La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Rencontres philosophiques de Langres
jeudi
05
octobre
2023
du jeudi 5 octobre 2023
au samedi 7 octobre 2023

La 13e édition des Rencontres philosophiques de Langres 2023
La sensibilité est le thème retenu pour la 13e édition des Rencontres philosophiques de Langres (RPL).

À l’évidence, nous sommes des êtres sensibles ; trop sensibles même parfois, ou pas assez, ou pas comme il faudrait. Certains qui s’émeuvent passent pour des pleurnichards ; on moque volontiers celui qui manque de goût, ou de tact, à la manière des mal dégrossis ou des idiots ; et l’on s’étonne de l’indifférence de ceux qui restent « de marbre », là où l’on attend d’eux au moins un mot, un geste, ou même seulement un mouvement. Seraient-ils des brutes, ou des monstres, étrangers au monde et à ses modulations sensibles ? Et que sommes-nous ou devenons-nous, lorsqu’à notre tour l’indifférence nous saisit, et que nous passons notre chemin ?

Notre regard sur les choses est pétri d’hésitations, tiraillé de conflits qui tiennent sans doute à leur étrangeté ou à l’impuissance de ce regard même. Nous ne sommes apparemment pas sensibles à la manière de la plante ou de l’animal, parce que la sensibilité n’est pas pur affect, elle est bien intelligence des choses. Au point sans doute que le mot même de « sensibilité » se dit et se pense en plusieurs sens : tantôt nous y ajoutons une espèce de perfectionnement des sens, leur énergie animant notre être tout entier, jusque dans ses projections intellectuelles ou discursives les plus sophistiquées. Mais ainsi considérée, la sensibilité s’enveloppe d’une espèce d’opacité : si elle advient parfois comme effet – on ne sera pas resté insensible, on aura été touché – le mouvement d’amont qui y conduit, les mécanismes ou les dynamismes corporels qui rendent possible ou au contraire entravent l’appréhension du sensible, nous débordent et se font inexplicables. Le goût se retourne ou s’étiole, le plaisir s’émousse ou reprend impromptu sa vigueur, et nous ne savons pas pourquoi ni comment ça se passe, ni même par où ça passe.

Étonnamment, on semble par-là, renvoyer à la position singulière que Descartes dit être celle de l’âme – jamais en son corps comme un pilote en son navire. Et l’on est aussi invité à des expériences suffisamment déroutantes pour que la sensibilité se marque d’une forme d’inquiétude. Non pas que nous soyons radicalement étrangers à nous-mêmes ou aux autres ; mais plutôt, dans la familiarité même de ce que nous ressentons ou croyons ressentir, de petites et presque imperceptibles distances ou différences viennent changer la réalité ou le sens du ressenti, au point d’en troubler non seulement l’expression et le partage, mais la conscience même.

Par paradoxe, toutefois, on peut réaliser que cette distance même ou ce décalage entre ce qu’on dit ou croit ressentir et ce que l’on ressent « vraiment » posent et reposent sans cesse la question d’une authenticité du sensible : que peut nous en apprendre la sensibilité ? et que nous apprennent les bouleversements de ses formes et de ses chemins les plus habituels ?

Ce sont ces aventures de la sensibilité que les Rencontres Philosophiques de Langres 2023 tentent d’explorer, au fil des conférences et des séminaires qui permettront d’interroger le foyer même du rapport que nous entretenons avec le monde, avec les autres et avec nous-mêmes.

Programme du séminaire de formation RPL 2023
Ce séminaire de formation se décline en deux volets :

une série de conférences pour renforcer le dialogue entre des universitaires, des professeurs de philosophie, des inspecteurs et des formateurs des disciplines concernées par l’approche philosophique du langage ;
des séminaires à visée didactique pour permettre aux enseignants de poser collégialement les problématiques esquissées par les conférences. Chaque séminaire est préparé par des inspecteurs d’académie – inspecteurs pédagogiques régionaux et des enseignants, dans le cadre d’un travail coordonné par l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche.

Colloque Ruptures de la citoyenneté
jeudi
05
octobre
2023
du jeudi 5 octobre 2023
au samedi 7 octobre 2023
horaire 09:30 - 18:00 ENS, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris (Salle Dussane, Salle Galois et Salle des Actes)

Interroger les ruptures de la citoyenneté, c’est penser deux phénomènes : la rupture subie d’une marginalisation, et la rupture qui défie les institutions et procédures légales de la citoyenneté. Leur intrication ne vient-elle pas constituer la rupture comme nouveau paradigme politique ? L’ambition de ce colloque sera à la fois descriptive et prospective : quelle brèche pour demain ?

Organisateurs : Marc Crépon, María Bacilio, Naintara Maya Oberoi et Alice Thibaud

Programme du colloque

PREMIÈRE JOURNÉE : JEUDI 5 OCTOBRE, SALLE DUSSANE
9h30-10h30 : Qu’est-ce que l’insurrection aujourd’hui ?
Etienne Balibar (Université Paris Nanterre)

10h45-11h45 : Citoyenneté subalterne
Naintara Maya Oberoi (École normale supérieure – PSL)

12h00-13h00 : Citoyenneté précaire. De l’inaudibilité à l’invisibilité
Guillaume Le Blanc (Université Paris Cité)

13h00-14h30 : Pause déjeuner

14h30-15h30 : Faire sécession. Penser la dissidence politique avec Pascal Quignard.
Justine Brisson (Sciences Po Paris)

15h45-16h45 : Le travail de vivre
Judith Revel (Université Paris I Panthéon-Sorbonne)

DEUXIÈME JOURNÉE : VENDREDI 6 OCTOBRE, SALLE GALOIS (BÂTIMENT RATAUD, 45 RUE D’ULM, 75005)
9h30-10h30 : Citoyenneté et expulsabilité
Hourya Bentouhami (Université Toulouse Jean Jaurès)

10h45-11h45 : Une nuit à la frontière russe
Maria Galkina (École normale supérieure – PSL)

12h00-13h00 : Le cercle et la tempête. Une autre théorie de la décolonisation est-elle possible ?
Mohamed Amer Meziane (Brown University)

13h00-14h30 : Pause déjeuner

14h30-15h30 : Foyers en rupture : entre cohabitation et dissociation
Alice Thibaud (École normale supérieure – PSL)

15h45-16h45 : Dans les failles de l’architecture. Des ruptures aux parentés écologiques
Julie Beauté (École normale supérieure – PSL)

17h00-18h00 : Être citoyen.ne. La norme et la forme
Estelle Ferrarese (Université de Picardie Jules Verne)

TROISIÈME JOURNÉE : SAMEDI 7 OCTOBRE, SALLE DES ACTES (45 RUE D’ULM, 75005)
9h00-10h00 : Être ou ne pas être citoyen dans les espaces de « colonialité ». Expériences locales depuis la RDC et le Mexique
Jean-Bosco Kakozi Kashindi (Colegio de México)

10h00-11h00 : Matériaux clandestins
María Bacilio (École normale supérieure – PSL)

11h15-12h15 : Démocratie radicale et dignité noire. Deux paradigmes de la subjectivation politique
Adama Ouattara (Université Paris Nanterre)

12h15-13h15 : Des violences policières
Marc Crépon (École normale supérieure – PSL)

13h15-14h30 : Pause déjeuner

15h00-18h00 : Projection du film Tori et Lokita de Jean-Pierre et Luc Dardenne (1h28 min / drame) & discussion avec Luc Dardenne

L’enfant exposé au mal Dialogue entre les sciences cognitives et le cinéma
vendredi
06
octobre
2023
du vendredi 6 octobre 2023 à partir de 09h30
au samedi 7 octobre 2023 jusqu'à 18h00
horaire ENS SALLE DUSSANE

45 rue d’Ulm

L’École normale supérieure et Les enfants de cinéma proposent, les 6 et 7 octobre 2023, une rencontre entre les spécialistes du cinéma et des sciences cognitives pour comprendre et accompagner les émotions négatives des enfants lorsqu’ils sont exposés au mal.
VENDREDI 6 OCTOBRE 2023

9h30 Accueil – Ouverture

9h45 Ouverture de la Rencontre. Hommage à Eugène Andréanszky

10h A propos des représentations les plus stéréotypées d’enfants au cinéma
Carole Desbarats, Enseignante et Directrice artistique des rencontres nationales du Havre sur les séries
Le cinéma industriel donne à voir des cohortes d’enfants sur lesquels glissent les pires violences de la vie. Àcoup de stéréotypes, de trop nombreux cinéastes ripolinent leurs personnages de manière à ne pas entamer le tabou majeur : la supposée inaltérable innocence des enfants.

11h Le bébé diplomate : Comment les nourrissons interprètent et évaluent les conflits interpersonnels
Olivier Mascaro (INCC-CNRS, Université Paris Cité), Chercheur CNRS
Les nourrissons sont très tôt sensibles aux conflits entre les buts des individus, et ils évaluent négativement le fait d’empêcher quelqu’un de faire ce qu’il souhaite. Entre un et deux ans, émerge une capacité à raisonner de manière sophistiquée sur les relations signalées par les conflits interpersonnels. Ces compétences guident la découverte des hiérarchies sociales, et sont utilisées par les enfants pour entrer en relation avec autrui.

12h Déjeuner

13h30 Prendre les enfants au sérieux. L’enfant envisagé comme authentique sujet dans les films évoquant la Shoah
Ophir Levy (Université Paris 8), Maître de conférences en études cinématographique, responsable d’interventions auprès du jeune public au Mémorial de la Shoah
Loin du regard condescendant porté sur les enfants comme petits êtres fragiles et naïfs incapables de prendre la mesure des dangers qui les menacent, certains films se déroulant sous l’Occupation ou dans des ghettos montrent au contraire à quel point leurs jeunes personnages sont profondément empreints de culpabilité, d’angoisse ou encore d’un sentiment de responsabilité à l’endroit des adultes sur lesquels ils veillent. Ainsi proposons-nous de nous arrêter sur des oeuvres telles que Le Vieil homme et l’enfant (1967) de Claude Berri, Un sac de billes (1975) de Jacques Doillon ou encore Jakob le menteur (1975) de Frank Beyer qui ont en commun de renverser le paradigme en faisant de l’enfant celui qui a la charge de protéger les adultes et qui, parfois, porte le poids terrible d’échouer à le faire.

14h30 Mémoire et traumatisme chez l’enfant
Bérengère Guillery-Girard (Université de Caen, Inserm), Maîtresse de conférences-HDR
Au cours de son développement, environ un enfant sur deux sera exposé directement à un/des événement(s) potentiellement traumatique(s). Cette exposition donnera lieu à différentes manifestations psychotraumatiques dont le Trouble de Stress Post-traumatique (TSPT) dans 20 à 50% des cas. La mémoire de ces enfants s’en trouve modifiée. Cette intervention s’intéressera à décrire ces modifications tenant compte de la perspective développementale mais aussi environnementale. Nous adopterons une démarche intégrative, associant de données psychologiques, cognitives et de neuroimagerie.

15h30 Pause

16h Projection du film La Sirène de Sepideh Farsi (Film : 1h41)

18h Rencontre avec la cinéaste animée par Carole Desbarats
Le film de Sepideh Farsi décrit la vie quotidienne des habitants d’Abadan assiégée par les Irakiens en 1980. Il suit un adolescent de 14 ans entre les amitiés, les explosions, les risques de disette sans que la technique d’animation n’édulcore la cruauté de la situation. Qu’est-ce que cette exigence nous apprend de la façon dont une cinéaste peut exposer un jeune personnage au Mal ? Et comment aussi exposer les jeunes spectateurs à la dureté d’une description réaliste de faits historiques ?

19h Fin de la première journée

SAMEDI 7 OCTOBRE 2023

13h15 Accueil du public

13h30 Aliéner le Mal par le film d’animation et s’y confronter ?
Benjamin Mera (Université Paris-Nanterre, HAR), Doctorant - Esthétique du cinéma d’animation et études médiatiques
L’objectif de cette intervention est d’abord de circuler à travers plusieurs films d’animation sélectionnés pour leurs façons de confronter spectateurs et protagonistes à des entités malines fonctionnant, chacune à leur manière, comme des points d’ancrage pour des maux subis, intériorisés, tus. À partir de-là il s’agit de pister les techniques et les gestes esthétiques par lesquels ces différentes œuvres saisissent le Mal pour en faire un objet concret, le mettre en présence des enfants, et, non seulement proposer une résolution narrative des problèmes qu’il pose, mais surtout fournir la possibilité de son appréhension esthétique et matérielle, qu’importe sa nature psychique ou métaphysique.

14h30 L’exclusion sociale : une menace omniprésente
Marie-Pierre Fayant (Université Paris Cité), Professeure en psychologie sociale
L’exclusion sociale est définie par les psychologues sociaux comme une mise à l’écart d’un individu ou d’un groupe d’individus par les autres. Dans cette présentation, nous examinerons les conséquences psychologiques de cette exclusion, mais aussi sociétales. L’objectif sera de comprendre comment les individus réagissent et font face à l’exclusion sociale. Ce sera l’occasion de nous interroger sur la définition de cette notion et l’identification de situations d’exclusions sociales. Nous pourrons aussi échanger sur les interactions sociales dans le milieu scolaire, un milieu où les exclusions sont très fréquentes.

15h30 Comment montrer le suicide aux ados ?
Christophe Debien (CHU Lille), Psychiatre, auteur, co-créateur de la chaîne YouTube Le PsyLab et Charles-Edouard Notredame (CHU Lille), Psychiatre, Maître de conférences
Parce que le suicide est un sujet majeur, parce que le suicide est un sujet tabou, il est important de savoir le montrer pour informer, de savoir le montrer pour s’interroger… Bref de savoir le montrer pour pouvoir le regarder, et pourquoi pas le prévenir. Les Dr Notredame et Debien vous propose ainsi une plongée au cœur de la série Netflix « treize raisons de… » afin d’apprendre, ensemble, à accompagner nos ados dans leurs interrogations vis-à-vis de ce phénomène qui les concerne particulièrement.

16h30 Pause

17h Table-ronde et échanges avec le public : l’enfant exposé au mal

Participant·e·s (à confirmer) : Christophe Debien, Carole Desbarats, Marie-Pierre Fayant, Ophir Levy, Olivier Mascaro, Charles-Edouard Notredame, Benjamin Mera

18h Fin de la seconde journée - clôture

Cet événement est organisé par Les enfants de cinéma, Klara Kovarski (Laboratoire de Psychologie de l’Enfant et de l’Éducation, Sorbonne Université), Victor Chung et Julie Grèzes (Laboratoire de Neurosciences Cognitives et Computationnelles, ENS-PSL), Rocco Mennella (Laboratoire sur les interactions cognition, action, émotion, Université Paris Nanterre)