Le temps du réalisme héroïque, des allégories patriotiques et de l’exaltation guerrière du début du conflit laisse progressivement place à diverses tentatives pour rendre compte de la souffrance et de la mort.
Dans La Guerre, Marcel Gromaire a représenté cinq soldats casqués, engoncés dans des manteaux-cuirasses, dans une tranchée : trois attendent l’assaut éventuel ; les deux autres, observent le no man’s land par la fente d’une plaque d’acier.
Gromaire a peint ce tableau sept ans après la fin de la guerre, avec la distance d’une vision rétrospective fondée sur sa propre expérience d’ancien combattant. [1]
La composition générale, tout en renvoyant à la mécanisation et à la déshumanisation des affrontements, évoque également un de ces nombreux monuments aux morts construits dès l’immédiat après-guerre pour témoigner collectivement de l’hécatombe et ne pas oublier le sacrifice des soldats. Le corps massif et statufié de ceux-ci est devenu un monument funéraire [2]
Source : Laurent VÉRAY, « La déshumanisation des soldats », Histoire par l’image [en ligne], consulté le 04 novembre 2021. URL : http://histoire-image.org/fr/etudes/deshumanisation-soldats