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Argumenter

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Les exercices philosophiques anciens pour apprendre à argumenter
Emission France culture
L’enseignement philosophique en terminale permet d’apprendre à argumenter. La production d’une argumentation nous renvoie à la Nouvelle Académie et au néo-pyrrhonisme, ainsi qu’aux tropes d’Énésidème et d’Agrippa. Faut-il y voir une source de la pratique de la dispute universitaire au Moyen Âge ?

Avec
 Julie Brumberg-Chaumont Directrice de recherche au CNRS
 Stéphane Marchand Maître de conférences en histoire de la philosophie ancienne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

L’épreuve de philosophie du baccalauréat approche à grands pas. Elle effraie autant qu’elle fascine. C’est l’occasion de réfléchir à ce que veut dire "argumenter". Dans ce deuxième épisode de la série Bac philo 2023, Géraldine Muhlmann, avec Julie Brumberg-Chaumont et Stéphane Marchand, s’intéresse aux exercices philosophiques anciens pour apprendre à argumenter, tel que ce drôle d’exercice médiéval appelé la disputatio universitaire.
Scepticisme et isosthénie
"Face à deux arguments de poids égal, nous ne pouvons pas décider lequel est vrai". Telle est la définition du concept d’isosthénie, rappelle Stéphane Marchand. Devant la force égale des arguments qui nous sont présentés, il faut se résoudre à les mettre à distance. Si les historiens ne sont pas certains que le philosophe Pyrrhon d’Elis, fondateur du scepticisme grec, ait effectivement employé le terme d’isosthénie, il initie une pensée qui va clairement dans ce sens, et qui sera reprise par ses successeurs. Le vertige sceptique empêche la possibilité des assertions, car toute proposition est toujours douteuse : "c’est l’idée que l’argumentation produit toujours son argument contraire", résume Stéphane Marchand. Aucune proposition n’étant réellement décisive, il faudra donc "suspendre son jugement".
Une dispute cicéronienne
Les disputes "gymnastiques" ou dialectiques prennent la forme de "joutes", affirme Julie Brumberg-Chaumont. Elles ont été codifiées par Aristote, dans le livre XVIII des Topiques. Le but de cet exercice est ainsi "d’obliger le répondant à dire quelque chose qui sera contradictoire avec la thèse qu’il a choisi au départ". Autrement dit, aucun des participants ne défend véritablement un point de vue : il s’agit simplement d’essayer de placer l’autre dans une situation de "contradiction". Julie Brumberg Chaumont explique toutefois que la formule médiévale de la disputatio trouve en réalité son origine chez le philosophe Cicéron. Dans cet dispute "de type cicéronienne", les participants "argumentent des deux côtés de la contradiction", et il s’agit de soutenir une réponse à la question posée.


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