La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Le sang et la vertu. Noblesse de sang et noblesses d’âme au Moyen Âge
jeudi
12
octobre
2023
du jeudi 12 octobre 2023
au samedi 14 octobre 2023
horaire UFR-SHA (salle des actes), 8 rue René Descartes Poitiers, France (86000

Ce colloque entend s’interroger sur les débats théoriques autour du concept de noblesse, sur leurs répercussions sociales et sur la noblesse d’âme en tant que critère discriminant, non seulement dans le groupe social aristocratique, mais aussi de toute la société. Comment la dimension éthique associée à la notion de noblesse permet-elle de justifier sa prééminence sociale ? Les auteurs médiévaux se rejoignent-ils ou, au contraire, s’opposent-ils pour résoudre la contradiction entre une qualité d’ordre moral et sa transmission héréditaire ? Comment ces conceptions théoriques se traduisent-elles dans les faits ? Provoquent-elles une attente, voire des exigences soc

Présentation
Axe 1 : La noblesse d’âme des nobles de sang
Ce premier axe questionne les conceptions théoriques de la noblesse d’âme et de la vertu qui est attendue de la part des nobles. À quoi correspondent ces qualités éthiques que l’on exige des nobles ? Quels sont les comportements attendus d’un noble qui permettent de justifier sa suprématie sociale ? Peut-on parler d’une position univoque de la société face à ces attentes ? Existe-t-il des modèles concurrents ? Comment le noble vertueux ou, au contraire, son antithèse est-il représenté dans l’iconographie ou la littérature ? Comment pense-t-on les rapports entre la virtus qui se transmet de manière héréditaire et les actes bons qui relèveraient du libre arbitre individuel ?

Axe 2 : La noblesse d’âme comme fait social
Il s’agit ici de s’interroger sur la manière dont ces conceptions théoriques se traduisent dans les faits. Les nobles se sentent-ils tenus par des obligations éthiques ? La dialectique entre le sang et la vertu est-elle reflétée par le système de valeurs que les nobles se transmettent de génération en génération ? Se traduit-elle dans ses engagements politiques et religieux ? Qu’en est-il des communautés non-chrétiennes au sein de la Chrétienté latine ?

Axe 3 : La noblesse d’âme comme critère de noblesse
Ce troisième axe entend s’interroger sur la noblesse d’âme en tant que critère discriminant au sein du groupe social nobiliaire, mais aussi de la société toute entière. La reconnaissance de qualités éthiques peut-elle entraîner un anoblissement ? Le mérite éthique facilite-t-il l’intégration à la noblesse ? Est-il perçu comme déterminant dans l’ascension sociale ? Quelle est la part de l’aspect éthique dans l’existence de professions anoblissantes ou, au contraire, dérogeantes ? Quelle part tient l’absence de ces « qualités de cœur » dans la déchéance d’un noble ? Est-il possible de perdre son appartenance à la noblesse pour des raisons d’ordre exclusivement moral ? La chute d’un individu entraîne-t-elle la damnatio memoriae de toute sa maison ? Existe-t-il des possibilités de regagner sa noblesse après une déchéance ? Qu’en est-il des enfants d’un noble déchu ? Comment cela se traduit-il aussi bien symboliquement que concrètement ?

Programme
Jeudi 12 octobre
Introduction (9h)

Cécile Voyer (directrice du CESCM) : Mot de bienvenue.
Isabelle Vanden Hove (Directrice de la Fondation d’Arenberg) : Présentation de la Fondation d’Arenberg et de ses activités.
Martin Aurell (Université de Poitiers) : Introduction.
Clément de Vasselot (Université de Lille) : « Le débat sur la noblesse au Moyen Âge. Bilan historiographique et nouveaux problèmes ».
Pause (10h20)

Axe 1 : La noblesse d’âme des nobles de sang
10h30 - Session 1 : Virtus antique, sanctitas chrétienne et nobilitas dans le monde mérovingien

Président de session : Martin Aurell

Martin Roch (Université de Genève) : « Vices des nobles et ruine des cités selon Salvien de Marseille ».
Michel Fauquier (Université de Poitiers, IRCOM, ICES) : « De qui les saints sont-ils les fils ? filiation terrestre et filiation céleste chez les saints gaulois des IVe-VIe siècles ».
Bruno Dumézil (Sorbonne Université) : « Nobilis nobilior : de l’art d’ennoblir sa famille dans le monde franc (VIe-VIIe) ».
14h30 - Session 2 : Noblesse de sang et noblesse d’âme en débats
Président de session : Bruno Dumézil

Guido Castelnuovo (Université d’Avignon) : « L’idée de noblesse chez Dante ».
Nicolas Michel (Université de Namur) : « La nobilitas dans quelques grands florilèges médiévaux (XIIIe-XVe siècles) : représentation et influence ».
Pause (15h30)

Louis de Vasselot (IRCOM) : « Vertu et parenté : la noblesse en débat dans le Paris du xiiie siècle ».
Lorris Chevalier (Université de Dijon) : « L’éthique chevaleresque comme moyen de salut de la noblesse européenne dans la prédication de la cinquième croisade ».
Discussion

 Vendredi 13 octobre
Axe 2 : La noblesse d’âme comme critère de noblesse
9h30 - Session 1 : Pouvoir princier, éthique et noblesse

Président de session : Guido Castelnuovo

Tomasz Pełech (University of Warsaw) : « Miecław (Masław) et Sieciech, deux cas de représentation de la noblesse dans les Cronica et gesta ducum sive principum Polonorum de Gallus Anonymus ».
Vincent Martin (Université de Rouen) : « Réflexions sur l’éthique et le « droit de guerre » des « gentius hommes » autour du XIIIe siècle ».
Pause (10h30)

Rodolphe Billaud (ICES) : les Montfort (Simon VI) en tant qu’exemple de noblesse et vertu.
David Brégaint (Norvegian University of Science and Technology) : « Du sang à la Vertu. La genèse d’une nouvelle aristocratie dans la Norvège du XIIIe siècle ».
14h - Session 2 : Anoblissement et vertu

Président de session : Frédérique Lachaud

Catalina Girbea (Université de Bucarest) : « De la roture à la chevalerie dans les romans des XIIe-XIIIe siècle ».
Sarah Casano-Skaghammar (Université de Poitiers) : « “Plus nobles par ses actes que de naissance” : La noblesse d’âme et le service royal au XIIIe siècle ».
Pause (15h45h)

16h - Session 3 : Noblesse et chevalerie

Président de session : Xavier Hélary

Josep E. Rubio et Maria Saiz (Universitat de València) : « Noblesse et vertu chez Raymond Lulle ».
Julia Roumier (Université Bordeaux Montaigne) : « Magnificence et liberalitas : preuves de noblesse et qualités chevaleresques dans deux chroniques castillanes du XVe siècle ».

 Samedi 14 octobre 2023
Axe 3 : La noblesse d’âme comme fait social
9h30 - Session 1 : Exemples et antithèses du noble d’âme

Président de session : Vincent Martin

Sellami Jouda (Université de La Manouba) : « Saladin ou la synthèse de la noblesse de sang et de la vertu dans les sources littéraires françaises et arabes ».
Lydwine Scordia (Université de Rouen) : « Le sang et la vertu pour Louis XI, ‘l’universelle araigne’ ».
Pause (10h30)

Pierre Brugnon (Université d’Avignon et de Pays de Vaucluse) : « Abattre le sang, la vertu et la noblesse d’âme. Jean de Compey, seigneur de Thorens, face à ses adversaires politiques (duché de Savoie, mi. xve) »
Discussion
11h45 Déjeuner

13h30 - Session 2 : Transmettre et justifier la prééminence sociale

Président de session : Lydwine Scordia

Émilie Margaix (Université de Poitiers) : « La transmission des vertus des mères aux fils : valeurs du sang, éducations et confrontations dans les espaces plantagenêts et capétiens aux XIe et XIIe siècles ».
Claudia Wittig (Martin-Luther-Universität Halle-Wittenberg) : « Translatio virtutis ? Le rôle des femmes dans la transmission des vertus nobiliaires en France et dans l’Empire ».
Pause (15h)

Béatrice Beys (Université de Montpellier) : « Le devoir de Tempérance : la mesure d’une noblesse en quête d’exemplarité ».
Elise-Annunziata Neuilly (Université de Tours) : « Les Vertus funéraires comme justification du statut de la noblesse (Italie-France, XIIIe-XVIe siècles) ».
16h30 - Conclusions : Frédérique Lachaud (Sorbonne Université).

La métaphore : créativité, inventivité, ingéniosité
samedi
14
octobre
2023
09h00 - 17h00
horaire Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, Paris 5e - salle Halbwachs (esc. C, 1er étage, droite)

Journée d’étude

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Centre d’histoire des philosophies modernes de la Sorbonne (UR1451)

Journée d’étude organisée par Éric Marquer et Isabelle Pariente

Présentation
Une des marques de l’activité de l’esprit humain est de parvenir à penser des situations nouvelles avec des concepts dont il dispose déjà, et de parvenir à les dire avec des vocables qui sont déjà à sa disposition dans le langage, et qui, les uns comme les autres, préexistent à toute son expérience. Un des enjeux est donc, très globalement, pour se rapprocher de son mode de fonctionnement, de comprendre comment il est possible à l’esprit de faire du neuf avec de l’ancien. Dans le cadre du problème général ainsi déterminé, il est manifeste que la métaphore joue un rôle particulier. En effet, elle permet un déplacement, un transfert, comme la définit Aristote dans la Rhétorique ; elle déroge ainsi à des emplois fixes et rigidifiés du langage et contribue à l’ouverture du champ des possibles.
Nous nous intéresserons à ce par quoi elle est un des procédés qui nous plongent au cœur de la possibilité d’inventer dans le langage. Nous proposons de tenter, à partir d’une analyse de ce procédé, de dessiner la distinction entre trois concepts particulièrement proches et intriqués qui désignent le surgissement intellectuel de la nouveauté. Il s’agit des concepts de créativité, d’inventivité et d’ingéniosité. À partir d’une réflexion sur un des lieux de leur manifestation, le langage, dans son usage métaphorique, l’enjeu est de répartir les exigences propres de ces différents rapports à la nouveauté qui, tout en convergeant, restent distincts. Dans un article qui a fait date, « Metaphors », Max Black soulignait que cet usage du langage laisse place, pour le locuteur qui se saisirait des possibilités qu’il offre, à la liberté de prendre des initiatives d’ordre linguistique, et de faire apparaître, par les variations ainsi produites, l’inventivité qui est la sienne dans son maniement du langage. Les différentes traditions philosophiques, analytique comme continentale, par lesquels nous pourrions citer Goodman, Davidson, Searle, Rorty tout comme Blumenberg, Derrida ou Ricœur, ont apporté leur contribution propre à l’analyse de ce procédé dont vous interrogerons le rapport constitutif à la nouveauté.
Cette journée sera donc l’occasion de mettre en évidence, dans l’emploi de la métaphore, ces différents rapports de l’esprit à la nouveauté, qui demande créativité, inventivité et ingéniosité pour être saisie, et que nous entendons ressaisir dans leur déploiement même.

PROGRAMME

9h 15 Accueil des participants et présentation de la journée par Éric Marquer et Isabelle Pariente

Présidence Max Kistler

09h30 Isabelle Pariente (AMU) « Bricoler, innover, inventer »

10h15 Alexandre Declos (UniNe) « Un programme peut-il créer des métaphores ? »

Pause

11h15 Jocelyn Benoist (Paris 1) « De la métaphore au montage »

Présidence Sylvia Giocanti

14h30 Thibault Barrier (Paris 1) « Métaphore et ingéniosité chez Gracián »

15h15 Éric Marquer (Paris 1) « Le personnage de fiction comme métaphore »

16h00 Conclusion du colloque et discussion