08
décembre
2022
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (UMR 8103, CNRS-Paris 1)
Centre de Philosophie Contemporaine de la Sorbonne
– jeudi 17 novembre 2022, de 17h à 19h, dans la salle de formation de la Bibliothèque Interuniversitaire de La Sorbonne (17 rue de La Sorbonne, galerie Sorbon).
Jean-Fabien Spitz (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) donnera une conférence intitulée « A propos de La république ? Quelles valeurs ? Quelques remarques sur le droit de propriété dans le contexte de la philosophie politique républicaine ».
– Jeudi 8 décembre
Francesco Mancuso (Université de Salerne) : « ‘Jouer’ avec Carl Schmitt : Johan Huizinga critique du ‘politique’ »
– Jeudi 12 janvier
Géraldine Muhlmann (Université Paris 2 Panthéon-Assas) : « L’Imposture du théologico-politique »
– Vendredi 27 janvier
Benno Zabel (Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität, Bonn) : « Droit et violence »
– Jeudi 30 mars ou jeudi 20 avril
Christoph Menke (Goethe-Universität) : « Negativity and Affirmation. The Dialectic of Liberation »
– Jeudi 11 mai
Gabrielle Radica (Université de Lille) : « Les personnes et les biens dans la famille »
– Jeudi 15 juin
Christophe Bouton (Université Bordeaux-Montaigne) : « Le Jugement de l’Histoire après Hegel. Significations et usages politiques d’un topos au XXe siècle »
ArgumentaireLe vocabulaire de la norme et de la normativité connaît aujourd’hui une faveur croissante. Plus avant, par delà le simple usage de termes d’ailleurs susceptibles de recevoir des acceptions fort distinctes, les enjeux et interrogations soulevés par la normativité, son statut, la manière dont il faut la comprendre et dont elle peut s’effectuer, sont massivement présents, notamment dans le champ académique et les différentes disciplines qui le composent, notamment dans les domaines du droit, de la philosophie, des sciences humaines et sociales.Dans ce contexte, certains auteurs de la philosophie classique allemande ont fait l’objet d’un intérêt renouvelé et l’on connaît, à cet égard, la fortune de la philosophie habermassienne, dans la reprise et les transformations qu’elle opère avec la pensée kantienne. De même, l’idéalisme allemand a connu, à partir de la fin des années 1970, une certaine renaissance dans le cadre du projet de la Rehabilitierung der praktischen Philosophie. Depuis plusieurs décennies, la fécondité de la pensée hégélienne a été mise en lumière, notamment s’agissant des enjeux soulevés par les questions attenantes à la normativité pratique. Grâce aux travaux de L. Siep et d’A. Honneth – et d’A. Kojève avant eux –, le thème de la reconnaissance s’est ainsi imposé au cœur des débats contemporains en philosophies politique, sociale et du droit, inaugurant à l’échelle internationale une voie de réflexion riche et fructueuse (Ch. Taylor, J. Habermas, A. Honneth, N. Fraser, P. Markell, F. Neuhouser, E. Renault, F. Fischbach, J.-Ph. Deranty). Longtemps rejetée par la philosophie dite “analytique”, la philosophie hégélienne – et singulièrement sa “philosophie pratique” – est en outre désormais régulièrement convoquée par des auteurs issus de cette tradition comme une pensée d’intérêt pour penser le droit, les rapports sociaux, le monde social et la normativité qui y est à l’œuvre. Ainsi a-t-on pu parler d’un « Hegel Revival » (P. Redding) qui a notamment conduit à déceler une théorie de l’« agentivité » (agency) chez le philosophe sans doute le plus connu de l’idéalisme allemand, duquel on propose d’ailleurs volontiers des lectures « pragmatistes » (R. Pippin, T. Pinkard). S’il s’agit là d’usages, comme d’ailleurs de méthodes d’interprétation et de lecture, très différents, il semble toutefois que ces divers recours soulignent la fécondité que la contemporanéité reconnaît à la philosophie de Kant et des auteurs de l’idéalisme allemand pour penser des objets qui n’étaient pas toujours immédiatement les leurs, par delà, donc, le travail exégétique ou historique qui peut être fait sur ces pensées.Toutefois, ces recours à certains aspects de la philosophie pratique kantienne et/ou des philosophes de l’idéalisme allemand ne vont la plupart du temps pas sans une certaine renonciation – voire un abandon et un rejet radicaux – de la conception de la raison qui semble pourtant au cœur de ces pensées et, peut-être, du tournant philosophique qu’elles constituent : celle d’une raison qui, comprise comme faculté de l’universel, a fondamentalement une vocation pratique. Si l’on peut en effet tenir que l’idée d’un primat de la raison pratique est l’un des traits qui caractérise les pensées qui, assumant le tournant critique kantien, peuvent être regroupées sous le nom d’« idéalisme allemand », c’est précisément les thèses les plus fortes sur la raison et la rationalité qui semblent être mises de côté par beaucoup des « réactualisations » contemporaines qui en sont faites, soit que la raison alors mobilisée soit jugée métaphysiquement trop « lourde », soit que l’histoire du dernier siècle ait conduit à la remise en cause d’un certain optimisme ou d’une certaine idée du progrès attachés à la conception de la raison liée à l’Aufklärung. C’est ainsi à un scepticisme de la raison que semble conduire dans son mouvement le tournant post-métaphysique, de telle sorte encore qu’on a pu dire de la raison moderne qu’elle connaissait une véritable « crise ». De cette « crise », il s’agit de mesurer les conséquences s’agissant de la pratique elle-même comme de sa saisie rationnelle. Se confronter à cette crise, est-ce nécessairement renoncer à la raison en un sens plein, c’est-à-dire une raison qui ne soit précisément pas réductible aux raisons (de l’agent) sur lesquelles semble essentiellement se concentrer, notamment, la philosophie contemporaine de l’action ? La crise de la raison moderne doit-elle conduire à reléguer la saisie de la pratique et la position de sa critique à de simples raisons, toujours ultimement particulières ? Autrement dit conduit-elle à renoncer, en matière pratique, à l’exigence de l’universel : de renoncer à quelque chose comme une raison pratique à la faveur de simples raisons ? Serions-nous alors acculés à l’alternative dont les deux branches seraient constituées, s’agissant des normes, au fait de les reléguer à l’irrationnel ou bien de les faire dépendre d’un simple espace logique des raisons ?Mais s’il est vrai que la crise est ce qui doit conduire à « revenir aux questions elles-mêmes et requiert de nous des réponses » (H. Arendt), ne faut-il pas plutôt voir en celle que connaîtrait la raison une invitation à reprendre les investigations sur cette raison elle-même et sur la conception que, dans son lien intime avec la pratique, les penseurs de l’idéalisme allemand ont pu en proposer ? En effet, en rejetant, sans plus de procès, la conception de la raison telle que la détermine, à la suite de Kant, l’idéalisme allemand et à laquelle semblent au moins pour part liées ses thèses pratiques les plus fortes, ne renonce-t-on pas par là même à ce qui en constitue peut-être la grande fécondité pour notre contemporanéité, dans la mesure où de cette raison procèderait à la fois les moyens de la critique, de l’action et de transformation du réel ? Ne peut-on plus sans absurdité se revendiquer, pour paraphraser et en renversant Gramsci, de l’optimisme de la raison pratique ?Tels sont certains des enjeux et questions que le séminaire « Raison(s) pratique(s) » souhaiterait aborder, en faisant dialoguer des traditions possiblement distinctes, mais qui semblent toutefois animées par des problèmes et des enjeux sans doute moins éloignés qu’ils ne peuvent d’abord paraître.
Le séminaire est ouvert à tous, après inscription préalable à l’adresse suivante :
https://evento.univ-paris1.fr/survey/seminaire-raison-s-p%E2%80%A6-oyjy279k
Il est possible d’assister au séminaire sur zoom en s’inscrivant ici :
https://evento.univ-paris1.fr/survey/seminaire-raison-s-p…-9yvk5vur
Le programme annuel et l’argumentaire du séminaire sont disponibles sur les pages web du séminaire :
https://nosophi.hypotheses.org/vie-scientifique/seminaire-raisons-pratiques
https://isjps.pantheonsorbonne.fr/evenements/raisons-pratiques-1
Organisation : Élodie Djordjevic, Jean-François Kervégan, Jamila Mascat et Sabina Tortorella
08
décembre
2022
Séminaire pluridisciplinaire 2022-2023 / Premier semestre Actualité Critique : Relations humain/animal
Un séminaire commun à toutes les disciplines de l’ENS, qui sont mobilisées autour de questions partagées, définies et discutées collectivement. C’est un moment de rencontre sur l’actualité ouvert à tous, consacré à ce qui se produit en France, en Europe et dans le monde, et qui d’une manière ou d’une autre s’impose à tous les esprits comme d’une importance critique.
The maze of livestock pens and walkways at the Union Stock Yards, Chicago, Illinois, USA, July 1941. Source National Archives, wikimedia
The maze of livestock pens and walkways at the Union Stock Yards, Chicago, Illinois, USA, July 1941. Source National Archives, wikimedia
Pour la rentrée 2022, le séminaire Actualité critique aura pour thème les relations humain/animal.
Les relations humain-animal sont au cœur de l’actualité nationale, européenne et internationale, et tout particulièrement celles qui engagent un rapport à grande échelle, non individualisé, aux bêtes. Qu’il s’agisse du bien-être animal, de l’expérimentation animale ou de la prise en compte de la souffrance animale, ou encore des zoonoses et de la crise de la biodiversité, nous sommes de plus en plus fréquemment amenés à nous questionner sur nos pratiques collectives, complexes et paradoxales.
Comme nombre de pays, la France privilégie l’élevage intensif et abat chaque année près d’un milliard d’animaux d’élevage. Une grande partie des Français considère qu’il s’agit d’un enjeu majeur. Le gouvernement actuel s’est engagé à la nomination d’un « référent bien-être animal » ayant reçu une formation obligatoire à ces enjeux au sein de chaque élevage.
Faut-il aller plus loin et créer – comme certains le souhaitent – un ministère de la condition animale dédié au bien-être animal ? Comment mettre en œuvre une évolution de nos modes de consommation et de production ?
Une initiative citoyenne européenne pour l’arrêt de l’expérimentation animale soutenue par plus d’un million de signatures a récemment abouti à un vote du parlement Européen à la quasi-unanimité en faveur d’un arrêt à terme de l’expérimentation animale. Il existerait donc « des principes scientifiques solides qui invalident le modèle animal pour prédire la réponse humaine ».Comment ce débat est-il mené ? Sur quelles bases scientifiques s’appuie le Parlement européen ? Sommes-nous déjà en mesure de remplacer l’ensemble de l’expérimentation animale par des modèles in vitro et in silico ? Dans le cas contraire, quelles sont les conséquences à envisager, et sur quelles approches philosophiques et politiques fonder les décisions ?
Débats autour des causes du Covid-19, variole du singe… L’hypothèse de zoonose, à savoir la transmission d’un pathogène animal vers l’homme, alerte et inquiète. Plus avant, l’importance croissante des zoonoses – qui ont accompagné l’humain dans sa très longue histoire – relance un débat tout aussi profond qui dépasse le champ de l’épidémiologie et de la santé : y a-t-il « une bonne distance » entre l’humain et l’animal ? Ou faut-il envisager des réponses adaptées à des situations sociales et écologiques différentes, incluant des relations plurielles avec des espèces extrêmement variées.
Programme des séances
17 novembre 2022, 18h-20h
24 novembre 2022, 18h-20h
1 décembre 2022, 18h-20h
8 décembre 2022, 18h-20h
15 décembre 2022, 18h-20h
À PROPOS D’ACTUALITÉ CRITIQUE
L’actualité n’est pas seulement critique en elle-même : qu’il s’agisse d’un événement politique, d’une œuvre d’art ou d’une découverte scientifique, l’actualité exige aussi une critique, qui examine les mots ou les images qui nous la présentent (comme « actuelle »), qui en discute les enjeux, qui mobilise autour d’eux plus d’un savoir ou d’un regard, d’une discipline ou d’un point de vue, et qui se donne le temps, malgré l’urgence, de la penser. Les savoirs, la recherche nous permettent cette mise en perspective.
Tel est le but de ce séminaire : mobiliser les savoirs, s’appuyer sur la recherche, pour nous donner les moyens de penser cette actualité entre urgence et recul.
Les jeudis d’Actualité Critique sont organisés et animés par un groupe d’élèves, chargés de prévoir un programme semestriel de thèmes abordés (bien sûr modifiable, au fil de l’eau, en fonction de l’actualité du moment). Ils alternent des séances « ouvertes », pour lesquelles une ou plusieurs chercheuses et chercheurs sont invité(e)s à intervenir en public sur le thème, et des séances « fermées », où l’équipe organisatrice et les étudiants inscrits travaillent ensemble à préparer, à partir de lectures intensives et d’un débat serré, la séance ouverte.
c oordonné au premier semestre par Christian Lorenzi (Professeur de psychologie expérimentale à l’ENS), Anne Simon , Directrice de recherche au CNRS et responsable du CIEPFC à l’ENS) et Lise Kayser (Étudiante au département de sciences sociales de l’ENS).
08
décembre
2022
Les Jeudis de l’histoire et de la philosophie des sciences (JHPS) s’adressent aux littéraires comme aux scientifiques. Il s’agit d’une série de conférences qui offre un large panorama des recherches en histoire et philosophie des sciences, entendues au sens large, puisqu’elles vont jusqu’à la sociologie des sciences, à l’anthropologie des sciences, ou à certains aspects des sciences cognitives. Les conférenciers recommandent la lecture d’un de leurs articles ou d’un chapitre d’un de leurs livres récents, qui est posté sur le site du séminaire pour que tous les participants puissent le lire à l’avance. La séance se déroule de la manière suivante : le conférencier présente son travail ; un des organisateurs en fait un bref commentaire ; une discussion informée a finalement lieu. Le programme changeant chaque année, il est possible suivre plusieurs années de suite ce séminaire pour acquérir une véritable culture en histoire et philosophie des sciences.
Jeudis de l’histoire et de la philosophie des sciences
L’Ecole d’Athènes (détail) - Raffaello Sanzio da Urbino - 1510 / 1511
PROGRAMME DES SÉANCES (SEMESTRE 2)
22 septembre 2022
Michael Stolberg, Universität Würzburg
Anatomy and surgery in the 16th century : Gabriele Falloppia (1522/23-1562).
29 septembre 2022
Antonine Nicoglou, Université de Tours
Les défis philosophiques posés par l’expérimentation animale en psychopharmacologie
6 octobre 2022
Simon Schaffer, University of Cambridge
Temporalities and Imperial Sciences
20 octobre 2022
Sabina Leonelli
Globalising local knowledge beyond extractive epistemologies : Lessons from crop data science
27 octobre 2022
Jung Lee, Ewha Womans University (Seoul) / IEA de Paris
Cranes, cultivating a new knowledge practice in late Chosŏn Korea : Cultured nature generating instrumentalities
10 novembre 2022
Sébastien Dutreuil, CNRS - Centre Gilles-Gaston-Granger
Quelle est la nature de la Terre ? Réflexions d’histoire et de philosophie des sciences
17 novembre 2022
Olivier Sartenaer, Université de Namur
Une solution contextualiste au problème de la démarcation
24 novembre 2022
Lavinia Maddaluno, Università di Venezia Ca’ Foscari
Des eaux, des airs et du riz : notes pour une histoire environnementale du Duché de Milan (XVIIe-XVIIIe siècles)
1er décembre 2022
Steven Vanden Broecke, Universiteit Gent
What was astrology ? Challenges in historicizing a ’wretched subject’
8 décembre 2022
Carsten Reinhardt, Universität Bielefeld
Research Clusters. Organizing science at the Max Planck Society
15 décembre 2022
Yasmine Marcil, Université Sorbonne Nouvelle
Les débats sur l’inoculation de la variole au XVIIIe siècle
12 janvier 2023
Pietro Omodeo, Università di Venezia Ca’ Foscari
Political hydrogeology : the vantage viewpoint of Anthropocene Venice