24
février
2023
Dans le cadre du séminaire "philosophie de l’art"
Organisé par Bruno Haas
Selon Hegel, la philosophie de l’art traite de la production de sens par l’être du signe même. Dans son Esthétique il a fourni une typologie des modes de la signification et de leurs produits ; on la trouve dans la partie consacrée aux « formes de l’art », appelées par Hegel symbolique, classique et romantique. Or, une analyse plus poussée de l’assise logique et sémiotique de ces formes de l’art montre qu’il s’agit, en fait, d’une forme en effet « symbolique », puis d’une forme « iconique », et enfin d’une forme que la sémiologie contemporaine n’a pas encore su dénommer, ni formaliser et que nous allons nommer « fonctionnelle » particulièrement présent en musique. La thèse hégélienne consiste à dire non seulement que l’art se réalise à travers les symboles, les images et les « fonctions », mais plutôt que l’art consiste à élaborer les effets de sens qui se produisent par l’être même du symbole, de l’image et de la « fonction ».
Par une anthropologie historique de la signification, nous entendons une approche scientifique des modalités de production de sens par l’être même des « signes ». Il nous semble que cette approche pourra renouveler notamment l’étude de ce que l’on appelle, aujourd’hui, l’art. L’étude de la production de sens par l’être même des signes s’inscrit dans l’anthropologie fondamentale et philosophique dans la mesure où il s’agit d’une production de l’homme dans un double sens. (1) l’art est produit par l’homme. (2) Mais l’homme est aussi un produit de l’art. Il se produit et se façonne à travers les dimensions de sens générées par l’être même des signes qu’il utilise. Ce renversement de la perspective est l’une des conséquences les plus spectaculaires de l’approche hégélienne, conséquence reprise par toute une série de philosophies et d’approches scientifiques, que ce soit la psychanalyse lacanienne, l’Esthétique adornienne, l’histoire de l’être selon Heidegger ou la déconstruction. Dans les études les plus avancées de l’art médiéval, cette dimension anthropologique de la production de sens est de plus en plus étudiée, notamment dans les travaux de Jean Wirth et d’autres.
Si la sémiologie a fait des progrès importants dans l’étude du symbole et de l’image, elle reste dépourvue d’une étude de ce que nous appelons ici une fonctionnalité, voire une « fonctionnalité déictique ». Pourtant, l’étude des fonctionnalités ou des « systèmes fonctionnels » reste certainement primordiale pour une science de l’art capable d’aborder les œuvres et d’en extraire. Qu’est-ce qu’un « système fonctionnel » ? Comment aborde-t-on l’analyse d’un tel système ? La méthode d’analyse d’un système fonctionnel s’appelle la déixis fonctionnelle. Notre séminaire d’anthropologie historique de la signification débutera donc par une année consacrée entièrement à la technique d’analyse déictico-fonctionnelle. L’intérêt de la déixis fonctionnelle consiste dans le fait qu’elle rend possible une approche scientifique et formalisable des objets singuliers (par exemple d’une peinture singulière dans ses effets les plus impondérables). Elle constitue dans ce sens une école du regard tout en produisant des résultats formalisables et par conséquent utilisables dans d’autres domaines. La déixis fonctionnelle a connu des applications particulièrement poussées en musicologie, et ceci probablement parce que l’analyse symbolique et iconique y promet particulièrement peu de résultats. Elle est en train de se développer actuellement dans le domaine des arts plastiques, et surtout dans celui de la peinture. L’introduction à la déixis fonctionnelle comportera donc en même temps une introduction dans les champs de son application.
I. 2022/23
La déixis fonctionnelle. Théorie et applications
Dans ce séminaire, on introduira à la théorie de la déixis fonctionnelle et à son application dans différents domaines, dont la musique, la peinture et la poésie. Certaines des séances auront lieu au musée. D’autres seront accompagnées de performances musicales, voire de lectures poétiques.
Dates prévues : le vendredi 18h-20h, salle Cavaillès
– 28 octobre 2022
Bruno Haas : "La deixis fonctionnelle. Concepts fondamentaux"
– 18 novembre 2022
Vladimir Safatle : "Formes sous tension dans Lulu (A. Berg) : L’insoumission et sexuation des corps aux années 30"
Le public est invité à se familiariser par avance avec l’opéra de Alban Berg Lulu dont on peut trouver des enregistrements sur l’internet
– 9 décembre 2022
Bruno Haas : "Deixis fonctionnelle, suite. Introduction à la formalisation d’effets picturaux"
Il sera question notamment de la description des systèmes chromatiques, étudiée d’abord dans un tableau de Nicolas Poussin au Louvre (Eliézer et Rébecca, 1658)
3 février 2023
24 février 2023
31 mars 2023
Les dates des séances supplémentaires au Louvre seront communiquées par la suite.
INSCRIPTION
24
février
2023
Le séminaire « Les temps de la pandémie » examine quelques-unes des questions de sciences, de politique et de politique des sciences qui ont été posées à l’occasion de la pandémie.
Ce séminaire, qui est organisé pour la deuxième année, examine quelques-unes des questions de sciences, de politique et de politique des sciences qui ont été posées à l’occasion de la pandémie. Le prisme choisi est celui du temps : un certain nombre de ces questions, intrinsèquement classiques, ont en effet reçu une inflexion temporelle spécifique dans le cadre de la pandémie, qu’il s’agisse de l’urgence des décisions politiques ou médicales, de la longue durée en matière d’épidémiologie, de l’accélération des sciences et des techniques, ou encore de l’articulation du temps personnel et du temps social en période de confinement. Le séminaire est ouvert en termes de disciplines, puisqu’il donne la parole successivement à des praticiens hospitaliers, des épidémiologistes et des virologues, des historiens, sociologues et philosophes des sciences, des écrivains, des historiens de la littérature ou des anthropologues…
PROGRAMME DES SÉANCES
09 septembre 2022
Dans le cadre de la nuit de l’ENS, exceptionnellement Salle d’histoire de 00h00 à 01h00
Elisabeth Russo, Agathe Vieillard-Baron, Déborah Lévy-Bertherat, Géraldine Chouard et Charlotte Caillat, « Écriture de soi et incertitude : journaux de confinement »
28 octobre 2022
Élisabeth Russo, « Écriture et pandémie : le temps de la recherche »
(répondant : Déborah Lévy-Bertherat)
25 novembre 2022
Philippe Ravaud (Hôtel-Dieu, APHP), « Construire la preuve scientifique en période de crise »
(répondant : Martin Dumont)
9 décembre 2022
Pierrine Didier (EPIA INRAE / VetAgro Sup) et Laurent Gonthier, « Pandémie et écriture de soi : les journaux de confinement » (répondant : Élisabeth Russo)
27 janvier 2023
Manon Berriche (Medialab), « Les transformations numériques de l’espace public et leur impact en temps de crise sanitaire »
(répondant : Mathias Girel)
24 février 2023
Henri Bergeron (CSO), « Organisation et expertise au temps du Covid »
(répondant : Mathias Girel)
24 mars 2023
Aurore Armand (République des savoirs), « Sens et problèmes de la chronicisation de l’urgence » (répondant : Jean-Marc Mouillie)
21 avril 2023
François Crémieux (AP-HM), « Réorganiser l’hôpital en temps de pandémie : entre urgence et temps long »
(répondant : Martin Dumont)
25 mai 2023
Daniel Benamouzig (CSO), séance à confirmer
(répondant : Florent Guénard)
Organisation
La République des savoirs (ENS-CNRS-Collège de France) en collaboration avec Lettres, Idées, Savoirs (université de Paris-Est-Créteil)
24
février
2023
– vendredi 28 octobre, amphithéâtre Pasquier (site Cordeliers)
Thomas Auffret (Sorbonne Université, Centre Léon Robin) : « Aristote, Platon et la ligne géométrique : autour du Peri tagathou, fr. 3 Ross »
Répondant : Alain Petit (Université de Clermont Auvergne)
– vendredi 25 novembre, amphithéâtre Roussy (site Cordeliers)
Adrien Lecerf (CNRS, Centre Léon Robin) : « Empsychia. Boèthos et Porphyre »
Répondant : Alberto Kobec (KU Leuven)
– vendredi 16 décembre, amphithéâtre Roussy (site Cordeliers)
Anne Sheppard (Royal Holloway, University of London) : « The effect of tragedy on the emotions : Plato, Aristotle and the Neoplatonists »
Répondant : François Renaud (Université de Moncton)
– vendredi 27 janvier 2023, Maison de la Recherche, salle D323
Myrto Hatzimichali (Homerton College, Université de Cambridge) : « Utrique Platonis ubertate completi : Antiochus on the common ground between Academy and Peripatos »
Répondant : Georgia Tsouni (Université de Crète)
– vendredi 24 février, Maison de la Recherche, salle D323
David Lefebvre (Sorbonne Université, Centre Léon Robin) : Titre à préciser
Répondant : Justin Winzenrieth (Sorbonne Université, Centre Léon Robin)
– vendredi 24 mars, Maison de la Recherche, salle D323
Gwenaëlle Aubry (CNRS, Centre Jean Pépin, ENS) : « Harmonisation, hiérarchisation, ou neutralisation ? Proclus et la théorie aristotélicienne du premier moteur immobile »
Répondant :
– vendredi 21 avril, Maison de la Recherche, salle D323
Gerd Van Riel (KU Leuven) : « Proclus sur le Timée : la matérialité du texte et la nouvelle édition »
Répondant : Pantelis Golitsis (Université Aristote, Thessalonique)
– vendredi 26 mai, Maison de la Recherche, salle D323
Christoph Helmig (Université de Cologne) : « Simplicius on mathematical entities »
Répondant : Mareike Hauer (KU Leuven)
24
février
2023
Dans le cadre du séminaire "philosophie de l’art"
Organisé par Bruno Haas
Selon Hegel, la philosophie de l’art traite de la production de sens par l’être du signe même. Dans son Esthétique il a fourni une typologie des modes de la signification et de leurs produits ; on la trouve dans la partie consacrée aux « formes de l’art », appelées par Hegel symbolique, classique et romantique. Or, une analyse plus poussée de l’assise logique et sémiotique de ces formes de l’art montre qu’il s’agit, en fait, d’une forme en effet « symbolique », puis d’une forme « iconique », et enfin d’une forme que la sémiologie contemporaine n’a pas encore su dénommer, ni formaliser et que nous allons nommer « fonctionnelle » particulièrement présent en musique. La thèse hégélienne consiste à dire non seulement que l’art se réalise à travers les symboles, les images et les « fonctions », mais plutôt que l’art consiste à élaborer les effets de sens qui se produisent par l’être même du symbole, de l’image et de la « fonction ».
Par une anthropologie historique de la signification, nous entendons une approche scientifique des modalités de production de sens par l’être même des « signes ». Il nous semble que cette approche pourra renouveler notamment l’étude de ce que l’on appelle, aujourd’hui, l’art. L’étude de la production de sens par l’être même des signes s’inscrit dans l’anthropologie fondamentale et philosophique dans la mesure où il s’agit d’une production de l’homme dans un double sens. (1) l’art est produit par l’homme. (2) Mais l’homme est aussi un produit de l’art. Il se produit et se façonne à travers les dimensions de sens générées par l’être même des signes qu’il utilise. Ce renversement de la perspective est l’une des conséquences les plus spectaculaires de l’approche hégélienne, conséquence reprise par toute une série de philosophies et d’approches scientifiques, que ce soit la psychanalyse lacanienne, l’Esthétique adornienne, l’histoire de l’être selon Heidegger ou la déconstruction. Dans les études les plus avancées de l’art médiéval, cette dimension anthropologique de la production de sens est de plus en plus étudiée, notamment dans les travaux de Jean Wirth et d’autres.
Si la sémiologie a fait des progrès importants dans l’étude du symbole et de l’image, elle reste dépourvue d’une étude de ce que nous appelons ici une fonctionnalité, voire une « fonctionnalité déictique ». Pourtant, l’étude des fonctionnalités ou des « systèmes fonctionnels » reste certainement primordiale pour une science de l’art capable d’aborder les œuvres et d’en extraire. Qu’est-ce qu’un « système fonctionnel » ? Comment aborde-t-on l’analyse d’un tel système ? La méthode d’analyse d’un système fonctionnel s’appelle la déixis fonctionnelle. Notre séminaire d’anthropologie historique de la signification débutera donc par une année consacrée entièrement à la technique d’analyse déictico-fonctionnelle. L’intérêt de la déixis fonctionnelle consiste dans le fait qu’elle rend possible une approche scientifique et formalisable des objets singuliers (par exemple d’une peinture singulière dans ses effets les plus impondérables). Elle constitue dans ce sens une école du regard tout en produisant des résultats formalisables et par conséquent utilisables dans d’autres domaines. La déixis fonctionnelle a connu des applications particulièrement poussées en musicologie, et ceci probablement parce que l’analyse symbolique et iconique y promet particulièrement peu de résultats. Elle est en train de se développer actuellement dans le domaine des arts plastiques, et surtout dans celui de la peinture. L’introduction à la déixis fonctionnelle comportera donc en même temps une introduction dans les champs de son application.
I. 2022/23
La déixis fonctionnelle. Théorie et applications
Dans ce séminaire, on introduira à la théorie de la déixis fonctionnelle et à son application dans différents domaines, dont la musique, la peinture et la poésie. Certaines des séances auront lieu au musée. D’autres seront accompagnées de performances musicales, voire de lectures poétiques.
Dates prévues : le vendredi 18h-20h (sauf indication contraire), salle Cavaillès
28 octobre 2022 - 18h00-20h00
Bruno Haas : "La deixis fonctionnelle. Concepts fondamentaux"
18 novembre 2022 - 18h00-20h00 ATTENTION SEANCE ANNULEE
Vladimir Safatle : "Formes sous tension dans Lulu (A. Berg) : L’insoumission et sexuation des corps aux années 30"
Le public est invité à se familiariser par avance avec l’opéra de Alban Berg Lulu dont on peut trouver des enregistrements sur l’internet
9 décembre 2022 - Attention la séance se tiendra de 19h00 à 21h00
Bruno Haas : "Deixis fonctionnelle, suite. Introduction à la formalisation d’effets picturaux"
Il sera question notamment de la description des systèmes chromatiques, étudiée d’abord dans un tableau de Nicolas Poussin au Louvre (Eliézer et Rébecca, 1658)
3 février 2023 - 18h00-20h00 - inscription à venir
24 février 2023 - 18h00-20h00
31 mars 2023 - 18h00-20h00
Les dates des séances supplémentaires au Louvre seront communiquées par la suite.