La philosophie dans l’académie de CRETEIL
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sujets sur l’art

Sujets sur l’art :

2015LJAPONNORMALELe domaine de l’art n’est pas le réel. Alors même que les êtres que nous représente l’artiste sont directement empruntés à la réalité, ce n’est pas leur réalité qui fait leur beauté. Peu nous importe que ce paysage ait existé ici ou là, qu’un personnage dramatique ait vécu dans l’histoire. Ce n’est pas parce qu’il est historique que nous l’admirons au théâtre, c’est parce qu’il est beau : et notre émotion ne serait en rien diminuée, s’il était tout entier le produit d’une fiction poétique. Même, on a pu dire justement que, quand l’illusion est trop complète et nous fait prendre pour réelle la scène que figure l’artiste, le plaisir du beau s’évanouit. Assurément, si les hommes ou les choses, qui sont ainsi mis sous nos yeux, étaient d’une invraisemblance notoire, l’esprit ne pourrait pas s’y intéresser ; par suite, l’émotion esthétique ne pourrait pas naître. Mais, tout ce qu’il faut, c’est que leur irréalité ne soit pas trop criante ; c’est qu’ils ne nous apparaissent pas comme trop manifestement impossibles. Et, encore, ne saurait-on dire à partir de quel moment, de quel point précis l’invraisemblable devient trop évident et trop choquant pour ne pouvoir être toléré. Que de fois le poète nous fait accepter des thèmes scientifiquement absurdes, et que nous savons tels ! Nous nous faisons volontiers complices d’erreurs dont nous avons conscience, pour ne pas gâter notre plaisir. En définitive, il n’y a pas, pour l’artiste, de lois de la nature ni de lois de l’histoire, qui doivent être, toujours et en toutes circonstances, nécessairement respectées. Ce qui explique ce caractère de l’œuvre d’art, c’est que les états intérieurs qu’elle traduit et qu’elle communique ne sont ni des sensations, ni des conceptions, mais des images. L’impression artistique vient de la façon dont l’artiste affecte, non pas nos sens, non pas notre entendement, mais notre imagination.

DURKHEIM
L’Education morale, 1925

2015LLIBANNORMALEJe ne saurais exprimer un jugement avec des mots, si, dès l’instant que je vais prononcer la première syllabe, je ne voyais pas déjà toutes les idées dont mon jugement est formé. Si elles ne s’offraient pas toutes à la fois, je ne saurais par où commencer, puisque je ne saurais pas ce que je voudrais dire. Il en est de même lorsque je raisonne ; je ne commencerais point, ou je ne finirais point un raisonnement, si la suite des jugements qui le composent, n’était pas en même temps présente à mon esprit. Ce n’est donc pas en parlant que je juge et que je raisonne. J’ai déjà jugé et raisonné, et ces opérations de l’esprit précèdent nécessairement le discours. En effet nous apprenons à parler, parce que nous apprenons à exprimer par des signes les idées que nous avons, et les rapports que nous apercevons entre elles. Un enfant n’apprendrait donc pas à parler, s’il n’avait pas déjà des idées, et s’il ne saisissait pas déjà des rapports. Il juge donc et il raisonne avant de savoir un mot d’aucune langue. Sa conduite en est la preuve, puisqu’il agit en conséquence des jugements qu’il porte. Mais parce que sa pensée est l’opération d’un instant, qu’elle est sans succession, et qu’il n’a point de moyen pour la décomposer, il pense, sans savoir ce qu’il fait en pensant ; et penser n’est pas encore un art pour lui. Si une pensée est sans succession dans l’esprit, elle a une succession dans le discours, où elle se décompose en autant de parties qu’elle renferme d’idées. Alors nous pouvons observer ce que nous faisons en pensant, nous pouvons nous en rendre compte ; nous pouvons par conséquent, apprendre à conduire notre réflexion. Penser devient donc un art, et cet art est l’art de parler.

CONDILLAC
Cours d’études pour l’instruction du Prince de Parme (1798)

2015ESMÉTROPOLENORMALEL’artiste donne-t-il quelque chose à comprendre ?
2015TECHN.NOUVELLE-CALÉDONIENORMALEUne œuvre géniale, qui commence par déconcerter, pourra créer peu à peu par sa seule présence une conception de l’art et une atmosphère artistique qui permettront de la comprendre ; elle deviendra alors rétrospectivement géniale, sinon, elle serait restée ce qu’elle était au début, simplement déconcertante. Dans une spéculation financière, c’est le succès qui fait que l’idée avait été bonne. Il y a quelque chose du même genre dans la création artistique, avec cette différence que le succès, s’il finit par venir à l’œuvre qui avait d’abord choqué, tient à une transformation du goût du public opérée par l’œuvre même ; celle-ci était donc force en même temps que matière ; elle a imprimé un élan que l’artiste lui avait communiqué ou plutôt qui est celui même de l’artiste, invisible et présent en elle.

BERGSON
Les deux sources de la morale et de la religion (1932)

Pour expliquer ce texte ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.
2. Expliquez :
a) Pourquoi une œuvre géniale « commence-t-elle par déconcerter » ?
b) « Une transformation du goût du public opérée par l’œuvre elle-même »
3. Peut-on apprendre à apprécier une œuvre d’art ?

2016TECHN.MÉTROPOLEREMPLACEMENTTout le monde déclare approuver et admirer nombre de grandes victoires de l’art sur la nature : joindre par des ponts les rives que la nature avait séparées, assécher des marais naturels, creuser des puits, amener à la lumière du jour ce que la nature avait enfoui à des profondeurs immenses dans la terre, détourner sa foudre par des paratonnerres, ses inondations par des digues, son océan par des jetées. Mais louer ces exploits et d’autres similaires, c’est admettre qu’il faut soumettre les voies de la nature et non pas leur obéir ; c’est reconnaître que les puissances de la nature sont souvent en position d’ennemi face à l’homme, qui doit user de force et d’ingéniosité afin de lui arracher pour son propre usage le peu dont il est capable, et c’est avouer que l’homme mérite d’être applaudi quand ce peu qu’il obtient dépasse ce qu’on pouvait espérer de sa faiblesse physique comparée à ces forces gigantesques. Tout éloge de la civilisation, de l’art ou de l’invention revient à critiquer la nature, à admettre qu’elle comporte des imperfections, et que la tâche et le mérite de l’homme sont de chercher en permanence à les corriger ou les atténuer.

MILL
De la Nature (1874)

Pour expliquer ce texte ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1. Dégager l’idée principale du texte et les étapes de sa construction.
2. Expliquer :
a) « c’est admettre qu’il faut soumettre les voies de la nature et non pas leur obéir » ;b) « ce peu qu’il obtient dépasse ce qu’on pouvait espérer de sa faiblesse physique » ;c) « Tout éloge de la civilisation, de l’art ou de l’invention revient à critiquer la nature ».
3. La technique est-elle nécessairement une lutte de l’homme contre la nature ?

2016TMDMÉTROPOLEREMPLACEMENTOn peut bien apprendre tout ce que Newton* a exposé dans son œuvre immortelle, les Principes de la philosophie de la nature, si puissant qu’ait dû être le cerveau nécessaire pour ces découvertes ; en revanche, on ne peut apprendre à composer des poèmes d’une manière pleine d’esprit, si précis que puissent être tous les préceptes pour l’art poétique, et si excellents que soient les modèles. La raison en est que Newton pouvait rendre parfaitement clair et déterminé non seulement pour lui-même, mais aussi pour tout autre et pour ses successeurs tous les moments de la démarche qu’il dut accomplir, depuis les premiers éléments de la géométrie jusqu’à ses découvertes les plus importantes et les plus profondes ; mais aucun Homère** ou aucun Wieland*** ne peut montrer comment ses idées riches de poésie et toutefois en même temps grosses de pensée surgissent et s’assemblent dans son cerveau, parce qu’il ne le sait pas lui-même et aussi ne peut l’enseigner à personne. Dans le domaine scientifique ainsi, le plus remarquable auteur de découvertes ne se distingue que par le degré de l’imitateur et de l’écolier le plus laborieux, tandis qu’il est spécifiquement différent de celui que la nature a doué pour les beaux-arts.

KANT
Critique de la faculté de juger, 1790.

* Newton : mathématicien, physicien et astronome (1642-1727).** Homère : poète de l’Antiquité grecque à qui l’on attribue L’Iliade et L’Odyssée. *** Wieland : poète et romancier allemand (1733-1813).

Pour expliquer ce texte ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. a) Quelle est l’idée directrice du texte ?
b) Dégagez les éléments de la confrontation entre l’exemple de Newton et celui de Homère et Wieland.
2. En vous appuyant sur ces exemples ou d’autres que vous choisirez, expliquez :
a) « si précis que puissent être tous les préceptes pour l’art poétique, et si excellents que soient les modèles » ;
b) « non seulement pour lui-même, mais aussi pour tout autre et pour ses successeurs » ;c) « le plus remarquable auteur de découvertes ne se distingue que par le degré de l’imitateur et de l’écolier le plus laborieux ».
3. Ya-t-il une différence de nature entre l’artiste qui crée et le savant qui découvre ?

2017SJAPONNORMALELe cerveau sert à effectuer ce choix : il actualise les souvenirs utiles, il maintient dans le sous-sol de la conscience ceux qui ne serviraient à rien. On en dirait autant de la perception. Auxiliaire de l’action, elle isole, dans l’ensemble de la réalité, ce qui nous intéresse ; elle nous montre moins les choses mêmes que le parti que nous en pouvons tirer. Par avance elle les classe, par avance elle les étiquette ; nous regardons à peine l’objet, il nous suffit de savoir à quelle catégorie il appartient. Mais, de loin en loin, par un accident heureux, des hommes surgissent dont les sens ou la conscience sont moins adhérents à la vie. La nature a oublié d’attacher leur faculté de percevoir à leur faculté d’agir. Quand ils regardent une chose, ils la voient pour elle, et non plus pour eux. Ils ne perçoivent plus simplement en vue d’agir ; ils perçoivent pour percevoir, - pour rien, pour le plaisir. Par un certain côté d’eux- mêmes, soit par leur conscience soit par un de leurs sens, ils naissent détachés ; et, selon que ce détachement est celui de tel ou tel sens, ou de la conscience, ils sont peintres ou sculpteurs, musiciens ou poètes. C’est donc bien une vision plus directe de la réalité que nous trouvons dans les différents arts ; et c’est parce que l’artiste songe moins à utiliser sa perception qu’il perçoit un plus grand nombre de choses.

BERGSON
La pensée et le mouvant

2018TECHN.ANTILLESNORMALELa technique nous est-elle plus nécessaire que l’art ?
2018TECHN.ANTILLESREMPLACEMENTPeut-on reprocher à l’art d’être inutile ?
2018TECHN.ÉTRANGER GROUPE 1NORMALEO homme ! Reconnais donc la bienfaisance de la nature ; car elle t’a donné cette intelligence qui pourvoit à toutes tes nécessités. Mais que la paresse, se faisant passer pour de la gratitude, ne te persuade pas de te contenter de ses présents ! Voudrais-tu revenir en arrière, à l’herbe crue pour nourriture, au ciel pour couverture, aux pierres et aux bâtons pour toute défense contre les animaux voraces du désert ? Alors, retourne aussi à tes mœurs sauvages, à tes superstitions craintives, à ta bestiale ignorance, et sombre plus bas que ces animaux dont tu admires la condition et que tu voudrais si ardemment imiter !La nature, ta tendre mère, t’ayant donné l’art et l’intelligence, a rempli toute la terre de matériaux sur lesquels employer ces talents. Prête l’oreille à sa voix qui te dit si clairement que tu dois être aussi toi-même l’objet de ton industrie (1), que c’est par ton art et ton application seuls que tu peux acquérir ce pouvoir qui t’élèvera à ta juste place dans l’univers. Vois l’artisan qui d’une pierre grossière et sans forme tire un noble métal et qui, façonnant ce métal de ses mains habiles, crée comme par magie toutes les armes nécessaires à sa défense, tous les instruments utiles à sa commodité. Il ne détient pas cette habileté de la nature ; c’est l’usage et l’exercice qui la lui ont enseignée ; et si tu veux égaler son succès, il te faut suivre ses pas laborieux (2).

HUME
Essais moraux, politiques et littéraires, XVI
1 travail
2 du latin labor : travail.

Pour expliquer ce texte ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1. Dégager l’idée principale du texte et les étapes du raisonnement.
2. Expliquer :

a) « Reconnais donc la bienfaisance de la nature ; car elle t’a donné cette intelligence qui pourvoit à toutes tes nécessités. » ;
b) « tu dois être aussi toi-même l’objet de ton industrie » ;
c) « et si tu veux égaler son succès, il te faut suivre ses pas laborieux ».
3. Faut-il s’en tenir à la nature ?

2018SINDENORMALEConsidérons maintenant l’âme dans le corps, qu’elle existe d’ailleurs avant lui ou seulement en lui ; d’elle et du corps se forme le tout appelé animal. Si le corps est pour elle comme un instrument dont elle se sert, elle n’est pas contrainte d’accueillir en elle les affections du corps, pas plus que l’artisan ne ressent ce qu’éprouvent ses outils : mais peut-être faut-il qu’elle en ait la sensation, puisqu’il faut qu’elle connaisse, par la sensation, les affections extérieures du corps, pour se servir de lui comme d’un instrument : se servir des yeux, c’est voir. Or, elle peut être atteinte dans sa vision, et par conséquent, subir des peines, des souffrances, et tout ce qui arrive au corps ; elle éprouve aussi des désirs, quand elle cherche à soigner un organe malade.Mais comment ces passions viendront-elles du corps jusqu’à elle ? Un corps communique ses propriétés à un autre corps ; mais à l’âme ? Ce serait dire qu’un être pâtit (1) de la passion d’un autre. Tant que l’âme est un principe qui se sert du corps, et le corps un instrument de l’âme, ils restent séparés l’un de l’autre ; et si l’on admet que l’âme est un principe qui se sert du corps, on la sépare. Mais avant qu’on ait atteint cette séparation par la pratique de la philosophie, qu’en était-il ? Ils sont mêlés : mais comment ? Ou bien c’est d’une des espèces de mélanges ; ou bien il y a entrelacement réciproque ; ou bien l’âme est comme la forme du corps, et n’est point séparée de lui ; ou bien elle est une forme qui touche le corps, comme le pilote touche son gouvernail ; ou bien une partie de l’âme est séparée du corps et se sert de lui, et une autre partie y est mélangée et passe elle-même au rang d’organe.

PLOTIN
Ennéades.

1 Pâtit : souffre

2018ESJAPONNORMALESans doute, quand on envisage l’ensemble complet des travaux de tout genre de l’espèce humaine, on doit concevoir l’étude de la nature comme destinée à fournir la véritable base rationnelle de l’action de l’homme sur la nature, puisque la connaissance des lois des phénomènes, dont le résultat constant est de nous les faire prévoir, peut seule évidemment nous conduire, dans la vie active, à les modifier à notre avantage les uns par les autres. Nos moyens naturels et directs pour agir sur les corps qui nous entourent sont extrêmement faibles, et tout à fait disproportionnés à nos besoins. Toutes les fois que nous parvenons à exercer une grande action, c’est seulement parce que la connaissance des lois naturelles nous permet d’introduire, parmi les circonstances déterminées sous l’influence desquelles s’accomplissent les divers phénomènes, quelques éléments modificateurs, qui, quelque faibles qu’ils soient en eux-mêmes, suffisent, dans certains cas, pour faire tourner à notre satisfaction les résultats définitifs de l’ensemble des causes extérieures. En résumé, science, d’où prévoyance ; prévoyance, d’où action : telle est la formule très simple qui exprime, d’une manière exacte, la relation générale de la science et de l’art, en prenant ces deux expressions dans leur acception totale.Mais, malgré l’importance capitale de cette relation, qui ne doit jamais être méconnue, ce serait se former des sciences une idée bien imparfaite que de les concevoir seulement comme les bases des arts, et c’est à quoi malheureusement on n’est que trop enclin de nos jours.

COMTE
Cours de philosophie positive (1824)

2018ESMÉTROPOLENORMALEPeut-on être insensible à l’art ?
2018TECHN.MÉTROPOLEREMPLACEMENTL’art doit-il refuser toute règle ?
2019STHRANTILLESNORMALEL’artiste est-il maître de son œuvre ?
2019SPOLYNÉSIEREMPLACEMENTL’art doit-il nous instruire ?

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