24
juin
2020
Marc GOLDSCHMIT
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L’art et l’esthétique ont produit un événement et peut-être un tournant dans la philosophie moderne (de Kant à Nietzsche et au-delà) en participant à la destitution du sujet. La défiguration cubiste, la dérision dadaïste, l’humour noir surréaliste, « l’ironie affirmative » des ready-mades de Duchamp et l’abstraction non figurative ont porté atteinte au sujet de la représentation, et ont déclaré le deuil d’un monde révolu, celui du sujet souverain de la vision et de la theoria.
Obligé de prendre la représentation pour sujet et de devenir autonome (pour s’affranchir notamment de l’esthétisation de la politique), l’art s’est retourné contre soi, dans la négativité critique des avant-gardes ou la dénonciation postmoderne de son aliénation. Cette histoire de l’autonomie moderne a orienté la réflexion contemporaine vers les conditions et les limites de la représentation, vers sa dimension irréductible et hyperbolique. C’est alors qu’a surgi la nécessité de laisser s’inscrire dans la représentation une effraction, un excès, un imprésentable.
La pluralité des arts, des matières-formes, des surfaces, des plans et des gestes nous expose aujourd’hui à de nouvelles responsabilités, à un renouvellement de la réflexion éthique et esthétique, elle nous pousse à nous demander quelles transformations de la sensibilité, de la pensée, de la subjectivité s’attestent dans l’art, quels bouleversements du monde y laissent leurs traces.
Dans cette perspective nous interrogerons la réflexivité de l’art et le dissentiment critique qu’il suscite (au-delà de la dimension cognitive du concept et de celle consensuelle du goût). Nous chercherons le sujet de la représentation à la croisée de la théorie critique et de la critique de la théorie, afin de penser une interface antérieure au partage des arts visuels et
des arts du spectacle, une enfance de la représentation où le théâtre et la peinture, la scène et
l’image, sont immanents l’un à l’autre. Il s’agira de décomposer les pouvoirs de la représentation pour l’ouvrir à un écart où s’exposent la naissance du sujet et la nécessité de l’art.
Programme des séances et intervenants :
- Vendredi 28 février : Sujet et représentation entre esthétique et politique. La querelle du
sublime à partir de Lyotard et Rancière
- Mercredi 18 mars : Le miroir de la représentation, Foucault/Merleau-Ponty
- Mercredi 1er avril : L’inscription de la déchirure dans la photographie, Barthes et l’énigme du
punctum - Mercredi 22 avril : Marianne Massin, professeur à l’université de Paris Sorbonne :
Expérience esthétique et art contemporain - Mercredi 6 mai : Théâtralité et apostasie de l’art, la déconstruction de l’esthétisation de la politique par Walter Benjamin
- Mercredi 27 mai : Jacinto Lageira, professeur à l’université de Paris PanthéonSorbonne (Se)Représenter dans une poétique de l’action
- Mercredi 3 juin : Carole Talon-Hugon, professeur à l’université de Paris-Est Créteil : L’art sous contrôle, nouvel agenda sociétal et censures militantes
- Mercredi 24 juin : Le figural, la couleur, la surface, le geste, la vibration dans la peinture moderne et contemporaine : vers une matérialité sans matérialisme