La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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[green]L’histoire peut-elle être découpée en périodes ?[/green]

« L’aimable mot de Renaissance ne rappelle aux amis du beau que l’avènement d’un art nouveau et le libre essor de la fantaisie. Pour l’érudit, c’est la rénovation des études de l’Antiquité ; pour les légistes, le jour qui commence à luire sur le discordant chaos de nos vieilles coutumes. […] Appartiennent à cet âge plus qu’à tous ses prédécesseurs : la découverte du monde, la découverte de l’homme. […] L’état bizarre et monstrueux, prodigieusement artificiel, qui fut celui du Moyen Âge, n’a d’argument en sa faveur que son extrême durée, sa résistance obstinée au retour de la nature. […] Ainsi dure le Moyen Âge, d’autant plus difficile à tuer qu’il est mort depuis longtemps. Pour être tué, il faut vivre. Que de fois il a fini ! […] Et définitivement, le Moyen Âge agonise aux quinzième et seizième siècles, quand l’imprimerie, l’Antiquité, l’Amérique, l’Orient, le vrai système du monde, ces foudroyantes lumières, convergent leurs rayons sur lui. […] Que le greffier date la mort du jour où les pompes funèbres mettront le corps dans la terre, l’historien date la mort du jour où le vieillard perd l’activité productive. »
Jules Michelet, Histoire de France au seizième siècle. Renaissance, Paris, 1855.

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  • Qui est Michelet ?
  • Quel est le sens de "découvrir" ?
  • Comment l’auteur oppose-t-il la Renaissance au Moyen Âge ?
  • Quelle image nous donne-t-il du Moyen-Age ?

« Sur le plan théorique, l’intérêt est bien sûr de constituer progressivement les éléments d’une histoire globale, mais surtout, et même d’abord, d’analyser les rythmes différentiels d’évolution des divers niveaux d’un ensemble historique. […] [Il faut] réviser les périodisations globales traditionnelles, qui sont pour l’essentiel un héritage idéologique du XIXe siècle, et qui présupposent ce qui reste précisément à démontrer : l’évolution grossièrement concomitante des éléments les plus divers d’un ensemble, à l’intérieur de la période considérée. Au lieu de partir d’une périodisation donnée, il est probablement plus fécond de poser d’abord les questions par rapport aux éléments décrits. Le concept de « Renaissance », par exemple, est probablement pertinent par rapport à̀ bien des indicateurs d’histoire culturelle, mais sans doute dénué de sens par rapport aux données de la productivité agraire.
Le problème est dès lors de cerner, à l’intérieur d’un ensemble de données de nature différente quels sont les niveaux en évolution rapide, ou en transformation décisive, et quels sont les secteurs à forte inertie, dans le moyen ou le long terme. »
François Furet, « Histoire quantitative et construction du fait historique », Annales, Économie, sociétés, civilisations, 26e année, 1971, n°1

  • Quelle critique fait François Furet de la périodisation en histoire ?
  • Quelle est sa conception de l’histoire ?