La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Marx

Oeuvres, études, recensions

A. Oeuvres

 Les principales œuvres de Marx, téléchargeables dans une trentaine de langues, (y compris bien sûr le français et l’allemand) sont disponibles dans le site : http://www.marxists.org

M = Marx
E = Engels

1841(M)Préface à la thèse de doctorat « Différence entre la philosophie de la nature de Démocrite et celle d’Epicure »
1842(M)L’éditorial du n° 179 de la « Gazette de Cologne »
1842(M)Débats sur la loi relative au vol de bois
1843(M)Justification du correspondant de la Moselle
1843(M)Introduction à la Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel
1843(M)La question juive
1844(M)Gloses critiques marginales à l’article : « Le roi de Prusse et la réforme sociale par un Prussien »
1844(M/E)La Sainte Famille
1844(M)Manuscrits de 1844
1845(E)Discours d’Elberfeld (8 & 15 fév. 1845)
1845(E)Description de colonies communistes surgies ces derniers temps et encore existantes
1845(E)La situation de la classe laborieuse en Angleterre
1845(M/E)L’idéologie Allemande (Première partie)
1845(M)Thèses sur Feuerbach
1847(M)Discours sur le parti chartiste, l’Allemagne et la Pologne
1847(M)Misère de la philosophie
1847(E)Principes du communisme
1847(M)Travail salarié et capital
1847(M)Le livre du salaire
1847(M/E)Statuts de la Ligue des communistes
1847(M/E)Manifeste du Parti communiste
1848(M)Discours sur la question du libre-échange
1848(E)Discours sur la Pologne
1848(M)Lettre publiée dans "La Réforme"
1848(E)Les journées de juin 1848
1848(M/E)La Nouvelle Gazette Rhénane
1849(E)Le panslavisme démocratique
1850
1850(E)La guerre des paysans allemands 1525
1850(M/E)Adresse du Comité central à la ligue des communistes
1850(M/E)Statuts de la Société Universelle des Communistes Révolutionnaires
1850(M)Les luttes de classes en France
1851(M)Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte
1851-52(E)Révolution et contre-révolution en Allemagne
Idem, édition Schleicher, Paris 1901
1852(M)Révélations sur le procès des communistes de Cologne
Idem, édition Schleicher, Paris 1901
1852(E)Le procès des communistes à Cologne
1856(M)Les révolutions de 1848 et le prolétariat (discours à l’occasion de l’anniversaire du People’s Paper)
1857(E)L’Afghanistan
1857(M)Introduction à la critique de l’économie politique
 (M)Formes antérieures à la production capitaliste (Grundrisse)
1858(M/E)Abd El Kader ; Bugeaud ; Algérie (articles de New American Cyclopedia)
1859(M)Critique de l’économie politique
1860
1861(M)Bénéfices secondaires du crime
1864(M)Adresse inaugurale de l’Association internationale des travailleurs
1864/71(M)Statuts généraux de l’Association internationale des travailleurs
1865(M)Salaire, prix et profit
1866(M)Instructions pour les délégués du Conseil central provisoire de l’A. I. T. sur les différentes questions
1867(M)Célébration du quatrième anniversaire de l’insurrection polonaise de 1863
1867(M)Un chapitre inédit du Capital
1867(M)Le Capital -Livre I
1867(M)Le Capital - Livre III
1868(E)Le "Capital" de Marx
1870
1870/71(M)La guerre civile en France
1872(M/E)Les prétendues scissions dans l’Internationale
1872(E)La question du logement
1873(M)L’indifférence en matière politique
1873(E)La République en Espagne
1874(E)Le programme des émigrés blanquistes de la Commune
1875(M)Critique du programme de Gotha
1876(E)Le Rôle du travail dans la transformation du singe en Homme
1877(E)Karl Marx
1878(E)L’anti-Dühring
1880
1880(M)Enquête ouvrière
1880(M/E)Au meeting, à Genève, en souvenir du 50e anniversaire de la Révolution polonaise de 1830
1880(E)Socialisme utopique et socialisme scientifique
1882(E)Sur l’histoire des anciens Germains
1882(E)Bruno Bauer et le christianisme primitif
1883(E)La Marche
1883(E)Dialectique de la nature
1883(E)Discours sur la tombe de Karl Marx
1884(E)L’origine de la famille de la propriété privée et de l’Etat
1884(E)La décadence de la féodalité et l’essor de la bourgeoisie
1885(E)Préface de « Karl Marx devant les jurés de Cologne » (extrait)
1885(E)Quelques mots sur l’histoire de la Ligue des communistes
1886(E)Discours pour le XV° anniversaire de la Commune
1886(E)Socialisme de juristes (avec Karl Kautsky)
1888(E)Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande
1890
1891(E)Introduction à La guerre civile en France
1891(E)Critique du Projet de Programme d’Erfurt
1892(E)Fragment d’un projet d’appel pour le XXI° anniversaire de la Commune
1894(E)Contributions à l’Histoire du Christianisme primitif

Recueils d’articles

La social-démocratie allemande

La guerre civile aux États-Unis

La Commune de 1871

Le parti de classe

Marx et Engels sur l’enseignement

Écrits militaires

Engels : Appendice aux Écrits militaires

Lettres à Kugelmann

Sur la religion

Critique de Malthus

La Chine

La crise

La dictature du prolétariat

Le mouvement ouvrier français t.I

Le mouvement ouvrier français t.II

La Russie

La société communiste

Le syndicalisme t.I

Le syndicalisme t.II

Utopisme et communauté de l’avenir

Les utopistes

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Textes et questions

  • Le cours interactif de Philippe TOUCHET, Professeur en Premières Supérieures au Lycée Gustave Monod d’Enghier, diffusé en visioconférence le 16 octobre 2014 depuis le Lycée Jean-Pierre Vernant de Sèvres est désormais en ligne et en accès libre sur le canal Dailymotion du Projet Europe, Éducation, École :

Travail, conscience et aliénation :

Texte

Visionnez le cours de Philippe Touchet sur :
https://www.dailymotion.com/video/x28kwaw

**Travail, conscience et aliénation, pas à pas :

Consigne : ce questionnaire détaille la leçon idée par idée. Il est l’équivalent d’une prise de notes continue. Il vous suffit de répondre aux questions au fil de votre écoute. N’hésitez pas, pour cela, à réécouter plusieurs fois le passage correspondant à la question.

1. Dans les Manuscrits de 1844, il s’agit pour Marx de « mettre fin à la philosophie » - et non à une philosophie. Pourquoi cette décision ?
2. De quel philosophe est-il le continuateur ? Cette continuité annonce une fin. Laquelle ?
3. Par quoi Marx veut-il et va-t-il remplacer la philosophie ?
4. « Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie mais c’est la vie qui détermine la conscience » : cette phrase de Marx dans l’idéologie allemande donne à penser que la philosophie est aliénée :
a. Quelle est la définition de l’aliénation employée ici ?
b. Quelle est l’illusion de la conscience du fait de l’ignorance des causes qui la déterminent ?
c. N’y-a-t-il pas là un paradoxe du fait de la définition traditionnelle de la philosophie ?
d. D’autres philosophes ont entrepris de se mettre à distance des illusions de la conscience (exemple : Pascal et l’expérience de la foi), mais ils demeurent dans la conscience.
e. Quelle est la décision radicale de Marx ?
5. Qu’est-ce qui permet à Marx de ne pas sombrer dans un économisme déterministe et fataliste – une autre forme d’illusion - et de faire de l’aliénation une situation provisoire même si elle est déterminante pour la conscience ?
6. Le fait que la société des hommes obéisse à des lois historiques rend-il impossible le changement social ?
7. Quelle différence y-a-t-il entre l’individu et le groupe social pour Marx ?
8. Cette conception de l’histoire se différencie de celle de Hegel qui valorise les « grands hommes » comme moteurs de l’histoire. Quelles sont les deux positions antagonistes de Marx et celle de Hegel ?
9. À l’état de nature tel que le comprend Rousseau, qui voit dans l’histoire la cause de la chute des hommes dans le mal. Que répond Marx ?
10. N’adhérant ni à la croyance au progrès de la raison de l’individu doté d’une pensée, ni à l’inverse à celle au progrès du mal du fait du refus de la fatalité, quelle thèse défend Marx ?
11. Qu’est-ce qui fonde la vérité de cette théorie ?
12. Analyser le travail dans son fonctionnement historique va permettre à Marx d’en dégager les diverses formes. Comment comprendre cette formulation de Marx : la logique c’est l’argent de l’esprit ?
13. Quelles sont selon Marx les trois aliénations dont l’exploitation sera la forme économique dans Le Capital ?

Une petite fileuse en Caroline du sud (États-Unis), le 3 décembre 1908, enquête photographique de Lewis W. Hine pour le National Child Labor Committee.

**TEXTES DE REFERENCE

Etudes de textes

++++TEXTE 1 : Karl Marx et Friedrich Engels, L’idéologie allemande

« On peut distinguer les hommes des animaux par la conscience, par la religion et par tout ce que l’on voudra. Eux-mêmes commencent à se distinguer des animaux dès qu’ils commencent à produire leurs moyens d’existences, pas en avant qui est la conséquence même de leur organisation corporelle. En produisant leurs moyens d’existence, les hommes produisent indirectement leur vie matérielle elle-même. La façon dont les hommes produisent leurs moyens d’existence, dépend d’abord de la nature des moyens d’existence déjà donnés et qu’il leur faut reproduire. Il ne faut pas considérer ce mode de production de ce seul point de vue, à savoir qu’il est la reproduction de l’existence physique des individus. Il représente au contraire déjà un mode déterminé de l’activité de ces individus, une façon déterminée de manifester leur vie, un mode de vie déterminé. La façon dont les individus manifestent leur vie reflète très exactement ce qu’ils sont. Ce qu’ils sont coïncide donc avec leur production, aussi bien avec ce qu’ils produisent qu’avec la façon dont ils le produisent. Ce que sont les individus dépend donc des conditions matérielles de leur production (…).
Voici donc les faits : des individus déterminés qui ont une activité productrice selon un mode déterminé entrent dans des rapports sociaux et politiques déterminés. Il faut que dans chaque cas isolé, l’observation empirique montre dans les faits, et sans aucune spéculation ni mystification, le lien entre la structure sociale et politique et la production. La structure sociale et l’État résultent constamment du processus vital d’individus déterminés ; mais de ces individus non point tels qu’ils peuvent s’apparaître dans leur propre représentation ou apparaître dans celle d’autrui, mais tels qu’ils sont en réalité, c’est-à-dire, tels qu’ils œuvrent et produisent matériellement ; donc tels qu’ils agissent sur des bases et dans des conditions et limites matérielles déterminées et indépendantes de leur volonté. [...]
 La production des idées, des représentations et de la conscience est d’abord directement et intimement mêlée à l’activité matérielle et au commerce matériel des hommes, elle est le langage de la vie réelle. Les représentations, la pensée, le commerce intellectuel des hommes apparaissent ici encore comme l’émanation directe de leur comportement matériel. Il en va de même de la production intellectuelle telle qu’elle se présente dans la langue de la politique, celle des lois, de la morale, de la religion, de la métaphysique, etc. de tout un peuple. Ce sont les hommes qui sont les producteurs de leurs représentations, de leurs idées, etc., mais les hommes réels agissants, tels qu’ils sont conditionnés par un développement déterminé de leurs forces productives et des rapports qui y correspondent, y compris les formes les plus larges que ceux-ci peuvent prendre. La conscience ne peut jamais être autre chose que l’être conscient et l’être des hommes est leur processus de vie réel. Et si, dans toute l’idéologie, les hommes et leurs rapports nous apparaissent placés la tête en bas comme dans une camera obscura, ce phénomène découle de leur processus de vie historique, absolument comme le renversement des objets sur la rétine découle de son processus de vie directement physique.
 À l’encontre de la philosophie allemande qui descend du ciel sur la terre, c’est de la terre au ciel que l’on monte ici. Autrement dit, on ne part pas de ce que les hommes disent, s’imaginent, se représentent, ni non plus de ce qu’ils sont dans les paroles, la pensée, l’imagination et la représentation d’autrui, pour aboutir ensuite aux hommes en chair et en os ; non, on part des hommes dans leur activité réelle, c’est à partir de leur processus de vie réel que l’on représente aussi le développement des reflets et des échos idéologiques de ce processus vital. Et même les fantasmagories dans le cerveau humain sont des sublimations résultant nécessairement du processus de leur vie matérielle que l’on peut constater empiriquement et qui repose sur des bases matérielles.
 De ce fait, la morale, la religion, la métaphysique et tout le reste de l’idéologie, ainsi que les formes de conscience qui leur correspondent, perdent aussitôt toute apparence d’autonomie. Elles n’ont pas d’histoire, elles n’ont pas de développement ; ce sont au contraire les hommes qui, en développant leur production matérielle et leurs rapports matériels, transforment, avec cette réalité qui leur est propre, et leur pensée et les produits de leur pensée. Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience. Dans la première façon de considérer les choses, on part de la conscience comme étant l’individu vivant, dans la seconde façon, qui correspond à la vie réelle, on part des individus réels et vivants eux-mêmes et l’on considère la conscience uniquement comme leur conscience. »
Karl Marx et Friedrich Engels, L’idéologie allemande, Partie B, pp. 306 à 308

++++Questions :

1. L’homme n’est pas un universel abstrait. Il est déterminé par les conditions matérielles de son existence. Cherchez des exemples.
2. Quelle est la méthode à mettre en œuvre pour mettre à jour ce qui le détermine ?
3. L’hypothèse d’un état de nature a-t-elle ici un sens ? Pourquoi ? Expliquez en quoi une telle conception n’est qu’une représentation de l’esprit ?
4. S’agit-il de construire une anthropologie ? S’agit-il ici de définir l’homme par sa séparation d’avec l’animal ?
5. Si les hommes sont conditionnés par les limites de leurs forces productives, les moyens de production, et leurs productions matérielles, la volonté peut-elle prétendre choisir librement ? Qu’en est-il de la conscience : peut-elle se détacher de ses conditions d’apparition ? Faut-il faire confiance au sujet qui pense ? Est-il libre ?
6. Expliquez : « À l’encontre de la philosophie allemande qui descend du ciel sur la terre, c’est de la terre au ciel que l’on monte ici. ». À quoi s’oppose la philosophie matérialiste ?
7. La conscience n’est-elle pas cause et produit de l’idéologie ? Définissez l’idéologie dans ce texte. Si la morale, la religion, la métaphysique sont des idéologies quelle est la conséquence de leur emploi ?
8. Expliquez cette phrase : « c’est à partir de leur processus de vie réel que l’on représente aussi le développement des reflets et des échos idéologiques de ce processus vital. ». Cherchez le sens de « processus ». Qu’est-ce qui donne de la chair à la réflexion sur l’homme ?
9. « Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience. » Si la conscience produit des illusions, comment contribue-t-elle à l’aliénation de l’homme ? Quel est le but de toute idéologie ?
10. En quoi consiste la liberté humaine à partir de ce texte ?

++++TEXTE 2 : Karl Marx, Manuscrits de 1857-1858

"Tu travailleras à la sueur de ton front ! C’est la malédiction dont Jéhovah a gratifié Adam en le chassant. Et c’est ainsi qu’Adam Smith conçoit le travail comme une malédiction. Le « repos » apparaît alors comme l’état adéquat, synonyme de « liberté » et de « bonheur ». Que l’individu se trouvant « dans un état normal de santé, de force, d’activité et d’habileté » puisse éprouver quand même le besoin d’effectuer une part normale de travail et de suspension de son repos semble peu intéresser Adam Smith. Il est vrai que la mesure du travail paraît elle-même donnée de l’extérieur, par le but à atteindre et par les obstacles que le travail doit surmonter pour y parvenir. Mais Adam Smith semble tout aussi peu avoir l’idée que surmonter des obstacles puisse être en soi une activité de liberté […], être donc l’autoeffectuation, l’objectivation du sujet, et, par là même, la liberté réelle dont l’action est précisément le travail."
Marx, Manuscrits de 1857-1858, t. II, p. 101.

++++Questions : Réfutation de la liberté selon Smith

1. À quoi Adam Smith réduit-il le travail selon Marx ?

2. Pourquoi la réduction de la liberté au repos est-elle finalement un contresens ? L’homme ne perd-il pas au contraire sa liberté ?

3. Quelle définition de la liberté présuppose Adam Smith selon Marx ?

4. Pour Marx, la liberté est-elle un état ou une action ? Expliquez.

5. Une société de loisirs est-elle libre ?

++++TEXTE 4 : Karl Marx - L’argent. Manuscrits de 1844

« L’argent en possédant la qualité de tout acheter, en possédant la qualité de s’approprier tous les objets est donc l’objet comme possession éminente. L’universalité de sa qualité est la toute-puissance de son essence. Il passe donc pour tout-puissant... L’argent est l’entremetteur entre le besoin et l’objet, entre la vie et le moyen de subsistance de l’homme. Mais ce qui sert de médiateur à ma vie sert aussi de médiateur à l’existence des autres hommes pour moi. Pour moi, l’argent, c’est l’autre homme (…) Ce qui grâce à l’argent est pour moi, ce que je peux payer, c’est-à-dire ce que l’argent peut acheter, je le suis moi-même, moi le possesseur de l’argent. Ma force est tout aussi grande qu’est la force de l’argent. Les qualités de l’argent sont mes qualités et mes forces essentielles - à moi son possesseur. Ce que je suis et ce que je peux n’est donc nullement déterminé par mon individualité. Je suis laid, mais je peux m’acheter la plus belle femme. Donc je ne suis pas laid, car l’effet de la laideur, sa force repoussante, est annulé par l’argent. De par mon individualité, je suis perclus [5], mais l’argent me procure vingt-quatre jambes ; je ne suis donc pas perclus ; je suis un homme mauvais, malhonnête, sans conscience, sans esprit, mais l’argent est vénéré, donc aussi son possesseur ; l’argent est le bien suprême, donc son possesseur est bon. L’argent m’évite en outre la peine d’être malhonnête ; on me présume donc honnête ; je suis sans esprit, mais l’argent est l’esprit réel de toutes choses, comment son possesseur pourrait-il ne pas avoir d’esprit ? De plus, il peut acheter les gens spirituels et celui qui possède la puissance sur les gens d’esprit n’est- il pas plus spirituel que l’homme d’esprit ? Moi qui par l’argent peux tout ce à quoi aspire un cœur humain, ne suis-je pas en possession de tous les pouvoirs humains ?
Donc mon argent ne transforme-t-il pas toutes mes impuissances en leur contraire ? (…) Si l’argent est le lien qui me lie à la vie humaine, à la société, à la nature et à l’homme, l’argent n’est-il pas le lien de tous les liens ? Ne peut-il pas dénouer et nouer tous les liens ? N’est-il pas non plus de ce fait le moyen universel de séparation ? (…) La perversion et la confusion de toutes les qualités humaines et naturelles, la fraternisation des impossibilités - la force divine - de l’argent sont impliquées dans son essence en tant qu’essence générique aliénée, aliénante et s’aliénant, des hommes. Il est la puissance aliénée de l’humanité. »
Marx, Manuscrits de 1844, Garnier Flammarion, pp. 209-210

++++Questions

Questions pour guider votre analyse : répondez aux questions suivantes en justifiant à chaque fois votre réponse
1. Pourquoi une telle insistance au début du texte sur le terme de « possession » ? on dit de l’essence qu’elle possède un prédicat (ou qualité) Peut-on ici dissocier la qualité de l’essence de l’argent ?
2. En quoi consiste la « toute-puissance » de l’argent ? A qui accorde-t-on traditionnellement cette dernière ? A qui s’identifie l’homme ? Montrer comment se met en place une religion de l’argent.
3. Cette infinie puissance n’est-elle pas source d’aliénation ?
4. Aristote rappelle, dans l’Organum, que le prédicat n’existe pas, n’est pas une existence, car seul un être singulier existe. Le vérifie-t-on ici ?
5. Si l’argent est défini par son prédicat, son essence ne disparaît-elle pas ?
6. Marx écrit : « il passe pour tout-puissant ». L’est-il en vérité ?
7. Qu’est-ce qu’un entremetteur ? Pourquoi choisir ce terme pour désigner l’argent ? A qui Faust vend-il son âme pour être tout-puissant ?
8. L’argent est-il le mal ? Que fait-il perdre à l’homme qui institue son humanité ? Expliquez : « Ce que je suis et ce que je peux n’est donc nullement déterminé par mon individualité »
9. Quel est le sens des exemples du texte ? Que nous donnent-ils à comprendre de l’homme ?
10. N’y-a-t-il pas corruption du principe de non-contradiction dans cette position d’un contraire à partir de son identité ? Comment comprendre que je suis le contraire de toutes mes impuissances par l’argent ?
11. Quelle est la conséquence pour la vérité ? La philosophie ?
12. La malédiction est-ce le travail ou le discours de l’argent ?
Exercices de synthèse et de rédaction :
13. En vous appuyant sur vos réponses aux questions précédentes, dégagez le thème de ce texte, formulez le problème qu’il soulève ainsi que la thèse principale qui s’y trouve soutenue.

14. En vous appuyant sur vos réponses à la question 13, rédigez une introduction pour l’explication de ce texte.


B. Études, articles et conférences sur Marx

 5 années d’archives et de vidéos du séminaire "Marx au XXIe siècle. L’esprit et la lettre" (2005-2010) sont disponible à l’adresse suivante : http://chspm.univ-paris1.fr

 Pierre Macherey, Marx 1845. Les "thèses" sur Feuerbach. Traduction et commentaire, éditions Amsterdam, Paris, 2008.

 Philippe Touchet, "L’argent est la puissance aliénée de l’humanité. Marx, Troisième manuscrit de 1844.", 2009.

 Le déterminisme économique de Karl Marx : recherches sur l’origine et l’évolution des idées de justice, du bien, de l’âme et de Dieu par Paul Lafargue.
Éditeur : M. Giard (Paris) Date d’édition : 1928

 Pour lire Marx par Miguel Abensour Revue française de science politique ,1970, Volume 20, Numéro 4 pp. 772-788

 "Marx et l’économie des conventions". Une contribution critique
par André Segura, Revue économique, 1995, Volume 46 Numéro 5 pp. 1361-1373

 Sur Marx, l’art et la vérité
par Jacques Taminiaux, Revue Philosophique de Louvain, Année 1974, Volume 72, Numéro 14, pp. 311-327

 Introduction à la pensée de Marxpar Michel Henry, Revue Philosophique de Louvain, 1969, Volume 67, Numéro 94, pp. 241-266

 La critique de la religion par Marx par Trân-vàn-Toàn, Revue Philosophique de Louvain, 1970, Volume 68, Numéro 97, pp. 55-78

 Note sur le concept de « Gattungswesen » dans la pensée de Karl Marx
Trân-vàn-Toàn

Revue Philosophique de Louvain Année 1971 Volume 69 Numéro 4 pp. 525-536

 Le problème de la conscience communiste
Par : Trân-vàn-Toàn 1962

Recensions

 Franck Fischbach, La Privation de monde, Temps, espace et capital, Paris, Vrin, Problèmes & Controverses, 2011, 144 p.
Franck Fischbach se propose d’analyser cette forme d’aliénation qu’il nomme, avec Heidegger, « privation de monde ». Comment se manifeste-t-elle ? Quelles en sont les causes ? Et que faire pour y remédier ?

 Entretien avec Michel Leter : autour du Capital. L’invention du Capitalisme (partie III)

 Entretien avec Michel Leter : autour du Capital L’invention du Capitalisme (partie II)

 Entretien avec Michel Leter : Autour du Capital L’invention du capitalisme (partie I)

 Jacques Bidet, Foucault avec Marx
... Jacques Bidet, directeur honoraire d’Actuel Marx, nous propose une nouvelle version de la théorie critique dans laquelle Foucault serait le nouveau camarade de Marx. Si, historiquement, les alliances théoriques, ‑ l’auteur parle « d’hybridations » (p. 11) ‑ avec Marx furent nombreuses (notamment avec Lénine ... Le Capital, Paris, PUF, « Quadrige », 2014 ; Louis Althusser, Pour Marx, Paris, La Découverte, « Poche ...

 Jean-Numa Ducange, Isabelle Garo (dir.), Marx politique 2015

 Norbert Lenoir, Marx et la double structure de la religion. De l’opium du peuple au fétichisme de la marchandise 2014

 Pascal Combemale, Introduction à Marx 2011

 Kostas Axelos : Marx, penseur de la technique
2015

 Avec MARX : 25 ans d’Actuel Marx

 Bibliographie sur Marx dans Actuel Marx