La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Les masses et la psychologie des foules

Introduction : Foule et attroupement

Les limites de la rationalité scientifique

**La "psychologie des foules"

Naissance d’une science controversée : la "psychologie des foules"
Par Elena Bovo : MCF - Université de Bourgogne Franche-Comté
Publié par Alison Carton-Vincent le 06/03/2017

"La psychologie des foules" est née à la fin du XIXe siècle. Souvent associée au nom de Gustave Le Bon, qui s’en est abusivement auto-proclamé l’inventeur, elle a été pendant longtemps disqualifiée en raison du caractère raciste et élitiste de ce dernier. Dans cette étude il s’agira, d’une part, d’analyser les sources dont il s’est largement inspiré et, d’autre part, le cadre idéologique – très différent de celui de Le Bon – dans lequel la « psychologie des foules » s’est constituée comme science et a pu trouver une application concrète en Italie.

SOMMAIRE

  1. Introduction
  2. 1 - Définition de la "psychologie des foules"
  3. 2 - Taine et Tarde pionniers d’une science nouvelle
  4. 3 - L’école italienne de criminologie et la question de la responsabilité pénale
    1. Notes
    2. Bibliographie
    3. Pour aller plus loin

  • Le viol des foules par la propagande politique Serge Tchakhotine

    " Le poignard : voilà notre meilleur ami, déclarait cyniquement Mussolini ; une carabine· au-dessus d’un livre - tel était le symbole qu’il donna à la jeunesse universitaire italienne.
    « Que préférez-vous, du beurre ou des canons ? » demandait-il à une foule électrisée, en délire, qui répondait, hébétée, « des canons ! ».
    « La paix », « de la paix », « à la paix » ... voilà le refrain qu’on déclinait en réponse à ces paroles des dictateurs, en toutes occasions, dans toutes les situations, dans le camp adverse, dans les démocraties européennes.
    La paix, bien sûr, qui ne la veut pas ? Qui est assez fou du assez misérable pour invoquer le pire de tous les fléaux humains ? Mais avoir horreur de la guerre est une chose, - et cultiver l’espoir de la conjurer par les paroles seules, par des litanies ou les invocations en face du danger - est une autre affaire, et celle-ci relève, en vérité, de certaines pratiques médiévales, où, à l’incendie, à la peste, à la sécheresse, on opposait des processions avec des images saintes !
    Au bord du gouffre, il faut se poser la question : où l’humanité va-t-elle donc ? Comment est-il possible qu’elle continue à courir fatalement à son suicide ? Pourquoi cette incapacité à diriger sa destinée, quand tout nous prouve
    que le produit de l’intelligence humaine - la Science et ses conséquences, les progrès techniques et ceux de la culture, ont atteint des hauteurs vertigineuses.
    Qu’est-ce que la culture humaine ? N’est-elle pas une évolution de l’Homme vers son émancipation, sa libération devant les dangers matériels, son élan vers un état où tous les germes sublimes, dont il est le vase d’élection, pourront s’épanouir ? La course à la Liberté - voilà le sens de la culture humaine. Les bienfaits matériels de la culture ne comblent pas les désirs de l’homme : dès qu’il les a atteints, il aspire à quelque valeur plus haute, à des satisfactions, à des transports d’ordre purement spirituel, et ceux-ci sont inconcevables sans la liberté. Mieux encore. L’Homme de notre temps a tendance à vouloir la liberté, même s’il n’a pas encore atteint la possession des biens matériels - et c’est là un fait sublime ; souvent même, désespéré, il songe que la liberté est le seul moyen réel d’atteindre ces biens qu’on lui
    refuse. Culture humaine et liberté ne font qu’un.
    Mais voici que s’affirme un courant, de plus en plus puissant, qui détruit le peu de liberté qui existe déjà, éparse dans le monde, courant d’idées qui proclame, mensonge notoire (puisqu’en contradiction avec les lois biologiques de l’évolution) qu’une différence capitale sépare les races humaines, que la sélection naturelle aboutit à former des races pures, que ces races existent, qu’elles ont le droit, par le fait de leur supériorité, de priver de liberté les autres races, qu’un homme peut et doit dominer les autres, qu’il a même le droit de disposer de la vie et de la mort de ses semblables.
    Ces théories, ne sont-elles pas véritablement des réminiscences d’une étape inférieure, dépassée par l’humanité, ne sont-elles pas un recul camouflé vers une époque qu’on tente de faire revivre au profit de quelques usurpateurs
    égoïstes - essai (vain d’ailleurs) de renverser le sens de la marche de l’Histoire. Vain, parce qu’en contradiction flagrante avec tout ce qui est la cause de notre progrès- avec la Science, la Technique, l’Idée de Société.
    Si, par une coïncidence fortuite, cette tendance erronée l’emporte sur l’évolution normale et saine, si elle n’est pas combattue et maîtrisée comme une maladie contagieuse, on s’approche alors du gouffre et la menace de la destruction générale se dresse, spectre affreux, devant l’humanité tout
    entière.