La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Pourquoi travailler ?

 Le travail étymologiquement c’est le tripalium, un instrument de torture qui fait souffrir

tripalium torture
Un travail

 Le travail entrave ainsi la liberté de mouvement.

Mais la liberté de mouvement n’est peut-être qu’une illusion de liberté.
Exemple : la rivière qui sort de son lit. Expliquer cette image : en quoi cette liberté est-elle incompatible avec la liberté ?

Communément on tient que la liberté consiste à pouvoir faire impunément tout ce que bon nous semble et que la servitude est une restriction de cette liberté. Mais on le prend fort mal de ce biais-là ; car, à ce compte, il n’y aurait personne libre dans la république, vu que les Etats doivent maintenir la paix du genre humain par l’autorité souveraine, qui tient la bride à la volonté des personnes privées. Voici quel est mon raisonnement sur cette matière : (.) je dis que la liberté n’est autre chose que l’absence de tous les empêchements qui s’opposent à quelque mouvement ; ainsi l’eau qui est enfermée dans un vase n’est pas libre, à cause que le vase l’empêche de se répandre et, lorsqu’il se rompt, elle recouvre sa liberté. Et de cette sorte une personne jouit de plus ou moins de liberté, suivant l’espace qu’on lui donne ; comme dans une prison étroite, la captivité est bien plus dure qu’en un lieu vaste où les coudées sont plus franches.

Hobbes

  • Comment Hobbes définit-il la liberté ?
  • La liberté est l’espace que j’occupe. Quelle loi physique sert de modèle à Hobbes ?

  •  Pourquoi faut-il mettre des obstacles à la liberté ?

  • Quel est le sens des deux exemples du texte ? Quel est le paradoxe de cette liberté ?
  •  L’illusion de notre nature spontanée et libre

    • Nous avons des besoins et en sommes dépendants

    En fait, le royaume de la liberté commence seulement là où l’on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l’extérieur, il se situe donc, par nature, au-delà de la sphère de production matérielle proprement dite. De même que l’homme primitif doit lutter contre la nature pour pourvoir à ses besoins, se maintenir en vie et se reproduire, l’homme civilisé est forcé, lui aussi, de le faire et de le faire quels que soient la structure de la société et le mode de la production. Avec son développement s’étend également le domaine de la nécessité naturelle, parce que les besoins augmentent ; mais en même temps s’élargissent les forces productives pour les satisfaire. En ce domaine, la seule liberté possible est que l’homme social, les producteurs associés règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu’ils contrôlent ensemble au lieu d’être dominés par sa puissance aveugle et qu’ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine. C’est au-delà que commence le développement des forces humaines comme fin en soi, le véritable royaume de la liberté qui ne peut s’épanouir qu’en fondant sur l’autre royaume, sur l’autre base, celle de la nécessité. MARX

    Marx

    • la spontanéité est illusoire car souvent guidée par des causes ignorées.
    Conclusion provisoire : le travail est tout à la fois souffrance et nécessité afin de satisfaire nos besoins

    Peut-on en rester là ?

     Définition du travail par Marx et Kant

     Le travail transforme la nature et l’homme

    Le travaille nous libère de la nécessité sauf quand il nous y renvoie.

    Expliquer

     Le travail nous libère de l’instinct

    • Qu’est-ce qui nous libère de la nature ?
      • a. la main

    Le paradoxe c’est que notre main est organique et appartient à la nature.

    Texte d’Aristote sur la main :

    Or celui qui a par nature une station droite n’a nul besoin de pattes de devant, mais à leur place la nature l’a pourvu de bras et de mains. Anaxagore dit ainsi que c’est du fait qu’il a des mains que l’être humain est le plus intelligent des animaux, alors qu’il est rationnel que ce soit du fait qu’il est le plus intelligent qu’il soit pourvu de mains. Les mains, en effet, sont un instrument, et la nature, comme quelqu’un d’intelligent, distribue toujours chaque instrument à celui qui est capable de s’en servir. Il vaut mieux, en effet, donner des flûtes à celui qui est flûtiste que de fournir l’art de la flûte à celui qui possède des flûtes. La nature, de fait, a fourni ce qui est inférieur à ce qui est plus grand et supérieur et non pas ce qui a plus de valeur et est plus grand à ce qui est inférieur. Si donc c’est ainsi que les choses sont au mieux et que la nature réalise le meilleur à partir de ce qui est possible, ce n’est pas du fait de ses mains que l’être humain est le plus intelligent, mais du fait qu’il est le plus intelligent des animaux qu’il a des mains. Celui qui est le plus intelligent, en effet, se servira correctement du plus grand nombre d’instruments, or la main semble bien être, non pas un seul instrument, mais plusieurs, car c’est comme si elle était un instrument pour des instruments. C’est donc à celui qui est capable d’être le dépositaire du plus grand nombre d’arts que la nature a donné celui des instruments qui est le plus largement utile, la main. Quant à ceux qui disent que l’être humain n’est pas constitué correctement, mais qu’il l’est le plus mal parmi les animaux (car, disent-ils, il va sans chaussures, il est nu et sans arme pour lutter), ils ont tort. Les autres animaux, en effet, n’ont qu’un seul moyen de se protéger, il ne leur est pas possible de le changer pour un autre et il leur est nécessaire de toujours dormir et de tout faire comme s’ils gardaient leurs chaussures et de ne jamais déposer la protection qui entoure leur corps, ni de jamais changer l’arme dont ils ont été pourvus. Pour l’être humain, en revanche, [687b] il est toujours possible d’avoir plusieurs moyens de défense et d’en changer, et, de plus, d’avoir la sorte d’arme qu’il veut là où il le veut. La main, en effet, devient griffe, pince, corne ainsi que lance, épée et toute autre sorte d’arme et d’instrument : elle sera tout cela du fait qu’elle est capable de tout saisir et de tout tenir. Et la forme de la main a été agencée pour cela par la nature. Elle est, en effet, divisée en plusieurs parties, car, pour une chose, dans le fait d’être divisée il y a aussi le fait de se réunir, alors que l’inverse n’est pas vrai. Et on utilise sa main comme une chose une, double ou multiple. Et les articulations des doigts sont bien adaptées à la prise et à la pression. Un doigt sort sur le côté de la main, qui est court et épais, mais peu développé. De même, en effet, que sans la main dans son ensemble il n’y aurait pas de saisie, il en serait de même si ce doigt ne sortait pas sur le côté. Il serre en effet de bas en haut là où les autres doigts le font de haut en bas. Et il doit en être ainsi s’il est destiné à réunir fortement comme un lien fort, pour que, tout unique qu’il soit, il égale la force de plusieurs. Et il est court du fait à la fois de sa force et parce qu’il ne servirait à rien qu’il soit long. C’est aussi à juste titre que le dernier doigt est petit et le doigt médian long comme la rame placée au milieu. Il est en effet avant tout nécessaire que ce qui est saisi soit entouré en son milieu pour qu’il puisse remplir son office. Et c’est pourquoi le pouce est appelé le gros doigt alors qu’il est petit, parce que les autres seraient pour ainsi dire inutiles sans lui. La forme des ongles, elle aussi, a été bien agencée. Les autres animaux en effet les ont pour s’en servir, alors que chez les humains ils ont un rôle de couverture : ils sont une protection pour le bout des doigts.

    Aristote

    Les parties des animaux, Livre IV, Chapitre 10

    • b. le travail en tant que transformation de la nature nous transforme, nous libérant de l’instinct

     Quelles sont les causes de l’aliénation

    • Ce film, Métropolis, est de Fritz Lang. Décrire l’univers du film.

    • Qui est Moloch ? Faire des recherches.
    • Que symbolise-t-il dans le film ?

    18th-century depiction of the Moloch idol (Der Götze Moloch mit 7 Räumen oder Capellen. "The idol Moloch with seven chambers or chapels"), from Johann Lund’s Die Alten Jüdischen Heiligthümer (1711, 1738).

    Moloch
    On sacrifie des enfants à Moloch

     Le sacrifice des enfants à Moloch. Babylone

    • Comparer ces deux textes :

    Il a été démontré que le point de départ de la grande industrie est le moyen de travail qui une fois révolutionné revêt sa forme la plus développée dans le système mécanique de la fabrique. Avant d’examiner de quelle façon le matériel humain y est incorporé, il convient d’étudier les effets rétroactifs les plus immédiats de cette révolution sur l’ouvrier.

    En rendant superflue la force musculaire, la machine permet d’employer des ouvriers sans grande force musculaire, mais dont les membres sont d’autant plus souples qu’ils sont moins développés. Quand le capital s’empara de la machine, son cri fut : du travail de femmes, du travail d’enfants ! Ce moyen puissant de diminuer les labeurs de l’homme, se changea aussitôt en moyen d’augmenter le nombre des salariés ; il courba tous les membres de la famille, sans distinction d’âge et de sexe, sous le bâton du capital. Le travail forcé pour le capital usurpa la place des jeux de l’enfance et du travail libre pour l’entretien de la famille ; et le support économique des mœurs de famille était ce travail domestique.

    La valeur de la force de travail était déterminée par les frais d’entretien de l’ouvrier et de sa famille. En jetant la famille sur le marché, en distribuant ainsi sur plusieurs forces la valeur d’une seule, la machine la déprécie. Il se peut que les quatre forces, par exemple, qu’une famille ouvrière vend maintenant, lui rapportent plus que jadis la seule force de son chef ; mais aussi quatre journées de travail en ont remplacé une seule, et leur prix a baissé en proportion de l’excès du surtravail de quatre sur le surtravail d’un seul. Il faut maintenant que quatre personnes fournissent non seulement du travail, mais encore du travail extra au capital, afin qu’une seule famille vive. C’est ainsi que la machine, en augmentant la matière humaine exploitable, élève en même temps le degré d’exploitation.

    L’emploi capitaliste du machinisme altère foncièrement le contrat, dont la première condition était que capitaliste et ouvrier devaient se présenter en face l’un de l’autre comme personnes libres, marchands tous deux, l’un possesseur d’argent ou de moyens de production, l’autre possesseur de force de travail. Tout cela est renversé dès que le capital achète des mineurs. Jadis, l’ouvrier vendait sa propre force de travail dont il pouvait librement disposer, maintenant il vend femme et enfants ; il devient marchand d’esclaves. Et en fait, la demande du travail des enfants ressemble souvent, même pour la forme, à la demande d’esclaves nègres telle qu’on la rencontra dans les journaux américains.

    Marx

    Le Capital, Livre I, IV section, Chapitre XV, III

    Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel. On l’accuse d’abord de réduire l’ouvrier à l’état de machine, ensuite d’aboutir à une uniformité de production qui choque le sens artistique. Mais si la machine procure à l’ouvrier un plus grand nombre d’heures de repos, et si l’ouvrier emploie ce supplément de loisir à autre chose qu’aux prétendus amusements qu’un industrialisme mal dirigé a mis à la portée de tous, il donnera à son intelligence le développement qu’il aura choisi, au lieu de s’en tenir à celui que lui imposerait, dans des limites toujours restreintes, le retour (d’ailleurs impossible) à l’outil après suppression de la machine. Pour ce qui est de l’uniformité du produit, l’inconvénient en serait négligeable si l’économie de temps et de travail, réalisée ainsi par l’ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer les vraies originalités. On a reproché aux Américains d’avoir tous le même chapeau. Mais la tête doit passer avant le chapeau. Faites que je puisse meubler ma tête selon mon goût propre, et j’accepterai pour elle le chapeau de tout le monde. Là n’est pas notre grief contre le machinisme. Sans contester les services qu’il a rendus aux hommes en développant largement les moyens de satisfaire des besoins réels, nous lui reprocherons d’en avoir trop encouragé d’artificiels, d’avoir poussé au luxe, d’avoir favorisé les villes au détriment des campagnes, enfin d’avoir élargie la distance et transformé les rapports entre le patron et l’ouvrier, entre le capital et le travail. Tous ces effets pourraient d’ailleurs se corriger ; la machine ne serait plus alors que la grande bienfaitrice. Il faudrait que l’humanité entreprît de simplifier son existence avec autant de frénésie qu’elle en mit à la compliquer. L’initiative ne peut venir que d’elle, car c’est elle, et non pas la prétendue force des choses, encore moins une fatalité inhérente à la machine, qui a lancé sur une certaine piste l’esprit d’invention.

    Bergson (Henri)

    Les deux sources de la morale et de la religion, chap. IV, page 327

    La production de la machine selon Bergson

    Question 1 - Que reproche-t-on à la machine ?
    A - reproduction à l’identique et aliénation de l’ouvrier
    B - d’être joyeuse
    Question 2 - Quel est le gain pour l’ouvrier selon Bergson ?
    A - du temps
    B - de l’argent
    Question 3 - Quelle est la différence entre loisir et amusement ?
    A - le loisir de l’esprit, sa liberté et non la consommation des biens proposés par la société de consommation
    B - faire tout ce que je veux, me distraire
    tripalium torture