sont pas relatives mais il faut savoir juger objectivement et
non à l’aune de notre propre culture. Montaigne n’accepte pas le cannibalisme mais
s’en sert pour nous renvoyer notre propre culture. On pourrait même dire qu’il met à
l’épreuve la notion de barbarie.

III. Références

 Des Cannibales (Essais I chapitre XXXI)
 Entretien avec Frédéric Brahami (professeur en université auteur du Scepticisme de
Montaigne) dans Philosophie Magazine, Hors-série 23 (été 2014) : Montaigne : « Mon
métier et mon art, c’est vivre. »
 Entretien avec Pierre Manent (Directeur d’étude à l’Ecole des hautes études en
sciences sociales, auteur de Dans Montaigne. La vie sans loi.) Dans Philosophie
Magazine, Hors-série 23 (été 2014) : Montaigne : « Mon métier et mon art, c’est vivre. »
 Malebranche (Philosophe et théologien, 1638-1715) La Recherche de la vérité,
chapitre 5, 3éme partie « Du livre de Montaigne »

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Le portrait de l’antisémite selon Sartre : sujet, liberté et vérité
Par Sarah Meunier et Caroline Seyer

Jean-Paul Sartre est un philosophe et écrivain français né en 1905 et mort en 1980.
C’est un représentant du courant existentialiste qui soutient que l’homme est maître
de ses actes et de son destin, mais aussi des valeurs qu’il choisit d’adopter. Son oeuvre est diverse, elle comporte des textes philosophiques comme Critique de la raison dialectique ou l’Etre et le Néant, mais aussi des textes littéraires comme La Nausée ou des pièces de théâtre comme Les Mouches ou Huis clos. Il a aussi publié des études biographiques sur Mallarmé ou Baudelaire par exemple ainsi que son étude autobiographique Les Mots, sans doute la meilleure jamais écrite.
Les Réflexions sur la question juive furent publiées en 1946, soit juste après la fin de
la guerre. Elles comportent une analyse de l’antisémitisme détaillée et dénoncent ainsi
le racisme.
Nous allons nous poser quatre questions sur des extraits du livre pour nous aider à
comprendre Sartre.

I. L’expression raciste peut-elle bénéficier de la liberté d’opinion ?

Généralement on considère le racisme comme une opinion comme une autre, toute
opinion étant permise, au nom des institutions démocratiques et de la liberté
d’expression, le raciste réclame le droit de prêcher son opinion.
Sartre admet qu’on ait une opinion sur la politique lorsqu’il s’agit de "l’administration
des choses" ("J’admettrais à la rigueur qu’on ait une opinion sur la politique vinicole du
gouvernement, c’est-à-dire qu’on se décide, sur des raisons, à approuver ou à
condamner la libre importation des vins d’Algérie : c’est qu’il s’agit alors de donner son
avis sur l’administration des choses."). Néanmoins une doctrine qui visent des
personnes particulières, qui veut supprimer leurs droits ou à les exterminer ne peut
être nommé "opinion". Le Juif, le noir, l’arabe ou le chinois n’est pas un être
schématique défini par sa fonction, comme un objet, mais une personne
reconnaissable par son apparence physique ou son nom. Donc antisémitisme ne
rentre pas dans la catégorie de pensées que protège la liberté d’opinion. C’est
d’ailleurs plus une passion qu’une pensée.
Une passion peut être définie comme une émotion ou un sentiment. Le racisme serait
un sentiment de haine envers une catégorie de personnes. Pour donner des exemples
du texte : l.57-64 : "Mais en outre, il nous montre que l’antisémitisme, sous ses formes
les plus tempérées, les plus évoluées reste une totalité syncrétique qui s’exprime par
des discours d’allure raisonnable, mais qui peut entraîner jusqu’à des modifications
corporelles. Certains hommes sont frappés soudain d’impuissance s’ils apprennent de
la femme avec qui ils font qu’elle est Juive."
On admettra que dans le cas de l’antisémitisme, ce n’est donc pas du corps que naît
cette répulsion, certaines personnes ne sont pas naturellement réticentes à une autre
catégorie de personnes, la répulsion vient du corps par l’esprit ; c’est un engagement
de l’âme qui s’étend au psychologique puis au physique.
Pour conclure on peut dire que tous les discours ne sont pas des opinions. Une
déclaration de guerre ou une menace de mort n’est pas une opinion. De même
l’incitation à la haine et à la violence en raison de leur origine ethnique, leur orientation sexuelle ou leur sexe est condamnée par la loi qui ne les reconnaît pas
comme des opinions.

II. Tous les hommes désirent-ils réellement la vérité ?

La vérité c’est la correspondance entre les mots et les choses, les phrases et les
objets, le discours et la réalité.
A présent prenons une situation pour répondre à cette question. Si vous apprenez que
le copain/ la copine de votre meilleur(e) ami(e) le/la trompe lui direz-vous ?
En théorie oui puisque il ou elle a droit à la vérité, mais en pratique on finit par se dire
que cela ne nous regarde pas et on échappe ainsi à la responsabilité.
L’opinion commune aurait tendance à dire que tous les hommes souhaitent la vérité et
c’est justement le contraire que Sartre soutient dans cet extrait.
Sartre commence par donner un exemple « Une jeune femme me dit : « J’ai eu des
démêlés insupportables avec des fourreurs, ils m’ont volée, ils ont brûlé la fourrure que
je leur avais confiée. Eh bien, ils étaient tous Juifs. » Mais pourquoi a-t-elle choisi de
haïr les Juifs plutôt que les fourreurs ? Pourquoi les Juifs ou les fourreurs plutôt que
tel Juif, tel fourreur particulier ? C’est qu’elle portait en elle une prédisposition à
l’antisémitisme. »
Selon lui, l’antisémitisme qui est une passion, comme nous l’avons déjà vu
précédemment, est plus précisément de la haine ou de la colère. Ces sentiments sont
injustifiés, puisque d’ordinaire on hait celui qui nous a fait souffrir, celui qui nous nargue
ou qui nous insulte. Or, l’antisémite devance les faits qui devraient faire naître en lui
ces passions. Il va d’ailleurs jusqu’à interpréter à sa manière, inventer des faits qui le
confortent dans son idée.
Jean-Paul Sartre rappelle que nous devons consentir à une colère pour qu’elle puisse
se manifester : je ne peux pas me mettre en colère alors que rien ne m’énerve et que
je ne le veux pas, de même je ne peux pas décider de haïr. Nous devons donc en
déduire que l’antisémite aime la haine ou la colère, il opte pour une vie passionnelle,
non raisonnable.
Il préfère le mensonge à la vérité. Il se persuade lui-même de quelque chose de faux
qu’il base tout de même sur des faits réels mais interprétés à sa manière pour pouvoir
adopter l’état passionné qu’il aime.
Pourtant, souligne Sartre, d’ordinaire on fuit les raisonnements passionnels qui sont
poussés par l’amour, la haine ou la jalousie et qui nous conduisent au monoïdéisme
duquel on se méfie.
Le monoïdéisme est l’état d’un esprit occupé exclusivement par une seule idée.
Des questions se posent alors :
 Comment peut-on choisir de raisonner faux ?
 Comment peut-on choisir le mensonge ?
Un homme sensé sait que ses raisonnements ne sont que probables, car en effet la
vérité n’est jamais définitive, elle peut sans cesse être révoquée.
Cependant, certains hommes préfèrent la permanence et ne veulent pas passer pour
hésitant. Ils ne veulent pas changer car ils ont peur de la vérité et de son indéfinie
approximation : « ils veulent exister tout à la fois et tout de suite. Ils ne veulent pas
d’opinions acquises, ils les souhaitent innées ; comme ils ont peur du raisonnement,
ils veulent adopter un mode de vie où le raisonnement et la recherche n’est qu’un rôle
subordonné, où l’on ne cherche jamais ce que l’on a déjà trouvé, où l’on devient jamaisque ce que déjà, on était. »
Pourtant la vie n’est-elle pas un éternel changement ? Suis-je le même tout au long de
ma vie ? L’enfant que j’étais est-il le même que l’adulte que je suis ? Si l’antisémite a
peur du changement, a-t-il peur de lui-même en réalité ?
Ainsi, si l’antisémite a une conviction forte ce n’est pas qu’elle le soit mais il a choisi
d’être imperméable à la vérité et à la raison. Il préfère le mensonge pour se sentir
exister. Il se ment à lui-même.

Contrairement à ce que l’on peut penser au premier abord, certains hommes préfèrent
le mensonge pour échapper à des choses qui leur font peur comme le changement, la
responsabilité ou l

III. Suffit-il de combattre le mal pour faire le bien ?
 Le mal c’est ce qui est contraire au bon, à la vertu, condamné par la morale.
 Le Bien, pour Platon c’est l’objectif suprême vers lequel se dirige le sage, pour
Kant, le but final théorique imposé par la loi morale, que tout homme possède
« au fond de son coeur ».
Prenons pour exemple les Jedis de Star Wars qui combattent contre le côté obscur de
la force qui symbolise le mal.
En théorie, en détruisant le côté obscur ils semblent faire le Bien.
En pratique, ils se contenteraient plutôt de combattre le mal, d’ôter ce qui est contraire
au bon, ce qui signifierait que le bien est déjà présent, or c’est à l’homme de le faire.
Pour Sartre, « L’antisémite a peur de découvrir que le monde est mal fait : car alors il
faudrait inventer, modifier et l’homme se retrouverait maître de ses propres destinées,
pourvu d’une responsabilité angoissante et infinie. Aussi, localise-t-il dans le Juif tout
le mal de l’univers. » L’antisémite est paresseux, il a une tendance naturelle à la
paresse. Les guerres dans le monde sont causées par les Juifs.
L’antisémite est de plus un manichéiste, il ramène tout à un combat entre le bien et le
mal, le Juif étant le mal, comme le côté obscur de la force. Ainsi faire le Bien consiste
avant tout à détruire le mal, donc les Juifs.
Mais l’antisémite ne désire pas faire le mal en haïssant les Juifs. C’est pour cela qu’il
ne veut pas changer la société existante mais seulement la purifier. Il devient sacré
dans son combat religieux menant à une destruction sacrée (comme les chrétiens du
Moyen-Âge qui utilisaient l’excuse des croisades pour assouvir des fins personnelles).
« Les avantages de cette position sont multiples : d’abord elle favorise la paresse
d’esprit. »

Nous avons déjà vu que l’antisémite est un être passionné, il ne peut donc pas agir
avec technique, avoir un plan constructif mais seulement avec passion : il ne réfléchit
pas.
Cette vision des choses est rassurante car elle signifie que le bien est déjà là, qu’il
suffit simplement d’enlever le mal. Il veut oublier de remettre le bien en question,
obsédé par les Juifs et le désir de montrer qu’ils sont mauvais. L’antisémite aime les
actions obscènes ou criminelles mais comme il les attribue aux Juifs, il assouvit son
penchant pervers sans se compromettre.
Sartre, qui était très doué pour dresser des portraits donne ici un exemple très clair :
« J’ai connu à Berlin un protestant chez qui le désir prenait la forme de l’indignation.
La vue des femmes en maillot de bain le mettait en fureur ; il recherchait volontiers
cette fureur-là et passait son temps dans les piscines. Tel est l’antisémite. »
Ainsi, cet homme cache son penchant pervers derrière une fureur, tandis que les
antisémites cachent leurs penchants pervers derrière les Juifs.
Enfin, il ne suffit pas de combattre le mal pour faire le Bien, car cela signifierait que le
Bien est déjà là. Le Bien est un but final que chacun a en lui, faire le Bien c’est d’abord
un travail sur soi et sur nos actions pour qu’elles soient le plus morales possible.
Une déclaration de guerre ou une menace de mort ne sont pas des opinions, de
même l’incitation à la haine et à la violence envers un groupe de personnes en raison
de leurs origines ethniques, leurs religions ou leurs orientations sexuelles est punie
par la loi Gayssot

IV. Suis-je le sujet de mes pensées et de mes actions ?
"Être le sujet de" quelque chose c’est "être l’auteur de"
L’opinion commune dit que nous sommes bien l’auteur de nos pensées et de nos
actions.
Le texte commence par Sartre qui explique que certaines personnes ne sont pas
forcément racistes, qu’elles s’en fichent simplement des Juifs, mais ces personnes ne
sont rien, elles ne sont personne, elles veulent ainsi paraître être quelqu’un alors elles
vont suivre bêtement la masse, répéter, sans penser à mal mais sans réfléchir, des
formules apprises qui leur permet l’accès à certains salons. —> "Ainsi connaissentelles les délices de n’être qu’un vain bruit, d’avoir la tête remplie par une énorme affirmation qui leur paraît d’autant plus respectable qu’elles l’ont empruntée."
Sartre donne un exemple : le cousin Jules qui anglophobe, tendance à la mode du
temps de Sartre. Il entre dans la catégorie des personnes qui ne sont rien et personne,
sans intérêt. Sa pseudo anglophobie lui donne un semblant d’existence aux yeux de
ses proches.
Ainsi, beaucoup sont antisémites ou racistes comme Jules est anglophobe, c’est-àdire
pour se donner l’impression d’exister, suivre une mode. Par exemple, beaucoup
de gens s’habillent avec les mêmes vêtements ou chaussures pour suivre la masse,
faire comme tout le monde, car il est plus facile de se fondre dans une masse que de
s’affirmer une personnalité.
Pour conclure on peut dire que beaucoup de personnes ne sont pas l’auteur de leurs
pensées et leurs actions car ils ne font que suivre un mouvement de mode, sans réelle
opinion : "Purs reflets, roseaux agités par le vent, ils n’auraient certes pas inventé l’antisémitisme si l’antisémite conscient n’existait pas. Mais ce sont eux qui, en toute
indifférence assurent la permanence de l’antisémitisme et la relève des générations."
Sartre fait une analyse de l’antisémitisme pour décrédibiliser le racisme.

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Le besoin d’Art chez Witold Gombrowicz et Jean Dubuffet

Par Marianne Berlie et Yonah Taieb


I. Présentation des auteurs :

Witold Gombrowicz

● 1904-1969
● Écrivain polonais
● Mouvements littéraires : existentialisme, postmodernisme polonais, protodadaïsme,
structuralisme, surréalisme
Caractérisation de ses oeuvres :
• Analyse psychologique profonde
• Sens du paradoxe
• Ton absurde et antinationaliste
• Le problème de l’immaturité de la jeunesse
• L’interhumain
• Le rôle des classes dans la société et la culture polonaise
• La forme comme seule réalité de notre existence
• L’importance de la philosophie
1937 : Parution de Ferdydurke :
Description de la transformation d’un homme de 30 ans en adolescent. Enferré dans
sa vie d’adolescent, le narrateur est condamné à errer dans un univers qui n’est plus
le sien.
Gombrowicz : ce roman n’est pas « une satire d’une quelconque classe sociale, ni
une attaque nihiliste de la culture... Nous vivons une ère de violents changements, de
développements accélérés dans laquelle les formes acquises se cassent sous la
pression de la vie, la nécessité de trouver une forme pour ce qui n’est pas mûr, ni
cristallisé mais encore sous-développé, aussi bien que le grognement que génère
l’impossibilité de trouver ce postulat, voilà le moteur principal de mon livre ».

Jean Dubuffet

• 1901-1985
• un peintre, sculpteur et plasticien français appartenant au mouvement artistique de
l’art brut
• Il est le premier théoricien d’un style d’art auquel il a donné le nom d’« art brut », des
productions de marginaux ou de malades mentaux : peintures sculptures,
calligraphies, dont il reconnaît s’être lui-même largement Inspiré.
Quelques oeuvres de Dubuffet...

II. L’art est-il un besoin naturel ?

Définition besoin naturel : Un besoin naturel est une valeur naturelle, donc légitime. Ce dont on n’a pas besoin naturellement est une valeur artificielle.

Exemples de Gombrowicz :
pain : valeur naturelle, car basée sur le besoin de la faim, un besoin vital
cigarette : valeur artificielle, car on n’en a pas besoin pour survivre, il faut s’envicier
pour qu’elle devienne un besoin
Comparaison de la peinture avec la cigarette
Exemple : les diamants
Un faux diamant nous paraît moins beau qu’un vrai car il a beaucoup moins de valeur.
Or ceux-ci sont parfaitement identiques. Cette valeur de la beauté est alors fausse, car
elle est influencée par des facteurs superficiels (par exemple par le prix)

2e exemple : tableau de Rembrandt
Si l’on découvre que la signature d’un tableau de Rembrandt est falsifiée, alors on le
verra comme on voit le faux diamant, notre perception est automatiquement influencée
par des critères comme celui-ci.
De plus, un jeu se crée entre créateur/consommateur (celui-ci devient trop “adapté”,
“éduqué”) : on perd l’essence même de l’art, on s’intéresse trop au superficiel
Plusieurs facteurs qui montrent que nous sommes influencés par des critères
arbitraires en matière d’art :
 Le snobisme « pur et simple » dans les réactions
 La déformation due à l’éducation : c’est à dire qu’on nous apprend à glorifier la peinture dès le plus jeune âge
 Le mimétisme, ou la déformation qui se forme « entre nous » : les réactions en chaine, on n’apprécie jamais vraiment quelque chose que si les autres l’approuvent aussi, et inversement on n’osera pas dire qu’on apprécie quelque chose que les autres
détestent
 Des facteurs qui n’ont rien à voir avec l’art ont pu consolider son marché : ex la
popularité de l’artiste, posséder une oeuvre d’art comme symbole de richesse
Pour Gombrowicz, il faudrait créer un sentiment de méfiance, de scepticisme, pour voir si la peinture y résisterait, le surmonterait
Car si maintenant tout le monde est forcé de tout approuver, il n’y a plus d’authenticité
dans les jugements, et après dans l’art en lui-même

Le point de vue de Dubuffet :
Pour lui, il n’y a pas de distinction à faire entre valeur légitime et valeur artificielle ;
entre pain et cigarette
Le pain a été introduit dans la culture humaine, tout comme la cigarette
Il est devenu indispensable à l’homme, mais aucune autre espèce n’en a besoin
L’homme s’est constitué un « estomac à pain »
→ Il est fasciné par lui, c’est un mécanisme de fascination
L’homme a rendu le pain indispensable à sa vie, mas il n’en a pas vraiment besoin, il
pourrait se nourrir d’autre chose, par exemple.
Ce mécanisme de fascination est universel et traversera les époques de telle sorte
que l’homme, après s’être constitué un « estomac à pain », se constituera peut être un
« estomac à cigarette »...
Donc l’homme crée lui-même ses propres besoins en fonction de sa fascination pour
les choses, il en sera toujours ainsi

Exemple du sentiment de fascination exercé par un tableau de Rembrandt :
Ce sentiment n’est fondé en fait sur aucune raison valable, légitime
→ on a une idéalisation du tableau
→ on lui accorde une valeur supérieure aux autres tableaux
Cela ne répond à aucune autre logique que
→ Raison personnelle, subjective
→ L’éducation de la personne observant un tableau de Rembrandt : on lui a appris
que ce peintre avait une certaine « légitimité ».
On ne réfléchit pas à sa valeur en soi mais à son origine par ex (artiste reconnu ou
non).
On le juge beau, réussi, intéressant de manière arbitraire, sans y réfléchir pleinement.
La qualification de « peinture cigarette » provient de cette fascination arbitraire pour
celle-ci.
Ce mécanisme de fascination peut s’étendre non seulement à tout type d’art mais aussi à toute chose qualifiée de « bon, beau, vrai, légitime, noble, salutaire, vital,
authentique ».
Où réside alors la valeur réelle d’une oeuvre d’art ?
Il ne faut pas confondre l’opération de création d’art (processus de création) avec la
production artistique et sa valeur commerciale qui en découle.
Pour Dubuffet, la production d’art, le produit fini n’a pas de valeur en soi.
L’argent qui sert à l’acheter n’en a pas plus.
L’opération de création d’art semble avoir donc plus de valeur.
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La liberté d’offenser chez John Stuart Mill et Ruwen Ogien Par Louise Papelard

I. Références  :
De la liberté – John Stuart Mill
L’art d’offenser : le sexe, l’art et la morale - Ruwen Ogien

II. La question du « mauvais goût »

Nous pouvons nous interroger sur : la question du "mauvais goût" le mauvais
goût est-il un crime ? Nous allons ainsi chercher à savoir - d’une part sur le plan moral
s’il est possible redire ce que nous voulons dire (le sexe est-il moral, la pornographie
relève-t-elle du mauvais goût) - d’autre part d’un point de vue artistique en quoi une
oeuvre d’art peut-elle être immorale.
Ruwen Ogien dans L’art d’offenser : le sexe, l’art et la morale s’attache à
transmettre l’idée selon laquelle l’art pornographique relève certes du mauvais goût
mais il n’est pas un crime. C’est pourquoi, l’art pornographique - sujet tabou- nous
invite à remettre totalement en question la liberté d’expression elle-même.
En effet, dans notre société actuelle il est de l’ordre de l’impossible de dire
exactement ce que nous voulons dire. La morale se veut conductrice d’une opinion
commune, où le sexe reste un sujet à controverse. Le devoir à la fois juridique et moral cherche à protéger autant les enfants que les adultes du danger des images à
connotation sexuelle par exemple. En revanche, la liberté d’expression rencontre ses
limites.
Citons un énoncé de l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 :
"la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus
précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à
répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi."

Ces cas les plus condamnables concernent notamment la pornographie en général : selon la doxa le porno inciterait aux agressions sexuelles de toutes sortes, tournantes, viols collectifs…).
Ruwen Ogien nuance cette idée : selon lui, il n’existe aucune influence
pornographique, à valeur de truisme mais il est vrai que nous sommes libres de
disposer de notre corps comme nous l’entendons à condition de ne pas nuire à autrui.
Par ailleurs, le porno n’est pas que du porno puisqu’il peut présenter certains aspects
positifs dont un intérêt informatif à propos des femmes et des minorités sexuelles
notamment. Le mauvais goût et le porno paraissent indissociables, cependant les
représentations sexuelles explicites n’en sont pas condamnables quand bien même
selon l’argument de la valeur artistique ou bien de la dimension politique et sociale de
l’oeuvre. En toute société qui se respecte…il convient de ne pas associer la morale au
mauvais goût du porno, citons Ruwen Ogien : " Il est sûr que dans le porno, presque
tout est d’un mauvais goût incroyable (…) Mais cela ne devrait pas être, bien sûr, une
raison de la criminaliser."
Si on y réfléchit de plus près, le porno ainsi que le mauvais goût ne portent aucun
préjudice à autrui à l’inverse des représentations violentes. Le porno n’incite pas à la
haine ou un déchaînement de violence, il diffuse - par le mauvais goût - une image
animale de l’homme offensante. Je rappelle que l’offense est une liberté, elle occupe
une place majeure actuellement : les récents événements de Charlie Hebdo montrent
les limites de la liberté d’offenser. L’exécution de la plupart des membres de la
rédaction de Charlie Hebdo (Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski) remet en cause
ce principe de la façon la plus abominable qui soi… Le journal de Charlie Hebdo avec
ses pires caricatures se distinguait du préjudice : l’offense était son principal atout vis
à vis de toutes les croyances ou groupes différents. L’offense n’a jamais porté atteinte
concrètement (par des dommages) à des individus en particulier !
La liberté d’expression suppose la liberté d’offenser, en revanche la frontière
entre les offenses et les préjudices peut être mince. La liberté d’offenser peut en effet
porter préjudices à un groupe de personnes en particulier : c’est-à-dire la diffusion de
rumeurs infondées qui portent atteinte à la réputation d’une personne par exemple.
Dans le cas de Charlie Hebdo, le journal n’avait jamais causé un préjudice concret à
un groupe d’indivis ou croyances. Il reconnaissait pleinement sa liberté d’offenser en
se moquant des croyances absurdes et des propos racistes ou xénophobes !
Nous parlions également des limites de ces libertés : l’audience du procès des
caricatures de Mahomet en est un exemple illustre, avec en première page de
couverture de Charlie Hebdo : " Mahomet débordé par les intégristes - C’est dur d’être
aimé par des cons !" En défendant le journal Charlie Hebdo on défendait la liberté
d’expression ! Les 7 et 8 mars 2007 une plainte avait été déposée par des associations musulmanes suite à la publication des caricatures de Mahomet. Déjà nous remarquons ici le fait que la distinction entre offenses et préjudices est difficile à
crypter. Au même moment - lors du procès - l’identité nationale était un principe
également remis en question : Richard Malka (avocat au barreau de Paris et scénariste de bandes dessinées) pensait que l’Eglise catholique avait autant fait les frais des caricatures de Charlie Hebdo que le prophète Mahomet. Voici un extrait du jugement rendu : " Charlie Hebdo est un journal satirique, contenant de nombreuses caricatures que nul n’est obligé d’acheter ou de lire (…) en dépit du caractère choquant, de cette caricature pour la sensibilité des musulmans, le contexte et les circonstances de sa publication dans le journal Charlie Hebdo apparaissent exclusifs de toute volonté délibérée d’offenser directement l’ensemble des musulmans, que les limites admissibles de la liberté d’expression n’ont donc pas été dépassées."

III. La liberté de pensée et de discussion
Nous pouvons désormais nous intéresser à la liberté de pensée et de discussion,
sans bien sûr omettre la notion de censure. Premièrement, si l’on se fie à John Stuart
Mill, nous pouvons nous "permettre d’exprimer librement toute opinion" tout en
exigeant "qu’on le fasse avec mesure". Il est vraisemblable que la liberté de discussion
se révèle essentielle dans une société comme la nôtre et pourtant, elle semble à la
fois hypothétique puisque l’instrument judiciaire sanctionne tout ce que ne devrait pas
être dit, selon un principe moral commun. Dans de telles conditions, il ne peut être
moral d’envisager les représentations sexuelles explicites comme de l’art. La censure
intervient ici, elle est définie par Ruwen Ogien de cette façon : "une tentative de limiter
ou d’interdire la liberté d’expression ou de création par des sanctions préventives ou
répressives, administrées par des institutions officielles." Ruwen Ogien nous montre
qu’il est nécessaire d’opérer une distinction entre la diffusion de films "de très grande
violence" et les films "à caractère pornographique". Il est davantage choquant de
visionner un film de très grande violence physique qu’une scène de sexe ! Nous
pouvons ajouter - à son avantage - que la représentation du sexe n’a rien de
dégradant, c’est humain et nous ne sommes en rien obligé de regarder ceci !
La liberté de pensée intervient ici en ligne droite, il n’existe rien de plus immoral
d’imposer silence à une opinion. La discussion est le seul moyen d’être dans le vrai et
d’ailleurs l’art pornographique, sans en faire un usage abusif, ne mérite pas toujours
la censure : il n’est pas prouvé que celui-ci soit néfaste pour l’individu (adulte ou
enfant). Il n’existe pas à proprement parlé d’"influence pornographique". On ne le
condamne pas pour son "caractère blasphématoire" mais plutôt selon l’argument de la
valeur artistique et du caractère fictif. Ce point est discutable car l’artistique ne se juge
pas selon un semble d’individus (opinion commune) mais davantage par chaque
individus : nos opinions divergent et cela va de soi !
En dernier mots, toujours sur l’idée de Ruwen Ogien ou encore John Stuart Mill,
nous pouvons conclure à propos de la distinction entre offenses et préjudices. Le terme d’"offense" - autrement dit un "crime sans victimes" - se confond avec la liberté
d’offenser. L’idée de John Stuart Mill et Ruwen Ogien sont assez similaires ici - si on y
réfléchit- la liberté d’expression commune avec la liberté d’offenser sont le fondement
même de toute société démocratique. Il est essentiel que ces libertés soient exercées
sans contraintes morales ou judiciaires, du moment qu’elles ne portent pas préjudices
 ! C’est pour cette raison évidente d’ailleurs que "l’art du sexe" et sa représentation sont défendables. Je cite Ruwen Ogien :
"Les représentations sexuelle explicites nepeuvent, au pire, qu’offenser (…) à la différence des représentations d’actes violents ou barbares, les représentations sexuelles explicites courantes ne représentent rien d’illégal ou d’immoral !"
On pourrait donner raison à Ruwen Ogien, en effet on ne peut pas parler de préjudice
ici : il s’agit d’un art non pas comme un autre genre mais plutôt d’un autre goût du
"mauvais goût" si on le considère ainsi. Mais il ne s’agit pas que de cela, dans notre
société contemporaine, l’individu ou le critique est tellement conditionné à une morale
commune qu’il en oublie le principe même de liberté d’offenser- je dirais- qu’il ne peut
pas envisager la représentation du sexe comme un "art" à proprement parlé. Ruwen
Ogien l’explique justement : une oeuvre d’art à connotation sexuelle se doit de répondre
aux trois critères suivants
1. La valeur artistique.
2. Le caractère fictif (il est difficile de définir par ailleurs ce qui est de l’art ou ce qui
n’en est pas et distinguer de réel du fictif).
3. L’utilité politique ou sociale.
Ce dernier point peut faire l’objet d’un débat puisqu’il est très sensible de s’attaquer à
l’utilité d’un art quel qu’il soit : en principe celui-ci se doit d’éduquer, élever l’individu à
un aspect presque philosophique même s’il s’agit de sexe.
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Le bonheur dans la série télévisée « Desperate housewives » Par Laurianne Grima et Mathilde Fixari

Librement inspiré de Thibaut de Saint-Maurice, La philosophie en série, T1.

Le bonheur on ne sait pas vraiment ce que s’est d’après Kant on ne sait pas ce qu’on
veut car on ne sait pas ce qu’est le bonheur. Ce qu’on sait, c’est que lorsqu’on le perd
on se rend compte qu’on était heureux. Finalement on pourrait penser que le bonheur
est l’idéale de l’imagination et non de la raison. Le bonheur est lié à une manière de
voir les choses, il dépend de nos choix, de la manière dont-on mène notre vie et
comment nous envisageons les choses.
On se pose alors la question : Le bonheur est-il une affaire privée ?
Le bonheur est-il une affaire privée ?
Le bonheur qu’Aristote identifie comme le souverain bien (qui est la fin, le but ultime
de l’action humaine) serait la fin dernière de toutes actions humaine. Il s’agit d’une
aspiration universelle commune à tout homme. On peut le voir dans le texte « Le désir
d’être heureux est sans nul doute le désir le plus communément répandu parmi les
hommes. Pour la plupart des gens le bonheur désigne un état d’accomplissement et
d’épanouissement, d’harmonie avec soi-même et avec le monde qui passe par la
satisfaction complète et durable de tous les désirs entretenus. » Le bonheur n’est-il
pas, par définition, personnel voir égoïste ? La vie en société constituerait-elle la
condition d’un bonheur complet ?
Il me semble d’abord que le bonheur est essentiellement individuel et même égoïste :
si le bonheur est une affaire personnelle, c’est parce qu’il relève de la volonté et d’un
état d’esprit. A première vue, le bonheur provient surtout du plaisir (état émotionnel,
né de la satisfaction d’un désir), il serait donc essentiellement individuel. Pascal disait :
« Tous les hommes recherchent d’être heureux », ce qui signifie que toutes nos
actions sont en vue du bonheur.
L’hédonisme est une doctrine selon laquelle le bonheur réside dans le plaisir et
constitue l’objectif de l’existence humaine. Celui-ci est montré dans le texte : « Bree,
de son coté, veut par-dessus tout élever sa famille et sa maison au plus haut degré de
perfection morale et d’hygiène. Elle a tout de l’optimiste résolue : il suffirait pour être
heureux, de faire le ménage dans son existence, comme on le fait dans sa maison. »
Si le bonheur est une affaire privée, c’est parce que le bonheur et la morale sont
séparés et indépendants. D’ailleurs, souvent, il faut faire preuve d’égoïsme pour
atteindre le bonheur en satisfaisant ses désirs.
Kant disait : « Chercher le bonheur ce n’est pas agir moralement, la quête du bonheur
peut être égoïste » : il y aurait une incompatibilité entre les bonheurs des différentes
personnes. On le voit ici : « A mesure que les conditions s’égalisent, il se rencontre un
plus grand nombre d’individus qui ont acquis assez de lumière et de biens pour pouvoir se suffire à eux-mêmes. Ceux-là ne doivent rien à personne, ils n’attendent pour ainsi dire rien de personne ; ils s’habituent à se considérer toujours isolément, ils se figurent volontiers que leur destinée tout entière est entre leurs mains.
Si l’on en croit Tocqueville donc, ni particulièrement riches, ni pauvres, les cinq
héroïnes que sont Gabrielle Solis, Lynette Scavo, Susan Mayer, Bree Van de Kamp et
Edie Britt ont suffisamment de « lumières et de biens » pour ne dépendre de rien, ni
de personne, c’est-à-dire pour vivre confortablement. » Voici un autre extrait qui
illustre : « Gabrielle croit qu’elle a désiré les mauvaises choses, mais en réalité son
erreur est d’avoir cru que l’on pouvait satisfaire des désirs et faire dépendre son
bonheur d’une telle satisfaction. Telle est la contradiction d’une impossible
satisfaction : quand l’objet manque, on en souffre et l’on fait tout pour l’avoir, et quand
il est là, on s’en lasse rapidement et on en vient à regretter le temps où il manquait et
où sa recherche animait l’existence ».
Pour accomplir son bonheur, il est nécessaire de négliger celui des autres. Susan et
Breen, les héroïnes de Desperate Housewives sont de bons exemples : « Que le désir
repose essentiellement sur une souffrance, Susan et Bree en sont de bons exemples
 : « ce devrait être mon tour d’être heureuse » dit Susan après avoir divorcé de son
mari, pensant avoir ainsi supprimé la cause de son malheur. Mais au divorce succède
un nouveau désir, sur le fond d’une nouvelle souffrance : retrouver bun amoureux pour
ne plus endurer cette solitude insupportable. »
Certaines expliquent que l’indépendance de l’homme est la condition du bonheur. En
effet, il faudrait être maître de soi-même et de ses désirs pour pouvoir être heureux. Il
faut commencer par identifier ce qui dépend uniquement de soi et ce qui dépend du
monde extérieur, des autres, du hasard. Ensuite, il faut choisir de désirer uniquement
les choses qui dépendent de soi-même. Le bonheur consiste donc à trouver une
indépendance par un travail sur ses désirs : « Ne cherche pas à ce que les
évènements arrivent comme tu veux, mais veuille que les évènements arrivent comme
ils arrivent, et tu seras heureux » a dit Epictète. Le texte nous montre qu’il faut faire un
travail sur ses désirs, par la citation suivante : « En son fond, Desperate Housewives
est une série pessimiste : elle montre que le quotidien de ces « femmes d’intérieur »
est fait d’efforts incessants pour rendre la vie plus heureuse, mais qu’ils aboutissent
invariablement à des échecs et des déceptions. »
Si le bonheur n’est pas partagé, est-il vraiment complet ? Toutefois, le bonheur peut
être vu comme un idéal collectif : il serait obligatoire de l’atteindre ensemble. Est-on
réellement heureux si on ne partage pas son bonheur ? Il faut pouvoir donner de son
bonheur autour de soi pour vraiment l’apprécier. Inversement, il faut que l’autre soi
heureux pour l’être aussi. Comme nous le montre le texte « Habiter Wisteria Lane,
n’est-ce pas tout simplement le rêve ? A chacun sa maison, son jardin fleuri, et sa
place devant sa maison pour garer la voiture. Les voisins sont accueillants et souvent
prêts à vous dépanner en cas de problème ; ils feront assurément de bons amis.
Voilà bien un quartier à l’abri des troubles du monde, un petit paradis idéal pour vivre
tranquillement en famille. » On peut ressentir naturellement le bonheur et le malheur
des autres ?
Rousseau estime que l’homme à l’état de nature ressent de la pitié. On ressentirait
toujours les émotions des autres personnes, c’est pourquoi leur bonheur est
nécessaire au nôtre. Ainsi, le bonheur ne serait pas une affaire individuelle mais au
contraire une affaire de communauté. Aristote expliquait que le but de la société est le
souverain bien, qui est le bonheur. Toute communauté étant constituée en vue
d’atteindre le bonheur, alors il s’agit d’une communauté politique. Donc le bonheur est
essentiellement une affaire collective. La vie en société semble être la condition du
bonheur : un homme solitaire ne peut pas être heureux car il ne peut pas se réaliser
pleinement (il a besoin des associations pour développer ses moyens, son éducation.)
et car il a besoin du regard d’autrui afin d’être reconnu comme être humain. En fait, si
le bonheur est une affaire personnelle, c’est parce qu’il relève de la volonté et d’un état
d’esprit personnel.
Le bonheur est un idéal simple : le bonheur peut s’atteindre de manière individuelle
car le vrai bonheur est l’idéal simple. Selon les épicuriens, le bonheur est très simple :
il vise l’ataraxie, sui est l’absence de douleur dans le corps et de trouble dans l’âme. Il
peut être atteint de manière personnelle, puisqu’il suffit de combler les désirs naturels
et nécessaires, qui ne dépendent pas des autres (boire, manger). Le bonheur serait
en fait issu d’un travail sur la volonté. Tout d’abord, il faut limiter ses propres désirs ou
les changer (stoïcisme). Selon le stoïcisme, le bonheur dépend d’un travail sur ses
désirs personnels : il ne s’agit pas de les limiter mais de les changer. Il ne faut pas
ajuster le monde à ses désirs, mais le contraire. Le bonheur serait donc le fruit d’un
travail personnel.
Lorsqu’on veut d’après Schopenhauer, c’est que l’on manque de ce qu’on veut, on fait
tout pour l’avoir mais on ne l’obtient pas. On le voit dans le texte : « Tout ce que les
hommes font ; par exemple pour combler leurs besoins et se mettre à l’abri, s’explique
par cette volonté de vivre. Il n’empêche qu’en son fond, vouloir, comme le fait
remarqué Schopenhauer, c’est le signe que l’on manque de ce que l’on veut, et donc
que tant qu’on ne l’obtient pas, on souffre de son absence. ». Il faut donc changer ses
désirs pour ne pas être triste de ne pas avoir obtenu ce qu’on voulait. Les désirs
dépendent de chaque personnes et c’est également le cas pour le bonheur : certains
privilégient la richesse, d’autres la gloire, d’autres la morale ou l’amour.
Chacun défend une conception très différente du bonheur. Le bonheur est individuel
et même égoïste, il ne satisfait de soi et nécessite même parfois de négliger le bonheur des autres. Toutefois, certains voient dans la société des conditions de l’accès au bonheur. Si le bonheur est une affaire privée ce serait parce qu’il dépend de nos représentations personnelles. Donc pour être heureux il faut une part d’espoir pour avoir toujours des nouveaux désirs et dès que nous les obtenons nous sommes
heureux donc si on n’avait pas d’espoir on n’aurait pas forcément envie que nos désirs
se réalisent alors qu’ici, si ça se réalise on est heureux tandis que si nos désirs ne se
réalisent pas on sera triste et on trouvera autre chose pour être heureux. Donc le
bonheur est une affaire privée dans la mesure où c’est une bonne volonté d’agir et un
travail sur ses propres désirs.
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Le problème de la Justice dans la série télévisée « Dexter » Par Caroline Garo

Travail librement inspiré de Thibaut de Saint-Maurice, La philosophie en série, T1.

Sujet : Rendre justice, est-ce rendre la pareille ?

Levinas est un philosophe lituanien naturalisé français né en 1906. Juif pratiquant, il
fuit successivement la Lituanie puis la Russie, pour faire ses études secondaires en
France. Il introduit la phénoménologie et contribue à faire connaitre Husserl et
Heidegger en France. Mobilisé en 1939, il est gardé en captivité dans un stalag en
Allemagne. De retour à Paris en 1946, il apprend que sa famille a été victime de la
déportation. Il publie en 1961 sa grande oeuvre Totalité et Infini et est nommé
professeur de philosophie successivement à Poitiers, Nanterre puis à la Sorbonne.
Son oeuvre porte principalement sur autrui, la métaphysique, l’éthique, la théologie. Sa thèse sur la justice et l‘égalité est ici illustré par la série américaine Dexter.
Dexter est une série créée en 2006 qui relate les péripéties d’un tueur en série. Thibaut
de Saint Maurice (TSM) nous en parle dans son livre Philosophie en séries publié en
deux saisons qui traite des notions philosophiques du programme de terminale à
travers des séries télévisées.
« Le jour, Dexter Morgan est un expert médico-légal pour la police de Miami : il analyse
les projections de sang laissées sur les scènes de crime et participe ainsi à travail de
la justice en aidant à la traque légales de tueurs. Mais la nuit, il se lance dans une
autre chasse avec de nouvelles règles et devient tueurs en séries de tueurs.[…] Depuis
sa plus tendre enfance, il ressent des pulsions meurtrières. Mai son père lui a appris
en les mettant au service d’un certain idéal de justice. »
Ainsi Dexter tue des meurtriers pour rendre justice. On peut y voir un aspect
conséquentialiste, en effet, il punit quelqu’un qui, pour une raison ou une autre
échappe à la justice dans le but de l’empêcher de récidiver. Il y a une transformation
qui s’opère ici : Dexter le justicier, devient bourreau et le criminel devient la victime. Il
y a une inversion des valeurs. L’ambivalence est inhérente à la série. En effet il y a des contraste dans le personnage même : Dexter est tueur la nuit et expert le jour, mais aussi dans le contexte de Miami : ville du soleil et de la musique mais théâtre de crime sanglant. Ainsi la série s’axe sur des scènes qui alternent entre douceur et cruauté.
A travers cette série on peut être amené à s’interroger sur les questions suivantes :
« suffit-il de rendre coup pour coup pour que justice soit rendue ? Punir le criminel
permet-il de corriger le crime ? Autrement dit, Rendre justice est-ce rendre la pareille ?
TSM nous dit que personne n’est insensible à l’injustice, cependant un justicier se
distingue des autres en transgressant la loi dite « écrite » des hommes parce que cette dernière ne corresponds pas à son idéal de justice dont, lui, a conscience. C’est un peu comme une morale spécifique aux héros, aux justiciers. Dexter incarne ce
personnage de justicier qui ne supporte pas que certains criminels puissent échapper
à la justice des hommes. En effet, il se présente comme quelqu’un de juste alors qu’il
désobéit aux lois. Ceci n’induit-il pas une contradiction au sein même de la notion de
justice ?
Selon Aristote, il y aurait deux façons d’être juste : « L’homme qui observe la loi » c’est-à-dire celui qui est dans la légalité, celui qui suit la loi écrite et « l’homme qui respecte l’égalité » c’est à dire la légitimité qui respecte le principe d’égalité. Dexter, lui, est dans le deuxième cas. Il vente une égalité universelle, même dans la mort. Le paradoxe réside dans la notion de justice. La loi revendique l’égalité et Dexter pousse cette égalité à l’extrême qu’il considère comme légitime. Son père adoptif, Harry, conscient des pulsions meurtrières de son fils dit à Dexter qu’il faut « tuer dans une but valable, sinon c’est un simple meurtre ».
Dexter est pragmatique. Il adhère, selon les préceptes de son père, cet idéal d’égalité
dans le but de rétablir l’ordre. Cet « ordre » peut rappeler le système conceptuel de
l’ordre du monde dans la pensée archaïque grecque. Cependant pour Dexter, il n’y a
aucune hiérarchie entre les individus. Dexter respecte son idéal d’égalité et de justice
tout en désobéissant à cette dernière qui gouverne pourtant son pays. De ce point de
vue les meurtres de Dexter sont légitime parce qu’au nom du principe d’égalité, il
refuse l’injustice qu’il y aurait à laisser un criminel impuni.
Ainsi, si X a tué Y alors X devra le payer de sa vie. C’est ce que l’on appelle plus
communément la loi du talion, sous le proverbe « oeil pour oeil, dent pour dent ». On
pense souvent que cette loi promeut une vengeance infinie qui n’aurais rien avoir avec
la notion de justice. Cependant Levinas nous explique que quand celle-ci est bien
comprise, elle pose une valeur justice : « Si quelqu’un fait périr une créature humaine,
il sera mis à mort […] Et si quelqu’un fait une blessure à son prochain, comme il agit
lui-même, on agira à son égard : fracture pour fracture, oeil pour oeil, dent pour dent ».
Dexter fait bien oeuvre de justice ici, puisqu’il cherche simplement à punir (rétablir
l’ordre). Il agit tel un arbitre impartial, extérieur au jeu. Ici, il n’y a pas de ressentiment
mais juste un idéal de morale et d’égalité face à la justice.
C’est ce qui distingue Dexter Morgan de Patrick Jane. Le personnage de Mentalist, lui,
veut accomplir une vengeance sur celui qui a tué de sang-froid sa femme et sa fille.
Ainsi, Dexter s’impose un code pragmatique dans lequel seule le factuel a de la place.
Le moyen qu’il choisit ne doit pas employer pour réparer le tort subi violence supérieur.
Dans le cas où il utiliserait une force supérieure au tort fait initialement serait
contradictoire avec le but poursuivi de mettre un terme à la violence.
De ce fait, cette loi distingue une punition de la vengeance. La punition induit d’être
proportionnée par rapport au crime commis. Selon Levinas, la punition comme l’inflige
Dexter est juste, puisqu’elle respecte à la lettre la loi du talion. De plus, qui est mieux
placer pour faire le travail, qu’un individu qui ne ressent aucun sentiment pour
personne, ainsi il n’y a pas d’implication émotionnelle.
« A chaque épisode, la série réaffirme un idéal de justice : celui de la nécessité que la
punition soit équivalente au crime commis ». Levinas assure que la loi du talion est
une loi de justice puisqu’elle consiste à faire payer la dette exacte que le criminel a
contractée en commettant son crime. Levinas ajoure par la suite qu’il faut distinguer
« la lettre de la loi » c’est-à-dire la loi écrite par les hommes et « l’esprit de la loi » c’est-à-dire les valeurs morales auxquelles la loi aspire. On y trouve un esprit de retenu, on inflige une punition d’un degré de violence équivalent au crime pour éviter la surenchère de cette violence et le cercle vicieux que cette loi mal comprise peut
engendrer. Levinas ajoute qu’il faut enfaite faire abstraction de tous sentiment qui
pourrait parasiter le jugement et ne juger et punir en se basant seulement sur le factuel,ici il soutient l’esprit de la série.
Cependant Levinas aspire à une justice certes, sans passion mais sans bourreau
également. Or Dexter en est un. Ici Levinas offre une alternative pour éviter la violence.
Il propose de trouver une sorte de peine équivalente à la souffrance infligée sur un
autre terrain que la violence. Par exemple, les durées de peines de prison. Le
paradoxe qui se présente encore est que si pour faire cesser la violence il faut une
justice sans passion ni bourreau, cela risque d’impliquer une punition moindre. Mais si
la punition n’est pas assez violente, elle semble ne pas tenir compte du degré de
souffrance de la victime. L’autre alternative de Levinas serait d’autoriser la
« rééducation » du criminel de façon à ce qu’il ne récidive pas. Mais en même temps
s’il n’est pas puni pour ce qu’il a fait, on redouble l’injustice faite à la victime.
Comment rendre justice de façon légitime ?
Même pour Levinas c’est un « paradoxe inextricable » nous dit TSM. En effet, on peut
tenter une vengeance coup pour coup, une peine, une rééducation mais tous cela
n’annulera jamais le tort et la souffrance infligé à la victime. La série illustre ce
paradoxe. Dexter punit le meurtrier sans passion, ne cède pas à l’allègement de la
peine comme la justice des hommes aurait tendance à faire et il ne verse pas le sang
dans la démesure. Pourtant, il se heurte malgré tout à l’impossibilité de rendre la justice parmi les Hommes. « La peine de mort infligé au criminel ne permet pas de faire revenir les victimes dont la vie a été prise ». De plus, certains accuse la série de militer pour la peine de mort alors qu’au contraire « chaque épisode montre que l’exécution du meurtrier ne répare rien ».
Il faut alors s’avouer que peu importe la manière dont la justice a été rendu, l’égalité
dans la souffrance humaine n’est pas réellement restaurée. La série n’arrête pas la
souffrance mais propose une souffrance égalitaire pour le criminel par rapport à la
victime.
Rendre justice est ce rendre la pareille ?
La difficulté tient au fait que la justice n’a pas d’autre choix que d’appliquer un principe
d’égalité pour punir ou corriger un crime irréparable. « Rendre justice revient donc à
hésiter en permanence entre punir et corriger, puisque punir ne permet pas de corriger
et que corriger ne suffit pas à punir ». Dexter, lui, n’hésite pas et n’offre aucune
repentance vis-à-vis du criminel.
Caroline Garo

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Comprendre une autre culture avec Lévi-Strauss
Par Charlotte Lancelot

Problématiques : Pourquoi essayer de comprendre une autre société et comment
l’approcher ? Peut-on changer la culture d’une société différente de la nôtre ? La
culture des sociétés primaires sont-elles si différentes de la nôtre ?
Illustré par un documentaire sur Claude- Levi Strauss, Lévi-Strauss par lui-même de
Pierre-André Boutang

I. Introduction sur Claude Lévi-Strauss :
 c’est un anthropologue et ethnologue français qui aurait influencé les
sciences humaines de la deuxième moitié du XXe siècle
 était un des fondateurs de ce qu’on appelle du structuralisme ou
anthropologiste structurale
 entre 1935 et 1939 il étudiait les peuples indigènes du Brésil
 il publia sa thèse Les structures élémentaires de la parenté
 fit une tétralogie consacrée à l’étude des mythes
 son plus célèbre Tristes tropiques
 Il veut faire découvrir l’Histoire des peuples primitifs donc sans Histoire
écrite, la diversité des cultures, condamnation du racisme et la place
exacte de l’Homme dans la nature (il était écologiste avant la lettre)

II. Sa conception écologiste du monde aujourd’hui des sociétés
modernes
 il n’est pas à son aise dans son siècle du XXe car il n’aime pas la manière
dont il évolue. Il n’est pas convaincu que ses descendants seront à l’aise aussi
 il sait que le monde commence à être surpeuplé, que la population va
continuer à se démultiplier grâce à ses nouvelles technologies
 il dit qu’on devient des consommateurs boulimiques (= qui consomme
excessivement) à cause des richesses qui nous entourent que nous
détruisons à une rapidité beaucoup plus grande que nous ne parvenons à les
renouveler
 il fait une comparaison : “j’imagine que l’Humanité n’est pas entièrement
différent de ces verres de farine qui se développent à l’intérieur d’un sac et qui
commencent à s’empoisonner par leurs propres toxines bien avant que la
nourriture ou l’espace physique ne leur manque.”
 certains critiquaient Stauss en disant qu’il était trop pessimiste mais Strauss
rétorque que justement c’est ce pessimisme qui offre à l’optimisme une
meilleure chance parce que c’est à la condition d’être très pessimiste que
nous prendrons conscience des dangers qui nous menacent.
III. EXTRAIT DU FILM : Strauss en tant qu’Anthropologue et
comment il a été présenté aux peuples indigènes lors de ses voyages
au Brésil
START FILM AT 11:10 AND FINISH AT 23:20
 Nambikwara ; Munde ; Tupi Kawahib
 il remarqua que c’était des sociétés très fortement hiérarchisées avec des
distinctions entre nobles et gens du commun = comme nous avant quand
on vivait dans une autocratie et avec les classes sociales toujours aujourd’hui.
Pas si différent que notre société SAUF il dit qu’ils vivaient comme des
paysans très pauvres - TOUS pauvres mais ont leurs propres valeurs de
richesses.

 huttes familiales appartiennent aux femmes. Les hommes habitent chez leur
femme ils ne sont chez eux que dans leur club central = les femmes ont une
sorte de dominance
LA QUESTION DE LA CULTURE : le colonialisme
 les missionnaires pensaient que le seul moyen de convertir les croyances
religieuses des indigènes c’était d’interdire les plans de villages
traditionnels et d’obliger les indiens de construire leurs huttes de type
européen.
 mais au final, ils ont été impressionnés par la culture indienne et c’est les
missionnaires mêmes qui se sont convertis et protègent maintenant la culture
des indigènes
 Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad, le narrateur est envoyé au Congo
avec une compagnie dite missionnaire mais enfaite c’est une exploitation pour
l’ivoire. Il finit par être impressionnée et affecté par son expédition avec les
indigènes
NOUS on cherche à changer, évoluer alors que EUX “c’était une société qui
abolissait le temps” et ne veulent pas accepter le changement, maintenir les
rites et croyances passées

IV. A quoi sert l’Ethnologie ?
C’est une manière de comprendre l’Homme. Strauss donne plusieurs manières :
 à la manière d’un philosophe : on peut se replier sur soir-même et on essaye
d’approfondir les données de la conscience
 on peut faire des analyses des manifestations de la vie humaine dans notre
histoire depuis ses origines grecques ou romaines jusqu’au temps moderne
 on peut essayer d’élargir la connaissance de l’Homme pour y inclure les
sociétés les plus lointaines et qui nous paraissent les plus misérables de
manière à ce que rien d’humain ne nous reste étranger

DONC comprendre une autre société c’est comprendre l’Homme donc nous
même.

V. FILM : pratiques que nous jugeons superstitieuses sont
reliées à nous aujourd’hui = respect de la nature =
écologisme
(28:10 à 30:50)
 aujourd’hui très concernés par l’écologie car l’Homme abîme la planète
 on jugeait les traditions de respect de la nature superstitieux mais enfaite nous
réalisons après plusieurs années que nous devons la protéger
VI. FILM : manière d’approcher une autre société et définition
d’une société
(De 44:30 à 46:05)
Alors on se pose les questions suivantes : qu’est-ce qu’une société humaine ?
Quels sont les critères d’une société ? Peut-on parler de société minimale ?
Comment savons-nous quand une société existe ?
Rousseau : le Contrat social
chapitre 1.6 : du pacte social
Rousseau donne les critères d’une société :
« Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune
la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s’unissant à
tous, n’obéisse pourtant qu’à lui-même, et reste aussi libre qu’auparavant. »

VII. FILM : on n’a pas les mêmes explications de la nature de l’Homme mais on peut constater des analogies
(de 54:50 jusqu’à 59:20)
 différentes cultures n’ont pas les mêmes mythes donc pas les mêmes
explications sur les évènements du monde.
 pour relier deux mythes de deux populations différentes il faut qu’elles
répondent au même problème. Puis, il faut rechercher les liens où les
évènements coïncident
 donc deux sociétés très distantes ont des visions différentes pour
expliquer les choses du monde mais reliée car ils se posent les mêmes
questions et on retrouve parfois les mêmes réponses racontées
différemment
 FILM de 1:09:35 à 1:13 : Strauss fais un parallèle entre le monde sauvage et
le monde moderne = la culture sauvage (à travers des mythes et des rites)
pense que le monde lui est donné, ils doivent les accepter sans rien
changer. Notre société moderne utilise ses connaissances pour
transformer le monde, chercher plus loin et progresser. Il y a un effort de
chercher une explication différente dans les sociétés primitives sauf qu’ils
ne cherchent pas à décoder, ils donnent leurs interprétations sur les
choses données.
 l’explication mythique vs l’explication scientifique (FILM 1:17:20 à 1:20:52)

VIII. Ethnocentrisme
 Strauss dit qu’en étant anthropologue, on veut projeter les critères de sa
propre civilisation sur les matières ethnographiques (rites par exemple,
moyens médicinaux)
 le seul moyen de s’en défaire c’est de partir de la matière ethnographique
même, l’accepter et recueillir ses donnés
 il ne faut pas penser avec les préjugés dans sa tête et laisser tout rentrer :
“Ce n’est pas moi qui pense les mythes mais c’est les mythes qui se pensent en moi.
Ils s’agencent en moi selon leur organisation ; il faut laisser la matière se déployer

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La morale, l’histoire et l’autre chez Simone de Beauvoir
Par Claire Desbordes

Simone de Beauvoir : écrivaine, philosophe, essayiste, féministe est une figure
française dont les écrits ont parcouru le monde du 20ème siècle et le nôtre encore
aujourd’hui. Connue également pour sa relation sentimentale et intellectuelle avec
Jean-Paul Sartre, elle s’imposa comme l’une des avocates les plus ferventes de
l’existentialisme, courant philosophique selon lequel l’homme n’est pas déterminé par
son essence, mais est libre et responsable de son existence (définition tirée du Petit
Robert). Son ouvrage le plus célèbre Le Deuxième Sexe publié en 1949, succès des
ventes mais souvent condamné, avance des thèses avant-gardistes à propos de la
condition féminine, le tabou de l’avortement, et apporte l’idée d’une construction
sociale quant au rapport entre les hommes et les femmes. C’est-à-dire qu’elle accuse
autant les femmes pour leur passivité que les hommes pour leur sexisme. Phrase
symbole de sa thèse : « On ne naît pas femme, on le devient », illustre son combat à
la fois existentialiste et féministe.
Je me suis concentrée sur un extrait de cette oeuvre : La Femme indépendante et plus
particulièrement sur l’introduction.

I. Les valeurs morales sont-elles universelles, ou bien sont-elles toujours celles des dominants ?

Les valeurs morales semblent universelles, nous nous accordons par exemple tous
sur le fait qu’il ne faut pas tuer, qu’il est mal de mentir, de voler… Mais en pratique,
est-ce vraiment nous qui faisons la distinction entre ce qui est bien et mal, entre ce qui
est juste et injuste ? Est-ce que tout le monde se pose la question de savoir si les
valeurs morales que nous avons intégrées sont vraiment légitimes ? Certaines valeurs
morales sont en effet parfois discriminantes, par conséquent comment pourraient-elles
être innées mêmes chez les personnes dominées ?
Simone de Beauvoir explique que les femmes sont inférieures aux hommes. Mais
qu’en réalité, elles ne le sont évidemment pas de nature, mais c’est qu’elles le sont
devenues, elles en ont été persuadées. Elle illustre ce fait en utilisant l’analogie très
pertinente entre les Noirs et les femmes en reprenant une boutade de George Bernard
Shaw qui dit : « « L’Américain blanc, en substance, relègue le Noir au rang de cireur
de souliers : et il en conclut qu’il n’est bon qu’à cirer des souliers ». C’est donc pour
satisfaire un besoin de supériorité et de pouvoir, que les hommes, les dominants ont
créé cette théorie selon laquelle les femmes seraient inférieures aux hommes. Ils sont
parvenus à imprégner, à « fonder dans l’absolu et dans l’éternité », pour reprendre les
mots de Simone de Beauvoir, cette idée partout, en commençant par l’inscrire dans
les lois. Issue des lois, cette valeur s’est répandue à la religion (à chaque prière
matinale, les juifs récitent : « béni soit dieu, notre seigneur et le seigneur de tous les
mondes qu’il ne m’ait pas fait femme »), à la philosophie (Aristote déclarait « nous
devons considérer le caractère des femmes comme souffrant d’une défectuosité
naturelle »), à la littérature avec par exemple Jean de Meung et son Roman de la Rose qui date du 13ème siècle, et même à la science qui avait réussi à prouver que les femmes avaient un cerveau plus petit que celui des hommes. Donc, en l’occurrence, si l’on peut considérer l’antiféminisme comme une valeur morale, celle-ci est bien celle des dominants, qui par un acharnement continu, essayent de maintenir les femmes à la place qu’ils ont choisi pour elles, dans le but de conserver leur supériorité à laquelle ils semblent particulièrement tenir.
Néanmoins, on ne peut pas dire que toutes les valeurs morales sont toujours celles
des dominants. Par exemple, la protection de l’environnement parait difficilement être
une valeur morale des dominants, étant donné qu’ils la respectent le moins possible.
Dans ce cas peut-on la considérer comme une valeur morale universelle ? Pas sûre.
On trouvera toujours des personnes ne respectant pas ces valeurs qui paraissent
universelles, comme ne pas torturer, ou encore ne pas tuer.
Pour conclure, toutes les valeurs morales ne sont pas universelles, car certaines ont
été créées par des dominants souhaitant intégrer des principes leur satisfaisant
personnellement, mais toutes les valeurs ne sont pas non plus celles des dominants.

II. L’homme est-il le produit de son histoire ?
On peut penser traditionnellement, que l’homme naît libre de tout passé, libre d’intégrer des valeurs morales, de créer des valeurs morales, de modifier, d’adapter des valeurs morales. Mais en pratique, est-ce qu’on se pose les questions auxquelles les anciens ont déjà apporté des réponses, bien établies et ancrées dans la société ? On assimile la plupart du temps des principes parfois même sans s’en rendre compte et rarement ou tardivement on pense à les remettre en question. L’homme n’évolue-t-il pas en fonction des siècles, des sociétés, des dominants ? N’est-il donc pas le produit de son histoire ?
« Pourquoi les femmes ne contestent-elles pas la souveraineté mâle ? » demande
Simone de Beauvoir. Elle explique tout d’abord que même si de plus en plus de droits
lui sont conférés, leurs applications concrètes dans les moeurs sont freinées par une
longue habitude de pensée. Quelques chiffres pour illustrer cet écart entre ce qu’on
concède abstraitement aux femmes et ce qui est réellement le cas : une femme gagne
en moyenne 19,4 % moins qu’un homme, 10% des préfets sont des femmes et 11%
seulement des ambassadeurs sont des femmes. De plus, Simone de Beauvoir ajoute
que l’éducation de l’enfant maintient cette tradition, selon laquelle la femme n’est pas
l’égale de l’homme. Je cite : « le présent enveloppe le passé, et dans le passé tout
l’histoire a été faite par les mâles ». Voilà un des arguments, sinon le principal, en
faveur de la thèse selon laquelle l’humain est le produit de son histoire. En second lieu,on peut remarquer que les femmes n’ont pas de passé, d’histoire, de religion qui leur soit propre. On sait que les prolétaires qui ont fait la révolution ont Russie ont une
solidarité de travail, des intérêts identiques et une promiscuité spatiale qui ont
largement favorisé leur combat. On peut aussi prendre l’exemple des juifs des ghettos
qui grâce à cette proximité, se sont parfois soulevés. Le problème est que les femmes
ne s’imposent pas en Sujets, mais en Autre. Elles ne disent pas « nous », elles disent
« les femmes ». Etant tout le temps rattaché à l’homme comme son esclave ou du
moins sa vassale comme dit l’auteure, elle ne peut se convaincre de combattre contre
l’inégalité. Il est vrai, que la femme peut ou a pu se complaire à être protégée,
économiquement notamment car il est plus facile de fuir sa liberté et ainsi supprimer
toute angoisse d’exister, plutôt que d’affronter les éventuels dangers liés à cette
indépendance. Néanmoins, l’on peut conclure que les habitudes et les traditions que
l’humain crée parfois inconsciemment empêchent beaucoup de choses d’évoluer. Il
serait donc comme prisonnier de son passé. De plus, une histoire en commun, unit un
peuple ou en tous cas un groupe de personnes, qui se servent de cette histoire pour
obtenir ce qu’ils souhaitent. L’humain est inévitablement le produit de son histoire.

III. Qu’apporte autrui à la connaissance de soi ?
On peut penser que seules les personnes proches de nous peuvent nous apporter un
avis extérieur, et d’ailleurs nécessaire à la connaissance de soi. En revanche nous
n’imaginons pas, ou alors difficilement que des inconnus, qui ne nous ressemblent pas
particulièrement, nous soient utiles afin d’améliorer notre connaissance de soi. Et
pourtant, notre comportement vis-à-vis d’autrui ne peut-il refléter des aspects de notre
personnalité ?
Il parait évident que par exemple toute agressivité envers une personne révèle une
jalousie certaine ou alors un quelconque complexe personnel. Simone de Beauvoir
explique que les hommes souffrant d’un complexe d’infériorité sont les plus arrogants,
agressifs et dédaigneux à l’envers des femmes. Elle ajoute même que cela révèle une
inquiétude quant à leur virilité. Les hommes tirent ainsi profit de l’altérité de la femme
en se posant Sujet unique et absolu. On peut en conclure, de façon plus subtile, que
les hommes préservent peut-être un certain manque de confiance en soi qu’ils cachent en prônant leur supériorité par rapport aux femmes. Que peut-on entendre par la phrase : « on peut se demander si Monsieur Claude Mauriac n’aurait pas intérêt à s’entretenir avec un bon reflet de Descartes, de Marx, de Gide plutôt qu’avec luimême ?
 » Je pense que les grands penseurs, philosophes ou écrivains, nous apportent
une connaissance de l’homme en général nécessaire au commun des mortels pour se
connaître soi-même. Ces penseurs qui posent des questions nouvelles et qui y
apportent des réponses extraient l’homme de sa pensée personnelle, concentrée sur
lui-même et son reflet, ce qui au final peut être une impasse. Il me semble donc non
négligeable de souligner que certes autrui apporte à la connaissance de soi mais que
plus encore, les philosophes nous aident également à approfondir cette connaissance.
Autrui peut non seulement apporter à la connaissance de soi mais aussi influencer et
modifier des caractères. Simone de Beauvoir utilise l’exemple de Claude Mauriac qui
publia dans le Figaro Littéraire : « Nous écoutons sur un ton d’indifférence polie…la
plus brillante d’entre elles, sachant bien que son esprit reflète de façon plus ou moins
éclatante des idées qui viennent de nous. » En utilisant ce « nous » méprisant, Mauriac s’identifie à des penseurs qui dédaignent les femmes du haut de leur grandeur comme Hegel qu’elle cite par exemple. Autrui peut parfois servir de miroir, de reflet, il peut dévoiler certaines faiblesses en subissant des sortes de comportements purgatifs, les penseurs apportent forcément à la connaissance de soi en étudiant l’Homme mais enfin, autrui peut également influer certaines personnes qui s’y identifient.
En conclusion, Simone de Beauvoir avait prévenu : "Rien n’est jamais définitivement
acquis. Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des
femmes soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez rester vigilantes", alors restons vigilantes !

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Vérité et devoir dans la série télévisée « How to get away with murder »

Par Clémence Deleuze et Marie Linot

A. La fin justifie-t-elle les moyens ?
How to get away with murder suit Annalise Keating , professeure de droit et avocate
renommée à la tête de son propre cabinet. Chaque année, elle choisit ses meilleurs
élèves pour travailler dans son cabinet : Connor Walsh, Michaela Pratt, Asher
Millstone, Laurel Castillo and Wes Gibbins. Ces personnages acceptent d’employer
des moyens immoraux pour parvenir à leur fin : le succès, la victoire, et l’approbation
d’Annalise.
Thèse : Pour les conséquentialistes, les conséquences d’une action donnée
constituent la base de tout jugement moral, et non sa plus ou moins grande conformité
a des valeurs absolues, comme la bonté, la générosité, le courage ou la sincérité. Tous les moyens, même les plus apparemment inacceptable, se trouvent justifiable et
justifiée, pour les conséquentialistes, s’ils permettent de maximiser la somme du
bonheur dans le monde Une action est bonne si ses conséquences reviennent à
augmenter la somme du bonheur dans le monde. Dans un tel système moral, si la fin
consiste en une proportion supérieure de bonheur, alors elle justifie toujours les
moyens employés. Dans la série, Connor, Michaela ou même Annalise même sont
prêts à n’importe quel moyen pour atteindre leur fin. Pour Michaela et Connor, leur fin
c’est l’approbation d’Annalise et le trophée, et pour Annalise c’est l’acquittement de
son client et de garder sa réputation d’avocat redoutable intacte. D’un point de vue
conséquentialiste, ce que font les personnages est justifié car la conséquence de ces
moyens, fait qu’ils sont heureux. Annalise gagne le procès et par conséquent cela rend les élevés heureux car ils ont grandement participe à cela.

Antithèse : Dans les fondements de la métaphysique des moeurs 1785, Kant aborde
ce sujet. Pour lui une bonne action, ne se définit ni par son objet ou sa conséquence
mais par son intention. Une action est bonne que si la volonté derrière la réalisation
de cette action est bonne.
Il faut maintenant définir une bonne volonté, une bonne volonté c’est la volonté d’un
homme libre et raisonnable, c’est à dire un homme qui agit en suivant sa raison et non
ses désirs ou ses sentiments. Ce qui compte c’est de faire une action dont l’intention
soit bonne et non ses conséquences. « Donc pour savoir ce que j’ai à faire afin que
ma volonté soit moralement bonne (…) il suffit que je me demande : peux-tu vouloir
aussi que ta maxime devienne une loi universelle ? ». Donc dans un tel système moral, la fin ne justifie jamais les moyens, puisque pour Kant faire son devoir, ce n’est jamais rechercher le meilleur des résultats, mais viser un seul but : appliquer la loi morale, cet impératif de la raison qui exige que l’intention soit bonne. Donc si l’on place la série dans le système moral de Kant, ce que font les personnages est mal car les actions qu’ils commettent sont dictés par leurs désirs, d’avoir le trophée ou de garder sa réputation.

Synthèse : Pour les utilitaristes la fin justifie les moyens que si cela augmente le bienêtre du plus grand nombre. Tous les moyens sont justifiables si cela sert à maximiser cette fin. J.S Mill « La croyance qui accepte, comme fondement de la moral, l’utilité ou principe du plus grand bonheur, tient pour certain que les actions sont bonnes en proportion du bonheur qu’elles donnent, et mauvaise si elles tendent à produire le contraire du bonheur. Par bonheur on entend plaisir ou absence de souffrance ». Donc une action est bonne si elle maximise le bonheur du plus grand nombre, même si les conséquences sont des plus ignobles. Si l’on place les actions des personnages de la série dans ce système moral, à première vue, ce qu’ils font st justifié. Mais on se rend vite compte que leur actions n’augmente pas le bonheur du plus grand nombre, les seuls que sont heureux à la fin du procès est Annalise son équipe et son client. Et cela ne peut pas compter comme le plus grand nombre.
Mais les moyens qu’ils emploient ne finissent-il pas par se retourner contre eux ? Par
nuire à la fin qu’ils s’étaient donnés ?
Certains personnages vont tellement loin que leurs actions se retournent contre eux.
Par exemple avec Connor, au début il utilise Oliver pour accéder à des informations,
mais il développe des sentiments amoureux pour lui. Mais lorsque Connor utilise le
même moyen qu’il a utilisé avec Oliver avec quelqu’un d’autre, pour récolter des
informations pour une nouvelle affaire, Oliver rompt avec Connor. Et cela a pour
conséquences de le rendre malheureux. De plus lors de cette même affaire, Un
homme se suicide car les moyens qu’il a employés pour faire incarcérer sa supérieure
se retournent contre lui.
 15 :18-15 :58
 16 : 15 -18 :27
 22 (22 :31-22 :47) 24 :13
 33 :40-33 :53
 35 :05-37 :41

B. Faut-il toujours dire toute la vérité ?
Dans la série How To Get Away With Murder, les personnages omettent très souvent
la vérité ou mentent catégoriquement. Il y a de nombreuse fois ou en tant que
spectateur on se demande si oui ou non ils ont raison de retenir la vérité. Faut-il
effectivement toujours dire toute la vérité ?
Thèse : Il existe des vérités pour lesquelles il serait mal de se taire. André Comte-
Sponville appelle l’acte de révéler ces vérités la bonne foi. L’homme de bonne foi dit
ce qu’il pense être vrai (à tort ou à raison). C’est l’homme sincère.
Il est clair qu’il y a des cas où ne pas dire la vérité est une lâcheté et la dire une forme
de courage. C’est par exemple la position de Sartre dans la revue Les Temps
Modernes, il explique qu’il est du devoir de l’écrivain de dire la vérité et qui se doit de
dénoncer tout scandale qu’il connaît. Sinon cela revient à être en complicité avec le
crime.
Dans bien des circonstances, nous reprochons aux hommes d’avoir tu quand ils
savaient. Nous attendons de nos dirigeants qu’ils nous disent la vérité même, et
surtout, si elle n’est pas "bonne à entendre". C’est leur devoir en tant que représentant
du pays d’informer la population sur ce qu’il se passe surtout lorsque les citoyens sont
impliqués directement (une menace sur le pays par exemple).
De même, il nous semble y avoir un devoir de vérité en histoire. Une personne qui a
vécu les drames de l’histoire se doit de témoigner par respect envers les victimes.
Quant aux témoins dans un procès, il est de leur devoir de dire toute la vérité. (De la
personne qui sait pertinemment que l’enfant de son voisin est battu et qui n’alerte
personne, on dira qu’elle est coupable de non-assistance à personne en danger.)
Dans Sur un prétendu droit de mentir par humanité, Kant défend l’universalité du devoir de vérité. Il prend comme exemple un cas extrême, mais c’est justement son
caractère extrême qui le rend exemplaire, pour Kant. Supposons qu’un criminel
m’ordonne de dire quelque chose qui met ma vie ou celle d’un autre en danger. Par
exemple il me force à avouer où se cache mon ami pour le tuer. Ai-je le droit de mentir
ou dois-je quand même dire la vérité ? Kant répond qu’il faut dire la vérité dans ses
déclarations envers ce criminel et cela est un devoir absolu de l’homme envers chacun.
Si, en ne disant pas la vérité, je ne commets aucune injustice ou de tort à l’égard du
criminel qui me force à parler, j’en commets néanmoins une envers la morale qui pour
Kant revient à causer un tort envers l’humanité. C’est en effet le propre de l’homme
que de pouvoir fonder une morale puisque celle-ci est l’oeuvre de la raison. Agir contre
la morale c’est donc porter atteinte à l’humanité elle-même. Dès lors le mensonge
(même par omission) nuit à l’humanité et donc à autrui. Pour Kant omettre la vérité
revient à commettre un mensonge. Ainsi, nous n’avons pas le droit de nous taire.
Passage Franck/Laurel 28-28 :48 : ici Laurel parle à Franck d’une scène à laquelle
elle a assisté dans les toilettes entre l’accusée qui est défendue et plaide non coupable et la femme de l’homme auquel le « crime » a été infligé. Elle comprend alors qu’elle est coupable. En parlant avec Franck de sa découverte elle s’aperçoit qu’il est déjà au courant. Elle souhaitait le dire au procès mais lui non. Exemple typique qui illustre Kant : Laurel applique son principe (dire la vérité et agir pour la morale) tandis que Franck agit contre la morale en défendant un client coupable, qu’il sait pertinemment il omet la vérité et donc ment, donc cause un tort à l’humanité.

Antithèse  : La position de Kant, semble aujourd’hui impossible à tenir. Par exemple
lors de la seconde guerre mondiale, celui qui cachait un juif ou un résistant dans son
grenier devait-il en avertir la Gestapo ? Mr tout le monde dirait qu’il est de son droit de
se taire et même qu’il en est de son devoir. Il y a aussi des vérités trop dures à
supporter et qui causerait un malheur certains à révéler. Pour cela, Nietzche estime
que nous avons un besoin vital d’illusion. Et ce que nous appelons vérité n’est autre
qu’une illusion utile à la vie. Descartes dans sa correspondance avec la reine Elizabeth de Suède compare le bonheur issue d’une illusion au mécontentement que l’on va ressentir en prenant connaissance de la vérité.
Passage Annalise/Wes 29 :30-30 :50 : contexte = Wes a surpris Annalise dans son
bureau avec son petit-ami donc en train de tromper son mari. Il promet de ne rien dire.
C’est le parfait exemple pour illustrer Nietzche et Descartes : si Wes avait dit la vérité
au mari d’Annalise, le couple se serait séparé et aurait donc été mécontent, alors qu’en se taisant il préserve leur bonheur, même basé sur une illusion (ici celle de la fidélité).
C’est donc une vérité à taire.
Benjamin Constant critique Kant et son concept de dire la vérité sous n’importe quelles
circonstances. C’est l’objet d’une querelle entre les deux philosophes. Il dit « le principe moral que dire la vérité est un devoir, s’il était pris de manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible. Nous en avons la preuve dans les conséquences directes qu’à tirées de ce dernier principe un philosophe Allemand qui va jusqu’à prétendre qu’envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu’ils poursuivent n’est pas réfugié dans votre maison, le mensonge serait un crime ». Pour Constant le devoir du respect de la vie d’autrui prime sur le devoir de dire la vérité.
Pascal partage cet avis et disait : « je pose ceci comme un fait que si tous les hommes
connaissaient ce que les autres disent d’eux, il ne resterait pas quatre amis au monde
 ». On pourrait voir dans la politesse (donc dans le mensonge) cette forme d’hypocrisie
qui permet une vie sociale pacifiée.
Pour terminer, il y a évidemment des cas où se taire est absolument indispensable :
par exemple, pour certaines professions il serait totalement impensable de déroger à
ce devoir qu’est se taire : un médecin et le secret médical, un prêtre et le secret de
confession…

Synthèse  : Un des impératifs catégoriques kantiens précise qu’il faut prendre une
personne, toujours en même temps comme une fin et jamais seulement comme un
moyen. Prenons par exemple un médecin qui doit annoncer à un patient qu’il a une
maladie incurable mais le patient ne veut pas savoir. Si le médecin se tait par
compassion envers son patient qui ne veut pas savoir, il prend son malade comme fin.
C’est à ce dernier de décider s’il veut savoir la vérité. Quand un torturé refuse de livrer
ses amis, il considère comme une fin, alors que le bourreau utilise le torturé comme
un moyen. Il faut donc mettre l’homme au-dessus de la vérité. Il existe bien des
valeurs supérieures à la vérité comme aider une personne en danger. Par exemple
des voisins qui savent qu’un enfant est battu. Il faut qu’ils disent la vérité sur la situation de l’enfant. Au contraire quand celui qu’on torture se tait devant ses bourreaux, c’est qu’il pense que parler mettra ses amis en danger. Et pour l’ami dont un meurtrier me demande où il se trouve n’en est-il pas de même ? Il est en danger. Il faut que je me taise. Il faut dire la vérité quand on ne manque pas à des vertus plus hautes et plus urgentes que celle-ci. Il faut choisir la bonne manière et le bon moment. Choisir le bon moment, présenter une vérité par paliers est une conduite morale et respectueuse d’autrui.

Il est donc permis de se taire quand on connaît la vérité, néanmoins cela reste dans le
cadre de cas particuliers, la vérité n’est donc pas une loi universelle.
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La morale et la politique dans « Le Prince » de Machiavel Par Klara Iochem

I. Sujet : La politique est immorale ?

 Discussion autour de l’oeuvre de Nicolas machiavel Le prince
• Définition : La politique désigne l’activité des hommes politiques. Elle consiste
en l’art de conquérir, de d’exercer et de le mettre en scène le pouvoir c’est-àdire
la direction des affaires de l’Etat. C’est aussi l’activité théorique et pratique
par laquelle un groupe d’individus cherche à organiser sa vie collective sur un
territoire donné grâce à des lois.
La morale désigne le bien et le mal, les valeurs qui règlent nos rapports à autrui.
La politique elle, ne semble pas dire le bien et le mal mais s’efforce d’accomplir
l’union des hommes sur un territoire en prenant compte de ce qui est et pas de ce
qui devrait être. Mais la politique peut-elle se passer de la morale ? Serait-elle alors
immorale ?
1) Nicolas machiavel est un penseur italien de la Renaissance, philosophe, théoricien
politique, de l’histoire, de la guerre. Né le 3 mai 1469 à Florence et mort le 21 juin
1527 dans la même ville. Il est influencé par Aristote et a grandement influencé la
philosophie politique ultérieure. Il fut au service de la République Florentine de
1498 à 151, d’abord secrétaire de la seconde chancellerie et des Dix de Liberté et
de Paix, puis proche conseiller de Pierre Soderini. En voyageant, supervisant et
observant il accumule une riche expérience diplomatique, militaire et politique et
rédige des milliers de lettres et de compte-rendu
2) Le Prince : Ouvrage le plus célèbre, de Machiavel Le Prince (en italien : Il Principe)

Ecrit en 1513 et publié de façon posthume en 1532. Il est dédié à Laurent de
Médicis le jeune, est pour Machiavel une tentative de retrouver une place dans la
vie politique de Florence. Dans ce livre, comme il l’écrit dans sa dédicace, il « ose
donner des règles de conduite à ceux qui gouvernent ».
L’ouvrage explore à la lumière de l’exemple de Rome les moyens nécessaires à
l’édification en Italie d’une véritable république et la reconstruction d’une Italie unie.
Selon Machiavel, les guerres internes et la politique pontificale étaient selon lui les
deux plus grandes plaies de l’Italie, responsables des misères du peuple et de la
faiblesse du pays
Ce traité politique fait scandale car il ne prêche pas la vertu, la morale aux
gouvernants : Machiavel explique quels sont les moyens réels qu’il faut mettre en
oeuvre pour conquérir et conserver le pouvoir politique. Les démarches
calculatrices et parfois choquantes qu’il prône ont donné l’adjectif
« machiavélique »
3) Tout d’abord il faut s’interroger sur ce qu’on considère comme un bon prince (celui
qui exerce l’autorité politique), un bon dirigeant :
Selon la doxa : On répondra le plus souvent qu’un bon prince est tout simplement un
prince vertueux. Il possède les qualités de tous les hommes dignes d’estime et ces
qualités sont poussées à un degré proportionné à la grandeur de son état.
La thèse de machiavel : Machiavel transforme totalement cette manière de voir.
Même si il est vrai, pour lui comme pour l’opinion commune, qu’un bon prince doit
savoir se faire aimer, la conséquence n’est pas qu’un bon prince doit être vertueux
mais doit seulement le paraître. L’hypocrisie devient une qualité peut-être même la
première qualité de l’homme d’État. Le cynisme de la thèse peut choquer mais pour
bien comprendre la pensée de Machiavel, il faut dépasser cette première réaction et
trouver le bon point d’équilibre : il ne faut pas essayer d’adoucir le texte de machiavel
mais il faut aussi comprendre qu’il est écrit pour trouver ce qui correspond aux
véritables intérêts de l’État. Si Machiavel prend un parti, c’est celui de la lucidité et non
de la cruauté ou encore de l’immoralité.
Cette thèse est expliquer dans le chapitre 17 de Le prince intitulé : « De la cruauté et
de la pitié, s’il est mieux d’être aimé que craint ou le contraire »

Dans ce chapitre Machiavel explique qu’un prince, un gouvernant, aura plus d’autorité
s’il est connu pour sa sévérité que pour sa clémence car je cite : « on appréhende
beaucoup moins d’offenser celui qui se fait aimer que celui qui se fait craindre ». La
crainte est alors un moyen de contrôler le peuple et d’éviter des soulèvements même
si cela induit de devoir supprimer des vies. On pourra résumer la leçon de Machiavel
ainsi : Comme les hommes sont méchants, celui qui veut les gouverner doit être
encore plus méchant.
En plus, Machiavel recommande au prince d’attenter aux biens plutôt qu’aux
personnes ce qui va à l’encontre de la morale. Selon l’auteur : « les hommes oublient
plutôt la mort d’un père même que la perte de leur patrimoine » (fin du texte) Même si
Machiavel explique que si un individu ou plusieurs doivent mourir il doit y avoir une
raison valable, il recommande quand même la mort d’un être humain plutôt que la
confiscation de biens matérielles. D’un point de vue politique les objets auraient alors
plus de valeur que les hommes, cela n’est-il pas immoral ?
En même temps, un prince doit avoir une bonne réputation s’il veut faire durer son
gouvernement. On assiste alors à une autre transgression de la morale : Pour
Machiavel un prince peut mentir sur ces intentions afin de conserver une bonne image.
Il peut également supprimer ceux qui l’ont aidé pour rehausser son autorité. Ce qui
importe en politique c’est de faire durer son gouvernement. L’un des thèmes que
Le Prince aborde concerne aussi bien les actions que les attitudes du Prince dans son
rapport pas à l’État de manière générale mais plutôt au rapport qu’il doit entretenir
avec les individus. Machiavel est connu comme celui qui ne tient que peu compte de
la morale dans l’attitude qu’un prince devrait avoir. C’est en partie faux, tout en ayant
un fond de vérité. En effet, Machiavel préfère « se conformer à la vérité effective de la
chose plutôt qu’aux imaginations qu’on s’en fait. » (p. 131). Un prince vertueux est
évidemment préférable à un cruel ; mais celui qui cherche en toute situation à être un
homme de bien sera forcément détruit par l’infinité d’individus qui ne sont pas bons.
Machiavel voit les choses de façon pragmatique : « Aussi est-il nécessaire à un prince,
s’il veut se maintenir, d’apprendre à n’être pas bon, et d’en user et n’user pas selon la
nécessité. » (p. 131). Machiavel n’encourage pas le prince à être immoral ; il lui
recommande seulement de savoir l’être si sa survie et celle de son État l’exigent. Cela
s’explique dans le contexte d’une Italie divisée et que chaque État est susceptible
d’être envahi par un État voisin si il montre un signe de faiblesse. Par conséquent,
sans chercher à avoir une mauvaise réputation ou à être craint, le prince ne doit pas
hésiter à sacrifier sa réputation et à paraître tel si cela lui permet de sauver son État ;
il est selon Machiavel mieux de paraître chargé de vices et de protéger son État que
de paraître vertueux et d’entraîner sa ruine.
"La fin justifie les moyens". Même si Machiavel n’ait jamais écrit cette phrase qu’on lui
attribue, elle résume bien sa position sur le sujet. Pour lui, le but de la politique, n’est
pas la morale mais la réussite (obtenir et conserver le pouvoir).
Le prince n’a pas à être juste. Il suffit qu’il le paraisse. La politique peut alors être
résumée comme l’art de la dissimulation au nom de l’efficacité.
Cependant, le pouvoir de l’État n’est jamais l’exercice de la force pure : le but de la
politique c’est d’instaurer "de bonnes lois" pour le bien du peuple. Mais il n’y a pas de
bonnes lois là où il n’y a pas de bonnes armes. Le prince n’est pas à vraiment immoral.
Il est amoral car il est au-dessus de la morale ordinaire. L’efficacité est la morale du
prince, car seul un pouvoir fort peut assurer la paix et donc garantir la moralité du
peuple.
Il est important d’éviter un contre sens que l’on peut faire en lisant et en étudiant
Machiavel et son oeuvre : il ne fait pas l’apologie de la tyrannie. Son texte n’est pas
immoral mais plutôt amoral : il décrit la politique telle qu’elle fonctionne dans les faits
à l’aide de nombreux exemples historiques. Il livre en fait à travers Le Prince le secret
des ruses des puissants. Pourrait-on considérer Machiavel comme un dénonciateur
de la tyrannie ?

II. Texte : Nicolas Machiavel Le Prince
Sur cela s’est élevée la question de savoir : S’il vaut mieux être aimé que
craint, ou être craint qu’aimé ?
On peut répondre que le meilleur serait d’être l’un et l’autre. Mais, comme il
est très difficile que les deux choses existent ensemble, je dis que, si l’une
doit manquer, il est plus sûr d’être craint que d’être aimé. On peut, en effet,
dire généralement des hommes qu’ils sont ingrats, inconstants, dissimulés,
tremblants devant les dangers et avides de gain ; que, tant que vous leur
faites du bien, ils sont à vous, qu’ils –vous offrent leur sang, leurs biens, leur
vie, leurs enfants, tant, comme je l’ai déjà dit, que le péril ne s’offre que dans
l’éloignement ; mais que, lorsqu’il s’approche, ils se détournent bien vite. […]
Ajoutons qu’on appréhende beaucoup moins d’offenser celui qui se fait
aimer que celui qui se fait craindre ; car l’amour tient par un lien de
reconnaissance bien faible pour la perversité humaine, et qui cède au
moindre motif d’intérêt personnel ; au lieu que la crainte résulte de la menace
du châtiment, et cette peur ne s’évanouit jamais.
Cependant le prince qui veut se faire craindre doit s’y prendre de telle
manière que, s’il ne gagne point l’affection, il ne s’attire pas non plus la haine
 ; ce qui, du reste, n’est point impossible ; car on peut fort bien tout à la fois
être craint et n’être pas haï ; et c’est à quoi aussi il parviendra sûrement, en
s’abstenant d’attenter, soit aux biens de ses sujets, soit à l’honneur de leurs
femmes. S’il faut qu’il en fasse périr quelqu’un, il ne doit s’y décider que
quand il y en aura une raison manifeste, et que cet acte de rigueur paraîtra
bien justifié. Mais il doit surtout se garder, avec d’autant plus de soin,
d’attenter aux biens, que les hommes oublient plutôt la mort d’un père même
que la perte de leur patrimoine, et que d’ailleurs il en aura des occasions
plus fréquentes. Le prince qui s’est une fois livré à la rapine trouve toujours,
pour s’emparer du bien de ses sujets, des raisons et des moyens qu’il n’a
que plus rarement pour répandre leur sang.

Extrait du Chapitre XVII
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Le Zombie, la monstruosité et l’état de nature Par Raphaël Moindreau

1. Le zombie
a. Qu’est-ce que c’est ?
Un individu ayant perdu toute forme de conscience et d’humanité, adoptant un
comportement violent envers les êtres humains, et dont le mal est contagieux.
b. Caractéristiques
Le zombie est caractérisé par un état animal, selon le concept de Descartes : Un être
n’ayant ni conscience, ni sensations, ni âme, ni raison, ayant pour seul but de se
nourrir. Il réagit "automatiquement" à des stimuli. C’est une créature intégralement
déterminée.
Contrairement à un humain dont le corps et l’esprit ne font qu’un, le zombie voit ses
deux éléments séparés.
De plus, le zombie est à l’origine une personne vivante qui est sous l’emprise d’un
sorcier, mais ayant l’apparence d’une personne morte (le terme vient d’Haïti).
A notre époque, nous associons ce terme à celui de mort-vivant. La série The
Walking dead introduit ces caractères comme des personnes mortes.
Cependant, pour les éliminer, les survivants les abattent d’une balle dans la tête car
"c’est la seule façon de les tuer", ce qui veut dire que les zombies ont encore un état
de conscience, même minimal.
Quand un humain se transforme en zombie, il est parfaitement adapté au milieu
dans lequel il évolue, comme si ses instincts étaient innés.
Extrait saison 1, épisode 6 (repère : 18 minutes 40 à 22 minutes 20)

c. Maladie et monstruosité.
L’humanité a toujours subit des épidémies, et à chaque fois, malgré les morts,
l’espèce humaine a perduré, comme si elle s’était amélioré. Nous pouvons nous
demander si "devenir zombie" est une évolution de l’espèce humaine.
Selon Montaigne : "La mort est inévitable, et ne pas s’y préparer, ou se laisser aller à
la peur est inutile et néfaste". (1572)
La mort touche aussi bien les jeunes que les vieux, comme l’épidémie. "Il est
incertain où la mort nous attende, attendons-la partout".
Pour Canguilhem, la monstruosité sert à enseigner la norme par le contraire (par
exemple, pour les déformations ou autres).
Cependant, la monstruosité est perçue dès la naissance, alors que l’état de zombie
est un devenir. La monstruosité sert à interroger l’Homme sur la constitution de la
nature humaine.
Dans The Walking Dead, une personne contaminée préférera se donner la mort que
de se transformer. Cet acte est une manifestation du désir de garder et de respecter
l’humanité. De plus, si une personne reste contaminée, elle va droit vers un destin
fatal et une exclusion de la société.
MORALE POUR MEDECINS. — Le malade est un parasite de la société. Arrivé
à un certain état il est inconvenant de vivre plus longtemps. L’obstination à
végéter lâchement, esclave des médecins et des pratiques médicales, après
que l’on a perdu le sens de la vie, le droit à la vie, devrait entraîner, de la
part de la Société, un mépris profond. Les médecins, de leur côté, seraient
chargés d’être les intermédiaires de ce mépris, — ils ne feraient plus
d’ordonnances, mais apporteraient chaque jour à leurs malades une
nouvelle dose de dégoût… Créer une nouvelle responsabilité, celle du
médecin, pour tous les cas où le plus haut intérêt de la vie, de la vie
ascendante, exige que l’on écarte et que l’on refoule sans pitié la vie
dégénérescente — par exemple en faveur du droit de vivre… Mourir
fièrement lorsqu’il n’est plus possible de vivre fièrement. La mort choisie
librement, la mort en temps voulu, avec lucidité et d’un coeur joyeux,
accomplie au milieu d’enfants et de témoins, alors qu’un adieu réel est
encore possible, alors que celui qui nous quitte existe encore et qu’il est
véritablement capable d’évaluer ce qu’il a voulu, ce qu’il a atteint, de
récapituler sa vie…

Il s’agit ici, en dépit de toutes les lâchetés du préjugé, de rétablir
l’appréciation exacte, c’est-à-dire physiologique, de ce qu’on appelle la mort
naturelle : cette mort qui, en définitive, n’est point naturelle, mais réellement
un suicide. On ne périt jamais par un autre que soi-même. Cependant, la
mort dans les conditions les plus méprisables, est une mort qui n’est pas
libre, qui ne vient pas en temps voulu, une mort de lâche. Par amour de la
vie, on devrait désirer une mort toute différente, une mort libre et consciente,
sans hasard et sans surprise...
Nietzsche, Le crépuscule des idoles, 36.
Je montrerai d’abord que l’état des hommes sans société civile (quel
état peut être nommé l’état naturel) est rien sauf une guerre de tous
contre tous ; et que, dans cet état, tous ont le droit de toutes choses.
Thomas Hobbes, Léviathan (1651)

2. Le survivant et l’Etat de Nature.
a. Définition de l’état de Nature.
L’état de Nature est la situation dans laquelle l’humanité serait en état de guerre,
"l’Etat de chacun contre chacun".
Extrait : Saison2, épisode 8 (repère : 36 minutes 30)
b. Le mode de vie des survivants.
Les survivants sont organisés en groupes armés, prêts à tuer tout autre survivant qui
représenterait une menace. L’état de Nature dans lequel évoluent les survivants de
la série est celui décrit par le philosophe Thomas Hobbes, dans son livre Le
Léviathan.
Dans cet état, le droit naturel de chacun est de préserver sa vie, qu’importe le moyen
utilisé.
Extrait : Saison 3, épisode 3 (repère : 21 minutes 08)

Les groupes de survivants sont organisés en société, même si cette dernière est
souvent primitive. Le groupe du héros (Rick Grimes) a élu résidence dans une
prison, donc protégée par de nombreux murs et grillages. A l’intérieur, chaque
survivant a un rôle défini. Un groupe ennemi de Rick est lui aussi installé dans une
ville entourée par des murs. Tous les survivants évoluent donc dans des sociétés
closes, entourées par un milieu hostile.
Les sociétés fonctionnent sur le principe de la société patriarcale, régit par des
valeurs anciennes (concept abordé par Friedrich Engels dans son livre L’origine de la
famille, de la propriété privée et de l’Etat. Engels a repris ce concept de l’auteur
Lewis Henry Morgan). Elles se manifestent par exemple par la détention des
décisions par les hommes. Les personnages n’ont aucune intimité, car ils vivent dans
des espaces trop confinés.
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Les super-héros : pouvoir et liberté, justice et démocratie Par Marie Linot

I. Pouvoir et responsabilité : Puissance est-elle synonyme de
liberté ?

Un des attraits des super-héros sont leurs pouvoirs, ces derniers donnent à
penser à l’imagination de possibilité nouvelles comme voler, voir à travers les murs
etc, et ces pouvoir semblent leurs donner un plus grand domaine de liberté.
Pour beaucoup on se représente la liberté comme une absence de limite
physique : plus notre puissance ou pouvoirs sont grand, plus ces limites sont
repoussées. Les super-héros font rêver car ils sont en théorie plus libre que nous.
Superman peut aller où il veut en volant. Ils s’enivrent parfois de leurs pouvoirs,
comme c’est le cas avec Peter Parker lorsqu’il découvre ses propres pouvoirs (38 min).
Ses nouveaux pouvoir s’accompagne d’une prise de confiance et de désirs nouveaux
pour spider man comme pour d’autres super-héros. Les superpouvoirs lui permettent
d’obtenir ce qu’il veut et on remarque que ces désirs son principalement égoïste et
superficiel, comme son désir de vengeance qui le pousse à faire un mauvais usage de
ses pouvoirs qui provoque indirectement et ironiquement la mort de son oncle ben. De
cet évènement on en déduit une morale qui est prononcée par son oncle ‘’ de grand
pouvoir implique de grandes responsabilité’’. (41.33 Min)
Cette leçon universelle vaut pour tout le monde : si l’augmentation de puissance
va de pair avec une liberté plus grande, elle est aussi accompagnée par des
obligations. On doit répondre de sa puissance et de la façon dont on l’utilise. Steve
Rogers est choisi pour devenir Captain America à cause de sa faiblesse physique : il
a donc d’avantage conscience de ce qu’apporte la puissance physique et de l’usage
prudent qu’il faut en faire. (15—20-24—25-27). IL y a une doxa qui considère que
liberté est synonyme de facilité, de plaisir ou d’absence de limite. Mais ce n’est qu’une
illusion de liberté qui peut parfois conduire à se faire l’instrument de ses désirs.
Calliclès est un sophiste qui considère que le tyran est le plus heureux des hommes
car il est au-dessus des lois grâce à son pouvoir. Socrate le réfute et lui demande (Voir
texte) Ce n’est donc pas la puissance qui nous libère ou nous rend plus heureux,
puisqu’elle peut faire de nous nos propres esclaves, en nous asservissant à nos plus
bas désirs, comme par exemple tous les super-méchants. Il faudrait donc lier la liberté
avec la responsabilité, la nécessité d’assumer ses choix. De plus le profil public d’un
super-héros le pousse à assumer cette responsabilité, car il y a un attente n ce qu’il
fait, car plus la situation est grave, plus le choix doit être fait rapidement et les
conséquences sont plus lourdes. Le super-héros est condamné à être libre, c’est-àdire
a faire des choix qui le pousse à assumer sa puissance jusqu’au bout, car la liberté
dont profite le super-héros est aussi celle qui l’engage à ses risques et périls. Ce qui
va main en main avec Sartre (voir texte). Celui qui s’engage dans la Résistance, est
irrévocablement lié à cette décision. De même le super-héros n’est libre que quand il
est prisonnier de sa mission. Il doit avoir une obligation intérieure, pour lui permettre
de résister à des contraintes extérieures et à des désirs égoïstes. Nietzsche a dit ‘’
Autour du héros, tout se fait tragédie’’’.
Pour être un super-héros il faut se sacrifier perpétuellement. Il doit toujours
choisir le bien par rapport à des désirs personnels. IL peut y avoir un conflit entre les
tendances égoïstes et le devoir morale. Il s’agit d’un conflit intérieur, dans spider Man
3, peter est transformé par un symbiote qui accentue toute ses pulsions égoïstes. Ce
changement apparait dans son costume, il devient noir. Il révèle surtout ce conflit
intérieur et de ces désirs que le super-héros doit en temps normale refouler et dont il
doit se libérer. Le film est centré sur le thème du passage à l’âge adulte, au sens ou
l’individu doit maintenant assumer ses choix et faire passer ses devoirs avant ses
envies. Et ceci est ce qu’un super-héros doit toujours faire.
Le bonheur du super-héros, sa vie personnelle, son intérêt propre, doit toujours
être sacrifié au profit de l’intérêt commun. Spiderman et Batman ne peuvent vivre leur
amour jusqu’au bout. Captain America va même jusqu’au sacrifice de soi pour sauver
la ville de New York. (1h 45- 1h47). C’est pareil avec Jean Grey qui se laisse en se
laissant engloutir par les flots pour sauver les autres. Tout ceci est réalisable car
l’amour ressenti par les héros n’est pas que pour l’être aimé mais pour l’humanité
entière. Donc le héros est une âme généreuse dans sa solidarité comme le définie
Descartes. (voir texte)
La Vertu du super-héros ne réside pas dans sa puissance, mais dans sa volonté
sans faille au service du bien. Cette volonté est autant le fais de sa naissance, et d’une disposition naturelle ainsi que sa magnanimité. De plus cette générosité
s’accompagne d’une modestie, qui consiste à s’estimer à sa juste valeur. Car de
superpouvoirs peuvent aussi être au service du mal. La vertu du super-héros réside
aussi dans le bon usage qu’il fait de son libre arbitre.
Le super-héros est dont un être bon, qui est naturellement enclin à faire le bien.
Il faut alors remarquer que sa présence trouve sa justification dans des individus qui
ont perdu de vue ce bien mais aussi dans celle de l’état qui n’est plus capable
d’assumer sa mission assuré un ordre juste.

II. Justicier et démocratie : Super-héros et Démocratie sont- ils incompatibles ?
A l’état de nature, les individus disposent de la liberté de faire tout ce que leur
puissance/ pouvoir leur permet d’accomplir. Il n’y a donc pas d’obligation collective et
on peut croire que cet état de nature est menacé, ou contrôler par la violence ou le
chaos. Un exemple est le personnage de Bane dans Batman, qui plonge la ville de
Gotham dans le chaos. Il représente, de part de son physique, cette animalité humain
que Hobbes décrit avec ‘’ L’homme est un loup pour l’homme’’. Le rôle de l’Etat est
donc d’assurer un ordre durable, qui est légitime et protecteur pour les individus. Il le
fait à travers la clarification des devoirs communs/ la loi et une médiation/les
institutions, qui doivent permettre d’éviter les disputes et l’usage a la violence. L’Etat
doit donc supprimer la loi du Talion : il ne faut pas se faire justice, mais faire respecter
une justice commune.
On remarquera que les super-héros interviennent toujours dans une situation
de crise politique, lorsque l’Etat risque de retourner à l’état de nature. La menace peut être intérieure (insécurité, corruption, complot etc.(batman, captain america2)) ou
extérieure (menace écologique, extraterrestres.( avengers, superman)). Cette menace
met en évidence les faiblesses de l’état. L’aide du super-héros est ambigu, car il rétablit l’ordre légitime, mais il est par essence antidémocratique, il incarne le sauveur, quin’est pas choisi par le peuple, mais qui justifie ses actions par une urgence pressante.
Procureur Dent compare Batman á César entrant dans Rome, auquel on donne les
pleins pouvoirs pour rétablir l’ordre. (When their enemies were at the gates, the
Romans would suspend democracy and appoint one man to protect the city. It wasn’t
considered an honor, it was considered a public service. ) Il y a aussi un autre
problème, les super-héros utilisent la violence, alors que l’état est censé en avoir le
monopole.
On remarque qu’il y a donc généralement deux manières de procéder pour un
super-héros :
Il peut se trouver directement mandater par le gouvernement. Il doit alors obéir
aux ordres donné par les autorités, il agit au nom de l’état. Il est alors vraiment
seulement qu’une arme secrète au servie de l’état, mais il peut aussi incarner une
fierté nationale, ou un idéal populaire face à l’agresseur. Cette possibilité est incarnée
par Superman ou Captain America. Steve Rogers est un soldat devenu super-soldat.
Il est mandaté par l’armée américaine pour combattre les forces de Hydra durant la
seconde guerre mondiale. Il reçoit donc des ordres et lutte pour un idéal qui le
dépasse, celui d’une nation, et d’une justice d’Etat. Il est un justicier car il défend les
intérêts de son pays et de la conception du juste définie par ses lois. Mais n’y a-t-il
pas une relativité du Juste. Celle-ci se base sur une idéologie propre à une nation,
que vaut la justice d’un autre pays. (voir texte) Pascal explique que la Justice Humaine
ne réside que dans la loi telle qu’elle est définie par la tradition et par l’Etat. On peut
alors se demander si la justice incarnée par les justiciers est absolument bonne. Ceci
est un problème qui se réduit au positivisme juridique, qui cherche à réduire le juste/le
bon au droit pénal. Ceci conduit forcément a un relativisme du bien et du mal. Les
super-héros, comme Captain America, Superman et Wonder-Women dont les
costumes porte le motif du drapeau Américain, ne sont-ils que des incarnations de la
coutume du pays qui leur donnent force et autorité ? ON peut s’attendre à ce que ces
super-héros défendent les intérêts de leurs nations subjectivement.
Pourtant il semble au contraire qu’on ait besoin des super-héros pour nous faire
concevoir la justice universelle, indépendante de la coutume et de la raison de l’Etat.
Superman se déclare citoyen du monde (voir texte).

Ceci revient au deuxième rapport possible entre justicier et l’Etat. S’il
revendique une indépendance vis-à-vis de l’Etat, il est possible d’incarner la figure de
la justice, comme Thémis la déesse de la Justice, de la loi et de l’équité, qu’on
représente les yeux bandés. Cette figure peut être retrouvée dans le personnage de
daredevil. Super-héros aveugle, il répare les torts la nuit et est avocat le jour. Il ne
s’agit plus d’obéir à des autorités corrompues, mais de rétablir l’ordre et une justice
universelle. Ceci force le super-héros a une vie de solitude car il ne peut se laisser
influencer par des relations ou des pressions extérieures. Le masque du super-héros
montre son impartialité, comme le voile d’ignorance de John Rawls. (Voir texte).
Le super-Héros fait des choix impartiaux en se mettant à la place de tout autre,
en faisant abstraction de ses pouvoirs, de son origine, de sa nationalité. Il doit
concevoir un autre rapport à la loi qui est certes humaine et relative, amis elle est aussi
générale et rigide. Le justicier ne peut incarner cette justice puisqu’il doit s’adapter à
des situations diverses, il doit donc incarner une justice supérieur comme la définit
Aristote (voit texte). Cela explique comment un personnage comme Batman en
combattant le Joker, ou d’autres super-méchants, peut se trouver hors la loi.
L’Inspecteur Gordon le dit lui-même (voit texte). Le super- héros doit parfois faire
l’usage de la violence, détourné des outils de communication et de surveillance,
s’opposer à des agents de l’ordre pour mener à bien sa mission. Mais plus important
ce genre de super-héros ne juge pas les criminels ou méchants qu’il arrête, il laisse
cela au pouvoir juridique. Le super-héros est un être d’action, il n’applique pas les lois
ou règles générales, pour savoir comment punir et agir dans des cas particulier, car il
possède une disposition au juste, une vertu qui lui permet de toujours agir dans le sens
du bien. Il est alors possible que le super-héros n’ait pas besoin de principes, car il
serait l’incarnation vivante de l’équitable. Cette vertu doit l’empêcher de tomber dans
le confort du manichéisme et de la vengeance (voit texte). (My parents deserved
justice. Rachel Dawes : You’re not talking about justice. You’re talking about
revenge.Bruce Wayne : Sometimes they’re the same. Rachel Dawes : No, they’re
never the same, Bruce. Justice is about harmony. Revenge is about you making
yourself feel better.)
Spiderman et Batman sont à des moments tenté de venger leurs proches, mais
ils dépassent rapidement ces considérations personnelles au profit d’un idéal universel
qui doit mettre fin à la violence et non la nourrir d’avantage.
Le super-héros est loin d’être une figure anti- démocratique, il peut en effet
incarner le citoyen exemplaire : nous devrions tous nous comporter comme des
individus équitable, dans notre vie citoyenne. Le super-héros est un modèle car il n’agit pas avec des intérêts égoïstes, comme en vue de gloire vaine, le désintéressement accompagne l’accomplissement de son devoir civique.
En ce qui concerne l’usage de la violence, il est possible de le mettre sur le
compte de la légitime défense. Par exemple pour les x-men, c’est uniquement en
réponse d’agression envers les mutant et lorsque l’état ne peut assurer leur sécurité
que les x-men font usage de la violence. On peut aussi penser que la violence est un
moindre mal nécessaire face un ennemi souvent très violent. Le héros ne prend aucun
plaisir à faire usage de la violence, mais y est contraint pour se défendre.
Le super-héros incarne l’espoir d’une société plus juste. Leur civisme se définit
par cette capacité de réaction et de résistance courageuse.

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Marx, Spinoza, Lordon : désir et liberté Par Victor Chatras

I. Marx, Spinoza et le néo-libéralisme
a) Karl Marx
Marx est à la fois économiste, sociologue, historien, philosophe... Ces nombreuses
compétences reflètent la pensée des économistes classiques qui pensaient que
comprendre l’économie nécessitait de prendre en compte les autres sciences sociales.
Marx est un philosophe matérialiste : il ne croyait pas en l’existence d’un monde des
idées qui apparaîtraient sur terre. Selon lui, les idées découlent des conditions
matérielles d’existence de celui qui les produit : c’est le mode de production de la vie
matérielle qui détermine le processus social, politique et intellectuel. De plus, le monde
des idées n’est pas considéré comme la réalité.
Marx a un approche matérialiste de l’histoire : l’histoire de toute société jusqu’à nos
jours n’a toujours été que l’histoire de la lutte des classes. Cette lutte des classes est
donc le moteur de l’histoire : la société a toujours été divisée en plusieurs classes
dominant/dominé, leurs luttes ont toujours aboutit à des transformations de l’appareil
de prod et donc de la société entière
Marx définit le capitalisme comme le système de la propriété privée des moyens de
production et donc l’accaparement par une minorité (la bourgeoisie) de ces moyens
de production afin d’exploiter la force de travail des prolétaires.
b) Baruch Spinoza
88
Philosophe hollandais du 17eme siècle, sa pensée est très opposée à celle de son
temps, et à l’idéalisme. C’était donc un philosophe matérialiste. Il propose une vision
de l’homme radicalement différente de celle de Descartes qui pense que l’esprit
commande au corps : l’homme n’est plus un être de raison, mais un être de désirs et
de passions, intrinsèquement. L’homme est mu par son désir de persévérer dans son
être, ce que l’on appelle le conatus, qui est la force fondamentale qui met les hommes
en mouvement.
Mais ces désirs ne sont pas librement choisis et nous aliènent. Tout d’abord, le désir
est forcément extérieur : on parle du désir DE quelque chose.
Ensuite, ces désirs ne sont donc pas choisis par nous : nous sommes déterminés par
l’extérieur. Durant notre parcours, notre vie, des événements ont créé en nous des
affects joyeux ou tristes qui ont façonné nos désirs.
L’être humain n’est donc pas maitre de ses désirs mais est soumis à eux.
Nos choix et donc nos actions ne nous appartiennent pas : le libre arbitre devient
caduc. Les êtres agissent comme les contraintes dans lesquelles ils sont plongés les
obligent à se comporter. L’homme auto déterminé est un leurre. Avec cette notion
d’auto détermination disparaît également une autre notion : celle du mérite, érigé en
valeur fondamentale de la société néo libérale.
c) Le néo libéralisme
Le libéralisme est à la fois une doctrine philosophique et économique qui met la liberté
de l’individu au centre des préoccupations. Elle s’est affirmée avec notamment les
Lumières et la lutte contre l’absolutisme. Le libéralisme voit l’individu comme un être
libre de lui-même, désirant plus que tout la liberté, auto déterminé. Cet individu a
naturellement des droits, qui lui sont inaliénables comme le droit à la propriété et à la
liberté.
Le libéralisme politique, notamment théorisé par A.Smith, voit l’État comme un frein à
la liberté des individus. Il devrait selon les libéraux se cantonner aux fonctions
régaliennes (sécurité, justice). Le courant physiocrate décrit le marché comme un
ensemble équilibré et irrégulable sous peine d’effet pervers. Smith développe la théorie
de la main invisible, selon laquelle la libre concurrence des intérêts privés aboutirait
au bonheur commun. Ce libéralisme a permis, au xix siècle, l’enrichissement de la
bourgeoisie : guerre de l’opium, chasse à l’état providence (new poor laws Ricardo...)
Tout cela a inspiré le néo libéralisme : après la 2GM, la plupart des états ont adopté
des politiques économiques protectionnistes (Keynes). L’état providence (santé,
allocs...) était très développé. Mais tous ces services étaient autant de choses
auxquelles les marchés n’avaient pas accès. Egalement, les marchés avaient une
marge de manoeuvre très restreinte. C’est à partir de la fin des années 70/début 80
(Thatcher Reagan) que l’état décide de libéraliser les mouvements de capitaux : les
marchés financiers deviennent par la suite les acteurs ultra dominants de l’économie,
investissant selon leur bon vouloir (liquidités) et aux dépend des travailleurs qui se
retrouvent en concurrence avec les travailleurs du monde entier. L’inflation doit être
évitée à tout prix, ainsi que l’endettement trop important d’un état, l’état ne doit pas
s’occuper de tous les services et doit s’ouvrir aux acteurs privés au nom de la
concurrence libre et non faussée. Tout cela est théorisé par M. Friedman ou Friedrich
Hayek (la route de la servitude : la trop présence de l’état conduit au totalitarisme, la
planification économique est synonyme de fascisme ou communisme)
L’individualisme libéral explique « respecter l’individu en tant que tel, reconnaître que
ses opinions et ses goûts n’appartiennent qu’à lui ». L’état, instrument de coercition,
ne doit pas s’immiscer dans la vie des citoyens.

II. Frédéric Lordon : un philosophe économiste
Lordon se réclame à la fois du structuralisme et des économistes classiques. Il admet
qu’en économie des structures existent et que c’est dans leur cadre qu’opèrent des
individus en exerçant leur puissance d’agir, ils sont orientés par elles, elles sont très
puissantes. Mais contrairement aux économistes néo-classiques, il ne croit pas en
l’équilibre mécanique de ces forces éco. Reprenant Spinoza, il décrit un monde
économique soumis aux passions : la folie des grandeurs entrepreneuriale, les traders
survoltés... Dans son livre « Capitalisme : Désir et Servitude » il décrit plus
particulièrement l’un des aspects essentiel du capitalisme : le rapport salarial.
Le rapport salarial est ce que l’on appelle un rapport d’enrôlement des conatus : le
patron a un désir (le profit, réaliser un rêve..). Mais pour poursuivre ce désir il a besoin
de personnes tierces. Il lui faut donc enrôler des conatus afin qu’ils s’activent dans le
but de poursuivre le « désir maître » patronal.
La question est : comment enrôler ces puissances d’agir qui n’ont pas les mêmes
désirs ?
Le capitalisme, selon Lordon, a « organisé la dépendance à l’argent. Il est aujourd’hui
presque impensable d’imaginer une vie sans argent. Les pourvoyeurs de cet argent
sont donc ceux qui détiennent le capital, la richesse : la « bourgeoisie ». Tout être a
pour désir basal, primitif, celui de se reproduire dans l’existence matérielle et
biologique, c’est à dire de perdurer, pour reprendre Marx « se nourrir, se vêtir, se
chauffer, et quelques autres choses encore » (le conatus fait qu’une chose ou qu’un
être essaye par tous les moyens de perdurer/persévérer dans son être ». Le patron
qui détient le capital peut ainsi soumettre à son désir ceux qui ne possèdent pas le
capital en quantité suffisante. (De plus, l’argent est aujourd’hui la projection
extériorisée de nos propres désirs, sous la forme d’objets marchands. C’est notre
violence de désirer qui est fixée dans l’argent. ). Ceci est la première phase historique
du capitalisme : le règne à la crainte. Ce que Lordon résume par le « marche ou
crève ».
Pour citer Lordon : « les capitalistes ont compris qu’il était plus facile de régner à
l’amour qu’à la crainte ». La situation des prolétaires du xixème et de la première moitié du xxème siècle était vectrice de tensions sociales qui amenaient parfois à des révoltes (devenir perpendiculaire).
Les capitalistes ont alors, en ouvrant aux prolétaires l’accès à la consommation de
masse, créé dans le travail des affects joyeux extrinsèques. (travail → argent →
consommation → joie).
Cela a réduit un peu l’angle alpha.
Mais actuellement, le projet néo libéral de saisissement des âmes tente de nulifier cet
angle. Le désir maître et le désir enrôlé ne doivent faire qu’un. Pour cela, il faut charger le travail en affects joyeux intrinsèques ; ce ne sont plus les conséquences du travail qui doivent emplir de joie l’individu mais bien le travail lui-même. On a donc vu fleurir des théories et des pratiques visant à créer des individus dociles et aimant travailler.
Par ex : la première étape de recrutement vise à sélectionner ceux qui seront les plus
aptes à servir le désir maitre, à s’y plier. De plus, la proximité plus grande aujourd’hui
des patrons ou des chefs avec les travailleurs fait naitre un sentiment de familiarité :
on a envie de satisfaire cette personne, également poussé par l’espoir d’une
augmentation. Le coaching, aujourd’hui extrêmement répandu, consiste lui à expliquer
aux salariés que le problème de leur mal être au travail n’est pas lié par ex à
l’environnement délétère mais bien à eux-mêmes, à leur psychologie. Egalement, la
société présente certains métiers comme utiles, épanouissants... Enfin, le
développement du secteur tertiaire, de services, voit la dématérialisation de la
production, qui peut entrainer un questionnement du travailleur sur le sens même de
son travail, qu’il préfèrera refouler. Le projet néo libéral, pour Lordon (moyennant une
redéfinition du terme) relève du totalitarisme et de la construction d’un homme
nouveau, servile, aimant son travail, sa condition d’exploité.
Prônant la sortie du capitalisme, il prévient pourtant, souhaitant « dégriser l’utopie
marxiste », que les désirs et la violence intrinsèque à ces désirs ne disparaîtront pas
avec le capitalisme. « au lieu de chercher une éradication de la violence, en rechercher les mises en forme les moins destructrices ».
Les individus étant seuls impuissants, il faut repenser donc pas les individus mais les
structures qui déterminent ces individus.

Table des matières
Remarque préliminaire ______________________________________________ 3
SOMMAIRE _______________________________________________________ 5
Le corps et l’histoire dans les films philosophiques de Rossellini __________ 7
Par Eva Barcelo-Hermant _________________________________________________________ 7
I. Suis-je mon corps ou ai-je un corps ? __________________________________________________ 7
II. L’Histoire est-elle ce qui arrive à l’homme ou par l’homme ? _______________________________ 9
Le relativisme culturel et les « Cannibales » de Montaigne _______________ 13
Par Salomé Blaise-Deraime ______________________________________________________ 13
I. La culture dénature-t-elle l’homme ? _________________________________________________ 14
II. Les valeurs morales sont-elles relatives ? ______________________________________________ 15
III. Références ______________________________________________________________________ 16
Le portrait de l’antisémite selon Sartre : sujet, liberté et vérité ____________ 19
Par Sarah Meunier et Caroline Seyer ______________________________________________ 19
I. L’expression raciste peut-elle bénéficier de la liberté d’opinion ? __________________________ 20
II. Tous les hommes désirent-ils réellement la vérité ? _____________________________________ 21
III. Suffit-il de combattre le mal pour faire le bien ? ________________________________________ 23
IV. Suis-je le sujet de mes pensées et de mes actions ? _____________________________________ 24
Le besoin d’Art chez Witold Gombrowicz et Jean Dubuffet _______________ 27
Par Marianne Berlie et Yonah Taieb _______________________________________________ 27
I. Présentation des auteurs : __________________________________________________________ 28
II. L’art est-il un besoin naturel ? _______________________________________________________ 30
La liberté d’offenser chez John Stuart Mill et Ruwen Ogien ______________ 33
Par Louise Papelard ____________________________________________________________ 33
I. Références : _____________________________________________________________________ 33
II. La question du « mauvais goût » _____________________________________________________ 33
III. La liberté de pensée et de discussion _________________________________________________ 35
Le bonheur dans la série télévisée « Desperate housewives » ____________ 39
Par Laurianne Grima et Mathilde Fixari ____________________________________________ 39
Le bonheur est-il une affaire privée ? ______________________________________________________ 39
Le problème de la Justice dans la série télévisée « Dexter » ______________ 45
Par Caroline Garo ______________________________________________________________ 45
Sujet : Rendre justice, est-ce rendre la pareille ? _____________________________________________ 45
94
Comprendre une autre culture avec Lévi-Strauss _______________________ 51
Par Charlotte Lancelot __________________________________________________________ 51
I. Introduction sur Claude Lévi-Strauss : _________________________________________________ 51
II. Sa conception écologiste du monde aujourd’hui des sociétés modernes _____________________ 52
III. EXTRAIT DU FILM : Strauss en tant qu’Anthropologue et comment il a été présenté aux peuples
indigènes lors de ses voyages au Brésil _____________________________________________________ 52
IV. A quoi sert l’Ethnologie ? ___________________________________________________________ 53
V. FILM : pratiques que nous jugeons superstitieuses sont reliées à nous aujourd’hui = respect de la
nature = écologisme ___________________________________________________________________ 54
VI. FILM : manière d’approcher une autre société et définition d’une société ___________________ 54
VII. FILM : on n’a pas les mêmes explications de la nature de l’Homme mais on peut constater des
analogies ____________________________________________________________________________ 55
VIII. Ethnocentrisme ________________________________________________________________ 55
La morale, l’histoire et l’autre chez Simone de Beauvoir _________________ 57
Par Claire Desbordes ___________________________________________________________ 57
I. Les valeurs morales sont-elles universelles, ou bien sont-elles toujours celles des dominants ? __ 58
II. L’homme est-il le produit de son histoire ?_____________________________________________ 59
III. Qu’apporte autrui à la connaissance de soi ? ___________________________________________ 60
Vérité et devoir dans la série télévisée « How to get away with murder »____ 63
Par Clémence Deleuze et Marie Linot ______________________________________________ 63
A. La fin justifie-t-elle les moyens ? _____________________________________________________ 63
B. Faut-il toujours dire toute la vérité ?__________________________________________________ 66
La morale et la politique dans « Le Prince » de Machiavel ________________ 71
Par Klara Iochem ______________________________________________________________ 71
I. Sujet : La politique est immorale ? ___________________________________________________ 71
II. Texte : Nicolas Machiavel Le Prince ___________________________________________________ 74
Le Zombie, la monstruosité et l’état de nature _________________________ 77
Par Raphaël Moindreau _________________________________________________________ 77
1. Le zombie __________________________________________________________________________ 77
2. Le survivant et l’Etat de Nature. ________________________________________________________ 79
Les super-héros : pouvoir et liberté, justice et démocratie _______________ 81
Par Marie Linot ________________________________________________________________ 81
I. Pouvoir et responsabilité : Puissance est-elle synonyme de liberté ? ________________________ 81
II. Justicier et démocratie : Super-héros et Démocratie sont- ils incompatibles ? ________________ 83
Marx, Spinoza, Lordon : désir et liberté _______________________________ 87
Par Victor Chatras ______________________________________________________________ 87
I. Marx, Spinoza et le néo-libéralisme __________________________________________________ 87
II. Frédéric Lordon : un philosophe économiste ___________________________________________ 89
Table des matières ________________________________________________ 93