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 Emission France-Culture "Des idées et des hommes" : Heidegger et Hölderlin

Heidegger a voulu ranimer la question du sens de l’être en prenant le " tournant " qui, en même temps que son dépassement, effectue l’appropriation de la métaphysique. Si celle-ci ne peut saisir la dimension originaire dans laquelle elle se déploie, il lui reste à évoquer l’énigme de sa provenance : ce dont on ne peut parler, il faut le dire. Telle est cette unique pensée que Heidegger a retrouvée dans la poésie hölderlinienne, des cours sur La Germanie et Le Rhin à la conférence Terre et Ciel de Hölderlin. On a interprété la rencontre des deux écrivains souabes, dans leur appel au " retournement natal ", comme une justification du totalitarisme, et l’on a dénoncé, avec Adorno, ce pathos de l’origine qui réduit la pensée à une fixation narcissique au peuple allemand. Il n’y a pourtant aucune confusion entre le mythe natal et la mythologie nazie. Ce que Heidegger a cherché dans Hölderlin, c’est moins le poète de la terre-mère que l’épreuve de la vérité de l’être qui commande le quadrillage de la métaphysique. C’est bien Aristote, avec le concert des quatre causes, qui a conduit Heidegger sur la voie de Hölderlin. Car si l’étant se dit de multiples façons, pourquoi ces façons se trouvent-elles au nombre de quatre ? L’énigme de la métaphysique recouvre l’énigme de l’" autre pensée ", celle qui ouvre le monde selon les nervures du Quadriparti. Terre et Ciel, Divins et Mortels expriment les harmoniques de l’être où, à la croisée des chemins, s’unissent ce que le penseur nomme les - puissances de l’origine -, et le poète, les " voix du Destin ".