La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Travail et aliénation

Spontanément le travail a pour corollaire l’effort et la peine.

Etymologiquement : Le verbe « travailler » en latin signifie jusqu’au XVI e siècle « faire souffrir », « tourmenter* ». Il vient du vocable tripalium qui désignait, dans le latin tardif, un appareil à trois pieux permettant d’immobiliser le cheval que l’on voulait ferrer. De là, on est passé au sens plus général de torture. Encore au XVIII e siècle, le Dictionnaire de l’Académie française souligne que le travail implique un effort douloureux, souffrant et pénible.
Les gens de travail sont des hommes de peine. Cette même idée est contenue dans le vocable « labeur » qui provient du mot latin labor, « peine ». Il a donné ensuite làborius, « pénible ». Il est aussi intéressant de remarquer que les mots « peine » et « punir » viennent de la même racine latine.
Dans la Genèse 3/17-19 : (Dieu) dit à Adam : [...] le sol sera maudit à cause de toi. C’est dans la peine que tu t’en nourriras tous les jours de ta vie, il fera germer pour toi l’épine et le chardon et tu mangeras l’herbe des champs. A la sueur de ton visage tu mangeras du pain jusqu’à ce que tu retournes au sol car c’est de lui que tu as été pris. Oui, tu es poussière et à la poussière tu retourneras.

Lire l’article Da Silva, A. (1995). La conception du travail dans la Bible et dans la tradition
chrétienne occidentale. Théologiques, 3 (2), 89–104.

https://doi.org/10.7202/602426ar

*Éléments préparatoires

**1. Regarder un extrait de film :

Charlie Chaplin, Les Temps Modernes 
Questions d’analyse pour le visionnage :

  1. Pourquoi ce gros plan sur les engrenages ?
  2. L’homme est pris dans les engrenages. Il introduit le désordre dans l’ordre du mécanisme. Pourquoi ?

Le temps de travail rentre en contradiction avec le temps biologique. Expliquez.

**2. Faire un petit travail de recherche :

Sur l’Internet (au moyen d’un ordinateur ou de votre smartphone)
a. Qu’est-ce que le « machinisme » ?

b. À quelle organisation du travail renvoie-t-il ?

**3. Lire un court article :

Charlotte DENOËL, « Une vision de la modernité », Histoire par l’image [en ligne], consulté le 21 mars 2020. URL :
http://www.histoire-image.org/de/etudes/vision-modernite

*LA LEÇON

  • Le cours interactif de Philippe TOUCHET, Professeur en Premières Supérieures au Lycée Gustave Monod d’Enghier, diffusé en visioconférence le 16 octobre 2014 depuis le Lycée Jean-Pierre Vernant de Sèvres est désormais en ligne et en accès libre sur le canal Dailymotion du Projet Europe, Éducation, École :

Travail, conscience et aliénation :

Texte

Visionnez le cours de Philippe Touchet sur :
https://www.dailymotion.com/video/x28kwaw

**Travail, conscience et aliénation, pas à pas :

Consigne : ce questionnaire détaille la leçon idée par idée. Il est l’équivalent d’une prise de notes continue. Il vous suffit de répondre aux questions au fil de votre écoute. N’hésitez pas, pour cela, à réécouter plusieurs fois le passage correspondant à la question.

1. Dans les Manuscrits de 1844, il s’agit pour Marx de « mettre fin à la philosophie » - et non à une philosophie. Pourquoi cette décision ?
2. De quel philosophe est-il le continuateur ? Cette continuité annonce une fin. Laquelle ?
3. Par quoi Marx veut-il et va-t-il remplacer la philosophie ?
4. « Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie mais c’est la vie qui détermine la conscience » : cette phrase de Marx dans l’idéologie allemande donne à penser que la philosophie est aliénée :
a. Quelle est la définition de l’aliénation employée ici ?
b. Quelle est l’illusion de la conscience du fait de l’ignorance des causes qui la déterminent ?
c. N’y-a-t-il pas là un paradoxe du fait de la définition traditionnelle de la philosophie ?
d. D’autres philosophes ont entrepris de se mettre à distance des illusions de la conscience (exemple : Pascal et l’expérience de la foi), mais ils demeurent dans la conscience.
e. Quelle est la décision radicale de Marx ?
5. Qu’est-ce qui permet à Marx de ne pas sombrer dans un économisme déterministe et fataliste – une autre forme d’illusion - et de faire de l’aliénation une situation provisoire même si elle est déterminante pour la conscience ?
6. Le fait que la société des hommes obéisse à des lois historiques rend-il impossible le changement social ?
7. Quelle différence y-a-t-il entre l’individu et le groupe social pour Marx ?
8. Cette conception de l’histoire se différencie de celle de Hegel qui valorise les « grands hommes » comme moteurs de l’histoire. Quelles sont les deux positions antagonistes de Marx et celle de Hegel ?
9. À l’état de nature tel que le comprend Rousseau, qui voit dans l’histoire la cause de la chute des hommes dans le mal. Que répond Marx ?
10. N’adhérant ni à la croyance au progrès de la raison de l’individu doté d’une pensée, ni à l’inverse à celle au progrès du mal du fait du refus de la fatalité, quelle thèse défend Marx ?
11. Qu’est-ce qui fonde la vérité de cette théorie ?
12. Analyser le travail dans son fonctionnement historique va permettre à Marx d’en dégager les diverses formes. Comment comprendre cette formulation de Marx : la logique c’est l’argent de l’esprit ?
13. Quelles sont selon Marx les trois aliénations dont l’exploitation sera la forme économique dans Le Capital ?

Une petite fileuse en Caroline du sud (États-Unis), le 3 décembre 1908, enquête photographique de Lewis W. Hine pour le National Child Labor Committee.