La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Sujets sur l’Etat

SUJETS BAC

  • 2015 L ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE
    Ni la nature ni l’histoire ne peuvent nous dire ce que nous devons faire. Les faits, qu’ils soient naturels ou historiques, ne peuvent pas prendre de décisions à notre place, ils ne peuvent pas déterminer les buts que nous allons choisir. C’est à nous qu’il revient d’introduire buts et sens dans la nature et dans l’histoire. Les hommes ne sont pas égaux entre eux ; mais nous pouvons décider de lutter pour l’égalité des droits. Les institutions humaines, comme par exemple l’État, ne sont pas rationnelles ; mais nous pouvons décider de lutter pour les rendre plus rationnelles. Nous-mêmes, avec notre langage, sommes grosso modo plus émotionnels que rationnels, et nous pouvons essayer de nous montrer un peu plus rationnels, et nous pouvons nous exercer à employer notre langage non comme un moyen d’expression, […] mais comme moyen de communication rationnelle. L’histoire elle-même, j’entends bien sûr ici histoire de l’hégémonie (1) et non celle, inexistante, du développement de l’humanité, n’a ni but ni sens ; mais nous pouvons décider de les lui conférer tous les deux. Nous pouvons en faire une lutte pour la société ouverte (2) et contre ses ennemis, et nous pouvons l’interpréter en conséquence. En fin de compte, on peut en dire de même du "sens de la vie". C’est à nous qu’il incombe de décider du but de notre vie et de déterminer nos objectifs. Je considère ce dualisme des faits et des décisions comme fondamental. Les faits n’ont pas de sens en soi ; seules nos décisions peuvent leur en conférer un.

POPPER "le sens et l’écriture de l’histoire, 1962.

(1) hégémonie : domination ;

(2) société ouverte : société respectueuse des libertés individuelles et collectives.

  • 2015 S POLYNÉSIE REMPLACEMENT
    Dans tous les Gouvernements du monde la personne publique (1) consomme et ne produit rien. D’où lui vient donc la substance consommée ? Du travail de ses membres. C’est le superflu des particuliers qui produit le nécessaire du public. D’où il suit que l’état civil ne peut subsister qu’autant que le travail des hommes rend au-delà de leurs besoins.

    Or cet excédent n’est pas le même dans tous les pays du monde. Dans plusieurs il est considérable, dans d’autres médiocre (2), dans d’autres nul, dans d’autres négatif. Ce rapport dépend de la fertilité du climat, de la sorte de travail que la terre exige, de la nature de ses productions, de la force de ses habitants, de la plus ou moins grande consommation qui leur est nécessaire, et de plusieurs autres rapports semblables desquels il est composé.

    D’autre part, tous les Gouvernements ne sont pas de même nature ; il y en a de plus ou moins dévorants, et les différences sont fondées sur cet autre principe que, plus les contributions publiques s’éloignent de leur source, et plus elles sont onéreuses. Ce n’est pas sur la quantité des impositions qu’il faut mesurer cette charge, mais sur le chemin qu’elles ont à faire pour retourner dans les mains dont elles sont sorties ; quand cette circulation est prompte et bien établie, qu’on paye peu ou beaucoup, il n’importe ; le peuple est toujours riche et les finances vont toujours bien. Au contraire, quelque peu que le Peuple donne, quand ce peu ne lui revient point, en donnant toujours bientôt il s’épuise ; l’Etat n’est jamais riche, et le peuple est toujours gueux (3).

ROUSSEAU Du Contrat social (1762)

1 L’ensemble des moyens et personnes par lesquels s’exrecent les fonctions gouvernementales.

2 Moyen.

3 Pauvre, misérable.

  • 2015 TECHN. POLYNÉSIE REMPLACEMENT
    Il est certain qu’en dehors de l’État il n’y a pas de droit de punir. Il n’y a de droit de punir que fondé sur la loi positive ; c’est elle qui, en prévision de la transgression, a fixé une peine, destinée à menacer celui qui serait tenté, et à jouer en lui le rôle d’un motif capable de tenir en échec tous les motifs de la tentation. Cette loi positive (*), il faut la considérer comme sanctionnée et reconnue par tous les citoyens de l’Etat. Elle a donc pour base un contrat commun, que tous se sont obligés à maintenir en toute occasion, qu’il s’agisse soit d’imposer le châtiment, soit de le recevoir ; par suite, on est en droit d’exiger d’un citoyen qu’il accepte le châtiment. On le voit, le but immédiat du châtiment, considéré dans un cas donné, c’est l’accomplissement de ce contrat qu’on nomme la loi. Or, la loi, elle, ne peut avoir qu’un but : détourner chacun, par la crainte, de toute violation du droit d’autrui ; car c’est pour être à l’abri de toute agression injuste, que chacun des contractants s’est uni aux autres dans l’État, a renoncé à toute entreprise injuste, et a consenti aux charges qu’exige l’entretien de l’État.

SCHOPENHAUER Le Monde comme volonté et comme représentation (1819)

*Loi écrite d’un État.

QUESTIONS

Pour expliquer ce texte ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

2. Expliquez :

a)"en dehors de l’État il n’y a pas de droit de punir" ;

b) "il faut la considérer comme sanctionnée et reconnue par tous les citoyens de l’État" ;

c) "la loi ne peut avoir qu’un seul but : détourner chacun, par la crainte, de toute violation du droit d’autrui".

3. Pourquoi doit-on obéir aux lois ?

  • 2016 S ANTILLES NORMALE
    Si, dans une Cité, les sujets ne prennent pas les armes parce qu’ils sont sous l’empire de la terreur, on doit dire, non que la paix y règne, mais plutôt que la guerre n’y règne pas. La paix, en effet, n’est pas la simple absence de guerre, elle est une vertu qui a son origine dans la force d’âme, car l’obéissance est une volonté constante de faire ce qui, suivant le droit commun de la Cité, doit être fait. Une Cité, faut-il dire encore, où la paix est un effet de l’inertie des sujets conduits comme un troupeau, et formés uniquement à la servitude, mérite le nom de solitude1 plutôt que celui de Cité.
    Quand nous disons que l’Etat le meilleur est celui où les hommes vivent dans la concorde, j’entends qu’ils vivent d’une vie proprement humaine, d’une vie qui ne se définit point par la circulation du sang et par l’accomplissement des autres fonctions communes à tous les autres animaux, mais principalement par la raison, la vertu de l’âme et la vie vraie.

SPINOZA Traité politique (1677)

1 solitude : lieu désert et retiré

2017 TECHN. MÉTROPOLE NORMALE

  • La condition d’un État se détermine aisément par son rapport avec la fin (1) générale de l’État, qui est la paix et la sécurité de la vie. Par conséquent, le meilleur État, c’est celui où les hommes passent leur vie dans la concorde et où leurs droits ne reçoivent aucune atteinte. Aussi bien, c’est un point certain que les séditions (2), les guerres, le mépris ou la violation des lois doivent être attribués moins à la méchanceté des sujets qu’à la mauvaise organisation du gouvernement. Les hommes, en effet, ne naissent pas citoyens, ils le deviennent. Remarquez, d’ailleurs, que les passions naturelles des hommes sont les mêmes partout. Si donc le mal a plus d’empire (3) dans tel État, s’il s’y commet plus d’actions coupables que dans un autre, cela tient très certainement à ce que cet État n’a pas suffisamment pourvu à la concorde, à ce qu’il n’a pas institué les lois avec assez de prudence, et par suite à ce qu’il n’est pas entré en pleine possession du droit absolu de l’État. En effet, la condition d’une société où les causes de sédition n’ont pas été supprimées, où la guerre est continuellement à craindre, où enfin les lois sont fréquemment violées, diffère peu de la condition naturelle où chacun mène une vie conforme à sa fantaisie et toujours grandement menacée.

SPINOZA Traité politique (1677)

(1) « fin » : le but

(2) « séditions » : soulèvements contre l’autorité de l’État

(3) « empire » : une position dominante

QUESTIONS

Pour expliquer ce texte ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. Dégager l’idée principale du texte, et montrer comment elle est établie.

2. Expliquer :

a) « (...) la fin générale de l’État, qui est la paix et la sécurité de la vie » ;

b) « les hommes (...) ne naissent pas citoyens, ils le deviennent » ;

c) « [l’Etat] n’a pas institué les lois avec assez de prudence ».

3. Est-ce parce que les lois sont mauvaises que les hommes ne les respectent pas ?

2017 S POLYNÉSIE NORMALE

  • Il ne suffit pas que le peuple ait du pain et vive dans sa condition ; il faut qu’il y vive agréablement, afin qu’il en remplisse mieux les devoirs, qu’il se tourmente moins pour en sortir, et que l’ordre public soit mieux établi. Les bonnes mœurs tiennent plus qu’on ne pense à ce que chacun se plaise dans son état. Le manège (1) et l’esprit d’intrigue (2) viennent d’inquiétude et de mécontentement ; tout va mal quand l’un aspire à l’emploi d’un autre ; il faut aimer son métier pour le bien faire ; l’assiette (3) de l’État n’est bonne et solide que quand, tous se sentant à leur place, les forces particulières se réunissent et concourent au bien public, au lieu de s’user l’une contre l’autre, comme elles font dans tout État mal constitué. Cela posé, que doit-on penser de ceux qui voudraient ôter au peuple les fêtes, les plaisirs, et toute espèce d’amusement, comme autant de distractions qui le détournent de son travail ? Cette maxime est barbare et fausse. Tant pis, si le peuple n’a de temps que pour gagner son pain, il lui en faut encore pour le manger avec joie, autrement il ne le gagnera pas longtemps. Ce Dieu juste et bienfaisant, qui veut qu’il s’occupe, veut aussi qu’il se délasse, la nature lui impose également l’exercice et le repos, le plaisir et la peine. Le dégoût du travail accable plus les malheureux que le travail même. Voulez-vous donc rendre un peuple actif et laborieux ? Donnez-lui des fêtes ; offrez-lui des amusements qui lui fassent aimer son état, et l’empêchent d’en envier un plus doux. Des jours ainsi perdus feront mieux valoir tous les autres.

ROUSSEAU Lettre à d’Alembert.

(1) Le manège : les manoeuvres

(2) Intrigue : machination, complot

’3) L’assiette : la base

2019 STHR ANTILLES NORMALE

  • Qu’est-ce qu’une bonne loi ? Par bonne loi, je n’entends pas une loi juste, car aucune loi ne peut être injuste. La loi est faite par le pouvoir souverain, et tout ce qui est fait par ce pouvoir est approuvé et reconnu pour sien par chaque membre du peuple : et ce que chacun veut ne saurait être dit injuste par personne. Il en est des lois de la République1 comme des lois des jeux : ce sur quoi les joueurs se sont accordés n’est pour aucun d’eux une injustice. Une bonne loi se caractérise par le fait qu’elle est, en même temps, nécessaire au bien du peuple et claire. En effet, le rôle des lois, qui ne sont que des règles revêtues d’une autorité, n’est pas d’entraver toute action volontaire, mais seulement de diriger et de contenir les mouvements des gens, de manière à éviter qu’emportés par la violence de leurs désirs, leur précipitation ou leur manque de discernement, ils ne se fassent de mal : ce sont comme des haies disposées non pour arrêter les voyageurs, mais pour les maintenir sur le chemin. C’est pourquoi si une loi n’est pas nécessaire et que la vraie fin de toute loi lui fasse défaut, elle n’est pas bonne. On peut croire qu’une loi est bonne quand elle apporte un avantage au souverain2 sans pourtant être nécessaire au peuple ; mais cela n’est pas. En effet, le bien du souverain et celui du peuple ne sauraient être séparés.

HOBBES Léviathan (1651)

1« République » : l’État en général.

2« souverain » : celui qui gouverne et commande.

QUESTIONS

Pour expliquer ce texte ce texte, vous répondrez de manière explicite, précise et développée aux questions suivantes, qui sont destinées à guider votre rédaction.

[A] – Questions d’analyse

1. En vous fondant sur la comparaison des lois politiques avec les règles d’un jeu, expliquez pourquoi une loi ne peut pas être injuste.

2. Expliquez « nécessaire au bien du peuple » en définissant la nécessité par distinction avec ce qui est seulement possible et contingent.

3. En quoi la fonction des lois est-elle éclairée par la comparaison avec « les haies » ?

4. Donnez des exemples de ce qui pourrait être bien pour le peuple.

[B] – Éléments de synthèse

1. Si une loi ne peut pas être injuste, en quels sens peut-elle être mauvaise ?

2. Dégagez la thèse défendue par l’auteur et les étapes de son argumentation.

[C] – Commentaire

1. La loi fait-elle obstacle à la liberté de la volonté ?

2. À la lumière de vos connaissances et en tenant compte du texte de Hobbes, vous examinerez pour quelles raisons le bien du souverain et celui du peuple ne sauraient être séparés

DISSERTATIONS

2018 L ANTILLES REMPLACEMENT

  • L’Etat doit-il mettre fin aux injustices ?

2018 L JAPON NORMALE

  • L’Etat peut-il être impartial ?