La philosophie dans l’académie de CRETEIL
Slogan du site
Baccalauréat Sujets 1996 - 2019

BACCALAUREAT 2019

En Métropole

SERIE L

Bac philo 2019 : découvrez ... by on Scribd

SERIE ES

Philo ES by on Scribd

SERIE S

1er sujet de dissertation

La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ?

2ème sujet de dissertation

Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?

3ème sujet d’explication de texte

Expliquer le texte suivant :
La science a beaucoup d’ennemis déclarés, et encore plus d’ennemis cachés, parmi ceux qui ne peuvent lui pardonner d’avoir ôté à la foi religieuse sa force et de menacer cette foi d’une ruine totale. On lui reproche de nous avoir appris bien peu et d’avoir laissé dans l’obscurité incomparablement davantage. Mais on oublie, en parlant ainsi, l’extrême jeunesse de la science, la difficulté de ses débuts, et l’infinie brièveté du laps de temps écoulé depuis que l’intellect humain est assez fort pour affronter les tâches qu’elle lui propose. Ne commettons-nous pas, tous tant que nous sommes, la faute de prendre pour base de nos jugements des laps de temps trop courts ? Nous devrions suivre l’exemple des géologues. On se plaint de l’incertitude de la science, on l’accuse de promulguer aujourd’hui une loi que la génération suivante reconnaît pour une erreur et remplace par une loi nouvelle qui n’aura pas plus longtemps cours. Mais ces accusations sont injustes et en partie fausses. La transformation des opinions scientifiques est évolution, progrès, et non démolition. Une loi, que l’on avait d’abord tenue pour universellement valable, se révèle comme n’étant qu’un cas particulier d’une légalité plus compréhensive, ou bien l’on voit que son domaine est borné par une autre loi, que l’on ne découvre que plus tard ; une approximation en gros de la vérité est remplacée par une autre, plus soigneusement adaptée à la réalité, approximation qui devra attendre d’être perfectionnée à son tour. Dans divers domaines, nous n’avons pas encore dépassé la phase de l’investigation, phase où l’on essaie diverses hypothèses qu’on est bientôt contraint, en tant qu’inadéquates, de rejeter. Mais dans d’autres nous avons déjà un noyau de connaissances assurées et presque immuables.

FREUD, L’Avenir d’une illusion (1927)

Séries : STMG, STL, STI2D, STD2A et ST2S

SERIE STHR

Bt Philo Sthr by on Scribd

Séries technologiques :

 Sujet 1 : Seul ce qui peut s’échanger a-t-il de la valeur ?

 Sujet 2 : Les lois peuvent-elles faire notre bonheur ?

 Sujet 3 : Le fait qu’on ne voit aucune thèse qui ne soit débattue et controversée1 entre nous, ou qui ne puisse l’être, montre bien que notre jugement naturel ne saisit pas bien clairement ce qu’il saisit, car mon jugement ne peut pas le faire admettre par le jugement de mon semblable : ce qui est le signe que je l’ai saisi par quelque autre moyen que par un pouvoir naturel qui serait en moi et en tous les hommes. Laissons de côté cette confusion infinie d’opinions que l’on voit parmi les philosophes eux-mêmes, et ce débat perpétuel et général sur la connaissance des choses. On a tout à fait raison, en effet, d’admettre que sur aucune chose les hommes – je veux dire les savants les mieux nés, les plus capables – ne sont d’accord, pas même sur le fait que le ciel est sur notre tête, car ceux qui doutent de tout doutent aussi de cela ; et ceux qui nient que nous puissions comprendre quelque chose disent que nous n’avons pas compris que le ciel est sur notre tête ; et ces deux opinions sont, par le nombre, incomparablement les plus fortes. Outre cette diversité et cette division infinies, par le trouble que notre jugement nous donne à nous-mêmes et par l’incertitude que chacun sent en lui, il est aisé de voir que ce jugement a son assise2 bien mal assurée. Comme nous jugeons différemment des choses !Combien de fois changeons-nous d’opinions ! Ce que je soutiens aujourd’hui et ce que je crois, je le soutiens et le crois de toute ma croyance ; toutes mes facultés et toutes mes forces empoignent cette opinion et m’en répondent sur tout leur pouvoir. Je ne saurais embrasser (3) aucune vérité ni la conserver avec plus de force que je ne fais pour celle-ci. J’y suis totalement engagé, j’y suis vraiment engagé ; mais ne m’est-il pas arrivé, non pas une fois, mais cent, mais mille, et tous les jours, d’avoir embrassé quelque autre opinion avec ces mêmes instruments, dans ces mêmes conditions, opinion que, depuis, j’ai jugée fausse ? MONTAIGNE, Les Essais (1580)

1 « controverse » : discussion vive.
2 « assise » : base, fondement.
3 « embrasser » : adhérer à une opinion, la faire sienne.

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble. 1. Dégager l’idée principale du texte et les étapes du raisonnement. 2. Expliquer :a) « Le fait qu’on ne voit aucune thèse qui ne soit débattue et controversée, ou qui ne puisse l’être, montre bien que notre jugement naturel ne saisit pas bien clairement ce qu’il saisit, car mon jugement ne peut pas le faire admettre par le jugement de mon semblable » ; b) « (...) l’incertitude que chacun sent en lui » ;c) « Ce que je soutiens aujourd’hui et ce que je crois, je le soutiens et le crois de toute ma croyance ». 3. Changer d’opinion, cela nous empêche-t-il de connaître la vérité ?

Washington

Amérique du nord Washington
Sujets L

19PHLIAN1 Page : 2/2
Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants :
 Sujet 1
Y a-t-il en nous quelque chose qui échappe à la culture ?
 Sujet 2
La perception peut-elle être objective ?
 Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
Si un peuple devait très probablement juger que telle législation en vigueur actuellement compromet son bonheur, que doit-il faire ? Ne doit-il pas s’y opposer ?
La réponse ne saurait être que la suivante : il n’y a rien d’autre à faire que d’obéir. Car,
ici, il n’est pas question du bonheur que le sujet peut attendre d’une institution ou d’une administration de la communauté, mais, avant tout et simplement, du droit qui doit être par là assuré à chacun : ce qui est le principe suprême dont doivent provenir toutes les maximes qui concernent une communauté et qu’aucun autre ne peut limiter. En ce qui concerne la première maxime (celle du bonheur), aucun principe valable universellement ne peut être présenté au titre de loi. Car, aussi bien les circonstances historiques que les mirages où chacun place son bonheur et qui sont source de désaccords entre les hommes et qui changent pour cela continuellement (mais personne ne peut prescrire à quiconque le lieu où il doit le placer) rendent tout principe ferme impossible et inapte à devenir, pour ce qui le concerne, le fondement de la législation. La proposition :
Le salut public est la loi suprême de la cité (1) conserve sa valeur et son crédit inentamés ; mais le salut public, qu’il convient de prendre d’abord en considération, est justement cette constitution légale dont les lois assurent à chacun la liberté ; en quoi il lui reste loisible de poursuivre son bonheur de la manière qui lui semble la meilleure à condition de ne pas porter préjudice à cette loi universelle et conforme à la loi, donc au droit des autres co-sujets.

KANT,
Théorie et pratique (1793)

(1) Du latin :
Salus publica suprema civitatis lex est
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question

Sujets ES Washington

Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants
 Sujet 1
La connaissance de l’histoire est-elle utile à l’action présente ?
 Sujet 2
Tous les échanges sont-ils profitables ?
 Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
Parmi les biens, certains sont des biens absolus, mais d’autres sont bons pour quelqu’un sans être absolument bons. Et ce sont les mêmes choses qui sont absolument bonnes et qui plaisent absolument. En effet, ce sont des choses profitables à un corps en bonne santé dont nous disons qu’elles sont absolument bonnes pour le corps, et non pas de celles qui sont profitables à un corps malade, comme les remèdes et les amputations. De même plaît absolument au corps ce qui plaît à un corps sain et entier, par exemple voir en pleine lumière et non dans l’ombre (bien sûr, c’est le contraire pour qui souffre des yeux) ; le vin le plus plaisant n’est pas celui qui plaît à l’homme qui a abîmé sa langue dans l’ivrognerie (puisque parfois on leur verse du vinaigre !) ; c’est celui qui plaît au palais intact. Ainsi en va-t-il pour l’âme : ce qui plaît absolument n’est pas ce qui plaît aux enfants et aux bêtes, mais ce qui plaît aux adultes. En tout cas, quand on a mémoire des deux, ce sont les plaisirs de l’adulte que nous choisissons. L’enfant et la bête sont par rapport à l’homme dans le même rapport que le méchant et l’insensé par rapport à l’homme mesuré et à l’homme sage. Or les plaisirs de ces derniers correspondent à leurs manières d’être, ce sont les plaisirs bons et beaux.
ARISTOTE, Éthique à Eudème (IVe siècle avant J.-C).
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que
l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont
il est question

Sujets Série S Washington

 Sujet 1
Avons-nous besoin d’art ?
 Sujet 2
La raison suffit-elle à connaître le réel ?
 Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
Ce qu’on appelle bonheur au sens strict résulte de la satisfaction plutôt soudaine de besoin accumulés et n’est possible, par nature, que comme phénomène épisodique. Toute prolongation d’une situation convoitée par le principe de plaisir donne seulement un sentiment de tiède contentement ; nous sommes ainsi faits que nous ne pouvons jouir intensément que du contraste, et très peu d’un état. De ce fait, nos possibilités de bonheur sont déjà limitées par notre constitution. Il y a beaucoup moins de difficultés à faire l’expérience du malheur. La souffrance menace de trois côtés : de notre propre corps, destiné à la déchéance et à la décomposition, et qui même ne saurait se passer de la douleur et de l’angoisse comme signaux d’alarme ; du monde extérieur, capable de se déchaîner contre nous avec des forces énormes, implacables et destructrices ; et enfin des relations avec d’autres êtres humains. La souffrance provenant de cette dernière source, nous l’éprouvons peut-être plus douloureusement que toute autre ; nous avons tendance à y voir une sorte de surcroît sans nécessité, bien qu’elle ne soit sans doute pas moins fatalement inévitable que les souffrances d’autres origines. Il n’est pas surprenant que, sous la pression de ces possibilités de souffrance, les hommes aient coutume d’en rabattre sur leur revendication de bonheur.
Freud, Malaise dans la civilisation
(1930)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Liban

Série S Liban

Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants
 Sujet 1
En politique, chacun défend-il ses propres intérêts ?
 Sujet 2
Suis-je défini par ma culture ?
 Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
Quant à l’idée que l’instruction inclinerait les hommes à une vie retirée et oisive, et les rendrait paresseux : ce serait là une bien étrange chose, si ce qui accoutume l’esprit à être perpétuellement en mouvement induisait à la paresse ! Tout au contraire, on peut assurément affirmer qu’aucune espèce d’homme n’aime le travail pour lui même, sauf ceux qui sont instruits. Les autres l’aiment pour le profit, comme un mercenaire pour la solde (1), ou encore pour l’honneur, car il les élève aux yeux des gens et redore une réputation qui autrement ternirait, ou parce qu’il leur donne une idée de leur puissance, en leur fournissant la possibilité d’occasionner du plaisir ou de la peine, ou parce qu’il met à l’œuvre telle de leurs facultés dont ils s’enorgueillissent, ce qui alimente leur bonne humeur et l’opinion agréable qu’ils ont d’eux-mêmes, ou enfin parce qu’il fait avancer n’importe quel autre de leurs projets. De la valeur personnelle fausse, on dit que celle de certains se trouve dans les yeux des autres. De la même façon, les efforts des gens que je viens d’évoquer sont dans les yeux des autres, ou du moins relatifs à quelques desseins particuliers. Seuls les hommes instruits aiment le travail comme une action conforme à la nature, et qui convient à la santé de l’esprit autant que l’exercice physique convient à la santé du corps. Ils prennent plaisir dans l’action elle-même, non dans ce qu’elle procure. Par conséquent,
ils sont les plus infatigables des hommes quand il s’agit d’un travail qui puisse retenir leur esprit.
Bacon, Du progrès et de la promotion des savoirs (1605)
(1) Solde : la paye octroyée par l’armée à ses employés.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES Liban
Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants

 Sujet 1
Faut-il préférer la vérité à son bonheur ?
 Sujet 2
Peut-on parvenir à une complète conscience de soi ?
 Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
Il faut reconnaître que l’égalité, qui introduit de grands biens dans le monde, suggère cependant aux hommes, ainsi qu’il sera montré ci-après, des instincts fort dangereux ; elle tend à les isoler les uns des autres, pour porter chacun d’eux à ne s’occuper que de lui seul.
Elle ouvre démesurément leur âme à l’amour des jouissances matérielles. Le plus grand avantage des religions est d’inspirer des instincts tout contraires. Il n’y a point de religion qui ne place l’objet des désirs de l’homme au-delà et au-dessus des biens de la terre, et qui n’élève naturellement son âme vers des régions fort supérieures à celle des sens. Il n’y en a point non plus qui n’impose à chacun des devoirs quelconques envers l’espèce humaine, ou en commun avec elle, et qui ne le tire ainsi, de temps à autre, de la contemplation de lui-même. Ceci se rencontre dans les religions les plus fausses et les plus dangereuses. Les peuples religieux sont donc naturellement forts précisément à l’endroit où les peuples démocratiques sont faibles ; ce qui fait bien voir de quelle importance il est que les hommes gardent leur religion en devenant égaux.
ALEXIS DE TOCQUEVILLE, De la Démocratie en Amérique (1835).
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question

Série L Liban

Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants :

 Sujet 1
Désirons-nous seulement ce que les autres désirent ?
 Sujet 2
L’État est-il au service de la société ?
 Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
Il existe de nombreux faits établis dans les sciences théoriques qui, s’ils étaient confrontés au point de vue immédiat et à l’opinion que la foule a de la question, seraient, relativement à cela, tout à fait semblables à des choses que peut apercevoir un dormeur durant son sommeil ! Et nombre de ces choses ne reposent pas même sur des prémisses (1) qui seraient, elles, de l’ordre des prémisses concevables par la foule, qui seraient persuasives pour la foule lorsque celle-ci réfléchirait à ces idées ; dont il est au contraire impossible qu’elles suscitent chez quiconque quelque persuasion que ce soit, mais dont on ne peut acquérir qu’une certitude, si l’on a procédé pour les connaître selon la méthode de la certitude (2). Ainsi, dirait-on à la foule, ou même à des gens d’un niveau de discours plus élevé que cela, que le soleil, qui paraît, lorsqu’on le voit, de la taille d’un pied, est en fait à peu près cent soixante-dix fois plus grand que la terre, que les gens trouveraient cela impossible. Ceux qui imagineraient cela se feraient l’impression de rêver, et il nous serait impossible de les en persuader en usant de prémisses auxquelles ils pourraient assentir (3) peu de temps après leur mention, en un temps raisonnable. Il n’est au contraire d’autre moyen d’accéder à une science comme celle-ci que la méthode de la démonstration, pour
ceux qui ont emprunté cette méthode.
Averroès, L’incohérence de l’incohérence (XIIe siècle)

1 « prémisses » : base du raisonnement.
2 « méthode de la certitude » : méthode démonstrative.
3 « assentir » : donner son assentiment, autrement dit considérer comme vrai.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Pondichéry

Philo L G1 by LETUDIANT on Scribd


BACCALAUREAT 2018

Métropole

SERIE S
 Sujet 1 Le désir est-il la marque de notre imperfection ?
 Sujet 2 Éprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ?
 Sujet 3 Expliquez le texte suivant :

"Tous les phénomènes de la société sont des phénomènes de la nature humaine, produits par l’action des circonstances extérieures sur des masses d’êtres humains. Si donc les phénomènes de la pensée, du sentiment, de l’activité humaine, sont assujettis à des lois fixes, les phénomènes de la société doivent aussi être régis par des lois fixes, conséquences des précédentes. Nous ne pouvons espérer, il est vrai, que ces lois, lors même que nous les connaîtrions d’une manière aussi complète et avec autant de certitude que celles de l’astronomie, nous mettent jamais en état de prédire l’histoire de la société, comme celle des phénomènes célestes, pour des milliers d’années à venir. Mais la différence de certitude n’est pas dans les lois elles-mêmes, elle est dans les données auxquelles ces lois doivent être appliquées. En astronomie, les causes qui influent sur le résultat sont peu nombreuses ; elles changent peu, et toujours d’après des lois connues. Nous pouvons constater ce qu’elles sont maintenant, et par là déterminer ce qu’elles seront à une époque quelconque d’un lointain avenir. Les données, en astronomie, sont donc aussi certaines que les lois elles-mêmes. Au contraire, les circonstances qui influent sur la condition et la marche de la société sont innombrables, et changent perpétuellement ; et quoique tous ces changements aient des causes et, par conséquent des lois, la multitude des causes est telle qu’elle défie nos capacités limitées de calcul. Ajoutez que l’impossibilité d’appliquer des nombres précis à des faits de cette nature mettrait une limite infranchissable à la possibilité de les calculer à l’avance, lors même que les capacités de l’intelligence humaine seraient à la hauteur de la tâche."
MILL,Système de logique, 1843

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question

SERIE L

 Sujet 1 : La culture nous rend-elle plus humain ?
 Sujet 2 : Peut-on renoncer à la vérité ?
 Sujet 3 : Expliquer le texte suivant :

"Souvent nous ne savons pas ce que nous souhaitons ou ce que nous craignons. Nous pouvons caresser un souhait pendant des années entières, sans nous l’avouer, sans même en prendre clairement conscience ; c’est que l’intellect n’en doit rien savoir, c’est qu’une révélation nous semble dangereuse pour notre amour-propre, pour la bonne opinion que nous tenons à avoir de nous-mêmes ; mais quand ce souhait vient à se réaliser, notre propre joie nous apprend, non sans nous causer une certaine confusion, que nous appelions cet événement de tous nos vœux ; tel est le cas de la mort d’un proche parent dont nous héritons. Et quant à ce que nous craignons, nous ne le savons souvent pas, parce que nous n’avons pas le courage d’en prendre clairement conscience. Souvent même nous nous trompons entièrement sur le motif véritable de notre action ou de notre abstention, jusqu’à ce qu’un hasard nous dévoile le mystère. Nous apprenons alors que nous nous étions mépris sur le motif véritable, que nous n’osions pas nous l’avouer, parce qu’il ne répondait nullement à la bonne opinion que nous avons de nous-mêmes. Ainsi, nous nous abstenons d’une certaine action, pour des raisons purement morales à notre avis ; mais après coup nous apprenons que la peur seule nous retenait, puisque, une fois tout danger disparu, nous commettons cette action. "
SCHOPENHAUER,Le monde comme volonté et comme représentation,1818

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question

SERIE ES

 Sujet 1 Toute vérité estelle définitive ?
 Sujet 2 Peut-on être insensible à l’art ?
 Sujet 3 Expliquer le texte suivant :

« Quand nous obéissons à une personne en raison de l’autorité morale que nous lui reconnaissons, nous suivons ses avis, non parce qu’ils nous semblent sages, mais parce qu’à l’idée que nous nous faisons de cette personne, une énergie psychique 1 d’un certain genre est immanente , qui fait plier notre volonté et l’incline dans le sens indiqué. Le respect est l’émotion que nous éprouvons quand nous sentons cette pression intérieure et toute spirituelle se produire en nous. Ce qui nous détermine alors, ce ne sont pas les avantages ou les inconvénients de l’attitude qui nous est prescrite ou recommandée ; c’est la façon dont nous nous représentons celui qui nous la recommande ou qui nous la prescrit. Voilà pourquoi le commandement affecte généralement des formes brèves, tranchantes, qui ne laissent pas de place à l’hésitation ; c’est que, dans la mesure où il est lui-même et agit par ses seules forces, il exclut toute idée de délibération et de calcul ; il tient son efficacité de l’intensité de l’état mental dans lequel il est donné. C’est cette intensité qui constitue ce qu’on appelle l’ascendant moral. Or, les manières d’agir auxquelles la société est assez fortement attachée pour les imposer à ses membres se trouvent, par cela même, marquées du signe distinctif qui provoque le respect. »
DURKHEIM,Les Formes élémentaires de la vie religieuse(1912)

1. « immanente » : intérieure
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question

Bac technologique (STMG, STI2D...toutes séries sauf STHR) :

 Sujet 1 : L’expérience peut-elle être trompeuse ?
 Sujet 2 : Peut-on maîtriser le développement technique ?
 Sujet 3 :

"Il est vrai que, dans les démocraties, le peuple paraît faire ce qu’il veut : mais la liberté politique ne consiste point à faire ce que l’on veut. Dans un Etat, c’est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir, et à n’être point contraint de faire ce que l’on ne doit pas vouloir. Il faut se mettre dans l’esprit ce que c’est que l’indépendance, et ce que c’est que la liberté. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent : et, si un citoyen pouvait faire ce qu’elles défendent, il n’aurait plus de liberté, parce que les autres auraient ce même pouvoir."

MONTESQUIEU,De l’Esprit des lois(1748)

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble. 1.Dégager l’idée principale du texte et les étapes du raisonnement. 2.Expliquer :a)« dans les démocraties, le peuple paraît faire ce qu’il veut » ; b)« la liberté ne peut consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir » ; c)que signifie « l’indépendance » dans le texte ? 3.Les lois sont-elles nécessaires à la liberté ?

Bac technologique (série STHR seulement) :

 Sujet 1 : Dissertation Qu’est-ce qui peut faire obstacle à mon bonheur ?
 Sujet 2 : Composition Quel besoin avons-nous de chercher la vérité ?
Pour rédiger votre composition, vous répondrez de manière explicite, précise et développée aux questions suivantes, qui sont destinées à guider votre rédaction.
[A] 1. Comment définir un besoin ? Y en a-t-il de différentes sortes ? Donnez des exemples. Quelle différence de sens y a-t-il entre « besoin » et « désir » ? 2. Comment définir la « vérité » ? À quoi s’oppose-t-elle ? 3. À qui peut renvoyer le « nous » dans la question posée ? 4. Chercher quelque chose, qu’est-ce que cela suppose ? 5. Y a-t-il des situations dans lesquelles nous pourrions ne pas avoir besoin de chercher la vérité ? Donnez des exemples précis dans votre réponse.
[B] 1. En tenant compte de la distinction entre besoin et désir, expliquez en quoi le besoin de chercher la vérité peut s’opposer au désir de ne pas savoir. 2. Recherche-t-on la vérité pour elle-même ou comme un moyen en vue d’autre chose ? 3. Certaines vérités peuvent-elles être particulières alors que d’autres sont universelles ? Aurions-nous davantage besoin des unes que des autres ? 4. Dans quelle mesure la recherche de la vérité pourrait-elle être nuisible ? 5. Dans quelle mesure le besoin de chercher la vérité est-il un moteur de progrès ? [C] Donnez, à présent, les différentes réponses possibles à la question : « Quel besoin avons-nous de chercher la vérité ? ». Justifiez chacune d’elles dans un paragraphe développé et argumenté.
[D] En tenant compte des éléments précédents et à l’aide de vos connaissances et de votre expérience, vous proposerez et justifierez de manière précise et développée la réponse qui vous paraît la plus pertinente à la question posée par le sujet. Vous ferez apparaître les raisons de votre choix ainsi que ce qu’il implique

Sujet 3 : Explication de texte (1)

" Dès qu’un contrat enferme quelque inégalité , vous soupçonnez aussitôt que ce contrat viole le droit. Vous vendez ; j’achète ; personne ne croira que le prix, fixé après débat et d’un commun accord, soit juste dans tous les cas ; si le vendeur est ivre tandis que l’acheteur est maître de son jugement, si l’un des deux est très riche et l’autre très pauvre, si le vendeur est en concurrence avec d’autres vendeurs tandis que l’acheteur est seul à vouloir acheter, si le vendeur ignore la nature de ce qu’il vend, livre rare ou tableau de maître, tandis que l’acheteur la connaît, dans tous les (2) cas de ce genre, je dirai que le prix payé est un prix d’occasion . Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait pas égalité entre les parties. Qu’est-ce qu’un prix juste ? C’est un prix de marché public. Et pourquoi ? Parce que, dans le marché public, par la discussion publique des prix, l’acheteur et le vendeur se trouvent bientôt également instruits sur ce qu’ils veulent vendre ou acheter. Un marché, c’est un lieu de libre discussion. Un tout petit enfant, qui connaît mal l’utilité relative des choses, et qui ne règle le prix que sur son désir présent, un tout petit enfant sera l’égal de l’acheteur le plus avisé, si seulement plusieurs marchands offrent publiquement à plusieurs acheteurs la chose que le petit enfant désire. Je n’en demande pas plus. Le droit règne là où le (3) petit enfant, qui tient son sou dans sa main et regarde avidement les objets étalés, se trouve l’égal de la plus rusée ménagère. On voit bien ici comment l’état de droit s’opposera au libre jeu de la force. Si nous laissons agir les puissances, l’enfant sera certainement trompé ; même si on ne lui prend pas son sou par la force brutale, on lui fera croire sans peine qu’il faut échanger un vieux sou contre un centime neuf. "

ALAIN,Propos sur les pouvoirs(18 octobre 1907)
(1) « enferme quelque inégalité » : dissimule une forme d’inégalité.
(2) « d’occasion » : de circonstance.
(3) On appelait autrefois « sou » une pièce de monnaie d’une valeur de cinq centimes.

Pour expliquer ce texte, vous répondrez de manière explicite, précise et développée aux questions suivantes, qui sont destinées à guider votre rédaction.
[A] 1. Qu’est-ce qui définit un « contrat » ? Dans le texte, de quelle sorte de contrat est-il question ? 2. Comment Alain caractérise-t-il, dans ce texte, « l’inégalité » contenue dans un contrat ? Pour ce faire, il expose des situations diverses : lesquelles ? Que permettent-elles de montrer ? 3. Alain définit le « prix juste » comme « un prix de marché public » : qu’est-ce dans ce texte qu’un « marché public » et pourquoi définit-il le « juste prix » ? 4. Pourquoi Alain choisit-il l’exemple de l’enfant ? De quoi l’enfant est-il ici le symbole ? 5. Qu’est-ce que « l’état de droit » ? En quoi s’oppose-t-il au « libre jeu de la force » ?
[B] (3) 1. Expliquez la phrase : « Le droit règne là où le petit enfant, qui tient son sou dans sa main et regarde avidement les objets étalés, se trouve l’égal de la plus rusée ménagère. » 2. En vous aidant des éléments précédents, dégagez l’idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] 1. Pourquoi, selon Alain, « la discussion publique » garantit-elle la justice des échanges ? 2. À la lumière de vos connaissances, de votre expérience et de vos lectures, et en tenant compte du texte d’Alain, cherchez à déterminer les conditions d’émergence d’un marché équitable. Quelles sont, selon vous, les moyens dont nous disposons pour garantir son établissement et le préserver ?

Pondichéry 2018

Bac S

 Sujet n°1 Toute démonstration est-elle scientifique ?
 Sujet n°2 Une loi injuste vaut-elle mieux que l’absence de loi ?
 Sujet n°3 Expliquer le texte suivant :

Considérons maintenant l’âme dans le corps, qu’elle existe d’ailleurs avant lui ou seulement en lui ; d’elle et du corps se forme le tout appelé animal. Si le corps est pour elle comme un instrument dont elle se sert, elle n’est pas contrainte d’accueillir en elle les affections du corps, pas plus que l’artisan ne ressent ce qu’éprouvent ses outils : mais peutêtre fautil qu’elle en ait la sensation, puisqu’il faut qu’elle connaisse, par la sensation, les affections extérieures du corps, pour se servir de lui comme d’un instrument : se servir des yeux, c’est voir. Or, elle peut être atteinte dans sa vision, et par conséquent, subir des peines, des souffrances, et tout ce qui arrive au corps ; elle éprouve aussi des désirs, quand elle cherche à soigner un organe malade. Mais comment ces passions viendront-elles du corps jusqu’à elle ? Un corps communique ses propriétés à un autre corps ; mais à l’âme ? Ce serait dire qu’un 1 être pâtit de la passion d’un autre.Tant que l’âme est un principe qui se sert du corps, et le corps un instrument de l’âme, ils restent séparés l’un de l’autre ; et si l’on admet que l’âme est un principe qui se sert du corps, on la sépare. Mais avant qu’on ait atteint cette séparation par la pratique de la philosophie, qu’en était-il ? sont-ils mêlés : mais comment ? Ou bien c’est d’une des espèces de mélanges ; ou bien il y a entrelacement réciproque ;ou bien l’âme est comme la forme du corps, et n’est point séparée de lui ; ou bien elle est une forme qui touche le corps, comme le pilote touche son gouvernail ; ou bien une partie de l’âme est séparée du corps et se sert de lui, et une autre partie y est mélangée et passe elle-même au rang d’organe.
PLOTIN,Ennéade

1 Pâtit : souffre

Bac ES

 Sujet n°1 Peut-on vivre sans morale ?
 Sujet n°2 Doit-on attendre de la technique qu’elle mette fin au travail ?
 Sujet n°3 Expliquer le texte suivant :

Les gouvernants voudraient faire admettre la maxime qu’eux seuls sont susceptibles de voir juste en politique, et que par conséquent il n’appartient qu’à eux d’avoir une opinion à ce sujet. Ils ont bien leurs raisons pour parler ainsi, et les gouvernés ont aussi les leurs, qui sont précisément les mêmes, pour refuser d’admettre ce principe, qui, effectivement considéré en luimême, et sans aucun préjugé, soit de gouvernant, soit de gouverné, est tout à fait absurde. Car les gouvernants sont, au contraire, par leur position, même en les supposant honnêtes, les plus incapables d’avoir une opinion juste et élevée sur la politique générale ; puisque plus on est enfoncé dans la pratique, moins on doit voir juste sur la théorie. Une condition capitale pour un 1 publicistequi veut se faire des idées politiques larges, est de s’abstenir rigoureusement de tout emploi ou fonction publique : comment pourraitil être à la fois acteur et spectateur ? Mais on est tombé, à cet égard, d’un excès dans un autre. En combattant la prétention ridicule du savoir politique exclusif des gouvernants, on a engendré, dans les gouvernés, le préjugé, non moins ridicule, quoique moins dangereux, que tout homme est apte à se former, par le seul instinct, une opinion juste sur le système politique, et chacuna prétendu devoir s’ériger en législateur.Il est singulier que les hommes jugent impertinent de prétendre savoir la physique ou l’astronomie, etc., sans avoir étudié ces sciences, et qu’ils croient enmême temps que tout le monde doit savoir la science politique, et avoir une opinion fixe et tranchante sur ses principes les plus abstraits, sans qu’il soit nécessaire d’avoir la peine d’y réfléchir, et d’en avoir fait un objet spécial d’étude. Cela tientà ce que la politique n’est point encore une science positive : car il est évident que, quand elle le sera devenue, tout le monde comprendra que, pour la connaître, il est indispensable d’avoir étudié les observations et les déductions sur lesquelles elle sera fondée.Auguste COMTE, Opuscules de philosophie sociale

Bac technologique 2018 à Pondichéry (toutes séries - STMG, STI2D, etc., sauf TMD et STHR)

 Sujet 1 : Douter, est-ce renoncer à la vérité ?
 Sujet 2 : La culture sert-elle à changer le monde ?
 Sujet 3 :

"Il semble qu’on puisse affirmer que l’homme ne saurait rien de la liberté intérieure s’il 1 n’avait d’abord expérimenté une liberté qui soit une réalité tangible dans le monde. Nous prenons conscience d’abord de la liberté ou de son contraire dans notre 2 commerce avec d’autres, non dans le commerce avec nous-mêmes. Avant de devenir un attribut de la pensée ou une qualité de la volonté, la liberté a été comprise comme le statut de l’homme libre, qui lui permettait de se déplacer, de sortir de son foyer, d’aller dans le monde et de rencontrer d’autres gens en actes et en paroles. Il est clair que cette liberté était précédée par la libération : pour être libre, l’homme doit s’être libéré des nécessités de la vie. Mais le statut d’homme libre ne découlait pas automatiquement de l’acte de libération. Être libre exigeait, outre la simple libération, la compagnie d’autres hommes, dont la situation était la même, et demandait un espace public commun où les rencontrer — un monde politiquement organisé, en d’autres termes, où chacun des hommes libres pût s’insérer par la parole et par l’action. "

ARENDT,La crise de la culture(1961)

1 concrète
2 relation

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble. 1.Dégager l’idée principale du texte et les étapes du raisonnement. 2.Expliquer :a)« nous prenons conscience d’abord de la liberté ou de son contraire dans notre commerce aux autres, non dans le commerce à nous-mêmes. » ; b)« pour être libre, l’homme doit s’être libéré des nécessités de la vie »c)« Être libre […] demandait un espace public où les rencontrer ». 3.La liberté suppose-t-elle des échanges avec autrui


LIBAN 2018

Série L

  • 1er sujet :
    Faut-il aimer les autres pour les respecter ?
  • 2ème sujet :
    La parole a-t-elle le pouvoir de changer les choses ?
  • 3ème sujet :
    Expliquer le texte suivant :
    Les pensées des classes dominantes sont à toutes les époques les pensées dominantes, c’est-à-dire que la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société, est également sa puissance intellectuelle dominante. La classe qui a à sa disposition les moyens de production matérielle, dispose également par là des moyens de la production intellectuelle, si bien que, l’un dans l’autre, les pensées dominantes ne sont rien de plus que l’expression idéologique des rapports matériels dominants, les rapports matériels conçus sous forme de pensées, par conséquent les rapports qui font de la classe une classe dominante, par conséquent les pensées de sa domination. Les individus qui composent la classe dominante sont conscients et pensent ; dans la mesure où ils dominent, en tant que classe, et déterminent dans toute son étendue une époque historique, il est clair qu’ils la déterminent dans toute son extension, qu’ils dominent donc entre autres comme être pensants, comme producteurs de pensées, qu’ils règlent la production et la distribution des pensées de leur temps ; que, par conséquent, leurs pensées sont les pensées dominantes de l’époque. Dans un temps, par exemple, et dans un pays où le pouvoir royal, l’aristocratie et la bourgeoisie se disputent la domination, où la domination est par conséquent partagée, la pensée dominante est la doctrine de la séparation des pouvoirs, présentée maintenant comme une « loi éternelle ».
    K. Marx et F. Engels, L’idéologie allemande (1845-1846)

    La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S

  • Sujet 1
    Ne travaille-t-on que pour subvenir à ses besoins ?
  • Sujet 2
    Doit-on rechercher la vérité pour elle-même ?
  • Sujet 3
    Expliquer le texte suivant :
    Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils l’expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance qu’on trouve parfois entre l’œuvre et l’artiste. En vain on alléguera(1) que nous cédons alors à l’influence toute-puissante de notre caractère. Notre caractère, c’est encore nous ; et parce qu’on s’est plu à scinder la personne en deux parties pour considérer tour à tour, par un effort d’abstraction, le moi qui sent ou pense et le moi qui agit, il y aurait quelque puérilité à conclure que l’un des deux moi pèse sur l’autre. Le même reproche s’adressera à ceux qui demandent si nous sommes libres de modifier notre caractère. Certes, notre caractère se modifie insensiblement tous les jours, et notre liberté en souffrirait, si ces acquisitions nouvelles venaient se greffer sur notre moi et non pas se fondre en lui. Mais, dès que cette fusion aura lieu, on devra dire que le changement survenu dans notre caractère est bien nôtre, que nous nous le sommes approprié. En un mot, si l’on convient d’appeler libre tout acte qui émane du moi, et du moi seulement, l’acte qui porte la marque de notre personne est véritablement libre, car notre moi seul en revendiquera la paternité.
    BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience (1889)
    (1) « alléguer » : prétendre

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question

Série ES

  • SUJET 1
    L’idée d’inconscient remet-elle en cause la responsabilité ?
  • SUJET 2
    L’histoire peut-elle servir l’action politique ?
  • SUJET 3
    Expliquer le texte suivant :
    Si l’intérêt rapproche les hommes, ce n’est jamais que pour quelques instants ; il ne peut créer entre eux qu’un lien extérieur. Dans le fait de l’échange, les divers agents restent en dehors les uns des autres, et l’opération terminée, chacun se retrouve et reprend tout entier. Les consciences ne sont que superficiellement en contact ; ni elles ne se pénètrent, ni elles n’adhèrent fortement les unes aux autres. Si même on regarde au fond des choses, on verra que toute harmonie d’intérêts recèle un conflit latent (1) ou simplement ajourné (2). Car, là où l’intérêt règne seul, comme rien ne vient refréner les égoïsmes en présence, chaque moi se trouve vis-à- vis de l’autre sur le pied de guerre et toute trêve à cet éternel antagonisme ne saurait être de longue durée. L’intérêt est, en effet, ce qu’il y a de moins constant au monde. Aujourd’hui, il m’est utile de m’unir à vous ; demain la même raison fera de moi votre ennemi. Une telle cause ne peut donc donner naissance qu’à des rapprochements passagers et à des associations d’un jour.
    DURKHEIM, De la division du travail social (1893)

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.


1
latent : caché
2 ajourné : reporté

AMERIQUE DU NORD

Série L

  • 1er sujet :
    L’homme politique doit-il être efficace à tout prix ?
  • 2ème sujet :
    Sommes-nous condamnés à subir le temps ?
  • 3ème sujet :
    Expliquer le texte suivant :

    Nous ne vivons pas d’abord dans la conscience de nous-même – ni même d’ailleurs dans la conscience des choses – mais dans l’expérience d’autrui. Jamais nous ne nous sentons exister qu’après avoir déjà pris contact avec les autres, et notre réflexion est toujours un retour à nous-même, qui doit d’ailleurs beaucoup à notre fréquentation d’autrui. Un nourrisson de quelques mois est déjà fort habile à distinguer la bienveillance, la colère, la peur sur le visage
    d’autrui, à un moment où il ne saurait avoir appris par l’examen de son propre corps les signes physiques de ces émotions. C’est donc que le corps d’autrui, dans ses diverses gesticulations, lui apparaît investi d’emblée d’une signification émotionnelle, c’est donc qu’il apprend à connaître l’esprit tout autant comme comportement visible que dans l’intimité de son propre esprit. Et l’adulte lui-même découvre dans sa propre vie ce que sa culture, l’enseignement, les livres, la tradition lui ont appris à y voir. Le contact de nous-même avec nous-même se fait toujours à travers une culture, au moins à travers un langage que nous avons reçu du dehors et qui nous oriente dans la connaissance de nous-même. Si bien qu’enfin le pur soi, l’esprit, sans instruments et sans histoire, s’il est bien comme une instance critique que nous opposons à la pure et simple intrusion des idées qui nous sont suggérées par le milieu, ne s’accomplit en liberté effective que par l’instrument du langage et en participant à la vie du monde.
    Merleau-Ponty, Causeries (1948)

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S

  • Sujet 1
    Avons-nous besoin de l’art pour nous faire une idée du beau ?
  • Sujet 2
    Est-ce le corps qui produit la pensée ?
  • Sujet 3

    Expliquer le texte suivant :

    On dit volontiers : ma volonté a été déterminée par ces mobiles, circonstances, excitations et impulsions. La formule implique d’emblée que je me suis ici comporté de façon passive. Mais, en vérité, mon comportement n’a pas été seulement passif ; Il a été actif aussi, et de façon essentielle, car c’est ma volonté qui a assumé telles circonstances à titre de mobiles, qui les fait valoir comme mobiles. Il n’est ici aucune place pour la relation de causalité. Les circonstances ne jouent point le rôle de cause et ma volonté n’est pas l’effet de ces circonstances. La relation causale implique que ce qui est contenu dans la cause s’ensuive nécessairement. Mais, en tant qu’être de réflexion, je puis dépasser toute détermination posée par les circonstances. Dans la mesure où l’homme allègue(1) qu’il a été entraîné par des circonstances, des excitations, etc., il entend par là rejeter, pour ainsi dire, hors de lui-même sa propre conduite, mais ainsi il se réduit tout simplement à l’état d’être non-libre ou naturel, alors que sa conduite, en vérité, est toujours sienne, non celle d’un autre ni l’effet de quelque chose qui existe hors de lui. Les circonstances ou mobiles n’ont jamais sur les hommes que le pouvoir qu’il leur accorde lui-même.
    HEGEL, Propédeutique philosophique (1811)

(1) allègue : prétend

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série ES

  • 1er SUJET :
    La technique n’est-elle qu’un moyen ?
  • 2ème SUJET :Les faits existent-ils indépendamment de toute interprétation ?
  • 3ème SUJET :
    Expliquer le texte suivant :
    Je ne pense pas que la justice soit si différente du cercle, de l’ellipse, et des vérités de ce genre. Car il est vrai qu’il y a une justice, et chacun la reconnaîtra en ces deux frères partageant l’héritage. L’un d’eux dit à l’autre : « Tu fais les parts, et moi je choisirai le premier ; ou bien je fais les parts, et tu choisis. » Il n’y a rien à dire contre ce procédé ingénieux, si ce n’est que les parts ne seront jamais égales, et qu’elles devraient l’être ; et on trouvera aussi à dire que les deux frères ne seront jamais égaux, mais qu’ils devraient l’être. L’utopie cherche l’égalité des hommes et l’égalité des parts ; choses qui ne sont pas plus dans la nature que n’y est le cercle. Mais l’utopiste sait très bien ce qu’il voudrait ; et j’ajoute que si on ne veut pas cela, sous le nom de justice, on ne veut plus rien du tout, parce qu’on ne pense plus rien du tout. Par exemple un contrat injuste n’est pas du tout un contrat. Un homme rusé s’est assuré qu’un champ galeux recouvre du kaolin (1) ; il acquiert ce champ contre un bon pré ; ce n’est pas un échange. Il y a inégalité flagrante entre les choses ; inégalité aussi entre les hommes, car l’un des deux ignore ce qui importe, et l’autre le sait. Je cite ce contrat, qui n’est pas un contrat, parce qu’il est de ceux qu’un juge réforme(2). Mais comment le réforme-t-il, sinon en le comparant à un modèle de contrat, qui est dans son esprit, et dans l’esprit de tous ? Est-ce que l’idée ne sert pas, alors, à mesurer de combien l’événement s’en écarte ? Comme un cercle imparfait n’est tel que par le cercle parfait, ainsi le contrat parfait.
    ALAIN, Propos, 1932.

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

1 kaolin : argile précieuse.
2réforme : ici, invalide, rejette.



BACCALAUREAT 2017


Epreuves BAC Philosophie 2017 Métropole


Les sujets de philo du bac S 2017 :

 Sujet 1 : Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts ?

 Sujet 2 : Peut-on se libérer de sa culture ?

 Sujet 3 : Explication du texte de Foucault Dits et écrits (1978)

À la limite, la vie, c’est ce qui est capable d’erreur. Et c’est peut-être à cette donnée ou plutôt à cette éventualité fondamentale qu’il faut demander compte du fait que la question de l’anomalie traverse de part en part toute la biologie. À elle aussi qu’il faut demander compte des mutations et des processus évolutifs qu’elle induit. À elle qu’il faut demander compte de cette mutation singulière, de cette « erreur héréditaire » qui fait que la vie a abouti avec l’homme à un vivant qui ne se trouve jamais tout à fait à sa place, à un vivant voué à « errer » et destiné finalement à l’« erreur ». Et si on admet que le concept, c’est la réponse que la vie elle-même donne à cet aléa, il faut convenir que l’erreur est à la racine de ce qui fait la pensée humaine et son histoire. L’opposition du vrai et du faux, les valeurs qu’on prête à l’un et à l’autre, les effets de pouvoir que les différentes sociétés et les différentes institutions lient à ce partage, tout cela même n’est peut-être que la réponse la plus (1) tardive à cette possibilité d’erreur intrinsèque à la vie. Si l’histoire des sciences est discontinue, c’est-à-dire si on ne peut l’analyser que comme une série de « corrections », comme une distribution nouvelle du vrai et du faux qui ne libère jamais enfin et pour toujours la vérité, c’est que, là encore, l’ « erreur » constitue non pas l’oubli ou le retard d’une vérité, mais la dimension propre à la vie des hommes et au temps de l’espèce.
1 Intrinsèque : qui provient de la vie elle-même


Les sujets de philo du bac ES 2017 :

 Sujet 1 La raison peut-elle rendre raison de tout ?

 Sujet 2 Une œuvre d’art est-elle nécessairement belle ?

 Sujet 3 Expliquer le texte suivant :

« Étant donné […] qu’il n’existe pas au monde de République où l’on ait établi suffisamment de règles pour présider à toutes les actions et paroles des hommes (car cela serait impossible), il s’ensuit nécessairement que, dans tous les domaines d’activité que les lois ont passés sous silence, les gens ont la liberté de faire ce que leur propre raison leur indique comme étant le plus profitable. Car si nous prenons la liberté au sens propre de liberté corporelle, c’est-à-dire le fait de ne pas être enchaîné, ni emprisonné, il serait tout à fait absurde, de la part des hommes, de crier comme ils le font pour obtenir cette liberté dont ils jouissent si manifestement. D’autre part, si nous entendons par liberté le fait d’être soustrait aux lois, il n’est pas moins absurde de la part des hommes de réclamer comme ils le font cette liberté qui permettrait à tous les autres hommes de se rendre maîtres de leurs vies. Et cependant, aussi absurde que ce soit, c’est bien ce qu’ils réclament ; ne sachant pas que les lois sont sans pouvoir pour les protéger s’il n’est pas un glaive entre les mains d’un homme (ou de plusieurs), pour faire exécuter ces lois. La liberté des sujets ne réside par conséquent que dans les choses que le souverain, en réglementant les actions des hommes, a passées sous silence, par exemple la liberté d’acheter, de vendre, et de conclure d’autres contrats les uns avec les autres ; de choisir leur résidence, leur genre de nourriture, leur métier, d’éduquer leurs enfants comme ils le jugent convenable et ainsi de suite. » HOBBES,Léviathan(1651)

Les sujets de philo du bac L 2017 :

 Sujet 1 : Suffit-il d’observer pour connaître ?

 Sujet 2 Tout ce que j’ai le droit de faire est-il juste ?

 Sujet 3 Expliquer le texte suivant :

Un Auteur célèbre*, calculant les biens et les maux de la vie humaine et comparant les deux sommes, a trouvé que la dernière surpassait l’autre de beaucoup et qu’à tout prendre la vie était pour l’homme un assez mauvais présent. Je ne suis point surpris de sa conclusion ; il a tiré tous ses raisonnements de la constitution de l’homme Civil : s’il fût remonté jusqu’à l’homme Naturel, on peut juger qu’il eût trouvé des résultats très différents, qu’il eût aperçu que l’homme n’a guère de maux que ceux qu’il s’est donnés lui-même,et que la Nature eût été justifiée. Ce n’est pas sans peine que nous sommes parvenus à nous rendre si malheureux. Quand d’un côté l’on considère les immenses travaux des hommes, tant de Sciences approfondies, tant d’arts inventés ; tant de forces employées ; des abîmes comblés, des montagnes rasées, des rochers brisés, des fleuves rendus navigables, des terres défrichées, des lacs creusés, des marais desséchés, des bâtiments énormes élevés sur la terre, la mer couverte de Vaisseaux et de Matelots ; et que de l’autre on recherche avec un peu de méditation les vrais avantages qui ont résulté de tout cela pour le bonheur de l’espèce humaine, on ne peut qu’être frappé de l’étonnante disproportion qui règne entre ces choses, et déplorer l’aveuglement de l’homme qui, pour nourrir son fol orgueil et je ne sais quelle vaine admiration de lui-même, le fait courir avec ardeur après toutes les misères dont il est susceptible et que la bienfaisante nature avait pris soin d’écarter de lui.ROUSSEAU,Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalitéparmi les hommes,1755.

* un auteur célèbre : il s’agit de Maupertuis, philosophe et mathématicien (1698-1759)

Les sujets de philo du bac technologique 2017 :

 Sujet 1 : Y a-t-il un mauvais usage de la raison ?

 Sujet 2 : Pour trouver le bonheur, faut-il le rechercher ?

 Sujet 3 : Extrait de Education et sociologie de Durkheim (1922) :
On voit à quoi se réduirait l’homme, si l’on en retirait tout ce qu’il tient de la société : il tomberait au rang de l’animal. S’il a pu dépasser le stade auquel les animaux se sont arrêtés, c’est d’abord qu’il n’est pas réduit au seul fruit de ses efforts personnels, mais coopère régulièrement avec ses semblables ; ce qui renforce le rendement de l’activité de chacun. C’est ensuite et surtout que les produits du travail d’une génération ne sont pas perdus pour celle qui suit. De ce qu’un animal a pu apprendre au cours de son existence individuelle, presque rien ne peut lui survivre. Au contraire, les résultats de l’expérience humaine se conservent presque intégralement et jusque dans le détail, grâce aux livres, aux monuments figurés, aux outils, aux instruments de toute sorte qui se transmettent de génération en génération, à la tradition orale, etc. Le sol de la nature se recouvre ainsi d’une riche 1 alluvion qui va sans cesse en croissant. Au lieu de se dissiper toutes les fois qu’une génération s’éteint et est remplacée par une autre, la sagesse humaine s’accumule sans terme, et c’est cette accumulation indéfinie qui élève l’homme au-dessus de la bête et au-dessus de lui-même. Mais, tout comme la coopération dont il était d’abord question, cette accumulation n’est possible que dans et par la société. DURKHEIM,Education et sociologie(1922)
1 « alluvion » (nom féminin) : mélange de matières minérales et végétales accumulées et portées par les cours d’eau, riches en nutriments variés.

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1.Dégager l’idée principale du texte et les étapes de sa construction. 2.Expliquer : a)« il n’est pas réduit au seul fruit de ses efforts personnels » ; b)« la sagesse humaine s’accumule sans terme » ; c)« c’est cette accumulation indéfinie qui élève l’homme au-dessus de la bête et au-dessus de lui-même ». 3.La vie au sein de la société est-elle toujours facteur de progrès ?


Baccalauréat Pondichery 2017

Sujet de philo du bac S 2017 Pondichery

 Sujet n° 1 : Vit-on en société pour satisfaire ses désirs ?

 Sujet n° 2 : La connaissance des êtres vivants implique-t-elle de les hiérarchiser ?

 Sujet n° 3 : Explication d’un texte de Descartes, extrait de La Description du corps humain et de toutes ses fonctions

Parce que nous avons tous éprouvé, dès notre enfance, que plusieurs de ses (1) mouvements obéissaient à la volonté, qui est une des puissances de l’âme, cela nous a disposés à croire que l’âme est le principe de tous. A quoi aussi a beaucoup contribué l’ignorance de l’Anatomie et des Mécaniques (2) : car, ne considérant rien que l’extérieur du corps humain, nous n’avons point imaginé qu’il eut en soi assez d’organes, ou de ressorts, pour se mouvoir de soi-même, en autant de diverses façons que nous voyons qu’il se meut. Et cette erreur a été confirmée, de ce que nous avons jugé que les corps morts avaient les mêmes organes que les vivants, sans qu’il leur manquât autre chose que l’âme, et que toutefois il n’y avait en eux aucun mouvement. Au lieu que lorsque nous tâchons à connaître plus distinctement notre nature, nous pouvons voir que notre âme, en tant qu’elle est une substance distincte du corps, ne nous est connue que par cela seul qu’elle pense, c’est-à-dire qu’elle (3) entend, qu’elle veut, qu’elle imagine, qu’elle se ressouvient, et qu’elle sent, parce que toutes ces fonctions sont des espèces de pensée. Et que, puisque les autres fonctions que quelques-uns lui attribuent, comme de mouvoir le cœur et les artères, de digérer les viandes dans l’estomac, et semblables, qui ne contiennent en elles aucune pensée, ne sont que des mouvements corporels, et qu’il est plus ordinaire qu’un corps soit mû par un autre corps, que non pas qu’il soit mû par une âme, nous avons moins deraison de les attribuer à elle qu’à lui
.DESCARTES,La Description du corps humain et de toutes ses fonctions
1 Ses mouvements :les mouvements du corps
2 Mécaniques :sciences du mouvement
3 Entend :comprend

Sujet de philo du bac ES 2017 Pondichery

 Sujet n° 1 : Une société peut-elle se passer d’art ?

 Sujet n° 1 : La loi suffit-elle à définir le juste ?

 Sujet n° 3 : Explication d’un texte de Descartes, extrait de Lettre à Elisabeth
[…]Souvent la passion nous fait croire certaines choses beaucoup meilleures et plus désirables qu’elles ne sont ; puis, quand nous avons pris bien de la peine à les acquérir, et perdu cependant (1)l’occasion de posséder d’autres biens plus véritables, la jouissance nous en fait connaître les défauts, et de là viennent les dédains, les regrets et les repentirs. C’est pourquoi le vrai office (2) de la raison est d’examiner la juste valeur de tous les biens dont l’acquisition semble dépendre en quelque façon de notre conduite, afin que nous ne manquions jamais d’employer tous nos soins à tâcher de nous procurer ceux qui sont, en effet, les plus désirables ; en quoi, si la (3) fortune s’oppose à nos desseins, et les empêche de réussir, nous aurons au moins la satisfaction de n’avoir rien perdu par notre faute, et ne laisserons pas de(4) jouir de toute la béatitude naturelle dont l’acquisition aura été en notre pouvoir. DESCARTES,Lettre à Élisabeth septembre 1645

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
1 Cependant : pendant ce temps.
2 Office : fonction.
3 Fortune : hasard.
4 Laisser de : manquer de.


Sujet de philo du bac L 2017
Pondichery

 Sujet n° 1 : Suis-je le sujet de mon désir ?

 Sujet n° 2 : Toute vérité est-elle bonne à dire ?

 Sujet n° 3 : Explication d’un texte d’Alain, extrait de Propos sur les pouvoirs

Voter, ce n’est pas précisément un des droits de l’Homme ; on vivrait très bien sans voter, si l’on avait la sûreté, l’égalité, la liberté. Le vote n’est qu’un moyen de conserver tous ces biens. L’expérience a fait voir cent fois qu’une élite gouvernante, qu’elle gouverne d’après l’hérédité, ou par la science acquise, arrive très vite à priver les citoyens de toute liberté, si le peuple n’exerce pas un pouvoir de contrôle, de blâme et enfin de renvoi. Quand je vote, je n’exerce pas un droit, je défends tous mes droits. Il ne s’agit donc pas de savoir si mon vote est perdu ou non, mais bien de savoir si le résultat cherché est atteint, c’est-à-dire si les pouvoirs sont contrôlés, blâmés et enfin détrônés dès qu’ils méconnaissent les droits des citoyens. (1) On conçoit très bien un système politique, par exemple le plébiscite , où chaque citoyen votera une fois librement, sans que ses droits soient pour cela bien gardés. Aussi je ne tiens pas tant à choisir effectivement, et pour ma part, tel ou tel maître, qu’àêtre assuré que lemaître n’est pas le maître, mais seulement le serviteur du peuple. C’est dire que je ne changerai pas mes droits réels pour un droit fictif. ALAIN,Propos sur les pouvoirs, 1925.

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

1 Plébiscite : vote par lequel un peuple abandonne le pouvoir à un homme.


Sujet de philosophie du bac technologique 2017 (toutes séries - STMG, STI2D, etc. - sauf TMD)
Pondichery

 Sujet n° 1 : Y a-t-il des techniques pour être heureux ?

 Sujet n° 2 : L’expérience se réduit-elle au vécu ?

 Sujet n° 3 : Explication d’un texte d’Hannah Arendt, Du mensonge à la violence

Le candidat traitera l’un des sujets suivants au choix. Sujet 1 : Y a-t-il des techniques pour être heureux ? Sujet 2 : L’expérience se réduit-elle au vécu ? Sujet 3 : Il existe une différence essentielle entre le criminel qui prend soin de dissimuler à tous les regards ses actes répréhensibles et celui qui fait acte de désobéissance civile en défiant les autorités et s’institue lui-même porteur d’un autre droit. Cette distinction nécessaire entre une violation ouverte et publique de la loi et une violation clandestine a un tel caractère d’évidence que le refus d’en tenir compte ne saurait provenir que d’un préjugé allié à de la mauvaise volonté. Reconnue désormais par tous les auteurs sérieux qui abordent ce sujet, cette distinction est naturellement invoquée comme un argument primordial par tous ceux qui s’efforcent de faire reconnaître que la désobéissance civile n’est pas incompatible avec les lois et les institutions publiques (…). Le délinquant de droit commun par contre, même s’il appartient à une organisation criminelle, agit uniquement dans son propre intérêt ; il refuse de s’incliner devant la volonté du groupe, et ne cédera qu’à la violence des services chargés d’imposer le respect de la loi. Celui qui fait acte de désobéissance civile, tout en étant généralement en désaccord avec une majorité, agit au nom et en faveur d’un groupe particulier. Il lance un défi aux lois et à l’autorité établie à partir d’un désaccord fondamental, et non parce qu’il entend personnellement bénéficier d’un passe-droit. Hannah ARENDT,Du Mensonge à la violence(1972)

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1.Dégager l’idée principale du texte et montrer comment elle est établie. 2.Expliquer : a)« celui qui fait acte de désobéissance civile en défiant les autorités et s’institue lui-même porteur d’un autre droit. » ; b)« [il y a une] distinction nécessaire entre une violation publique et ouverte de la loi et une violation clandestine » ; c)« Le délinquant de droit commun, (...) agit uniquement dans son propre intérêt ». 3.Désobéir aux lois peut-il être juste ?


BACCALAUREAT PHILO WASHINGTON

Baccalauréat L

 Sujet 1 : Le sens de ce que l’on dit se réduit-il à ce que l’on veut dire ?

 Sujet 2 : Le droit de propriété doit-il être limité ?

 sujet 3 : Expliquer le texte suivant :

La raison nous assure que puisqu’il n’est pas en notre pouvoir de borner nos désirs, et que nous sommes portés par une inclination naturelle à aimer tous les biens, nous ne pouvons devenir heureux qu’en possédant celui qui les renferme tous. Notre propre expérience nous fait sentir que nous ne sommes pas heureux dans la possession des biens dont nous jouissons, puisque nous en souhaitons encore d’autres. Enfin nous voyons tous les jours que les grands biens dont les princes et les rois même les plus puissants jouissent sur la terre, ne sont pas encore capables de contenter leurs désirs : qu’ils ont même plus d’inquiétudes et de déplaisirs que les autres ; et qu’étant, pour ainsi dire, au haut de la roue de la fortune, ils doivent être infiniment plus agités et plus secoués par son mouvement que ceux qui sont au-dessous et plus proche du centre. Car enfin ils ne tombent jamais que du haut ; ils ne reçoivent jamais que de grandes blessures ; et toute cette grandeur qui les accompagne et qu’ils attachent à leur être propre ne fait que les (1) grossir et les étendre, afin qu’ils soient capables d’un plus grand nombre de blessures et plus exposés aux coups de la fortune. MALEBRANCHE,De la recherche de la vérité(1675)
(1) de telle sorte qu’en fin de compte

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Baccalauréat ES

 SUJET 1 Peut-on devenir soi-même sans les autres ?

 SUJET 2 Le droit est-il seulement ce qui limite ma liberté ?

 SUJET 3 Expliquez le texte suivant :

La guerre est un fait humain, purement humain, dont toutes les causes sont des opinions. Et observons que l’opinion la plus dangereuse ici est justement celle qui fait croire que la guerre est imminente et inévitable. Sans qu’on puisse dire pourtant qu’elle soit jamais vraie, car si beaucoup d’hommes l’abandonnaient, elle cesserait d’être vraie. Considérez bien ce rapport singulier, que l’intelligence paresseuse ne veut jamais saisir. Voilà une opinion assurément nuisible, et qui peut-être se trouvera vraie, seulement parce que beaucoup d’hommes l’auront eue. C’est dire que, dans les choses humaines qui sont un tissu d’opinions, la vérité n’est pas constatée, mais faite. Ainsi il n’y a point seulement à connaître, mais à juger, en prenant ce beau mot dans toute sa force.Pour ou contre la guerre. Il s’agit de juger ; j’entends de décider au lieu d’attendre les preuves. Situation singulière ; si tu décides pour la guerre, les preuves abondent, et ta propre décision en ajoute encore une ; jusqu’à l’effet, qui te rendra enfin glorieux comme un docteur en politique. « Je l’avais bien prévu. » Eh oui. Vous étiez milliers à l’avoir bien prévu ; et c’est parce que vous l’avez prévu que c’est arrivé. ALAIN,Mars ou la guerre jugée, 1921.

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question

Baccalauréat S

 Sujet 1 Le désir a-t-il toujours un objet ?

 Sujet 2 Peut-on être trop cultivé ?

 Sujet 3 Expliquez le texte suivant

 : Les hommes doivent nécessairement établir des lois et vivre selon ces lois, sinon rien ne permet de les distinguer des bêtes les plus sauvages à tous égards. La raison en est la suivante : aucun être humain ne possède naturellement le don de connaître ce qui est le plus profitable aux hommes en tant que citoyens ; et même s’il le connaissait, il ne serait pas toujours en mesure de vouloir et de faire le meilleur. Tout d’abord, il est difficile de reconnaître que le véritable art politique doit se soucier non de l’intérêt particulier, mais de l’intérêt général, car l’intérêt général apporte aux cités une cohésion que l’intérêt particulier fait voler en éclats ; difficile aussi de reconnaître que la consolidation de l’intérêt commun au détriment de l’intérêt particulier profite à la fois à l’intérêt commun et à l’intérêt particulier, à l’un et à l’autre indissociablement. En second lieu, supposons un homme suffisamment avancé dans cet art pour savoir qu’il en est ainsi en vertu d’une nécessité naturelle ; supposons, en outre, que cet homme règne sur la cité sans avoir à lui rendre de comptes, en maître absolu ; même en ce cas, il ne pourrait jamais demeurer inébranlable dans ses convictions, c’est-à-dire continuer, toute sa vie durant, à donner la primauté à l’intérêt général et à subordonner l’intérêt particulier à l’intérêt général. Au contraire, la nature mortelle le poussera toujours à désirer insatiablement et à agir égoïstement. PLATON,Les Lois(348 av. J.-C.

)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question


Baccalauréat 2016

Métropole 2016

Série L :

Nos convictions morales sont-elles fondées sur l’expérience ?
Le désir est-il par nature illimité ?
Explication d’un texte d’Hannah Arendt

Série S :

Travailler moins, est-ce vivre mieux ?
Faut-il démontrer pour savoir ?
Explication d’un texte de Machiavel

Série ES

Savons-nous toujours ce que nous désirons ?
Pourquoi avons-nous intérêt à étudier l’histoire ?

Expliquez le texte suivant : « […] Parce que nous savons que l’erreur dépend de notre volonté, et que personne n’a la volonté de se tromper, on s’étonnera peut-être qu’il y ait de l’erreur en nos jugements. Mais il faut remarquer qu’il y a bien de la différence entre vouloir être trompé et vouloir donner son consentement à des opinions qui sont cause que nous nous trompons quelquefois. Car encore qu’il n’y ait personne qui veuille expressément se méprendre, il ne s’en trouve presque pas un qui ne veuille donner son consentement à des choses qu’il ne connaît pas distinctement : et même il arrive souvent que c’est le désir de connaître la vérité qui fait que ceux qui ne savent pas l’ordre qu’il faut tenir pour la rechercher manquent de la trouver et se trompent, à cause qu’il les incite à précipiter leurs jugements, et à prendre des choses pour vraies, desquelles ils n’ont pas assez de connaissance. » René DESCARTES,Principes de la philosophie(1644)

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question

Pour les séries technologiques :

Baccalauréat Philosophie 2016 séries technologiques
Le candidat traitera l’un des sujets suivants au choix.

Sujet 1 : Pour être juste, suffit-il d’obéir aux lois ?
Sujet 2 : Pouvons-nous toujours justifier nos croyances ?
Sujet 3 :

Même quand les peintres travaillent sur des objets réels, leur but n’est jamais d’évoquer l’objet même, mais de fabriquer sur la toile un spectacle qui se suffit. La 1 distinction souvent faite entre le sujet du tableau et la manière du peintre n’est pas légitime parce que, pour l’expérience esthétique, tout le sujet est dans la manière dont le raisin, la pipe ou le paquet de tabac est constitué par le peintre sur la toile. Voulons-nous dire qu’en art la forme seule importe, et non ce qu’on dit ? Nullement. Nous voulons dire que la forme et le fond, ce qu’on dit et la manière dont on le dit ne sauraient exister à part. Nous nous bornons en somme à constater cette évidence que, si je peux me représenter d’une manière suffisante, d’après sa fonction, un objet ou un outil que je n’ai jamais vu, au moins dans ses traits généraux, par contre les meilleures analyses ne peuvent me donner le soupçon de ce qu’est une peinture dont je n’ai jamais vu aucun exemplaire. Il ne s’agit donc pas, en présence d’un tableau, de multiplier les références au sujet, à la circonstance historique, s’il en est une, qui est à l’origine du tableau. MERLEAU-PONTY,Causeries(1948)
1 « manière » : la façon dont le peintre peint, son style propre
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1.Dégager la thèse du texte et les étapes de son argumentation.
2.Expliquer :a)« un spectacle qui se suffit » ; b)« la forme et le fond, ce qu’on dit et la manière dont on le dit ne sauraient exister à part » ; c)« les meilleures analyses ne peuvent me donner le soupçon de ce qu’est une peinture dont je n’ai jamais vu aucun exemplaire ».
3.Une œuvre d’art a-t-elle pour but de représenter la réalité ?
16PHTEMLR1

Antilles-Guyane 2016

Pour les Antilles et la Guyane, les sujets sont :

 Pour la filière L, les deux sujets de dissertation sont "Le réel se réduit-il à ce que l’on en perçoit ?" et "La politique est-elle l’affaire de tous ?". L’explication de texte porte sur l’ouvrage Doctrine de la vertu, de Kant.

 Pour la filière S, les deux sujets de dissertation sont : "Le désir nous éloigne-t-il du vrai ?" et "La technique ne sert-elle qu’à nous rendre maîtres de la nature ?". Le texte est extrait du Traité politique de Spinoza.

 Pour la filière ES, les deux sujets de dissertations sont "L’histoire peut-elle éclairer l’avenir ?" et "Être libre, est-ce ne rencontrer aucun obstacle ?". Le texte est extrait de De l’amitié, de Cicéron.

Baccalauréat PONDICHERY 2016

 Bac S Pondichéry 2016 Philosophie

1) La religion n’est-elle qu’un fait de culture ?

2) Choisit-on d’être artiste ?

3) Expliquer un extrait de texte de "Des Biens et des maux", de Cicéron (1er siècle avant J.C.). Découvrez-en les premières lignes :

"Tout ce qui est bon est louable ; or, tout ce qui est louable est honnête ; donc tout ce qui est bon est honnête. La conséquence te paraît-elle bien tirée ? Certes ; car tu vois bien que la conséquence est dans ce qui résulte des deux propositions prises pour prémisses. De ces deux propositions, on a l’habitude de contester la première en disant qu’il n’est pas vrai que tout bien est louable [...]"

 Bac ES Pondichéry 2016 - Philosophie Version complète PDF

1) Y a-t-il des vérités indiscutables ?

2) Le bonheur est-il le but de l’existence ?

3) Expliquer un extrait de texte de "De la liberté", de Mill (1859). Découvrez-en les premières lignes :

"La seule raison légitime que puisse avoir une communauté pour user de la force contre un de ses membres est de l’empêcher de nuire aux autres. Contraindre quiconque pour son propre bien, physique ou moral, ne constitue pas une justification suffisante. Un homme ne peut pas être légitimement contraint d’agir ou de s’abstenir sous prétexte que ce serait meilleur pour lui, que cela le rendrait plus heureux ou que, dans l’opinion des autres, agir ainsi serait sage ou même juste."

 Bac L Pondichéry 2016 - Philosophie Version complète PDF

- Faut-il des connaissances pour apprécier une œuvre d’art ?

 L’autorité de l’État s’oppose-t-elle à la liberté des individus ?

 Expliquer un extrait de texte de "Doctrine de la vertu", de Kant (1797). Découvrez-en les premières lignes :

"Concernant la partie des créatures qui est vivante, bien que dépourvue de raison, un traitement violent et en même temps cruel des animaux est […] intimement opposé au devoir de l’homme envers lui-même, parce qu’ainsi la sympathie à l’égard de leurs souffrances se trouve émoussée en l’homme et que cela affaiblit et peu à peu anéantit une disposition naturelle très profitable à la moralité dans la relation avec les autres hommes [...]".

 Bac STMG Pondichéry 2016 - Philosophie Version complète PDF

• Tous les échanges sont-ils profitables ?

• Est-on d’autant plus heureux que l’on est plus cultivé ?

• Expliquer un extrait de texte de "Réfutation d’Helvétius", de Cicéron (1786). Découvrez-en les premières lignes :

"Pourquoi l’homme est-il perfectible et pourquoi l’animal ne l’est-il pas ? L’animal ne 1 l’est pas, parce que sa raison, s’il en a une, est dominée par un sens despote qui la 2 subjugue . Toute l’âme du chien est au bout de son nez, et il va toujours flairant. Toute l’âme de l’aigle est dans son œil, et l’aigle va toujours regardant. Toute l’âme de la taupe est dans son oreille, et elle va toujours écoutant".

Baccalauréat Liban 2016

Bac S Liban 2016 - Philosophie

- "Sait-on ce qu’on désire ?"

 "L’esprit dépend-il de la matière ?"

 ou une explication de texte de Mill, De la liberté (1959) ➜


Bac ES Liban 2016 - Philosophie


 Suis-je l’esclave de mes désirs ?"

 "Une société juste peut-elle accepter des inégalités ?"

 ou une explication du texte de Russel, Science et religion, 1935


Bac L Liban 2016 - Philosophie


 "Est-on prisonnier de la langue dans laquelle on parle ?"

 "L’esprit doit-il quelque chose au corps ?"

 et une explication du texte de HEGEL, Propédeutique philosophique (1808)

Bac S Washington 2016 - Philosophie Version complète PDF


 Travailler, est-ce seulement mettre en oeuvre des techniques ?

 "Peut-on ne pas admettre la vérité ?"

 ou une analyse de texte de DIDEROT, Réfutation suivie de l’ouvrage d’Helvétius.

Bac ES Washington 2016 - Philosophie version complète PDF

- "L’artiste peut-il être indifférent au beau ?"

 "Les hommes vivent-ils en société par intérêt ?"

 ou une analyse du texte de Bergson, Leçons de Clermont-Ferrand, 1886.

Bac L Washington 2016 - Philosophie Version complète PDF

- Une vérité scientifique peut-elle être approximative ?"

 "Peut-on être soi-même devant les autres ?"

 ou une analyse de texte de MARX, Le Capital, 1867

Baccalauréat 2015

Métropole


Le candidat traitera, au choix,l’undes trois sujets suivants :

1er sujet :Respecter tout être vivant, est-ce un devoir moral ?

2ème sujet :Suis-je ce que mon passé a fait de moi ?

3ème sujet :Expliquer le texte suivant : Les croyances dogmatiques sont plus ou moins nombreuses, suivant les temps. Elles naissent de différentes manières et peuvent changer de forme et d’objet ; mais on ne saurait faire qu’il n’y ait pas de croyances dogmatiques, c’estàdire d’opinions que les hommes reçoivent de confiance et sans les discuter. Si chacun entreprenait luimême de former toutes ses opinions et de poursuivre isolément la vérité dans des chemins frayés par lui seul, il n’est pas probable qu’un grand nombre d’hommes dût jamais se réunir dans aucune croyance commune. Or, il est facile de voir qu’il n’y a pas de société qui puisse prospérer sans croyances semblables, ou plutôt il n’y en a point qui subsistent ainsi ; car, sans idées communes, il n’y a pas d’action commune, et, sans action commune, il existe encore des hommes, mais non un corps social. Pour qu’il y ait société, et, à plus forte raison, pour que cette société prospère, il faut donc que tous les esprits des citoyens soient toujours rassemblés et tenus ensemble par quelques idées principales ; et cela ne saurait être, à moins que chacun d’eux ne vienne quelquefois puiser ses opinions à une même source et ne consente à recevoir un certain nombre de croyances toutes faites. Si je considère maintenant l’homme à part, je trouve que les croyances dogmatiques ne lui sont pas moins indispensables pour vivre seul que pour agir en commun avec ses semblables. TOCQUEVILLE,De la démocratie en Amérique, 1840. La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Ilfaut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

 

Série S
1 Une œuvre d’art a-t-elle toujours un sens ?
2 La politique échappe-t-elle à l’exigence de vérité ?
3 Expliquez le texte suivant :

Comment peut-on prévoir un événement dépourvu de toute cause ou de tout indice qui explique qu’il se produira ? Les éclipses du soleil et de la lune sont annoncées avec beaucoup d’années d’anticipation par ceux qui étudient à l’aide de calculs les mouvements des astres. De fait, ils annoncent ce que la loi naturelle réalisera. Du mouvement invariable de la lune, ils déduisent à quel moment la lune, à l’opposé du soleil, entre dans l’ombre de la terre, qui est un cône de ténèbres, de telle sorte qu’elle s’obscurcit nécessairement. Ils savent aussi quand la même lune en passant sous le soleil et en s’intercalant entre lui et la terre, cache la lumière du soleil à nos yeux, et dans quel signe chaque planète se trouvera à tout moment, quels seront le lever ou le coucher journaliers des différentes constellations. Tu vois quels sont les raisonnements effectués par ceux qui prédisent ces événements. Ceux qui prédisent la découverte d’un trésor ou l’arrivée d’un héritage, sur quel indice se fondent-ils ? Ou bien, dans quelle loi naturelle se trouve-t-il que cela arrivera ? Et si ces faits et ceux du même genre sont soumis à pareille nécessité, quel est l’événement dont il faudra admettre qu’il arrive par accident ou par pur hasard ? En effet, rien n’est à ce point contraire à la régularité rationnelle que le hasard, au point que même un dieu ne possède pas à mes yeux le privilège de savoir ce qui se produira par hasard ou par accident. Car s’il le sait, l’événement arrivera certainement ; mais s’il se produit certainement, il n’y a plus de hasard ; or le hasard existe : par conséquent, il n’y a pas de prévision d’événements fortuits. er Cicéron,De la divination, 1 siècle avant J.-C.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question

Série ES

1 La conscience de l’individu n’est-elle que le reflet de la société à laquelle il appartient ?

2.L’artiste donne-t-il quelque chose à comprendre ?

3.Expliquez le texte suivant : « Dans un État démocratique, des ordres absurdes ne sont guère à craindre, car il est presque impossible que la majorité d’une grande assemblée se mette d’accord sur une seule et même absurdité. Cela est peu à craindre, également, à raison du fondement et de la fin de la démocratie, qui n’est autre que de soustraire les hommes 1 à la domination absurde de l’appétit et à les maintenir, autant qu’il est possible, dans les limites de la raison, pour qu’ils vivent dans la concorde et dans la paix. Ôté ce fondement, tout l’édifice s’écroule aisément. Au seul souverain, donc, il appartient d’y pourvoir ; aux sujets, il appartient d’exécuter ses commandements et de ne reconnaître comme droit que ce que le souverain déclare être le droit. Peut-être pensera-t-on que, par ce principe, nous faisons des sujets des esclaves ; on pense en effet que l’esclave est celui qui agit par commandement et l’homme libre celui qui agit selon son caprice. Cela cependant n’ ; car enest pas absolument vrai réalité, celui qui est captif de son plaisir, incapable de voir et de faire ce qui lui est utile, est le plus grand des esclaves, et seul est libre celui qui vit, de toute son âme, sous la seule conduite de la raison. » SPINOZA,Traité théologico-politique(1670)

Série STMG

Sujet 1 :
La culture fait-elle l’homme ?
Sujet 2 :
Peut-on être heureux sans être libre ?
Sujet 3 :
La règle par où nous nous conduisons communément en nos raisonnements, est que les objets dont nous n’avons pas l’expérience ressemblent à ceux dont nous l’avons ; que ce que nous avons vu être le plus ordinaire est toujours le plus probable ; et que, lorsqu’il y a opposition des arguments, nous devons donner la préférence à ceux qui se fondent sur le plus grand nombre d’observations passées. Mais quoique, en procédant selon cette règle, nous rejetions promptement tout fait insolite et incroyable à un degré ordinaire, pourtant, en avançant davantage, l’esprit n’observe pas toujours la même règle : lorsque quelque chose est affirmé de suprêmement absurde et miraculeux, il admet d’autant plus promptement un tel fait, en raison de la circonstance même qui devrait en détruire l’autorité. La passion de surprise et d’émerveillement qui produit des miracles, étant une agréable émotion, produit une tendance sensible à croire aux événements d’où elle dérive
HUME, Enquête sur l’entendement humain (1748)

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1. Donner la thèse du texte et les étapes de son argumentation.
2. a) Expliquer : « nous devons donner la préférence à ceux qui se fondent sur le plus grand nombre d’observations passées ».
b) Expliquer : « il admet d’autant plus promptement un tel fait, en raison de la circonstance même qui devrait en détruire l’autorité ».
3. La force d’une croyance se fonde-t-elle nécessairement sur l’expérience ?

 

Les élèves de Terminale de Pondichéry, en Inde, sont chaque année les premiers à passer leur bac. Voici le sujet de philosophie qui a été soumis aux élèves de la série S lundi 13 avril 2015.

SERIE S
Sujet n°1
Sommes-nous des citoyens du monde ?
Sujet n°2
La connaissance peut-elle nuire au bonheur ?

Sujet n°3
Expliquer le texte suivant : La vanité de l’esprit humain l’écarte et le retarde dans sa marche. Il craint de s’avilir 1 dans les détails. Méditer sur un brin d’herbe, raisonner sur une mouche : manier le scalpel, disséquer des atomes, courir les champs pour trouver un caillou, quelle gloire y a-t-il, dans ces occupations mécaniques ; mais surtout quel profit, au prix de la peine ? Cette erreur prend sa source dans une autre qui part du même orgueil, et c’est la persuasion, où l’on s’entretient, que la vérité est comme innée dans notre entendement, qu’elle ne peut y entrer par les sens, qui servent plutôt à le troubler qu’à l’éclairer. Cette prévention2, ou plutôt cette aliénation de l’esprit, est fomentée par les partisans mêmes des sens ; car en prétendant que nous recevons toutes les vérités par ce canal, ils n’ont pas laissé3de perdre leur temps à la spéculation, et d’abandonner l’histoire de la nature, pour suivre les écarts de l’imagination. L’entendement crée des êtres à sa façon, c’est-à-dire, des êtres imaginables. Ses conceptions lui représentent la possibilité, et non pas l’existence des choses. De là le règne des idées abstraites, ou le monde fantastique des intellectuels, tellement accrédité par une espèce de superstition pour les choses outrées, que leurs rêves sont devenus un délire général. Tel est l’abus de cette métaphysique qui, supposant des images sans modèles, et des idées sans objet, fait de cet univers une illusion perpétuelle, et comme un chaos de ténèbres palpables. Le dégoût pour ce qu’on appelle les petites choses dans l’observation, est la marque d’un esprit étroit, qui n’aperçoit pas l’ensemble des parties et l’unité des principes. Tout ce qui entre dans l’essence des causes, est l’objet de la science de l’homme ; car la science n’est elle-même que la connaissance des causes.

Francis BACON (1561-1626),
Pensées et vues générale ou récapitulation.

1. Se rabaisser. 2. L’ensemble des préjugés qui faussent le jugement. 3. Ils ont perdu leur temps à la spéculation.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question

Washington 2015

 

Série L

Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants :

1er SUJET Une parole peut-elle être sans objet ?

2ème SUJET Tout désir est-il tyrannique ?


3 ème SUJET Expliquer le texte suivant : Le plus pressant intérêt du chef, de même que son devoir le plus indispensable, est 1 de veiller à l’observation des lois dont il est le ministre ; et sur lesquelles est fondée toute son autorité. S’il doit les faire observer aux autres, à plus forte raison doit-il les observer lui-même qui jouit de toute leur faveur. Car son exemple est de telle force, que quand même le peuple voudrait bien souffrir qu’il s’affranchît du joug de la loi, il devrait se garder de profiter d’une si dangereuse prérogative, que d’autres s’efforceraient bientôt d’usurper à leur tour, et souvent à son préjudice. Au fond, comme tous les engagements de la société sont réciproques par leur nature, il n’est pas possible de se mettre au-dessus de la loi sans renoncer à ses avantages, et personne ne doit rien à quiconque prétend ne rien devoir à personne. Par la même raison, nulle exemption de la loi ne sera jamais accordée à quelque titre que ce puisse être dans un gouvernement bien policé . Les citoyens mêmes qui ont bien mérité de la patrie doivent être récompensés par des honneurs et jamais par des privilèges : car la république est à la veille de sa ruine, sitôt que quelqu’un peut penser qu’il est beau de ne pas obéir aux lois.

ROUSSEAU,Discours sur l’économie politique(1755)


Série S

« Le bonheur se trouve-t-il dans le repos ? » et « L’art instruit-il ? »

Série ES

« Sommes-nous maîtres de nos désirs ? » et « A quoi reconnaît-on qu’une théorie est scientifique ? »

 
Liban 2015

Liban 2015

Série L

Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants :

1er SUJET : Est-ce à l’État de faire régner la justice ?

2ème SUJET Le corps fait-il obstacle à la pensée ?

3ème SUJET Expliquer le texte suivant : Je ne saurais exprimer un jugement avec des mots, si, dès l’instant que je vais prononcer la première syllabe, je ne voyais pas déjà toutes les idées dont mon jugement est formé. Si elles ne s’offraient pas toutes à la fois, je ne saurais par où commencer, puisque je ne saurais pas ce que je voudrais dire. Il en est de même lorsque je raisonne ; je ne commencerais point, ou je ne finirais point un raisonnement, si la suite des jugements qui le composent, n’était pas en même temps présente à mon esprit. Ce n’est donc pas en parlant que je juge et que je raisonne. J’ai déjà jugé et raisonné, et ces opérations de l’esprit précèdent nécessairement le discours. En effet nous apprenons à parler, parce que nous apprenons à exprimer par des signes les idées que nous avons, et les rapports que nous apercevons entre elles. Un enfant n’apprendrait donc pas à parler, s’il n’avait pas déjà des idées, et s’il ne saisissait pas déjà des rapports. Il juge donc et il raisonne avant de savoir un mot d’aucune langue. Sa conduite en est la preuve, puisqu’il agit en conséquence des jugements qu’il porte. Mais parce que sa pensée est l’opération d’un instant, qu’elle est sans succession, et qu’il n’a point de moyen pour la décomposer, il pense, sans savoir ce qu’il fait en pensant ; et penser n’est pas encore un art pour lui. Si une pensée est sans succession dans l’esprit, elle a une succession dans le discours, où elle se décompose en autant de parties qu’elle renferme d’idées. Alors nous pouvons observer ce que nous faisons en pensant, nous pouvons nous en rendre compte ; nous pouvons par conséquent, apprendre à conduire notre réflexion. Penser devient donc un art, et cet art est l’art de parler. CONDILLAC,Cours d’études pour l’instruction du Prince de Parme(1798)

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.


Série ES

Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants :

1er SUJET : Autrui m’apprendil quelque chose sur moimême ? 2ème SUJET : L’individu doitil se méfier de l’Etat ?

3ème SUJET : Expliquez le texte suivant : Tant que l’on n’a pas bien compris la liaison de toutes choses et l’enchaînement des causes et des effets, on est accablé par l’avenir. Un rêve ou la parole d’un sorcier tuent nos espérances ; le présage est dans toutes les avenues. Idée théologique. Chacun connaît la fable de ce poète à qui il avait été prédit qu’il mourrait de la chute d’une maison ; il se mit à la belle étoile ; mais les dieux n’en voulurent point démordre, et un aigle laissa tomber une tortue sur sa tête chauve, la prenant pour une pierre. On conte aussi l’histoire d’unfils de roi qui, selon l’oracle, devait périr par un lion ; on le garda au logis avec les femmes ; mais il se fâcha contre une tapisserie qui représentait un lion, s’écorcha le poing sur un mauvais clou, et mourut de gangrène.L’idée qui sort de ces contes, c’est la prédestination, que des théologiens mirent plus tard en doctrine ; et cela s’exprime ainsi : la destinée de chacun est fixée quoi qu’il fasse. Ce qui n’est point scientifique du tout ; car ce fatalisme revient à dire : « Quelles que soient les causes, le même effet en résultera. » Or, nous savons que si la cause est autre, l’effet sera autre. Et nous détruisons ce fantôme d’un avenir inévitable par le raisonnement suivant ; supposons que je connaisse que je serai écrasé par tel mur tel jour à telle heure ; cette connaissance fera justement manquer la prédiction. C’est ainsi que nous vivons ; à chaque instant nous échappons à un malheur parce que nous le prévoyons ; ainsi ce que nous prévoyons, et très raisonnablement, n’arrive pas. Cette automobile m’écrasera si je reste au milieu de la route ; mais je n’y reste pas.

ALAIN,Proposdu 28 août 1911.

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série S

1er sujet L’art est-il une affaire de goût personnel ?

2e sujet La justice ne relève-t-elle que de l’État ?

3e sujet Expliquez le texte suivant : « Au spectacle d’une cascade, nous pensons voir caprice et arbitraire dans les innombrables courbures, ondulations et brisements de ses vagues ; mais tout y est nécessaire, le moindre remous mathématiquement calculable. Il en est de même pour les actions humaines ; on devrait, si l’on était omniscient, pouvoir calculer d’avance un acte après l’autre, aussi bien que chaque progrès de la connaissance, chaque erreur, chaque méchanceté. Le sujet qui agit est quant à lui, sans doute, pris dans l’illusion de son libre arbitre ; mais si la roue du monde venait à s’arrêter un instant et qu’il y eût une intelligence omnisciente, calculatrice, pour mettre à profit de telles pauses, elle pourrait, à partir de là, prédire l’avenir de chacun des êtres jusqu’aux temps les plus éloignés et marquer toutes les traces dans lesquelles cette roue passera encore. L’illusion de l’acteur sur lui-même, le postulat de son libre arbitre, font partie intégrante de ce mécanisme à calculer. » NIETZSCHE,Humain trop humain(1878)

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question

Les centres Etrangers Afrique


Epreuve : Philosophie Série S


Dissertation 1 :
Le bonheur de l’humanité pourrait-il venir du progrès technique ?

Dissertation 2 :
La vérité ne peut-elle être établie que par la démonstration ?

Explication de texte :
Russell, Analyse de l’esprit (1921).

Epreuve philosophie Série ES

Dissertation 1 :
Peut-on vraiment comprendre autrui ?

Dissertation 2 :
La politique est-elle l’affaire des spécialistes ?

Explication de texte :
Locke, Essai sur l’entendement humain, 1689.
 

Epreuve philosophie Série L

Dissertation 1 :
L’interdit est-il ennemi du désir ?

Dissertation 2 :
Les machines peuvent-elles penser ?

Explication de texte :
Popper, Le sens de l’écriture de l’histoire, 1962.
 

 

Guadeloupe :

Baccalauréat Général

Série Littéraire
1er sujet : Science et religion s’opposent-elles ?
2ème sujet : Suffit-il d’avoir des droits pour être libre ?
3ème sujet : Extrait de De la tranquilité de l’âme de Sénèque

Série Scientifique
1er sujet : La connaissance scientifique élimine-t-elle toute croyance ?
2ème sujet : Faut-il renoncer à expliquer une oeuvre d’art ?
3ème sujet : Extrait de Léviathan de Hobbes

Série ES
1er sujet : L’art est-il nécessaire à l’homme ?
2ème sujet : Puis-je renoncer à ma liberté ?
3ème sujet : Extrait d’Ethique à Nicomaque d’Aristote

Baccalauréat technologique
Toutes séries sauf TMD
1er sujet : Peut-on se faire justice soi-même ?
2ème sujet : Un homme se définit-il par sa culture ?
3ème sujet : Explication de texte Extrait de Propédeutique philosophique d’Hegel

 

Baccalauréat 2014

Sujets de philo bac 2014 à l’étranger

 Pondichéry : l’épreuve de philo qui s’est déroulée pour toutes les séries le 3 avril 2014.

 Bac L philo 2014 : sujets de Pondichéry

Sujet 1 : Le désir nous éloigne-t-il d’autrui ?
Sujet 2 : L’Etat est-il au-dessus des lois ?
Sujet 3 : Explication de texte, AUGUSTIN, Du mensonge, début du Vème siècle

 Bac ES philo 2014 : sujets de Pondichéry

Sujet 1 : La justice n’est-elle que pure convention ?
Sujet 2 : La solitude est-elle sans valeur ?
Sujet 3 : Explication de texte, HEGEL, Esthétique, 1835

 Bac S philo 2014 : sujets de Pondichéry

Sujet 1 : Une oeuvre d’art peut-elle être immorale ?
Sujet 2 : Seul ce qui est démontré est-il prouvé ?
Sujet 3 : Explication de texte, B. RUSSELL, Science et religion, 1935

 Bac techno philo 2014 : sujets de Pondichéry

- Sujet 1 : Un objet technique peut-il être une oeuvre d’art ?
- Sujet 2 : Etre libre, est-ce faire ce qui nous plaît ?
- Sujet 3 : Explication de texte, DESCARTES, Règles pour la direction de l’esprit, 1629

 Liban : l’épreuve de philo qui s’est déroulée pour toutes les séries le 26 mai 2014

 Bac L philo 2014 : sujets du Liban

1er SUJET : Faut-il faire l’éloge du travail ?
2ème SUJET : Peut-on se libérer du passé ?
3ème SUJET : Expliquer le texte suivant :

Il ne faut point confondre le bonheur avec la vertu. Il est certain que faire le bien pour le bien, c’est le faire pour soi, pour notre propre intérêt, puisqu’il donne à l’âme une satisfaction intérieure, un contentement d’elle-même sans lequel il n’y a point de vrai bonheur. Il est sûr encore que les méchants sont tous misérables, quel que soit leur sort apparent, parce que le bonheur s’empoisonne dans une âme corrompue,comme le plaisir des sens dans un corps malsain. Mais il est faux que les bons soient tous heureux dès ce monde, et comme il ne suffit pas au corps d’être en santé pour avoir de quoi se nourrir, il ne suffit pas non plus à l’âme d’être saine pour obtenir tous les biens dont elle a besoin. Quoiqu’il n’y ait que les gens de bien qui puissent vivre contents, ce n’est pas à dire que tout homme de bien vive content. La vertu ne donne pas le bonheur, mais elle seule apprend à en jouir quand on l’a : la vertu ne garantit pas des maux de cette vie et n’en procure pas les biens ; c’est ce que ne fait pas non plus le vice avec toutes ses ruses ; mais la vertu fait porter plus patiemment les uns et goûter plus délicieusement les autres. Nous avons donc, en tout état de cause, un véritable intérêt à la cultiver, et nous faisons bien de travailler pour cet intérêt, quoiqu’il y ait des cas où il serait insuffisant par lui-même, sans l’attente d’une vie à venir.

ROUSSEAU, Lettre à M. d’Offreville (1761)

 Bac Série ES -philo 2014 : sujets du Liban

1er SUJET : L’histoire est-elle une science impossible ?
2ème SUJET : Peut-on vouloir la justice au mépris du droit ?
3ème SUJET :

Expliquer le texte suivant :

« Nous ne vivons pas d’abord dans la conscience de nous-même – ni même d’ailleurs dans la conscience des choses – mais dans l’expérience d’autrui. Jamais nous ne nous sentons exister qu’après avoir déjà pris contact avec les autres, et notre réflexion est toujours un retour à nous-même, qui doit d’ailleurs beaucoup à notre fréquentation d’autrui. Un nourrisson de quelques mois est déjà fort habile à distinguer la bienveillance, la colère, la peur sur le visage d’autrui, à un moment où il ne saurait avoir appris par l’examen de son propre corps les signes physiques de ces émotions. C’est donc que le corps d’autrui, dans ses diverses gesticulations, lui apparaît investi d’emblée d’une signification émotionnelle, c’est donc qu’il apprend à connaître l’esprit tout autant comme comportement visible que dans l’intimité de son propre esprit. Et l’adulte lui-même découvre dans sa propre vie ce que sa culture, l’enseignement, les livres, la tradition lui ont appris à y voir. Le contact de nous-même avec nous-même se fait toujours à travers une culture, au moins à travers un langage que nous avons reçu du dehors et qui nous oriente dans la connaissance de nous-même. Si bien qu’enfin le pur soi, l’esprit, sans instruments et sans histoire, s’il est bien comme une instance critique que nous opposons à la pure et simple intrusion des idées qui nous sont suggérées par le milieu, ne s’accomplit en liberté effective que par l’instrument du langage et en participant à la vie du monde. »

Maurice MERLEAU-PONTY, Causeries (1948)

 Bac Série S -philo 2014 : sujets du Liban

1er SUJET : Peut-on enfreindre la loi au nom de la justice ?
2ème SUJET : Est-ce seulement par la raison qu’on peut accéder à la vérité ?
3ème SUJET : Expliquer le texte :

Il n’est pas douteux (...) que la force n’ait été à l’origine de la division des anciennes sociétés en classes subordonnées les unes aux autres. Mais une subordination habituelle finit par sembler naturelle, et elle se cherche à elle-même une explication : si la classe inférieure a accepté sa situation pendant assez longtemps, elle pourra y consentir encore quand elle sera devenue virtuellement la plus forte, parce qu’elle attribuera aux dirigeants une supériorité de valeur. Cette supériorité sera d’ailleurs réelle s’ils ont profité des facilités qu’ils se trouvaient avoir pour se perfectionner intellectuellement et moralement ; mais elle pourra aussi bien n’être qu’ une apparence soigneusement entretenue. Quoi qu’il en soit, réelle ou apparente, elle n’aura qu’à durer pour paraître congénitale : il faut bien qu’il y ait supériorité innée, se dit-on, puisqu’il y a privilège héréditaire. La nature, qui a voulu des sociétés disciplinées, a prédisposé l’homme à cette illusion

.BERGSON, Les Deux Sources de la morale et de la religion(1932)

 Washington : l’épreuve de philo qui s’est déroulée pour toutes les séries le 27 mai 2014

Serie L

Série ES

Série S

Image

 Série L
Sujet 1 : Les oeuvres d’art éduquent-elles notre perception ?

Sujet 2 : Doit-on tout faire pour être heureux ?

Sujet 3 :

Expliquez le texte suivant

"J’ai traité le déterminisme physique de cauchemar. C’est un cauchemar parce qu’il affirme que le monde entier, avec tout ce qu’il contient, est un gigantesque automate, et que nous ne sommes rien d’autre que des petits rouages, ou des sous-automates dans le meilleur des cas.
Il détruit ainsi, en particulier, l’idée de créativité. Il réduit à l’état de complète illusion l’idée que, dans la préparation de cette conférence, je me suis servi de mon cerveau pour créer quelque chose de nouveau. Ce qui s’est passé là, selon le déterminisme physique, c’est que certaines parties de mon corps ont tracé des marques noires sur un papier blanc, et rien de plus : tout physicien disposant d’une information suffisamment détaillée pourrait avoir écrit ma conférence grâce à cette méthode très simple : prédire les endroits précis où le système physique composé de mon corps (y compris mon cerveau, bien sûr, et mes doigts) et de mon stylo tracerait des marques noires.
Ou, pour utiliser un exemple plus frappant : si le déterminisme physique est correct, alors un physicien complètement sourd, qui n’aurait jamais entendu de musique de sa vie, pourrait écrire toutes les symphonies et tous les concertos de Mozart ou de Beethoven, au moyen d’une méthode simple, qui consisterait à étudier les états physiques précis de leur corps et à prédire où ils traceraient des marques noires sur leur portée. Et notre physicien sourd pourrait même faire bien mieux : en étudiant les corps de Mozart et de Beethoven avec assez de soin, il pourrait écrire des partitions qui n’ont jamais été réellement écrites par Mozart ou Beethoven, mais qu’ils auraient écrites si certaines circonstances de leur vie avaient été différentes - s’ils avaient mangé, disons, de l’agneau au lieu de poulet et bu du thé au lieu de café."

POPPER, La connaissance objective, 1972

Les connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte ; du problème dont il est question.

 Série S

Sujet 1 : Vivons-nous pour être heureux ?

Sujet 2 : L’artiste est-il maître de son œuvre ?

Sujet 3 : Expliquez le texte suivant

"On voit clairement pourquoi l’arithmétique et la géométrie sont beaucoup plus certaines que les autres sciences : c’est que seules elles traitent d’un objet assez pur et simple pour n’admettre absolument rien que l’expérience ait rendu incertain, et qu’elles consistent toutes entières en une suite de conséquences déduites par raisonnement.
Elles sont donc les plus faciles et les plus claires de toutes, et leur objet et tel que nous le désirons, puisque, sauf par intention, il semble impossible à l’homme d’y commettre des erreurs. Et cependant, il ne faut pas s’étonner si spontanément beaucoup d’esprits s’appliquent plutôt à d’autres études ou à la philosophie : cela vient, en effet, de ce que chacun se donne plus hardiment la liberté d’affirmer des choses par divination dans une question obscure que dans une question évidente, et qu’il est bien plus facile de faire des conjectures sur une question quelconque que de parvenir à la vérité même sur une question, si facile qu’elle soit.
De tout cela on doit conclure, non pas, en vérité, qu’il ne faut appendre que l’arithmétique et la géométrie, mais seulement que ceux qui cherchent le droit chemin de la vérité ne doivent s’occuper d’aucun objet, dont ils ne puissent avoir une certitude égale à celles des démonstrations de l’arithmétique et de la géométrie."

René Descartes - Règles pour la direction de l’esprit, 1628

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte ; du problème dont il est question.

 Série E.S.

Sujet 1 : Suffit-il d’avoir le choix pour être libre ?

Sujet 2 : Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?

Sujet 3 :

Expliquer le texte suivant :

"La différence décisive entre les outils et les machines trouve peut-être sa meilleure illustration dans la discussion apparemment sans fin sur le point de savoir si l’homme doit « s’adapter » à la machine ou la machine s’adapter à la « nature » de l’homme. Nous avons donné au premier chapitre la principale raison expliquant pourquoi pareille discussion ne peut être que stérile : si la condition humaine consiste en ce que l’homme est un être conditionné pour qui toute chose, donnée ou fabriquée, devient immédiatement condition de son existence ultérieure, l’homme s’est « adapté » à un milieu de machines dès le moment où il les a inventées. Elles sont certainement devenues une condition de notre existence aussi inaliénable que les outils aux époques précédentes. L’intérêt de la discussion à notre point de vue tient donc plutôt au fait que cette question d’adaptation puisse même se poser. On ne s’était jamais demandé si l’homme était adapté ou avait besoin de s’adapter aux outils dont il se servait : autant vouloir l’adapter à ses mains. Le cas des machines est tout différent. Tandis que les outils d’artisanat à toutes les phases du processus de l’oeuvre restent les serviteurs de la main, les machines exigent que le travailleur les serve et qu’il adapte le rythme naturel de son corps à leur mouvement mécanique. Cela ne veut pas dire que les hommes en tant que tels s’adaptent ou s’asservissent à leurs machines ; mais cela signifie bien que pendant toute la durée du travail à la machine, le processus mécanique remplace le rythme du corps humain. L’outil le plus raffiné reste au service de la main qu’il ne peut ni guider ni remplacer. La machine la plus primitive guide le travail corporel et éventuellement le remplace tout à fait."
Hannah ARENDT
Condition de l’homme moderne, Chap. IV (l’oeuvre)
éd. Calman-Lévy, coll. Presse Pocket, pp. 199-200

La connaissance de l’auteur n’est pas requise. Il faut et if suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont if est question.

Image

Sujet 1 : Les échanges sont-ils toujours intéressés ?

Sujet 2 : Une vérité peut-elle être définitive ?

Sujet 3 :

"SOCRATE. Celui qui garde son injustice au lieu d’en être délivré, est le plus malheureux de tous.
Polos. Cela semble certain.
Socrate. N’est-ce pas précisément le cas de l’homme qui, tout en commettant les crimes les plus abominables, et en vivant dans la plus parfaite injustice, réussit à éviter les avertissements, les châtiments, le paiement de sa peine,
comme tu dis qu’y est parvenu cet Archélaos*, ainsi que tous les tyrans, les orateurs et les hommes d’État les plus puissants ?
Polos. C’est vraisemblable.
Socrate. Quand je considère le résultat auquel aboutissent les gens de cette sorte, je les comparerais volontiers à un malade qui, souffrant de mille maux très graves, parviendrait à ne point rendre de comptes aux médecins sur ses maladies et à éviter tout traitement, craignant comme un enfant l’application du fer et du feu**, parce que cela fait mal. N’est-ce point ton avis ?
Polos. Tout à fait.
Socrate. C’est sans doute qu’il ne saurait pas le prix de la santé et d’une bonne constitution. A en juger par les principes que nous avons reconnus vrais, ceux qui cherchent à ne pas rendre de comptes à la justice. Polos, pourraient bien être également des gens qui voient ce qu’elle comporte de douloureux, mais qui sont aveugles sur ce qu’elle a d’utile, et qui ne savent pas combien il est plus lamentable de vivre avec une âme malsaine, c’est-à-dire corrompue, injuste et impure, que celle d’un corps malsain. De là tous leurs efforts pour échapper à la punition, pour éviter qu’on les débarrasse du plus grand des maux."

PLATON, Gorgias (478e-479c)


* Archélaos : tyran dont Polos a affirmé qu’il est heureux puisque son pouvoir lui permet de faire tout ce qui ui plaît sans avoir de comptes à rendre à personne.
** l’application du fer et du feu : techniques médicales de soin

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment est est établie.

2. a) En vous appuyant sur l’exemple d’Archélaos, expliquez pourquoi celui "qui garde son injustice au lieu d’en être délivré, est le plus malheureux de tous."

2.b) Expliquez en quoi l’homme injuste est semblable à un malade.

3. Celui qui vit dans l’injustice et qui cherche à échapper à la punition est-il le plus malheureux des hommes ?

Image

Sujet 1 : La diversité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ?

Sujet 2 : Peut-on être indifférent à la vérité ?

Sujet 3 :

"Le sentiment d’un tribunal intérieur inscrit en l’homme (« devant lequel ses pensées s’accusent ou se disculpent l’une l’autre ») correspond à la conscience morale. Tout homme a une telle conscience et se trouve observé, menacé et, en général, tenu en respect (un respect lié à la crainte) par un juge intérieur, et cette puissance qui, en lui, veille sur les lois n’est pas quelque chose qu’il se forge lui-même (arbitrairement), mais elle est incorporée dans son être. Elle le suit comme son ombre s’il songe à lui échapper. Il peut certes par des plaisirs et des distractions se rendre insensible ou s’endormir, mais il ne peut éviter par la suite de revenir à soimême ou de se réveiller dès qu’il perçoit la voix terrible de cette conscience. Au demeurant peut-il en arriver à l’extrême infamie où il ne se préoccupe plus du tout de cette voix, mais il ne peut du moins éviter de l’entendre."

KANT, Doctrine de la vertu, 1795.

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.
2. En vous appuyant sur des exemples :
a. Analysez l’image du « tribunal intérieur » ;
b. expliquez : « elle est incorporée dans son être » ;
c. expliquez : « il ne peut éviter par la suite de revenir à soi-même ou de se réveiller » ;
d. expliquez en quoi même quand « il ne se préoccupe plus du tout de cette voix », « il ne peut [...] éviter de l’entendre ».

3. La voix de la conscience morale se fait-elle toujours entendre ?

Baccalauréat 2013

- ES Amérique du Nord
 ES Antilles Guyane
 ES Étranger groupe 1
 ES Inde
 ES Japon
 ES Liban
 ES Métropole
 ES Polynésie
 L Amérique du Nord
 L Antilles Guyane
 L Étranger Groupe 1
 L Japon
 L Liban
 L Métropole
 L Polynésie
 S Amérique du Nord
 S Antilles Guyane
 S Étranger Groupe 1
 S Inde
 S Japon
 S Liban
 S Métropole
 S Polynésie
 T Antilles Guyane
 T Étranger Groupe 1
 T Inde
 T Métropole
 T Polynésie

Baccalauréat 2012

- ES Métropole
 ES Amérique du Nord
 ES Japon
 ES Liban
 ES La Réunion
 ES Polynésie
 L Métropole
 L Amérique du Nord
 L Japon
 L Liban
 L La Réunion
 L Polynésie
 S Métropole
 S Amérique du Nord
 S Japon
 S La Réunion
 S Polynésie
 T Métropole
 T Polynésie
 TMD Métropole

Baccalauréat 1996-1999 toutes les séries


 Sujets 1996-1998
 Sujets de philosophie au baccalauréat 1999

1996 ES AMÉRIQUE DU NORD REMPLACEMENT Peut-on traiter des faits humains comme des choses sans pour autant considérer l’homme comme une chose ?

1996 ES AMÉRIQUE DU NORD REMPLACEMENT Les politiques grecs qui vivaient dans le gouvernement populaire ne reconnaissaient d’autre force qui pût le soutenir que celle de la vertu. Ceux d’aujourd’hui ne nous parlent que de manufactures, de commerce, de finances, de richesses, et de luxe même.

Lorsque cette vertu cesse, l’ambition entre dans les coeurs qui peuvent la recevoir, et l’avarice entre dans tous. Les désirs changent d’objets ; ce qu’on aimait on ne l’aime plus ; on était libre avec les lois, on veut être libre contre elles ; chaque citoyen est comme un esclave échappé de la maison de son maître ; ce qui était maxime, on l’appelle rigueur ; ce qui était règle, on l’appelle gêne ; ce qui était attention, on l’appelle crainte.

C’est la frugalité qui est l’avarice, et non pas le désir d’avoir.

Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public ; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers.

La république est une dépouille ; et sa force n’est plus que le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous.

MONTESQUIEU

1996 ES AMÉRIQUE DU NORD + LIBAN NORMALE Peut-on tout dire ?

1996 ES AMÉRIQUE DU NORD + LIBAN NORMALE Au nom de quoi peut-on reprocher à autrui d’être égoïste ?

1996 ES AMÉRIQUE DU NORD + LIBAN NORMALE Demander, dans un État libre, des gens hardis dans la guerre et timides dans la paix, c’est vouloir des choses impossibles, et, pour règle générale, toutes les fois qu’on verra tout le monde tranquille dans un État qui se donne le nom de république, on peut être assuré que la liberté n’y est pas.

Ce qu’on appelle union dans un corps politique est une chose très équivoque : la vraie est une union d’harmonie, qui fait que toutes les parties, quelque opposées qu’elles nous paraissent, concourent au bien général de la Société, comme des dissonances dans la musique concourent à l’accord total. Il peut y avoir de l’union dans un État où l’on ne croit voir que du trouble, c’est-à-dire une harmonie d’où résulte le bonheur, qui seul est la vraie paix. Il en est comme des parties de cet Univers, éternellement liées par l’action des unes et la réaction des autres.

Mais, dans l’accord du despotisme asiatique, c’est-à-dire de tout gouvernement qui n’est pas modéré, il y a toujours une division réelle : le laboureur, l’homme de guerre, le négociant, le magistrat, le noble, ne sont joints que parce que les uns oppriment les autres sans résistance, et, si l’on y voit de l’union, ce ne sont pas des citoyens qui sont unis, mais des corps morts, ensevelis les uns auprès des autres.

MONTESQUIEU

1996 L AMÉRIQUE DU NORD + LIBAN NORMALE Le savoir est-il une forme de pouvoir ?

1996 L AMÉRIQUE DU NORD + LIBAN NORMALE Quelle réalité peut-on attribuer au temps ?

1996 L AMÉRIQUE DU NORD + LIBAN NORMALE Mettez-vous à la place d’autrui, et vous serez dans le vrai point de vue pour juger ce qui est juste ou non.

On a fait quelques objections contre cette grande règle, mais elles viennent de ce qu’on ne l’applique point partout. On objecte par exemple qu’un criminel peut prétendre, en vertu de cette maxime, d’être pardonné par le juge souverain, parce que le juge souhaiterait la même chose, s’il était en pareille posture. La réponse est aisée. Il faut que le juge ne se mette pas seulement dans la place du criminel, mais encore dans celle des autres qui sont intéressés que le crime soit puni (...). Il en est de même de cette objection que la justice distributive demande une inégalité entre les hommes, que dans une société on doit partager le gain à proportion de ce que chacun a conféré (1) et qu’on doit avoir égard au mérite et au démérite. La réponse est encore aisée. Mettez-vous à la place de tous et supposez qu’ils soient bien informés et bien éclairés. Vous recueillerez de leurs suffrages cette conclusion qu’ils jugent convenable à leur intérêt qu’on distingue les uns des autres. Par exemple, si dans une société de commerce le gain n’était point partagé à proportion, l’on y entrerait point ou l’on en sortirait bientôt, ce qui est contre l’intérêt de toute la société.

LEIBNIZ

(1) a conféré : a mis en commun

1996 S AMÉRIQUE DU NORD + LIBAN NORMALE L’imagination a-t-elle une place dans la connaissance scientifique ?

1996 S AMÉRIQUE DU NORD + LIBAN NORMALE Ne respectons-nous autrui qu’afin qu’il nous respecte ?

1996 S AMÉRIQUE DU NORD + LIBAN NORMALE On a vu des fanatiques en tous les temps, et sans doute honorables à leurs propres yeux. Ces crimes (1) sont la suite d’une idée, religion, justice, liberté. Il y a un fond d’estime, et même quelquefois une secrète admiration, pour des hommes qui mettent au jeu leur propre vie, et sans espérer aucun avantage ; car nous ne sommes points fiers de faire si peu et de risquer si peu pour ce que nous croyons juste ou vrai. Certes je découvre ici des vertus rares, qui veulent respect, et une partie au moins de la volonté. Mais c’est à la pensée qu’il faut regarder. Cette pensée raidie, qui se limite, qui ne voit qu’un côté, qui ne comprend point la pensée des autres, ce n’est point la pensée Il y a quelque chose de mécanique dans une pensée fanatique, car elle revient toujours par les mêmes chemins. Elle ne cherche plus, elle n’invente plus. Le dogmatisme est comme un délire récitant. Il y manque cette pointe de diamant, le doute, qui creuse toujours. Ces pensées fanatiques gouvernent admirablement les peurs et les désirs, mais elles ne se gouvernent pas elles-mêmes. Elles ne cherchent pas ces vues de plusieurs points, ces perspectives sur l’adversaire, enfin cette libre réflexion qui ouvre les chemins de persuader, et qui détourne en même temps de forcer. Bref il y a un emportement de pensée, et une passion de penser qui ressemble aux autres passions.

ALAIN

(1) Le contexte indique qu’il s’agit des crimes des fanatiques.

1996 ES AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Nos rapports avec autrui sont-ils nécessairement conflictuels ?

1996 ES AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Qu’est-ce que prouver ?

1996 ES AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Les sujets doivent exécuter les ordres reçus et ne reconnaître d’autre droit que celui établi par les proclamations de la souveraine Puissance (1). Peut-être va-t-on prétendre qu’ainsi nous faisons des sujets des esclaves, car une opinion vulgairement répandue nomme esclave celui qui agit sur l’ordre d’un autre, et homme libre celui qui se conduit comme il le veut. Cette manière de voir n’est pas tout à fait conforme à la vérité. En fait, l’individu entraîné par une concupiscence (2) personnelle au point de ne plus rien voir ni faire de ce qu’exige son intérêt authentique, est soumis au pire des esclavages.

Au contraire, on devra proclamer libre l’individu qui choisit volontairement de guider sa vie sur la raison. Quant à la conduite déclenchée par un commandement, il faut considérer avant tout, à cet égard, la signification particulière de l’action. A supposer que la fin de l’action serve l’intérêt non de l’agent, mais de celui qui commande l’action, celui qui l’accomplit n’est en effet qu’un esclave, hors d’état de réaliser son intérêt propre. Toutefois dans toute libre République et dans tout État où n’est point pris pour loi suprême le salut de la personne qui donne les ordres, mais celui du peuple entier, l’individu docile à la souveraine Puissance ne doit pas être qualifié d’esclave hors d’état de réaliser son intérêt propre.

SPINOZA

(1) L’autorité politique

(2) Le désir

1996 L AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Pour juger, faut-il seulement apprendre à raisonner ?

1996 L AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Sans métaphysique, l’homme peut-il comprendre son existence ?

1996 L AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Il n’y a de pensée que dans un homme libre, dans un homme qui n’a rien promis, qui se retire, qui se fait solitaire, qui ne s’occupe point de plaire ni de déplaire. L’exécutant n’est point libre ; le chef n’est point libre. Cette folle entreprise de l’union les occupe tous deux. Laisser ce qui divise, choisir ce qui rassemble, ce n’est point penser. Ou plutôt c’est penser à s’unir et à rester unis ; ce n’est rien penser d’autre. La loi de la puissance est une loi de fer. Toute délibération de puissance est sur la puissance, non sur ce qu’on fera. Ce qu’on en fera ? Cela est ajourné, parce que cela diviserait. La puissance, sur le seul pressentiment d’une pensée, frémit toute et se sent défaite. Les pensées des autres, quelles qu’elles soient, voilà les ennemis du chef, mais ses propres pensées ne lui sont pas moins ennemies. Dès qu’il pense, il se divise ; il se fait juge de lui même. Penser, même tout seul, c’est donner audience, et c’est même donner force aux idées de n’importe qui. Lèse-majesté. Toute vie politique va à devenir une vie militaire, si on la laisse aller.

Petit ou grand parti, petit journal ou grand journal, ligne ou nation, église ou association, tous ces êtres collectifs perdent l’esprit pour chercher l’union ; un corps fait d’une multitude d’hommes n’a jamais qu’une toute petite tête, assez occupée d’être la tête. Un orateur quelquefois s’offre aux contradicteurs ; mais c’est qu’alors il croit qu’il triomphera. L’idée qu’il pourrait être battu, et, encore mieux, content d’être battu, ne lui viendra jamais.

ALAIN

1996 S AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Faire son devoir sans être heureux, est-ce toute la morale ?

1996 S AMÉRIQUE DU SUD NORMALE L’esprit reste-t-il libre quand il se soumet au vrai ?

1996 S AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Comment l’avenir diminue-t-il ? Comment s’épuise-t-il, lui qui n’est pas encore ? Et comment le passé s’accroît-il, lui qui n’est plus, si ce n’est parce que dans l’esprit qui a opéré ainsi, il y a ces trois actions : l’attente, l’attention, le souvenir. Le contenu de l’attente passe par l’attention et devient souvenir. L’avenir n’est pas encore, qui le nie ? Mais il y a déjà dans l’esprit l’attente de l’avenir. Et le passé n’est plus rien, qui le nie ? Mais il y a encore dans l’esprit le souvenir du passé. Et le présent, privé d’étendue, n’est qu’un point fugitif, qui le nie ? Mais elle dure pourtant, l’attention à travers laquelle ce qui advient s’achemine à sa disparition. Ce n’est donc pas l’avenir qui est long, lui qui n’existe pas, mais un long avenir, c’est une longue attente de l’avenir, et il n’y a pas plus de long passé, un long passé, c’est un long souvenir du passé.

AUGUSTIN

1996 ES ANTILLES NORMALE Sommes-nous nécessairement les victimes du temps ?

1996 ES ANTILLES NORMALE A-t-on le droit de se taire quand on connaît la vérité ?

1996 ES ANTILLES NORMALE La liberté individuelle peut et même doit être accordée à tous par la communauté publique. Elle ne met en péril ni la paix intérieure, ni le droit dont dispose la souveraine Puissance ; au contraire, elle ne saurait être supprimée sans mettre en péril la paix intérieure et nuire considérablement à la communauté entière. Pour démontrer ma thèse, je pars du droit de nature en l’individu. Ce droit de nature ne connaît d’autre limite que le désir et la puissance de chacun ; nul, suivant le droit de nature, n’est obligé vivre comme il plaît à un autre, mais chacun assure, en personne, la garantie de sa liberté. Je montre ensuite que nul n’aliène effectivement ce droit, à moins de transférer à un autre sa puissance de se défendre. Par conséquent, une personne à qui tous les autres hommes auraient transféré, en même temps que leur puissance de se défendre, leur droit de vivre à leur gré, détiendrait absolument le droit de nature de tous. Autrement dit, les personnes, disposant de l’autorité souveraine en leurs pays respectifs, jouissent du droit d’accomplir tout ce qui est en leur pouvoir. Elles seules, désormais, sont responsables de l’exercice du droit, comme de la liberté de qui que ce soit, et leur vouloir règle la conduite de tous les particuliers. Néanmoins, nul ne pouvant renoncer au pouvoir de se défendre au point qu’il cesse d’être un homme, j’en déduis que nul ne saurait perdre la totalité de son droit de nature.

SPINOZA

1996 L ANTILLES NORMALE Une société juste est-ce une société sans conflits ?

1996 L ANTILLES NORMALE La raison peut-elle rendre raison de tout ?

1996 L ANTILLES NORMALE Il arrive qu’un asservissement total de l’être aimé tue l’amour de l’amant. Le but est dépassé : l’amant se retrouve seul si l’aimé s’est transformé en automate. Ainsi l’amant ne désire-t-il pas posséder l’aimé comme on possède une chose : il réclame un type spécial d’appropriation. Il veut posséder une liberté comme liberté.

Mais, d’autre part, il ne saurait se satisfaire de cette forme éminente de la liberté qu’est l’engagement libre et volontaire. Qui se contenterait d’un amour qui se donnerait comme pure fidélité à la foi jurée ? Qui donc accepterait de s’entendre dire : "Je vous aime parce que je me suis librement engagé à vous aimer et que je ne veux pas me dédire ; je vous aime par fidélité à moi-même ?" Ainsi l’amant demande le serment et s’irrite du serment. Il veut être aimé par une liberté et réclame que cette liberté comme liberté ne soit plus libre. Il veut à la fois que la liberté de l’Autre se détermine elle-même à devenir amour - et cela, non point seulement au commencement de l’aventure mais à chaque instant - et, à la fois, que cette liberté soit captivée par elle-même, qu’elle se retourne sur elle-même, comme dans la folie, comme dans le rêve, pour vouloir sa captivité. Et cette captivité doit être démission libre et enchaînée à la fois entre nos mains. Ce n’est pas le déterminisme passionnel que nous désirons chez autrui, dans l’amour, ni une liberté hors d’atteinte : mais c’est une liberté qui joue le déterminisme passionnel et qui se prend à son jeu.

SARTRE

1996 S ANTILLES NORMALE Peut-on avoir des exigences à l’égard d’autrui ?

1996 S ANTILLES NORMALE Faut-il chercher la vérité à tout prix ?

1996 S ANTILLES NORMALE On a beau vouloir confondre l’indépendance et la liberté, ces deux choses sont si différentes que même elles s’excluent mutuellement. Quand chacun fait ce qu’il lui plaît, on fait souvent ce qui déplaît à d’autres, et cela ne s’appelle pas un État libre. La liberté consiste moins à faire sa volonté qu’à n’être pas soumis à celle d’autrui ; elle consiste encore à ne pas soumettre la volonté d’autrui à la nôtre. Quiconque est maître ne peut être libre, et régner c’est obéir. (...)

Dans la liberté commune nul n’a le droit de faire ce que la liberté d’un autre lui interdit, et la vraie liberté n’est jamais destructive d’elle-même. Ainsi la liberté sans la justice est une véritable contradiction ; car comme qu’on s’y prenne tout gêne dans l’exécution d’une volonté désordonnée.

Il n’y a donc point de liberté sans lois, ni où quelqu’un est au-dessus des lois : dans l’état même de nature l’homme n’est libre qu’à la faveur de la loi naturelle qui commande à tous. Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres, il obéit aux lois, mais n’obéit pas aux hommes.

ROUSSEAU

1996 TECHN. ANTILLES NORMALE Est-ce raisonnable d’avoir peur du progrès technique ?

1996 TECHN. ANTILLES NORMALE La conscience est-elle source de liberté ou de contrainte ?

1996 TECHN. ANTILLES NORMALE Qu’est-ce que le droit ? C’est l’égalité. Dès qu’un contrat enferme quelque inégalité, vous soupçonnez aussitôt que ce contrat viole le droit...

Le droit règne là où le petit enfant qui tient son sou dans sa main et regarde avidement les objets étalés, se trouve l’égal de la plus rusée ménagère.

On voit bien ici comment l’état de droit s’opposera au libre jeu de la force. Si nous laissons agir les puissances, l’enfant sera certainement trompé ; même si on ne lui prend pas son sou par force brutale, on lui fera croire sans peine qu’il doit échanger un vieux sou contre un centime neuf (1). C’est contre l’inégalité que le droit a été inventé. Et les lois justes sont celles qui s’ingénient à faire que (2) les hommes, les femmes, les enfants, les malades, les ignorants soient tous égaux. Ceux qui disent, contre le droit, que l’inégalité est dans la nature des choses, disent donc des pauvretés.

ALAIN

(1) un sou valait 5 centimes

(2) "s’ingénient à faire que" : cherchent à obtenir que

QUESTIONS :

1° Quelle est l’idée principale du texte ? Dégagez les étapes de l’argumentation.

2° Définissez ce qu’Alain entend par "état de droit".

3° Traitez la question suivante sous la forme d’un développement argumenté : Pensez-vous comme l’auteur que la recherche de l’égalité soit à l’origine du droit ?

1996 ES ANTILLES REMPLACEMENT Les passions font-elles vivre ou font-elles mourir ?

1996 ES ANTILLES REMPLACEMENT La vérité peut-elle être relative ?

1996 ES ANTILLES REMPLACEMENT La religion, qui est fondée simplement sur la théologie, ne saurait contenir quelque chose de moral. On n’y aura d’autres sentiments que celui de la crainte, d’une part, et l’espoir de la récompense de l’autre, ce qui ne produira qu’un culte superstitieux. Il faut donc que la moralité précède et que la théologie la suive, et c’est là ce qui s’appelle la religion.

La loi considérée en nous s’appelle la conscience. La conscience est proprement l’application de nos actions à cette loi. Les reproches de la conscience resteront sans effet, si on ne les considère pas comme les représentants de Dieu, dont le siège sublime est bien élevé au-dessus de nous, mais qui a aussi établi en nous un tribunal. Mais d’un autre côté, quand la religion ne se joint pas à la conscience morale, elle est aussi sans effet. Comme on l’a déjà dit, la religion, sans la conscience morale est un culte superstitieux. On pense servir Dieu en le louant, par exemple, en célébrant sa puissance, sa sagesse, sans songer à remplir les lois divines, sans même connaître cette sagesse et cette puissance et sans les étudier. On cherche dans ces louanges comme un narcotique pour sa conscience, ou comme un oreiller sur lequel on espère reposer tranquillement.

KANT

1996 L ANTILLES REMPLACEMENT L’amour de l’humanité nous est-il naturel ?

1996 L ANTILLES REMPLACEMENT Le progrès historique est-il un mythe ou une réalité ?

1996 L ANTILLES REMPLACEMENT Je me suis demandé (...) ce que le peuple entend au fond par connaissance, que cherche-t-il quand il la demande ? Rien que ceci : ramener quelque chose d’étranger à quelque chose de connu. Nous, philosophes, que mettons-nous de plus dans ce mot ? Le connu, c’est-à-dire les choses auxquelles nous sommes habitués, de telle sorte que nous ne nous en étonnant plus ; nous y mettons notre menu quotidien, une règle quelconque qui nous mène, tout ce qui nous est familier... Eh quoi ? Notre besoin de connaître n’est-il pas justement notre besoin de familier ? Le désir de trouver, parmi tout ce qui nous est étranger, inhabituel, énigmatique, quelque chose qui ne nous inquiète plus ? Ne serait-ce pas l’instinct de la peur qui nous commanderait de connaître ? Le ravissement qui accompagne l’acquisition de la connaissance ne serait-il pas la volupté de la sécurité retrouvée ?

NIETZSCHE

1996 S ANTILLES REMPLACEMENT Est-ce pour prévenir la récidive que la justice punit ?

1996 S ANTILLES REMPLACEMENT Pouvons-nous nous passer de l’art ?

1996 S ANTILLES REMPLACEMENT N’a-t-on pas un mot qui désignerait, non une jouissance comme le mot bonheur, mais qui cependant indiquerait une satisfaction liée à notre existence, un analogue du bonheur qui doit nécessairement accompagner la conscience de la vertu ? Si ! ce mot existe, c’est contentement de soi-même, qui au sens propre ne désigne jamais qu’une satisfaction négative liée à l’existence, par laquelle on a conscience de n’avoir besoin de rien. La liberté et la conscience de la liberté, comme conscience d’un pouvoir que nous avons de suivre, avec une intention inébranlable, la loi morale, est l’indépendance à l’égard des penchants, du moins comme causes déterminantes (sinon comme causes affectives) de notre désir, et en tant que je suis conscient de cette indépendance dans l’exécution de mes maximes morales, elle est l’unique source d’un contentement immuable, nécessairement lié avec elle, ne reposant sur aucun sentiment particulier, et qui peut s’appeler intellectuel. Le contentement sensible (qui est ainsi appelé improprement) qui repose sur la satisfaction des penchants, si raffinés qu’on les imagine, ne peut jamais être adéquat à ce qu’on se représente. Car les penchants changent, croissent avec la satisfaction qu’on leur accorde et ils laissent toujours un vide plus grand encore que celui qu’on a cru remplir.

KANT

1996 TECHN. ANTILLES REMPLACEMENT Être raisonnable, est-ce adopter une position modérée ?

1996 TECHN. ANTILLES REMPLACEMENT Doit-on toujours chercher à savoir la vérité ?

1996 TECHN. ANTILLES REMPLACEMENT Progrès : changement lent, longtemps imperceptible, et qui consacre une victoire de la volonté contre les forces extérieures. Tout progrès est de liberté. J’arrive à faire ce que je veux, par exemple me lever matin (1), lire la musique, être poli, retenir la colère, ne pas éprouver l’envie, parler distinctement, écrire lisiblement, etc. D’accord entre eux les hommes arrivent à sauver la paix, à diminuer l’injustice et la misère, à instruire tous les enfants, à soigner les malades.

Au contraire on nomme évolution le changement qui nous soumet un peu plus aux forces inhumaines en nous détournant insensiblement de nos beaux projets. Un homme qui dit : "J’ai évolué" veut quelquefois faire entendre qu’il a avancé en sagesse ; il ne peut, la langue ne le permet pas.

ALAIN

(1) "me lever matin" : me lever tôt.

QUESTIONS :

1° Vous dégagerez l’idée centrale du texte et les étapes de son argumentation.

2° Expliquez : "on nomme évolution le changement qui nous soumet un peu plus aux forces inhumaines".

3° Pourquoi les exemples d’Alain "me lever matin, lire la musique, être poli", etc., sont-ils des manifestations de la liberté ?

4° Traitez la question suivante sous forme de développement argumenté : pensez-vous que tout progrès favorise la réalisation de la liberté ?

1996 ES ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Peut-on ne pas être soi-même ?

1996 ES ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE L’étude de l’histoire nous conduit-elle à désespérer de l’homme ?

1996 ES ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE On peut alors demander : pourquoi la religion ne met-elle pas un terme à ce combat sans espoir pour elle en déclarant franchement : "c’est exact que je ne peux pas vous donner ce qu’on appelle d’une façon générale la vérité ; pour cela, il faut vous en tenir à la science.

Mais ce que j’ai à donner est incomparablement plus beau, plus consolant et plus exaltant que tout ce que vous pouvez recevoir de la science. Et c’est pour cela que je vous dis que c’est vrai, dans un autre sens plus élevé".

La réponse est facile à trouver.

La religion ne peut pas faire cet aveu, car elle perdrait ainsi toute influence sur la masse. L’homme commun ne connaît qu’une vérité, au sens commun du mot. Ce que serait une vérité plus élevée ou suprême, il ne peut se le représenter. La vérité lui semble aussi peu susceptible de gradation que la mort, et il ne peut suivre le saut du beau au vrai. Peut-être pensez-vous avec moi qu’il fait bien ainsi.

FREUD

1996 L ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Le droit peut-il garantir la liberté ?

1996 L ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Accomplir tous ses désirs, est-ce une bonne règle de vie ?

1996 L ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Une énorme tuile, arrachée par le vent, tombe et assomme un passant. Nous disons que c’est un hasard. Le dirions-nous, si la tuile s’était simplement brisée sur le sol ? Peut-être, mais c’est que nous penserions vaguement alors à un homme qui aurait pu se trouver là, ou parce que, pour une raison ou pour une autre, ce point spécial du trottoir nous intéressait particulièrement, de telle sorte que la tuile semble l’avoir choisi pour y tomber. Dans les deux cas, il n’y a de hasard que parce qu’un intérêt humain est en jeu et parce que les choses se sont passées comme si l’homme avait été pris en considération, soit en vue de lui rendre service, soit plutôt avec l’intention de lui nuire. Ne pensez qu’au vent arrachant la tuile, à la tuile tombant sur le trottoir, au choc de la tuile contre le sol : vous ne voyez plus que du mécanisme, le hasard s’évanouit. Pour qu’il intervienne, il faut que, l’effet ayant une signification humaine, cette signification rejaillisse sur la cause et la colore, pour ainsi dire, d’humanité. Le hasard est donc le mécanisme se comportant comme s’il avait une intention.

BERGSON

1996 S ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Peut-on apprendre à penser ?

1996 S ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Le bonheur est-il le but de la politique ?

1996 S ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Ce ne sont pas les excitations de sa nature qui éveillent en l’homme les passions, ces mouvements désignés par un mot si juste et qui causent de si grands ravages dans ses dispositions primitivement bonnes. Il n’a que de petits besoins, et les soucis qu’ils lui procurent laissent son humeur calme et modérée. Il n’est pauvre (ou ne se croit tel) qu’autant qu’il a peur que les autres hommes puissent le croire pauvre et le mépriser pour cela. L’envie, l’ambition, l’avarice, et les inclinations haineuses qui les suivent, assaillent sa nature, en elle-même modérée, dès qu’il vit au milieu des hommes, et il n’est même pas besoin de supposer ces hommes déjà enfoncés dans le mal, lui donnant de mauvais exemples ; il suffit qu’ils soient là, qu’ils l’entourent dans leurs dispositions morales et qu’ils se rendent mutuellement mauvais.

KANT

1996 TECHN. ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Avoir bonne conscience, est-ce un signe suffisant de moralité ?

1996 TECHN. ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE L’homme peut-il toujours être raisonnable ?

1996 TECHN. ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE C’est la faiblesse de l’homme qui le rend sociable, ce sont nos misères communes qui portent nos coeurs à l’humanité : nous ne lui devrions rien si nous n’étions pas hommes. Tout attachement est un signe d’insuffisance : si chacun de nous n’avait nul besoin des autres, il ne songerait guère à s’unir à eux. Ainsi de notre infirmité même naît notre frêle bonheur. Un être vraiment heureux est un être solitaire. (...).

Il suit de là que nous nous attachons à nos semblables moins par le sentiment de leurs plaisirs que par celui de leurs peines ; car nous y voyons bien mieux l’identité de notre nature et les garants de leur attachement pour nous. Si nos besoins communs nous unissent par intérêt, nos misères communes nous unissent par affection. (...).

L’imagination nous met à la place du misérable plutôt qu’à celle de l’homme heureux, on sent que l’un de ces états nous touche de plus près que l’autre. La pitié est douce, parce qu’en se mettant à la place de celui qui souffre, on sent pourtant le plaisir de ne pas souffrir comme lui.

ROUSSEAU

QUESTIONS :

1° Expliquez quelles sont, pour Rousseau, les causes qui unissent les hommes.

2° Expliquez les expressions :

a) "Tout attachement est un signe d’insuffisance" ;

b) "nos misères communes nous unissent par affection".

3° Dans une discussion argumentée et progressive, vous vous demanderez si l’on peut trouver d’autres causes que la faiblesse des hommes à la nécessité de leur union.

1996 L ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT L’usage de la parole doit-il être soumis à des règles ?

1996 L ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT L’histoire est-elle le règne du hasard ?

1996 L ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT Nous venons de parler de l’hostilité contre la civilisation, engendrée par la pression que celle-ci exerce, par les renonciations aux instincts qu’elle exige. S’imagine-t-on toutes ses interdictions levées, alors on pourrait s’emparer de toute femme qui vous plairait, sans hésiter, tuer son rival ou quiconque vous barrerait le chemin, ou bien dérober à autrui, sans son assentiment, n’importe lequel de ses biens ; que ce serait donc beau et quelle série de satisfactions nous offrirait alors la vie ! Mais la première difficulté se laisse à la vérité vite découvrir. Mon prochain a exactement les mêmes désirs que moi et il ne me traitera pas avec plus d’égards que je ne le traiterai moi même. Au fond, si les entraves dues à la civilisation étaient brisées, ce n’est qu’un seul homme qui pourrait jouir d’un bonheur illimité, un tyran, un dictateur ayant monopolisé tous les moyens de coercition, et alors lui-même aurait raison de souhaiter que les autres observassent du moins ce commandement culturel : tu ne tueras point.

FREUD

1996 S ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT La justice consiste-t-elle à traiter également tous les hommes ?

1996 S ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT Sommes-nous entièrement maîtres de nos pensées ?

1996 S ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT Quant aux divers sons du langage, c’est la nature qui poussa les hommes à les émettre, et c’est le besoin qui fit naître les noms des choses : à peu près comme nous voyons l’enfant amené, par son incapacité même de s’exprimer avec la langue, à recourir au geste qui lui fait désigner du doigt les objets présents. Chaque être en effet a le sentiment de l’usage qu’il peut faire de ses facultés (...). Ainsi penser qu’alors un homme ait pu donner à chaque chose son nom, et que les autres aient appris de lui les premiers éléments du langage, est vraiment folie. Si celui-ci a pu désigner chaque objet par son nom, émettre les divers sons du langage, pourquoi supposer que d’autres n’auraient pu le faire en même temps que lui ? En outre, si les autres n’avaient pas également usé entre eux la parole, d’où la notion de son utilité lui est-elle venue ? (...).. Enfin qu’y a-t-il de si étrange que le genre humain en possession de la voix et de la langue ait désigné suivant ses impressions diverses les objets par des noms divers ? Les troupeaux privés de la parole et même les espèces sauvages poussent bien des cris différents suivants que la crainte, la douleur ou la joie les pénètrent.

LUCRÈCE

1996 TECHN. ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT La connaissance de l’histoire permet-elle de préparer un avenir meilleur ?

1996 TECHN. ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT Respecter la nature, est-ce renoncer à la travailler ?

1996 TECHN. ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT Penser est une aventure. Nul ne peut dire où il débarquera, ou bien ce n’est plus penser (...). La condition préalable de n’importe quelle idée, en n’importe qui, c’est un doute radical (...). Non pas seulement à l’égard de ce qui est douteux, car c’est trop facile, mais, à l’égard de ce qui ressemble le plus au vrai, car, même le vrai, la pensée le doit défaire et refaire. Si vous voulez savoir, vous devez commencer par ne plus croire, entendez ne plus donner aux coutumes le visa de l’esprit. Une pensée c’est un doute, mais à l’égard de la coutume, il y a plus que doute, car, quelque force qu’ait la coutume, et même si le penseur s’y conforme, la coutume ne sera jamais preuve.

ALAIN

QUESTIONS :

1° Dégagez l’idée principale du texte en précisant la structure de son argumentation.

2° Expliquez :

a) "même le vrai, la pensée le doit défaire et refaire" ;

b) "la coutume ne sera jamais preuve".

3° Dans une discussion progressive et argumentée, vous vous demanderez si la croyance s’oppose toujours à la pensée.

1996 ES GROUPEMENTS I-IV NORMALE Peut-on être plus ou moins libre ?

1996 ES GROUPEMENTS I-IV NORMALE Le travail n’est-il qu’une contrainte ?

1996 ES GROUPEMENTS I-IV NORMALE À quelles conditions une démarche est-elle scientifique ?

1996 ES GROUPEMENTS I-IV NORMALE Faut-il parfois désobéir aux lois ?

1996 ES GROUPEMENTS I-IV NORMALE Chacun a pu remarquer, au sujet des opinions communes, que chacun les subit et que personne ne les forme. Un citoyen, même avisé et énergique quand il n’a à conduire que son propre destin, en vient naturellement et par espèce de sagesse à rechercher quelle est l’opinion dominante au sujet des affaires publiques. "Car se dit-il, comme je n’ai ni la prétention ni le pouvoir de gouverner à moi tout seul, il faut que je m’attende à être conduit ; à faire ce qu’on fera, à penser ce qu’on pensera". Remarquez que tous raisonnent de même, et de bonne foi. Chacun a bien peut-être une opinion ; mais c’est à peine s’il se la formule à lui-même ; il rougit à la seule pensée qu’il pourrait être de son avis.

Le voilà donc qui honnêtement écoute les orateurs, lit les journaux, enfin se met à la recherche de cet être fantastique que l’on appelle l’opinion publique. "La question n’est pas de savoir si je veux ou non faire la guerre". Il interroge donc le pays. Et tous les citoyens interrogent le pays, au lieu de s’interroger eux-mêmes.

Les gouvernants font de même, et tout aussi naïvement. Car, sentant qu’ils ne peuvent rien tout seuls, ils veulent savoir où ce grand corps va les mener. Et il est vrai que ce grand corps regarde à son tour vers le gouvernement, afin de savoir ce qu’il faut penser et vouloir. Par ce jeu, il n’est point de folle conception qui ne puisse quelque jour s’imposer à tous, sans que personne pourtant l’ait jamais formée de lui-même et par libre réflexion. Bref, les pensées mènent tout, et personne ne pense. D’où il résulte qu’un État formé d’hommes raisonnables peut penser et agir comme un fou. Et ce mal vient originairement de ce que personne n’ose former son opinion par lui-même ni la maintenir énergiquement, en lui d’abord, et devant les autres aussi.

ALAIN

1996 ES GROUPEMENTS I-IV NORMALE De tous les arguments qui nous persuadent que les bêtes sont dénuées de pensées, le principal, à mon avis, est que bien que les unes soient plus parfaites que les autres dans une même espèce, tout de même que chez les hommes, comme on peut voir chez les chevaux et chez les chiens, dont les uns apprennent beaucoup plus aisément que d’autres ce qu’on leur enseigne ; et bien que toutes nous signifient très facilement leurs impulsions naturelles, telles que la colère, la crainte, la faim, ou autres états semblables, par la voix ou par d’autres mouvements du corps, jamais cependant jusqu’à ce jour on n’a pu observer qu’aucun animal en soit venu à ce point de perfection d’user d’un véritable langage c’est-à-dire d’exprimer soit par la voix, soit par les gestes quelque chose qui puisse se rapporter à la seule pensée et non à l’impulsion naturelle. Ce langage est en effet le seul signe certain d’une pensée latente dans le corps ; tous les hommes en usent, même ceux qui sont stupides ou privés d’esprit, ceux auxquels manquent la langue et les organes de la voix, mais aucune bête ne peut en user ; c’est pourquoi il est permis de prendre le langage pour la vraie différence entre les hommes et les bêtes.

DESCARTES

1996 L GROUPEMENTS I-IV NORMALE L’avenir peut-il être objet de connaissances ?

1996 L GROUPEMENTS I-IV NORMALE Toute passion est-elle déraisonnable ?

1996 L GROUPEMENTS I-IV NORMALE Qu’admire-t-on dans une oeuvre ?

1996 L GROUPEMENTS I-IV NORMALE Les hommes ne vivent-ils en société que par intérêt ?

1996 L GROUPEMENTS I-IV NORMALE Voter, ce n’est pas précisément un des droits de l’Homme ; on vivrait très bien sans voter, si l’on avait la sûreté, l’égalité, la liberté. Le vote n’est qu’un moyen de conserver tous ces biens. L’expérience a fait voir cent fois qu’une élite gouvernante, qu’elle gouverne d’après l’hérédité, ou par la science acquise, arrive très vite à priver les citoyens de toute liberté, si le peuple n’exerce pas un pouvoir de contrôle, de blâme et enfin de renvoi. Quand je vote, je n’exerce pas un droit, je défends tous mes droits. Il ne s’agit donc pas de savoir si mon vote est perdu ou non, mais bien de savoir si le résultat cherché est atteint, c’est-à-dire si les pouvoirs sont contrôlés, blâmés et enfin détrônés dès qu’ils méconnaissent les droits des citoyens.

On conçoit très bien un système politique, par exemple le plébiscite (1), où chaque citoyen votera une fois librement, sans que ses droits soient pour cela bien gardés. Aussi je ne tiens pas tant à choisir effectivement, et pour ma part, tel ou tel maître, qu’à être assuré que le maître n’est pas le maître, mais seulement le serviteur du peuple. C’est dire que je ne changerai pas mes droits réels pour un droit fictif.

ALAIN

(1) Vote par lequel un peuple abandonne le pouvoir à un homme.

1996 L GROUPEMENTS I-IV NORMALE En contemplant une chute d’eau, nous croyons voir dans les innombrables ondulations, serpentements, brisements des vagues, liberté de la volonté et caprice ; mais tout est nécessité, chaque mouvement peut se calculer mathématiquement. Il en est de même pour les actions humaines ; on devrait pouvoir calculer d’avance chaque action, si l’on était omniscient, et de même chaque progrès de la connaissance, chaque erreur, chaque méchanceté. L’homme agissant lui même est, il est vrai, dans l’illusion du libre arbitre ; si à un instant la roue du monde s’arrêtait et qu’il y eût là une intelligence calculatrice omnisciente pour mettre à profit cette pause, elle pourrait continuer à calculer l’avenir de chaque être jusqu’aux temps les plus éloignés et marquer chaque trace où cette roue passera désormais. L’illusion sur soi-même de l’homme agissant, la conviction de son libre arbitre, appartient également à ce mécanisme, qui est objet de calcul.

NIETZSCHE

1996 S GROUPEMENTS I-IV NORMALE Quelle conception de l’homme l’hypothèse de l’inconscient remet-elle en cause ?

1996 S GROUPEMENTS I-IV NORMALE Y a-t-il des vérités définitives ?

1996 S GROUPEMENTS I-IV NORMALE La morale a-t-elle un rôle à jouer dans les sciences ?

1996 S GROUPEMENTS I-IV NORMALE Le langage permet-il seulement de communiquer ?

1996 S GROUPEMENTS I-IV NORMALE Y a-t-il nécessairement des imperfections dans le langage ?

1996 S GROUPEMENTS I-IV NORMALE Le bonheur est-il inaccessible à l’homme ?

1996 S GROUPEMENTS I-IV NORMALE Relativement au bonheur, aucun principe universellement valable ne peut-être donné pour loi. Car aussi bien les circonstances que l’illusion pleine de contradictions et en outre sans cesse changeante où l’individu place son bonheur (personne ne peut lui prescrire où il doit le placer) font que tout principe ferme est impossible et en lui-même impropre à fonder une législation. La proposition : Salus publica suprema civitatis lex est (1) garde intacte sa valeur et son autorité, mais le salut public qu’il faut d’abord prendre en considération est précisément cette constitution légale qui garantit la liberté de chacun par des lois, en quoi il demeure loisible à chacun de rechercher son bonheur dans la voie qui lui paraît la meilleure, pourvu seulement qu’il ne porte aucune atteinte à la liberté générale, par conséquent au droit des autres cosujets.

KANT

(1) Le salut public est la suprême loi de l’État

1996 S GROUPEMENTS I-IV NORMALE En fait, le royaume de la liberté commence seulement là où l’on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l’extérieur, il se situe donc, par nature, au-delà de la sphère de production matérielle proprement dite. De même que l’homme primitif doit lutter contre la nature pour pourvoir à ses besoins, se maintenir en vie et se reproduire, l’homme civilisé est forcé, lui aussi, de le faire et de le faire quels que soient la structure de la société et le mode de la production. Avec son développement s’étend également le domaine de la nécessité naturelle, parce que les besoins augmentent ; mais en même temps s’élargissent les forces productives pour les satisfaire. En ce domaine, la seule liberté possible est que l’homme social, les producteurs associés règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu’ils contrôlent ensemble au lieu d’être dominés par sa puissance aveugle et qu’ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine. C’est au-delà que commence le développement des forces humaines comme fin en soi, le véritable royaume de la liberté qui ne peut s’épanouir qu’en fondant sur l’autre royaume, sur l’autre base, celle de la nécessité.

MARX

1996 S GROUPEMENTS I-IV NORMALE Il est extrêmement rare que les souveraines Puissances (1) donnent des ordres d’une extrême absurdité, car, dans leur propre intérêt et afin de conserver leur pouvoir, il leur importe avant tout de veiller au bien général et de fonder leur gouvernement sur les critères raisonnables. On sait que le but et le principe de l’organisation en société consistent à soustraire les hommes au règne absurde de la convoitise et à les faire avancer - autant que possible - sur la voie de la raison, de sorte que leur vie s’écoule dans la concorde et la paix. Aussitôt donc que ce principe cesserait d’être mis en oeuvre, tout l’édifice s’écroulerait. Mais seule la souveraine Puissance a la charge d’en assurer le maintien, tandis que les sujets doivent exécuter les ordres reçus et ne reconnaître d’autre droit que celui établi par les proclamations de la souveraine Puissance. Peut-être va-t-on prétendre qu’ainsi nous faisons des sujets des esclaves, car une opinion vulgairement répandue nomme esclave celui qui agit sur l’ordre d’un autre, et homme libre celui qui se conduit comme il veut. Cette manière de voir n’est pas tout à fait conforme à la vérité. En fait, l’individu entraîné par une concupiscence personnelle au point de ne plus rien voir ni faire de ce qu’exige son intérêt authentique, est soumis au pire des esclavages. Au contraire, on devra proclamer libre l’individu qui choisit volontairement de guider sa vie sur la raison.

SPINOZA

(1) les détenteurs de l’autorité politique

1996 TECHN. GROUPEMENTS I-IV NORMALE L’homme est-il raisonnable par nature ?

1996 TECHN. GROUPEMENTS I-IV NORMALE Peut-on échapper aux exigences de la conscience ?

1996 TECHN. GROUPEMENTS I-IV NORMALE L’art nous détourne-t-il de la réalité ?

1996 TECHN. GROUPEMENTS I-IV NORMALE Le droit a-t-il pour seul but de pacifier les relations humaines ?

1996 TECHN. GROUPEMENTS I-IV NORMALE Personne ne peut me conduire à être heureux à sa manière (c’est-à-dire à la manière dont il conçoit le bien-être des autres hommes) ; par contre, chacun peut chercher son bonheur de la manière qui lui paraît bonne, à condition de ne pas porter préjudice à la liberté qu’a autrui de poursuivre une fin semblable (c’est-à-dire de ne pas porter préjudice au droit d’autrui), liberté qui peut coexister avec la liberté de chacun grâce à une possible loi universelle. Un gouvernement qui serait fondé sur le principe de la bienveillance envers le peuple, comme celui d’un père envers ses enfants, c’est-à-dire un gouvernement paternaliste (...) où les sujets sont forcés de se conduire d’une manière simplement passive, à la manière d’enfants mineurs, incapables de distinguer ce qui leur est vraiment utile ou nuisible et qui doivent attendre simplement du jugement d’un chef d’État la manière dont ils doivent être heureux et simplement de sa bonté qu’également il le veuille, est le plus grand despotisme qu’on puisse concevoir (c’est-à-dire une constitution qui supprime toute liberté pour les sujet qui ainsi ne possèdent aucun droit).

KANT

QUESTIONS :

1° Dégagez l’idée centrale du texte et faites apparaître les étapes de l’argumentation.

2° Expliquez :

a) "liberté qui peut coexister avec la liberté de chacun grâce à une possible loi universelle" ;

b) "un gouvernement paternaliste (...) est le plus grand des despotismes".

3° Le rôle du gouvernement est-il seulement de garantir la liberté ?

1996 TECHN. GROUPEMENTS I-IV NORMALE J’aime la liberté, rien n’est plus naturel ; je suis né libre, il est permis à chacun d’aimer le gouvernement de son pays et si nous laissons les sujets des Rois dire avec tant de bêtise et d’impertinence du mal des Républiques, pourquoi ne nous laisseraient-ils pas dire avec tant de justice et de raison du mal de la royauté ? Je hais la servitude comme la source de tous les maux du genre humain. Les tyrans et leurs flatteurs crient sans cesse : peuples, portez vos fers sans murmure car le premier des biens est le repos ; ils mentent, c’est la liberté. Dans l’esclavage, il n’y a ni paix ni vertu. Quiconque a d’autres maitres que les lois est un méchant.

ROUSSEAU

QUESTIONS :

1° Dégagez l’idée essentielle du texte en soulignant les raisons de l’indignation de Rousseau.

2° Expliquer la phrase suivante : "Je hais la servitude comme la source de tous les maux du genre humain".

3° Traitez la question suivante sous la forme d’un développement argumenté : En quoi la loi est-elle bon maître ?

1996 ES GROUPEMENTS II-III NORMALE Peut-on comprendre le présent si l’on ignore le passé ?

1996 ES GROUPEMENTS II-III NORMALE À quoi reconnaît-on une attitude religieuse ?

1996 ES GROUPEMENTS II-III NORMALE Pourquoi nous trompons-nous ?

1996 ES GROUPEMENTS II-III NORMALE Pour connaître, suffit-il de bien observer ?

1996 ES GROUPEMENTS II-III NORMALE Le souvenir du fruit défendu est ce qu’il y a de plus ancien dans la mémoire de chacun de nous, comme dans celle de l’humanité. Nous nous en apercevrions si ce souvenir n’était recouvert par d’autres, auxquels nous préférons nous reporter. Que n’eût pas été notre enfance si l’on avait laissé faire ! Nous aurions volé de plaisirs en plaisirs. Mais voici qu’un obstacle surgissait, ni visible ni tangible : une interdiction. Pourquoi obéissons-nous ? La question ne se posait guère ; nous avions pris l’habitude d’écouter nos parents et nos maîtres. Toutefois, nous sentions bien que c’était parce qu’ils étaient nos parents, parce qu’ils étaient nos maîtres. Donc, à nos yeux, leur autorité leur venait moins d’eux-mêmes que de leur situation par rapport à nous. Ils occupaient une certaine place ; c’est de là que partait, avec une force de pénétration qu’il n’aurait pas eue s’il avait été lancé d’ailleurs, le commandement. En d’autres termes, parents et maîtres semblaient agir par délégation. Nous ne nous en rendions pas nettement compte, mais derrière nos parents et nos maîtres nous devinions quelque chose d’énorme ou plutôt d’indéfini, qui pesait sur nous de toute sa masse par leur intermédiaire. Nous dirions plus tard que c’est la société.

BERGSON

1996 ES GROUPEMENTS II-III NORMALE L’homme est libre : sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtiments seraient vains. Pour mettre en évidence cette liberté, on doit remarquer que certains êtres agissent sans discernement, comme la pierre qui tombe, et il en est ainsi de tous les êtres privés du pouvoir de connaître. D’autres, comme les animaux, agissent par un discernement, mais qui n’est pas libre. En voyant le loup, la brebis juge bon de fuir, mais par un discernement naturel et non libre, car ce discernement est l’expression d’un instinct naturel (...). Il en va de même pour tout discernement chez les animaux.

Mais l’homme agit par jugement, car c’est par le pouvoir de connaître qu’il estime devoir fuir ou poursuivre une chose. Et comme un tel jugement n’est pas l’effet d’un instinct naturel, mais un acte qui procède de la raison, l’homme agit par un jugement libre qui le rend capable de diversifier son action.

THOMAS D’AQUIN

1996 L GROUPEMENTS II-III NORMALE Peut-on triompher de la mort ?

1996 L GROUPEMENTS II-III NORMALE La paix peut-elle s’accommoder de l’injustice ?

1996 L GROUPEMENTS II-III NORMALE Est-il juste de dire que l’histoire jugera ?

1996 L GROUPEMENTS II-III NORMALE La conscience de soi est-elle une connaissance ?

1996 L GROUPEMENTS II-III NORMALE Supposez qu’un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde, il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d’objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose. Il serait d’abord incapable, par aucun raisonnement, d’atteindre l’idée de cause et d’effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n’apparaissent jamais aux sens ; et il n’est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu’un événement en précède un autre dans un seul cas, que l’un est la cause et l’autre l’effet. Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle. Il n’y a pas de raison d’inférer l’existence de l’un de l’apparition de l’autre. En un mot, un tel homme, sans plus d’expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait certain de rien d’autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens.

HUME

1996 L GROUPEMENTS II-III NORMALE On a l’habitude de dire que l’oisiveté est la mère de tous les maux. On recommande le travail pour empêcher le mal. Mais aussi bien la cause redoutée que le moyen recommandé vous convaincront facilement que toute cette réflexion est d’origine plébéienne (1). L’oisiveté, en tant qu’oisiveté, n’est nullement la mère de tous les maux, au contraire, c’est une vie vraiment divine lorsqu’elle ne s’accompagne pas d’ennui. Elle peut faire, il est vrai, qu’on perde sa fortune, etc., toutefois, une nature patricienne (2) ne craint pas ces choses, mais bien de s’ennuyer. Les dieux de l’Olympe ne s’ennuyaient pas, ils vivaient heureux en une oisiveté heureuse. Une beauté féminine qui ne coud pas, ne file pas, ne repasse pas, ne lit pas et ne fait pas de musique est heureuse dans son oisiveté ; car elle ne s’ennuie pas. L’oisiveté donc, loin d’être la mère du mal, est plutôt le vrai bien. L’ennui est la mère de tous les vices, c’est lui qui doit être tenu à l’écart. L’oisiveté n’est pas le mal et on peut dire que quiconque ne le sent pas prouve, par cela même, qu’il ne s’est pas élevé jusqu’aux humanités. Il existe une activité intarissable qui exclut l’homme du monde spirituel et le met au rang des animaux qui, instinctivement, doivent toujours être en mouvement. Il y a des gens qui possèdent le don extraordinaire de transformer tout en affaire, dont toute la vie est affaire, qui tombent amoureux et se marient, écoutent une facétie et admirent un tour d’adresse, et tout avec le même zèle affairé qu’ils portent à leur travail de bureau.

KIERKEGAARD

(1) Populaire

(2) Aristocratique

1996 S GROUPEMENTS II-III NORMALE En quel sens peut-on dire que nos paroles dépassent notre pensée ?

1996 S GROUPEMENTS II-III NORMALE La recherche du vrai dans les sciences doit-elle se passer du concours de l’imagination ?

1996 S GROUPEMENTS II-III NORMALE Les coupables qui se disent forcés au crime sont aussi menteurs que méchants : comment ne voient-ils point que la faiblesse dont ils se plaignent est leur propre ouvrage, que leur première dépravation vient de leur volonté, qu’à force de vouloir céder à leurs tentations, ils leur cèdent enfin malgré eux et les rendent irrésistibles ? Sans doute il ne dépend plus d’eux de n’être pas méchants et faibles, mais il dépendit d’eux de ne le pas devenir. O que nous resterions aisément maîtres de nous et de nos passions, même durant cette vie, si, lorsque nos habitudes ne sont point encore acquises, lorsque notre esprit commence à s’ouvrir, nous savions l’occuper des objets qu’il doit connaître pour apprécier ceux qu’il ne connaît pas ; si nous voulions sincèrement nous éclairer, non pour briller aux yeux des autres, mais pour être bons et sages selon la nature, pour nous rendre heureux en pratiquant nos devoirs ! Cette étude nous paraît ennuyeuse et pénible, parce que nous n’y songeons que déjà corrompus par le vice, déjà livrés à nos passions. Nous fixons nos jugements et notre estime avant de connaître le bien et le mal, et puis, rapportant tout à cette fausse mesure, nous ne donnons à rien sa juste valeur.

ROUSSEAU

1996 TECHN. GROUPEMENTS II-III NORMALE Tous les problèmes peuvent-ils avoir une solution technique ?

1996 TECHN. GROUPEMENTS II-III NORMALE La conviction d’avoir raison fait-elle obstacle au dialogue ?

1996 TECHN. GROUPEMENTS II-III NORMALE Résistance et obéissance, voilà les deux vertus (1) du citoyen. Par l’obéissance il assure l’ordre ; par la résistance il assure la liberté. Et il est bien clair que l’ordre et la liberté ne sont point séparables, car le jeu des forces, c’est-à-dire la guerre privée, à toute minute, n’enferme (2) aucune liberté ; c’est une vie animale, livrée à tous les hasards. Donc les deux termes, ordre et liberté, sont bien loin d’être opposés, j’aime mieux dire qu’ils sont corrélatifs. La liberté ne va pas sans l’ordre, l’ordre ne vaut rien sans la liberté.

Obéir en résistant, c’est tout le secret. Ce qui détruit l’obéissance est anarchie, ce qui détruit la résistance est tyrannie. Ces deux maux s’appellent (3), car la tyrannie employant la force contre les opinions, les opinions, en retour, emploient la force contre la tyrannie, et inversement, quand la résistance devient désobéissance, les pouvoirs ont beau jeu pour écraser la résistance, et ainsi deviennent tyranniques. Dès qu’un pouvoir use de force pour tuer la critique, il est tyrannique.

ALAIN

(1) "vertus" : qualités

(2) "n’enferme" : n’implique

(3) " s’appellent" : s’impliquent réciproquement

QUESTIONS :

1° Dégagez l’idée directrice et les étapes de l’argumentation de ce texte.

2° Expliquez :

a) "...le jeu des forces, c’est-à-dire la guerre privée, à toute minute..." ;

b) “Ce qui détruit l’obéissance est anarchie, ce qui détruit la résistance est tyrannie".

3° Diriez-vous aussi que "résistance et obéissance sont les deux vertus du citoyen" ?

1996 TECHN. GROUPEMENTS II-III SECOURS L’homme a-t-il besoin de l’art ?

1996 TECHN. GROUPEMENTS II-III SECOURS Le droit ne fait-il que traduire un rapport de forces ?

1996 TECHN. GROUPEMENTS II-III SECOURS Qu’arrive-t-il quand une de nos actions cesse d’être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s’en retire. Dans l’apprentissage d’un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu’il vient de nous, parce qu’il résulte d’une décision et implique un choix, puis à mesure que ces mouvements s’enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns les autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Quels sont, d’autre part, les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux et plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l’aurons fait ? Les variations d’intensité de notre conscience semblant donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez, de création, que nous distribuons sous notre conduite. Tout porte à croire qu’il en est ainsi de la conscience en général.

BERGSON

QUESTIONS :

1° Dégagez l’idée principale du texte et précisez la structure de son argumentation.

2° Expliquez :

a) "La conscience s’en retire" ;

b) "à mesure que ces mouvements s’enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns les autres" ;

c) "les moments de crise intérieure où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l’aurons fait".

3° Dans une discussion argumentée et progressive, vous vous demanderez ce qui provoque l’éveil de la conscience.

1996 ES INDE NORMALE L’artiste est-il nécessairement un homme de génie ?

1996 ES INDE NORMALE Tout peut-il avoir une valeur marchande ?

1996 ES INDE NORMALE Communément on tient que la liberté consiste à pouvoir faire impunément tout ce que bon nous semble et que la servitude est une restriction de cette liberté. Mais on le prend fort mal de ce biais-là ; car, à ce compte, il n’y aurait personne libre dans la république, vu que les États doivent maintenir la paix du genre humain par l’autorité souveraine, qui tient la bride à la volonté des personnes privées. Voici quel est mon raisonnement sur cette matière : (...) je dis que la liberté n’est autre chose que l’absence de tous les empêchements qui s’opposent à quelque mouvement ; ainsi l’eau qui est enfermée dans un vase n’est pas libre, à cause que le vase l’empêche de se répandre et, lorsqu’il se rompt, elle recouvre sa liberté. Et de cette sorte une personne jouit de plus ou moins de liberté, suivant l’espace qu’on lui donne ; comme dans une prison étroite, la captivité est bien plus dure qu’en un lieu vaste où les coudées sont plus franches.

HOBBES

1996 L INDE NORMALE Désirer, est-ce nécessairement souffrir ?

1996 L INDE NORMALE Le bien et le mal sont-ils des conventions ?

1996 L INDE NORMALE Que des martyrs prouvent quelque chose quant à la vérité d’une cause, cela est si peu vrai que je veux montrer qu’aucun martyr n’eut jamais le moindre rapport avec la vérité. Dans la façon qu’a un martyr de jeter sa certitude à la face de l’univers s’exprime un si bas degré d’honnêteté intellectuelle, une telle fermeture d’esprit devant la question de la vérité, que cela ne vaut jamais la peine qu’on la réfute. La vérité n’est pas une chose que l’un posséderait et l’autre non (..). Plus on s’avance dans les choses de l’esprit, et plus la modestie, l’absence de prétentions sur ce point deviennent grandes : être compétent dans trois ou quatre domaines, avouer pour le reste son ignorance...

Les martyrs furent un grand malheur dans l’histoire : ils séduisirent. Déduire qu’une cause pour laquelle un homme accepte la mort doit bien avoir quelque chose pour elle - cette logique fut un frein inouï pour l’examen, l’esprit critique, la prudence intellectuelle. Les martyrs ont porté atteint à la vérité. Il suffit encore aujourd’hui d’une certaine cruauté dans la persécution pour donner à une secte sans aucun intérêt une bonne réputation. Comment ? Que l’on donne sa vie pour une cause, cela change-t-il quelque chose à sa valeur ? Ce fut précisément l’universelle stupidité historique de tous les persécuteurs qui donnèrent à la cause adverse l’apparence de la dignité.

NIETZSCHE

1996 S INDE NORMALE La démarche scientifique exclut-elle tout recours à l’imagination ?

1996 S INDE NORMALE Le temps est-il essentiellement destructeur ?

1996 S INDE NORMALE Un homme peut travailler avec autant d’art qu’il le veut à se représenter une action contraire à la loi qu’il se souvient avoir commise, comme une erreur faite sans intention, comme une simple imprévoyance qu’on ne peut jamais entièrement éviter, par conséquent comme quelque chose où il a été entraîné par le torrent de la nécessité naturelle, et à se déclarer ainsi innocent, il trouve cependant que l’avocat qui parle en sa faveur ne peut réduire au silence l’accusateur qui est en lui s’il a conscience qu’au temps où il commettait l’injustice, il était dans son bon sens, c’est -à-dire qu’il avait l’usage de sa liberté. Quoiqu’il s’explique sa faute par quelque mauvaise habitude, qu’il a insensiblement contractée en négligeant de faire attention à lui-même et qui est arrivée à un tel degré de développement qu’il peut considérer la première comme une conséquence naturelle de cette habitude, il ne peut jamais néanmoins ainsi se mettre en sûreté cotre le blâme intérieur et le reproche qu’il se fait à lui-même. C’est là-dessus aussi que se fonde le repentir qui se produit à l’égard d’une action accomplie depuis longtemps, chaque fois que nous nous en souvenons.

KANT

1996 TECHN. INDE NORMALE Faut-il croire les historiens ?

1996 TECHN. INDE NORMALE Peut-on forcer un homme à être libre ?

1996 TECHN. INDE NORMALE Le plus pressant intérêt du chef, de même que son devoir le plus indispensable, est (...) de veiller à l’observation des lois dont il est le ministre (1), et sur lesquelles est fondée toute son autorité. S’il doit les faire observer aux autres, à plus forte raison doit-il les observer lui-même, (lui) qui jouit de toute leur faveur. Car son exemple est de telle force que, quand même le peuple voudrait bien souffrir (2) qu’il s’affranchît du joug de la loi, il devrait se garder de profiter d’une si dangereuse prérogative, que d’autres s’efforceraient bientôt d’usurper à leur tour, et souvent à son préjudice. Au fond, comme tous les engagements de la société sont réciproques par leur nature, il n’est pas possible de se mettre au-dessus de la loi sans renoncer à ses avantages, et personne ne doit rien à quiconque prétend ne rien devoir à personne.

ROUSSEAU

(1) "ministre" : (ici, au sens ancien du terme) serviteur.

(2) "souffrir" : accepter, supporter.

QUESTIONS :

1° Dégagez l’idée directrice et les étapes de l’argumentation de ce texte.

2° Expliquez :

a) "S’il doit les faire observer aux autres, à plus forte raison doit -il les observer lui- même" ;

b) "les engagements de la société sont réciproques par nature".

.

3° Est-ce seulement par intérêt que le chef doit obéir à la loi ?

1996 ES JAPON NORMALE L’homme est-il libre par nature ?

1996 ES JAPON NORMALE Peut-on toujours dire la vérité ?

1996 ES JAPON NORMALE La méthode des mathématiciens dans la découverte et l’exposé des sciences - c’est-à-dire la démonstration des conclusions par définitions, postulats, et axiomes - est la meilleure et la plus sûre pour chercher la vérité et l’enseigner : voilà l’opinion unanime de tous ceux qui veulent s’élever au-dessus du vulgaire. A juste titre d’ailleurs. Car on ne peut tirer une connaissance rigoureuse et ferme de ce qu’on ne connaît pas encore que de choses déjà connues avec certitude. Il est donc nécessaire de s’en servir comme d’un fondement stable sur lequel on puisse établir par la suite tout l’édifice de la connaissance humaine, sans risquer qu’il s’affaisse ou s’écroule au moindre choc. Or, que ce soit le cas des notions qui, sous le nom de définitions, postulats et axiomes, sont fréquemment utilisées par ceux qui cultivent les mathématiques, on n’en pourra douter si on a tant soit peu salué du seuil cette noble discipline. Car les définitions ne sont guère que des explications très larges de termes et noms qui désignent les objets dont il sera question. Et les postulats et les axiomes (...) sont des propositions si claires, si évidentes, que tous ceux qui ont simplement compris correctement les mots ne peuvent que donner leur assentiment.

SPINOZA

1996 L JAPON NORMALE L’imagination ne produit-elle qu’illusion ?

1996 L JAPON NORMALE L’exercice du pouvoir est-il compatible avec le respect de la justice ?

1996 L JAPON NORMALE Concevoir qu’un fait est la raison d’un autre fait, qu’une vérité procède d’une autre vérité, ce n’est autre chose que saisir des liens de dépendance et de subordination, c’est-à-dire saisir un ordre entre des objets divers, et cette dépendance ne nous frappe, n’est aperçue par nous, que parce que nous avons la faculté de comparer et de préférer un arrangement à une autre, comme plus simple, plus régulier et par conséquent plus parfait ; en d’autres termes, parce que nous avons l’idée de ce qui constitue la perfection de l’ordre, et parce qu’il est de l’essence de notre nature raisonnable de croire que la nature a mis de l’ordre dans les choses, et de nous croire d’autant plus près de la véritable explication des choses, que l’ordre dans lequel nous sommes parvenus à les ranger nous semble mieux satisfaire aux conditions de simplicité, d’unité et d’harmonie qui, selon notre raison, constituent la perfection de l’ordre.

COURNOT

1996 S JAPON NORMALE La désobéissance rend-elle plus libre ?

1996 S JAPON NORMALE Pourquoi cherchons-nous à connaître notre passé ?

1996 S JAPON NORMALE Peut-on sortir de sa culture ?

1996 S JAPON NORMALE Les sciences peuvent-elles nous éclairer sur le bien et le mal ?

1996 S JAPON NORMALE Pourquoi l’homme veut-il s’affliger en contemplant des aventures tragiques et lamentables, qu’il ne voudrait pas lui-même souffrir ? Et cependant, spectateur, il veut de ce spectacle ressentir l’affliction, et en cette affliction consiste son plaisir. Qu’est-ce là, sinon une pitoyable folie ? Car nous sommes d’autant plus émus que nous sommes moins guéris de ces passions. Quand on souffre soi-même, on nomme ordinairement cela misère, et quand on partage les souffrances d’autrui, pitié. Mais quelle est cette pitié inspirée par les fictions de la scène ? Ce n’est pas à aider autrui que le spectateur est incité, mais seulement à s’affliger, et il aime l’auteur de ces fictions dans la mesure où elles l’affligent. Si le spectacle de ces malheurs antiques ou fabuleux ne l’attriste pas, il se retire avec des paroles de mépris et de critique. S’il éprouve de la tristesse, il demeure là, attentif et joyeux.

Ce sont donc les larmes et les impressions douloureuses que nous aimons. Sans doute tout homme cherche la joie. Il ne plaît à personne d’être malheureux, mais on aime éprouver de la pitié, et, comme la pitié ne va pas sans douleur, n’est-ce pas pour cette seule raison que la douleur est aimée ? Ce phénomène a sa source dans l’amitié que les hommes ont les uns pour les autres.

AUGUSTIN Confessions

1996 S JAPON NORMALE Maintenant considère ceci.

Quel but se propose la peinture relativement à chaque objet ? Est-ce de représenter ce qui est tel qu’il est, ou ce qui paraît tel qu’il paraît ; est-ce l’imitation de l’apparence ou de la réalité ?

De l’apparence dit-il.

L’art d’imiter est donc bien éloigné du vrai, et, s’il peut tout exécuter, c’est, semble-t-il, qu’il ne touche qu’une petite partie de chaque chose, et cette partie n’est qu’un fantôme. Nous pouvons dire par exemple que le peintre nous peindra un cordonnier, un charpentier ou tout autre artisan sans connaître le métier d’aucun d’eux ; il n’en fera pas moins, s’il est bon peintre, illusion aux enfants et aux ignorants, en peignant un charpentier et en le montrant de loin, parce qu’il lui aura donné l’apparence d’un charpentier véritable.

Assurément.

Mais voici, mon ami, ce qu’il faut, selon moi, penser de tout cela : quand quelqu’un vient nous dire qu’il a rencontré un homme au courant de tous les métiers et qui connaît mieux tous les détails de chaque art que n’importe quel spécialiste, il faut lui répondre qu’il est naïf et qu’il est tombé sans doute sur un charlatan ou un imitateur qui lui a jeté de la poudre aux yeux, et que, s’il l’a pris pour un savant universel, c’est qu’il n’est pas capable de distinguer la science, l’ignorance et l’imitation.

PLATON

1996 ES LA RÉUNION NORMALE Pourquoi le travail est-il spécifiquement humain ?

1996 ES LA RÉUNION NORMALE Nos obligations portent-elles atteinte à notre liberté ?

1996 ES LA RÉUNION NORMALE Il faut un hasard heureux, une chance exceptionnelle, pour que nous notions justement, dans la réalité présente, ce qui aura le plus d’intérêt pour l’historien à venir. Quand cet historien considérera notre présent à nous, il cherchera surtout l’explication de son présent à lui, et plus particulièrement de ce que son présent contiendra de nouveau. Cette nouveauté, nous ne pouvons en avoir aucune idée aujourd’hui, si ce doit être une création. Comment donc nous réglerions-nous aujourd’hui sur elle pour choisir parmi les faits ceux qu’il faut enregistrer, ou plutôt pour fabriquer des faits en découpant selon cette indication la réalité présente ? Le fait capital des temps modernes est l’avènement de la démocratie. Que dans le passé, tel qu’il fut décrit par les contemporains, nous en trouvions des signes avant-coureurs, c’est incontestable ; mais les indications peut-être les plus intéressantes n’auraient été notées par eux que s’ils avaient su que l’humanité marchait dans cette direction ; or cette direction de trajet n’était pas plus marquée alors qu’une autre, ou plutôt elle n’existait pas encore, ayant été créée par le trajet lui-même, je veux dire par le mouvement en avant des hommes qui ont progressivement conçu et réalisé la démocratie. Les signes avant-coureurs ne sont donc à nos yeux des signes que parce que nous connaissons maintenant la course, parce que la course a été effectuée. Ni la course, ni la direction, ni par conséquent son terme n’étaient donnés quand ces faits se produisaient : donc ces faits n’étaient pas encore des signes.

BERGSON

1996 L LA RÉUNION NORMALE Peut-on ne pas savoir ce que l’on dit ?

1996 L LA RÉUNION NORMALE N’y a-t-il de foi que religieuse ?

1996 L LA RÉUNION NORMALE Il est donc bien certain que la pitié est un sentiment naturel, qui, modérant dans chaque individu l’amour de soi même, concourt à la conservation mutuelle de toute l’espèce. C’est elle qui nous porte sans réflexion au secours de ceux que nous voyons souffrir, c’est elle qui, dans l’état de nature, tient lieu de lois, de moeurs et de vertu, avec cet avantage que nul n’est tenté de désobéir à sa douce voix : c’est elle qui détournera tout sauvage robuste d’enlever à un faible enfant ou à un vieillard infirme sa subsistance acquise avec peine, si lui-même espère pouvoir trouver la sienne ailleurs : c’est elle qui, au lieu de cette maxime sublime de justice raisonnée, Fais à autrui comme tu veux qu’on te fasse, inspire à tous les hommes cette autre maxime de bonté naturelle, bien moins parfaite, mais plus utile peut être que la précédente : Fais ton bien avec le moindre mal d’autrui qu’il est possible. C’est en un mot, dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu’il faut chercher la cause de la répugnance que tout homme éprouverait à mal faire, même indépendamment des maximes de l’éducation. Quoiqu’il puisse appartenir à Socrate et aux esprits de sa trempe d’acquérir de la vertu par raison, il y a longtemps que le genre humain ne serait plus si sa conservation n’eût dépendu que des raisonnements de ceux qui le composent.

ROUSSEAU

1996 S LA RÉUNION NORMALE Pourquoi faire son devoir ?

1996 S LA RÉUNION NORMALE De quelle liberté l’art témoigne-t-il ?

1996 S LA RÉUNION NORMALE La vie quotidienne, pour ses fins variables et relatives, peut se contenter d’évidences et de vérités relatives. La science, elle, veut des vérités variables une fois pour toutes et pour tous, définitives, et donc des vérifications nouvelles et ultimes. Si, en fait, comme elle-même doit finir par s’en convaincre, la science ne réussit pas à édifier un système de vérités absolues, si elle doit sans arrêt modifier les vérités acquises, elle obéit cependant à l’idée de vérité absolue, de vérité scientifique, et elle tend par là vers un horizon infini d’approximations qui convergent toutes vers cette idée. A l’aide de ces approximations, elle croit pouvoir dépasser la conscience naïve et aussi se dépasser infiniment elle-même. Elle croit le pouvoir aussi par la fin qu’elle se pose, à savoir l’universalité systématique de la connaissance.

HUSSERL

1996 TECHN. LA RÉUNION NORMALE La culture est-elle la négation de la nature, ou son accomplissement ?

1996 TECHN. LA RÉUNION NORMALE Ma liberté exclut-elle celle des autres, ou bien la suppose-t-elle ?

1996 TECHN. LA RÉUNION NORMALE Il semble que [...] le but de celui qui fait des lois soit d’amener les hommes à se conduire moralement. Or n’importe quel homme peut en amener un autre à se conduire moralement. Donc n’importe quel homme [...] peut établir la loi [...]. (Mais à ce raisonnement), il faut répondre qu’une personne privée ne peut efficacement amener les gens à se conduire moralement, elle ne peut que donner des conseils, et si ses conseils ne sont pas entendus, cette personne n’a aucune force contraignante. La loi au contraire doit avoir cette force contraignante, afin d’amener avec efficacité les gens à se conduire moralement. [...] Et ce pouvoir contraignant appartient au peuple (ou personne publique) : c’est à lui d’infliger des peines [...], et c’est donc à lui seul qu’il revient de faire les lois.

THOMAS D’AQUIN

QUESTIONS :

1° Dégagez l’idée directrice et les étapes de l’argumentation de ce texte.

2° Expliquez :

a) "une personne privée... ne peut que donner des conseils" ;

b) "Ce pouvoir contraignant appartient au peuple (ou personne publique)".

3° Quand les élus font des lois, diriez-vous que c’est le peuple lui-même qui les fait ?

1996 TECHN. MÉTROPOLE + LA RÉUNION NORMALE Pourquoi l’homme transforme-t-il la nature ?

1996 TECHN. MÉTROPOLE + LA RÉUNION NORMALE En art, tout s’apprend-il ?

1996 TECHN. MÉTROPOLE + LA RÉUNION NORMALE L’être le plus intelligent est celui qui est capable de bien utiliser le plus grand nombre d’outils : or, la main semble bien être non pas un outil, mais plusieurs. Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient lieu des autres. C’est donc à l’être capable d’acquérir le plus grand nombre de techniques que la nature a donné l’outil de loin le plus utile, la main.

Aussi, ceux qui disent que l’homme n’est pas bien constitué et qu’il est le moins bien partagé (1) des animaux (parce que, dit-on, il est sans chaussures, il est nu et n’a pas d’armes pour combattre) sont dans l’erreur. Car les autres animaux n’ont chacun qu’un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de le changer pour un autre. L’homme, au contraire, possède de nombreux moyens de défense, et il lui est toujours loisible (2) d’en changer et même d’avoir l’arme qu’il veut et quand il veut. Car la main devient griffe, serre, corne, ou lance ou épée ou toute autre arme ou outil. Elle peut être tout cela, parce qu’elle est capable de tout saisir et tout tenir.

ARISTOTE

(1) "le moins bien partagé" : le moins bien pourvu

(2) "il lui est toujours loisible" : il a toujours la possibilité de

QUESTIONS :

1° Dégagez la thèse du texte et les principales étapes de l’argumentation.

2° Expliquez : "la main semble bien être non pas un outil mais plusieurs".

3° Traitez la question suivante sous forme de développement argumenté : la supériorité de l’homme consiste-t-elle dans sa capacité d’acquérir le plus grand nombre de techniques ?

1996 ES MÉTROPOLE + LA RÉUNION REMPLACEMENT Y a-t-il une servitude volontaire ?

1996 ES MÉTROPOLE + LA RÉUNION REMPLACEMENT Est-ce parce qu’ils sont ignorants que les hommes ont des croyances ?

1996 ES MÉTROPOLE + LA RÉUNION REMPLACEMENT Quand les enfants commencent à parler, ils pleurent moins. Ce progrès est naturel : un langage est substitué à l’autre. Sitôt qu’ils peuvent dire qu’ils souffrent avec des paroles, pourquoi le diraient-ils avec des cris, si ce n’est quand la douleur est trop vive pour que la parole puisse l’exprimer ? S’ils continuent alors à pleurer, c’est la faute des gens qui sont autour d’eux. Dès qu’une fois Emile* aura dit : J’ai mal, il faudra des douleurs biens vives pour le forcer de pleurer.

Un autre progrès rend aux enfants la plainte moins nécessaire : c’est celui de leurs forces. Pouvant plus par eux-mêmes, ils ont un besoin moins fréquent de recourir à autrui. Avec leur force se développe la connaissance qui les met en état de la diriger. C’est à ce second degré que commence proprement la vie de l’individu ; c’est alors qu’il prend la conscience de lui-même.

ROUSSEAU

1996 L MÉTROPOLE + LA RÉUNION REMPLACEMENT Est-ce par amour de la vérité que l’homme recherche le savoir ?

1996 L MÉTROPOLE + LA RÉUNION REMPLACEMENT Suis-je dans le même temps qu’autrui ?

1996 L MÉTROPOLE + LA RÉUNION REMPLACEMENT Chacun sent bien que la force ne peut rien contre le droit ; mais beaucoup sont disposés à reconnaître que la force peut quelque chose pour le droit. Ici se présente une difficulté (1) qui paraît insurmontable à beaucoup et qui les jette dans le dégoût de leur propre pensée, sur quoi compte le politique. Ce qui égare d’abord l’esprit, c’est que les règles du droit sont souvent appliquées par la force, avec l’approbation des spectateurs. L’arrestation, l’emprisonnement, la déportation (1), la mort sont des exemples qui frappent. Comment nier que le droit ait besoin de la force ? (...) Je suis bien loin de mépriser cet ordre ancien et vénérable que l’agent au carrefour représente si bien. Et je veux remarquer d’abord ceci, c’est que l’autorité de l’agent est reconnue plutôt que subie. Je suis pressé, le bâton levé produit en moi un mouvement d’impatience et même de colère, mais enfin je veux cet ordre au carrefour, et non pas une lutte de force entre les voitures, et le bâton de l’agent me rappelle cette volonté mienne, que la passion allait me faire oublier. Ce que j’exprime en disant qu’il y a un ordre de droit entre l’agent et moi, entre les autres voyageurs et moi, ou bien, si l’on veut dire autrement, un état de paix véritable. Si cet ordre n’est point reconnu et voulu par moi, si je cède seulement à une force évidemment supérieure, il n’y a ni paix ni droit, mais seulement un vainqueur, qui est l’agent, et un vaincu, qui est moi.

ALAIN

(1) L’auteur pense ici au bagne de Cayenne.

1996 S MÉTROPOLE + LA RÉUNION REMPLACEMENT La science nous livre-t-elle le réel tel qu’il est ?

1996 S MÉTROPOLE + LA RÉUNION REMPLACEMENT Qu’ai-je le droit d’exiger des autres ?

1996 S MÉTROPOLE + LA RÉUNION REMPLACEMENT Tant que l’homme est plongé dans la situation historique, il lui arrive de ne même pas concevoir les défauts et les manques d’une organisation politique ou économique déterminée, non comme on dit sottement parce qu’il en "a l’habitude", mais parce qu’il la saisit dans la plénitude d’être et qu’il ne peut même imaginer qu’il puisse en être autrement. Car il faut ici inverser l’opinion générale et convenir de ce que ce n’est pas la dureté d’une situation ou les souffrances qu’elle impose qui sont motifs pour qu’on conçoive un autre état de choses où il en irait mieux pour tout le monde, au contraire, c’est à partir du jour où l’on peut concevoir un autre état des choses qu’une lumière neuve tombe sur nos peines et sur nos souffrances et que nous décidons qu’elles sont insupportables. L’ouvrier de 1830 est capable de se révolter si l’on baisse les salaires, car il conçoit facilement une situation où son misérable niveau de vie serait moins bas cependant que celui qu’on veut lui imposer. Mais il ne se représente pas ses souffrances comme intolérables, il s’en accommode, non par résignation, mais parce qu’il manque de la culture et de la réflexion nécessaires pour lui faire concevoir un état social où ces souffrances n’existeraient pas. Aussi n’agit-il pas.

SARTRE

1996 ES NOUVELLE-CALÉDONIE NORMALE Peut-on faire l’éloge de la passion ?

1996 ES NOUVELLE-CALÉDONIE NORMALE Un peuple est-il responsable de son histoire ?

1996 ES NOUVELLE-CALÉDONIE NORMALE L’état de nature, cette guerre de tous contre tous, a pour conséquence que rien ne peut être injuste. Les notions de droit et de tort, de justice et d’injustice n’ont dans cette situation aucune place. Là où il n’y a pas de pouvoir commun il n’y a pas de loi ; là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas d’injustice : force et ruse sont à la guerre les vertus cardinales. Justice et injustice n’appartiennent pas à la liste des facultés naturelles de l’esprit ou du corps ; car dans ce cas elles pourraient se trouver chez un homme qui serait seul au monde (au même titre que ses sens ou ses passions). En réalité la justice et l’injustice sont des qualités qui se rapportent aux hommes en société, non à l’homme solitaire. La même situation de guerre a aussi pour conséquence qu’il n’y existe ni propriété (...) ni distinction du mien et du tien, mais seulement qu’à chacun appartient ce qu’il peut s’approprier et juste aussi longtemps qu’il est capable de le garder.

HOBBES

1996 L NOUVELLE-CALÉDONIE NORMALE Qu’est-ce qu’un fait de culture ?

1996 L NOUVELLE-CALÉDONIE NORMALE L’exercice de la philosophie contribue-t-il au développement de la démocratie ?

1996 L NOUVELLE-CALÉDONIE NORMALE La première fois qu’un enfant voit un bâton à moitié plongé dans l’eau, il voit un bâton brisé : la sensation est vraie, et elle ne laisserait pas de l’être, quand même nous ne saurions point la raison de cette apparence. Si donc vous lui demandez ce qu’il voit, il dit : un bâton brisé, et il dit vrai, car il est très sûr qu’il a la sensation d’un bâton brisé. Mais quand, trompé par son jugement, il va plus loin, et qu’après avoir affirmé qu’il voit un bâton brisé, il affirme encore que ce qu’il voit est en effet un bâton brisé, alors il dit faux. Pourquoi cela ? parce qu’alors il devient plus actif, et qu’il ne juge plus par inspection, mais par induction, en affirmant ce qu’il ne sent, savoir que le jugement qu’il reçoit par un sens serait confirmé par un autre.

Puisque toutes nos erreurs viennent de nos jugements, il est clair que si nous n’avions jamais besoin de juger, nous n’aurions nul besoin d’apprendre ; nous ne serions jamais dans le cas de nous tromper ; nous serions plus heureux de notre ignorance que nous ne pouvons l’être de notre savoir.

ROUSSEAU

1996 S NOUVELLE-CALÉDONIE NORMALE Peut-on penser par soi-même sans penser contre soi-même ?

1996 S NOUVELLE-CALÉDONIE NORMALE Rendre visible l’invisible, est-ce la vocation de l’art ?

1996 S NOUVELLE-CALÉDONIE NORMALE Quels que soient les immenses services rendus à l’industrie par les théories scientifiques, quoique (...) la puissance soit nécessairement proportionnée à la connaissance, nous ne devons pas oublier que les sciences ont, avant tout, une destination plus directe et plus élevée, celle de satisfaire au besoin fondamental qu’éprouve notre intelligence de connaître les lois des phénomènes. Pour sentir combien ce besoin est profond et impérieux, il suffit de penser un instant aux effets physiologiques de l’étonnement, et de considérer que la sensation la plus terrible que nous puissions éprouver est celle qui se produit toutes les fois qu’un phénomène nous semble s’accomplir contradictoirement aux lois naturelles qui nous sont familières. Ce besoin de disposer les faits dans un ordre que nous puissions concevoir (ce qui est l’objet propre de toutes les théories scientifiques) est tellement inhérent à notre organisation (1) que, si nous ne parvenions pas à la satisfaire par des conceptions positives, nous retournerions inévitablement aux explications théologiques et métaphysiques auxquelles il a primitivement donné naissance.

COMTE

(1) synonyme ici de "nature"

1996 TECHN. NOUVELLE-CALÉDONIE NORMALE Puis-je être certain d’être dans le vrai ?

1996 TECHN. NOUVELLE-CALÉDONIE NORMALE S’intéresser à l’histoire, est-ce se réfugier dans le passé ?

1996 TECHN. NOUVELLE-CALÉDONIE NORMALE Il est vrai que, dans les démocraties, le peuple paraît faire ce qu’il veut : mais la liberté politique ne consiste point à faire ce que l’on veut. Dans un État, c’est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir, et à n’être point contraint de faire ce que l’on ne doit point vouloir.

Il faut se mettre dans l’esprit ce que c’est que l’indépendance, et ce que c’est que la liberté. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent : et, si un citoyen pouvait faire ce qu’elles défendent, il n’aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même (1) ce pouvoir.

MONTESQUIEU

(1) "tout de même" : tout autant, de la même façon.

QUESTIONS :

1° Quelle est l’idée centrale de ce texte ? Comment Montesquieu l’établit-il ?

2° Expliquer :

a) "un État, c’est-à-dire (...) une société où il y a des lois" ;

b) Comment comprenez-vous l’expression : "ce que l’on doit vouloir" ?

c) Comment définissez-vous "l’indépendance" ?

3° Les lois limitent-elles la liberté ?

1996 ES POLYNÉSIE NORMALE Tout peut-il s’expliquer historiquement ?

1996 ES POLYNÉSIE NORMALE Qu’est-ce qui fait la valeur d’une oeuvre d’art ?

1996 ES POLYNÉSIE NORMALE Il me semble que, quelque pénibles que soient les travaux que la société exige, on peut tout faire avec des hommes libres.

Ce qui me fait penser ainsi, c’est qu’avant que le christianisme eût aboli en Europe la servitude civile, on regardait les travaux des mines comme si pénibles, qu’on croyait qu’ils ne pouvaient être faits que par des esclaves ou par des criminels. Mais on sait qu’aujourd’hui les hommes qui y sont employés vivent heureux. On a, par de petits privilèges, encouragé cette profession ; on a joint à l’augmentation du travail celle du gain ; et on est parvenu à leur faire aimer leur condition plus que toute autre qu’ils eussent pu prendre.

Il n’y a point de travail si pénible qu’on ne puisse proportionner à la force de celui qui le fait, pourvu que ce soit la raison, et non pas l’avarice, qui le règle. On peut, par la commodité des machines que l’art invente ou applique, suppléer au travail forcé qu’ailleurs on fait faire aux esclaves. Les mines des Turcs, dans le banat de Témeswar (1), étaient plus riches que celles de Hongrie, et elles ne produisaient pas autant, parce qu’ils n’imaginaient jamais que les bras de leurs esclaves.

Je ne sais si c’est l’esprit ou le coeur qui me dicte cet article-ci. Il n’y a peut-être pas de climat sur la terre où l’on ne pût engager au travail des hommes libres. Parce que les lois étaient mal faites on a trouvé des hommes paresseux : parce que ces hommes étaient paresseux, on les a mis dans l’esclavage.

MONTESQUIEU

(1) Province limitrophe de la Hongrie et de la Turquie

1996 L POLYNÉSIE NORMALE Les hommes n’agissent-ils que par intérêt ?

1996 L POLYNÉSIE NORMALE Pourquoi des artistes ?

1996 L POLYNÉSIE NORMALE Je pensai que les sciences des livres, au moins celles dont les raisons ne sont que probables, et qui n’ont aucune démonstration, s’étant composées et grossies peu à peu des opinions de plusieurs diverses personnes, ne sont point si approchantes de la vérité que les simples raisonnements que peut faire naturellement un homme de bon sens touchant les choses qui se présentent. Et ainsi je pensai que, pour ce que nous avons tous été enfants avant que d’être hommes, et qu’il nous a fallu longtemps être gouvernés par nos appétits et nos précepteurs, qui étaient souvent contraires les uns aux autres, et qui, ni les uns ni les autres, ne nous conseillaient peut-être pas toujours le meilleur, il est presque impossible que nos jugements soient si purs ni si solides qu’ils auraient été si nous avions eu l’usage entier de notre raison dès le point de notre naissance, et que nous n’eussions jamais été conduits que par elle.

DESCARTES

1996 S POLYNÉSIE NORMALE Ai-je besoin d’autrui pour être objectif ?

1996 S POLYNÉSIE NORMALE L’artiste fait-il ce qu’il veut ?

1996 S POLYNÉSIE NORMALE Parmi tous les arts et toutes nos facultés, vous n’en trouverez aucun qui soit capable de se prendre soi-même pour objet d’étude, aucun, par conséquent, qui soit apte à porter sur soi un jugement d’approbation ou de désapprobation. La grammaire, jusqu’où s’étend sa capacité spéculative ? Jusqu’à distinguer les lettres. Et la musique ? Jusqu’à distinguer la mélodie. L’une ou l’autre se prend-elle pour objet d’étude ? Nullement. Mais si tu écris à un ami, le fait que tu dois choisir ces lettres-ci, la grammaire te le dira. Quant à savoir s’il faut oui ou non écrire à cet ami, la grammaire ne te le dira pas. Ainsi pour les mélodies, la musique. Mais faut-il chanter maintenant ou jouer de la lyre, ou ne faut-il ni chanter ni jouer de la lyre, la musique ne te le dira pas. Qui donc le dira ? La faculté qui se prend elle-même aussi bien que tout le reste comme objet d’étude. Quelle est-elle ? La Raison. Seule, en effet, de celles que nous avons reçues, elle est capable d’avoir conscience d’elle-même, de sa nature, de son pouvoir, de la valeur qu’elle apporte en venant en nous, et d’avoir conscience également des autres facultés.

ÉPICTÈTE

1996 TECHN. POLYNÉSIE NORMALE Est-ce par crainte du châtiment que l’on obéit aux lois ?

1996 TECHN. POLYNÉSIE NORMALE Peut-on prouver qu’une oeuvre d’art est belle ?

1996 TECHN. POLYNÉSIE NORMALE L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation. Il n’est que ce que l’éducation fait de lui. Il faut remarquer que l’homme n’est éduqué que par des hommes et par des hommes qui ont également été éduqués. C’est pourquoi le manque de discipline et d’instruction (que l’on remarque) chez quelques hommes fait de ceux-ci de mauvais éducateurs pour leurs élèves. Si seulement un être d’une nature supérieure se chargeait de notre éducation, on verrait alors ce que l’on peut faire de l’homme. Mais comme l’éducation d’une part ne fait qu’apprendre certaines choses aux hommes et d’autre part ne fait que développer en eux certaines qualités, il est impossible de savoir jusqu’où vont les dispositions naturelles de l’homme. Si du moins avec l’appui des grands de ce monde et en réunissant les forces de beaucoup d’hommes on faisait une expérience, cela nous donnerait déjà beaucoup de lumières pour savoir jusqu’où il est possible que l’homme s’avance.

KANT

QUESTIONS :

1° Dégagez l’idée principale du texte et les étapes de son argumentation.

2° Expliquez :

a) "l’homme ne peut devenir homme que par l’éducation" ;

b) "il est impossible de savoir jusqu’où vont les dispositions naturelles".

3° L’homme n’est-il que ce que d’autres hommes ont fait de lui ?

1996 ES POLYNÉSIE REMPLACEMENT Dans la connaissance et dans l’action, faut-il toujours se méfier de ses premières impressions ?

1996 ES POLYNÉSIE REMPLACEMENT Dans quel but les hommes se donnent-ils des lois ?

1996 ES POLYNÉSIE REMPLACEMENT L’art ne donne plus cette satisfaction des besoins spirituels, que des peuples et des temps révolus cherchaient et ne trouvaient qu’en lui. Les beaux jours de l’art grec comme l’âge d’or de la fin du Moyen Age sont passés. La culture réflexive de notre époque nous contraint, tant dans le domaine de la volonté que dans celui du jugement, à nous en tenir à des vues universelles d’après lesquelles nous réglons tout ce qui est particulier ; formes universelles, lois, devoirs, droits, maximes sont les déterminations fondamentales qui commandent tout. Or le goût artistique comme la production artistique exigent plutôt quelque chose de vivant, dans lequel l’universel ne figure pas sous forme de loi et de maxime, mais confonde son action avec celle du sentiment et de l’impression, de la même façon que l’imagination fait une place à l’universel et au rationnel, en les unissant à une apparence sensible et concrète. Voilà pourquoi notre époque n’est en général pas propice à l’art...

Dans ces circonstances l’art, ou du moins sa destination suprême, est pour nous quelque chose du passé. De ce fait, il a perdu pour nous sa vérité et sa vie ; il est relégué dans notre représentation, loin d’affirmer sa nécessité effective et de s’assurer une place de choix, comme il le faisait jadis. Ce que suscite en nous une oeuvre artistique de nos jours, mis à part un plaisir immédiat, c’est un jugement, étant donné que nous soumettons à un examen critique son fond, sa forme et leur convenance ou disconvenance réciproque.

La science de l’art est donc bien plus un besoin à notre époque que dans les temps où l’art donnait par lui-même, en tant qu’art, pleine satisfaction. L’art nous invite à la médiation philosophique, qui a pour but non pas de lui assurer un renouveau, mais de reconnaître rigoureusement ce qu’il est dans son fond.

HEGEL

1996 L POLYNÉSIE REMPLACEMENT À quoi reconnaît-on qu’une expérience est scientifique ?

1996 L POLYNÉSIE REMPLACEMENT La violence est-elle toujours destructrice ?

1996 L POLYNÉSIE REMPLACEMENT Le droit ne dépend pas de l’intention qu’on a en agissant. On peut faire quelque chose avec une excellente intention, la conduite n’est pas pour autant justifiée, mais peut être, sans qu’on y prenne garde, contraire au droit. D’autre part, une conduite, par exemple l’affirmation de ma propriété, peut être juridiquement tout à fait justifiée et faire place cependant à une intention méchante, dans la mesure où il ne s’agit pas seulement pour moi de défendre mon droit, mais bien plutôt de nuire à autrui. Sur le droit comme tel cette intention n’a aucune influence.

Le droit n’a rien à voir avec la conviction que ce que j’ai à faire soit juste ou injuste. Tel est particulièrement le cas en ce qui concerne la punition. On tâche sans doute de persuader le criminel qu’il est puni à bon droit. Mais qu’il en soit ou non convaincu ne change rien au droit qu’on lui applique.

Enfin le droit ne dépend non plus en rien de la disposition d’esprit dans laquelle un acte est accompli. Il arrive très souvent qu’on agisse de façon correcte par simple crainte de la punition, ou parce qu’on a peur de n’importe quelle autre conséquence désagréable, telle que perdre sa réputation ou son crédit. Il se peut aussi qu’en agissant selon le droit on songe à la récompense qu’on obtiendra ainsi dans une autre vie. Le droit comme tel est indépendant de ces dispositions d’esprit.

HEGEL

1996 S POLYNÉSIE REMPLACEMENT L’État est-il, par définition, indifférent aux intérêts particuliers ?

1996 S POLYNÉSIE REMPLACEMENT Prendre conscience, est-ce se libérer ?

1996 S POLYNÉSIE REMPLACEMENT La vérité, dit-on, consiste dans l’accord de la connaissance avec l’objet. Selon cette simple définition de mot, ma connaissance doit donc s’accorder avec l’objet pour avoir valeur de vérité. Or le seul moyen que j’ai de comparer l’objet avec ma connaissance c’est que je le connaisse. Ainsi ma connaissance doit se confirmer elle-même, mais c’est bien loin de suffire à la vérité. Car puisque l’objet est hors de moi et que la connaissance est en moi, tout ce que je puis apprécier c’est si ma connaissance de l’objet s’accorde avec ma connaissance de l’objet. Les anciens appelaient diallèle (1) un tel cercle dans la définition. Et effectivement c’est cette faute que les sceptiques n’ont cessé de reprocher aux logiciens ; ils remarquaient qu’il en est de cette définition de la vérité comme d’un homme qui ferait une déposition au tribunal et invoquerait comme témoin quelqu’un que personne ne connaît, mais qui voudrait être cru en affirmant que celui qui l’invoque comme témoin est un honnête homme. Reproche absolument fondé, mais la solution du problème en question est totalement impossible pour tout le monde. En fait la question qui se pose ici est de savoir si, et dans quelle mesure il y a un critère de la vérité certain, universel et pratiquement applicable. Car tel est le sens de la question : qu’est-ce que la vérité ?

KANT

(1) mot d’origine grecque utilisé par les logiciens pour désigner un cercle vicieux

1996 TECHN. POLYNÉSIE REMPLACEMENT À quoi sert la raison ?

1996 TECHN. POLYNÉSIE REMPLACEMENT Y a-t-il un sens à juger une oeuvre d’art du point de vue moral ?

1996 TECHN. POLYNÉSIE REMPLACEMENT Qu’arrive-t-il quand une de nos actions cesse d’être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s’en retire. Dans l’apprentissage d’un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu’il vient de nous, parce qu’il résulte d’une décision et implique un choix, puis, à mesure que ces mouvements s’enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns les autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Quels sont, d’autre part, les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l’aurons fait. Les variations d’intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez, de création, que nous distribuons sur notre conduite. Tout porte à croire qu’il en est ainsi de la conscience en général. Si conscience signifie mémoire et anticipation, c’est que conscience est synonyme de choix.

BERGSON

QUESTIONS :

1° Dégagez la thèse du texte et l’argumentation.

2° Expliquez :

a) “Dans l’apprentissage d’un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu’il vient de nous”.

b) "conscience est synonyme de choix" ;

3° Est-ce dans l’hésitation que nous sommes le plus conscients ?

1996 ES SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE L’histoire enseigne-t-elle la relativité des valeurs ?

1996 ES SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE Un homme peut-il m’être totalement étranger ?

1996 ES SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE Une injustice que l’on a faite à quelqu’un est beaucoup plus lourde à porter qu’une injustice que quelqu’un d’autre vous a faite (non pas précisément pour des raisons morales, il faut le remarquer) ; car, au fond, celui qui agit est toujours celui qui souffre, mais bien entendu seulement quand il est accessible au remords ou bien à la certitude que, par son acte, il aura armé la société contre lui et il se sera lui-même isolé. C’est pourquoi, abstraction faite de tout ce que commandent la religion et la morale, on devrait, rien qu’à cause de son bonheur intérieur, donc pour ne pas perdre son bien-être, se garder de commettre une injustice plus encore que d’en subir une : car dans ce dernier cas, on a la consolation de la bonne conscience, de l’espoir de la vengeance, de la pitié et de l’approbation des hommes justes, et même de la société tout entière, laquelle craint les malfaiteurs.

NIETZSCHE

1996 L SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE D’où vient que le progrès scientifique laisse subsister des croyances irrationnelles ?

1996 L SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE La punition est-elle la forme légale de la vengeance ?

1996 L SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE Les artistes ont quelque intérêt à ce que l’on croie à leurs intuitions subites, à leurs prétendues inspirations ; comme si l’idée de l’oeuvre d’art, du poème, la pensée fondamentale d’une philosophie tombaient du ciel tel un rayon de la grâce. En vérité, l’imagination du bon artiste, ou penseur, ne cesse pas de produire, du bon, du médiocre et du mauvais, mais son jugement, extrêmement aiguisé et exercé, rejette, choisit, combine ; on voit ainsi aujourd’hui, par les Carnets de Beethoven, qu’il a composé ses plus magnifiques mélodies petit à petit, les tirant pour ainsi dire d’esquisses multiples. Quant à celui qui est moins sévère dans son choix et s’en remet volontiers à sa mémoire reproductrice, il pourra le cas échéant devenir un grand improvisateur ; mais c’est un bas niveau que celui de l’improvisation artistique au regard de l’idée choisie avec peine et sérieux pour une oeuvre. Tous les grands hommes étaient de grands travailleurs, infatigables quand il s’agissait d’inventer, mais aussi de rejeter, de trier, de remanier, d’arranger.

NIETZSCHE

1996 S SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE La connaissance scientifique abolit-elle toute croyance ?

1996 S SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE A-t-on le devoir d’aimer autrui ?

1996 S SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE - Eh quoi ! La liberté est-elle absence de la raison ?

- A Dieu ne plaise ! Folie et liberté ne vont pas ensemble.

- Mais je veux que tout arrive suivant mon idée, quelle que soit cette idée.

- Tu es fou, tu déraisonnes. Ne sais-tu pas que la liberté est une belle chose, une chose précieuse ? Or, vouloir au petit bonheur que se produise ce qui au petit bonheur m’est venu à l’idée risque non seulement de n’être pas beau, mais d’être même tout ce qu’il y a de plus laid. Voyons, que faisons-nous s’il s’agit d’écrire ? Est-ce que je me propose d’écrire selon ma volonté le nom de Dion ? Non, mais on m’apprend à vouloir l’écrire comme il doit l’être. (...) Sinon, il serait absolument inutile d’apprendre n’importe quoi, si chacun pouvait accommoder ses connaissances à sa volonté. Et ce serait uniquement dans le domaine le plus grave et le plus important, celui de la liberté, qu’il me sera permis de vouloir au petit bonheur ? Nullement, mais s’instruire consiste précisément à apprendre à vouloir chaque chose comme elle arrive.

ÉPICTÈTE

1996 TECHN. SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE Sommes-nous maîtres de notre histoire ?

1996 TECHN. SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE Est-ce seulement par peur du châtiment que l’on obéit à la loi ?

1996 TECHN. SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE À quoi vise l’art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poète et le romancier qui expriment un état d’âme ne le créent certes pas de toutes pièces, ils ne seraient pas compris de nous si nous n’observions pas en nous, jusqu’à un certain point, ce qu’ils nous disent d’autrui. Au fur et à mesure qu’ils nous parlent, des nuances d’émotions et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraient invisibles : telle l’image photographique qui n’a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera. Le poète est ce révélateur. Mais nulle part la fonction de l’artiste ne se montre aussi clairement que dans celui des arts qui fait la plus large place à l’imitation, je veux dire la peinture. Les grands peintres sont des hommes auxquels remonte une certaine vision des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes.

BERGSON

QUESTIONS :

1° Dégagez l’idée directrice du texte et les étapes de son argumentation.

a) Analysez la comparaison qu’établit Bergson entre le rôle du "bain" dans lequel l’image photographique est "plongée" et le rôle de "révélateur" du poète ;

b) expliquez : "une certaine vision des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes".

3° Créer ou imiter : l’artiste doit-il choisir ?

1997 ES AMÉRIQUE DU NORD NORMALE L’art n’obéit-il à aucune règle ?

1997 ES AMÉRIQUE DU NORD NORMALE La diversité des opinions rend-elle vaine la recherche de la vérité ?

1997 ES AMÉRIQUE DU NORD NORMALE Les passions, puisqu’elles peuvent se conjuguer avec la réflexion la plus calme, qu’elles ne peuvent donc pas être irréfléchies comme les émotions et que, par conséquent, elles ne sont pas impétueuses (1) et passagères, mais qu’elles s’enracinent et peuvent subsister en même temps que le raisonnement, portent, on le comprend aisément, le plus grand préjudice à la liberté ; si l’émotion est une ivresse, la passion est une maladie, qui exècre toute médication (2), et qui par là est bien pire que tous les mouvements passagers de l’âme ; ceux-ci font naître du moins le propos de s’améliorer, alors que la passion est un ensorcellement qui exclut toute amélioration.

KANT

(1) impétueuses : dont l’impulsion est violente et rapide

(2) exécrer toute médication : haïr, détester, repousser tout remède

1997 S AMÉRIQUE DU NORD NORMALE Le langage sert-il à exprimer la réalité ?

1997 S AMÉRIQUE DU NORD NORMALE Le travail n’est-il que servitude ?

1997 S AMÉRIQUE DU NORD NORMALE Que soit vrai tout ce que l’on dit tant aux autres qu’à soi-même, c’est ce qu’il est impossible de garantir dans tous les cas, parce qu’on peut se tromper ; mais que ce soit sincère, c’est ce que l’on peut et doit toujours garantir, parce qu’on s’en rend compte immédiatement. Dans le premier cas, il faut, par un jugement logique de la raison, confronter l’affirmation avec l’objet ; dans le second, à l’instant où l’on constate sa conviction, on confronte devant la conscience l’affirmation avec le sujet. Si l’on pose l’affirmation par rapport à l’objet sans s’être assuré qu’on peut la poser aussi par rapport au sujet, on avance autre chose que ce dont on est convaincu, on ment (...).

Les moralistes parlent d’une conscience fausse, mais ils disent une absurdité. Si une pareille conscience existait, personne ne serait plus jamais assuré d’avoir bien agi, puisque le juge en dernier ressort lui-même pourrait se tromper. Il m’arrive sans doute de me tromper dans le jugement qui me fait croire que j’ai raison ; mais ce jugement procède de l’intelligence, et celle-ci se borne, d’une manière exacte ou erronée, à juger objectivement. Mais dans ce sentiment intime : je crois avoir raison, ou : je fais semblant de le croire, je ne puis absolument pas me tromper, puisque ce jugement, ou mieux cette phrase n’est que l’expression de ce sentiment même.

KANT

1997 ES ANTILLES NORMALE La technique n’est-elle pour l’homme qu’un moyen ?

1997 ES ANTILLES NORMALE Dois- je tenir compte de ce que font les autres pour orienter ma conduite ?

1997 ES ANTILLES NORMALE Il y a l’avenir qui se fait et l’avenir qu’on fait. L’avenir réel se compose des deux. Au sujet de l’avenir qui se fait, comme orage ou éclipse, il ne sert à rien d’espérer, il faut savoir et observer avec des yeux secs. Comme on essuie les verres de la lunette, ainsi il faut essuyer la buée des passions sur les yeux. J’entends bien. Les choses du ciel, que nous ne modifions jamais, nous ont appris la résignation et l’esprit géomètre qui sont une bonne partie de la sagesse. Mais dans les choses terrestres, que de changements par l’homme industrieux ! Le feu, le blé, le navire, le chien dressé, le cheval dompté, voilà des oeuvres que l’homme n’aurait point faites si la science avait tué l’espérance.

Surtout dans l’ordre humain lui-même, où la confiance fait partie des faits, je compte très mal si je ne compte point ma propre confiance. Si Je crois que je vais tomber, je tombe, si je crois que je ne puis rien, je ne puis rien. Si je crois que mon espérance me trompe, elle me trompe. Attention là. Je fais le beau temps et l’orage, en moi d’abord, autour de moi aussi, dans le monde des hommes. Car le désespoir, et l’espoir aussi, vont de l’un à l’autre plus vite que ne changent les nuages.

ALAIN

1997 L ANTILLES NORMALE Peut-on vouloir ce qu’on ne désire pas ?

1997 L ANTILLES NORMALE L’imagination est-elle la cause de notre malheur ?

1997 L ANTILLES NORMALE La vérité ou la fausseté, la critique et l’adéquation critique à des données évidentes, voilà autant de thèmes banals qui déjà jouent sans cesse dans la vie pré-scientifique. La vie quotidienne, pour ses fins variables et relatives, peut se contenter d’évidences et de vérités relatives. La science, elle, veut des vérités valables une fois pour toutes et pour tous, définitives, et, partant, des vérifications nouvelles et ultimes.

Si, en fait, comme elle-même doit finir par s’en convaincre, la science ne réussit pas à édifier un système de vérités "absolues", si elle doit sans arrêt modifier les vérités acquises, elle obéit cependant à l’idée de vérité absolue, de vérité scientifique, et elle tend par là vers un horizon infini d’approximations qui convergent toutes vers cette idée. A l’aide de ces approximations, elle croit pouvoir dépasser la connaissance naïve et aussi se dépasser infiniment elle-même. Elle croit le pouvoir aussi par la fin qu’elle pose, à savoir l’universalité systématique de la connaissance.

HUSSERL

1997 S ANTILLES NORMALE L’explication scientifique des conduites humaines est-elle incompatible avec l’affirmation de la liberté ?

1997 S ANTILLES NORMALE Puis-je invoquer le cours de l’histoire pour m’excuser de n’avoir pas agi ?

1997 S ANTILLES NORMALE La piété, ce n’est pas se montrer à tout instant couvert d’un voile et tourné vers une pierre, et s’approcher de tous les autels ; ce n’est pas se pencher jusqu’à terre en se prosternant, et tenir la paume de ses mains ouvertes en face des sanctuaires divins, ce n’est point inonder les autels du sang des animaux, ou lier sans cesse des voeux à d’autres voeux ; mais c’est plutôt pouvoir tout regarder d’un esprit que rien ne trouble. Car lorsque levant la tête, nous contemplons les espaces célestes de ce vaste monde, et les étoiles scintillantes fixées dans les hauteurs de l’éther, et que notre pensée se porte sur les cours du soleil et de la lune, alors une angoisse, jusque là étouffée en notre coeur sous d’autres maux, s’éveille et commence à relever la tête : n’y aurait-il pas en face de nous des dieux dont la puissance infinie entraîne d’un mouvement varié les astres à la blanche lumière ? Livré au doute par l’ignorance des causes, l’esprit se demande s’il y a eu vraiment un commencement, une naissance du monde, s’il doit y avoir une fin, et jusqu’à quand les remparts du monde pourront supporter la fatigue de ce mouvement inquiet ; ou bien si, doués par les dieux d’une existence éternelle, ils pourront prolonger leur course dans l’infini du temps et braver les forces puissantes de l’éternité ?

LUCRÈCE

1997 ES ANTILLES REMPLACEMENT L’être humain peut-il perdre son humanité ?

1997 ES ANTILLES REMPLACEMENT La vérité est-elle tyrannique ?

1997 ES ANTILLES REMPLACEMENT Pour former l’État, une seule chose est nécessaire : que tout le pouvoir de décréter appartienne soit à tous collectivement, soit à quelques-uns, soit à un seul. Puisque, en effet, le libre jugement des hommes est extrêmement divers, que chacun pense être seul à tout savoir et qu’il est impossible que tous soient de la même opinion et parlent d’une seule bouche, ils ne pourraient vivre en paix si l’individu n’avait renoncé à son droit d’agir suivant le seul décret de sa pensée. C’est donc seulement au droit d’agir par son décret qu’il a renoncé, non au droit de raisonner et de juger ; par suite nul à la vérité ne peut, sans danger pour le droit du souverain, agir contre son décret, mais il peut avec une entière liberté se former une opinion et juger et en conséquence aussi parler, pourvu qu’il n’aille pas au delà de la simple parole ou de l’enseignement, et qu’il défende son opinion par la raison seule, non par la ruse, la colère ou la haine, ni dans l’intention de changer quoi que ce soit dans l’État de par l’autorité de son propre décret.

SPINOZA

1997 L ANTILLES REMPLACEMENT L’historien peut-il être objectif ?

1997 L ANTILLES REMPLACEMENT Une oeuvre d’art est-elle nécessairement belle ?

1997 L ANTILLES REMPLACEMENT Nul être matériel n’est actif par lui-même, et moi je le suis. On a beau me disputer cela, je le sens, et ce sentiment qui me parle est plus fort que la raison qui le combat. J’ai un corps sur lequel les autres agissent et qui agit sur eux ; cette action réciproque n’est pas douteuse ; mais ma volonté est indépendante de mes sens, je consens ou je résiste, je succombe ou je suis vainqueur, et je sens parfaitement en moi-même quand je fais ce que j’ai voulu faire, ou quand je ne fais que céder à mes passions. J’ai toujours la puissance de vouloir, non la force d’exécuter. Quand je me livre aux tentations, j’agis selon l’impulsion des objets externes. Quand je me reproche cette faiblesse, je n’écoute que ma volonté, je suis esclave par mes vices, et libre par mes remords ; le sentiment de ma liberté ne s’efface en moi que quand je me déprave, et que j’empêche enfin la voix de l’âme de s’élever contre la loi du corps. Je ne connais la volonté que par le sentiment de la mienne.

ROUSSEAU

1997 S ANTILLES REMPLACEMENT Le progrès scientifique est-il lié à l’évolution des techniques ?

1997 S ANTILLES REMPLACEMENT La reproduction des oeuvres d’art nuit-elle à l’art ?

1997 S ANTILLES REMPLACEMENT Il y a cette différence entre les devoirs que la religion nous oblige à rendre à Dieu, et ceux que la société demande que nous rendions aux autres hommes, que les principaux devoirs de la religion sont intérieurs et spirituels : parce que Dieu pénètre les coeurs, et qu’absolument parlant il n’a nul besoin de ses créatures, et que les devoirs de la société sont presque tous extérieurs. Car outre que les hommes ne peuvent savoir nos sentiments à leur égard, si nous ne leur en donnons des marques sensibles, ils ont tous besoin les uns des autres, soit pour la conservation de leur vie, soit pour leur instruction particulière, soit enfin pour mille et mille secours dont ils ne peuvent se passer.

Ainsi exiger des autres les devoirs intérieurs et spirituels, qu’on ne doit qu’à Dieu, esprit pur, scrutateur des coeurs, seul indépendant et suffisant à lui-même, c’est un orgueil de démon. C’est vouloir dominer sur les esprits : c’est s’attribuer la qualité de scrutateur des coeurs. C’est en un mot exiger ce qu’on ne nous doit point.

MALEBRANCHE

1997 TECHN. ANTILLES REMPLACEMENT Avons-nous quelque chose à apprendre de nos erreurs ?

1997 TECHN. ANTILLES REMPLACEMENT La violence peut-elle être un remède à l’injustice ?

1997 TECHN. ANTILLES REMPLACEMENT Les hommes ne sont pas nés pour devenir astronomes, ou chimistes ; pour passer toute leur vie pendus à une lunette, ou attachés à un fourneau ; et pour tirer ensuite des conséquences assez utiles de leurs observations laborieuses. Je veux (1) qu’un astronome ait découvert le premier des terres, des mers, et des montagnes dans la lune ; qu’il se soit aperçu le premier des taches qui tournent sur le soleil, et qu’il en ait exactement calculé les mouvements. Je veux qu’un chimiste ait enfin trouvé le secret de fixer le mercure (...) : en sont-ils pour cela devenus plus sages et plus heureux ? Ils se sont peut être fait quelques réputation dans le monde ; mais s’ils y ont pris garde, cette réputation n’a fait qu’étendre leur servitude. Les hommes peuvent regarder l’astronomie, la chimie, et presque toutes les autres sciences comme des divertissements d’un honnête homme (2), mais ils ne doivent pas se laisser surprendre par leur éclat, ni les préférer à la science de l’homme.

MALEBRANCHE

(1) Je veux : je veux bien, je consens, j’admets.

(2) Un honnête homme : un homme accompli.

QUESTIONS :

1° Dégagez clairement la thèse du texte. Précisez l’argumentation de l’auteur.

2° Expliquez “s’ils y ont pris garde, cette réputation n’a fait qu’étendre leur servitude”.

3° La recherche de la sagesse et de l’épanouissement peut-elle être indépendante de la connaissance du monde ?

1997 ES ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Les mathématiques sont-elles une science comme les autres ?

1997 ES ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Suffit-il de bien raisonner pour être raisonnable ?

1997 ES ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Les rapports entre les hommes sont-ils déterminés par leurs intérêts ?

1997 ES ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Les artistes nous apprennent-ils ce que nous sommes ?

1997 ES ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE C’est une erreur de distinguer les passions en permises et défendues, pour se livrer aux premières et se refuser aux autres. Toutes sont bonnes quand on en reste le maître ; toutes sont mauvaises quand on s’y laisse assujettir. Ce qui nous est défendu par la nature, c’est d’étendre nos attachements plus loin que nos forces : ce qui nous est défendu par la raison, c’est de vouloir ce que nous ne pouvons obtenir, ce qui nous est défendu par la conscience n’est pas d’être tentés, mais de nous laisser vaincre aux tentations. Il ne dépend pas de nous d’avoir ou de n’avoir pas de passions, mais il dépend de nous de régner sur elles. Tous sentiments que nous dominons sont légitimes ; tous ceux qui nous dominent sont criminels. Un homme n’est pas coupable d’aimer la femme d’autrui, s’il tient cette passion malheureuse asservie à la loi du devoir ; il est coupable d’aimer sa propre femme au point d’immoler tout à son amour.

ROUSSEAU

1997 ES ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Pufendorf (1) dit que, tout de même qu’on transfère son bien à autrui par des conventions et des contrats, on peut aussi se dépouiller de sa liberté en faveur de quelqu’un. C’est là, ce me semble, un fort mauvais raisonnement. Car, premièrement, le bien que j’aliène (2) me devient une chose tout à fait étrangère, et dont l’abus m’est indifférent ; mais il importe qu’on n’abuse point de ma liberté, et je ne puis, sans me rendre coupable du mal qu’on me forcera de faire, m’exposer à devenir l’instrument du crime. De plus, le droit de propriété n’étant que de convention et d’institution humaine, tout homme peut à son gré disposer de ce qu’il possède. Mais il n’en est pas de même des dons essentiels de la nature, tels que la vie et la liberté, dont il est permis à chacun de jouir, et dont il est moins douteux qu’on ait droit de se dépouiller : en s’ôtant l’un on dégrade son être, en s’ôtant l’autre on l’anéantit autant qu’il est en soi (3) ; et, comme nul bien temporel (4) ne peut dédommager de l’une et de l’autre, ce serait offenser à la fois la nature et la raison que d’y renoncer, à quelque prix que ce fût.

ROUSSEAU

(1) Pufendorf : théoricien du droit

(2) aliéner : au sens juridique, donner ou vendre (du latin alienus : qui appartient à un autre, étranger)

(3) autant qu’il en soit : entièrement

(4) temporel : qui appartient au domaine des choses matérielles (par opposition à ce qui est spirituel)

1997 S ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Comprend-on mieux ce dont on connaît l’histoire ?

1997 S ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE L’imagination est-elle créatrice ?

1997 S ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE La géométrie est très utile pour rendre l’esprit attentif aux choses dont on veut découvrir les rapports ; mais il faut avouer qu’elle nous est quelquefois occasion d’erreur, parce que nous nous occupons si fort des démonstrations évidentes et agréables que cette science nous fournit, que nous ne considérons pas assez la nature (...).

On suppose, par exemple, que les planètes décrivent par leurs mouvements des cercles et des ellipses parfaitement régulières ; ce qui n’est point vrai. On fait bien de le supposer, afin de raisonner, et aussi parce qu’il s’en faut peu que cela ne soit vrai, mais on doit toujours se souvenir que le principe sur lequel on raisonne est une supposition. De même, dans les mécaniques on suppose que les roues et les leviers sont parfaitement durs et semblables à des lignes et à des cercles mathématiques sans pesanteur et sans frottement (...).

Il ne faut donc pas s’étonner si on se trompe, puisque l’on veut raisonner sur des principes qui ne sont point exactement connus ; et il ne faut pas s’imaginer que la géométrie soit inutile à cause qu’elle ne nous délivre pas de toutes nos erreurs. Les suppositions établies, elle nous le fait raisonner conséquemment. Nous rendant attentifs à ce que nous considérons, elle nous le fait connaître évidemment. Nous reconnaissons même par elle si nos suppositions sont fausses ; car étant toujours certains que nos raisonnements sont vrais, et l’expérience ne s’accordant point avec eux, nous découvrons que les principes supposés sont faux, mais dans la géométrie et l’arithmétique on ne peut n’en découvrir dans les sciences exactes (1) qui soit un peu difficile.

MALEBRANCHE

(1) au XVIIe siècle, sciences de la nature

1997 TECHN. ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Le progrès technique ne pose-t-il de problèmes qu’au technicien ?

1997 TECHN. ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE La vérité est-elle ce qui désarme les conflits ?

1997 TECHN. ÉTRANGER GROUPE 1 NORMALE Les hommes ne sont naturellement ni rois, ni grands (1), ni courtisans, ni niches ; tous sont nés nus et pauvres, tous sujets aux misères de la vie, aux chagrins, aux maux, aux besoins, aux douleurs de toute espèce, enfin, tous sont condamnés à la mort. Voilà ce qui est vraiment de l’homme ; voilà de quoi nul mortel n’est exempt. Commencez donc par étudier de la nature humaine ce qui en est le plus inséparable, ce qui constitue le mieux de l’humanité. A seize ans l’adolescent sait ce que c’est que souffrir ; car il a souffert lui-même ; mais à peine sait-il que d’autres êtres souffrent aussi, le voir sans le sentir n’est pas le savoir, et, comme je l’ai dit cent fois, l’enfant n’imaginant point ce que sentent les autres ne connaît de maux que les siens : mais quand le premier développement des sens allume en lui le feu de l’imagination, il commence à se sentir dans ses semblables, à s’émouvoir de leurs plaintes et à souffrir de leurs douleurs. C’est alors que le triste tableau de l’humanité souffrante doit porter à son coeur le premier attendrissement qu’il ait jamais éprouvé.

ROUSSEAU

(1) grands : nobles

QUESTIONS :

1° Dégagez la thèse du texte en expliquant le lien qui unit les deux paragraphes.

2° Expliquez les passages suivants du texte :

a) “les hommes ne sont naturellement ni rois, ni grands, ni courtisans, ni riches” ;

b) “il commence à se sentir dans ses semblables”.

3° La pitié est-elle ce qui caractérise le mieux l’humanité ?

1997 L ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT Quel rapport y a-t-il entre les mathématiques et la réalité ?

1997 L ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT Quelle différence y a-t-il entre expliquer un acte et juger de sa valeur morale ?

1997 L ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT On charge les hommes, dès l’enfance, du soin de leur honneur, de leur bien, de leurs amis, et encore du bien et de l’honneur de leurs amis. On les accable d’affaires, de l’apprentissage des langues et d’exercices, et on leur fait entendre qu’ils ne sauraient être heureux sans que leur santé, leur honneur, leur fortune et celle de leurs amis soient en bon état, et qu’une seule chose qui manque les rendrait malheureux. Ainsi on leur donne des charges et des affaires qui les font tracasser dès la pointe du jour. - Voilà, direz-vous, une étrange manière de les rendre heureux ! Que pourrait-on faire de mieux pour les rendre malheureux ? - Comment ! ce qu’on pourrait faire ? Il ne faudrait que leur ôter tous ces soins, car alors ils se verraient, ils penseraient à ce qu’ils sont, d’où ils viennent, où ils vont ; et ainsi on ne peut trop les occuper et les détourner, et c’est pourquoi, après leur avoir tant préparé d’affaires, s’ils ont quelque temps de relâche, on leur conseille, de l’employer à se divertir, à jouer, et à s’occuper toujours tout entier. Que le coeur de l’homme est creux et plein d’ordure (1).

PASCAL

(1) Ordure : impureté

1997 S ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT L’homme peut-il être humain sans la présence d’autrui ?

1997 S ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT Le sentiment du beau est-il communicable ?

1997 S ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT Tous les bons esprits répètent (...) qu’il n’y a de connaissances réelles que celles qui reposent sur des faits observés. Cette maxime fondamentale est évidemment incontestable, si on l’applique, comme il convient, à l’état viril (1) de notre intelligence. Mais en se reportant à la formation de nos connaissances, il n’en est pas moins certain que l’esprit humain, dans son état primitif, ne pouvait ni ne devait penser ainsi. Car, si d’un côté toute théorie positive doit nécessairement être fondée sur des observations, il est également sensible, d’un autre côté, que, pour se livrer à l’observation, notre esprit a besoin d’une théorie quelconque. Si, en contemplant les phénomènes, nous ne les rattachions point immédiatement à quelques principes, non seulement il nous serait impossible de combiner ces observations isolées, et, par conséquent, d’en tirer aucun fruit, mais nous serions même entièrement incapables de les retenir, et, le plus souvent, les faits resteraient inaperçus sous nos yeux.

COMTE

(1) viril : est à prendre au sens de "développé" ou "évolué"

1997 TECHN. ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT Le droit et la morale obligent-ils de la même façon ?

1997 TECHN. ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT Peut-on à la fois préserver et dominer la nature ?

1997 TECHN. ÉTRANGER GROUPE 1 REMPLACEMENT L’activité du génie ne paraît pas le moins du monde quelque chose de foncièrement différent de l’activité de l’inventeur en mécanique, du savant astronome ou historien, du maître en tactique. Toutes ces activités s’expliquent si l’on se représente des hommes dont la pensée est active dans une direction unique, qui utilisent tout comme matière première, qui ne cessent d’observer diligemment (1) leur vie intérieure et celle d’autrui, qui ne se lassent pas de combiner leurs moyens. Le génie ne fait rien que d’apprendre d’abord à poser des pierres, ensuite à bâtir, que de chercher toujours des matériaux et de travailler toujours à y mettre la forme. Toute activité de l’homme est compliquée à miracles, non pas seulement celle du génie, mais aucune n’est un "miracle" - D’où vient donc cette croyance qu’il n’y a de génie que chez l’artiste, l’orateur et le philosophe ? qu’eux seuls ont une "intuition" ? Les hommes ne parlent intentionnellement de génie que là où les effets de la grande intelligence leur sont le plus agréables et où ils ne veulent pas d’autre part éprouver d’envie. Nommer quelqu’un "divin" c’est dire : "ici nous n’avons pas à rivaliser". En outre, tout ce qui est fini, parfait, excite l’étonnement, tout ce qui est en train de se faire est déprécié. Or, personne ne peut voir dans l’oeuvre de l’artiste comment elle s’est faite ; c’est son avantage, car partout où l’on peut assister à la formation, on est un peu refroidi...

NIETZSCHE

(1) avec une attention passionnée.

QUESTIONS :

1° Dégagez la thèse du texte.

2° Expliquez les passages suivants du texte :

a) "Le génie ne fait rien que d’apprendre d’abord à poser des pierres, ensuite à bâtir, que de chercher toujours des matériaux et de travailler toujours à y mettre la forme" ;

b) "Mais aucune n’est un miracle" ;

c) "Les hommes ne parlent intentionnellement de génie que là où les effets de la grande intelligence leur sont le plus agréables et où ils ne veulent pas d’autre part éprouver d’envie".

3° L’activité du génie diffère-t-elle de toutes les autres comme on le pense généralement ?

1997 TECHN. GROUPEMENTS I-IV NORMALE L’homme est-il le produit de son histoire ?

1997 TECHN. GROUPEMENTS I-IV NORMALE Les hommes peuvent-ils en même temps être libres et égaux ?

1997 TECHN. GROUPEMENTS I-IV NORMALE N’est-ce pas ce qui fait la souveraineté de la culture musicale : rien ne pénètre davantage au fond de l’âme que le rythme et l’harmonie, rien ne s’attache plus fortement à elle en apportant la beauté ? Elle la rend belle, si du moins elle a été correctement pratiquée ; car, dans le contraire, c’est l’inverse.

D’un autre côté, celui qui l’a pratiquée comme il faut est tout particulièrement sensible à l’imperfection des oeuvres mal travaillées ou mal venus ; c’est à bon droit qu’il s’en détourne avec irritation pour accorder son approbation à celles qui sont belles ; y prenant plaisir et les accueillant en son âme, il s’en nourrit et devient homme accompli, c’est à bon droit qu’il dénonce la laideur et la prend en haine, tout jeune encore et avant même d’être capable de raisonner ; et lorsque la raison lui vient, celui qui a reçu une telle culture est tout disposé à lui accorder l’accueil empressé qu’on réserve à un parent proche.

PLATON

1° Dégagez l’idée directrice et les étapes de l’argumentation de ce texte.

2° Expliquez : "Rien ne pénètre davantage au fond de l’âme que le rythme et l’harmonie” et “Celui qui l’a pratiquée comme il faut est tout particulièrement sensible à l’imperfection des oeuvres mal travaillées".

3° L’art rend-il l’homme meilleur ?

1997 ES GROUPEMENTS II-III NORMALE L’histoire est-elle ce qui arrive à l’homme ou ce qui arrive par l’homme ?

1997 ES GROUPEMENTS II-III NORMALE Toute oeuvre d’art nous parle-t-elle de l’homme ?

1997 ES GROUPEMENTS II-III NORMALE L’effet naturel du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l’une a intérêt d’acheter, l’autre a intérêt de vendre, et toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels.

Mais si l’esprit de commerce unit les nations, il n’unit pas de même les particuliers. Nous voyons que dans les pays où l’on n’est affecté que de l’esprit de commerce, on trafique de toutes les actions humaines, et de toutes les vertus morales : les plus petites choses, celles que l’humanité demande, s’y font ou s’y donnent pour de l’argent.

L’esprit de commerce produit dans les hommes un certain sentiment de justice exacte, opposé d’un côté au brigandage, et de l’autre à ces vertus morales qui font qu’on ne discute pas toujours ses intérêts avec rigidité, et qu’on peut les négliger pour ceux des autres.

MONTESQUIEU

1997 TECHN. GROUPEMENTS II-III NORMALE La conscience d’être libre peut-elle être illusoire ?

1997 TECHN. GROUPEMENTS II-III NORMALE Peut-on se passionner pour la vérité ?

1997 TECHN. GROUPEMENTS II-III NORMALE S’il n’y a pas d’histoire proprement dite là où les événements dérivent nécessairement et régulièrement les uns des autres, en vertu des lois constantes par lesquelles le système est régi (...), il n’y a pas non plus d’histoire, dans le vrai sens du mot, pour une suite d’événements qui seraient sans aucune liaison entre eux. Ainsi les registres (1) d’une loterie publique pourraient offrir une succession de coups singuliers, quelquefois piquants pour la curiosité, mais ne constitueraient pas une histoire : car les coups se succèdent sans s’enchaîner, sans que les premiers exercent aucune influence sur ceux qui les suivent, à peu prés comme dans ces annales où les prêtres de l’Antiquité avaient soin de consigner les monstruosités et les prodiges à mesure qu’ils venaient à leur connaissance. Tous ces événements merveilleux, sans liaison les uns avec les autres, ne peuvent former une histoire dans le vrai sens du terme, quoiqu’ils se succèdent suivant un certain ordre chronologique.

COURNOT

(1) registres = annales

QUESTIONS :

1° Dégagez l’idée directrice et les étapes de l’argumentation de ce texte.

2°Expliquez : "Il n’y a pas d’histoire là où les événements dérivent nécessairement et régulièrement les uns des autres" et "Tous ces événements merveilleux, sans liaison les uns avec les autres, ne peuvent former une histoire".

3° Pourquoi la compréhension de l’histoire ne peut-elle se réduire à une simple chronologie ?

1997 ES INDE NORMALE Suffit-il d’être conscient de ses actes pour en être responsable ?

1997 ES INDE NORMALE Une société juste peut-elle s’accommoder d’inégalités ?

1997 ES INDE NORMALE Rien de plus singulier que le personnage de Hamlet (1). S’il ressemble par certains côtés à d’autres hommes, ce n’est pas par là qu’il nous intéresse le plus. Mais il est universellement accepté, universellement tenu pour vivant. C’est en ce sens seulement qu’il est d’une vérité universelle. De même pour les autres produits de l’art. Chacun d’eux est singulier, mais il finira, s’il porte la marque du génie, par être accepté de tous le monde. Pourquoi l’accepte-t-on ? Et s’il est unique en son genre, à quel signe reconnaît-on qu’il est vrai ? Nous le reconnaissons, je crois, à l’effort même qu’il nous amène à faire sur nous pour voir sincèrement à notre tour. La sincérité est communicative. Ce que l’artiste a vu, nous ne le reverrons pas, sans doute, du moins pas tout à fait de même, mais s’il a vu pour tout de bon, l’effort qu’il a fait pour écarter le voile s’impose à notre imitation. Son oeuvre est un exemple qui nous sert de leçon. Et à l’efficacité de la leçon se mesure précisément la vérité de l’oeuvre. La vérité porte donc en elle une puissance de conviction, de conversion même, qui est la marque à laquelle elle se reconnaît. Plus grande est l’oeuvre et plus profonde la vérité entrevue, plus l’effet pourra s’en faire attendre, mais plus aussi cet effet tendra à devenir universel.

BERGSON

1997 L INDE NORMALE Dissiper une illusion, est-ce seulement corriger une erreur ?

1997 L INDE NORMALE Qu’est-ce qu’un homme de bonne volonté ?

1997 L INDE NORMALE La perception est exactement une anticipation de nos mouvements et de leurs effets. Et sans doute la fin est toujours d’obtenir ou d’écarter quelque sensation, comme si je veux cueillir un fruit ou éviter le choc d’une pierre. Bien percevoir, c’est connaître d’avance quel mouvement j’aurai à faire pour arriver à ces fins. Celui qui perçoit bien sait d’avance ce qu’il a faire. Le chasseur perçoit bien qu’il sait retrouver ses chiens qu’il entend, il perçoit bien qu’il sait atteindre la perdrix qui s’envole. L’enfant perçoit mal lorsqu’il veut saisir la lune entre ses mains et ainsi du reste. Donc ce qu’il y a de vrai ou de douteux, ou de faux dans la perception, c’est cette évaluation, si sensible surtout à la vue dans la perspective et le relief, mais sensible aussi pour l’ouïe et l’odorat, et même sans doute pour un toucher exercé, quand les mains d’un aveugle palpent. Quand à la sensation elle-même, elle n’est ni douteuse, ni fausse ni par conséquent vraie ; elle est actuelle (1) toujours dès qu’on l’a. Ainsi ce qui est faux dans la perception d’un fantôme, ce n’est point ce que nos yeux nous font éprouver, lueur fugitive ou tache colorée, mais bien notre anticipation. Voir un fantôme c’est supposer, d’après les impressions visuelles, qu’en allongeant la main on toucherait quelque être animé (...). Mais pour ce que j’éprouve actuellement, sans aucun doute je l’éprouve ; il n’y a point de science de cela puisqu’il n’y a point d’erreur de cela.

Toute étude de ce que je ressens consiste toujours à savoir ce que cela signifie et comment cela varie avec mes mouvements.

ALAIN

(1) c’est-à-dire réelle

1997 S INDE NORMALE Faut-il travailler pour être heureux ?

1997 S INDE NORMALE La recherche scientifique est-elle une recherche de la vérité ?

1997 S INDE NORMALE Lorsqu’on déclare voir l’avenir, ce que l’on voit, ce ne sont pas les événements eux-mêmes, qui ne sont pas encore, autrement dit qui sont futurs, ce sont leurs causes ou peut-être leurs signes qui les annoncent et qui les uns et les autres existent déjà : ils ne sont pas futurs, mais déjà présents aux voyants et c’est grâce à eux que l’avenir est conçu par l’esprit et prédit. Ces conceptions existent déjà, et ceux qui prédisent l’avenir les voient présentes en eux-mêmes.

Je voudrais faire appel à l’éloquence d’un exemple pris entre une foule d’autres. Je regarde l’aurore, j’annonce le proche lever du soleil. Ce que j’ai sous les yeux est présent, ce que j’annonce est futur : non point le soleil qui est déjà, mais son lever qui n’est pas encore. Pourtant si je n’avais pas une image mentale de ce lever même, comme à cet instant où j’en parle, il me serait impossible de le prédire. Mais cette aurore que j’aperçois dans le ciel n’est pas le lever du soleil, bien qu’elle le précède, pas davantage ne l’est l’image que je porte dans mon esprit : seulement toutes les deux sont présentes, je les vois et ainsi je puis dire d’avance ce qui va se passer. L’avenir n’est donc pas encore ; s’il n’est pas encore, il n’est pas et s’il n’est pas, il ne peut absolument pas se voir, mais on peut le prédire d’après les signes présents qui sont déjà et qui se voient.

AUGUSTIN

1997 TECHN. INDE NORMALE La raison a-t-elle besoin de douter ?

1997 TECHN. INDE NORMALE Une oeuvre d’art s’adresse-t-elle seulement aux hommes de son temps ?

1997 TECHN. INDE NORMALE Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l’obéissance, il assure l’ordre ; par la résistance, il assure la liberté. Et il est bien clair que l’ordre et la liberté ne sont point séparables, car le jeu des forces, c’est-à-dire la guerre privée à toute minute, n’enferme aucune liberté ; c’est une vie animale, livrée à tous hasards. Donc les deux termes, ordre et liberté, sont bien loin d’être opposés ; j’aime mieux dire qu’ils sont corrélatifs. La liberté ne va pas sans l’ordre, l’ordre ne vaut rien sans la liberté. Obéir en résistant, c’est tout le secret. Ce qui détruit l’obéissance est anarchie ; ce qui détruit la résistance est tyrannie. Ces deux maux s’appellent, car la tyrannie employant la force contre les opinions, les opinions, en retour, emploient la force contre la tyrannie, et, inversement, quand la résistance devient désobéissance, les pouvoirs ont beau jeu pour écraser la résistance, et ainsi deviennent tyranniques. Dès qu’un pouvoir use de force pour tuer la critique, il est tyrannique.

ALAIN

QUESTIONS :

1° Dégagez l’idée générale du texte et précisez la structure de son argumentation.

2° Expliquez :

a) “Le jeu des forces, (...) n’enferme aucune liberté” ;

b) “Ce qui détruit l’obéissance est anarchie, ce qui détruit la résistance est tyrannie”.

3° Dans un développement progressif et argumenté, vous vous efforcerez de délimiter un droit du citoyen à la résistance.

1997 ES JAPON NORMALE Un artiste doit-il être original ?

1997 ES JAPON NORMALE Qu’est-ce qu’être maître de soi ?

1997 ES JAPON NORMALE Radicale est la différence entre la conscience de l’animal, même le plus intelligent, et la conscience humaine. Car la conscience correspond exactement à la puissance de choix dont l’être dispose, elle est coextensive (1) à la frange d’action possible qui entoure l’action réelle : conscience est synonyme d’invention et de liberté. Or, chez l’animal, l’invention n’est jamais qu’une variation sur le thème de la routine. Enfermé dans les habitudes de l’espèce, il arrivera sans doute à les élargir par son initiative individuelle ; mais il n’échappe à l’automatisme que pour un instant, juste le temps de créer un automatisme nouveau : les portes de sa prison se referment aussitôt ouvertes ; en tirant sur sa chaîne, il ne réussit qu’à l’allonger. Avec l’homme, la conscience brise la chaîne. Chez l’homme, et chez l’homme seulement, elle se libère.

BERGSON

(1) coextensive : dont l’étendue coïncide avec

1997 L JAPON NORMALE Faire ce qu’on veut, est-ce faire ce qui plaît ?

1997 L JAPON NORMALE La connaissance commune est-elle, pour la connaissance scientifique, un point d’appui ou un obstacle ?

1997 L JAPON NORMALE Il n’y a donc pas et il ne saurait y avoir de régime politique absolument préférable à tous les autres, il y a seulement des états de civilisation plus perfectionnés les uns que les autres. Les institutions bonnes à une époque peuvent être et sont même le plus souvent mauvaises à une autre, et réciproquement. Ainsi, par exemple, l’esclavage, qui est aujourd’hui une monstruosité, était certainement, à son origine, une très belle institution, puisqu’elle avait pour objet d’empêcher le fort d’égorger le faible ; c’était un intermédiaire inévitable dans le développement général de la civilisation.

De même, en sens inverse, la liberté, qui, dans une proportion raisonnable, est si utile à un individu et à un peuple qui ont atteint un certain degré d’instruction et contracté quelques habitudes de prévoyance, parce qu’elle permet le développement de leurs facultés, est très nuisible à ceux qui n’ont pas encore rempli ces deux conditions, et qui ont indispensablement besoin, pour eux-mêmes autant que pour les autres, d’être tenus en tutelle. Il est donc évident qu’on ne saurait s’entendre sur la question absolue du meilleur gouvernement possible.

COMTE

1997 TECHN. LA RÉUNION NORMALE Dire à quelqu’un "sois naturel", est-ce lui donner un bon conseil ?

1997 TECHN. LA RÉUNION NORMALE La conscience est-elle ce qui me rend libre ?

1997 TECHN. LA RÉUNION NORMALE Ce n’est pas pour tenir l’homme par la crainte et faire qu’il appartienne à un autre, que l’État est institué ; au contraire, c’est pour libérer l’individu de la crainte, pour qu’il vive autant que possible en sécurité, c’est-à-dire conserve aussi bien qu’il se pourra, sans dommage pour autrui, son droit naturel d’exister et d’agir. Non, je le répète, la fin de l’État n’est pas de faire passer les hommes de la condition d’êtres raisonnables à celle de bêtes brutes ou d’automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps s’acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu’eux-mêmes usent d’une raison libre, pour qu’ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu’ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l’État est donc en réalité la liberté.

SPINOZA

QUESTIONS :

1° Quelle est l’idée principale du texte ?

2° Expliquer :

a) “ce n’est pas pour tenir l’homme par la crainte (...) que l’État est institué” ;

b) “son droit naturel d’exister et d’agir” ;

c) “la fin de l’État”.

3° Peut-on concilier le pouvoir de l’État et la liberté individuelle ?

1997 ES MÉTROPOLE NORMALE La vérité est-elle contraignante ou libératrice ?

1997 ES MÉTROPOLE NORMALE Le respect n’est-il dû qu’à la personne ?

1997 ES MÉTROPOLE NORMALE À quoi vise l’art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poète et le romancier qui expriment un état d’âme ne le créent certes pas de toutes pièces, ils ne seraient pas compris de nous si nous n’observions pas en nous, jusqu’à un certain point, ce qu’ils nous disent d’autrui. Au fur et à mesure qu’ils nous parlent, des nuances d’émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraient invisibles : telle, l’image photographique qui n’a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera. Le poète est ce révélateur. Mais nulle part la fonction de l’artiste ne se montre aussi clairement que dans celui des arts qui fait la plus large place à l’imitation, je veux dire la peinture. Les grands peintres sont des hommes auxquels remonte une certaine vision des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes.

BERGSON

1997 L MÉTROPOLE NORMALE Si le droit est relatif au temps et aux lieux, faut-il renoncer à l’idée d’une justice universelle ?

1997 L MÉTROPOLE NORMALE Dans quels domaines est-il légitime de prendre la nature comme modèle ?

1997 L MÉTROPOLE NORMALE Il me semble que l’erreur qu’on commet le plus ordinairement touchant les désirs est qu’on ne distingue pas assez les choses qui dépendent entièrement de nous de celles qui n’en dépendent point : car, pour celles qui ne dépendent que de nous, c’est-à-dire de notre libre arbitre, il suffit de savoir qu’elles sont bonnes pour ne les pouvoir désirer avec trop d’ardeur, à cause que c’est suivre la vertu que de faire les choses bonnes qui dépendent de nous, et il est certain qu’on ne saurait avoir un désir trop ardent pour la vertu, outre que ce que nous désirons en cette façon ne pouvant manquer de nous réussir, puisque c’est de nous seuls qu’il dépend, nous en recevons toujours toute la satisfaction que nous en avons attendue. Mais la faute qu’on a coutume de commettre en ceci n’est jamais qu’on désire trop, c’est seulement qu’on désire trop peu ; et le souverain remède contre cela est de délivrer l’esprit autant qu’il se peut de toutes sortes d’autres désirs moins utiles, puis de tâcher de connaître bien clairement et de considérer avec attention la bonté de ce qui est à désirer.

DESCARTES

1997 S MÉTROPOLE NORMALE L’imaginaire et le réel se contredisent-ils ?

1997 S MÉTROPOLE NORMALE Ne doit-on tenir pour vrai que ce qui est scientifiquement prouvé ?

1997 S MÉTROPOLE NORMALE Peut-on changer le cours de l’histoire ?

1997 S MÉTROPOLE NORMALE Les hommes peuvent-ils avoir des droits sans avoir des devoirs ?

1997 S MÉTROPOLE NORMALE Il y a (...) deux vues classiques. L’une consiste à traiter l’homme comme le résultat des influences physiques, physiologiques et sociologiques qui le détermineraient du dehors et feraient de lui une chose entre les choses. L’autre consiste à reconnaître dans l’homme, en tant qu’il est esprit et construit la représentation des causes mêmes qui sont censées agir sur lui, une liberté acosmique (1). D’un côté l’homme est une partie du monde, de l’autre il est conscience constituante du monde. Aucune de ces deux vues n’est satisfaisante. À la première on opposera toujours (...) que si l’homme était une chose entre les choses, il ne saurait en connaître aucune, puisqu’il serait, comme cette chaise ou comme cette table, enfermé dans ses limites, présent en un certain lieu de l’espace et donc incapable de se les représenter tous. Il faut lui reconnaître une manière d’être très particulière, l’être intentionnel, qui consiste à viser toutes choses et à ne demeurer en aucune. Mais si l’on voulait conclure de là que par notre fond nous sommes esprit absolu, on rendrait incompréhensibles nos attaches corporelles et sociales, notre insertion dans le monde, on renoncerait à penser la condition humaine.

MERLEAU-PONTY

(1) liberté acosmique : qui ne dépend pas de notre "insertion dans le monde".

1997 S MÉTROPOLE NORMALE C’est beaucoup que d’avoir fait régner l’ordre et la paix dans toutes les parties de la république ; c’est beaucoup que l’État soit tranquille et la loi respectée : mais si l’on ne fait rien de plus, il y aura dans tout cela plus d’apparence que de réalité, et le gouvernement se fera difficilement obéir s’il se borne à l’obéissance. S’il est bon de savoir employer les hommes tels qu’ils sont ; il vaut beaucoup mieux encore les rendre tels qu’on a besoin qu’ils soient, l’autorité la plus absolue est celle qui pénètre jusqu’à l’intérieur de l’homme, et ne s’exerce pas moins sur la volonté que sur les actions. Il est certain que les peuples sont à la longue ce que le gouvernement les fait être. Guerriers, citoyens, hommes, quand il le veut ; populace et canaille quand il lui plaît : et tout prince qui méprise ses sujets se déshonore lui même en montrant qu’il n’a pas su les rendre estimables. Formez donc des hommes si vous voulez commander à des hommes : si vous voulez qu’on obéisse aux lois, faites qu’on les aime, et que pour faire ce qu’on doit, il suffise de songer qu’on doit le faire.

ROUSSEAU

1997 ES MÉTROPOLE REMPLACEMENT L’art peut-il nous affranchir de l’ordre du temps ?

1997 ES MÉTROPOLE REMPLACEMENT Les vérités scientifiques ne sont-elles que conventionnelles ?

1997 ES MÉTROPOLE REMPLACEMENT Je puis vouloir une éclipse, ou simplement un beau soleil qui sèche le grain, au lieu de cette tempête grondeuse et pleureuse, je puis, à force de vouloir, espérer et croire enfin que les choses iront comme je veux ; mais elles vont leur train. D’où je vois bien que ma prière est d’un nigaud. Mais quand il s’agit de mes frères les hommes, ou de mes soeurs les femmes, tout change. Ce que je crois finit souvent par être vrai. Si Je me crois haï, je serai haï ; pour l’amour de même. Si je crois que l’enfant que j’instruis est incapable d’apprendre, cette croyance écrite dans mes regards et dans mes discours le rendra stupide, au contraire, ma confiance et mon attente est comme un soleil qui mûrira les fleurs et les fruits du petit bonhomme. Je prête, dites-vous, à la femme que j’aime, des vertus qui elle n’a point, mais si elle sait que je crois en elle, elle les aura. Plus ou moins, mais il faut essayer ; il faut croire. Le peuple, méprisé, est bientôt méprisable, estimez-le, il s’élèvera. La défiance a fait plus d’un voleur ; une demi-confiance est comme une injure ; mais si je savais la donner toute, qui donc me tromperait ? Il faut donner d’abord.

ALAIN

1997 L MÉTROPOLE REMPLACEMENT Un art peut-il se passer de règles ?

1997 L MÉTROPOLE REMPLACEMENT Les hommes font-ils leur propre histoire ?

1997 L MÉTROPOLE REMPLACEMENT Supposons que quelqu’un affirme, en parlant de son penchant au plaisir, qu’il lui est tout à fait possible d’y résister quand se présentent l’objet aimé et l’occasion : si, devant la maison où il rencontre cette occasion, une potence était dressée pour l’y attacher aussitôt qu’il aurait satisfait sa passion, ne triompherait-il pas alors de son penchant ? On ne doit pas chercher longtemps ce qu’il répondrait. Mais demandez-lui si, dans le cas où son prince lui ordonnerait, en le menaçant d’une mort immédiate, de porter un faux témoignage contre un honnête homme qu’il voudrait perdre sous un prétexte plausible, il tiendrait comme possible de vaincre son amour pour la vie, si grand qu’il puisse être. Il n’osera peut-être assurer qu’il le ferait ou qu’il ne le ferait pas, mais il accordera sans hésiter que cela lui est possible. Il juge donc qu’il peut faire une chose, parce qu’il a conscience qu’il doit le faire et reconnaît ainsi sa liberté qui, sans loi morale, lui serait restée inconnue.

KANT

1997 S MÉTROPOLE REMPLACEMENT L’histoire peut-elle justifier le mal ?

1997 S MÉTROPOLE REMPLACEMENT L’artiste doit-il chercher à plaire ?

1997 S MÉTROPOLE REMPLACEMENT Ce qui exigeait un génie vraiment supérieur, c’était de chercher et de découvrir dans les phénomènes les plus vulgaires, dans la chute d’une pierre, dans les balancements d’une lampe suspendue, ce que tant de philosophes, tant de docteurs, tant de raisonneurs sur les choses divines et humaines avaient eu sous les yeux depuis des milliers d’années, sans songer qu’il y eût là quelque chose à chercher et à découvrir. De tout temps le genre humain avait senti le besoin de l’observation et de l’expérience, avait vécu d’observations bien ou mal conduites, rattachées tant bien que mal à des théories plus ou moins aventureuses : mais l’expérience précise, numérique, quantitative, et surtout l’expérience indirecte qui utilise les relations mathématiques pour mesurer, à l’aide de grandeurs sur lesquelles nos sens et nos instruments ont prise, d’autres grandeurs insaisissables directement, à cause de leur extrême grandeur ou de leur extrême petitesse, voilà ce dont les plus doctes n’avaient pas l’idée. On ne songeait pas à diriger systématiquement l’expérience, de manière à forcer la Nature à livrer son secret, à dévoiler la loi mathématique, simple et fondamentale, qui se dérobe à la faiblesse de nos sens ou que masque la complication des phénomènes.

COURNOT

1997 TECHN. MÉTROPOLE REMPLACEMENT L’ignorance est-elle une excuse ?

1997 TECHN. MÉTROPOLE REMPLACEMENT Faut-il enterrer le passé ?

1997 TECHN. MÉTROPOLE REMPLACEMENT Si dans une Cité les sujets ne prennent pas les armes parce qu’ils sont sous l’empire de la terreur, on doit dire, non que la paix y règne, mais plutôt que la guerre n’y règne pas. La paix en effet n’est pas la simple absence de guerre, elle est une vertu qui a son origine dans la force d’âme car l’obéissance est une volonté constante de faire ce qui, suivant le droit de la cité, doit être fait. Une Cité (...) où la paix est un effet de l’inertie des sujets conduits comme un troupeau et formés uniquement à la servitude, peut être appelée "solitude", plutôt que "Cité".

Quand nous disons que l’État le meilleur est celui où les hommes vivent dans la concorde, j’entends qu’ils vivent d’une vie proprement humaine, d’une vie qui ne se définit point par la circulation du sang et l’accomplissement des autres fonctions communes à tous les autres animaux.

SPINOZA

1° Dégagez l’idée directrice et les étapes de l’argumentation de ce texte.

2° Expliquez :

a) “La paix n’est pas la simple absence de guerre” ;

b) “faire ce qui, suivant le droit de la Cité, doit être fait” ;

c) “ils vivent d’une vie proprement humaine...”.

3° Peut-on être libre sans exercer sa citoyenneté ?

1997 L MÉTROPOLE SECOURS À quoi reconnaît-on l’humanité en chaque homme ?

1997 L MÉTROPOLE SECOURS Le savoir exclut-il toute forme de croyance ?

1997 L MÉTROPOLE SECOURS À quoi vise l’art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poète et le romancier qui expriment un état d’âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n’observions pas en nous, jusqu’à un certain point, ce qu’ils nous disent d’autrui. Au fur et à me sure qu’ils nous parlent, des nuances d’émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraient invisibles : telle, l’image photographique qui n’a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera. Le poète est ce révélateur. Mais nulle part la fonction de l’artiste ne se montre aussi clairement que dans celui des arts qui fait la plus large place à l’imitation, je veux dire la peinture. Les grands peintres sont des hommes auxquels remonte une certaine vision des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes.

BERGSON

1997 ES POLYNÉSIE NORMALE Pourquoi un fait devrait-il être établi ?

1997 ES POLYNÉSIE NORMALE S’il y a une beauté naturelle, rend-elle l’art inutile ?

1997 ES POLYNÉSIE NORMALE A un esclave, oui, je donnerais des conseils, et s’il arrivait qu’il ne consente pas à les suivre, je l’y contraindrais. Mais un père ou une mère, je tiens pour impie de les contraindre sauf en cas de folie. En revanche, s’ils mènent une vie régulière, qui leur plaît à eux, mais pas à moi, il ne faut ni les irriter en vain par des reproches ni, bien sûr, se mettre à leur service, fût-ce pour les flatter, en leur procurant la satisfaction de désirs, alors que personnellement je n’accepterais pas de vivre en chérissant de tels désirs. C’est donc en ayant le même état d’esprit à l’égard de la cité qui est la sienne que doit vivre le sage. Si le régime politique de cette cité ne lui semble pas être bon, qu’il le dise, si, en le disant, il ne doit ni parler en vain ni risquer la mort, mais qu’il n’use pas contre sa patrie de la violence qu’entraîne un renversement du régime politique. Quand il n’est pas possible d’assurer l’avènement du meilleur (régime politique) sans bannir et sans égorger les hommes, il vaut mieux rester tranquille et prier pour son bien personnel et pour celui de la cité.

PLATON

1997 S POLYNÉSIE NORMALE Le passionné est-il l’ennemi de lui-même ?

1997 S POLYNÉSIE NORMALE À quoi peut-on reconnaître la vérité ?

1997 S POLYNÉSIE NORMALE Cette espérance en des temps meilleurs, sans laquelle jamais un réel désir d’accomplir quelque chose qui aille dans le sens du bien général n’aurait enflammé le coeur humain, a aussi toujours eu une influence sur l’activité des bons esprits. (...) Malgré le triste spectacle non pas tant des maux d’origine naturelle qui pèsent sur le genre humain, que de ceux que les hommes s’infligent à eux mêmes les uns les autres, l’esprit s’éclaire pourtant devant la perspective que l’avenir sera peut-être meilleur, et il le fait certes avec une bienveillance désintéressée, étant donné que nous serons depuis longtemps dans la tombe et ne récolterons pas les fruits de ce nous aurons nous-mêmes en partie semé. Les arguments empiriques déployés contre le succès de ces résolutions inspirées par l’espoir sont ici sans effet. Car la proposition selon laquelle ce qui jusqu’à maintenant n’a pas encore réussi ne doit pour cette raison jamais réussir non plus, ne justifie même pas qu’on abandonne une intention pragmatique (1) ou technique (comme par exemple les voyages aériens avec des ballons aérostatiques), mais encore moins qu’on abandonne une intention morale qui, dès que sa réalisation ne peut pas être démontrée impossible, devient un devoir.

KANT

(1) pragmatique est à prendre au sens d’utilitaire

1997 L POLYNÉSIE REMPLACEMENT Une passion peut-elle résister au temps ?

1997 L POLYNÉSIE REMPLACEMENT Y a-t-il un droit à l’erreur ?

1997 L POLYNÉSIE REMPLACEMENT A l’égard de l’égalité, il ne faut pas entendre par ce mot que les degrés de puissance et de richesse soient absolument les mêmes, mais que, quant à la puissance, elle soit au-dessous de toute violence et ne s’exerce jamais qu’en vertu du rang et des lois, et, quant à la richesse, que nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir acheter un autre, et nul assez pauvre pour être contraint de se vendre. Ce qui suppose, du côté des grands, modération de biens et de crédit, et du côté des petits, modération d’avarice et de convoitise. Cette égalité, disent-ils (1), est une chimère de spéculation qui ne peut exister dans la pratique. Mais si l’abus est inévitable, s’ensuit-il qu’il ne faille pas au moins le régler ? C’est précisément parce que la force des choses tend toujours à détruire l’égalité que la force de la législation doit toujours tendre à la maintenir.

ROUSSEAU

(1) disent-ils : dira-t-on

1997 ES SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE L’erreur a-t-elle un rôle dans l’élaboration de la vérité ?

1997 ES SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE Étudier l’économie, est-ce étudier l’homme ?

1997 ES SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE Tu oublies encore une fois, mon ami, que la loi ne se préoccupe pas d’assurer un bonheur exceptionnel à une classe de citoyens, mais qu’elle s’efforce de réaliser le bonheur de la cité toute entière, en unissant les citoyens par la persuasion ou la contrainte, et en les amenant à se faire part les uns aux autres des avantages que chaque classe peut apporter à la communauté ; et que, si elle forme de tels hommes dans la cité, ce n’est point pour les laisser libres de se tourner du côté qu’il leur plaît, mais pour les faire concourir à fortifier le lien de l’État.

PLATON

1997 L SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE Les valeurs morales sont-elles relatives ?

1997 L SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE Choisit-on d’être celui qu’on est ?

1997 L SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE Il faut toujours remonter de l’apparence à la chose ; il n’y a point au monde de lunette ni d’observatoire d’où l’on voit autre chose que des apparences. La perception droite, ou, si l’on veut, la science, consiste à se faire une idée exacte de la chose, d’après laquelle idée on pourra expliquer toutes les apparences. Par exemple, on peut penser le soleil à deux cents pas en l’air ; on expliquera ainsi qu’il passe au-dessus des arbres et de la colline, mais on n’expliquera pas bien que les ombres soient toutes parallèles ; on expliquera encore moins que le soleil se couche au delà des objets les plus lointains ; on n’expliquera nullement comment deux visées vers le centre du soleil, aux deux extrémités d’une base de cent mètres, soient comme parallèles. Et, en suivant cette idée, on arrive peu à peu à reculer le soleil, d’abord au delà de la lune, et ensuite bien loin au delà de la lune, d’où l’on conclura que le soleil est fort gros. Je ne vois point que le soleil est bien plus gros que la terre, mais je pense qu’il est ainsi. Il n’y a point d’instrument qui me fera voir cette pensée comme vraie. Cette remarque assez simple mettrait sans doute un peu d’ordre dans ces discussions que l’on peut lire partout sur la valeur des hypothèses scientifiques. Car ceux qui se sont instruits trop vite et qui n’ont jamais réfléchi sur des exemples simples, voudraient qu’on leur montre la vérité comme on voit la lune grossie dans une lunette.

ALAIN

1997 S SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE Avons-nous besoin de rêver ?

1997 S SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE L’État doit-il être sans pitié ?

1997 S SPORTIFS HAUT NIVEAU NORMALE Il semble que le savoir scientifique acquis soit toujours essayé, toujours contrôlé, toujours critiqué. Un peu de doute potentiel reste toujours en réserve dans les notions scientifiques (...). On ne l’élimine pas par une expérience réussie. Il pourra renaître, s’actualiser quand une autre expérience est rencontrée. Et, précisément, à la différence de la connaissance commune, la connaissance scientifique est faite de la rencontre d’expériences nouvelles ; elle prend son dynamisme de la provocation d’expériences qui débordent le champ d’expériences anciennes. On n’est donc jamais sûr que ce qui fut fondamental le restera. Le dogmatisme scientifique est un dogmatisme qui s’émousse. Il peut trancher un débat actuel et cependant être un embarras quand l’expérience enjoint de "remettre en question" une notion. Tout savoir scientifique est ainsi soumis à une autocritique. On ne s’instruit, dans les sciences modernes, qu’en critiquant sans cesse son propre savoir.

BACHELARD

1997 TECHN. SPORTIFS HAUT NIVEAU REMPLACEMENT En quel sens peut-on dire que la vérité s’impose ?

1997 TECHN. SPORTIFS HAUT NIVEAU REMPLACEMENT La loi est-elle une garantie contre l’injustice ?

1997 TECHN. SPORTIFS HAUT NIVEAU REMPLACEMENT Il existe un préjugé très répandu, d’après lequel l’art a débuté par le simple et le naturel. Ceci peut être vrai dans une certaine mesure, car, par rapport à l’art, le grossier et le sauvage constituent le plus simple ; les vrais débuts, tels que les conçoit l’art, sont tout autre chose. Les débuts simples et naturels, au sens du grossier et du sauvage, n’ont rien à voir avec l’art et la beauté, comme n’ont rien d’artistique les figures simples dessinées par les enfants, par exemple, qui, avec quelques traits informes, tracent une figure humaine, un cheval, etc. La beauté, en tant qu’oeuvre d’art, a besoin, dès ses débuts, d’une technique élaborée, exige de nombreux essais et un long exercice, et le simple, en tant que simplicité du beau, la grandeur idéale, est plutôt un résultat obtenu après de nombreuses médiations qui avaient pour but d’éliminer la variété, les exagérations, les confusions, le malaisé, sans que cette victoire se ressente des travaux préliminaires, du travail de préparation et d’élaboration, de façon que la beauté surgisse dans toute sa liberté, apparaisse comme faite d’une seule coulée.

HEGEL

QUESTIONS :

a) Quel préjugé Hegel combat-il dans ce texte ?

b) Comment établit-il la distinction entre deux forme de "naturel" ?

c) Quelle thèse soutient-il ?

2° Expliquez :

a) "la beauté, en tant qu’oeuvre d’art, a besoin, dès ses débuts, d’une technique élaborée" ;

b) "le simple (...) est plutôt un résultat obtenu après de nombreuses médiations".

3° Y a-t-il du naturel dans l’art ?

1998 ES AMÉRIQUE DU NORD NORMALE Peut-on dire des vérités scientifiques qu’elles sont provisoires ?

1998 ES AMÉRIQUE DU NORD NORMALE Est-ce l’ignorance de ce que nous sommes qui fait la force de nos passions ?

1998 ES AMÉRIQUE DU NORD NORMALE Il ne serait pas raisonnable de croire que les peuples se sont d’abord jetés entre les bras d’un maître absolu, sans conditions et sans retour, et que le premier moyen de pourvoir à la sûreté commune, qu’aient imaginé des hommes fiers et indomptés, a été de se précipiter dans l’esclavage. En effet, pourquoi se sont-ils donné des supérieurs, si ce n’est pour les défendre contre l’oppression, et protéger leurs biens, leurs libertés et leurs vies, qui sont, pour ainsi dire, les éléments constitutifs de leur être ? Or, dans les relations d’homme à homme, le pis qui puisse arriver à l’un étant de se voir à la discrétion de l’autre, n’eût-il pas été contre le bon sens de commencer par se dépouiller entre les mains d’un chef des seules choses, pour la conservation desquelles ils avaient besoin de son secours ? Quel équivalent eût-il pu leur offrir pour la concession d’un si beau droit ? et s’il eût osé l’exiger sous le prétexte de les défendre, n’eût-il pas aussitôt reçu la réponse de l’apologue (1) : "Que nous fera de plus l’ennemi ?" Il est donc incontestable, et c’est la maxime fondamentale de tout le droit politique, que les peuples se sont donné des chefs pour défendre leur liberté, et non pour les asservir.

ROUSSEAU

(1) apologue : petite fable visant à illustrer une leçon morale

1998 S AMÉRIQUE DU NORD NORMALE Qu’est-ce qu’un État libre ?

1998 S AMÉRIQUE DU NORD NORMALE Doit-on apprendre à devenir soi -même ?

1998 S AMÉRIQUE DU NORD NORMALE Quand se présente un objet ou un événement naturels, toute notre sagacité et toute notre pénétration sont impuissantes à découvrir ou même à conjecturer sans expérience quel événement en résultera ou à porter nos prévisions au-delà de l’objet immédiatement présent à la mémoire et aux sens. Même après un cas ou une expérience unique où nous avons observé qu’un événement en suivait un autre, nous ne sommes pas autorisés à former une règle générale ou à prédire ce qui arrivera dans des cas analogues ; car on tiendrait justement pour une impardonnable témérité de juger du cours entier de la nature par une expérience isolée, même précise ou certaine. Mais quand une espèce particulière d’événements a toujours, dans tous les cas, été conjointe à une autre, nous n’hésitons pas plus longtemps à prédire l’une à l’apparition de l’autre et à employer ce raisonnement qui peut seul nous apporter la certitude sur une question de fait ou d’existence. Nous appelons alors l’un des objets cause et l’autre effet. Nous supposons qu’il y a une connexion entre eux, et un pouvoir dans l’un qui lui fait infailliblement produire l’autre et le fait agir avec la plus grande certitude et la plus puissante nécessité.

HUME

1998 ES AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Obéir me dégage-t-il de toute responsabilité ?

1998 ES AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Faut-il recourir à la notion d’inspiration pour rendre compte de la production artistique ?

1998 ES AMÉRIQUE DU SUD NORMALE L’arithmétique n’est pas plus que la géométrie une promotion naturelle d’une raison immuable. L’arithmétique n’est pas fondée sur la raison. C’est la doctrine de la raison qui est fondée sur l’arithmétique élémentaire. Avant de savoir compter, je ne savais guère ce qu’était la raison. En général, l’esprit doit se plier aux conditions du savoir. Il doit créer en lui une structure correspondant à la structure du savoir. Il doit se mobiliser autour d’articulations qui correspondent aux dialectiques du savoir. Que serait une fonction sans des occasions de fonctionner ? Que serait une raison sans des occasions de raisonner ? La pédagogie de la raison doit donc profiter de toutes les occasions de raisonner. Elle doit chercher la variété des raisonnements, ou mieux du raisonnement [...]. La raison, encore une fois, doit obéir à la science.

BACHELARD

1998 L AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Prendre son temps est-ce le perdre ?

1998 L AMÉRIQUE DU SUD NORMALE N’y a-t-il de science que de ce qui est mathématisable ?

1998 L AMÉRIQUE DU SUD NORMALE S’il était découvert que l’espèce humaine, considérée dans sa totalité, a avancé et a été en train de progresser même aussi longtemps que l’on voudra, personne ne pourrait pourtant assurer que n’intervienne désormais, à cet instant précis, en raison des dispositions physiques de notre espèce, l’époque de son recul ; et inversement, si l’on marche à reculons et vers le pire en une chute accélérée, on ne doit pas écarter l’espoir de pouvoir rencontrer le point d’inflexion, précisément là où, en raison des dispositions morales de notre espèce, le cours de celle -ci se retournerait vers le mieux. Car nous avons affaire à des êtres agissant librement, auxquels certes se peut à l’avance dicter ce qu’ils doivent faire, mais ne se peut prédire ce qu’ils feront, et qui, du sentiment des maux qu’ils s’infligèrent à eux -mêmes, savent, si cela empire vraiment, retirer un motif renforcé de faire désormais mieux que ce n’était en tout cas avant cette situation.

KANT

1998 S AMÉRIQUE DU SUD NORMALE La vérité est-elle soumise au temps ?

1998 S AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Expliquer, est-ce justifier ?

1998 S AMÉRIQUE DU SUD NORMALE Comment nous comportons-nous vis-à-vis des actes d’un homme de notre entourage ? Tout d’abord nous considérons ce qu’il en résulte pour nous, nous ne les considérons que sous ce point de vue. Cet effet causé sur nous, nous y voyons l’intention de l’acte et pour finir nous attribuons à cet homme comme un caractère permanent le fait d’avoir eu de telles intentions, et désormais nous le qualifions, par exemple, d’"homme nuisible". Triple erreur ! Triple méprise, vieille comme le monde ! [...]. Ne faut-il pas chercher l’origine de toute morale dans ces horribles petites conclusions : "ce qui me nuit est quelque chose de mauvais (de nuisible en soi) ; ce qui m’est utile est quelque chose de bon (de bienfaisant et d’utile en soi), ce qui me nuit une ou plusieurs fois est hostile en soi et foncièrement ; ce qui m’est utile une ou plusieurs fois est amical en soi et foncièrement. "O pudenda origo" (1) ! Cela ne revient-il pas à interpréter les misérables relations occasionnelles et souvent fortuites d’un autre à nous comme si ces relations étaient l’essence et le fond de son être, et prétendre qu’envers tout le monde et envers soi-même il n’est capable que de relations semblables à celles dont nous avons fait une ou plusieurs fois l’expérience ? Et derrière cette véritable folie n’y a-t-il pas la plus immodeste de toutes les arrière-pensées : croire qu’il faut que nous soyons nous-mêmes le principe du bien puisque le bien et le mal se mesurent d’après nous ?

NIETZSCHE

(1) Ô honteuse origine

1998 ES ANTILLES NORMALE Peut-on se connaître soi-même ?

1998 ES ANTILLES NORMALE Parler, n’est-ce pas toujours en un sens donner sa parole ?

1998 ES ANTILLES NORMALE L’homme sauvage, quand il a dîné, est en paix avec toute la nature, et l’ami de tous ses semblables. S’agit-il quelquefois de disputer son repas ? Il n’en vient jamais aux coups sans avoir auparavant comparé la difficulté de vaincre avec celle de trouver ailleurs sa subsistance et comme l’orgueil ne se mêle pas du combat, il se termine par quelques coups de poing. Le vainqueur mange, le vaincu va chercher fortune, et tout est pacifié, mais chez l’homme en société, ce sont bien d’autres affaires ; il s’agit premièrement de pourvoir au nécessaire, et puis au superflu ; ensuite viennent les délices, et puis les immenses richesses, et puis des sujets, et puis des esclaves ; il n’a pas un moment de relâche. Ce qu’il y a de plus singulier, c’est que moins les besoins sont naturels et pressants, plus les passions augmentent, et, qui pis est, le pouvoir de les satisfaire ; de sorte qu’après de longues prospérités, après avoir englouti bien des trésors et désolé bien des hommes, mon héros finira par tout égorger jusqu’à ce qu’il soit l’unique maître de l’univers. Tel est en abrégé le tableau moral, sinon de la vie humaine, au moins des prétentions secrètes du coeur de tout homme civilisé.

ROUSSEAU

1998 L ANTILLES NORMALE Est-il juste de dire que seul le présent existe ?

1998 L ANTILLES NORMALE L’amitié est-elle la forme idéale du rapport à autrui ?

1998 L ANTILLES NORMALE L’expérience paraît enseigner cependant que, dans l’intérêt de la paix et de la concorde, il convient que tout le pouvoir appartienne à un seul. Nul État en effet n’est demeuré aussi longtemps sans aucun changement notable que celui des Turcs (1) et en revanche nulles cités n’ont été moins durables que les Cités populaires ou démocratiques, et il n’en est pas où se soient élevées plus de séditions. Mais si la paix doit porter le nom de servitude, de barbarie et de solitude, il n’est rien pour les hommes de si lamentable que la paix. Entre les parents et les enfants il y a certes plus de querelles et des discussions plus âpres qu’entre maîtres et esclaves, et cependant il n’est pas de l’intérêt de la famille ni de son gouvernement que l’autorité paternelle se change en une domination et que les enfants soient tels que des esclaves. C’est donc la servitude, non la paix, qui demande que tout le pouvoir soit aux mains d’un seul : ainsi que nous l’avons déjà dit, la paix ne consiste pas dans l’absence de guerre, mais dans l’union des âmes, c’est-à-dire dans la concorde.

SPINOZA

(1) allusion à l’empire ottoman

1998 S ANTILLES NORMALE Faut-il accorder de l’importance aux mots ?

1998 S ANTILLES NORMALE Dans quelle mesure une connaissance scientifique donne-t-elle du pouvoir sur l’avenir ?

1998 S ANTILLES NORMALE Pour éviter de heurter, je dois faire ici remarquer que, lorsque je nie que la justice soit une vertu naturelle, je fais usage du mot naturel uniquement en tant qu’opposé à artificiel. Dans un autre sens du mot, comme il n’y a pas de principe de l’esprit humain qui soit plus naturel qu’un sens de la vertu, de même il n’y a pas de vertu plus naturelle que la justice. L’espèce humaine est une espèce inventive et quand une invention est évidente et absolument nécessaire, on peut la dire naturelle tout aussi justement qu’on le dit de toute chose qui procède de principes originels immédiatement et sans l’intervention de la pensée et de la réflexion. Bien que les lois de la justice soient artificielles, elles ne sont pas arbitraires. Et elle n’est pas impropre, l’expression qui les appelle des lois de nature, si par naturel nous entendons ce qui est commun à une espèce, ou même si nous en limitons le sens à ce qui est inséparable de l’espèce.

HUME

1998 TECHN. ANTILLES NORMALE Toutes les contraintes sociales sont-elles des oppressions ?

1998 TECHN. ANTILLES NORMALE La nature nous fournit-elle des outils ?

1998 TECHN. ANTILLES NORMALE Afin de ne pas perdre courage et de ne pas succomber au dégoût, parmi des oisifs débiles (1) et incorrigibles, ou parmi des compagnons qui ne sont actifs qu’en apparence mais en réalité seulement agités et frétillants, l’homme d’action jette un regard en arrière et interrompt un moment sa course, ne fût-ce que pour reprendre haleine. Mais son but est toujours un bonheur, pas nécessairement son propre bonheur, mais celui d’une nation ou de l’humanité tout entière. Il répugne à la résignation et il use de l’histoire comme d’un remède à la résignation. Il ne peut le plus souvent compter sur aucune récompense, si ce n’est la gloire, c’est-à-dire le droit d’occuper une place d’honneur dans le temple de l’histoire (2), où il pourra servir de maître, de consolateur ou d’avertissement pour la postérité (3). Car la loi qu’il reconnaît, c’est que tout ce qui a jamais été capable d’élargir et d’embellir la notion de "l’homme" doit rester éternellement présent, afin de maintenir éternellement présente cette possibilité.

NIETZSCHE

(1) débiles : sans (véritable) énergie

(2) temple de l’histoire : ce que retient l’histoire

(3) postérité : les générations futures

QUESTIONS :

1° Dégagez l’idée principale du texte en analysant la valeur originale que l’auteur accorde à l’histoire.

a) expliquez : "il use de l’histoire comme d’un remède à la résignation" ;

b) expliquez la dernière phrase.

3° À quoi l’histoire peut-elle servir ?

1998 ES ANTILLES REMPLACEMENT De quoi pouvons-nous être sûrs ?

1998 ES ANTILLES REMPLACEMENT Faut-il préférer l’injustice au désordre ?

1998 ES ANTILLES REMPLACEMENT Il y a un objet culturel qui va jouer un rôle essentiel dans la perception d’autrui : c’est le langage. Dans l’expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne font qu’un seul tissu, mes propos et ceux de l’interlocuteur sont appelés par l’état de la discussion, ils s’insèrent dans une opération commune dont aucun de nous n’est le créateur. [...] Nous sommes l’un pour l’autre collaborateurs dans une réciprocité parfaite, nos perspectives glissent l’une dans l’autre, nous coexistons à travers un même monde. Dans le dialogue présent, je suis libéré de moi-même, les pensées d’autrui sont bien des pensées siennes, ce n’est pas moi qui les forme, bien que je les saisisse aussitôt nées ou que je les devance, et même, l’objection que me fait l’interlocuteur m’arrache des pensées que je ne savais pas posséder, de sorte que si je lui prête des pensées, il me fait penser en retour.

MERLEAU-PONTY

1998 L ANTILLES REMPLACEMENT Est-il insensé de vouloir transformer l’homme ?

1998 L ANTILLES REMPLACEMENT À quoi reconnaît-on un jugement vrai ?

1998 L ANTILLES REMPLACEMENT Le corps politique, aussi bien que le corps de l’homme, commence à mourir dès sa naissance et porte en lui-même les causes de sa destruction. Mais l’un et l’autre peut avoir une constitution plus ou moins robuste et propre à le conserver plus ou moins longtemps. La constitution de l’homme est l’ouvrage de la nature, celle de l’État est l’ouvrage de l’art. Il ne dépend pas des hommes de prolonger leur vie, il dépend d’eux de prolonger celle de l’État aussi loin qu’il est possible, en lui donnant la meilleure constitution qu’il puisse avoir. Le mieux constitué finira, mais plus tard qu’un autre, si nul accident imprévu n’amène sa perte avant le temps.

Le principe de la vie politique est dans l’autorité souveraine. La puissance législative est le coeur de l’État, la puissance exécutive en est le cerveau, qui donne le mouvement à toutes les parties. Le cerveau peut tomber en paralysie et l’individu vivre encore. Un homme reste imbécile et vit : mais sitôt que le coeur a cessé ses fonctions, l’animal est mort.

Ce n’est point par les lois que l’État subsiste, c’est par le pouvoir législatif.

ROUSSEAU

1998 S ANTILLES REMPLACEMENT La spontanéité est-elle une marque de liberté ?

1998 S ANTILLES REMPLACEMENT Les vérités mathématiques constituent-elles le modèle de toute vérité ?

1998 S ANTILLES REMPLACEMENT Rien ne peut s’opposer à une impulsion passionnelle, rien ne peut retarder une impulsion passionnelle qu’une impulsion contraire ; si cette impulsion contraire naissait parfois de la raison, cette faculté devrait avoir