La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Guerre et paix

Pour comprendre les causes complexes de la guerre, il faut concevoir la paix elle-même comme un processus se déroulant sans intervention de la force, et qui ne vise pas seulement à empêcher l’emploi de celle-ci, mais à instaurer les conditions réelles d’une coexistence sans tensions entre les groupes et entre les peuples. Les réglementations mises en place ne doivent léser ni l’existence ni la dignité des intéressés, et ne doivent pas non plus porter atteinte aux intérêts vitaux et aux sentiments de justice, au point que les parties en conflit, après avoir épuisé les possibilités qu’offrent les procédures judiciaires, finissent néanmoins par recourir à la force. Les programmes politiques qui sont fondés sur un tel concept de paix auront recours, avant tout emploi de la force militaire, à tous les moyens disponibles, y compris l’intervention humanitaire, afin d’agir sur la situation intérieure d’États formellement souverains pour y favoriser à la fois l’autosuffisance économique et des conditions sociales supportables, la participation démocratique, l’établissement de l’État de droit et la tolérance culturelle. De telles stratégies d’intervention non violente en faveur de processus de démocratisation tablent sur le fait que, en raison des interdépendances planétaires, tous les États dépendent aujourd’hui de leur environnement et sont sensibles au pouvoir des influences indirectes, exercées « en douceur », qui peuvent aller jusqu’à des sanctions économiques explicites.
HABERMAS, L’intégration républicaine, « Les droits de l’homme. À l’échelle mondiale et au niveau de l’État » (1996).
Traduit de l’allemand par Rainer Rochlitz (revue)

  • Première partie : interprétation philosophique
    Comment Habermas montre-t-il que la paix n’est pas une simple absence de guerre ?
  • Deuxième partie : essai littéraire
    Comment la littérature et les autres arts peuvent-ils contribuer à la paix ?