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 38 Témoins de Lucas Belvaux Dossier pédagogique


 [brun]Le témoin (1978) de Jean-Pierre Mocky[/brun]

RESUME
Antonio Berti, restaurateur de tableaux arrive d’Italie chez son ami Robert Maurisson, puissant industriel et banquier rémois qui l’a fait venir pour un travail à exécuter dans la cathédrale. Antonio prend la petite Cathy pour lui servir de modèle. A quelque temps de là, la fillette est retrouvée morte non loin d’une propriété inoccupée qui appartient à Robert. Or, le soir du crime, Antonio a cru apercevoir sa silhouette à proximité de la maison, alors qu’il revenait, lui, d’un rendez-vous manqué avec une jeune droguée... Robert affirme n’avoir pas quitté le stade où il présidait une rencontre importante de football. Le commissaire Guérin et son adjoint ne l’en soupçonne pas moins et l’interroge plusieurs fois. Robert incite Antonio à faire un faux témoignage. Mais à la suite de cela, un jardinier est arrêté et Antonio prend peur. Robert tente maintes fois de le raisonner avant de le menacer puis de l’effrayer, lors d’une partie de chasse. Antonio comprend ainsi que Robert est bien l’assassin de Cathy. Grâce à un solide alibi, le jardinier est libéré. Guérin reprend l’enquête et découvre qu’Antonio n’a lui, pas d’alibi contrairement à Robert que son honorable famille couvre. Apprenant les nouveaux développements de l’affaire et se méprenant sur l’identité du coupable, le père de Cathy abat Robert. Seul et privé de toutes possibilités de se disculper Antonio, est arrêté, jugé, condamné à mort, puis exécuté.
Copyright, 1995 CMC/Les Fiches du Cinéma

FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Jean-Pierre Mocky
Scénario : Rodolfo Sonego, Sergio Amidei , Augusto Caminito , Jean-Pierre Mocky , Alberto Sordi
D’après le roman de Harrisson Judd : « Shadow of the doubt »
Dialogues : Jacques Dreux
Société de production : Belstar Productions,M. Films (Paris), PAC - Produzioni Atlas Consorziate (Rome)
Producteur délégué : Jacques Dorfmann
Directeur de production : Henri Baum, Teodoro Agrimi
Distributeur d’origine : CIC - Cinema International Corporation
Directeur de la photographie : Sergio D’Offizi
Ingénieurs du son : Roberto Alberghini, Louis Hochet, Antonio Pantano
Compositeur de la musique : Piero Piccioni
Décorateur : Carlo Leva
Monteur : Michel Lewin
Tournage : France /Meaux, (Seine-et-Marne), Reims, (Marne), Italie /Rome, Lazio
Durée : 1H30
Sortie : le 20 septembre 1978

DISTRIBUTION
Alberto Sordi (Antonio Berti)
Philippe Noiret (Robert Maurisson)
Roland Dubillard (Le commissaire Guérin)
Gisèle Préville (Mne Maurisson)
Paul Crauchet (Le père de Cathy)
Madeleine Colin (Mlle Valentine)
Dany Bernard (le chasseur)
Sandra Dobrigna (Cathy Massis)
Gérard Hoffman (adjoint du commissaire)
Dominique Zardi (Moignard)
Henri Attal (le garde-chasse)
Jean-Claude Remoleux (le paysan)
Consuela Ferrara (Helene)

AUTOUR DU FILM

 À l’origine, le rôle du peintre - interprété par Alberto Sordi - devait échoir à Jean Gabin. Mais l’acteur meurt quelques jours après avoir accepté le rôle. Pour des raisons financières, le film étend sa co-production à l’Italie et Jean-pierre Mocky engage la star italienne Alberto Sordi.

 Les italiens, pas vraiment chauds pour accepter de perdre leur comique n°1 sur un instrument de mort qui n’existe plus (depuis 1946) chez eux et dans une marre de sang, contraignent Jean-Pierre Mocky à tourner une autre fin, irréaliste et qui coûtera beaucoup au réalisateur d’ailleurs. Après que Berti se soit fait couper la tête, un trucage sera réalisé à Rome. L’exécuté se relèvera sans sa tête (!) et rejoindra sa voiture avant d’ajuster son chapeau sur son cou tranché et de partir. En France, Mocky gardera le montage original.

 Mocky sur le film : "Avec Le Témoin, je n’ai pas voulu dépeindre la pédophilie au sens où on l’entend aujourd’hui, et qui désigne l’exploitation sexuelle de l’enfance, mais je voulais montrer qu’un adulte pouvait tomber amoureux d’un enfant. Sordi adorait le rôle, même si, à l’origine, c’est Gabin qui devait jouer son personnage."

ANALYSES

Le film relève à la fois de la comédie italienne mais aussi de l’univers des films de Claude Chabrol avec sa critique virulante des riches notables de province ici un industriel, banquier pédophile et étrangleur de petite fille. Le film est parfaitement maîtrisé de bout en bout, les détracteurs de Mocky ne pourront pas l’ accuser ici de baclage. Les "gueules" et personnages grotesques sont moins présents que d’habitude, co production franco-italienne oblige peut-être. Les habituelles touches satiriques et obsessions récurrentes à la Mocky (ici ridiculisation d’un évêque, de banquiers, de préfet, la chair, le cul, etc) sont insérées plus discrètement et avec plus de finesse que dans ses autres films.
Une fois encore, Mocky est un grand directeur d’acteurs qui paraissent toujours différents et bien meilleurs dans ses films que dans ceux d’autres réalisateurs. Ici Noiret est plus bon que jamais, bouleversant dans la scène de l’aveu pendant la partie de chasse, son personnage devenant progressivement antipathique jusqu’à atteindre la monstruosité.
Le film parle de pédophilie bien avant que le sujet ne fasse la une des journaux et aborde cela de manière délicate, voir la scène où Noiret explique comment il est devenu amoreux fou d’une enfant et a succombé à ses pulsions.
"Le témoin" est enfin un grand réquisitoire contre la peine de mort (qui n’était pas encore abolie en 1978, et le sera quatre ans plus tard par François Miterrand) et les erreurs judicières. La scène finale fait froid dans le dos par sa simplicité et sa crudité (la guillotine faisant tomber la tête d’un innocent dans le panier, un karcher est passé pour effacer tout le sang sur le bitume).

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