La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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Le portrait au cinéma.

,Petite traversée du portrait documentaire français, titres choisis à l’appui

Modalité privilégiée de l’histoire de l’art, le portrait est d’abord associé à la pratique de la pose. Le daguerréotype puis la photographie impliquent une fixité accrue du modèle : bouger pendant que l’on tire le portrait, c’est le flou garanti. Le cinéma, « momie du changement » selon le critique André Bazin, fait accéder le portrait à la dimension temporelle : non seulement, comme la peinture cubiste, la personne peut être filmée sous toutes ses coutures, mais elle l’est en mouvement et dans la durée. Une telle liberté, une telle proximité avec la vie elle-même ne risquent-t-elle pas d’éliminer toute plus-value artistique ?

Le cinéma de fiction le plus classique a joué de la fascination que continue d’exercer le portrait fixe, comme en témoignent Laura, La Femme au portrait, Le Portrait de Dorian Gray, Le Portrait de Jennie ou encore Vertigo. Aux antipodes du portrait-fétiche, les portraits documentaires jouent pleinement la carte du réel : certains vont jusqu’à prendre pour titre le nom de la personne filmée. Redondance ultime ? Comment s’y inscrit alors le regard de celui qui filme ? En quoi ces films dépassent-t-il le strict enregistrement du réel ?

Afin d’explorer ces questions, revenons sur cinq exemples tirés du cinéma documentaire français des cinquante dernières années, dont les titres comportent tous des noms ou des prénoms : Oncle Yanco (1967, 22 min) d’Agnès Varda, Muriel Leferle (1998, 70 min) de Raymond Depardon, Général Idi Amin Dada, autoportrait (1974, 92 min) de Barbet Schroeder, Irène (2009, 83 min) d’Alain Cavalier et Nénette (2010, 70 min) de Nicolas Philibert.