La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Que mesure le temps ?

 Saint Augustin Les confessions
LIVRE ONZIÈME. LA CRÉATION ET LE TEMPS
Voir le chap 24 sur le temps est-il la mesure du mouvement

37. Mais qu’est-ce donc que la diminution ou l’épuisement de l’avenir qui n’est pas encore ? Qu’est-ce que l’accroissement du passé qui n’est plus, si ce n’est que dans l’esprit, où cet effet s’opère, il se rencontre trois termes l’attente, l’attention et le souvenir ? L’objet de l’attente passe par l’attention, pour tourner en souvenir. L’avenir n’est pas encore ; qui le nie ? et pourtant son attente est déjà dans notre esprit. Le passé n’est plus, qui en doute ? et pourtant son souvenir est encore dans notre esprit. Le présent est sans étendue, il n’est qu’un point fugitif ; qui l’ignore ? et pourtant l’attention est durable ; elle par qui doit passer ce qui court à l’absence : ainsi, ce n’est pas le temps à venir, le temps absent ; ce n’est pas le temps passé, le temps évanoui qui est long un long avenir, c’est une longue attente de l’avenir ; un long passé, c’est un long souvenir du passé.

38. Je veux réciter un cantique ; je l’ai retenu. Avant de commencer, c’est une attente intérieure qui s’étend à l’ensemble. Ai-je commencé ? tout ce qui accroît successivement au pécule du passé entre au domaine de ma mémoire : alors, toute la vie de ma pensée n’est que mémoire : par rapport à ce que j’ai dit ; qu’attente, par rapport à ce qui me reste à dire. Et pourtant mon attention reste présente, elle qui précipite ce qui n’est pas encore à n’être déjà plus. Et, à mesure que je continue ce récit, l’attente s’abrége, le souvenir s’étend jusqu’au moment où l’attente étant toute consommée, mon attention sera tout entière passée dans ma mémoire. Et il en est ainsi, non-seulement du cantique lui-même, mais de chacune de ses parties, de chacune de ses syllabes : ainsi d’une hymne plus longue, dont ce cantique n’est peut-être qu’un verset ; ainsi de la vie entière de l’homme, dont les actions de l’homme sont autant de parties ; ainsi de cette mer des générations humaines, dont chaque vie est un flot.

Questions :

  1. Dans ces deux paragraphes quelle distinction opère Saint Augustin entre la connaissance du temps et son vécu ?
  2. Le temps n’est pas le mouvement mais la mesure du mouvement. En quoi consiste-t-elle ?
  3. Quelles sont les contradictions que souligne le texte à propos de l’être du temps passé et futur ? Quel est le statut du temps présent et où se localise-t-il ? N’-y-a-t-il pas un risque : celui de ramener le temps à l’espace ?
  4. L’expression humaine est discursive et successive. De quelle déficience souffre-t-elle par rapport au « Verbe » de Dieu ? Au ch V des Confessions, Augustin écrit à propos de Dieu : « Vous avez parlé et le monde fut, c’est par votre parole que vous l’avez créé ».
  5. Peut-on vraiment dire que l’éternité est le contraire du temps ?
  6. A partir de ces réponses introduire en rédigeant, les questions et les problèmes relatifs au temps.