La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Publications et recensions (archives 2002-2013)

Nous cessons, depuis novembre 2013, de publier des recensions d’ouvrages philosophiques et vous invitons désormais à consulter le site créé par Jeanne Szpirglas (IA-IPR de l’académie de Versailles), à qui vous pouvez proposer vos comptes-rendus de lectures : L’Oeil de Minerve

2013

 Éric Oudin, Philosopher avec les Évangiles, Eyrolles, 2013. Préfacé par André Comte-Sponville, 160 pages.

 Wittgenstein, Sous la direction de Claude Romano, Les Cahiers d’Histoire de la Philosophie, Éditions du Cerf, 2013.

 Aristote, Mouvement des animaux, Locomotion des animaux - Traduction, introduction et notes par Pierre-Marie MOREL, Index des traités biologiques par Pierre PELLEGRIN, Paris, GF-Flammarion. Parution : 20/03/2013.

 Tamás ULLMANN, Jean-Louis VIEILLARD-BARON, Actualité d’Henri Bergson, Archives Karéline. Éd. L’Harmattan, 170 p., janvier 2013. La pensée de Bergson inaugure une nouvelle manière de penser l’homme et le monde. Un colloque à Budapest a réuni des spécialistes du philosophe. Leurs contributions traitent des perspectives ontologiques ouvertes par son œuvre, de ses enseignements concernant la morale et la religion, des implications de sa réflexion pour la philosophie de l’art, notamment de la littérature. Elles manifestent l’actualité de Bergson et la portée de son œuvre pour la pensée philosophique d’aujourd’hui. Compte rendu de Marie-Anne HELLIAN (Service de Presse - Sciences Humaines - Éditions L’Harmattan).

 Angèle KREMER-MARIETTI, Liberté de dire, Éd. L’Harmattan, Coll. Commentaires philosophiques, 118 p., janvier 2013. Liberté de dire parce que tel est l’apanage de l’humain, et qu’il feint parfois curieusement de l’ignorer. Avec cet ouvrage, est recherchée et dégagée la profonde et permanente « intention de signification » qui, au cœur des sociétés, anime tout langage et toute pensée de la philosophie de l’esprit dans son travail authentique de cognition et de communication, parti du peu probable ou du probable pour envisager et actualiser le certain, édifiant l’action humaine pleinement réussie. Compte rendu de Marie-Anne HELLIAN (Service de Presse - Sciences Humaines - Éditions L’Harmattan).

 Jean LALLOT, Études sur la grammaire alexandrine, Vrin, « Textes et traditions », 2013. 392 p. Après avoir emprunté leur alphabet aux Phéniciens, les Grecs ont inventé la grammaire, qui est au départ l’art des lettres, grammata : la grammatikè technè de Platon est la maîtrise de la lecture et de l’écriture. Mais la grammaire élémentaire, domaine du maître d’école (grammatistès), a progressivement élargi ses ambitions pour devenir l’étude savante des œuvres écrites et de la langue (grecque) – c’est le domaine du grammatikos. Dans le sillage des philosophes précurseurs (Platon, Aristote, les stoïciens), c’est en grande partie à Alexandrie que des générations de grammairiens ont donné corps et conféré une autonomie à la nouvelle discipline. On peut situer chronologiquement leur activité entre le IIIe-IIe siècle avant J.-C., époque des savants philologues de la grande Bibliothèque – au premier rang desquels Aristarque de Samothrace (ca 217-145) – et le IIe siècle de notre ère, dominé par l’activité d’Apollonius Dyscole et de son fils Hérodien. Les vingt-six études de Jean Lallot regroupées ici éclairent sous de multiples aspects – problématiques et démarches, terminologie technique, théorie des parties du discours, syntaxe – les origines et le développement d’une discipline vouée à devenir la première du trivium médiéval et à fournir le socle épistémologique de la linguistique moderne. Présentation de l’Éditeur.

 Étienne HELMER, Épicure ou l’économie du bonheur, Le passager clandestin, coll. « Les précurseurs de la décroissance », 2013, 96 p. On a surtout conservé d’Épicure (342-270 avant J.-C.) un adjectif : épicurien, dont le sens est cependant aux antipodes de sa philosophie. Pour Épicure le plaisir est effectivement le « souverain bien ». Mais il ne se fait pas pour autant l’avocat de l’excès et de l’assouvissement de tous nos désirs. Bien au contraire : à ses yeux, ce n’est que par leur maîtrise et leur limitation raisonnable – idées qui sont au cœur de la notion d’abondance frugale chère à la décroissance – que chacun pourra vivre « tel un dieu parmi les hommes ». La complétude et la suffisance à soi que l’épicurien doit viser pour être sage et heureux supposent une ascèse, c’est-à-dire une limitation des désirs au nécessaire, qui n’est pas pour autant une privation de plaisir. En mettant l’accent dans ce livre sur les aspects économiques de la pensée épicurienne – l’économie non pas comme exercice d’une froide rationalité mathématique, mais comme questionnement sur la meilleure façon de parvenir au bonheur –, Étienne Helmer montre, sans céder aux anachronismes, que les temps modernes ont plus que jamais à apprendre des grands anciens. Et si Épicure, loin d’être « épicurien », était plutôt l’un des ancêtres de la décroissance ? Présentation de l’Éditeur.

 Monique DIXSAUT, Platon et la question de l’âme, Vrin, « Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie », 2013. 288 p. Il n’y a pas, dans les Dialogues, de question plus complexe que la question de l’âme car toute autre question l’engage ; en faire abstraction, c’est pour Platon rendre tout problème insoluble. Elle est le lien interne qui empêche la psychologie, l’éthique, la politique ou la cosmologie platoniciennes de se constituer en domaines autonomes : toutes choses se trouvent nouées car tout converge vers l’âme et tout s’inscrit en elle. La vie, la pensée, le Monde lui-même tirent d’une âme leurs mouvements, mais l’âme humaine possède en propre la puissance de s’orienter vers certains objets ou de s’en détourner, de se clouer à ce qui est corporel ou de s’en séparer, et en cela consistent ses multiples actions et passions. Elle possède surtout un pouvoir d’autoquestionnement – de connaissance de soi – et le méconnaître est se condamner à mener une vie insensée : « l’âme est notre bien le plus divin et le plus propre », mais « aucun d’entre nous n’honore comme il le faut son âme ». L’honorer, c’est se demander dans quel monde et dans quelle sorte de temporalité on souhaite vivre, décider de croire à sa part divine, l’intelligence, et de ne pas être un bipède sans plumes, opter entre différentes représentations du bonheur et parier sur l’immortalité de son âme. Ce n’est pas la liberté du choix qui est pour Platon un problème mais son intelligibilité, et seuls les mythes peuvent donner à voir le plus incompréhensible : le choix que font les hommes de ne pas comprendre ce qu’ils choisissent, ni pourquoi ils le choisissent. Présentation de l’Éditeur.

2011

 Heidegger, Phénoménologie de la vie religieuse, Gallimard, 2011. Cours de Fribourg (1920-1921), traduit par J. Greisch, contenant en particulier un commentaire du Livre X des Confessions de Saint Augustin.

 Georges Canguilhem, Œuvres complètes, Tome I : écrits philosophiques
et politiques (1926-1939)
, Vrin, « Bibliothèque des Textes Philosophiques », 2011.


 Jan Patočka, Aristote, ses devanciers, ses successeurs, Vrin, « Bibliothèque des Textes Philosophiques », 2011.


 Michel Fattal, Paroles et actes chez Héraclite. Sur les fondements théoriques de l’action morale, L’Harmattan, 2011.


 Revue Corpus, n°61 (2011/2) : Matérialisme et cartésianisme. Numéro mis en oeuvre par Josiane Boulad-Ayoub, Pierre-François Moreau, Alexandra Torero-Ibad. Sommaire : Josiane Boulad-Ayoub, Pierre-François Moreau, Alexandra Torero-Ibad : avant-propos ; André Charrak : Introduction : Une infidélité décisive ; André Charrak : Descartes au principe des cosmogenèses matérialistes ? ; Olivier Bloch : Quelques héritages matérialistes du cartésianisme hétérodoxe ; Géraldine Caps : Du rôle des « médecins cartésiens » dans la constitution des matérialismes ultérieurs à Descartes ; Nicole Gengoux : La théorie cartésienne de la communication et le sensualisme campanellien, ou les apories du matérialisme métaphysique de Cyrano de Bergerac ; Alexandra Torero-Ibad : Descartes, « quoiqu’il fût épicurien… ». Une lecture de la physique de Descartes à travers le prisme de sa comparaison avec l’atomisme chez Cyrano de Bergerac ; Pierre Girard : Matérialisme et politique : les enjeux de la réception matérialiste de Descartes à Naples à l’âge classique ; Maï-Linh Eddi : Louis Meyer, entre Descartes et Spinoza ; Antonella Del Prete : Un cartésianisme « hérétique » : Pierre-Sylvain Régis ; Delphine Kolesnik-Antoine : Comment rendre l’âme « comme matérielle » ? Le cas de Malebranche ; Jean-Michel Gros : Bayle, témoin ambigu de l’influence de Descartes dans l’apparition d’une nouvelle forme du « matérialisme » ; Mitia Rioux-Beaulne : Ne livrer que la moitié de son esprit : Fontenelle devant Descartes ; François Pépin : Lectures de la machine cartésienne par Diderot et La Mettrie.


 Jean-François MALHERBE, La philosophie de Karl Popper et le positivisme logique, Editions Liber, « Petite collection », Septembre 2011. — Karl Popper a profondément marqué la philosophie anglo-saxonne du vingtième siècle. Sa Logique de la découverte scientifique est un classique de l’épistémologie, et sa critique libérale du fascisme (The Open Society and Its Enemies) a été, depuis sa publication, l’objet de nombreuses controverses dans le domaine sociopolitique. Ces deux aspects de sa philosophie ne sont cependant pas dissociés : critique des sciences et critique sociale sont en effet intégrées dans une même visée émancipatrice. — « Le travail réalisé par M. Malherbe se recommande par un triple mérite. Il nous donne une interprétation cohérente de l’ensemble de la pensée de Karl Popper […]. Il situe le “rationalisme critique” de Popper en son lieu exact, entre le néopositivisme strict de l’école de Vienne et le criticisme radical de l’école de Francfort […]. Et enfin, en procédant à cette double confrontation, il nous fait apercevoir de manière extrêmement précise et justifiée la nature de l’enjeu qui est en cause, au niveau le plus général, dans l’interprétation du phénomène moderne de la science. La rigueur, la clarté et l’élégance de l’exposé, la parfaite connaissance des textes et des problématiques sous-jacentes dont il témoigne, font du livre de M. Malherbe une oeuvre extrêmement attachante et réellement éclairante pour l’esprit. »
(Jean Ladrière, extrait de la préface).


 Paul Rateau (éd.), "Lectures et interprétation des Essais de Théodicée de Leibniz", Studia Leibniziana — Sonderhefte, Band 40, Franz Steiner Verlag, 2011. — Sommaire : Paul Rateau, "Les Essais de Théodicée : un ouvrage populaire ?" ; Hans Poser, "Wahrheit, Möglichkeit, Kompossibilität. Die komplexe Basis der Theodizee-Argumentation" ; Paul Rateau, "Ce qui fait un monde. Compossibilité, perfection et harmonie" ; Jean-Pascal Anfray, "Leibniz, le choix du meilleur et la nécessité morale" ; Francesco Piro, "L’action des créatures et le concours de Dieu chez Leibniz : entre trans-créationnistes et durandiens" ; François Duchesneau, "Autonomie des âmes et devenir des corps dans les Essais de Théodicée" ; Arnaud Pelletier, "Substance, corps et phénomène dans la Théodicée", avec une note inédite de Leibniz sur Bayle ; Anne-Lise Rey, "L’ambivalence de l’action libre : des corps physiques aux créatures" ; Enrico Pasini, "La doctrine de la spontanéité dans la Théodicée" ; Gianfranco Mormino, "La contingence dans les Essais de Théodicée de Leibniz : un réquisit de la liberté ?" ; Agustín Echavarría, "Leibniz’s concept of God’s Permissive Will" ; Juan Antonio Nicolás, "Le mal comme limite du Principe de raison" ; Maria Rosa Antognazza, "The Conformity of Faith with Reason in the "Discours Préliminaire" of the Theodicy" ; Michel Fichant, "Vérité, foi et raison dans la Théodicée" ; Frédéric de Buzon, "Les miracles dans la Théodicée : usage dogmatique et usage polémique" ; Claire Rösler, "L’influence du negotium irenicum (1697-1706) entrepris par G. W. Leibniz et D. E. Jablonski sur la Théodicée" ; Catherine Wilson, "Leibniz and the Good World".


 Francine Markovits, Le décalogue sceptique. L’universel en question au temps des Lumières, Hermann, 2011.


 Céline Spector, Au prisme de Rousseau. Usages politiques contemporains, Oxford, Voltaire Foundation, 2011.


 Eric Pommier, "La résolution du problème de la liberté dans l’Essai sur les données immédiates de la connaissance de Bergson", Klesis, 18, 2011.


 Stanley Cavell, Cities of Words/Philosophie des salles obscures, Flammarion, 2011.


 Jean-Louis POIRIER, Enseigner la philosophie : l’exemple italien, éditions de la revue Conférence, 2011.


 Dimitri TELLIER, Apprendre à philosopher avec Bergson, Ellipses, 2011.


 Robert Maggiori, Le métier de critique. Journalisme et philosophie|maggiori, Seuil, avril 2011.


 Cornelius CASTORIADIS, Thucydide, la force et le droit|castoriadis, Seuil, janvier 2011.


 Nicolas POIRIER, L’ontologie politique de Castoriadis. Création et institution|poirier, Payot, février 2011.


 Pierre Aubenque, Problèmes aristotéliciens II. Philosophie pratique, Vrin, 2011. — La philosophie, science de ce qui est, peut-elle aussi prescrire ce qui doit être ? Aristote a cherché inlassablement la réponse à cette question. Elle est à trouver à l’intersection de la théorie et de la pratique, qui, chez Aristote, présuppose une autonomie relative de l’une et de l’autre. Dans la deuxième partie de ces Problèmes aristotéliciens, la discussion se concentre sur la notion de communauté. L’homme est un animal communautaire (koinonikon), mais est-il communautaire parce qu’il communique, auquel cas le logos communicationnel serait le fondement des sociétés humaines, ou bien l’homme communique-t-il parce qu’il est d’abord communautaire par nature, ce qui impliquerait un enracinement dans une tradition, la référence à une communauté de valeurs ? On essaie de démêler ici les arguments en faveur de l’une et l’autre thèses, qui peuvent servir encore aujourd’hui dans la discussion contemporaine.

 Diderot, Fragments politiques échappés du portefeuille d’un philosophe, Textes établis et présentés par Gianluigi Goggi, Hermann, 2011.

 Michel Foucault, Leçons sur la volonté de savoir, cours au Collège de France (1970-1971), Seuil/Gallimard, février 2011.

 Kant, Réflexions métaphysiques — 1780-1789, Présentation, traduction et annotation par Sophie Grapotte, Vrin, 2011. — Les Réflexions métaphysiques ici présentées rassemblent les notes que Kant a rédigées entre 1780 et 1789 sur des feuilles intercalaires, dans les marges ou encore entre les lignes de la Metaphysica de Baumgarten.
Même si elles n’étaient pas destinées à la publication, ces notes offrent le privilège de nous mettre en contact avec une pensée en pleine élaboration, une pensée qui se cherche, qui tâtonne, c’est-à-dire avec le processus de réflexion proprement dit du philosophe. Ces notes recèlent un matériau précieux pour saisir l’évolution de l’argumentation kantienne entre les deux éditions de la Critique de la raison pure, nous donnant à voir le travail de Kant sur les concepts fondamentaux du " criticisme " et nous permettant d’appréhender les efforts qu’il a réalisés pour clarifier un argument, pour renforcer une démonstration et pour élaborer de nouveaux arguments en réponse aux critiques et aux objections formulées par ses premiers lecteurs.

 Heidegger, Parménide, Traduit de l’allemand et annoté par Thomas Piel, Gallimard, 2011.

 Aristote, Éthique à Eudème, Introduction, traduction et notes par Olivier Bloch et Antoine Leandri, encre marine, 2011.


 Aristote, Exhortation à la philosophie. I. Le dossier grec, Introduction, traduction et commentaire par Sophie Van der Meeren, Les Belles Lettres, 2011.

2010


 Jocelyn Benoist, Concepts, Cerf, 2010.


 Paul Ricœur, Être, essence et substance chez Platon et Aristote. Cours professé à l’université de Strasbourg en 1953-1954, seuil, 2010.


 Schelling, Du rapport des arts plastiques avec la nature et autres textes (1807-1808), Introduit, traduit et annoté par P. Cerutti, Vrin, 2010.


 Delphine Kolesnik-Antoine, La physique de l’Homme chez Regius, Presses de l’Université de Laval, 2010.


 MagPhilo n°26, novembre 2010. Numéro consacré à la bioéthique.


 LES ÉPICURIENS, Édition publiée sous la direction de Daniel Delattre et Jackie Pigeaud avec la collaboration d’Agathe Antoni, Clara Auvray-Assayas, Jacques Boulogne, Jacques Brunschwig, Christophe Darras, Joelle Delattre-Biencourt, Tiziano Dorandi, Julie Giovacchini, José Kany-Turpin, Carlos Levy, Annick Monet, Pierre-Marie Morel, Robert Muller, Laurent Pernot, Jean-Louis Poirier, David N. Sedley et Voula Tsouna, trad. du grec ancien et du latin par un collectif de traducteurs, 1552 pages, Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 564), Gallimard. Parution : 21-10-2010.
Cette importante publication regroupe les écrits conservés d’Épicure (parmi lesquels les fragments du traité De la nature, retrouvés à Herculanum dans la bibliothèque de la villa des papyrus, et traduits pour la première fois en français par Jacques Brunschwig) et des épicuriens (Métrodore, Hermarque, Idoménée, Polyène, Polystrate, Zénon de Sidon, Démétrios Lacon, Lucrèce, Philodème, Diogène d’Oenoanda), ainsi que les sources indirectes (Cicéron, Sénèque, Plutarque, Cléomède, Galien, Sextus Empiricus).


 Diderot, Oeuvres philosophiques, Édition publiée sous la direction de Michel Delon avec la collaboration de Barbara De Negroni, 1472 pages, 16 ill., rel. peau, 105 x 170 mm. Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 565), Gallimard.


 Gérald Sfez, Léo Strauss et le problème de l’interprétation, CNDP-CRDP, « Philosophie en cours ». octobre 2010.


 Montesquieu, Œuvres complètes, tome VII, Défense de l’Esprit des lois, Garnier, octobre 2010.


 Arnaud Macé, L’atelier de l’invisible. Apprendre à philosopher avec Platon, Paris, éditions ère, 2010, 160 pp.


 Bruno Bachimont, Le sens de la technique, Encre Marine, décembre 2010.
La technique est au cœur des préocupations contemporaines. Mais elle est aussi l’une des questions les plus anciennes puisque l’on n’a jamais rencontré une culture humaine sans technique. La technique est donc au cœur de notre humanité même, le produit de notre invention mais aussi le cadre dans lequel nous évoluons. Au-delà de ce constat, quel rôle joue exactement la technique ? Que faisons-nous de notre technique, et que nous fait la technique ?
La technique apparaît habitée dans son principe même d’une ambivalence fondamentale où elle est à la fois une émancipation et une aliénation. Émancipation, car elle permet à la conscience de s’ancrer dans son environnement, d’hériter de son passé (mémoire des contenus) et d’anticiper son avenir (les projets techniques). La technique invente de nouveaux possibles et ouvre des horizons inédits à la pensée et à l’action. Mais aussi aliénation car, dans son développement même, elle tend à réduire l’acteur humain à un simple composant et exécutant, supprimant sa liberté et ravalant sa responsabilité.
Le numérique, étape décisive dans l’évolution de notre technique contemporaine, ne fait qu’exacerber cette tension. Dégageant le principe même de la technique, le numérique est un passage à la limite qui permet de reposer de manière encore plus nette la confrontation de la promesse et de la menace.


 Pierre Guenancia, Descartes, chemin faisant, Enre Marine, décembre 2010.
Les douze études qui composent ce volume portent toutes sur des questions centrales du cartésianisme. Questions relatives à la connaissance du monde matériel et à la nature de l’âme, cette chose qui pense... Questions relatives à des problèmes plus ponctuels mais tout aussi essentiels, comme le jugement de Descartes sur Le Prince de Machiavel, ou les conseils donnés à la princesse Élisabeth sur la sagesse, la conduite de la vie, la nature du bonheur, la maîtrise des passions.
Ce n’est donc pas un Descartes systématique et purement spéculatif que ce livre cherche à expliquer, un Descartes déjà fait pour ainsi dire, mais plutôt un Descartes se faisant, au fil des rencontres avec les problèmes et les personnes. C’est une pensée qui n’a cessé de s’élaborer et de progresser d’une question à une autre, d’un domaine à un autre, une pensée en chemin, que cette suite d’études s’efforce de suivre au plus près de son développement et de sa progression, afin d’en montrer la puissance intacte et l’actualité toujours présente, comme on peut le voir dans les réflexions de Michel Foucault sur le sujet cartésien ou dans la réappropriation par Paul Valéry de la philosophie cartésienne à laquelle on doit l’avènement en philosophie d’un « Moi mémorable ».


 Thomas Berns, Laurence Blesin, Gaëlle Jeanmart, Du courage. Une histoire philosophique, Encre Marine, Décembre 2010.
Après la longue mise en veilleuse par les Modernes de tout « discours sur les vertus », force est de constater un retour de la notion de courage dans les discours contemporains : non seulement dans le champ médiatique, prompt à ériger de nouveaux temples pour des héros d’un jour, mais plus encore dans un certain discours politique qui appelle les individus tantôt à la performance, tantôt à la responsabilisation de soi. Face à ce retour qui agit à la manière d’une injonction, cet essai veut se réapproprier la notion de courage par les chemins de son histoire philosophique, de manière à indiquer les présupposés et les conséquences de ce nouvel appel commun à l’héroïsme individuel.
Le courage est-il un acte héroïque, tel que mis en scène dans l’Iliade d’Homère, ou réside-t-il dans une patience discrète, valorisée par les chrétiens ? Doit-il être pensé comme modération, dans la lignée de la morale d’Aristote, ou comme excès politique à la façon machiavélienne ? S’agit-il d’une vertu individuelle, comme le suppose l’éthique grecque, ou d’une vertu collective et anonyme telle qu’une tradition républicaine plus romaine le suggère ? Est-il défini par l’action, comme chez Arendt, ou par la réflexion, comme chez Platon et Kant ? S’il est action, celle-ci doit-elle être pensée dans son caractère radicalement politique ou, au contraire, comme le réclame Dewey, dans son contexte social ? S’il est par contre réflexion, celle-ci n’est-elle pas alors d’abord celle du philosophe sur sa propre actualité, comme le suggère Foucault ?


 Sous la direction de Claire Pagès, Lyotard à Nanterre, Klincksieck, "Continents philosophiques", juin 2010.


 Léon Brunschvicg, Introduction à la vie de l’esprit, Herman, septembre 2010.


 Les Carnets des Cahiers Philosophiques, septembre 2010. Hors-série consacré au thème de l’imagination.


 Éric Pommier, La phénoménologie de la vie de Hans Jonas en débat avec la conception spinoziste de l’organisme, Revista Conatus, volume 4, n° 7, juillet 2010.


 Éric Pommier, La relation à autrui chez Bergson, Philonsorbonne, n° 4, 2009-2010, pp.47-67.


 Chantal Jaquet, Bacon et la promotion des savoirs, PUF,
2010.


 Julie Saada, Hobbes et le sujet de droit. Contractualisme et consentement, CNRS éditions, 2010.


 Juliette Dross, Voir la philosophie. Les représentations de la philosophie à Rome, Paris, Les Belles Lettres, coll. Études anciennes, 2010, 413 p., ISBN : 978-2-251-32883-6.


 Michel Fattal, Saint Paul face aux philosophes épicuriens et stoïciens, L’Harmattan, 2010.

 L’Enseignement philosophique, juillet-août 2010 : sommaire

 Actes du colloque de doctorants et de jeunes chercheurs, "La rationalité tragique", Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne et Université Paris Ouest - Nanterre-La Défense, 2-4 juin 2009 : http://www.zetesis.fr/actes/

 Cahiers philosophiques, n° 122 : Augustin Troisième trimestre 2010.

Au sommaire :

N. Chouchan, Editorial

Jérôme Laurent, “Peccatum nihil est. Remarques sur la conception augustinienne du péché comme néant”, pp. 9-20.

Isabelle Koch, “Augustin et l’usage du monde”, pp. 21-42.

Anne-Isabelle Bouton-Touboulic, “Augustin et le corps de la voix”, pp. 43-56.

Études : Éric Pommier, “le sens de la liberté chez Bergson”, pp. 57-88.

Les Introuvables : Nicole, Introduction du symbole, section cinquième : de la grâce et de la prédestination, pp. 93-114, avec une introduction de B. de Negroni, “Grâce et liberté, de la théologie à la morale”

Situations : Entretien sur le cosmopolitisme entre Seyla Benhabib et Daniele Archibugi, pp. 115-127

Le dossier de ce numéro a été coordonné par Géraldine Lepan et Stéphane Marchand.

 Les Cahiers d’études lévinassiennes, 2010, avril, (9).

 Plotin, Traités 50-54 et et Porphyre, Vie de Plotin, sous la direction de Luc Brisson et Jean-François Pradeau, Flammarion, 2010, mars.
La présente traduction n’a fait l’impasse ni sur les trois hypostases qui caractérisent la doctrine de Plotin : l’Un, l’Intellect et l’Âme ni sur leurs implications métaphysiques et mystiques. Mais elle a voulu mettre en valeur les recherches de Plotin dans le domaine de l’épistémologie où il suit volontiers un Aristote interprété par son célèbre commentateur, Alexandre d’Aphrodise, et elle a cherché à faire ressortir l’intérêt, réel et constant, dont Plotin fait preuve pour tout ce qui touche à la nature, s’inspirant alors des stoïciens, de Platon, et surtout du Timée qu’il connaît sur le bout de ses doigts.

 Oriens Occidens, 2010, (7), "Sciences, Mathématiques et Philosophie de l’Antiquité à l’Age classique".
Au sommaire :
R. Rashed (CNRS, UMR 7219) : Préface.
P. Pellegrin (CNRS, UMR 7219) : Le débat entre médecine et philosophie dans l’Antiquité.
B. Besnier (ENS) : Aristote : le lieu, le quelque part et l’être-dans
M.-L. Desclos (Univ. Pierre Mendès France) : Théogonie hésiodique et philosophie platonicienne de l’Histoire dans le mythe du Politique.
I. Vandoulakis (Univ. of the Aegean, Mitylene) : A Genetic Interpretation of Neo-Pythagorean Arithmetic.
B. Vitrac (CNRS, UMR 8567) : Mécanique et mathématiques à Alexandrie : le cas de Héron.
N. El-Bizri (Cambridge Univ., CNRS, UMR 7219) : Ibn al-Haytham et le problème de la couleur.
M. Blay (CNRS, UMR 8630) : L’histoire des phénomènes de la couleur entre lumière et pigments.
J.V. Field (Cambridge Univ.) : The realism of Copernicus and Kepler .
A.E.L. Davis (Imperial college, London) : Kepler’s concept of an orbit.

 Frédéric Manzini, Spinoza, textes choisis et présentés par Frédéric Manzini, Seuil, 2010, mars.
Auteur réputé difficile, Spinoza est pourtant considéré aussi comme un maître de sagesse, sa philosophie comme un art de vivre et un apprentissage du bonheur, une exhortation au courage d’être libre. L’organisation géométrique et déroutante de l’Éthique, son grand œuvre, ne doit pas décourager ni faire oublier ses autres ouvrages. Il y a, dans l’histoire de la pensée, un avant et un après Spinoza. Le présent ouvrage montre comment la philosophie de Spinoza peut s’adresser à chacun, en proposant de se placer sous la conduite de la raison, de considérer les hommes tels qu’ils sont et non tels qu’on les voudrait. Un programme difficile mais salutaire.
Cette nouvelle anthologie permet de saisir l’enjeu de sa pensée de manière synthétique, à partir de textes soigneusement choisis. Une porte d’entrée dans une œuvre complexe enfin mise à la portée de tous, qui emprunte les voies suivantes :
- l’idée de souverain bien.
- une théorie de la connaissance.
- des règles pour l’action.
- la connaissance de Dieu.
- l’interprétation de l’écriture.
- la liberté.

 Didier GIL, Autour de Bachelard. Esprit et matière, un siècle français de philosophie des sciences (1867-1962), Préface de François Dagognet, Éditions Encre Marine, 2010, mars. — Autour de Bachelard, il y a ceux qui l’ont précédé ou annoncé. Plus lointainement, tous ceux avec qui il dialogue. Si sa pensée est bien au centre de ce livre, la présence d’autres penseurs alentour est rien moins qu’indifférente. Ce n’est pas une gravitation d’astres sans histoire, tournant autour d’une imaginaire étoile filante. C’est le périmètre d’action d’une pensée qu’un historien des idées doit examiner avec attention. 1867 : Ravaisson, voyant poindre avec espoir, dans un renouveau spiritualiste, le contrepoids métaphysique à l’essor des sciences, invente le pont-aux-ânes de l’antimatérialisme : « Le matérialisme est l’explication du supérieur par l’inférieur. » 1962 : disparaît Bachelard qui, il y a peu, intitulait Le Matérialisme rationnel son dernier grand livre de philosophie des sciences. Il y cherchait, dans l’histoire récente de la notion de matière, ce qui, renouvelant la science, devait révolutionner l’esprit de la philosophie ; tandis que, de l’autre côté de l’océan, Thomas Kuhn prétend trouver La Structure des révolutions scientifiques sous leurs apparentes tribulations, dans une invariable loi des paradigmes de l’esprit en général. D’un spiritualisme à l’autre, aura-t-on finalement oublié l’original éclat de la lumière bachelardienne ? À l’obscurité factice d’une longue nuit spiritualiste dont Bachelard aurait surgi de manière épique, ce livre propose d’abord de substituer l’idée d’une lente aurore de l’épistémologie bachelardienne. Comte, Lachelier, Boutroux, Bergson et, en arrière-plan, Démocrite, Aristote, Spinoza, Leibniz, Kant, Fichte, etc. : c’est avec et/ou contre tous ces philosophes que Bachelard donne sa couleur et son brillant propres à la philosophie des sciences au XXe siècle.

 Christophe Salaün, Apprendre à philosopher avec Schopenhauer, Ellipses, 2010, février.

 Labyrinthe, 2010 (34), "Comment peut-on être systématique ? Savoir et encyclopédisme au siècle des Lumières", sous la direction d’Élodie Cassan.

 Gilbert Simondon, Communication et information. Cours et conférences, Édition établie par Nathalie Simondon et présentée par Jean-Yves Chateau, Éditions de la transparence, 2010, janvier. — La communication est essentiellement liée à l’individuation, comme l’annonce la première phrase du cours de 1970-71 sur la communication qui ouvre ce recueil : pas de communication, si ce n’est entre objets suffisamment individués ; mais pas d’individuation non plus, qui ne soit l’effet d’un processus de communication. C’est que la communication dépend, avant tout, non de l’émetteur de l’information (comme semble l’entendre d’une certaine manière la théorie de l’information classique), mais du récepteur : il faut que le récepteur soit non seulement un système non fermé (comme le serait une monade de Leibniz), mais encore un système en état d’équilibre métastable, à savoir un système dans lequel une information incidente est susceptible d’être amplifiée de façon "transductive" ou bien "modulée" (comme un cristal prend, à partir de l’incidence de l’information, de l’énergie que constitue l’introduction d’un germe ou d’une impureté dans son eau-mère). Les autres cours et conférences contenus dans ce recueil apportent des éclairages sur cette thèse inaugurale et en montrent les conséquences dans les domaines de la biologie, de la sociologie et de la technique, notamment.

 Olivier bloch (Dir.), L’idée de révolution :
quelle place lui faire au XXIe siècle ?
, Publications de la Sorbonne, 2010, janvier. — Contributions de : Maurice Agulhon, Santo Alessandro Arcoleo, Emmanuel Barot, Zeïneb Ben Saïd Cherni, Jacques Bidet, Jean Godefroy Bidima, Olivier Bloch, Jacques Bonitzer, Suzanne de Brunhoff, Jean-Yves Château, Emmanuel Chubilleau, Jean-Pierre Cléro, Gilles Cohen-Tannoudji, Jacques D’Hondt, Christian Ferrié, Jean Gayon, Didier Gil, Andrew Infanti, Abdelaziz Labib, Jean-Yves Lacroix, Jean Maurel, Günther Mensching, Éric Puisais, Paolo Quintili, Jean Salem, Mariafranca Spallanzani, Claudia Stancati, André Tosel, Yves Vargas.

 Spinoza, Correspondance, Garnier-Flammarion, 2010, janvier. Traduction, présentation, notes, dossier, bibliographie et chronologie par Maxime Rovere.

 Schopenhauer, Sur le besoin métaphysique de l’humanité, éditions Mille et une nuits, 2010, janvier, 88 p., 3 €. Traduction d’Auguste Burdeau, révisée par Christophe Salaün, du chapitre XVII des suppléments du tome II du Monde comme volonté et comme représentation. Notes et postface de C. Salaün.

 Maxime Rovere, Exister. Méthodes de Spinoza, CNRS Éditions, 2010, janvier. — Tristesse, sentiment d’insignifiance, joie… l’homme est sujet à la variation de ses humeurs quotidiennes qui l’affaiblissent ou le renforcent, au hasard des rencontres. Comment exister plus intensément, de la manière la plus affirmative possible ? C’est à de telles questions que l’Éthique de Spinoza se confronte.
Avec Spinoza, nous apprenons à répondre rationnellement à la singularité des situations. Amender nos erreurs, déployer nos forces, réformer nos imaginations, activer nos passions, comprendre Dieu, vivre libre. Maxime Rovere ne cherche pas à reconstruire un système de pensée selon les voies balisées de l’histoire de la philosophie. L’Éthique n’est nullement une tentative d’explication cosmologique ou anthropologique : c’est un exemple unique d’une philosophie immédiate, consistant à déterminer sans attendre des opérations effectives, des méthodes, nécessairement locales.
Dès lors, la liberté, la connaissance, les passions, l’éternité et le bonheur, la « béatitude », trouvent un sens nouveau. La pensée se déplace d’une difficulté à l’autre : tout événement, tout affect, sont saisis par chacun d’entre nous comme des moyens d’affirmer son existence propre. C’est à cette condition que l’on peut entreprendre de répondre à notre exigence la plus fondamentale – vivre libre et heureux, ici, maintenant et toujours plus.

 Lettres croisées de Jérôme et Augustin, Texte latin, traduction, présentation et notes par Carole Fry, Les Belles Lettres, 2010, janvier.

 J. Derrida, Séminaire. La bête et le souverain, II (2002-2003), Galilée, 2010, janvier. — Le séminaire intitulé La bête et le souverain fut le dernier des séminaires donnés par J. Derrida à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) en 2001-2003. Ce second volume correspond à l’année 2002-2003 et fait suite au premier (2001-2002) paru aux éditions Galilée en 2008. Dans l’annuaire de l’EFESS 2002-2003, J. Derrida précise ainsi les enjeux de la réflexion poursuivie au cours de cette seconde année du séminaire : "Suivant et développant les prémisses des recherches poursuivies au cours de cette seconde année, nous avons fait converger tous nos efforts vers la lecture et l’interprétation de deux textes en apparence aussi hétérogènes, à tous égards, que possible : Robinson Crusoé d’une part, un célèbre séminaire de Heidegger (Les concepts fondamentaux de la métaphysique. Monde-finitude-solitude) d’autre part, et en lui notamment le cours professé en 1929-1930, qui constitue le traité le plus systématique et le plus riche de Heidegger sur l’animalité, plus précisément sur le monde pour l’animal. C’est dans ce séminaire qu’on trouve en effet les fameuses "thèses" — problématiques à mes yeux et largement questionnées dans notre séminaire ("la pierre est sans monde (weltlos), l’animal est pauvre en monde (weltarm), l’homme est configurateur de monde (weltbildend)"). Tantôt croisées, tantôt parallèles, ces lectures visaient un foyer commun : l’histoire (notamment l’histoire politique du concept de souveraineté y compris, inséparablement, celle de l’homme sur l’animal) dans l’Angleterre pré-coloniale de Defoe (avec son arrière-fond religieux étudié dans Robinson Crusoé) et à travers les nombreuses, diverses et passionnantes lectures de Robinson Crusoé au cours des siècles (Rousseau surtout, Kant, Marx et de nombreux économistes politiques du xixe siècle, mais aussi Joyce, V. Woolf, Lacan, Deleuze, etc.) et dans l’Allemagne moderne de Heidegger (le début des années 1930). Ces deux livres sont aussi des livres sur la solitude, sur le prétendu « état de nature », sur l’histoire du concept de Nature (surtout chez Heidegger) dont nous avons commencé à suivre le lexique si essentiel (souvent associé à celui de physis), si peu remarqué et si peu traduisible de Walten (Gewalt, Umgewalt, Übergewaltigkeit, etc.) qui inondera les textes de Heidegger à partir de 1935, et désigne une force ou une violence archioriginaires, de « souveraineté » – comme on traduit parfois – au-delà de l’onto-théologie, c’est-à-dire du philosophico-politique comme tel ; ce qui n’est évidemment jamais le cas ni chez Defoe ni dans le riche contexte philosophique, politique et religieux qui détermine son livre. Tels sont en gros les enjeux qui nous ont guidés dans des lectures aussi minutieuses que possible qui faisaient parfois appel à d’autres œuvres des deux auteurs."

2009


 Thibaut Gress, Apprendre à philosopher avec Descartes, Ellipses, 2009.


 Jacobi, Sur l’entreprise du criticisme de ramener la raison à l’entendement et de donner à la philosophie une nouvelle orientation, suivi de la Lettre à Fichte, introduit, traduit et annoté par Patrick Cerutti, Vrin, 2009, décembre.— Sur l’entreprise du criticisme de ramener la raison à l’entendement ouvre la voie à une compréhension différente du moment idéaliste et à une lecture alternative, aussi éloignée des interprétations phénoménologiques que néokantiennes, de la Critique de la raison pure et des pensées qui en sont issues. De tous les commentaires que les contemporains de Kant ont pu donner de la première Critique, il est, malgré diverses incompréhensions, l’un des seuls qui conservent encore aujourd’hui une pertinence. Avec la Lettre à Fichte, dont il est le prolongement, il offre en effet une première élaboration philosophique du concept de nihilisme. Le diagnostic qu’il établit doit alors se comprendre non seulement comme le point d’aboutissement des querelles théologico-philosophiques qui, à la fin du XVIIIe siècle, ont mis aux prises la philosophie de la religion et la théologie spéculative, mais aussi comme un jugement qui engage à lui seul tout l’avenir du postkantisme. Ecrits au moment de la querelle de l’athéisme et contemporains de la formation des grands systèmes idéalistes, ces deux textes constituent un document irremplaçable pour qui veut comprendre le devenir de la philosophie moderne : après l’injonction de Jacobi à affronter directement la question du néant, jamais plus une philosophie ne pourra faire l’économie de ce problème.


 Thibaut de Saint Maurice, Philosophie en séries, Ellipses, 2009, décembre.
Les grandes séries sont aujourd’hui les programmes les plus regardés de la télévision. Ce succès ne tient pas seulement à leur qualité de divertissement : il tient aussi au fait que ces séries mettent en scène les grandes questions de l’existence. Desperate Housewives pose le problème du bonheur, Prison Break, celui de la liberté, tandis que Dr House confronte au problème de la recherche de la vérité et 24 Heures Chrono conduit à se demander si tout est permis pour lutter contre des terroristes.
Pourquoi alors ne pas prendre le temps de les regarder autrement ? Pourquoi ne pas prendre au sérieux ces œuvres de fiction et en faire le point de départ d’une réflexion philosophique ?
Tel est le pari sur lequel repose Philosophie en séries. Chaque chapitre part de l’analyse d’une série, pose un problème philosophique et conduit à la lecture d’un ou plusieurs textes de philosophie plus ou moins classiques.
Clair et pédagogique, ce livre relève le pari de faire se rencontrer la culture de masse et la philosophie à travers un dialogue permanent entre les personnages et les concepts philosophiques.
Les amateurs de séries verront leurs héros préférés sous un nouvel angle tandis que les lycéens, les étudiants et tous ceux qui s’intéressent à la philosophie auront, avec ce livre, l’occasion de philosopher autrement.


 Études platoniciennes, novembre 2009 - n° 6 : Socrate : vie privée, vie publique.
Table des matières :
1. La figure publique d’un homme qui ne méritait pas de sortir de l’espace
privé : le Socrate d’Aristophane et d’Antiphon
2. Les ressources politiques et littéraires d’un retrait de la vie publique : le
Socrate de Platon
3. La grande analogie du privé et du public : le Socrate de Xénophon


 Suzanne HUSSON (sous la direction de), Interpréter le De interpretatione, Vrin, "Bibliothèque d’histoire de la philosophie", 2009, décembre.
Avant propos, par Jonathan BARNES
Introduction par Suzanne HUSSON
Pierre AUBENQUE – Sens et unité du traité aristotélicien De l’interprétation
Maddalena BONELLI – Alexandre d’Aphrodise et le De interpretatione
Cristina VIANO – Aristote contre les astrologues. Olympiodore sur le De interpretatione, chap.9.
Ali BENMAKHLOUF - La similitude entre les verbes et les noms dérivés
Irène ROSIER-CATACH – Sur le verbe substantif, la prédication et la consignification – Peri hermeneias 16 b 20-25
Suzanne HUSSON – Note sur le texte grec du Peri hermeneias 16 b 20-25 et sa tradition.
Jonathan BARNES – Le De interpretatione dans la philosophie moderne
Jean Baptiste GOURINAT – Le traité De l’interprétation entre logique classique et logique non-classique.


 Pierre Guenancia, Le regard de la pensée. Philosophie de la représentation, PUF, 2009, novembre.


 Alain Billecoq, Spinoza : questions politiques. Quatre études sur l’actualité du Traité politique, Préface de Pierre-François Moreau, L’Harmattan, 2009


 Lorenzo Corti, Scepticisme et langage, Vrin, « Bibliothèque
d’Histoire de la Philosophie », 2009.
Sextus Empiricus, médecin et philosophe du IIe siècle de notre ère, nous présente la voie pyrrhonienne pour atteindre le bonheur. Afin d’être heureux, il faut être sceptique : s’abstenir de tout jugement, de toute croyance. Mais peut-on vivre sans rien croire ? Si oui, peut-on, en particulier, parler/communiquer ? Ce livre est consacré à la question de la cohérence du scepticisme radical proposé par Sextus. Dans la première partie du volume, nous nous demandons si, de manière générale, le sceptique peut agir ; dans les deuxième et troisième parties, s’il peut maîtriser une langue.


 Graziano Scolari, Essere e Luce Lit Verlag Berlin-Hamburg-Münster, 2009, Coll. « Philosophische Plädoyers », 106 p., 19,90 €.


 Romana Bassi, Natura, uguaglianza, libertà. Rousseau nel Settecento Veneto, con inéditi di G. Toaldo, G. Franscescati, F.-M. Colle e A. Zaramellin, Pise, Ed. ETS, 2008, Coll. « Filosofia », 178 p., 15 €.


 Domenico Felice (éd.), Studi di storia della filosofia ricordando Anselmo Cassani (1946-2001), Bologne, Clueb, 2009, Coll. « Preprint », n° 29, p. 320, 25 €.


 Gilles Barroux, Philosophie de la régénération : médecine, biologie, mythologies, L’Harmattan, 2009, novembre.
L’aptitude du vivant à se régénérer reste un sujet d’étonnement
et d’investigation inépuisable. Un seul exemple suffit : les
expériences de régénération des cellules souches font régulièrement
la une de journaux scientifiques à travers le monde. Thématique
fascinante dont se sont également emparé mythologies et religions à
travers les siècles, l’idée de régénération renvoie à une longue
histoire.
L’émergence d’une conception scientifique de la régénération
connaît un moment décisif, au XVIIIe siècle, lorsque deux naturalistes,
Tremblay et Réaumur, découvrent de curieux animaux capables de
régénérer leurs bras : les polypes. Une telle découverte bouscule alors
les représentations du vivant. Si les bras de ces polypes se
reconstituent, ne pourrait-il en être de même pour d’autres créatures
vivantes ? Jusqu’où les êtres sont-ils capables de régénération ?
Pourrait-on mettre en œuvre une chirurgie de la régénération ?
La régénération a également alimenté le discours politique avec, par
exemple, le projet de régénérer l’homme, formulé de façon
récurrente lors de la révolution française, et repris par la suite.
C’est donc un retour critique aux sources historiques de cette idée de
régénération qui est proposée dans ce livre.


 J.-P. Amann, M.-L. Delfosse, M.-H. Parizeau (Sous la direction de), La recherche clinique avec les enfants : à la croisée de l’éthique et du droit, Anthemis, 2009.


 Barbara Formis (sous la direction de), Penser en Corps, Soma-esthétique, art et philosophie., L’Harmattan, 2009, décembre. Résumé et Table des matières


 E. Barot et J. Servois (dir.), Kant face aux mathématiques modernes, Vrin, 2009, octobre.— Mathématique(s), Physique(s) et logique(s) vivent depuis le XIXe siècle une révolution permanente qui fait éclater les paradigmes auxquels Newton, Aristote et Euclide étaient associés. Littéralement apparenté à ces derniers, le dispositif kantien, Critique de la raison pure au centre, fut de façon concomitante profondément remis en cause et son caractère obsolète n’a cessé depuis d’être martelé. L’objectif de ce volume est de montrer au contraire que la philosophie transcendantale, loin d’être une simple pensée du passé, non seulement n’a pas forcément été par soi invalidée par les histoires récentes de la logique et des mathématiques, mais qu’elle a également nourri, autant dans l’aire « anglo-saxonne » que dans l’aire « continentale », et au travers de multiples refontes, de fécondes perspectives.
Quatre contributions croisant ces différentes sensibilités, témoignent en première partie de cette vitalité actuelle du style kantien (J. Hintikka et R. Villko, P. Martin-Löf, J. Petitot, J.-M. Salanskis). En seconde partie sont présentées, traduites pour la première fois, deux contributions de l’École de Marbourg historiquement constitutives du débat : celle de Cassirer, Kant und die Moderne Mathematik (1907) et celle du chapitre V de l’ouvrage de Natorp, Les fondements logiques des sciences exactes (1910) consacré aux concepts de dimension et de nombre.
Ont collaboré à ce volume : E. Barot, J. Hintikka et R. Villko, P. Martin-Löf, J. Petitot, J.-M. Salanskis, V. Schaepelynck et J. Servois.


 Charles Le Blanc et Rémi Mathieu (édition et traduction du chinois), Philosophes confucianistes, Gallimard, "La Pléiade", 2009, octobre.
« Les Entretiens » de Confucius (Lunyu) - Meng zi - La Grande Étude (Daxue) - La Pratique équilibrée (Zhongyong) - Le Classique de la Piété filiale (Xiaojing) - Xun zi.
Ce volume envisage un état des lieux de la pensée confucianiste ancienne, telle qu’elle fut conçue puis se cristallisa au seuil de l’Empire, avant de connaître une véritable transmutation en réaction à la montée du bouddhisme et du taoïsme. On s’est donc attaché à regrouper les principaux auteurs qui ont prolongé la pensée de ce Maître (formulée dans le Lunyu, « Les Entretiens ») et se sont disputé l’interprétation de ses dialogues et de ses aphorismes pour constituer un système à deux branches : celle de Meng zi (ou Mencius, 385- 301) et celle de Xun zi ( 310- 235). On propose, de surcroît, trois grands textes presque aussi fondateurs – La Grande Étude, La Pratique équilibrée (autrefois traduit sous le titre L’Invariable Milieu) et Le Classique de la Piété filiale –, pour rendre compte des idées en présence dans la Chine d’avant l’Empire. En tout six ouvrages – certains traduits en français pour la première fois –, qui forment le socle sur lequel s’est bâtie, au long des siècles, l’école de Confucius, marquée, de ses débuts à nos jours, par un humanisme de fond, et n’excluant pas, loin s’en faut, les contradictions et les querelles.


 Gilles Néret (éd.), Xavier-Gilles Néret, Henri Matisse. Les papiers découpés. Dessiner avec des ciseaux, Taschen, 2009.


 Philosophie antique n°9, Néoplatonisme, 2009.
La philosophie de Plotin et de ses successeurs exerça un ascendant presque exclusif pendant près de quatre siècles et imprégna durablement la philosophie médiévale. Les études rassemblées dans ce numéro, dues en majorité à de jeunes chercheurs, témoignent à la fois du génie spéculatif des auteurs rassemblés sous l’étiquette de néoplatonisme et de la vitalité de la recherche actuelle dans ce domaine.
Le sommaire.


 Camille Riquier, Archéologie de Bergson. Temps et métaphysique, PUF, "Épiméthée", 2009, novembre
Compte rendu de lecture par Nicolas Rousseau sur Actu philosophia


 Antoine Grandjean, Critique et réflexion. Essai sur le discours kantien, Vrin, 2009, octobre.

- Corpus n° 57, La nature humaine. Lumières françaises et britanniques, 2009. Mis en oeuvre par Claire Etchegaray. 175 pages.
Claire ETCHEGARAY — Introduction — pp. 5-8 ;
Dominique WEBER — Hobbes, d’Holbach et la « nature humaine » : de la métaphysique à l’anthropologie ? — pp. 9-28 ;
Philippe HAMOU — L’instabilité des définitions de l’homme dans l’Essai sur l’entendement humain de Locke — pp. 29-50 ;
Michel MALHERBE — L’humanité des hommes au siècle des Lumières — pp. 51-74 ;
Robert MANKIN — Hume et les races humaines — pp. 75-100 ;
Laurent JAFFRO — Science de la nature humaine ou science de l’esprit humain ? Le débat écossais et son impact sur la psychologie philosophique en France — pp. 101-124 ;
Claire ETCHEGARAY — Nature humaine et scepticisme : D. Hume, Th. Reid et Th. Jouffroy — pp. 125-148 ;
Elisabetta AROSIO — La notion de nature humaine dans la première Idéologie — pp. 149-170.


 Corpus n° 56, La chimie et l’Encyclopédie — 2009. Mis en oeuvre par Christine Lehman et François Pépin 175 pages.
Christine LEHMAN et François PÉPIN — La Chimie et l’Encyclopédie : introduction — pp. 5-3 ; Rémi FRANCKOWIAK — La chimie dans les dictionnaires et encyclopédies au XVIIIe siècle : une « incuriosité peu philosophique » — pp. 37-57 ; François PÉPIN — La chimie dans les premiers volumes de l’Encyclopédie : une écriture à plusieurs mains — pp. 59-86 ; Christine LEHMAN — Les deux faces de la chimie de Venel : côté cours, côté Encyclopédie — pp. 87-116 ; Bernadette BENSAUDE-VINCENT — Le mixte, ou l’affirmation d’une identité de la chimie — pp. 117-142 ; Mi Gyung KIM —Entre la physique et la chimie : l’affinité chimique dans l’Encyclopédie — pp. 143-167 ; Gilles BARROUX — Affinités éclectiques entre chimie et médecine : l’exemple des jeux de renvois dans les articles CHIMIE et MEDECINE de l’Encyclopédie — pp. 169-190 ; Jean-Claude BOURDIN — La matière des entrailles de la terre — pp. 191-217 ; Patrice BRET — Récrire « La partie la plus imparfaite de toute l’ancienne Encyclopédie ». Les outils invisibles de Guyton de Morveau — pp. 219-252.


 Jean-François PRADEAU (sous la direction de), Histoire de la philosophie, Seuil, 2009, octobre.
Si l’histoire de la philosophie a donné lieu à quelques monuments éditoriaux depuis un siècle, très rares ont été les entreprises synthétiques, accessibles aux néophytes comme aux initiés, et retraçant en un unique volume plus de deux millénaires de débats et de révolutions intellectuels. C’est le défi de la présente Histoire de la philosophie, somme rédigée par des spécialistes de toutes nationalités, qui offre une présentation avisée et didactique de l’ensemble de la tradition occidentale, des origines à nos jours. Le lecteur y est guidé parmi la pensée et les œuvres des principaux philosophes, depuis les premiers penseurs de l’antiquité grecque jusqu’aux auteurs qui réfléchissent aujourd’hui à notre connaissance de la nature, des nouvelles technologies ou au gouvernement de la cité. Il pénètre en outre au cœur des grandes joutes culturelles, religieuses, scientifiques ou politiques auxquelles les philosophes ont pris part ; celles-là mêmes au sein desquelles la philosophie s’est élaborée, renouvelée et ne cesse de poursuivre son questionnement.
Jean-François Pradeau est professeur de philosophie à l’université de Lyon 3. Spécialiste de l’Antiquité, il est l’auteur de nombreux livres consacrés notamment à l’œuvre de Platon, dont Platon, l’imitation de la philosophie (Aubier, 2009).
Compte rendu de lecture par Thibaut Gress sur Actu Philosophia


 Michel FATTAL, Le Langage chez Platon. Autour du Sophiste, L’Harmattan, "Ouverture Philosophique", 2009, octobre.
C’est dans le Sophiste que Platon élabore une théorie philosophique du langage qui est complète et achevée. Le présent ouvrage se propose de montrer toute l’originalité de la pensée platonicienne en matière de langage. Il entend ainsi décrire l’itinéraire intellectuel et philosophique qui a conduit Platon à élaborer sa théorie de la proposition, et à réflechir sur les conditions de possibilité du vrai et du faux dans les discours.


 Chantal JAQUET, Pascal SÉVÉRAC et Ariel SUHAMY (sous la direction de ), La théorie spinoziste des rapports corps/esprit et ses usages actuels, Hermann, 2009.
Dans le cadre des débats actuels autour de ce que l’on appelle « the mind and body problem », la conception spinoziste de l’unité du corps et de l’esprit est souvent invoquée comme un modèle et une référence, susceptibles d’éclairer l’approche théorique du problème et de fonder une nouvelle pratique scientifique. Contre l’erreur mémorable de Descartes, le neurobiologiste Antonio Damasio proclame ainsi que Spinoza avait raison.
Qu’en est-il exactement ? L’auteur de « l’Éthique » invite, semble-t-il, à mettre un terme aux querelles entre monistes et dualistes en proposant de penser l’esprit et le corps comme un seul et même individu concevable sous deux expressions physique et mentale.
C’est cette solution originale et ses usages contemporains qui sont examinés ici à la lumière des recherches les plus récentes. Il s’agit tout autant de revenir sur la doctrine, mal comprise sous le nom de « parallélisme psychophysique », que de faire le point sur son utilisation au XXe et XXIe siècles, dans le cadre des philosophies du langage et de la déconstruction, ainsi que dans les domaines de la neurobiologie, de la psychanalyse ou encore de la toute nouvelle psychomotricité.
Ont collaboré à cet ouvrage : Saverio ANSALDI, Henri ATLAN, Bruno BUSSCHAERT, Julien BUSSE, Pascale GILLOT, Chantal JAQUET, Denis KAMBOUCHNER, Adrien KLAJNMAN, Lia LEVY, Bernard MEURIN, Vittorio MORFINO, Kim Sang ONG-VAN-CUNG, Maxime ROVERE, Pascal SÉVÉRAC, Ariel SUHAMY, Béatrice VANDEWALLE, Lorenzo VINCIGUERRA.


 Jean Vioulac, L’époque de la technique. Marx, Heidegger et l’accomplissement de la métaphysique, PUF, 2009, octobre.


 Le Philosophoire, octobre 2009 - n°32 : numéro consacré à La politique.
Le sommaire du numéro.
Le site du Philosophoire.

- Corpus n° 56 : "La chimie et l’Encyclopédie", septembre 2009. Mis en oeuvre par Christine Lehman et François Pépin. 175 pages. — Christine LEHMAN et François PÉPIN, "La Chimie et l’Encyclopédie : introduction", pp. 5-36 ; Rémi FRANCKOWIAK, "La chimie dans les dictionnaires et encyclopédies au XVIIIe siècle : une « incuriosité peu philosophique »", pp. 37-57 ; François PÉPIN, "La chimie dans les premiers volumes de l’Encyclopédie : une écriture à plusieurs mains", pp. 59-86 ; Christine LEHMAN, "Les deux faces de la chimie de Venel : côté cours, côté Encyclopédie", pp. 87-116 ; Bernadette BENSAUDE-VINCENT, "Le mixte, ou l’affirmation d’une identité de la chimie", pp. 117-142 ; Mi Gyung KIM, "Entre la physique et la chimie : l’affinité chimique dans l’Encyclopédie", pp. 143-167 ; Gilles BARROUX, "Affinités éclectiques entre chimie et médecine : l’exemple des jeux de renvois dans les articles CHIMIE et MEDECINE de l’Encyclopédie", pp. 169-190 ; Jean-Claude BOURDIN, "La matière des entrailles de la terre", pp. 191-217 ; Patrice BRET, "Récrire « La partie la plus imparfaite de toute l’ancienne Encyclopédie ». Les outils invisibles de Guyton de Morveau", pp. 219-252 ; Annexe : Encyclopédie, planche première, recueil des planches, t. III "chimie".


 Thomas Bénatouïl, Les Stoïciens III : Musonius, Epictète, Marc Aurèle, Les Belles-Lettres, "Figures du savoir", 2009, septembre.


 Frédéric Manzini, Spinoza : une lecture d’Aristote, PUF, Épiméthée, 2009, septembre.


 Olivier Clain (sous la direction de), Marx philosophe , Nota Bene, "Société", septembre 2009.— Jean Vioulac, Marx et la métaphysique. La question critique après Hegel. François L’Italien, La praxis comme production de la vie. Sur la philosophie du jeune Marx. Franck Fischbach, Marx et l’aliénation. Sur un aspect de la philosophie des Grundrisse. Olivier Clain, Capital, valeur et réversibilité : recherche sur les fondements de l’approche marxienne du capital financier. Manfred Bischoff, L’institution du travail. Pour un dépassement des conceptions substantive et formaliste du travail et de l’économique. Michel Ratté, La signification et l’enjeu de l’ouvrage sur Marx dans l’œuvre de Michel Henry.


 Quentin Skinnner, Hobbes et la conception républicaine de la liberté , traduit de l’anglais par Sylvie Taussig, Albin Michel, "Bibliothèque des idées", 2009, septembre. — Quatrième de couverture : "Dans Hobbes et la conception républicaine de la liberté, Quentin Skinner offre une comparaison éblouissante entre deux théories concurrentes sur la nature de la liberté humaine. La première, qui remonte à l’Antiquité classique, se trouve au coeur de la tradition républicaine romaine de la vie publique et s’est épanouie dans les cités-Républiques de l’Italie de la Renaissance. Hobbes fut le plus redoutable ennemi de ce modèle républicaniste. Ses efforts pour le discréditer et proposer une alternative ont fait date dans l’histoire de la pensée politique. Ils furent profondément marqués par les revendications des auteurs radicaux et des membres du Parlement lors des guerres civiles anglaises (1642), ainsi que par sa propre conviction de l’urgence et de la nécessité de s’y opposer, au nom de la paix. Quentin Skinner n’aborde pas la théorie politique de Hobbes comme un simple système d’idées, mais comme une intervention polémique dans les conflits de son temps, sous la surface apparemment lisse de son argumentation. Et le Léviathan, ouvrage le plus fondamental de philosophie politique jamais écrit en langue anglaise, reflète un changement majeur dans l’essence même de la pensée morale de Hobbes, car il correspond de façon très spécifique aux besoins politiques d’une époque. Puissant, engagé, accessible, ce livre constitue une excellente introduction à l’oeuvre de l’un des plus célèbres penseurs du XVIIe siècle."


 Revue de Métaphysique et de Morale, septembre 2009 - n°3 : Saint Augustin, penseur du soi.
SOMMAIRE :
Emmanuel Falque, Présentation
Luigi Alici, Le lieu d’Augustin : l’interprétation de Jean-Luc Marion
Jean Greisch, Les lieux du soi : vers une herméneutique du soi-même par l’Autre
Thomas A. Carlson, Au lieu du soi : l’advenue de Dieu
Emmanuel Falque, Le Haut Lieu du soi : une disputatio théologique et phénoménologique
Alain de Libera, Au lieu de Dieu : Jean-Luc Marion lecteur d’Augustin
Nicolas Weil, Au lieu de soi : écriture de soi et vérité


 Revue de Métaphysique et de Morale, juillet 2009 - n°2 : Méthode et interprétation à l’âge classique.
SOMMAIRE :
Adrien KLAJNMAN, Présentation
Laurent GERBIER, Une méthode pour interpréter les histoires : Machiavel et Jean Bodin
Édouard MEHL, Philosophia interpres naturae – L’interprétation de la nature au seuil de l’âge classique
Philippe BÜTTGEN, Doctrine et méthode – Le sujet pastoral de l’herméneutique luthérienne (vers 1570-vers 1630)
Adrien KLAJNMAN, Vraie Méthode et interprétation de l’Écriture chez Spinoza
VARIA
Olivier LAHBIB, Sur l’esthétique positiviste
Emmanuel ALLOA, Metaxu. Figures de la médialité chez Aristote
Augustin DUMONT, Actologie, géologie et spatialité de l’image dans Les Disciples à Saïs. Étude sur la représentation chez Novalis


 Pierre-Henry de Bruyn, Le Taoïsme. Chemins de découvertes, CNRS Editions, 2009, juillet.
En cette époque où la Chine grandit en puissance, le taoïsme, que les Chinois définissent comme "leur religion", fait de plus en plus parler de lui. En Occident, nombreux sont les thérapeutes et les praticiens de techniques psychocorporelles qui font référence à la pensée et à la philosophie issues de Lao Tsi. Mais peut-on parler du taoïsme sans décrire ses différentes formes et son évolution ?
Quarante années de recherche des sinologues sont mises à profit par Pierre-Henry de Bruyn pour explorer une tradition jusqu’alors fort méconnue. Au fil des pages, le lecteur découvrira qu’il n’y a pas en effet "un" taoïsme mais "plusieurs", unifiés par une cosmologie et une anthropologie commune centrée sur le corps et ces souffles qui l’habitent et informent de l’intérieur la texture même de l’univers.
Pierre-Henry de Bruyn, Maître de Conférences à l’Université de La Rochelle, est docteur en sinologie. Il s’intéresse aux problèmes de transmission de concepts et de croyances ainsi qu’aux perceptions du corps, de l’écriture et du langage sous-jacentes à la ciruculation d’idées et d’informations dans le monde chinois.
Compte rendu de lecture par Thibaut Gress sur Actu Philosophia.


 Les Études Philosophiques, Juillet 2009 - n°3 : Plotin et son platonisme, — Riccardo Chiaradonna, Présentation ; Gwenaëlle Aubry, "L’empreinte du Bien dans le multiple : structure et constitution de l’Intellect plotinien". Christian Tornau, "Qu’est-ce qu’un individu ? Unité, individualité,
conscience de soi dans la métaphysique plotinienne de l’âme" ; Cristina D’Ancona, "Modèles de causalité chez Plotin". Pierre-Marie Morel, "Comment parler de la nature ? Sur le Traité 30 de Plotin" ; Erik Eliasson, "Sur la conception plotinienne du destin dans le Traité 3" ; Riccardo Chiaradonna, Compte Rendu de : Eyólfur K. Emilsson, Plotinus on Intellect, Oxford,
Clarendon Press, 2007.


 Plotin, Traité 2 - IV, 7 , Cerf, 2009, juin. Introduction, traduction, commentaires et notes par Angela Longo.
« Mais maintenant, voyant l’âme qui dans la plupart des gens est souvent outragée, les êtres humains ne pensent à elle ni comme à une chose divine, ni comme à une chose immortelle. Or il faut examiner la nature de chaque chose en portant son regard sur ce qui, d’elle, est pur, puisque précisément ce qui a été rajouté devient toujours un obstacle à la connaissance de ce à quoi il a été rajouté » (10, 24-30). Nous sommes ici au cœur non seulement de l’enseignement de Plotin à propos de l’âme, mais aussi au cœur de la motivation de toute la recherche.
Une perspective axiologique est adoptée pour conduire l’enquête, perspective selon laquelle seulement l’âme bonne et vertueuse est l’âme dans sa vraie nature. Et cette bonté est ce qui l’apparente au divin ainsi qu’à l’être véritable. Il n’est plus question désormais, comme auparavant dans le traité, de l’immortalité de l’âme, à savoir de son indestructibilité, dans une perspective plutôt physique, mais de sa qualité morale, de sa pureté.


 Jean-Baptiste Gourinat, Jonathan Barnes (sous la direction de), Lire les stoïciens, PUF, "Quadrige", 2009, mai.
Né à Athènes vers 300 avant J.-C., et porté jusqu’au sommet de l’Empire romain par l’empereur philosophe Marc Aurèle (120-180 apr. J.-C.), le stoïcisme a été et reste l’une des philosophies les plus influentes de l’Antiquité. Les applications quotidiennes du stoïcisme sont bien connues, et résumées dans la notion populaire du stoïcisme : supporter avec fermeté la douleur et les épreuves. Mais, par-delà cette image du stoïcisme quotidien, les premiers stoïciens avaient élaboré l’un des systèmes philosophiques les plus complexes et les plus riches de l’Antiquité. Lire les stoïciens permet de redécouvrir cette richesse et cette complexité, et Lire les stoïciens prépare à cette lecture
L’ouvrage a été rédigé par une équipe de chercheurs de nationalités et d’horizons divers. L’ouvrage est divisé en deux parties, l’une consacrée au stoïcisme hellénistique (Zénon, Chrysippe, Posidonius) et la seconde au stoïcisme romain (Sénèque, Épictète, Marc Aurèle). Chaque chapitre aborde un aspect du stoïcisme au cours de l’une de ces périodes : logique, physique, ou éthique, ainsi que l’influence politique du stoïcisme. Une introduction présente l’histoire du stoïcisme et les difficultés liées à la lecture des textes fragmentaires. L’ouvrage est complété par une chronologie, une bibliographie et un index.
site de l’éditeur.
Compte rendu de lecture par Sandrine Alexandre sur Actu Philosophia.


 Thamar Rossi Leidi, HEGEL ET LA LIBERTÉ INDIVIDUELLE. Ou les apories de la liberté moderne , L’Harmattan, "Ouverture Philosophique", 2009, mars. — Si le concept de "liberté" occupait le centre du système de pensée de Hegel, dans lequel il voyait l’essence du monde moderne, l’auteur cherche ici à exposer dans cet ouvrage une conviction que l’essence du monde moderne est fondamentalement contradictoire. L’ouvrage vise ainsi à reconstruire les traits fondamentaux de l’"aporie" de la liberté moderne, et à montrer en quel sens la théorie hégélienne peut éclairer les événements contemporains.


 Auguste Comte, CATÉCHISME POSITIVISTE , L’Harmattan, 2009, mars. — Ce Catéchisme positiviste se présente comme une oeuvre de propagande sans cesser pourtant d’être philosophique, sous la forme de onze entretiens entre une jeune femme et un prêtre de l’humanité. Il constitue un résumé complet et didactique de la foi positive. Auguste Comte, en élevant les sciences modernes à la dignité d’une philosophie organique, a pu découvrir en elles les germes d’une spiritualité profondément humaine, d’après laquelle tracer les plans d’une République encore à venir : sans Dieu ni Roi.


 Alexandre Baillot, INFLUENCE DE LA PHILOSOPHIE DE SCHOPENHAUER EN FRANCE , L’Harmattan, 2009, avril. — Si l’empreinte de Nietzsche sur la pensée française est bien connue, celle de Schopenhauer, plus discrète, voire occulte, n’en est pas moins fondamentale. Alexandre Baillot s’emploie, dans cet ouvrage de référence, à mettre au jour la réception de Schopenhauer en France, et la grande influence de la pensée de Schopenhauer, tant sur la philosophie que sur la littérature françaises.


 Boukari Aristide Gnada, LE PRINCIPE DON EN ÉTHIQUE SOCIALE ET THÉOLOGIE MORALE. Une implication de la philosophie du don chez Derrida, Marion et Bruaire , L’Harmattan, "Ouverture Philosophique", 2009, avril. — A la lumière de la philosophie du don chez Derrida, Marion et Bruaire, le concept de don peut être considéré comme un principe explicatif et fondateur de l’éthique sociale et de la théologie morale. Le principe don est tel, tout simplement, parce que l’être humain est installé et configuré dans et par la vérité du don. Il vit dans l’univers du don.


 Abdel-Azize Houcine, Temps et langage dans la philosophie de Hegel , L’Harmattan, "Questions Contemporaines", 2009, avril. — C’est avec le langage que le temps devient une donnée universelle, c’est-à-dire un repère en soi reconnu par toute subjectivité. L’examen de la dialectique de l’Ici-Maintenant nous montre que la lecture de la temporalité spéculative est en même temps une mise en pratique de la dynamique du langage. La philosophie du concept est donc à la fois une source de créativité langagière et de production temporelle. Lire c’est produire du sens, et produire du sens c’est créer une oeuvre de langage qui se décline temporellement.


 François-Emanuël Boucher, Sylvain David, Janusz Przychodzen, Que peut la métaphore ? Histoire, savoir et poétique , L’Harmattan, "Epistémologie et philosophie des sciences", 2009, avril. — Ce collectif explore, en s’inspirant des perspectives critiques ouvertes par Nietzsche, la potentialité de la métaphore dans un usage ordinaire et pragmatique du langage. Il s’agit de déterminer en quoi une telle figure de construction, qui repose sur un singulier mécanisme d’analogie, facilite ou favorise la réflexion et la communication dans le cadre de textes à visée transitive, que ceux-ci relèvent de la philosophie, des sciences humaines, des sciences pures, de l’administration publique ou encore de l’essai.


 Dan Solcan, La piété chez Platon, Une lecture conjuguée de l’Euthyphron et de l’Apologie de Socrate , L’Harmattan, "Ouvertures philosophiques", 2009, avril. — L’analyse de l’Euthyphron et de l’Apologie de Socrate proposée dans ces pages s’appuie sur le fort lien thématique des deux textes de Platon. La lecture couplée de ces deux textes veut identifier les éléments qui permettent de reconstituer l’attitude - les croyances, la pensée, l’action - du Socrate platonicien en matière de piété et de capter sa spécificité.


 Nadia Taibi, La philosophie au travail, L’expérience ouvrière de Simone Weil , L’Harmattan, "Ouverture philosophique, 2009, avril. — Ce livre veut montrer pourquoi Simone Weil, reprenant Marx et rejetant le marxisme, ne pouvait que chercher à comprendre de l’intérieur le monde ouvrier en se faisant elle-même ouvrière. Il fallait être en contact pour penser l’oppression, c’est-à-dire pour lui résister.


 Angèle Kremer-Marietti, Auguste Comte, La Science, la Société , L’Harmattan, "Epistémologie et philosophie des sciences", 2009, avril. — La philosophie positive d’Auguste Comte était fondée sur l’hypothèse de la science sociale, et elle se développerait au fur et à mesure que se développerait la science sociale. Auguste Comte pensait régénérer notre espèce dans la "sociocratie", une forme de gouvernement, fondée sur le consentement de tous ; l’idée en a été annoncée dans l’Introduction fondamentale du Système de politique positive.


 Daniel Pimbe, L’explication interdite, Essai sur la théorie de la connaissance de Karl Popper , L’Harmattan, "Ouverture Philosophique", 2009, avril. — La théorie de la connaissance est au centre de la philosophie de Karl Popper (1902-1994). Ce dernier et l’auteur du présent ouvrage s’intéressent à une curieuse "interdiction" qui est au centre de la théorie de la connaissance elle-même : l’interdiction d’expliquer pourquoi nous réussissons si bien dans nos tentatives pour comprendre la réalité.


 Gervais Désiré Yamb, Droits humains, démocratie, état de droit, chez Rawls, Habermas et Eboussi Boulaga , L’Harmattan, 2009, avril — Droits humains, démocratie, Etat de droit sont des concepts d’actualité qui sont éclairés à partir de trois philosophes politiques contemporains, J. Rawls (Américain), J. Habermas (Allemand), F. Eboussi Boulaga (Camerounais). Le principe d’inviolabilité de la dignité humaine s’y érige en catégorie de compréhension de certaines exigences de reconstruction d’un Etat de droit démocratique en Afrique.


 Nicolas De Longeaux, La Nature et la Norme, La philosophie politique contemporaine face aux questions écologiques , L’Harmattan, "Ouverture Philosophique", 2009, avril. — Cet ouvrage propose une approche différente de la question écologique : au lieu de formuler un diagnostic de l’état de la planète, de passer en revue les malheurs du temps, il part d’une analyse de la manière dont notre système politique libéral traite les questions écologiques, et met en évidence les limites "politiques" de ce traitement ; puis il recherche dans les ressources théoriques de la philosophie contemporaine les outils qui pourraient permettre de dépasser ces limites.


 Jean-Hugues Barthelemy (sous la direction de), Cahiers Simondon, Numéro 1 , L’Harmattan, "Esthétique", 2009, avril. — Quelques-uns des meilleurs spécialistes se sont réunis pendant deux années de séminaire pour partager et discuter leur compréhension de tel ou tel aspect de la pensée du grand philosophe français Gilbert Simondon (1924-1989), reconnu comme visionnaire sur certaines des principales questions actuelles de la philosophie : le rapport humanité/animalité, la question de la technique et de sa place dans la culture, l’urgence de nouvelles Lumières face à la crise du sens et aux nouvelles formes d’aliénation, etc.


 Catherine ANDRIEU, De l’éternité du mode fini dans l’Ethique de Spinoza. Le chien constellation céleste et le chien animal aboyant , L’Harmattan, "Ouverture Philosophique", 2009, avril. — "De l’histoire de l’Eternité", comme l’écrivait Borgès, la philosophie de Spinoza est un moment privilégié, sinon décisif. Catherine Andrieu se demande si l’Eternité attribuée à Dieu et à l’homme n’est pas équivoque, reprenant ici avec Spinoza l’exemple classique du terme chien, constellation céleste et animal aboyant.


 Irma Julienne Angue Medoux, Richard Rorty. Un philosophe conséquent , L’Harmattan, "La philosophie en commun", 2009, avril. — Irma Julienne Angue Medoux effectue, en contournant toujours les idées reçues, une performance unique : elle parvient à camper Richard Rorty comme philosophe, presque comme un Socrate contemporain, alors que ses collègues, et parfois lui-même, ne lui reconnaissaient pas la capacité à l’être et déniaient à ses écrits la capacité à exprimer une critique philosophique du temps présent. Or c’est justement comme philosophe du temps présent que l’auteure réussit à lui reconnaître ici le statut de philosophe.


 Bernard JOLIBERT, Montaigne. L’éducation humaniste , L’Harmattan, "Education et Philosophie", 2009, avril. — Renouvelant la lecture de la trop célèbre opposition entre tête "bien faite" et tête "bien pleine", analysant les fondements que la réflexion radicale des Essais apporte à la pratique très actuelle de la philosophie dès l’enfance, ce livre met en pleine lumière un Montaigne porteur de la pensée éducative humaniste que la modernité tout à la fois menace et requiert.


 Anne LALANNE, La philosophie à l’école. Une philosophie de l’école , L’Harmattan, 2009, avril. — L’école de la République n’est pas un simple service public, c’est une institution politique. Sa mission d’éduquer à la raison s’ancre dans un projet d’éducation porteur d’une certaine idée de l’homme. De la même manière que le maître accompagne l’enfant dans sa démarche rationnelle à travers les disciplines enseignées, il l’accompagnera, à son niveau, dans la découverte de la raison aux prises avec les grandes questions de l’humanité : l’existence, le beau, le juste, le savoir... (DVD inclus).


 Olivier Harlingue, Sans condition. Blanchot, la littérature, la philosophie , L’Harmattan, "Nous, les sans philosophie", 2009, avril. — Blanchot et la philosophie ? Blanchot sans la philosophie ? Pour faire droit à ces questions, un dispositif théorique qui répond essentiellement à une exigence, une méthode et un objectif. Ces aspects seront définis dans cet ouvrage.


 Gérard Lebrun, Kant sans kantisme, Etudes réunies et éditées par Paul Clavier et Francis Wolff, texte établi par Jean-Baptiste Fournier, Fayard, "Ouvertures", 2009, avril. — A qui n’a jamais lu Gérard Lebrun, peut-on se contenter d’expliquer qu’il était un des plus grands historiens français de la philosophie ? On n’aurait certes pas tort. Et pourtant on risquerait de ne pas faire comprendre ce qu’il a fait et le plaisir qu’on peut encore en attendre. Car Lebrun se moque de la genèse des oeuvres et fait peu de cas des doctrines. Il se méfie de ce que nos bons manuels appellent le "platonisme" ou le "kantisme", le "rationalisme" ou l’"empirisme". Avec Gérard Lebrun, une pensée est vive lorsqu’on la pousse à ses limites, quand on en retrouve le cheminement singulier, quand on entend ses questions inouïes. Qu’on lise ! Qu’on lise et on verra que le philosophe de la modernité, Kant, est toujours plus riche, passionnant, inventif, dépaysant, troublant, en somme plus "moderne", que ce que l’histoire de la philosophie en a retenu. Il est génial dans les recoins du système, là où se posent les problèmes, au moment précis où naissent les concepts, quand s’invente la solution, là où s’ouvrent d’autres abîmes, d’autres recommencements. Le lecteur ne pourra manquer d’être saisi, ici, par l’extraordinaire richesse de l’information et par l’économie qui en est faite : pas d’esbroufe, pas de déballage, pas d’intimidation érudite. Lebrun procède par recoupements progressifs et par intensification. Il noue une trame conceptuelle à partir de "petits riens". On est conduit, par des chemins souvent inattendus, à une visite nouvelle de l’édifice ou plutôt, du chantier kantien. Kant avec Lebrun et donc Kant sans kantisme ; Kant pour ceux qui aiment lire et philosopher au plus près de ce qu’ils lisent. — Ce recueil d’articles contient : "Hume et la ruse de Kant" (1976) ; "De l’erreur à l’aliénation" (1993) ; "Le rôle de l’espace dans l’élaboration de la pensée kantienne" (1993) ; "L’approfondissement de la Dissertation de 1770 dans la Critique de la raison pure" (1980) ; "L’aporétique de la chose en soi" (1982) ; "L’antinomie et son contenu" (1999) ; "La raison pratique dans la Critique de la faculté de juger" (1982) ; "La troisième Critique ou la théologie retrouvée" (1974) ; "Oeuvre de l’art ou oeuvre d’art" (1999) ; "Une téléologie pour l’histoire ? La première proposition de l’Idée d’une histoire universelle" (inédit) ; "Une eschatologie pour la morale" (1979).


 Spinoza, Oeuvres, I, Premiers écrits, PUF, 2009, mars.


 Jacobi, Lettre sur le nihilisme et autres textes. Présentation, traduction, notes, dossier et chronologie par Ives Radrizzani, Flammarion, GF, 2009, mars. — Contient, outre la Lettre à Fichte de 1799 (éditée ici sous le titre de "lettre sur le nihilisme"), quelques autres textes de Jacobi, Fichte et Reinhold.


 Descartes, La recherche de la vérité par la lumière naturelle, PUF, 2009, mars. — Le texte de la Recherche est publié selon l’édition critique d’Erik-Jan Bos, Milan, F. Angeli, 2001. Introduction et commentaires par Ettore Lojacono, Université La Sapienza, Rome. Textes revus par Massimiliano Savini.


 David Rabouin, Mathesis Universalis. L’idée de "mathématique universelle" d’Aristote à Descartes, PUF, Épiméthée, 2009, mars. — Fondée sous les auspices du père de notre modernité philosophique, Descartes, puis consolidée par des penseurs aussi importants que Leibniz, Bolzano ou Husserl, la mathesis universalis paraît représenter à elle seule l’ambitieux programme du "rationalisme classique". Des philosophes tels que Husserl, Russell, Heidegger ou encore Cassirer ont, par la suite, su s’accorder sur un point : le développement de la "science moderne" accomplirait ce "rêve dogmatique" pour mener à son terme le destin de la métaphysique occidentale. Pourtant les recherches historiques récentes ont montré que ce concept de mathesis universalis existait bien avant Descartes, que ce dernier ne revendiquait aucune rupture et que sa propre réflexion se situait clairement dans l’héritage des Anciens. Comment alors justifier que les Anciens, avec lesquels le programme des Classiques était censé rompre, aient pu déjà se préoccuper de "mathématique universelle" ? Plus simplement encore, de quoi se préoccupaient ces philosophes sous ce concept ? Le regain d’intérêt pour la mathesis universalis à la fin du XIXe siècle n’a-t-il pas conduit paradoxalement à la perte de son sens comme problème ? Cette étude a pour but de suivre ces questions jusqu’à leur origine et de montrer son importance dans le dialogue entre mathématique et philosophie.
David RABOUIN est chargé de recherches au REHSEIS (Recherches Epistémologiques et Historiques sur les Sciences Exactes et les Institutions Scientifiques - CNRS-Paris- UMR 7596) et enseigne la philosophie à l’ENS (CIEPFC, Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine). Il est également le co-auteur de Matrix, machine philosophique (Ellipses, 2003) et codirigera prochainement la collection "Métaphysiques" aux PUF.


 Pierre Aubenque, Problèmes aristotéliciens. Philosophie théorique,
Paris, Vrin, « Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie », 2009, février.
416 p., 13,5 × 21,5 cm. ISBN : 978-2-7116-2153-8. — Les études rassemblées sont consacrées pour l’essentiel à l’aristotélisme.
L’aristotélisme, c’est d’abord Aristote. Une bonne moitié de ces études est consacrée à l’exégèse de textes d’Aristote souvent envisagés dans leur littéralité. On y trouve non un système, mais un essai de totalisation in statu nascendi ; non pas un essai de solution de problèmes qui se poseraient dans on ne sait quel ciel intelligible, mais une recherche, une interrogation suscitée par l’expérience d’un homme vivant parmi d’autres hommes au IVe siècle av. J.-C. et qui avait assimilé tout le savoir de son temps. La formulation de ces problèmes est parfois historiquement datée, mais à travers elle et ses particularités se dessine une argumentation sur le sens de l’être et de la vie humaine, qui a une portée universelle et demeure dès lors toujours actuelle. L’image qui se dessine de cette lecture est celle d’un Aristote aporétique, dialectique et ouvert, très différent du philosophe dogmatique que nous a légué sous son nom la tradition. Mais cette tradition existe. Elle est aussi à sa façon l’aristotélisme. C’est pourquoi une autre moitié de ces études est consacrée à ce que la tradition a retenu de ses lectures et relectures successives et a codifié dans un corpus constitué pour l’essentiel à la fin de l’Antiquité et au Moyen Âge.


 Barthes, Journal de deuil, Seuil, 2009, février.


 Gilbert Romeyer-Dherbey, Aristote théologien et autres études de philosophie grecque, Encre Marine, 2009, février.


 René Lefebvre et Alonso Tordesillas (textes réunis par), Faiblesse de la volonté et maîtrise de soi. Doctrines antiques, perspectives contemporaines, 2009, février. — Juger qu’une action est la bonne et cependant en effectuer une autre : la chose est d’apparence paradoxale. Les études réunies ici traitent de la façon dont les philosophes antiques ont pensé l’acrasie et son opposé, la maîtrise de soi. Elles envisagent l’infléchissement ultérieur du questionnement chez les penseurs chrétiens, d’Augustin à Thomas d’Aquin et au stoïcisme moderne, et elles proposent des réflexions originales sur la décision et l’autonomie. La confrontation entre l’akrasia des anciens et la « faiblesse de la volonté » des contemporains constitue l’une des lignes directrices de ce recueil. — Origine des textes : colloque de Rennes 8-9 mars 2007.


 Michel FATTAL, Image, Mythe, Logos et Raison, Paris, L’Harmattan, "Ouverture Philosophique", 2009, 170 pages, 15,50 euros. — Cet ouvrage se propose de réfléchir sur les différentes formes de rationalités mises en oeuvre dans l’Antiquité et au Moyen Age par Lucien de Samosate, Parménide, Platon, Plotin et saint Anselme. C’est à travers la problématique de l’Image, du Mythe, du Logos et de la Raison qu’il sera possible de rendre compte de l’originalité de ces différentes pensées situées aux confins de la rhétorique et de la philosophie, de l’esthétique et de la cosmologie, du mythe et de la raison, de la foi et de la raison, de la théologie et de la philosophie. Table des matières : I. Image, Imaginaire et Philosophie. La figure d’Héraclite qui pleure chez Lucien de Samosate ; II. Image et Production du monde chez Plotin : une critique de l’image gnostique ; III. Mimêsis, Onoma et Logos dans le Cratyle de Platon ; IV. Muthos et Logos chez Parménide ; V. Foi, Intelligence et Raison chez saint Anselme.


 Vincent Descombes et Charles Larmore, Dernières nouvelles du moi, PUF, 2009, février. — « À notre avis, il s’agit de reconnaître qu’on se trouve déjà engagé dans le monde, par le fait même de croire ou désirer des choses, avant d’accéder à une connaissance quelconque de sa vie mentale. Un peu plus loin, il est vrai, nous tombons en désaccord. Car je suis convaincu, à la différence de Descombes, qu’il y a bien un rapport à soi constitutif du sujet (ou du moi, comme je préfère dire), seulement qu’il est de nature pratique ou mieux normative, non cognitive. » (C. Larmore). La philosophie du sujet a été l’un des piliers de la philosophie moderne et elle s’est concentrée, essentiellement depuis Descartes, autour de l’idée selon laquelle le rapport primordial que nous entretenons au monde et à nous-mêmes relève de la connaissance. Le débat entre Vincent Descombes et Charles Larmore naît d’une confrontation des leçons différentes qu’ils tirent d’un commun renversement de ce modèle de la philosophie classique du sujet.


 Pierre Dardot/Christian Laval, La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale, La Découverte, 2009, janvier. — Le néolibéralisme "n’est pas seulement une politique économique qui donne au commerce et à la finance une place prépondérante. Il s’agit de bien autre chose, il s’agit de bien plus : de la manière dont nous vivons, dont nous sentons, dont nous pensons. Ce qui est en jeu n’est ni plus ni moins que la forme de notre existence, c’est-à-dire la façon dont nous sommes pressés de nous comporter, de nous rapporter les uns aux autres et à nous-mêmes." (p. 5). La "généalogie du néolibéralisme" tentée dans cet ouvrage "nous enseigne que la nouvelle raison du monde n’a rien d’un destin nécessaire qui enchaînerait l’humanité. Elle n’est en rien, au contraire de la raison hégélienne, la raison de l’histoire humaine ; elle est elle-même de part en part historique, c’est-à-dire relative à des conditions strictement singulières que rien n’autorise à penser comme indépassables. L’essentiel est de comprendre que rien ne saurait nous émanciper de la tâche de promouvoir une autre rationalité." (p.481). — Entretien avec Pierre Dardot et Christian Laval : 1.Le "néolibéralisme" - 2.La constitution du "sujet" néolibéral - 3.Foucault et la "gouvernementalité" - 4.En quoi le néolibéralisme est-il "global" ? - 5.Néolibéralisme et démocratie - 6.Comment le néolibéralisme s’est-il mis en place ?. — Lire la recension de Jean-François Bossy


 Martin Heidegger, Interprétation de la Deuxième considération intempestive de Nietzsche, Gallimard, 2009, janvier. — Tenu pendant le semestre d’hiver 1938-1939 à l’université de Fribourg-en-Brisgau, ce séminaire propose, à travers la question de la différenciation de l’homme et de l’animal, une interprétation renouvelée de la Deuxième considération intempestive de Nietzsche : "De l’utilité et des inconvénients de l’histoire pour la vie". Il met en lumière les présupposés métaphysiques du "biologisme" nietzschéen et s’engage, par-delà Nietzsche lui-même, sur la voie du dépassement de la tradition métaphysique occidentale en préparant la venue de "l’autre commencement". A ce titre, ce séminaire, qui vient s’inscrire dans la série des grands cours que Heidegger a professés sur Nietzsche à partir du milieu des années 1930, depuis La Volonté de puissance en tant qu’art jusqu’au Nihilisme européen, représente un moment essentiel du dialogue que Heidegger n’a cessé de poursuivre avec celui dont la pensée achève et accomplit l’histoire de l’oubli de l’être.


 Arnaud François, Bergson, Schopenhauer, Nietzsche. Volonté et réalité, PUF, 2009, janvier.


 Ruwen Ogien, Christine Tappolet, Les concepts de l’éthique. Faut-il être conséquentialiste ?, Hermann, 2009, janvier.


 J.-P. Narboux, A. Soulez (éd.), F. Waismann. Textures logiques, Cahiers de philosophie du langage n° 6. — Friedrich Waismann (1896-1959) ne fut pas seulement l’un des membres les plus éminents du Cercle de Vienne, mais aussi l’un des critiques les plus sagaces des doctrines par lesquelles ce "mouvement" se rendit d’abord célèbre. L’originalité de la philosophie analytique de Waismann est dévoilée dans ce volume qui rend accessibles, pour la première fois en français, deux de ses essais majeurs, Strates de langage (1953) et La philosophie telle que je la vois (1956).


 Alexis Pinchard, Les langues de sagesse dans la Grèce et l’Inde anciennes, Hautes Etudes du monde gréco-romain, 43, Genève-Paris, Droz, 2009, janvier, X-638 p., br.


 Anca Vasiliu, Dire et voir. La parole visible du sophiste. — Il est impossible de définir l’image : tel est l’un des premiers « enseignements » du Sophiste de Platon. Mais à défaut de pouvoir la définir, peut-on déjà la dire, l’affirmer comme image de quelque chose, la faire apparaître dans et par le langage ? Si l’image est du côté du non-être car de l’apparence, le langage la fait, lui, nécessairement advenir à l’être. Dès lors, chercher à savoir ce qu’est une image, serait-ce chercher à savoir ce qu’est en parler ? Tel est l’axe de recherche adopté ici : explorant les définitions de l’image formulées par Platon dans le Sophiste et le rôle particulier assigné, dans la République, au regard, le présent ouvrage nous propose de comprendre en quoi il est nécessaire, pour définir l’image, de savoir en parler et ce qu’est en parler. Le langage, lui aussi, montre, se fait image : c’est donc sur la dimension visible du langage qu’il faut travailler. Cette parole visible signale en effet un usage étrange, bizarre, inhabituel du langage, qui suppose que dire va nécessairement de pair avec voir, comme voir requiert de savoir dire ce qu’on voit. Attentive aux usages platoniciens de l’image, cette analyse du lien entre voir et dire nous initie à une autre lecture de Platon, lecture où sensible et intelligible ne sont plus opposés mais conciliés et où la pensée peut déterminer l’identité sans s’enfermer dans une logique de contraires. Elle nous livre par là même les premiers jalons d’un travail précis et approfondi de définition de l’image dans le discours philosophique ancien. — Anca Vasiliu est directeur de recherche au CNRS (Centre Léon Robin).


 Thierry Hoquet, Darwin contre Darwin : Comment lire L’Origine des espèces ?, Seuil, 2009, janvier, 448 p. — Comment lire L’Origine des espèces ? Dans son célèbre ouvrage, L’Origine des espèces, Darwin ne s’est pas uniquement préoccupé d’établir la sélection naturelle : il y mène également une réflexion sur les variations, les causes qui les produisent et les lois par lesquelles elles sont transmises ou non à la descendance.
Cette tension entre variation et sélection, qui traverse l’ouvrage dès 1859, influença la réception de L’Origine. Elle autorisa en effet plusieurs manières d’être darwinien ou antidarwinien, au point de susciter des revendications paradoxales : certains crurent que l’important était la recherche des lois de la variation, et qu’ils pouvaient se proclamer darwiniens tout en rejetant la sélection naturelle si centrale dans le darwinisme… Les querelles de traduction et les ambiguïtés nées des modifications apportées par Darwin lui-même aux éditions successives de son œuvre aggravèrent encore les tensions.
Au fil de l’analyse, on constate que darwiniens et non-darwiniens composent une palette fort nuancée et qu’ils finissent par se rejoindre dans une commune posture : pour défendre leurs positions, tous jouent Darwin contre Darwin. — Thierry Hoquet est maître de conférence en philosophie à l’université Paris X-Nanterre.

- Michel Foucault, Le courage de la vérité. Le gouvernement de soi et des autres II, Seuil/Gallimard, 2009, janvier.


 Wilfried Kuehn, Quel savoir après le scepticisme ? Plotin et ses
prédécesseurs sur la connaissance de soi
, Paris, Vrin, 2009, janvier (coll.
"Histoire des doctrines de l’Antiquité classique", 37), 471 p.


 Jon Elster, Le désintéressement. Traité critique de l’homme économique I, Seuil, 2009, janvier. — Reprend, pour l’essentiel, le Cours de 2006-2007 du Collège de France sur "Le désintéressement". La science économique n’a de cesse de nous montrer l’homme comme un agent dont les choix traduiraient la poursuite rationnelle de son intérêt. C’est à ce postulat fondamental que s’attaque le présent traité, dont Le Désintéressement est le premier volume. L’ambition de ce livre est de démontrer que les motivations désintéressées sont plus importantes dans la vie sociale que ne le conçoivent les modèles économiques aujourd’hui dominants. Théoriquement séduisants, ceux-ci s’avèrent en effet empiriquement faibles pour expliquer les comportements réels.
Mais Jon Elster ne se contente pas de souligner la distance de la théorie à l’expérience observée. Dissipant les soupçons qui pèsent souvent sur elles, il distingue aussi positivement les différentes formes de désintéressement qui façonnent nos choix, aussi bien dans la vie quotidienne ou dans les urnes que dans des situations extrêmes. Il emprunte, pour ce faire, autant aux moralistes français du XVIIe siècle et à la philosophie politique du XVIIIe qu’à la littérature, à la psychologie expérimentale ou à la théorie des jeux.


 Husserl, Leçons sur l’éthique et la théorie de la valeur (1908-1914), PUF, Coll. Épiméthée, 2009, janvier. — Traduction du texte principal et de deux annexes (Annexe VIII, "Logique et éthique" ; Annexe IX, "De la détermination formelle du bien pratique suprême et de la possibilité d’un impératif catégorique") du vol. XXVIII des Husserliana : Vorlesungen über Ethik und Wertlehre 1908-1914, publié en 1988 par Ullrich Melle, suivant le texte des cours professés par Husserl à Goettingen pendant le semestre d’hiver 1908/1909 et pendant les semestres d’été 1911 et 1914. Husserl est principalement connu en France pour ses recherches fondamentales en logique et théorie de la connaissance. Les traductions françaises de ces textes ont été si nombreuses qu’on a pu se croire autorisé à tenir les quelques développements relatifs à l’éthique qui y figuraient pour de malencontreuses incursions, portant la marque d’un intellectualisme et d’un logicisme inappropriés en cette matière. C’était méconnaître à la fois l’ampleur des efforts et la portée des résultats d’un aspect de son enseignement et de sa recherche qu’il jugeait lui-même essentiel. S’il est probablement excessif de prétendre, avec Husserl, que "tous les développements ayant un sens analogue, intervenus depuis 1902 dans la littérature philosophique, se reportent à ces leçons et à ces exercices de séminaire, si importantes qu’aient été les modifications qu’ont subies les pensées communiquées", il est incontestable que l’on a assisté, à partir des années 1900-1902, à une véritable explosion des tentatives de formalisation de l’éthique, et qu’on doit au moins reconnaître à Husserl un rôle de précurseur. La prise de connaissance de ces textes importerait donc déjà dans cette seule perspective historique. Mais il est non moins souhaitable, pour une compréhension du sens de la démarche du père de la phénoménologie, de prendre la pleine mesure des efforts déployés en vue d’une fondation phénoménologique de la théorie de la valeur et de l’éthique. Les lacunes documentaires en ces matières se sont progressivement et partiellement comblées grâce à des publications plus récentes (notamment les vol. XXVIII et XXXVII des Husserliana. Mais le massif des recherches visant à "développer de façon critique et concrète l’idée d’une axiomatique [des valeurs] et d’une pratique formelles" restait jusqu’à ce jour peu accessible à un public de langue française - pour ne rien dire de l’autre massif d’investigations phénoménologiques sur l’affectivité et la volonté dont la publication annoncée par les Archives Husserl de Louvain est fort attendue.


 Philippe Godin, Asphyxiante santé. Réévaluations esthétiques de la maladie, L’Harmattan, 2009, janvier. — L’Art brut, les créations issues de la psychopathologie ou certaines oeuvres de la modernité, nous invitent à reconsidérer la nature de la santé et de la pathologie.Nous ne prétendons pas apporter des réponses en ce domaine, (plus souvent abordé par la psychologie, la médecine ou la psychanalyse) la vérité, qu’il faut aimer pour la connaître (chap. III). Ainsi j’éprouve, au moment d’aimer (ou de haïr) la vérité, l’indisponibilité de ma propre volonté à elle-même et mon exposition incessante à la tentation. L’altérité du soi à soi ne pourra jamais se dépasser, mais elle peut se penser. Il faut pour cela identifier l’écart qui fait de je son autre le plus proche, mais le plus définitif. Cet écart se déploie dans l’événement du temps lui-même, où ce que je suis se déploie précisément et inéluctablement dans la distance, la distraction et l’écart ; toute la difficulté consiste alors à user cette distance comme un élan hors de soi, non comme une dispersion en soi (chap. V). L’écart ambivalent de sa temporalité assigne en fait le soi à sa finitude, ou plus exactement à son statut de créature (chap. VI) : en tant que tel, l’homme n’a pas d’autre essence ni définition que sa référence à Dieu, que son statut d’image renvoyée à la ressemblance de Dieu. Ce qui prend la place du soi, à savoir ce renvoi même à l’image et ressemblance, ne l’abolit donc pas, mais le reconduit à son lieu unique — à plus que soi, autre que soi, non pas plus que soi, interior intimo meo. À moins que cet excès sur soi, le soi de l’homme ne trouve pas de lieu où se poser." J-L.M.

- Thomas de Koninck, Aristote, l’intelligence et Dieu, PUF, 2008, septembre.


 Leo Strauss, La philosophie politique et l’histoire. De l’utilité et des inconvénients de l’histoire pour la philosophie, Livre de Poche, 2008, septembre.


 Nicolas Grimaldi, Proust, les horreurs de l’amour, PUF, 2008, septembre.


 Renaud Barbaras, Introduction à la philosophie de Husserl, Éditions de la transparence, 2008, septembre. Nouvelle édition revue et corrigée.


 Axel Honneth, Les pathologies de la liberté, La Découverte, 2008, septembre.


 Denis de Casabianca, Montesquieu. De l’étude des sciences à l’esprit des lois, Champion, coll. "Travaux de philosophie", 976 p., 2008, août. — Les références à la physique utilisées dans L’Esprit des lois servent à justifier l’idée que Montesquieu chercherait à appliquer les schémas de la science moderne sur un nouvel objet, la réalité sociale, et serait un précurseur de la sociologie. La lecture des textes peu connus qui concernent la physiologie ou la médecine montrent un autre visage de l’auteur. La présente étude examine comment ces essais en science sont mobilisés dans L’Esprit des lois. Ainsi, l’image de la machine sert moins à réduire la réalité sociale en un objet scientifique, qu’à exercer le regard du législateur qui doit modérer les puissances. Montesquieu aborde les lois positives avec un regard sur le tout des rapports, ce qui définit son objet, l’esprit des lois, et en s’attachant à découvrir les convenances ou les désaccords qui peuvent exister, pour prendre la mesure des situations historiques. Il ne faut pas alors opposer les sciences aux arts : le génie artiste, qui sait composer son œuvre, éclaire le sens de l’œuvre législatrice, et le « dessein » de Montesquieu. Le plan de L’Esprit des lois se comprend si on le regarde comme un « tout ensemble ». La forme de l’ouvrage se veut formatrice du regard, qui est le sens de l’esprit.


 Michel Fattal, Aristote et Plotin dans la philosophie arabe, L’Harmattan, 2008, Juin. – Quels furent le devenir et le destin d’Aristote et de Plotin au sein de la philosophie arabe ? Le pr tension, dans une perspective qui, dirait peut-être Marx, ne soit pas seulement d’interprétation, mais aussi de transformation et de réel changement." P.M.


 Jean-François Kervégan, L’effectif et le rationnel, Vrin, 2008, Janvier.


 Emmanuel Alloa, La résistance du sensible. Merleau-Ponty critique de la transparence, Kimé, 2008, janvier.

2002-2007


 Jean-Yves Lacroix, L’Utopia de Thomas More et la tradition platonicienne, Vrin, 2007, "De Pétrarque à Descartes", 448 p.), prix 2008 de l’Académie Française ("Philosophie et sociologie"). — L’Utopie de Thomas More, référence originaire de l’utopie, se revendique platonicienne. Le fait est pourtant que la description détaillée de la forme achevée d’Utopie, en ne séparant plus l’essence intelligible de l’existence sensible, du coup immédiatement déterminée en vérité, présente une tout autre ontologie. L’indétermination utopique est alors fondamentalement dans la position imaginaire de cette cité parfaite supposée sans condition effective, ce qu’exprime spécialement le caractère « oblique » de l’écriture, et cela invite à revenir en contre-point sur le sens propre de l’« atopie » socratique.
C’est dans cette perspective que l’ouvrage examine les éléments constitutifs de l’essence utopique : principalement le plaisir, le communisme, le travail et les lois, ou encore le mal et l’histoire. Le pivot de l’Utopie est l’humanitas qui, ancrée dans l’Infini divin, rend parfaite la Terre des hommes. L’ouvrage s’efforce en conséquence d’y rapporter les déplacements et les mutations qui, dans la tradition platonicienne comme dans sa critique, peuvent aider à comprendre le passage des Dialogues à l’Utopie. Son enjeu plus général est d’en dégager des utopismes, en particulier matérialistes, et ce du Fini à l’Infini. — Note biographique : Jean-Yves Lacroix est professeur de Première supérieure. Il a notamment publié L’Utopie. Philosophie de la Nouvelle Terre, Bordas 1994 et Utopie et philosophie. Un autre monde possible ?, Bordas 2004.


 Pierre-Marie Morel, De la matière à l’action. Aristote et le problème du vivant, Vrin, 2007, juin. — Aristote élabore une conception originale et subtile de l’unité de l’âme et du corps. L’âme du vivant est à son corps ce qu’est la forme à la matière : elle en est le principe ou le programme interne d’organisation et de développement. Leur unité est donc substantielle sans pour autant qu’ils se confondent. Aristote ouvre ainsi une voix singulière pour dépasser l’alternative du dualisme et du monisme. L’unité du composé d’âme et de corps est selon lui un fait indiscutable et qui, en tant que tel, n’appelle pas de justification ; mais comment concevoir l’unité du vivant s’il est fait de deux principes, l’un corporel, l’autre incorporel ? La solution du paradoxe consiste à refuser une représentation statique ou purement morphologique de l’être animé selon laquelle la vie serait la superposition ou l’addition inexplicable de deux entités distinctes. Depuis les mouvements organiques les plus simples jusqu’aux activités les plus élaborées, comme les actions morales, la vie consiste toujours en une synthèse de mouvements tout à la fois psychiques et corporels. L’unité du vivant résulte de la cohérence de ses activités. Pour le comprendre, il convient d’analyser la contributuion essentielle, mais souvent négligée, que les Petits traités d’histoire naturelle et le traité Du mouvement des animaux apportent à la problématique du traité De l’âme. C’est ce que ce livre entreprend de faire en tissant le lient qui rattache la matière à l’action et, au-delà, la philosophie du vivant à la philosophie pratique. Il apporte une contribution décisive non seulement à la pensée d’Aristote mais au problème général des rapports de l’âme et du corps.


 Florence Burgat, Liberté et inquiétude de la vie animale, Kimé, 2006 (311p.)


 Pierre Hadot, La philosophie comme manière de vivre, Entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson, Le Livre de Poche, 2003, septembre (première édition : Albin Michel 2001). À télécharger au format Word


 Bernard Sève, L’Altération musicale ou Ce que la musique apprend au philosophe, Seuil, 2002.