La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Foucault

 Centre Michel Foucault : contient une bibliographie, des archives (manuscrites, sonores...), un index général de l’oeuvre et des liens vers d’autres sites.
(lien mis à jour le 3 avril 2018)

Des espaces autres » [*]
Michel Foucault
Dans Empan 2004/2 (no54), pages 12 à 19
Article publié dans l’ouvrage posthume Dits et écrits. Avec l’aimable autorisation des Editions Gallimard. © Gallimard.

Oeuvres

 Foucault Michel.La Grammaire générale de Port-Royal. In : Langages, 2ᵉ année, n°7, 1967. Linguistique française. Théories
grammaticales. pp. 7-15 ;
doi : https://doi.org/10.3406/lgge.1967.2879
 Michel Foucault Les mots et les choses

Entretiens

 Michel Foucault : Entretien "Histoire de la folie" avec Georges Charbonnier en 1972
 Michel Foucault - Le discours de la folie 3 : La persécution (1963)
 La folie et la fête — Michel Foucault (1963)
 Michel Foucault : Punir ou guérir ? Le crime et le criminel (1976 France Culture)

Commentaires

 SABOT, Philippe.Le Même et l’Ordre : Michel Foucault et le savoir à l’âge classique. Nouvelle édition [en ligne]. Lyon : ENS Éditions, 2015 (généré le 02 mai 2018). ISBN : 9782847887174. DOI : 10.4000/books.enseditions.4252.

Lectures de Michel Foucault. Volume 2
Foucault et la philosophie

Emmanuel Da Silva (dir.)
ENS Éditions, 2003
...

Lectures de Michel Foucault. Volume 1
À propos de « Il faut défendre la société »

Jean-Claude Zancarini (dir.)
ENS Éditions, 2001
...
Lectures de Michel Foucault. Volume 3
Sur les Dits et écrits

Pierre-François Moreau (dir.)
ENS Éditions, 2003
...

SUJETS BAC

anneeserielieusessionauteur
2008LPOLYNÉSIENORMALEEn somme, une action pour être dite "morale" ne doit pas se réduire à un acte ou à une série d’actes conformes à une règle, une loi ou une valeur. Toute action morale, c’est vrai, comporte un rapport au réel où elle s’effectue et un rapport au code auquel elle se réfère ; mais elle implique aussi un certain rapport à soi ; celui-ci n’est pas simplement "conscience de soi", mais constitution de soi comme "sujet moral", dans laquelle l’individu circonscrit la part de lui-même qui constitue l’objet de cette pratique morale, définit sa position par rapport au précepte qu’il suit, se fixe un certain mode d’être qui vaudra comme accomplissement moral de lui-même ; et, pour ce faire, il agit sur lui-même, entreprend de se connaître, se contrôle, s’éprouve, se perfectionne, se transforme. Il n’y a pas d’action morale particulière qui ne se réfère à l’unité d’une conduite morale ; pas de conduite morale qui n’appelle la constitution de soi-même comme sujet moral ; et pas de constitution du sujet moral sans des "modes de subjectivation" et sans (...) des "pratiques de soi" qui les appuient.

FOUCAULT
Histoire de la sexualité

2013ESANTILLESNORMALEValoir, pour la pensée classique, c’est d’abord valoir quelque chose, être substituable à cette chose dans un processus d’échange. La monnaie n’a été inventée, les prix ne se sont fixés et ne se modifient que dans la mesure où cet échange existe. Or l’échange n’est un phénomène simple qu’en apparence. En effet, on n’échange dans le troc que si chacun des deux partenaires reconnaît une valeur à ce que détient l’autre. En un sens, il faut donc que ces choses échangeables, avec leur valeur propre, existent à l’avance entre les mains de chacun pour que la double cession et la double acquisition se produise enfin. Mais d’un autre côté, ce que chacun mange et boit, ce dont il a besoin pour vivre, n’a pas de valeur tant qu’il ne le cède pas ; et ce dont il n’a pas besoin est également dépourvu de valeur tant qu’il ne s’en sert pas pour acquérir quelque chose dont il aurait besoin. Autrement dit, pour qu’une chose puisse en représenter une autre dans un échange, il faut qu’elles existent déjà chargées de valeur ; et pourtant la valeur n’existe qu’à l’intérieur de la représentation (actuelle ou possible), c’est-à-dire à l’intérieur de l’échange ou de l’échangeabilité. De là deux possibilités simultanées de lecture : l’une analyse la valeur dans l’acte même de l’échange, au point de croisement du donné et du reçu ; l’autre l’analyse comme antérieure à l’échange et comme condition première pour qu’il puisse avoir lieu.

FOUCAULT
Les Mots et les choses (1966)

2015SPOLYNÉSIENORMALEUne action n’est pas morale seulement en elle-même et dans sa singularité ; elle l’est aussi par son insertion et par la place qu’elle occupe dans l’ensemble d’une conduite ; elle est un élément et un aspect de cette conduite, et elle marque une étape dans sa durée, un progrès éventuel dans sa continuité. Une action morale tend à son propre accomplissement ; mais en outre elle vise, à travers celui-ci, à la constitution d’une conduite morale qui mène l’individu non pas simplement à des actions toujours conformes à des valeurs et à des règles, mais aussi à un certain mode d’être, caractéristique du sujet moral. Et sur ce point, il y a bien des différences possibles : la fidélité conjugale peut relever d’une conduite morale qui achemine vers une maîtrise de soi de plus en plus complète ; elle peut être une conduite morale qui manifeste un détachement soudain et radical à l’égard du monde ; elle peut tendre à une tranquillité parfaite de l’âme, à une insensibilité totale aux agitations des passions, ou à une purification qui assure le salut après la mort, et l’immortalité bienheureuse.En somme, une action pour être dite « morale » ne doit pas se réduire à un acte ou à une série d’actes conformes à une règle, une loi ou une valeur. Toute action morale, c’est vrai, comporte un rapport au réel où elle s’effectue et un rapport au code auquel elle se réfère ; mais elle implique aussi un certain rapport à soi ; celui-ci n’est pas simplement « conscience de soi », mais constitution de soi comme « sujet moral », dans laquelle l’individu circonscrit la part de lui-même qui constitue l’objet de cette pratique morale, définit sa position par rapport au précepte qu’il suit, se fixe un certain mode d’être qui vaudra comme accomplissement moral de lui-même ; et, pour ce faire, il agit sur lui-même, entreprend de se connaître, se contrôle, s’éprouve, se perfectionne, se transforme. Il n’y a pas d’action morale particulière qui ne se réfère à l’unité d’une conduite morale ; pas de conduite morale qui n’appelle la constitution de soi-même comme sujet moral ; et pas de constitution du sujet moral sans des « modes de subjectivation » (1) et sans une « ascétique » (2) ou des « pratiques de soi » qui les appuient.

Michel FOUCAULT
Histoire de la sexualité. L’usage des plaisirs (1984)
1 Les voies et les manières permettant de devenir un sujet.
2 Un exercice, un travail que l’on effectue sur soi-même.

2017SMÉTROPOLENORMALEÀ la limite, la vie, c’est ce qui est capable d’erreur. Et c’est peut-être à cette donnée ou plutôt à cette éventualité fondamentale qu’il faut demander compte du fait que la question de l’anomalie traverse de part en part toute la biologie. À elle aussi qu’il faut demander compte des mutations et des processus évolutifs qu’elle induit. À elle qu’il faut demander compte de cette mutation singulière, de cette « erreur héréditaire » qui fait que la vie a abouti avec l’homme à un vivant qui ne se trouve jamais tout à fait à sa place, à un vivant voué à « errer » et destiné finalement à l’« erreur ». Et si on admet que le concept, c’est la réponse que la vie elle-même donne à cet aléa, il faut convenir que l’erreur est à la racine de ce qui fait la pensée humaine et son histoire. L’opposition du vrai et du faux, les valeurs qu’on prête à l’un et à l’autre, les effets de pouvoir que les différentes sociétés et les différentes institutions lient à ce partage, tout cela même n’est peut-être que la réponse la plus tardive à cette possibilité d’erreur intrinsèque (1) à la vie. Si l’histoire des sciences est discontinue, c’est-à-dire si on ne peut l’analyser que comme une série de « corrections », comme une distribution nouvelle du vrai et du faux qui ne libère jamais enfin et pour toujours la vérité, c’est que, là encore, l’ « erreur » constitue non pas l’oubli ou le retard d’une vérité, mais la dimension propre à la vie des hommes et au temps de l’espèce.

FOUCAULT
Dits et Ecrits (1978).1 Intrinsèque : qui provient de la vie elle-même.