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NAGARJUNA

Recueil de textes

DE LA REPRESENTATION A LA PERCEPTION SENSIBLE


Les quatre dispositifs dialectiques de Nāgārjuna

1. Le tétralemme – objet : l’impossibilité du sujet du jugement.

Un exemple : stance XII.1 des Stances du Milieu par excellence (traduction Guy Bugault) : « Certains sont d’avis que la souffrance se produit soit d’elle-même, soit d’autre chose, soit des deux à la fois, soit encore sans cause. Or, il est logiquement impossible de la considérer comme un produit. »

2. Le vajrakaṇa, ou « éclat de diamant » – l’impossibilité d’une cause de la production.

Un exemple : l’incipit des Stances, I.1 (traduction Guy Bugault) : « Jamais, nulle part, rien qui surgisse, ni de soi-même, ni d’autre chose, ni des deux à la fois, ni sans cause. » En un sens, on a là un tétralemme bien caractérisé et on pourrait juger que la différence est faible, voire nulle, avec le raisonnement cité en exemple précédemment. Le point formel est cependant différent : si l’objet du tétralemme au sens plein est l’impossibilité de la chose, de quelque manière qu’on la considère, ici, censément, c’est la cause de la chose considérée qui est impossible de quelque manière qu’on l’envisage.

3. Le « ni un, ni multiple », ou plutôt « ni identique, ni différent » (ekānekaviyoga) Principe énoncé en Stances, II.21 : « Deux choses dont l’existence ne peut être établie, ni comme identiques ni comme différentes, quelle sorte d’existence peut-on bien leur attribuer ? ». Ou encore, Stances XXI.6 : « Dès lors qu’apparition et disparition ne peuvent exister ni ensemble ni séparément, comment pourraient-elles exister du tout ? ».

4. Le pratītyasamutpāda, ou raisonnement sur la relativité réciproque. Le principe est énoncé dans les Stances, XIV.5-7 : « XIV.5. Une chose est autre relativement à une autre. L’une n’est pas sans l’autre. C’est pourquoi tout ce qui existe relativement à, le poser comme intrinsèquement autre n’a aucun sens. XIV.6. Si une chose était [réellement] autre qu’une autre, elle existerait même sans l’autre. Mais l’un n’est pas autre sans l’autre, et par suite n’a pas d’existence propre. XIV.7. L’altérité ne se trouve ni dans ce qui est autre ni dans ce qui n’est pas autre. Dès lors, en absence d’altérité, il n’y a ni autre ni même. »

Pour tout résumer, quand on a à commenter, chez Nāgārjuna, l’un de ces passages de réfutation éristique, il faut d’abord caractériser la forme du raisonnement : • Est-ce un tétralemme ? Est-ce un raisonnement de la forme « éclats de diamant » ? Est-ce un raisonnement « ni identique, ni différent » ? Est-ce un raisonnement mettant en jeu la relativité des termes ? Il faut aussi se rappeler les trois types de raisons pour conclure à l’impossibilité : « 1° na yujate, cela n’est pas logiquement cohérent ; 2° na upadyate, cela ne tombe pas juste ; 3° na vidyate, cela ne se trouve pas, n’existe pas. »

Dhamma-cakkappavattana-sutta

Extrait de : Môhan Wijayaratna, Sermons du Bouddha, Seuil, 2006, p. 93-97 :

« Voici (…) la vérité noble dite dukkha [souffrance, malaise]. La naissance aussi est dukkha, la vieillesse est aussi dukkha, la maladie est aussi dukkha, la mort est aussi dukkha, être uni à ce que l’on n’aime pas est dukkha, être séparé de ce que l’on aime est dukkha, ne pas obtenir ce que l’on désire est dukkha. En résumé, les cinq agrégats d’appropriation sont dukkha. »


LES TROIS DERNIÈRE DES QUATRE VÉRITÉS DES NOBLES
Dhamma-cakkappavattana-sutta : Les Quatre nobles vérités – © Extrait de : Môhan Wijayaratna, Sermons du Bouddha, Seuil, 2006, p. 93-97.

« 2. Voici (…) la vérité noble dite de l’apparition de dukkha. C’est cette “soif” produisant la ré-existence et le re-devenir et qui est liée à une avidité passionnée, qui trouve une nouvelle jouissance tantôt ici, tantôt là, c’est-à-dire la soif des plaisirs sensuels, la soif de l’existence et du devenir, la soif de la non-existence. »
3. Voici (…) la vérité noble dite de la cessation de dukkha. C’est la cessation complète de cette “soif”, c’est la délaisser, y renoncer, s’en libérer, s’en débarrasser. »
4. Voici (…) la vérité noble dite le Sentier conduisant à la cessation de dukkha. C’est la Noble Voie octuple, à savoir le point de vue correct, la pensée correcte, la parole correcte, l’action correcte, le moyen d’existence correct, l’effort correct, l’attention correcte et la concentration mentale correcte. »


Atiśa, xie siecle, la lampe de la voie de l’éveil
[traduction S. Arguillère]

« 2. Les individus étant petits, moyens ou supérieurs,
Il est à savoir qu’ils sont de trois sortes.
Couchons par écrit les différences spécifiques
Qui éclairent parfaitement les caractéristiques de ceux-ci. »
« 3. Quiconque, par quelque moyen que ce soit,
Applique ses efforts personnellement
En vue du seul bien-être du saṃsāra,
Celui-là, sachez que c’est l’individu du dernier [ordre].
4. Tournant le dos aux plaisirs du saṃsāra
Il bannit les actes vicieux
Et consacre ses efforts à son seul nirvāṇa personnel :
Cet individu-là est celui que l’on appelle « moyen ».
5. Quiconque, partant des souffrances incluses dans sa propre série ,
Désire par-dessus tout éradiquer parfaitement
Toutes les souffrances d’autrui,
Cet individu-là est supérieur. »


Les dix forces du Dharmakāya
Source : © Chr. Charrier / Padmakara, Traité de la continuité suprême du Grand Véhicule

1. La connaissance de ce qui est correct (vertu) et incorrect ;
2. La connaissance de la rétribution des actes ;
3. La connaissance des facultés supérieures et inférieures ;
4. La connaissance des divers tempéraments ;
5. La connaissance de toutes les formes d’aspiration ;
6. La connaissance des voies qui mènent à toutes les destinées ;
7. La connaissance des concentrations souillées et des recueillements purifiés ;
8. Le souvenir des vies passées ;
9. La connaissance de la transmigration ;
10. La connaissance de l’apaisement des affections et de l’épuisement des souillures.


Les quatre intrépidités du Dharmakāya


Les dix-huit autres qualités du Dharmakāya
• Six qualités de conduite : (1) il n’erre jamais par le corps ni (2) par la parole ; (3) sa
mémoire est infaillible et (4) il ne quitte jamais le recueillement. (5) il n’a pas de
perceptions différenciatrices et (6) ne sombre jamais dans l’indifférence par manque
de discernement.
• « Six qualités concernent sa réalisation : il n’y a pas de déclin de (7) ses aspirations,
(8) son ardeur, (9) son attention, (10) sa connaissance supérieure, (11) sa libération
de tous les voiles et (12) de la vision de sa sagesse.
• Trois qualités exclusives de ses activités éveillées : (13) actions physiques, (14)
verbales et (15) mentales.
• Trois qualités de sa sagesse : purification de sa connaissance des phénomènes (16)
passés, (17) présents et (18) à venir.


Les 32 qualités des Corps formels


Un extrait du chp. III du Bodhicaryāvatāra de Śāntideva (VIIIe siècle de notre ère)
© Traduction Louis Finot, sous le titre : La Marche à la lumière, De Bossard, Paris, 1920
Réédition : Les Deux Océans, Paris, 1987

III
LA PRISE DE LA PENSÉE DE LA BODHI

Félicitation.
1. Je me félicite pieusement du bien fait par tous les êtres, grâce auquel ils échappent aux souffrances des lieux de punition ; que ces infortunés soient heureux !

2. Je me félicite que les êtres soient délivrés de la douleur des transmigrations et que les Saints26 soient parvenus à l’état de Bodhisattva et de Buddha.

3. Je me félicite des pensées des Maîtres de la Loi, vastes et profondes comme la mer, qui apportent le bonheur à tous les êtres, qui réalisent l’avantage de tous les êtres.

Supplication.
4. Je supplie, les mains jointes, les Buddhas de toutes les régions : qu’ils allument le flambeau de la Loi pour les égarés qui tombent dans le gouffre de la douleur.

Imploration.
5. J’implore, les mains jointes, les Buddhas désireux de s’éteindre. Qu’ils demeurent ici-bas pendant des cycles infinis, afin que ce monde ne soit pas aveugle.

Application du mérite.
6. Ayant accompli tous ces rites, par la vertu du mérite que j’ai acquis, puissé-je être pour tous les êtres celui qui calme la douleur !

7. Puissé-je être pour les malades le remède, le médecin, l’infirmier, jusqu’à la disparition de la maladie !

8. Puissé-je calmer par des pluies de nourriture et de breuvages le supplice de la faim et de la soif, et pendant les périodes de famine des antarakalpas27, devenir moi-même breuvage et nourriture !

9. Puissé-je être pour les pauvres un trésor inépuisable, être prêt à leur rendre tous les services qu’ils désirent !

Abandon.
10. Toutes mes incarnations à venir, tous mes biens, tout mon mérite passé, présent, futur, je l’abandonne avec indifférence, pour que le but de tous les êtres soit atteint.

11. Le Nirvâṇa, c’est l’abandon de tout ; et mon âme aspire au Nirvâṇa. Puisque je dois tout abandonner, mieux vaut le donner aux autres.

12-16. Je livre ce corps au bon plaisir de tous les êtres. Que sans cesse ils le frappent, l’outragent, le couvrent de poussière ! Qu’ils se fassent de mon corps un jouet, un objet de dérision et d’amusement ! Je leur ai donné mon corps, que m’importe ? Qu’ils lui fassent faire tous les actes qui peuvent leur être agréables ! Mais que je ne sois pour personne l’occasion d’aucun dommage ! Si leur cœur est irrité et malveillant à mon sujet, que cela même serve à réaliser les fins de tous ! Que ceux qui me calomnient, me nuisent, me raillent, ainsi que tous les autres, obtiennent la Bodhi !

17-19. Puissé-je être le protecteur des abandonnés, le guide de ceux qui cheminent et, pour ceux qui désirent l’autre rive, être la barque, la chaussée, le pont ; être la lampe de ceux qui ont besoin de lampe, le lit de ceux qui ont besoin de lit, l’esclave de ceux qui ont besoin d’esclave ; être la Pierre de miracle, l’Urne d’abondance, la Formule magique, la Plante qui guérit, l’Arbre des souhaits, la Vache des désirs28 !

20-21. De même que la terre et les autres éléments servent aux multiples usages des êtres innombrables répandus dans l’espace infini ; ainsi puissé-je être de toutes façons utile aux êtres qui occupent l’espace, aussi longtemps que tous ne seront pas délivrés !

Formation de la pensée de la Bodhi.
22-23. Dans le même esprit que les Buddhas précédents ont saisi la Pensée de la Bodhi et se sont astreints à s’y préparer progressivement, je fais naître en moi la Pensée de la Bodhi pour le bien du monde et je pratiquerai dans leur ordre tous les exercices qui y préparent.

24. Ayant de la sorte saisi pieusement la Pensée de la Bodhi, le sage doit l’encourager en ces termes pour en favoriser le développement :

25. Aujourd’hui, ma naissance a fructifié et je profite de ma qualité d’homme. Aujourd’hui, je suis né dans la famille des Buddhas, je suis maintenant fils de Buddha.

26. Maintenant, il me faut agir en homme qui respecte la coutume de sa famille, de telle sorte que la pureté de cette famille ne reçoive de moi aucune tache.

27. Comme un aveugle qui trouve une perle dans un tas d’ordures, ainsi s’est levée en moi, je ne sais comment, cette Pensée de la Bodhi.

28-31. C’est un élixir né pour abolir la mort du monde, un trésor inépuisable pour éliminer la misère du monde, un remède incomparable pour guérir les maladies du monde, un arbre pour délasser le monde fatigué d’errer dans les chemins de la vie, un pont ouvert à tout venant pour le conduire hors des voies douloureuses, une lune spirituelle levée pour apaiser la brûlure des passions du monde, un grand soleil pour dissiper les ténèbres de l’ignorance, un beurre nouveau produit par le barattement du lait de la Bonne Loi.

32. Pour la caravane humaine qui suit la route de la vie, affamée de bonheur, voici préparé le banquet du bonheur, où tous les arrivants pourront se rassasier.

33. Aujourd’hui, en présence de tous les Saints, je convie le monde à l’état de Buddha et, en attendant, au bonheur. Que les dieux, les Asuras29 et tous autres se réjouissent !

NOTES

26. Tâyinas, les Buddhas et les Bodhisattvas.

27. D’après la cosmologie bouddhique, les mondes (cakravâla) sont soumis à un processus alternatif de désintégration et d’intégration. La période qui s’écoule entre le début de la dissolution d’un monde et sa complète restauration est un mahâkalpa (« grand cycle ») ; il est formé de 4 asankhyeyakalpa (« cycles incommensurables ») qui correspondent aux quatre phases de dissolution, chaos, organisation, cosmos. Chaque asankhyeya contient 20 antara-kalpa : un antara-kalpa est la période pendant laquelle la durée de la vie humaine croît depuis dix ans jusqu’à la durée d’un asankhyeya et inversement. La fin de chaque antara kalpa est marquée par sept jours de guerre, sept mois d’épidémie et sept ans de famine.

28. La Pierre de miracle (cintâmani) est un joyau merveilleux, grâce auquel il suffit de penser à une chose pour la réaliser ; l’Urne d’abondance (bhadraghata) est un vase d’où on retire tout ce qu’on veut ; la Formule magique (siddhavidyâ) est une formule grâce à laquelle toute entreprise réussit ; la Plante qui guérit (mahaushadhi) est un remède universel ; l’Arbre des souhaits (kalpavrksha), et la Vache des désirs (kâmadhenu) sont deux des merveilles célestes : l’un porte comme fruits, l’autre donne comme lait tout ce qu’on désire


10. La première instruction selon Tsongkhapa Tsong kha pa (Tibet, 1357-1419), Grande voie graduée vers l’Éveil (traduction S. Arguillère) :
གཉས་པ་བང་ཆབ་སམས་སང་བའ་རམ་པ་ན། ཇ་བ་ཆན་པ་ནས་བརད་པ་ལ་མན་ངག་ར་འབས་བདན་མ་དང་། རལ་སས་ཞ་བ་ལའ་གཞང་ནས་
འབང་བ་ལ་བརན་ནས་སང་བ་གཉས་སང་ང་།
« Deuxièmement, quant aux étapes [par quoi l’on] s’entraîne à l’esprit d’Éveil, il
semble qu’il y ait deux [systèmes] : s’entraîner en prenant appui sur celui qui a été
transmis depuis le Grand Vénérable [Atiśa] – les sept instructions [s’enchaînant
comme] causes et effets [les unes des autres, d’une part], ou sur celui qui est issu du
texte [le Bodhicaryāvatāra] du Fils des Vainqueurs [= bodhisattva] Śāntideva.
ར་འབས་བདན་ན་། རགས་པའ་སངས་རས་བང་ཆབ་ཀ་སམས་ལས་འབང་ལ་། སམས་ད་ལག་བསམ་ལས་དང་། བསམ་པ་ད་སང་ར་ལས་
དང་། སང་ར་བམས་པ་ལས་དང་། བམས་པ་དན་ད་གཟ་བ་དང་། དན་ད་གཟ་བ་དན་དན་པ་ལས་དང་། དན་དན་པ་ན་མར་མཐང་བ་ལས་འབང་བ་
ས་བདན་ན།
Quant aux sept [instructions s’enchaînant comme] causes et effets : [7.] les parfaits
Bouddhas sont issus de l’esprit d’Éveil ; [6.] cet esprit [provient lui-même] de
l’éminente pensée (lhag bsam) ; [5.] pensée [issue] de la compassion ; [4.]
compassion [tirant sa source] de la bienveillance ; [3.] bienveillance [procédant] de la
gratitude ; [2.] gratitude [qui vient elle-même] du souvenir des bontés [qu’ont eu les
êtres pour nous dans nos vies passées] ; [1.] souvenir des bontés [issu du] fait de les
voir comme nos mères. – Ce qui fait sept [points.] »


La deuxième instruction selon Tsongkhapa
La deuxième instruction est appelée « l’échange de soi-même pour autrui ».
Tsongkhapa commence sa présentation en citant le Bodhicaryāvatāra de Śāntideva
(viii.120) – qui dit, selon la traduction Finot :
« Celui qui veut sauver rapidement et soi-même et autrui doit pratiquer le grand
secret : l’inversion du moi et d’autrui. »
ང་ལ་གཅས་པར་འཛན་པ་དང་གཞན་ཡལ་བར་འདར་བའ་བ་གཉས་ག་ས་བརས་ཏ་གཞན་ལ་རང་ལར་གཅས་པར་འཛན་ཅང་རང་ལ་གཞན་ལར་
ཡལ་བར་འདར་བའ་བ་སད་པའ།
« On développe une manière de penser qui intervertit le fait de se tenir soi-même
pour [une chose digne d’être] chérie et autrui pour quantité négligeable :
ང་ལ་གཅས་པར་འཛན་པ་དང་གཞན་ཡལ་བར་འདར་བའ་བ་གཉས་ག་ས་བརས་ཏ་གཞན་ལ་རང་ལར་གཅས་པར་འཛན་ཅང་རང་ལ་གཞན་ལར་
ཡལ་བར་འདར་བའ་བ་སད་པའ།
« On développe une manière de penser qui intervertit le fait de se tenir soi-même
pour [une chose digne d’être] chérie et autrui pour quantité négligeable : on aimera
son prochain comme on se chérissait soi-même et l’on se tiendra soi-même pour
quantité négligeable, comme [on le faisait] pour autrui. »
ད་ན་ད་ལར་ཤས་པར་བས་ལ་དགའ་མཆག་བདག་གཅས་པར་འཛན་པ་འད་དན་པ་དང་ཤས་བཞན་བསན་ནས་འབད་པ་ད་མས་མ་སས་པ་མ་ས་བ་
དང་སས་པ་རན་འཐད་ད་མ་གཞག་ག་སམ་པའ་ངས་པ་བརན་པར་བས་ནས་ལན་ད་མར་འགག་པར་བད་པ་ས་།…
« Désormais, ayant pris conscience de cela, c’est avec assiduité qu’on se rappellera et
qu’on restera vigilant au fait que notre pire ennemi, c’est le c’est l’amour propre
(bdag gces par ’dzin pa) et que l’on y appliquera divers efforts, se disant : “je
n’engendrerai pas de nouveaux [d’actes d’amour-propre] et je ne persisterai pas
dans ceux que j’ai déjà produits”, on se fortifiera dans cette résolution et on bloquera
à chaque fois [les mouvements d’amour propre]. »

Le vœu
Atiśa, La Lampe de la voie de l’Éveil :
༡༩་ བང་ཆབ་སན་པའ་སམས་དག་བསད་ནས་ན། འབད་པ་མང་པས་ཀན་ད་སེལ་བ་ཞང༌། འད་ན་ས་བ་གཞན་དའང་དན་དན་ད།
ཇ་སད་བཤད་པའ་བསང་བའང་ཡངས་ས་བསང༌།
« Après avoir engendré l’esprit d’éveil d’aspiration, | afin qu’au moyen de beaucoup
d’efforts il soit pleinement déployé | et qu’on se le rappelle même dans d’autres vies
[à venir], | on gardera complètement [les vœux] que l’on aura pris (bslang ba) / la
discipline (bslab pa) qui est exposée dans le discours [ci-après]. »
༢༠་ འཇག་སམས་བདག་ཉད་ སམ་པ་ མ་གཏགས་པར། ཡང་དག་སན་པ་འཕལ་བར་འགར་མ་ཡན། རགས་པའ་བང་ཆབ་
སན་པ་འཕལ་འདད་པས། ད་ཕར་འབད་པས་འད་ན་ངས་པར་བང༌།
« Hormis les vœux qui sont la nature même de l’esprit d’Éveil d’engagement, | il
n’arrivera pas que se développe [pleinement] la parfaite aspiration. | Celui qui veut
développer [= amener à sa perfection] l’aspiration au parfait Éveil | Ayant fait effort
dans ce but [= pour recevoir ces vœux], il les prendra vraiment. »
༢༡་ ས་སར་ཐར་པ་རགས་བདན་གི། རག་ཏ་སམ་གཞན་ལན་པ་དང༌། བང་ཆབ་སམས་དཔའ་སམ་པ་ཡ། སལ་པ་ཡད་ཀ་གཞན་
ད་མན།
« Celui qui est déjà (rtag tu) doté d’autres vœux | parmi les sept types de vœux de
libération individuelle | est apte aux vœux de bodhisattva, | mais pas les autres. »
༢༣་ བང་ཆབ་སམས་དཔའ་ས་དག་ག ཚལ་ཁམས་ལགས་གསངས་ཆ་ག་ཡས། ཡང་དག་མཚན་ཉད་ལན་པ་ཡ། བ་མ་བཟང་ལས་
སམ་པ་བང༌།
[C’est] au moyen du rituel bien expliqué [dans la section] discipline éthique | des
Terres des bodhisattvas [Bodhisattvabhūmi d’Asaṅga] | que, d’un excellent maître
pourvu des caractéristiques adéquates, | on prendra [ces] vœux. |
༢༤་ སམ་པའ་ཆག་ལ་མཁས་དང༌། བདག་ཉད་གང་ཞག་སམ་ལ་གནས། སམ་པ་འབགས་བཟད་སང་རར་ལན། བ་མ་བཟང་པར་ཤས་པར་
བ།
« [Celui qui] est compétent dans le rituel [pour donner] les vœux, | Qui demeure
[fidèle] à [ces] vœux, | Qui avec compassion [générosité] a le courage de transmettre
les vœux [ = qui n’est pas paresseux à l’idée d’accomplir le rituel à chaque fois que
c’est nécessaire] | – Il est à savoir [que celui-là] est le maître excellent. | »
༢༥་ ད་ལ་འབད་པས་འད་འད་བའ། གལ་ཏ་བ་མ་མ་རད་ན། ད་ལས་གཞན་སམ་ནད་པ་ཡ། ཆ་ག་ཡང་དག་བཤད་པར་བ།
« Si celui qui y applique ses efforts [ = qui s’efforce d’obtenir les vœux] | ne trouvait
pas un maître tel que celui-ci [comme cela], | Je vais expliquer un rituel correct |
pour recevoir les vœux d’une autre manière. | »
༢༦་ །ད་ལ་སན་ཚ་འཇམ་པའ་དཔལ། ཨ་བ་ར་ཛར་གར་པ་ཡས། ཇ་ལར་ བང་ཆབ་ཐགས་བསད་པ། འཇམ་དཔལ་གི་ན་
སངས་རས་ཞང༌། རན་གི་མད་ལས་བཤད་པ་ལར། །ད་བཞན་འདར་ན་རབ་གསལ་བ།
« À cet égard, je vais ici [ci-dessous] exposer [par écrit] très clairement [la chose]
selon | l’explication, [qui se trouve] dans le Sūtra de l’ornement de la terre de
Bouddha de Mañjuśrī, | de la production de l’esprit d’Éveil | par Mañjuśrī quand,
dans le passé, il était Avarâja (?). | »
༢༧་ མགན་པ་རམས་ཀ་སན་ས་ར། རགས་པའ་བང་ཆབ་སམས་བསད་ཅང༌། འགོ་བ་ཐམས་ཅད་མགོན་ད་གཉར། །ད་དག་
འཁར་བ་ལས་བསལ་ལ།
[Se plaçant] dans la présence [imaginée] de tous les Protecteurs [les Bouddhas,] | On
engendrera l’aspiration au parfait Éveil, | Et prenant en charge [comme des hôtes]
tous les êtres [« migrants »], | On [déclarera :] “Je les délivrerai du saṃsāra.” »
༢༨་ གནད་སམས་ཁ་བའ་སམས་ཉད་དང་།་ སར་ས་དང་ན་ཕག་དག་ཉད། དང་ནས་བཟང་ནས་བང་ཆབ་མཆག ཐབ་ཀ་བར་ད་མ་བའ།
À partir de maintenant et jusqu’à | ce que j’obtienne le suprême Éveil, | je n’agirai
pas [sous l’emprise de] la malveillance, de la colère, | de la convoitise ni de l’envie.
༢༩་ ཚངས་པར་སད་པ་སད་བ་ཞང༌། སག་དང་འདད་པ་སང་བར་བ། ཚལ་ཁམས་སམ་པ་ལ་དགའ་བས། སངས་རས་རས་ས་བསབ་པར་བ།
La chasteté est à adopter [en pratique, spyad bya] et | péchés et concupiscence
doivent être bannis : | Parce que les vœux de la discipline me réjouissent, | je
m’entraînerai à la suite des Bouddhas. |
༣༠་ བདག་ཉད་མར་བའ་ཚལ་གིས་ན། བང་ཆབ་ཐབ་པར་མ་ས་ཞང༌། སམས་ཅན་གཅག་ག་ར་ཡས་ན། ཕ་མའ་མ་མཐར་གནས་པར་བགི།
Moi, sans me flatter d’atteindre l’Éveil rapidement, | [fût-ce] pour un [seul être], | je
resterai [dans le saṃsāra] jusqu’à la fin des temps.
༣༡་ ཚད་མད་བསམ་གིས་མ་ཁབ་པའ། ཞང་དག་རམ་པར་སང་བར་བ། མང་ནས་གཟང་བ་བས་པ་དང་། ཕགས་བཅ་དག་ཏ་རམ་པར་གནས།
31. Je purifierai entièrement des Terres | [en quantités] immenses, inimaginables. |
Aussitôt que l’on m’invoquera par mon nom, | [je viendrai] habiter dans [n’importe
laquelle] des dix directions [en tout lieu].
༣༢་ བདག་ག་ལས་དང་ངག་ག་ལས། ཐམས་ཅད་ད་ན་དག་པར་བ། ཡད་ཀ་ལས་ཀང་དག་བ་ས། མ་དགའ་ལས་རམས་མ་བའ།
32. Les actes [ou : le karma] de mon corps et de ma parole | Je le purifierai
intégralement ; | Je purifierai aussi [mon] karma mental | et je n’accomplirai [plus]
aucune action non-vertueuse.
༣༣་ །རང་ག་ལས་ངག་སམས་ན་རམ་དག་ར། འཇག་པའ་སམས་ཀ་བདག་ཉད་སམ་གནས་པ། ཚལ་ཁམས་བསབ་པ་གསམ་ལ་ལགས་
བསབས་པས། ཚལ་ཁམས་བསབ་པ་གསམ་ལ་གས་ཆར་འགར།
33. [Quelle est] la cause de la purification complète de mon corps, de ma parole et de
mon esprit ? | – [C’est,] chez celui qui garde les vœux dont l’essence est l’esprit
d’éveil d’engagement, | l’augmentation, due à une bonne pratique du triple
entraînement de la discipline éthique, |de la piété envers ce triple entraînement. |
༣༤་ །ད་བས་རམ་དག་རགས་བང་ཆབ། སམས་དཔའ་སམ་པའ་སམ་དག་ན། འབད་པར་བས་པས་རགས་བང་ཆབ། ཚགས་ན་ཡངས་ས་
རགས་པར་འགར།
34. C’est pourquoi, c’est en appliquant ses efforts aux vœux des vœux des
bodhisattvas qui aspirent à l’Éveil pur et parfait que seront intégralement parfaites
les accumulations de l’éveil complet. »

Le bodhicitta d’engagement

L’esprit d’Éveil d’engagement : les six pāramitā

La carrière du Bodhisattva


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