La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Exercices à partir du plaidoyer d’Antiphon

Introduction : les questions posées par le texte d’ANTIPHON

 1 « Parler » ne signifie pas tant « dire quelque chose » que « s’adresser à quelqu’un » ; la parole est performative (elle fait agir) plutôt que descriptive. « Bien parler », dès lors, ce n’est pas « bien penser » ou « dire adéquatement ce qui est », mais produire chez l’auditeur l’effet désiré à l’aide de certains procédés rhétoriques afin d’emporter son adhésion.
C’est ce que l’on appelle "persuader". Le risque est de perdre de vue la vérité et de manipuler l’auditeur, du moins si on en reste à une opposition entre les passions et la raison. Entre le vrai et l’illusion, n’y-a-t-il pas une place pour le vraisemblable ?
Le vraisemblable ne peut pas être contradictoire. C’est ce que souligne le plaidoyer à plusieurs reprises. Cependant la logique ne suffit pas à emporter l’assentiment de l’auditoire.

 2. On notera le recours aux exemples et aux images, ainsi qu’aux métaphores. Récit épique sur le modèle d’Homère. Jeu théâtral. Renversement = le plaidoyer devient acte d’accusation.

 3. Passion de la colère

 4. Le récit des faits opère des choix. Il y a des similitudes avec le travail de l’historien.
Est abordée la question de la mémoire et de l’oubli, et donc du rapport à la vérité. (voir la place des témoins dans le texte).

 5. Ce plaidoyer met en place une réflexion sur le rapport norme - nature, et plus précisément il permet de saisir la complexité de la notion de norme. La contradiction et l’opposition ne sont peut-être pas là où nous les plaçons. Les déplacer, comme le fait ici Antiphon, rend caduque l’argumentation de Calliclès.

Système judiciaire grec :détour historique

A partir de ces ressources, constituer un dossier sur les difficultés rencontrées par le système judiciaire athénien dans la démocratie :

 http://www.cndp.fr/archive-musagora/citoyennete/citoyennetefr/tribunaux.htm
 Lire Aristophane Les guêpes. Dans cette comédie reprise par Racine dans Les Plaideurs, Aristophane s’en prend au système judiciaire athénien, à ce goût si prononcé à Athènes pour la chicane, et que les récentes réformes de Cléon avaient encore accentué. Philocléon (« celui qui aime Cléon ») est atteint du mal procédurier si bien que son fils Bdélycléon (« celui qui déteste Cléon) est contraint de le séquestrer pour le retenir loin des tribunaux. Outre l’humour corrosif des dialogues, la pièce propose une réflexion sur la justice, et reçut le premier rang aux Lénéennes de 422.

 Etude du texte d’Aristophane
ARISTOPHANE : "mais où sont les tribunaux ?"
(Les Nuées, vers 200-229)

Στ. Πρὸς τῶν θεῶν, τί γὰρ τάδ΄ ἐστίν ; εἰπέ μοι.
Μα. Ἀστρονομία μὲν αὑτηί.
Στ. Τουτὶ δὲ τί;
Μα. Γεωμετρία.
Στ. Τοῦτ΄ οὖν τί ἐστι χρήσιμον ;
Μα. Γῆν ἀναμετρεῖσθαι.
Στ. Πότερα τὴν κληρουχικήν ;
Μα. Οὔκ, ἀλλὰ τὴν σύμπασαν.
Στ. Ἀστεῖον λέγεις·
τὸ γὰρ σόφισμα δημοτικὸν καὶ χρήσιμον.
Μα. Αὕτη δέ σοι γῆς περίοδος πάσης. Ὁρᾷς ;
Αἵδε μὲν Ἀθῆναι.
Στ. Τί σὺ λέγεις; οὐ πείθομαι,
ἐπεὶ δικαστὰς οὐχ ὁρῶ καθημένους.
Μα. Ὡς τοῦτ΄ ἀληθῶς Ἀττικὸν τὸ χωρίον.
Στ. Καὶ ποῦ Κικυννῆς εἰσίν, οὑμοὶ δημόται ;
Μα. Ἐνταῦθ΄ ἔνεισιν. Ἡδέ γ΄ Εὔβοι΄, ὡς ὁρᾷς
ἡδὶ παρατέταται μακρὰ πόρρω πάνυ.
Στ. Οἶδ΄· ὑπὸ γὰρ ἡμῶν παρετάθη καὶ Περικλέους.
Ἀλλ΄ ἡ Λακεδαίμων ποῦ ΄στίν; Μα. ὅπου ΄στίν; αὑτηί.
Στ. Ὡς ἐγγὺς ἡμῶν. τοῦτο μεταφροντίζετε,
ταύτην ἀφ΄ ἡμῶν ἀπαγαγεῖν πόρρω πάνυ.
Μα. Ἀλλ΄ οὐχ οἷόν τε.
Στ. Νὴ Δί΄͵ οἰμώξεσθ΄ ἄρα.
Φέρε τίς γὰρ οὗτος οὑπὶ τῆς κρεμάθρας ἀνήρ ;
Μα. Αὐτός.
Στ. Τίς αὐτός ;
Μα. Σωκράτης.

STREPSIADE. Au nom des dieux, qu’est ceci ? Dis-moi.
LE DISCIPLE. L’astronomie.
STREPSIADE. Et cela ?
LE DISCIPLE. La géométrie.
STREPSIADE. A quoi cela sert-il ?
LE DISCIPLE. A mesurer la terre.
STREPSIADE. Celle qui se partage au sort ?
LE DISCIPLE. Non ; la terre entière.
STREPSIADE. C’est charmant ce que tu dis là : voilà une invention populaire et utile !
LE DISCIPLE. Tiens, voici la surface de la terre entière : vois-tu ? Ici, c’est Athènes.
STREPSIADE. Que dis-tu ? Je ne te crois pas ; je n’y vois point de juges en séance.
LE DISCIPLE. C’est pourtant réellement le territoire Attique.
STREPSIADE. Et où sont mes concitoyens de Cicynna ?
LE DISCIPLE. C’est ici qu’ils habitent. Voici l’Eubée, tu vois, cette terre qui s’étend en longueur infinie.
STREPSIADE. Je vois : nous l’avons pressurée, nous et Périclès. Mais où est Lacédémone ?
LE DISCIPLE. Où elle est ? Ici.
STREPSIADE. Comme c’est près de nous ! Songez-y bien, éloignez-la de nous à la plus grande distance possible.
LE DISCIPLE. Il n’y a pas moyen.
STREPSIADE. Par Zeus ! vous en gémirez. Mais quel est donc cet homme juché dans un panier ?
LE DISCIPLE. Lui.
STREPSIADE. Qui, lui ?
LE DISCIPLE. Socrate.

Aristophane : traduction nouvelle. Eugène Talbot, préface de Sully Prudhomme.

Traduction disponible sur remacle.org

Primauté de la loi : Loi et justice contre la violence ?

 Il n’y a eu aucun "flagrant délit". Expliquer la difficulté pour établir la preuve de la culpabilité et donc d’un jugement "juste".

Si en effet, la loi est faible à se faire entendre, n’en va-t-il pas de même avec l’idée de justice ?
Comment se présente ici le rapport de la justice à l’art de l’éloquence ?

si mes paroles ont votre approbation, croyez que la vérité et non l’art les a seules dictées.

 Comparer avec les propos de Calliclès, dans le Gorgias de Platon : montrer à partir de ce texte l’opposition que dresse ce dernier entre la nature et la norme. A l’inverse, Antiphon n’oppose pas la loi dans sa convention, à la nature. Où situe-t-il l’opposition ? Pour répondre voir le deuxième extrait :

CALLICLÈS — Socrate, tu sembles déployer dans tes discours une ardeur juvénile digne en vérité d’un démagogue ; et en ce moment, tu verses dans la démagogie parce que Pôlos a subi précisément ce même accident qu’il accusait Gorgias d’avoir subi par ton fait. Il a dit en effet que Gorgias, interrogé alors par toi sur le fait de savoir si, à quelqu’un qui viendrait le trouver sans savoir ce qui est juste, avec la volonté [482d] d’apprendre la rhétorique, Gorgias le lui enseignerait, il avait eu honte et avait dit qu’il le lui enseignerait, par égard pour l’usage des hommes, qui s’indigneraient si l’on ne parlait pas ainsi ; et c’est à cause de cet assentiment qu’il s’est trouvé dans la nécessité de se contredire, pour ton plus grand plaisir. Et il a ri de toi, et cela, à ce qu’il me semble, à juste titre. Mais maintenant, à son tour, il a lui-même subi ce même sort, et, quant à moi, je n’admire pas Pôlos d’être tombé d’accord avec toi qu’agir injustement était plus laid qu’être traité injustement ; car c’est à partir [482e] de cet assentiment que tu l’as lui-même à son tour muselé après l’avoir empêtré dans tes raisonnements (6), puisqu’il avait eu honte de dire ce qu’il pense. Car c’est toi, en réalité, Socrate, qui aboutis à ces considérations insupportables et démagogiques, tout en prétendant courir après la vérité, sur ces choses qui ne sont pas belles selon la nature, mais le sont selon la loi. (7) C’est que, dans la plupart des cas, elles sont contraires l’une à l’autre, la nature et la loi ; si donc, quelqu’un a honte, [483a] et n’a pas le courage de dire ce qu’il pense effectivement, il en viendra nécessairement à se contredire. Mais toi donc, ici présent, ayant pris conscience de cette astuce, tu en abuses malhonnêtement dans les discussions, si quelqu’un parle selon la loi, en interrogeant insidieusement selon la nature, s’il parle de la nature, en interrogeant sur la loi. C’est ainsi que, par exemple, sur les sujets dont il était question, agir injustement et être traité injustement, où Pôlos parlait du plus laid selon la loi, tu repoussais la loi au nom de la nature. Par nature en effet, le plus laid est toujours aussi cela même qui est plus mauvais, le fait d’être traité injustement, alors qu’au regard de la loi, c’est le fait d’agir injustement. Ce n’est même pas [483b] le fait d’un homme que de souffrir d’être traité injustement, mais d’un quelconque esclave, pour lequel mieux vaut mourir que vivre, lui qui n’est pas seulement en mesure de porter secours à lui-même ou à l’un de ceux dont il a la charge, s’il était traité injustement et insulté. Mais, me semble-t-il, ceux qui instituent les lois sont les hommes faibles et la multitude. C’est donc par rapport à eux et à leur intérêt que sont instituées les lois et qu’ils distribuent éloges [483c] et blâmes ; et, pour effrayer les hommes les plus forts et les plus capables d’avoir une plus grosse part, de peur qu’ils n’aient effectivement une plus grosse part qu’eux, ils disent que chercher à avoir plus est laid et injuste, et que c’est cela agir injustement, chercher à avoir plus que les autres ; c’est qu’ils se satisfont quant à eux, me semble-t-il, d’avoir part égale alors qu’ils sont inférieurs. C’est donc pour ces raisons que cela est déclaré par la loi injuste et laid, vouloir avoir plus que le grand nombre, et qu’on appelle ça agir injustement ; et pourtant, c’est au contraire, me semble-t-il, la nature elle-même qui démontre [483d] cela : qu’il est juste que le meilleur ait plus que le plus faible et le plus puissant que le plus impuissant. Elle manifeste en de nombreuses circonstances qu’il en est bien ainsi, tant dans les autres êtres vivants que dans toutes les cités et les races des hommes, et que le juste est ainsi déterminé, par le fait que le plus puissant commande au plus faible et a un plus grande part. Car sur quelle conception du juste se fondait donc Xerxès pour faire campagne contre la Grèce, ou son père contre les Scythes ? Et [483e] l’on pourrait citer d’innombrables exemples similaires. Mais, me semble-t-il, ces gens-là ont fait ce qu’ils ont fait selon la nature du juste et, par Zeus, selon la loi de la nature, et donc probablement pas selon celle instituée par nous ; façonnant les meilleurs et les plus forts d’entre nous, les prenant dès leur plus jeune âge, comme on le ferait de lions, les ensorcelant par nos sortilèges et les envoûtant par nos incantations, nous nous les asservissons [484a] en leur répétant qu’il faut que chacun soit égal aux autres, et que c’est cela le beau et le juste. Mais que naisse un homme doué d’une nature suffisamment puissante, alors, se débarrassant de toutes ces entraves d’une secousse, les mettant en pièces et les fuyant, foulant aux pieds nos écrits, nos sortilèges, nos incantations et nos lois toutes sans exception contre nature, et s’élevant au dessus de nous, voilà que l’esclave se révèle notre maître, et alors [484b] éclate en pleine lumière le juste selon la nature ! Et, selon mon opinion, Pindare a exprimé cela même que je dis, dans le chant où il dit que : "La loi, reine de toutes choses,/ Mortelles aussi bien qu’immortelles... /euh ! celle-ci, dit-il, Conduit à faire violence à ce qu’il y a de plus juste /De sa main qui domine tout ; j’en veux pour preuve /Les œuvres d’Héraclès, puisque, sans les avoir achetés..." (8)ou quelque chose comme ça, car je ne connais pas le chant par cœur : il dit en substance que, sans qu’il les ait achetés ni qu’ils lui aient été donnés, il a emmené pour lui les bœufs de Géryon, [484c] parce que tel est le juste selon la nature, que les bœufs et tous les biens des plus mauvais et des plus faibles sont pour les meilleurs et les plus forts ! Tel est en effet le vrai, comme tu le comprendras si tu en viens à de plus nobles choses en abandonnant à partir de maintenant la philosophie. Car la philosophie, Socrate, te donne du plaisir si tu t’y attaches avec mesure dans ta jeunesse ; mais si l’on s’y emploie plus qu’il ne convient, c’est la ruine des hommes. Et si quelqu’un, d’aussi bonne nature soit-il, continue de philosopher jusqu’à un âge avancé, c’est une nécessité qu’il devienne d’une nullité infinie en toutes choses [484d] dont l’homme destiné à être bel et bon et de bonne réputation doit avoir l’expérience. Car on devient ainsi complètement ignorant des lois qui sont celles de la cité (9), et des discours dont il faut user lorsqu’on fréquente les assemblées des hommes, tant privées que publiques, des plaisirs et des désirs humains, et, en un mot, on devient totalement ignorant des usages. Et alors, lorsqu’on se trouve impliqué dans quelque affaire privée ou politique, [484e] on devient la risée de tous, tout comme sont risibles, me semble-t-il, les hommes politiques, lorsqu’ils viennent se frotter à vous et à vos raisonnements. Les choses se passent en effet selon le dit d’Euripide : chacun brille en cela, et s’empresse vers cela,/ Occupant la plus grande partie du jour à cela / En quoi il se trouve être capable de se surpasser ; (10) [485a] par contre, ce en quoi on est inférieur, on le fuit et on le dénigre, alors qu’on loue l’autre, par bienveillance à l’égard de soi-même, pensant ainsi se louer soi-même. Mais, me semble-t-il, le plus correct est d’avoir part aux deux ; il est beau certes, d’avoir part à la philosophie aussi longtemps qu’elle favorise l’éducation, et philosopher n’est pas honteux pour un adolescent. Mais lorsque l’homme plus âgé philosophe encore, Socrate, la chose devient risible et, quant à moi, [485b] j’éprouve à l’égard de ceux qui philosophent quelque chose de tout à fait semblable à ce que j’éprouve à l’égard de ceux qui zozotent et s’amusent comme des gosses. En effet, autant, quand je vois un bambin à qui il convient encore de s’exprimer ainsi, zozoter et s’amuser, j’y prends plaisir, et cela me paraît de bon ton, digne d’un homme libre et convenant à l’âge du bambin, autant, quand j’entends un jeune enfant s’exprimer clairement, ça me paraît avoir quelque chose d’odieux, ça importune mes oreilles et me paraît le fait d’un esclave ; autant encore, quand [485c] on entends un homme zozoter ou qu’on le voit s’amuser comme un gosse, ça paraît risible, indigne d’un homme et digne de coups de fouet. Et c’est exactement ce que, pour ma part, j’éprouve à l’égard de ceux qui philosophent. De la part d’un jeune adolescent, j’apprécie certes qu’il s’occupe de philosophie, cela me paraît convenir et je considère qu’un tel homme est un homme libre, alors que celui qui ne philosophe pas n’est pas un homme libre et ne se jugera jamais digne de quoi que ce soit de beau et de [485d] noble ; mais quand je vois un homme d’âge encore en train de philosopher sans fin, un tel homme, Socrate, me paraît alors mériter des coups de fouet. Car, comme je le disais tout à l’heure, il en résulte pour cet homme, d’aussi bonne nature soit-il, qu’il deviendra indigne d’être appelé un homme, fuyant les centres des villes et les places publiques, dans lesquelles le poète dit que « les hommes deviennent illustres » (11), terré pour vivre le reste de sa vie en marmonnant dans un coin au milieu de trois ou [485e] quatre adolescents, sans jamais faire entendre une parole libre, grande et pertinente. Moi du moins, Socrate, je me comporte à ton égard d’une manière tout à fait amicale ; je risque donc d’éprouver maintenant la même chose que Zéthos pour l’Amphion d’Euripide (10), que j’évoquais à l’instant. Et en effet, il me vient l’envie de te dire les mêmes choses que celui-là disait à son frère, que « tu laisses sans soins », Socrate, ce dont il faut que tu prennes soin, que tu pervertis « la nature si noble de ton âme [486a]par un dehors puéril », que, dans les assemblées de justice, tu ne saurais prononcer correctement un discours, ni atteindre au vraisemblable et au persuasif, ni « prendre une décision énergique dans l’intérêt de quelqu’un d’autre ». Mais quoi ! mon cher Socrate, — et ne sois pas irrité contre moi, je te parle par bienveillance — ne te paraît-il pas honteux d’être tel qu’il me semble que tu es, toi et tous les autres qui poussent toujours plus avant la philosophie. Car maintenant, si, t’ayant arrêté, toi ou un autre de tes semblables, on te jetait en prison en disant que tu as commis une injustice alors que tu n’en a commis aucune, tu sais bien que tu serais incapable [486b] de prendre tes affaires en main, mais serais bien plutôt pris de vertige et demeurerais bouche bée, ne sachant que dire, puis, amené au tribunal et confronté à un accusateur tout à fait malveillant et odieux, tu serais condamné à mort pour peu qu’il lui prenne l’envie de réclamer ta mort. (12) Mais « en quoi diable est-ce sage », Socrate, « une technique qui, prenant quelqu’un doué d’une bonne nature, produit un homme pire », impuissant à se porter secours à lui-même ou à se sauver lui-même, ou qui que ce soit d’autre, des plus grands périls, comme d’être [486c] dépouillé par ses ennemis de tout ce qui fait son être, une vie tout à fait dénuée d’honneurs dans la cité ? Mais, mon cher, laisse-moi te persuader de « mettre fin à ces réfutations, cultive une harmonieuse connaissance des affaires », et cultive tout ce qui « te donnera l’air d’être dans ton bon sens », « laissant à d’autres ces subtilités » dont il faut bien avouer que ce ne sont que sottises ou niaiseries, « grâce auxquelles tu habiteras des maisons vides » ; ne cherche pas à imiter les hommes qui argumentent sur des broutilles, [486d] mais ceux qui ont de quoi vivre, une solide réputation et toutes sortes de bonnes choses.

PLAIDOYER SUR LE MEURTRE D’HÉRODE.d’Antiphon [15] Athéniens, vos lois sur l’homicide sont pleines de sagesse, et nul parmi vous n’osa jamais y toucher. L’homme qui m’accuse a osé seul, pot me persécuter plus sûrement, se substituer au législateur. Il savait trop bien qu’après avoir prêté serment, aucun citoyen n’aurait déposé pour lui contre moi. [16] J’ajoute qu’il a agi en plaideur peu sûr de la bonté de sa cause. Il n’avait garde d’intenter une action unique et nettement caractérisée ; et, se défiant à la fois de vous, citoyens, et des juges que la loi nous donnait, il s’est ménagé le moyen d’éluder une première sentence. Que gagnerai-je à un acquittement ? mon accusateur pourra dire que j’ai été absous comme malfaiteur, non comme meurtrier. S’il gagne sa cause, changeant ses conclusions, il demandera ma mort : car, alors, c’est le meurtrier que vous aurez condamné. Après un arrêt favorable, me replonger dans le même péril, et se rendre maître de m’attaquer une seconde fois ! fut-il jamais manœuvre plus abominable ?

 La parole peut-elle guérir le conflit ?

Construire les faits :

Pourquoi l’argumentation des faits est-elle narrative ? Restituer le passé au présent fait appel à la mémoire de celui qui raconte : quelles en sont les limites ?
Comparer avec le travail de l’historien et en particulier avec cette présentation par Hérodote du récit historique :

En présentant au public ces recherches, Hérodote d’Halicarnasse se propose de préserver de l’oubli les actions des hommes, de célébrer les grandes et merveilleuses actions des Grecs et des Barbares, et, indépendamment de toutes ces choses, de développer les motifs qui les portèrent à se faire la guerre.

De même, pourquoi y-a-t-il une multiplication des témoignages ?

Il y a deux types de témoins : montrer dans le texte les occurrences des témoins à charge (témoins contre) et ceux à décharge (expliquer à ce propos le rôle de l’esclave torturé). Pourquoi une telle insistance d’Antiphon sur la torture de l’esclave, et le jeu d’images qui insistent sur cet épisode ?

Prolifération des images : combler les absences

Sur l’inflation du discours, comparer avec Gorgias de Platon

L’excès des discours de l’accusation, crée à l’inverse un discours de désir de vengeance.

Vraisemblable, approximation et présomption

Eviter la tragédie

 comparer avec Antigone de Sophocle
La tragédie exprime un droit qui est en train de se faire, qui n’est pas encore
figé, mais parce que la tragédie explore les situations extrêmes, et passe à
la limite, ce que ne fait évidemment pas le droit.

Eviter l’arbitraire et la violence

 Démesure contre démesure : les passions au coeur du tribunal
 critique d’Aristote

Les paradoxes du droit

Limites du modèle de la juste mesure

 usage rationnel des passions
 la règle de Lesbos
 le juge n’est qu’un homme